Un an d'écrits à Vénissieux - saison 2013/2014

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La parole donnée « Quant à la poésie, j’ai commencé à sept ans : mais je n’étais précoce que par la volonté. J’ai été un « poète de sept ans » – comme Rimbaud – mais seulement dans la vie. » Pier Paolo Pasolini, Qui je suis

Nous sommes heureux de vous offrir cette cinquième livraison d’Un an d’écrits à Vénissieux et de vous donner en partage quelques-unes des contributions de la saison achevée, extraites des ateliers d’écriture conduits, tout au long de l’année, par des écrivains amis et, aussi, lors de la résidence d’auteure de Laure Morali, de janvier à avril 2014. Tout ce qui est ici proposé, dans cette nouvelle édition, comme vous pourrez le constater, est riche de surprises et de promesses. Surprises, oui, parce que les mots sont des actes qui portent en bandoulière la parole donnée. Promesses, bien sûr, promesses d’un avenir immédiat et porteur d’espérances neuves. Pour cette cinquième livraison, la Ville de Vénissieux et l’Espace Pandora ont décidé, une fois de plus, d’unir leurs énergies et leurs forces afin de favoriser l’émergence de nouveaux talents et de permettre la liberté d’expression – de toutes les expressions, des plus poétiques aux plus singulières. Nous en voulons pour preuve ces quelques mots puisés dans les pages qui vont suivre, mots de la mémoire et du cœur : « Je suis ce papier qui porte en lui l’histoire des hommes, / papier piétiné, méprisé, / mais histoire gravée dans le marbre pour l’éternité. » En ces temps fragiles, où l’émotion et la fatigue se confondent par moments, en ces temps pénibles pour les plus démunis d’entre nous, en ces temps complexes face à un monde qui se globalise de plus en plus et où les difficultés sont nombreuses, gardons tout notre calme, mais faisons preuve d’audace et d’imagination. L’année 2015 sera, pour nous, l’occasion d’accueillir en résidence le poète Pierre Soletti et de poursuivre, en sa présence, l’aventure humaine autour du livre et de l’écrit, l’occasion de célébrer le trentième anniversaire de l’association Espace Pandora dont les actions, dans notre ville, n’ont pas cessé de progresser et de toucher un public toujours plus large, toujours plus à l’écoute, l’occasion, enfin, de rendre hommage à un artiste hors du commun, écrivain et cinéaste, Pier Paolo Pasolini, pour le quarantième anniversaire de son assassinat. L’année 2015, à Vénissieux probablement davantage qu’ailleurs, sera frappée du sceau de la libre création, individuelle et collective, et de la prise de parole poétique. Longue route à toutes et à tous et, surtout, bonnes découvertes et bonnes lectures.



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Une résidence littéraire à Vénissieux avec Laure Morali de janvier à avril 2014 En 2014, l’Espace Pandora a renouvelé l’aventure de la résidence littéraire, accueillant un écrivain dans la commune durant plusieurs mois. De janvier à avril 2014, c’est l’auteure Laure Morali, habitante éphémère de Vénissieux, qui a déposé ses valises de mots dans la ville. Ateliers d’écriture, rencontres et lectures publiques ont été proposés aux habitants de tous âges et horizons, dans divers lieux de la ville. Accompagnés par Laure Morali, ils ont été invités à s’approprier la langue et à créer des textes nés de leur imagination, pour une résidence à l’esprit ouvert et nomade. Les écrits que vous allez découvrir dans ce recueil sont issus des ateliers menés par Laure Morali. Ils sont accompagnés de fragments des textes créés par l’auteure lors de sa résidence. Avec la complicité et le partenariat de :

• l’école Pasteur • l’école Saint-Exupéry • les centres sociaux des Minguettes • la médiathèque Lucie-Aubrac • le collège Elsa-Triolet • la Pension de famille Charles-Baudelaire • le collège Jules Michelet • Le jardin de la Passion • Le jardin de l’Envol • Alliade – Habitat


© Estelle Morali-Silver

Laure Morali a grandi en France et vit aujourd'hui à Montréal qu’elle voit comme un carrefour. Elle a fait paraître une dizaine de livres (poésie, romans, littérature jeunesse, anthologies) et réalisé des films documentaires. Elle conduit des projets éditoriaux sous le signe du rapprochement des cultures au sein de la maison d’édition Mémoire d’encrier à Montréal. Orange sanguine (éditions La passe du vent, 2015), est son dernier recueil. Son site : www.lauremorali.net


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Grâce à l'Espace Pandora, on ne clôture jamais rien. On poursuit un long chemin d’ouverture. Je pense à ceux qui sont venus ici avant moi et à ceux qui viendront après moi. En étant la cinquième résidente, je bénéficie de la trouée effectuée par Moussa Konaté que j’aurais aimé rencontrer mais qui nous a malheureusement quittés, par Fabienne Swiatly, par Joël Bastard et par Mouloud Akkouche. Je suis un maillon dans une chaine, une couroi de transmission dans une ville d’écriture. J’appartiens au rêve de l’Espace Pandora et au désir d’écrire déjà vif et vibrant des habitants de Vénissieux. À un rêve commun qui dépasse les frontières de la ville, celui d’écrire tous ensemble pour réveiller ce qu’il y a de meilleur en nous, la capacité de prendre soin des mots, de leur rendre leur fraicheur d’enfance, de mieux respirer en nommant les passages, les flux des autres en nous et de nous vers les autres. C’est bien d’un rêve d’enfant qu’il s’agit, celui de deux gamins qui ont grandi aux Minguettes entourés de champs et d’animaux et qui ont vu au fil des ans leur espace extérieur se rétrécir, mais qui ont refusé que cela influe sur leur espace intérieur, Jamel et Thierry. Puis leur rêve a rencontré celui de Marie, de Myriam, de Carole, de MarieCaroline, de Julie. Ils savent transmettre l’essence de leur rêve et infuser chez celle ou celui qu’ils invitent le vif désir de faire couler la lumière à travers tous ceux qui veulent écrire, les jardiniers de l’Envol et de la Passion, les gardiens des tours de Division Leclerc, les résidents de la pension de famille Charles Baudelaire, les femmes des Minguettes, les lecteurs et les anges anonymes de la médiathèque, les enfants d’Elsa, de Pasteur, de Michelet, de Saint-Exupéry... Cette ville est poésie. Les ateliers d’écriture sont précieux et magiques. Il s’y produit de petits miracles. Dès le premier atelier, dans la classe de Sonia, à l’école Pasteur, une petite fille qui ne parlait pas s’est mise à m’offrir des mots puis à parler sans plus pouvoir s’arrêter. Et au dernier atelier, dans la classe de Fleur, un garçon de onze ans intimidé par les autres depuis des années a pu faire entendre en un poème les nœuds qui étouffaient son cœur à ses camarades de classe qui l’ont applaudi. C’était deux secondes avant la sonnerie. Les chaises ont été relevées sur les tables et un autre garçon est resté assis dans le fond de la classe, la tête penchée près de sa feuille pour poursuivre l’écriture de son poème. Dire enfin que je n’étais pas ici en mission. Ce que j’ai fait, je l’ai fait pour moi, pour revenir à la source de mon enfance et me retrouver grâce à vous. Il n’y a pas de circulation libre de la parole sans relation égale. On donne autant que l’on reçoit. Une ville chante en moi par vos phrases qui me traversent comme autant de rayonnements d’un même soleil.

