PROGRAMMATION
GRANDS DOSSIERS ⊕ L’univers fascinant
des phytotechnologies → 4
⊕ Les architectes de la nature → 8
⊕ Collisions cosmiques → 12
⊕ La station spatiale internationale : un habitat extrême → 16
⊕ Le Biodôme et l’Insectarium renouvelés → 18 ⊕ Les arbres, nos alliés → 24
⊕ À la rescousse des papillons → 28 CHRONIQUE ⊕ Nous habitons la Terre,
mais elle nous habite aussi ! → 21
À FAIRE CHEZ SOI ⊕ Observer le ciel 101 → 7 À NE PAS MANQUER ⊕ Au fil de l’eau → 23 À DÉCOUVRIR ⊕ Découvrez les forêts de Montréal → 27
PHOTO AndrĂŠ Sarrazin
RÉDACTEUR EN CHEF
RÉFÉRENCE ET VALIDATION
TOAST Studio / Charles Prémont
Espace pour la vie
JOURNALISTES
Charles Prémont Marie-Claude Ouellet Martin Primeau COLLABORATEURS
T8aminik Rankin et Marie-Josée Tardif DESIGN GRAPHIQUE
RÉVISION LINGUISTIQUE
Catherine Baudin TRADUCTION
Terry Knowles Pamela Ireland INFOGRAPHIE
Stéphanie Rivet (Pulsation graphique)
orangetango
© ESPACE POUR LA VIE 2018 • P AR CHARLES-MATHIEU BRUNELLE, DIRECTEUR D’ESPACE POUR LA VIE
DANS CE NUMÉRO L’UNIVERS FASCINANT DES PHYTOTECHNOLOGIES → 4
Habiter… Pour la plupart d’entre nous, ce verbe évoque d’abord notre nid familial, notre demeure, notre maison.
OBSERVER LE CIEL 101 → 7
L’endroit où l’on se sent bien, chez soi. Celui que nous avons construit de toute pièce, à notre image. Celui qui probablement nous ressemble le plus.
LES ARCHITECTES DE LA NATURE → 8
Le dévoiler, c’est dévoiler notre intimité.
COLLISIONS COSMIQUES → 12 QUESTIONS DE NOS PETITS ET GRANDS VISITEURS → 14 LA STATION SPATIALE INTERNATIONALE : UN HABITAT EXTRÊME → 16 LE BIODÔME ET L’INSECTARIUM RENOUVELÉS → 18 NOUS HABITONS LA TERRE, MAIS ELLE NOUS HABITE AUSSI ! → 21 AU FIL DE L’EAU → 23 LES ARBRES, NOS ALLIÉS → 24 DÉCOUVREZ LES FORÊTS DE MONTRÉAL → 27 À LA RESCOUSSE DES PAPILLONS → 28 LES RENCONTRES HUMAIN-NATURE → 31
Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2018. ISBN 978-2-9815879-7-8
Il témoigne de qui nous sommes. De qui nous voulons être. Il protège des intempéries, comme des regards. On s’y retrouve. On s’y réfugie. On y fonde sa famille. On y ancre ses valeurs. C’est notre assise. Le mirador à partir duquel on observe le reste du monde. Le lieu d’où l’on part, pour aller ailleurs. Puis souvent, revenir. Ce sens que nous donnons au mot habiter réfère à ce que nous possédons, à ce que nous contrôlons. Sous le prétexte de répondre à nos besoins, nous avons tellement galvaudé cette notion que nous nous sommes, ironiquement, déconnectés de la nature. Et si la liberté, finalement, c’était d’apprendre à habiter autrement ? Au fil des activités de la programmation 2018 d’Espace pour la vie, nous tenterons de voir comment les multiples stratégies développées par le vivant peuvent être une source d’inspiration. Par exemple, en empruntant le parcours immersif La nature pour toit, le visiteur découvrira comment les animaux, que ce soit les insectes, les oiseaux ou les mammifères, rivalisent d’ingéniosité pour construire, à même la nature, des cachettes, des abris et des tunnels essentiels à leur survie. Espace pour la vie mettra aussi son expertise au service de la réflexion et des échanges en invitant le public à poser son regard sur les multiples façons d’habiter la planète et à ouvrir le dialogue sur un monde de possibilités. Nous organiserons pour la première fois des Rencontres humain-nature afin de nourrir les idées inspirantes et d’encourager la mobilisation constructive des citoyens pour la préservation de la biodiversité. La conversation sera passionnante, j’en suis convaincu ! ⊗