Laure Morali


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Des étoiles, des enfants École Pasteur Textes écrits par la classe de grande section de maternelle de Sonia Viel, à partir du film d’animation et du livre jeunesse La p’tite ourse, de Laure Morali. Les élèves lisent leur poème à haute voix dans un petit film craquant Des étoiles, des enfants, visible sur internet.

Ma vie est une fête Les étoiles bleues Des paillettes Le soleil Avec des paillettes jaunes La lune Avec des paillettes noires De la peinture paillettes Des crayons paillettes Une boite à paillettes Un dessin à paillettes Une feuille à paillettes

Mon ciel est une tempête Un tourbillon de tempêtes La Grande Ourse nage dans tout ça La Petite Ourse pleure.

Un crayon à papier blanc

Nassim

Du journal à paillettes Une maison à paillettes Un placard blanc à paillettes Ma sœur a des habits à paillettes J’ai des chaussures à paillettes Ma poupée a des mèches paillettes bleues Comme des étoiles. Nadhirati

Les étoiles se lèvent Avant le soleil Le soleil se lève Avant tout le monde. Souleiman

J’aime bien les lions Et les tigres Et les chevaux Qui griffent Les étoiles. Fahim


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J’ai vu des étoiles Je dessine des éclairs Dans ma maison Des peluches Ressemblent à des étoiles Qui dansent

Fleur Soleil Dans le ciel.

Des étoiles Se penchent Et pleurent En laissant Pendre leurs bras

Sérine

La Grande Ourse demande : « Tu viens dormir avec moi ? » Sinem

La Petite Ourse pleure La Grande Ourse nage Dans la mer Un petit bébé pleure La Petite Ourse l’emporte Dans sa maison

J’aime la lune À l’heure de la sieste J’aime trop jouer Avec le soleil et la lune.

Le bébé rêve Dans sa chambre

Esra Amen

Avec ma grand-mère On s’assoit sur un rocher Pour voir les étoiles Apparaître Quand les étoiles Apparaissent dans le ciel La neige tombe Quand les étoiles Disparaissent dans le ciel La neige fond Alban


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Où vont les étoiles quand elles meurent ? École Saint-Exupéry Ateliers d’écriture menés par Laure Morali dans la classe de CE 2 de Malika Subtil. Les élèves ont présenté leur texte sur la scène du cinéma Gérard-Philipe pour la clôture de la résidence.

Sur l'or de la mer Au coucher du soleil Cacher un petit secret

Poussière dorée Le soleil lumière Ta peau dorée !

Des petits grains De sable brillent De mille feux

Je suis un coquillage Mâabadi

Le désert souffle Sur l'étoile.

Une rose Une petite graine Qui pousse autour De ton cœur.

Au parfum d'une étoile L'étoile se lève Sentier des étoiles.

Adrien

Fadwa Laïla Plus personne Sur la Terre Elle brûle. Anaïs

L'ours blanc fait de la lumière Il fait de la lumière pendant le soir Pour que les gens voient dans le noir. Asma

On a des étoiles de mer dans notre corps Quand on souffle On jette des poussières d'étoiles C'est tout doux C'est tout chaud ça vole dans l'air ça vole au-delà de la Lune On la voit lentement voler En brillant de partout. Ahmet-Arif

Quand une étoile filante meurt Elle devient l'ancêtre des étoiles filantes Une pierre brillante et argentée Très très précieuse La pierre devient de plus en plus grosse Et ça devient une étoile énorme L'énorme étoile sage. Alina


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Dès qu'une étoile meurt Elle se transforme en âme d'animal Qui grossit, grossit, grossit Et se transforme en aigle Jusqu'au soleil enflammé Ça fait une grosse lumière éblouissante. Zakaria

Quand une étoile meurt Elle s'enfonce dans le sable Quand je marche sur le sable chaud Je laisse mes empreintes de pas sur le ciel qui brûle Ou dans la nuit noire des ténèbres. Jawad


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Je suis... Centres sociaux des Minguettes Laure a animé plusieurs ateliers d’écriture auprès d’habitantes inscrites au centre social Roger-Vailland, avec l’aide de Marie-Hélène Mathurin, animatrice. Elles ont travaillé à partir de textes et de poèmes de Scott Momaday.

La terre, l’herbe fraîche, odeur de menthe. La montagne et ses remèdes d’autrefois Cuisine, plats de ma grand-mère, galette de blé noir Ces herbes qui entourent les tombes de la famille Et ma mère Après plusieurs heures de voyage en avion et en voiture, plus de quatre heures On est heureux d’arriver dans son village avec ses belles montagnes Tu es contente de voir ta mère La voiture s’arrête, sur place tu vois un magnifique paysage Tu es entourée de belles vallées et de montagnes Tu es là Chez toi Chez ta mère Tu passes dans la ruelle qui t’emmène à la maison Tu rencontres des personnes qui te disent : « Voilà les immigrés qui arrivent déjà ! » Je me croyais chez moi… Et maintenant, je comprends que je ne le suis pas ici non plus Qui es-tu ? Ouiza Hamel

Descendu de la Meuse Avec sa bétonneuse Le maçon sur les routes de France Est venu tenter sa chance Il s’est éparpillé du Nord au Sud L’odeur de la lavande et le bruit des cigales, l’été dans les champs senteur de vacances au bord des rivières à travers les champs senteur de rose m’envoler vers le ciel bleu tout un paysage de nuages du bleu lavande au vert amande. Sophie Precheur

Je suis sang, eau, cellule, atome infiniment petite infiniment microscopique mêlée aux particules de l'humanité je suis toi mon frère, ma sœur, mon pareil je virevolte au-dessus de la ville du pays, de la terre je suis dans l'univers tout entier poussière infime je me restructure et me désincarne à l'infini je suis le maillon itinérant du cycle des existences. Anne-Marie H.


11 Je suis le flocon de neige perdu dans l’immensité blanche de la montagne majestueuse Je suis cette montagne qui donne la main à ses voisines pour former une chaîne de roches de feu qui encercle la terre Je suis le grain de sable du désert que le vent transporte à son gré et qui se pose ailleurs parmi ses semblables sans les avoir choisis Je suis la goutte de pluie tombée dans l’océan et qui docile qu’elle était devient un monstre rugissant Je suis le journal qu’on feuillette nerveusement et qu’on jette négligemment sur le sol Je suis ce papier qui porte en lui l’histoire des hommes, papier piétiné, méprisé, mais histoire gravée dans le marbre pour l’éternité Je suis le veau, la vache et la poule qui me regardent sans comprendre pourquoi bientôt leur chair sera ma chair, leur sang sera mon sang Je suis le grain de sel qui donne sa saveur à nos plats et nous empêche de glisser sur le verglas Je suis l’allumette qui donne naissance à de gigantesques incendies Je suis l’étoile au firmament qui brille Pour quoi ? Pour qui ? Je suis poussière de la création emportée dans le tourbillon cosmique Je suis, je suis... mais, qui me suit, qui me précède ? Étais-je hier ? Serai-je demain ? Simone Meunier

Celui qui a le désir de partager son rêve Celui qui mélange les couleurs pour dessiner Et qui avec un grand esprit donne la vie à son tableau Celui qui écrit des livres et qui fait voyager autour du monde Celui qui regarde les nuages Chaque nuage est un souvenir lointain. Zarra Ibaouene

Je suis une fourmi qui rêve d'être cigale Une ancre de marine qui se veut cerf-volant Et j'avance et j'avance sur la vie et le temps J'avancerai toujours jusqu'à l'épuisement ! Maryse André


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Envie d’écrire ? Médiathèque Lucie-Aubrac Cet atelier ouvert à tous rassemblait des personnes de tous âges et horizons les samedis matins à la médiathèque de Vénissieux, pour un moment d’écriture et de partage.