DOSSIER GÉNIE DE L’ENVIRONNEMENT
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L’UNIVERS FASCINANT DES PHYTOTECHNOLOGIES • PAR MARIE- CLAUDE OUELLET
PHOTO Alija/iStockphoto.com
De toutes les espèces qui peuplent la planète, l’humain est celle qui modifie son environnement le plus en profondeur. Les c onséquences des activités humaines peuvent être dramatiques, comme en témoignent les changements climatiques… Heureusement, depuis quelques décennies, l’humain cherche des façons de mieux habiter la planète. Et les phytotechnologies, c’est-à-dire l’utilisation de plantes vivantes pour résoudre des problèmes environnementaux, constituent une option de choix. Ces procédés peuvent être mis à profit dans divers domaines. En voici quelques-uns :
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DOSSIER GÉNIE DE L’ENVIRONNEMENT
LES SOLS CONTAMINÉS Au fil des ans, les sols ont été contaminés par les activités humaines, notamment par des déversements toxiques et l’enfouissement de déchets. Pour soigner ces sols, on peut recourir à la phytoremédiation, une approche misant sur le pouvoir des végétaux et des micro-organismes pour absorber ou dégrader certains produits toxiques.
LES EAUX USÉES Les eaux de la planète ont aussi été souillées par diverses activités industrielles. Les marais filtrants artificiels sont un moyen efficace, écologique et peu coûteux de les épurer. L’eau séjourne dans un bassin couvert de plantes enracinées (ex. : quenouilles, nénuphars) et flottantes (ex. : lentilles d’eau). Ces végétaux et les micro-organismes qui y sont associés épurent l’eau en extrayant diverses substances ou en les dégradant en molécules moins polluantes. Cette technologie est principalement utilisée pour traiter les eaux domestiques, mais elle peut aussi nettoyer les effluents d’usines, de dépotoirs, de mines et d’entreprises agricoles. Des marais filtrants traitent les eaux de la plage Jean-Doré, à Montréal.
LES ÎLOTS DE CHALEUR Un îlot de chaleur urbain est un lieu où on enregistre une élévation de température par rapport aux zones environnantes qui sont végétalisées. Ces « bulles de chaleur » sont causées, entre autres, par les usines, les véhicules, les systèmes de climatisation et les surfaces de béton et d’asphalte (qui absorbent la chaleur du soleil). Les îlots de chaleur nuisent au confort et à la santé des citoyens. Une des façons de les combattre consiste à aménager des toits et des murs végétalisés, car les plantes rafraîchissent et humidifient l’air. La végétation contribue aussi à limiter les effets nocifs des changements climatiques en captant le dioxyde de carbone (CO2) de l’air. ⊗
LE PARCOURS DES PHYTOTECHNOLOGIES JARDIN BOTANIQUE À PARTIR DU 30 AOÛT À partir de 2018, Espace pour la vie présentera aux visiteurs divers types de phytotechnologies sur le site du Jardin botanique. Ils y découvriront sept techniques utilisées pour résoudre des problématiques environnementales. Un parcours éducatif permettra au public de se familiariser, entre autres, avec les toits verts, les murs antibruit vivants et les jardins de pluie. Les travaux devraient s’échelonner de 2017 à 2023. La première étape du Parcours, qui sera installée dans le Jardin des plantes aquatiques, expliquera comment les marais filtrants épurent les eaux usées. Ce projet ambitieux et novateur sera cofinancé par la Ville de Montréal et la Fondation Espace pour la vie : la Ville de Montréal investira un dollar dans le Parcours pour chaque dollar amassé par la Fondation Espace pour la vie.