Métro B. Un matin comme un autre Odeur de frein : sensation désagréable Remontées des saumons ! Je l’observe chaque jour : Manteau rouge au regard gris à la station Saxe-Gambetta. Quelques secondes dans cette marée humaine. Tangage, ressac incessant... Le temps s’arrête... Manteau rouge s’éloigne. L’horizon : demain ! Cécile Barret


13 La bassine

Les ZUP se construisent autour de Lyon, des tours de quinze étages, quatre familles par étage. Ces tours distantes les unes des autres d’une flèche de grue. Nous avons quitté un village horizontal pour un village vertical. La bassine en fer où nous nous baignions était notre salle de bain transportable, itinérante : en été dehors, en hiver dedans. Dans notre nouvel appartement nous avions salle à manger, salon, chambres et salle de bain avec une baignoire. La bassine en fer qui nous a accompagné jusqu’à présent devint inutile voire encombrante. Mais nous ne pouvions l’abandonner. Tous les enfants nés avant la ZUP avaient toujours été baignés dans cette bassine, je n’en ai jamais vu ailleurs. Elle a dû être fabriquée sur mesure pour pouvoir y baigner les nouveaux nés comme les adolescents. On la posait sur un tabouna qui chauffait l’eau. Un tabouna, c’est un appareil que l’on pose à même le sol, relié à une bouteille de gaz, servant aussi bien à cuire le repas, à fabriquer le pain, à chauffer l’eau du bain. Elle, la bassine, se sentit trahie, elle qui trônait au centre de la maison, car elle avait besoin d’espace. Ma mère était à la manœuvre, avec tous les instruments de torture, pour nous garantir une bonne hygiène corporelle. Elle n’enlevait pas la saleté, elle la détruisait, à coups de pierre ponce, de gant de crin et ce dans l’eau bouillante. Dans notre village vertical, la bassine, quand elle vit la baignoire, sut qu’elle ne pouvait rivaliser. Elle s’imaginait finir à la casse, au rebut, comme un être en fin de vie. Heureusement pour elle, il n’en fut rien. Même si elle avait perdu sa notoriété au sein de la famille, même si elle était devenue obsolète, ce fut une évidence, on ne pouvait s’en débarrasser, c’était un membre de la famille. Elle partageait notre intimité, notre nudité et la pudeur n’est pas chose à prendre à la légère. Elle devait survivre parmi nous et conserver ses secrets. Nous ne pouvions nous résigner à la mettre à la cave dans l’obscurité : il fallait qu’elle puisse nous voir grandir. Savoir que tôt ou tard, elle ne pourrait plus nous accueillir en elle. Elle était là, se sentant inutile, elle qui fut indispensable. Elle qui supportait nos hurlements quand l’eau était trop chaude. Déplacée çà et là, jusqu’à finir sur le balcon, elle n’était plus la même. Détrônée par une belle baignoire blanche, elle savait que sa concurrente, était plus belle, plus spacieuse, plus accueillante et qu’en plus elle avait pour associé un pommeau de douche, d’où jaillissaient l’eau froide et l’eau chaude. Quand les bailleurs ont rétréci l’appartement derrière l’ascenseur, pour créer des locaux de rangement pour chaque habitant, elle fut installée là, loin de nous, hors de la maison. Elle ne nous voyait plus, nous ne la voyions plus ! Une part de notre humilité était enfermée là, lui tenant compagnie. Elle y finit sa vie. Ahmed Lakhdar Daoui


14 Je sors, je ferme la porte « Clac » Enfin libre, l’air, la verdure, Au loin, je m’approche du parc, d’un grand parc, Vert, tout vert, des arbres, de grands arbres, Arbres montagneux, cascade d’eau fraiche verte, Le chat de la voisine qui passe Allongée sur l’herbe fraîche, humide, Rafraîchissante, « Boum », Grand, gigantesque, volumineux, De longs bras, entrelacés, fine, si parfaite. Ces êtres nous appellent, Lèvent les mains au ciel, Embellit par des fleurs,

Une table de couturière : trois mètres cinquante sur un mètre dix. Une fente médiane en largeur (quatre-vingt-dix centimètres) pour faire glisser le tissu sous le tablier. Les veines sombres du noyer bien ciré jouent sous le lustre de la salle à manger. Plus de draps, de ciseaux, d’aiguilles, mais des assiettes proprettes qui attendent poliment les convives.

Le chat n’est pas là, mais j’y pense, boule doudou, blanc orange

Ce soir on fera la fête à la ferme, qui n’en est plus une (la salle à manger occupe l’ancienne étable... qui n’a pas su organiser la résistance face aux nouveaux occupants)...

Rentrant, Terre creuse, terre haute, Tout bouge, Tout est en mouvement. Soldat droit, planté, Enfant riant, vivant, L’herbe vit, rafraîchit, Doux câlin, Chat, pas là, ou derrière moi.

Et dehors, il n’y a toujours pas de neige. Qui se souviendra des couturières ? Didier Eckel

Dalenda

À partir du film Les ailes du désirs de Peter Falk Pâle lumière sur la table lisse. « Ego – Wakou – Lisa 2012 ». Petits mots griffonnés à l’encre dans le bois vernis. Souvenirs de lecteurs. Tes deux mains posées sur ta nuque, penchée, concentrée sur le papier largement étalé de ton journal. Tu lis sans lire. Les mots se mêlent – partitions éphémères. Passant de la feuille à la table. Tes cheveux argentés te font une auréole sur le front, sous le vert intense de ton bonnet. Laine turquoise – Lumière grise du jour au dehors. Les arbres se balancent en douceur, minces pinceaux sur un ciel de lait. Fabienne Gressard


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« ... Vénissieux printemps précoce – une place des hommes en terrasse sous des pins tremblants transplantés maritimes deux thés à la menthe un café lente mémoire née à cinq kilomètres à vol d’oiseau personne ne me connaît pourtant nous sommes neufs sans histoire sous ma peau d’invisibles glaces... »



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Ne pas se fier aux apparences Collège Elsa-Triolet Textes écrits par la classe de 6e 3, avec Laure Morali et leur enseignante Fleur Bournier, à partir du livre Minganmon village, de Laure Morali.

J’ai dix ans et je vais au collège Les cheveux brillants dans le ciel éclatant Bien vêtue pour bien travailler Mais les affaires toutes abimées Alors je me débrouille avec ce que j’ai.

J’ai onze ans et je vais à la guerre Je dis au revoir à ma famille, Je vais combattre au front, Je vois des personnes mourir. C’est triste, mais je vous protège. Je vous raconterai tout ça à mon retour.

J’ai dix ans et je vais au collège Sur mon chemin je serre ta main Qui me réchauffe le cœur qui est plein de douleur En serrant ta main je m’envole En serrant ta main je revis. J’ai dix ans et je vais au collège Chaque jour un sortilège m’emmène vers toi Toi qui es si gentil Toi qui m’acceptes telle que je suis Toi, toi seul es mon ami. J’ai dix ans et je vais au collège Les livres, les bouquins me traversent l’esprit Cet esprit qui m’ennuie Tel un puits sans fond Les livres et les bouquins n’ont plus de fin Dans mon esprit qui m’ennuie Et qui est sombre comme la nuit.

Ahmed

J’ai onze ans et je vais au collège Je respecte les règles des autres C’est le silence que je préfère pas le bruit Je fais confiance aux autres mais les autres ne me font pas confiance Je me bats pour réussir ma vie et aussi pour ma survie J’ai quitté le collège et tout ce que j’ai vécu sera gravé au fond de mon cœur. Nassim

Elle se lève lentement, elle marche à trois pieds ma grand-mère qui, à chaque moment qu’elle marche pour nourrir les animaux, tremble de peur de mourir.

Je m’appelle moi Moi, je vais à l’école Je m’envole avec toi, moi Quand nos corps s’échangent Je ne suis plus moi Envolé le moi Loin de toi.

Ben Hachim

Ambrine

Kenza


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Au-delà de l’Autre Pension de famille Charles Baudelaire Les habitants de la pension de famille Charles-Baudelaire (foyer Adoma Les cèdres) ont écrit ces textes lors d’ateliers en plein air avec Laure.

Marcher sur l’herbe chemin arpenté prunier en fleurs les feuilles tombent c’est le printemps on se réchauffe là-bas la rue Pablo Neruda le parking les tours des Minguettes fenêtres ouvertes des linges et des vêtements pendus à un fil des pigeons peu d’oiseaux ciel dégagé il va faire beau cet après-midi jusqu’à vendredi après qu’est-ce qu’ils ont dit ? « la pluie » rue Vivaldi les cris les chants des oiseaux la musique du coucou le silence il recommence les grands sapins et il s’arrête

pétale blanc sur veste gris-blanc on sent un peu l’air paisibles reposés Les hommes en bleu couleur de printemps bleu ciel bleu clair bleu mer un père et son fils bleu sport marchent main dans la main quand il fait beau on s’habille de couleurs vives et quand il pleut on met du noir un petit geste en amène un autre.

Khadidja, Alain, Frédéric, Emmanuel


20 Ma famille dans le sud de la France, une ferme. Cette année-là, je suis encore jeune auprès des moutons et des brebis, des lapins et cochons à nourrir tous les jours, la vie de la ferme. Mes oncles et tantes travaillent la terre avec un tracteur pour labourer les champs, et des outils pour le jardin potager, on y trouve de tout, de la salade aux légumes, et de belles fleurs pour décorer les alentours de ce pré. Il fait toujours beau temps, on peut être souvent dehors, apprécier ces belles journées ensoleillées. Il fait jour tard le soir. Les paysans de la région sont contents de cela. Je suis revenu vivre en ville avec cette image qui va rester dans ma mémoire. Alain Gayraud

Souvenir d’une nuit Belle nuit étoilée, se balader du côté des berges du Rhône. Odeur de cuisine exotique, parfum de fleur de tulipe, de violette. Des gens qui discutent, qui rigolent, qui chantent. Ambiance festive dans un restaurant, marchant la main dans la main en se regardant. Se poser dans un coin d’herbe en improvisant un pique-nique, avec deux ou trois broutilles achetées au traiteur chinois de la rue de Marseille. Lui faire la surprise de lui avoir caché ses cadeaux de la Saint-Valentin, les larmes aux yeux en explosant de joie devant les gens qui nous félicitent. Bonheur partagé, émotion passée. Continuer cette ballade. Notre cœur rempli de joie ne voyant plus les heures difficiles. Rester. Frédéric Langlois

L’autre : l’individu, le différent, la chose, le choc. Il y a quelques années de cela, un être était surnommé « l’autre ». Dans cette famille, on prenait à partie le père, et chaque fois qu’il se passait quelque chose, l’autre était responsable. Un jour, l’autre n’était plus « l’autre », mais « il ». Quel dommage ! Construire des barrières puis de grands murs. Et séparer le Il du Nous. Annie M.



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La partition de Vénissieux Collège Jules-Michelet Ce texte collectif a été écrit par les élèves de 6e C d’Aurore Biyong : Nassim, Walid, Medhi, Sherine, Said, Marwan, Ikram, Sabrina, Nadir, Sarah, Djassim, Amanda, Fahim, Hamza, Honaada, Bilel, Jawerya, Kelly, Brinel, Miryam, Anthony et Meryl. Une fresque de ce texte est désormais exposée dans le hall du collège.

Vénissieux, je rêve les oiseaux chantent au bord de la mer mais quand je me réveille à Lénine-Corsière j’entends le tramway bruyant rouler sur les rails du tram Vénissieux la Venise des cieux Vénissieux cauchemar merveilleux les oiseaux me réveillent en chantant à tue-tête les oiseaux chantent, le vent souffle les oiseaux chantent devant ma fenêtre le vent emporte les arbres en douceur le bruit du réveil et le chant des oiseaux le réveil troublant mon esprit de bon matin le chuintement sur mon cou venant du parfum le lavabo d’où tombent de petites gouttes d’eau le sifflement de la cafetière le craquement des vieilles feuilles d’un arbre d’automne par terre Vénissieux venin joyeux vipère je me lève le matin au bruit assourdissant des camions le vent claquant sur mes volets ma sœur criant sa mauvaise humeur je perçois le frémissement du café et du lait j'écoute les oiseaux siffler, le café chauffer les voitures vitesse grand V, les enfants se lever le piaillement des oiseaux dans la salle de bain le braillement des voitures, des voisins qui partent au travail le matin, les paroles de ma mère bouleversent mon humeur

« lève toi, va te laver le visage fais ton lit, habille toi vite à l'école » le matin, au bruit de la cafetière les gouttes de café tombent dans mon verre le matin je me lève, ma mère crie les oiseaux gazouillent les pas des gens résonnent dans l’impasse le matin, j’entends la pluie qui tombe et l’aboiement des chiens le matin, j’entends le lever du soleil le soleil enveloppe les nuages dans la forte brume mon père m’appelle la porte claque mon petit frère se réveille zip de la fermeture éclair de mon gilet bruitages de l’ascenseur Vénissieux vent soucieux le matin, ma mère me réveille l’eau coule, je me lave le visage le matin mes voisins s’embrouillent le bruit du C12 le matin le matin fait du bruit dans la rue devant chez moi je cours derrière le bus j’observe les gens écouter leur musique le son de la sonnerie du collège fait dring ! à Vénissieux et Condrieux vivent des gens dangereux le bruit des talons de la dame le matin la voix douce de ma mère