LES PHYTOTECHNOLOGIES AU JARDIN BOTANIQUE En 1990, le Jardin botanique et l’Université de Montréal ont fondé l’Institut de recherche en biologie végétale (IRBV), qui favorise la collaboration entre plusieurs scientifiques. Les phytotechnologies figurent parmi les expertises de pointe des chercheurs de l’IRBV. « Je dirais que nous avons particulièrement développé deux domaines d’étude en phytotechnologie au Jardin botanique, explique Michel Labrecque, conservateur et chef de division recherche et développement scientifique du Jardin botanique de Montréal. La première est la décontamination des sols par les plantes et les microorganismes et la deuxième est le traitement des eaux usées par les plantes. » Ces expertises ne se sont pas déployées en silo, mais bien en collaboration avec des scientifiques de différentes universités. « L’IRBV est reconnu mondialement pour ses recherches en phytotechnologies, et des collaborations existent avec des chercheurs d’autres universités à Montréal et dans le monde. »
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PHOTO Alison Hancock/Shutterstock.com
DOSSIER GÉNIE DE L’ENVIRONNEMENT
DES PHYTOTECHNOLOGIES À LA MAISON • PAR MARIE- CLAUDE OUELLET
Certaines phytotechnologies peuvent être mises en œuvre par les particuliers qui sont soucieux de vivre dans un environnement plus sain. Par exemple, si l’on désire atténuer le bruit du moteur d’une thermopompe ou d’une pompe de piscine, il est possible d’installer un écran sonore fait de végétaux vivants, qui sera à la fois efficace et esthétique. En général, ce genre de mur antibruit est constitué d’une sorte de double clôture de végétaux enserrant un matériau massif (terre, sable), qui sert de barrière d’insonorisation. Nombreux sont ceux qui ont déjà constaté que les toits verts se multiplient dans les villes depuis quelques années ; on en trouve sur des hôtels, des bibliothèques et même des supermarchés ! Une toiture végétale peut s’avérer très utile pour réduire les frais de chauffage et de climatisation, lutter contre les îlots de chaleur, retenir les eaux de pluie, absorber certains polluants et gaz à effet de serre et contribuer à augmenter la biodiversité d’un site. On peut y cultiver différents végétaux adaptés aux conditions
particulières des toitures. Étant donné la complexité de l’ouvrage, mieux vaut consulter une firme spécialisée dans le domaine. Il en va de même si l’on souhaite installer un mur végétal dans une habitation afin de purifier, d’humidifier et de rafraîchir l’air. Des murs végétaux de grandes dimensions ont été aménagés dans divers bâtiments de la métropole comme la Biosphère, l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau, le Collège de Rosemont et la Maison du développement durable. Pour leur part, les propriétaires aux prises avec des rives érodées peuvent tirer parti des phytotechnologies pour stabiliser ces dernières. L’utilisation des plantes — notamment des fascines et des boutures de saules — constitue une solution intéressante pour remplacer les blocs de béton afin de contrôler l’érosion des berges et de limiter les risques d’inondation. ⊗
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À FAIRE CHEZ SOI
OBSERVER LE CIEL 101 Cherchez-vous à vous initier à l’astronomie sans savoir par où commencer ? Pas de souci, André Grandchamps, astronome au Planétarium Rio Tinto Alcan de Montréal, a quelques conseils pour vous.
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Commencez par observer le ciel à l’œil nu en utilisant un « cherche-étoile ». « Il faut d’abord savoir si on va aimer observer le ciel, indique le spécialiste. Si une personne a du plaisir à s’étendre sur une chaise longue l’été pour observer les perséides, par exemple, c’est déjà un bon signe. » 2
Observez ensuite le ciel avec des jumelles. « Avec les jumelles, on peut voir des planètes, mais aussi des amas d’étoiles et des nébuleuses, ajoute-t-il. Je les ai avec moi chaque fois que je sors faire des observations. » 3
Pensez au télescope. Si la curiosité vous anime toujours, vous pourriez être un candidat à l’achat d’un télescope. Mais, attention ! « Pour avoir une qualité optique qui a de l’allure, il faut souvent investir un bon montant, souligne André Grandchamps. Les boutiques spécialisées pourront vous conseiller le meilleur achat. »
PHOTO AstroStar/Shutterstock.com
• PAR MARTIN PRIMEAU
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Exercez-vous avec un poteau de téléphone. « Ce n’est pas toujours facile d’orienter le télescope au bon endroit dans le ciel », informe le spécialiste. Pour l’apprivoiser, commencez par observer des objets qui sont bas à l’horizon comme un poteau de téléphone. Ensuite, vous pouvez chercher la Lune. 5
Joignez un club d’astronomie. « Il y en a dans toutes les régions, ajoute-t-il. Les astronomes amateurs plus expérimentés se font un plaisir de partager leurs connaissances. »
QUELQUES APPLIS POUR VOUS AIDER La technologie mobile facilite grandement l’observation du ciel. Voici quelques applications qui peuvent vous aider à profiter pleinement de ce spectacle. Astro 3D+, iOS → 2,79 $ Excellente pour explorer le ciel, l’application se lie automatiquement à Wikipédia pour vous donner un maximum d’informations. Brian Cox’s Wonders of the Universe, iOS → 2,79 $ Voyagez à travers l’Univers du bout des doigts. Cette application est l’extension d’une série scientifique de la BBC. Carte du ciel, iOS et Android → gratuite ou 6,99 $ Avec sa conception graphique majestueuse, la version gratuite est plus limitée, mais demeure un excellent choix pour les débutants.
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DOSSIER HABITAT
LES ARCHITECTES DE LA NATURE • PAR MARTIN PRIMEAU
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Les termitières sont naturellement climatisées grâce aux hautes cheminées centrales de leur nid, ce qui a inspiré les architectes du Eastgate Building.
PHOTO Tom Cockren/Getty Images
PHOTO Piotr Gatlik/Shutterstock.com
Ils assemblent des structures qui inspirent nos architectes. Certains vont même créer leurs propres matériaux ! Bienvenue au « Salon de l’habitation animal ». Un monde où les animaux donnent encore des leçons aux hommes.
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DOSSIER HABITAT
PHOTO Fotos593/Shutterstock.com
PHOTO Dennis W Donohue/Shutterstockcom
↓ Des nids comme celui du pygargue à tête blanche ont inspiré les architectes du stade national de Beijing. Les pygargues réaménagent chaque année d’anciens nids. Certains sont vieux de 50 à 60 ans, mesurent 6 mètres de haut et pèsent jusqu’à 2 tonnes !
DES ABRIS INUSITÉS
Pour affronter à la fois les journées torrides et les nuits froides, ces insectes construisent de grandes tours où l’air circule de façon à maintenir une température adéquate à l’intérieur.
Il arrive qu’en inspectant une branche d’arbre, on y découvre un petit cocon. Rien de plus anodin, peut-on penser… Au contraire, il y a là un abri qui fascine les humains depuis des siècles !
Les concepteurs du Eastgate Building à Harare, au Zimbabwe, s’en sont d’ailleurs inspirés. Ce centre commercial, doté d’un système de convection copié sur celui des termitières, génère des économies énergétiques estimées à 90 %.
« La soie qui sert à fabriquer ces cocons est un bon exemple de matériau que nous avons emprunté aux insectes », souligne d’ailleurs Carolina Torres, coordonnatrice d’activités en loisirs scientifiques à l’Insectarium de Montréal.