23 le miaulement de mon chat le vent souffle fort j’entends Fahim faire Hooo ! la sonnerie d’un poteau Vénissieux vicieux vaisseau je rêve de vaches broutant dans un jardin à midi mais quand je rentre aux Minguettes j’entends le bruit des fourchettes qui se cognent contre les assiettes je mange, j’entends les chips qui croustillent dans ma bouche à Vénissieux, à midi le bruit des oiseaux est fort à midi, la télé chante sur la 65 tous les midis dans une pub un monsieur dit : « Blouge, c’est bien blouge » midi, le bruit des fourchettes et le miaulement des chats qui se battent le bruit de la bouche de mon frère qui déglutit le bruit des femmes qui se font agresser le bruit des pages qui tournent le bruit des enfants qui pleurent le bruit de la pluie qui me donne froid le bruit des pièces qui tombent par terre le bruit des couteaux qui grincent sur les assiettes neuves à midi Vénissieux orageuse Vénissieux vernisseuse j’entends le micro-ondes sonner les fourchettes s’agiter les assiettes se poser l’huile pétiller sur les frites je sens de mon palier les frites j’entends la friture l’huile frétille dans la poêle les cuillères se posent sur les bols les fourchettes se cognent sur les assiettes j’entends les steaks qui m’appellent

à midi, les voix des gens du marché « deux euros les zitounes djejas et kesras 1 euro 50 les bananas » à midi, la chaleur du soleil me donne faim dans le ciel tout bleu sans un nuage je mange mon repas tout chaud Vénissieux délicieux l’après-midi, le bruit des enfants qui crient à la récré au carnet le portail s’ouvre des ballons de grandes frappes des ballons dans les cages Vénissieux, l’après-midi le moteur étouffant des voitures je m’ennuie à faire mes devoirs je vais à l’entraînement j’entends les p’tits crier la musique résonne dans mes écouteurs des personnes environ 55 ans la moyenne se passent des pièces de main en main elles chuchotent Zifou de Dingue-dingue tu kiffes le son moi j’ai mis le rap dans mon délire ça l'fait salut shalom salam Vénissieux voyou aventure joie vengeance Vénissieux soucieux violence virile Hello, Salâm ‘aleïkoum, como esta, buona notte dans l’ascenseur avec ma sœur les enfants jouent et pleurent la pluie frôle l’herbe mouillée par la pluie du soir sirènes, la police dans le quartier la rage j’entends la play, les motos la pluie qui tombe le bus qui passe les chiens


24 Vénissieux volant Vénissieux violent Vénissieux varié Vénissieux vicieux Vénissieux varioleux Vénissieux verser vaisseau Vénissieux voiture volante victoire à Vénissieux, le soir j’entends le ciel couleur de feu faire coucher le soleil dans un vent fin les arbres se balancent dans le ciel d’or au son doux de l’azan à Vénissieux le soir les criquets chantent les chats miaulent, se battent le tonnerre gronde et illumine la pièce sombre le ciel plein de gouttes d’eau plombe les potagers

l’alarme des pompiers les gouttelettes sur la vitre les aboiements des chiens les ronflements des voisins Vénissieux venimeuse Vénissieux visionneuse Vénissieux vertigineuse Vénissieux, la nuit mon frère parle au téléphone les jeunes crient sur leur moto les chats se bagarrent les voisins déménagent je regarde la télé, je dors la journée va recommencer à travers Vénissieux la nuit, les chauves-souris le vent et les corbeaux volent... Vénissieux Texte collectif


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Cueillette de mots Les jardins de la Passion et de l’Envol Laure Morali a mené des ateliers d’écriture auprès de jardiniers de Vénissieux. Le jardin de la Passion – jardin d’habitants animé par Bioforce, et le jardin de l’Envol – jardin d’insertion animé par l’association Passe-jardins, ont ainsi partagé des temps d’écriture et de lecture en plein air.

Des fraises étouffant dégager huit kilos radis poireaux de l’ail pissenlits iris bleu-mauve composte pommes de terre aubergines haricots thym sarriette pin sylvestre au Jardin de la Passion on connaît la terre des yeux d’ange cerisiers roses et pommiers blancs mais qu’est-ce qu’ils disaient les grands ? C’est l’inverse pommiers roses cerisiers blancs tulipes artichauts pêches de vigne greliner grelinette dans la cabane saule cèdre bleu galets cardons laurier sauce sauge mauve primevères violettes bon vieux temps bon jeune temps oreilles d’éléphants tout ce qu’on a vécu de beau et de bon et qui était enfoui rejaillit bouillon blanc feuilles veloutées. Abdel, Bernadette, Fabienne, Maurice


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Le galet Dans l’allée menant à la cabane, les cailloux crissent sous mon sabot. Le vent amène le galet vers moi et le reprend aussitôt. Sa forme intrigue. Un cœur, couché et souriant. Pourtant, il semble se déchirer. Il s’agit plutôt d’une ride. Probablement qu’elle l’a usé. Fabienne Fauquembergue

J’ai beau te retourner, te travailler avec mes mains, tu brilles bien. Tu brilleras longtemps dans le jardin. Maurice Ait-Eldjoudi

Sur ce petit coin de jardin de Haute-Marne, mes yeux s’émerveillaient, ton parfum me remplissait de bonheur et surtout la joie de mon grand-père voyant que j’aimais la nature et son travail, qu’il faisait avec cœur tout au long de l’année. Bernadette Bourbon

Le parfum Le jour du Ramadan en rentrant le soir à la maison cette bonne odeur de la chorba nous attire à la cuisine et voir dans la marmite ce qui mijote dedans. Abdel Ferkous


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Je devais construire un enclos pour la poulette elle est tombée du ciel celle-là cette poule nous a choisis pour vivre dans le jardin toute seule on lui trouvera un p’tit copain pour qu’elle vive avec construire un enclos pour que la poule ne mange pas nos semis j’attends le feu vert pour retrouver le soleil qui est venu aujourd’hui Maurice et Casimir ne voulaient pas écrire de poèmes « les poèmes ça s'mange pas » ils en ont pourtant plein la bouche [...] Collectif Jardin de l’Envol

Bassine en fer, où enfants, dans un jardin noyé de soleil, nous faisions une piscine ! La chaleur de l’eau que le vent caressait et nos rires insouciants. Enfance si loin et si proche encore, petits moments de bonheur ! Cabane à outils où tout objet change à la nuit tombée, où chaque pas semble un piège animé, chats errants, fuyant notre approche sous nos yeux effarés, odeur de paille et de terre, l’envie d’y vivre un instant comme dans une maison aimée. Arbres, amis des oiseaux et des fruits, bruissement des feuilles abritant ses habitants mais ombre terrible qui noie tout et tue la fleur chercheuse de lumière, de la vie à la mort, il n’est qu’une frontière. Patricia

Les épines des rosiers. En moto avec mon père. La ténacité de la plante. On arrive, j’essaie, je me fais piquer. L’odeur des jeunes fleurs. On a cueilli un joli bouquet. Les roses jaunes, les préférées de ma mère, le dimanche matin. Lidia


28 Une tige de fer rouillée, tordue me rappelle cet homme vieux, usé par la vie qu'était mon père, ne rien jeter, sa devise, après tout ça peut toujours servir, prenait-il plaisir à dire, garder, entasser, obligatoire, la guerre et la privation le lui avaient enseigné. Un nichoir petite maison d'oiseaux qui réchauffe l'hiver, ces magnifiques animaux, on les voit venir picorer leurs graines en battant des ailes. La mâche avec ses feuilles veloutées et son vert profond, des petites gouttes de rosée encore en suspension donnent par endroit une impression de loupe. Myriam

Printemps vie qui renaît À l’est rien de nouveau Soleil chaleur maternelle Rosier, poulette et le chat Être vivant plante du jardin Éclosion des fruits et des Légumes Fin février début Des boutons renaissance De la nature primaire Arroches = épinards Le jardin contre la Solitude et l’isolement La terre, les étoiles, le ciel, le soleil L’orientation Sumac = fleur de thé Les Minguettes Dans les temps anciens se dressaient des champs et des monts parsemés d’herbes et d’arbres et de fleurs des animaux vivaient en liberté l’homme n’avait pas tout envahi tant de prairies et de montagnes inexplorées. Jean-Yves


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À la fenêtre de l’écriture Alliade Habitat Textes écrits dans le cadre d’ateliers mêlant gardiens d’immeubles et locataires du quartier Division-Leclerc, de janvier à avril 2014, en partenariat avec Alliade Habitat.

L’oiseau En rêvant debout ce matin Je fis la rencontre d’un oiseau Il me dit, d’un air malin : « Crois-tu vraiment pouvoir changer le monde Alors que l’homme est en plein déclin ? ». Figé par cette scène, je n’ai pu répondre Est-ce le fait qu’un oiseau me parle ? Ou bien est-ce la réponse qui me ronge ? « Parle ! » me dit-il, des larmes plein les yeux. « Parle ! toi qui trouves ce monde si merveilleux. Toi qui crois que l’amour soigne les blessures et corrige les erreurs Ne vois-tu pas la haine qui détruit les cœurs Ne vois-tu pas toutes ces guerres inutiles qui fauchent les âmes ? Sors ! Sors de ce rêve d’enfant Et vois le monde avec les yeux d’un adulte Goûte à cette tristesse et transmets aux autres. Regarde ! Toutes ces larmes que je verse Qu’elles deviennent l’encre de la sagesse Qu’elles puissent éveiller en l’homme sa véritable nature ». Devant tant de peine mes yeux se fermèrent et ma bouche se tut Je sentis le ciel s’obscurcir Les étoiles qui éblouissaient le ciel S’éteignirent les unes après les autres Le chaos m’envahit de tous les côtés Dois-je me résigner à cette fatalité ? Non, je me battrai jusqu’à la fin Jusqu’à ce que l’homme soit le frère de l’homme L’oiseau esquissa un sourire et prit son envol « Maintenant je te confie le reste Oh Toi fils de l’Homme ! ». Smaïl


30 Le soir quand je m’apprête à dormir je pense à ce que je vais faire à manger pour le lendemain, alors l’idée est née, ce sera un couscous, est-ce que j’ai tous les légumes, oui la viande plutôt l’agneau oui, alors je peux dormir à poings fermés. Nacera

C’est le moment de regarder par la fenêtre ma petite sœur qui va à l’école, je la surveille et j’en profite pour fumer une clope

Déjà je ne suis pas bien dans ma tête je cours le temps passe la peur d’être en retard déjà je ne suis pas bien dans mon corps je pense toujours à l’avenir je me bats toujours avec mon âme contre moi-même. Mohammed

heureusement qu’on a des fenêtres sinon on se sent enfermés je porte une chemise rouge et des baskets rouges je garde sur moi le soleil des fois on est content des fois on n’est pas content dehors, c’est chez moi. Djaballah


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Sous-France

Tu as quitté l’Algérie pour une meilleure vie en France, mais non, c’est faux ce qu’ils t’ont dit, la vie est belle en France, c’était pour faire de toi une esclave, pour eux, voilà la vérité en face, vas-y la souffrance et le stress, loin de ta famille, sans papier, on profite de toi et de ta peur, on ne t’a pas déclarée à l’État pour que tu sois soumise et ne puisse aller nulle part. Maman, le début de ma vie, l’amour, ma protection, le bonheur, le chemin de toute une vie et la patience, tu es l’aînée de quatre enfants, tu as perdu ta mère à l’âge de dix ans, elle t’a laissé un frère de six ans, une sœur de quatre ans et un bébé de six mois. À ton âge, c’est trop lourd, une charge comme ça, plus un père fatigué par la douleur et le chagrin. Tu frappes aux portes des femmes qui allaitent pour qu’elles nourrissent ton petit frère, certaines refusent : « J’ai du lait juste ce qu’il faut pour mon fils ». Quelques jours plus tard, il mourra. Je me rappelle quand j’étais petite, j’allais au jardin avec toi cueillir des fruits et des légumes. On rentrait à la maison et tu préparais le repas. Ça sentait tellement bon les légumes qu’on avait cueillis ensemble au jardin. Je donnerais n’importe quoi pour revivre, sentir et revoir ces moments. Aujourd’hui, ces goûts de la nature n’existent plus que dans mes rêves. Fatiha


« ... provoquer la naissance d’un désir d’écriture par le souffle la respiration le corps humaniser incarner simplifier laver les mots leur redonner leur fraicheur d'enfance comme si on les prononçait pour la première fois ramener l'écriture au concret plaisir de mettre les mains à la pâte... »



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Et aussi... Au cours de sa résidence, Laure Morali a participé à plusieurs événements en tant qu’auteure, en compagnie d’artistes tels que le musicien Titi Robin, et d’autres écrivains, comédiens et plasticiens. Elle fut ainsi le fil rouge de notre saison à l’Espace Pandora.

Soirée d’ouverture

Journée de clôture

Printemps des Poètes

Journée de l’Arald AmphiOpéra (Lyon)

Festival Hors Cadre

Alliance Française (Lyon)

Scène Poétique

Sienne Design (Vénissieux)

Forum Paroles d’enfants Hôtel de Ville (Vénissieux) Cinéma Gérard Philipe (Vénissieux)

Salle Kantor, ENS Lettre (Lyon) Bibliothèque de la Part-Dieu (Lyon)

Semaine de la langue française et de la Francophonie

Soirée d’ouverture

Soirée d’ouverture de la résidence d’auteur – Hôtel de Ville de Vénissieux – 23 janvier 2014


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Printemps des Poètes – Soirée à l’AmphiOpéra de Lyon– 15 mars 2014

Forum Paroles d’enfants – Hôtel de Ville de Vénissieux – 18 mars 2014


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Journée de clôture – Hors Cadre Les participants à la résidence littéraire et leurs proches sont venus nombreux au cinéma Gérard Philipe pour dire au revoir à Laure Morali, à l’occasion du festival Hors Cadre le dimanche 5 avril 2014. La plupart avait préparé, avec l’aide précieuse de la comédienne Claire Terral, une mise en voix de leurs textes. D’autres ont vu leurs textes exposés dans le hall du cinéma et certains ont participé à des films projetés sur grand écran. Ils ont su, à travers leurs mots, nous faire partager leur imaginaire et leur parole singulière. Bravo, et merci !


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« ... de Vénissieux le bleu fascinant des heures lourdes – lorsque le ciel déplie les images passées sous nos paupières une fenêtre s’allume puis une autre aux parois des immeubles agrippés à la vallée... »



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Au-delà de la résidence Cette seconde partie du recueil, Un an d’écrits à Venissieux, donne à lire des textes issus d’ateliers d’écriture menés tout au long de la saison 2013 / 2014, par plusieurs écrivains, à Vénissieux. L’opération « Dis-moi dix mots », le festival Parole Ambulante ou le Printemps des Poètes sont autant d’occasions de s’amuser avec les mots…

• le Jour du livre • le collège Paul-Éluard • l’école Henri-Wallon • les Centres sociaux des Minguettes • le collège Jules-Michelet • l’Unité Éducative d’Activités de Jour

Avec les auteurs : Hassan Guaid Mehdi Krüger Patrick Laupin Judith Lesur Dominique Ottavi Thierry Renard…


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Le Jour du livre Un nouvel événement a vu le jour en plein air à Vénissieux le samedi 27 septembre 2014 ! Organisé par l’Espace Pandora avec le soutien de nombreux partenaires, Le Jour du livre proposait toute la journée des stands, des ateliers participatifs et des animations littéraires pour découvrir le livre sous toutes ses facettes. Lors de cette journée, petits et grands ont participé à un atelier d’écriture express autour du thème « Les Jours heureux ». Le slameur Mehdi Benachour a également mené en amont des ateliers d’écriture auprès d’habitants qui ont pu participer à la scène ouverte du Jour du livre.

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Le soir qui tombe m’a ramené à la maison. Terminées les fatigues et closes les querelles. C’est l’heure où les soucis passent, où les mains se délassent, où le corps tout entier se tasse, et s’affale sans raison, sans déraison, sans dérision. Envahi par la paix qui descend sur la ville. La paix semée par-ci par-là, la paix m’apaise et m’apprivoise, et je m’endors enfin serein. La nuit sereine, la nuit d’été, la nudité qui m’envahit, la nudité dans tous mes rêves. Et voici le repos qui se pose sur mes paupières. Je vois la nuit à travers elles, paupières poreuses, paupières peureuses, paupières trop roses. Ces pétales roses sur mon regard que la nuit a semés pour qu’il se ferme, et je m’endors enfin serein. Dehors la ville continue ses éclats, ses clameurs, ses klaxons, qui s’éloignent puis s’apaisent à leur tour. Elle bouge encore, la ville, mais loin d’ici. Et la nuit la remue. Jacques-Philippe Strobel

Les jours heureux, rattrape-les ils vont filer ! Bonheur, bonheur ! faut s’lever d'bonne heure ! Pour être heureuse ma fille, reste tranquille ! Ah ! Tu y crois toi ? tu t'en mordras les doigts ! Quille qui roule, n'amasse pas boule ! Alors je me suis étirée , puis je me suis tirée, sans doigts, ni loi ! Éliane Fontaine


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Collège Paul-Éluard A l’occasion du 19e festival Parole Ambulante, deux classes Passerelle de 5e et de 3e du collège Paul-Éluard, composées d’élèves arrivés récemment en France, ont créé une chanson avec l’aide de l’auteur et compositeur Dominique Ottavi. Les élèves de 5e : Noura Belarbia, Rédouane Benomeur, Ana Maria Gligu, Tyrese Holdbrook, Mouad Nahar, Gesica Stefan et Érico Vincente Freitas. Les élèves de 3e : Bairam Dhari, Raquel Dias de Franca, Michee Matezo, Paula Molla et Francesca Sabau Sava.

Verte est la chaise qui vole en hiver noire est la veste qui nage dans la mer Refrain : Les sirènes dansent Et ça c’est ma chance Les sirènes dansent Et ça c’est ma chance Papa Lola Maman Lucas Le chocolat Qui fond dans les doigts

Refrain Bleu pantalon Chante sa chanson Avec cinq pieds Loin dans la forêt Refrain Dans une caverne L’ours mangeait du miel Et le secret des mers Rêvait dans sa tête. Collectif


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Dis-moi dix mots De nombreux ateliers ont été menés sur la commune avec les dix mots. Un temps fort a donné à voir et à entendre les créations pendant la Semaine de la langue française et de la Francophonie à la médiathèque Lucie-Aubrac, le vendredi 21 mars 2014. Ateliers menés par Hassan Guaid, Judith Lesur, Patrick Laupin et Thierry Renard. Les dix mots 2014 : AMBiANCEr – À TirE-LArigOT – CHAriVAri – fAriBOLE – HurLuBErLu –Ouf – TiMBrÉ – TOHu-BOHu – zigzAg –S’ENLiVrEr

La nuit dernière, j’ai rêvé que ma tête faisait des zigzags dans tous les sens : j’en avais marre ! Ouf! Elle s’est arrêtée. Alors je suis allé dans ma chambre pour faire l’hurluberlu. Pour ça, j’ai pris un livre de lecture et dans ce livre, il y avait des voitures dans un charivari, c’est-à-dire un virage dangereux. Puis mon rêve s’est terminé. Je croyais que c’était vrai. Iliès École Henri -Wallon Classe de CE 2 de mesdames Mazet et Tell

La nuit dernière, j’ai rêvé qu’un hurluberluenvoyait une carte à son cousin le noisetier. Ça parlait d’une fille qui était folle. Elle avait mis sa musique de danse classique et elle avait ambiancé la forêt. Tout le monde l’avait surnommée « Ambianceuse » et avait bien ri. Janna-Nour École Henri -Wallon Classe de CE 2 de mesdames Mazet et Tell

Zigzag Pour être un poète, il faut avoir de l’imagination. Une très belle voix. Il faut être calme et observateur. Il faut savoir lire et être inspiré. Et quand on est fatigué on dit ouf ! C’est beau la poésie. Asma Mohammedi (8 ans) Centres sociaux des Minguettes

C’est quelque part qui n’est pas droit Et qui part partout dans la rue Et une fois, sur mon papier j’ai fait un zizgzag Y’a un monsieur qui a une moustache en zigzag. Fatma Abur (10 ans) Centres sociaux des Minguettes


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Je suis partie pour de nombreuses fêtes Ambiançant et criant Sans collier ni bijou Sans m’arrêter Je suis partie pour toujours Sans rentrer dans mon village Vendez tous mes arbres Mais pas les racines avec.

Sevda Collège Jules-Michelet Classe de 4e D de Coralie Thomas

J’ai rêvé d’une terre de nature et de paix, sans guerre, sans bruit, sans arme ni conflit. Une terre où tout le monde aurait sa place. Une terre remplie d’histoires, avec une seule identité, où les ambiances se mélangent, formant les zigzags entre les montagnes enneigées, réveillant cette terre du profond charivari causé par la haine de certains.

Mohammad Collège Jules-Michelet Classe de 4e D de Coralie Thomas

L’Univers Il y aura autre chose que l’Univers Une chose plus franche, que l'on appellera le Versuni Une encore, timbrée comme l'hurluberlu Que l'on admira dans l’œil d'un geste en zigzag Il y aura la nature, plus enchantée Le ciel, plus dégagé La vie, moins faribole Le Sud, toujours enneigé Il y aura Big-Foot L'Ogre, la Fée Clochette Et tout un planté de sorcières Les heures seront différentes Pas pareilles, sans résultat Inutile de fixer maintenant Le détail précis de tout ça Une certitude subsiste : un Univers Il y aura autre chose qu'un Univers.

Najira Collège Jules-Michelet Classe de 4e D de Coralie Thomas


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Une vie de ouf Dans ma tête, je suis ouf Je fais des zigzags dans ma vie Que des timbrés dans ma ville Pas grave, j’y mets de l’ambiance Je m’enlivre tellement que dans ma tête J’entends comme des tohu-bohu Je fais des fariboles à tire-larigot Il y a du charivari, la police arrive On se sauve comme Tom et Jerry. Elyas, 17 ans Unité Éducative d’Activités de Jour

Z ola était un écrivain de Ouf I l était le Mozart de la langue française comme le dit touf-touf G erminal est son chef d’œuvre de ouf Z izou, le footballeur m’en a parlé assis sur un pouf A méricains et amérindiens le connaissent dit Makhlouf G rands et petits le trouvent aussi vraiment Ouf. Anonyme Unité Éducative d’Activités de Jour

Dans la vie, le respect s’applique quoiqu’il se passe, Mais cet hurluberlu n’a sans doute pas fait ses classes, C’est pas grave, dans la vie, il y a des oufs Qui racontent des fariboles à tire-larigots. Anonyme Unité Éducative d’Activités de Jour

Atelier peinture avec Yann Dégruel lors de la journée « Les dix mots font la fête ! » le samedi 22 mars 2014 à la Ferme du Vinatier à Bron


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Remerciements L’Espace Pandora souhaite remercier la Ville de Vénissieux – en particulier le service des affaires culturelles et le service communication – qui a permis la réalisation de ce livret. Que soient également vivement remerciés, pour leur soutien, la Direction régionale des affaires culturelles de Rhône-Alpes, l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances, la Direction départementale de la cohésion sociale du Rhône, la Région Rhône-Alpes, le Département du Rhône et Emmaüs-Lyon. Ont permis la réalisation de la résidence littéraire et des ateliers d’écriture, le cinéma Gérard-Philipe, la médiathèque Lucie-Aubrac, le service jeunesse de Vénissieux, Alliade Habitat, les centres sociaux des Minguettes, la pension de famille Charles-Baudelaire, l’Unité Éducative d’Activité de Jour de Vénissieux, l’école Pasteur, l’école Saint-Exupéry, l’école Henri-Wallon, l’école Anatole-France, le collège Jules-Michelet, le collège Elsa-Triolet, le collège Paul-Éluard, le Pôle Territorial d’Éducation Artistique et le Réseau de Réussite Scolaire Jules-Michelet, le Jardin de l’Envol (association Passe-jardins), le Jardin de la Passion (Institut Bioforce), le Mouvement pour une alternative non-violente, et toutes leurs équipes. Toutes et tous ont réservé un accueil chaleureux à Laure Morali lors de sa résidence littéraire ainsi que lors des rencontres avec les auteurs invités par l’Espace Pandora. Merci à Claire Terral, comédienne, qui a accompagné les habitants de Vénissieux pour la mise en voix de leurs textes. Nous tenons également à saluer les auteurs Judith Lesur, Hassan Guaid, Medhi Krüger, Patrick Laupin et Dominique Ottavi, pour leur présence et leurs contributions. Et, encore, des remerciements particuliers à Laure Morali. Elle fut cette lueur précieuse qui indique le chemin.


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une résidence littéraire avec Pierre Soletti Après Moussa Konaté, Fabienne Swiatly, Joël Bastard, Mouloud Akkouche, et Laure Morali, c’est Pierre Soletti qui s’installera pour une résidence littéraire à Vénissieux de février à mai 2015. Pierre Soletti est né en 1971 dans le plein midi de la France et vit actuellement dans la région toulousaine. Il écrit, lit, publie, dessine, bidouille des sons, bricole des trucs qui ne sont pas faits pour marcher droit. Ses écrits ont donné lieu à la création de spectacles multimédia, tous composés, orchestrés et dirigés par son frère, le musicien Patrice Soletti. « On dit de moi que je suis un ‘poète agité’. Je suis très calme d’apparence. Mais quand je lis, je tombe totalement dans le texte, je le vis. Ça surprend beaucoup ce choc entre l’avant, le pendant et l’après-lecture. Ma poésie est toujours engagée, sans que je ne le veuille vraiment. Et puis c’est quand même bien d’agiter : cela permet de réfléchir, de se demander ce qui va sortir. La vie est un sale type qu’on a envie d’attraper par les oreilles, de secouer, secouer jusqu’à ce qu’il en tombe quelque chose. La langue, c’est un outil, pas autre chose. Le langage, c’est le bien de ceux qui n’ont rien. C’est ça que je transmets ».


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Espace Pandora Agitateur poétique depuis 1985

Depuis trente ans (1985-2015), l’Espace Pandora est une association spécialisée dans l’action culturelle autour du livre et de l'écrit, et plus particulièrement de la poésie. Affirmant la nécessité de créer de nouveaux lieux et liens de la lecture et de l’écriture, l’Espace Pandora conduit de nombreuses actions et souhaite sensibiliser un large public à la littérature contemporaine sous toutes ses formes et dans tous ses états. Ainsi, l’association organise des manifestations littéraires et pluridisciplinaires à Vénissieux, et plus largement dans la région :

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le festival Parole Ambulante dans l’agglomération lyonnaise, le concours Quelles nouvelles ? destiné à favoriser l’émergence de jeunes auteurs, le Printemps des Poètes à Lyon et dans l’agglomération, les rencontres cinéma et littérature Hors Cadre avec le cinéma Gérard-Philipe de Vénissieux, l’opération « Dis-moi dix mots » en Rhône-Alpes.

Avec le désir de partager les mots et la langue, l’Espace Pandora met en place tout au long de l’année des ateliers d’écriture animés par des écrivains, au sein de structures sociales, scolaires, culturelles, pénitentiaires etc. Cette mission prend à Vénissieux une dimension particulière avec la mise en place d’une résidence littéraire associant les habitants de la ville. Enfin, l’Espace Pandora est un lieu ouvert à tous − situé au 7 place de la Paix à Vénissieux − proposant des lectures-rencontres, des formations, des expositions, des ateliers artistiques et un fonds documentaire spécialisé en poésie. L’équipe : Myriam Chkoundali, Marie Delorme, Julie Dorille, Jamel Morghadi, Thierry Renard et Marie-Caroline Rogister.




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