APPRENDRE DES PLUS GRANDS AUSSI
Pour concevoir des vêtements à partir de la soie, l’homme a même créé des élevages d’une chenille appelée « ver à soie ». Mais là ne s’arrête pas l’intérêt que l’on porte à la soie. L’usage qu’en font les insectes intrigue tout autant. En l’enduisant d’une substance collante, on obtient une structure rigide. En la tissant, on crée de grands abris. C’est d’ailleurs ce que font certaines chenilles nouvellement nées chaque année en se réunissant dans le haut des arbres pour construire de grandes tentes communes. « Elles seront des centaines à y habiter, à l’intérieur de compartiments, et à s’y réchauffer à tour de rôle », explique Carolina Torres. « Lorsqu’il fait trop froid, les chenilles ne peuvent pas digérer la nourriture, indique-t-elle. Mais la tente leur permet de se réchauffer suffisamment pour y arriver. » Et elles ne sont pas les seules à avoir trouvé des astuces pour gérer adéquatement la température à l’intérieur de leur construction. « Les termites, par exemple, ont inspiré les architectes qui s’intéressent à la thermorégulation », dit-elle.
« Plus près de nous, les mammifères peinent à voler la vedette aux insectes », admet Diane Mitchell, conceptrice d’activités et animatrice au Biodôme de Montréal. « La plupart, comme l’ours noir, vont simplement se chercher une cavité ou en créer une pour s’abriter », dit-elle. Il y a bien sûr le castor avec son barrage et sa hutte pour sauver la réputation du groupe. Mais s’il faut s’attarder à une catégorie de vertébrés pour s’inspirer de ses créations, c’est plutôt du côté des oiseaux qu’il faut se tourner. On en prend pour exemple le « Nid d’oiseau ». Par son enchevê trement de poutrelles d’acier, le stade national de Pékin a toutes les allures d’un simple nid, mais des ingénieurs y ont tout de même ajouté du leur. Chaque élément est positionné de façon à répondre à des contraintes mécaniques strictes. Ce stade pourrait d’ailleurs résister à un tremblement de terre de 8,0 sur l’échelle de Richter. ⊗
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DOSSIER HABITAT
PHOTO Mishella/Shutterstockcom
LA NATURE POUR TOIT JARDIN BOTANIQUE 15 JUIN — 3 SEPTEMBRE
DES ABRIS PLUS GRANDS QUE NATURE
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Les chenilles à tente fabriquent des habitacles en soie sur des branches d’arbres. Ces abris les protègent des prédateurs et des grands froids.
Inscrit dans la thématique 2018 d’Espace pour la vie, La nature nous habite, cette expérience de parcours immersif et multisectoriel fera découvrir aux visiteurs sept structures originales, inspirées de créations de mammifères, d’oiseaux et d’insectes québécois. Comme nous, les animaux transforment leur environnement pour se protéger des intempéries, se réchauffer ou tout simplement se reposer. Si certains de ces abris se font discrets, d’autres, comme l’humain, assemblent des structures qui frappent l’œil.
PHOTO Atelopus/iStockphoto.com
Pour les curieux qui désirent découvrir comment on se sent dans la hutte d’un castor, c’est l’activité parfaite ! Les experts du Biodôme et de l’Insectarium proposent cette année sur le site du Jardin botanique, un parcours jalonné d’abris d’animaux… chacun construit à échelle humaine.
↑ Les papillons de la famille Urodidae en Amazonie fabriquent un cocon hors du commun, constitué de réseaux ouverts. Cette construction permet une meilleure circulation de l’air, empêche les champignons de proliférer et protège la chrysalide de la noyade.
« On souhaite que le visiteur puisse se comparer aux autres êtres vivants », explique d’ailleurs Sonya Charest, agente de programmes éducatifs à l’Insectarium. PHOTO Ian Tessier/Shutterstock.com
Selon elle, le visiteur découvrira à travers ce parcours comment les animaux construisent des abris en harmonie avec leur environnement. La nature pour toit, une expérience à mettre à son agenda 2018 ! ⊗
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La hutte du castor, bâtie en eau profonde, lui permet d’être actif tout l’hiver. Il peut sortir sous la glace pour s’alimenter à ses réserves de branches.
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DOSSIER HABITAT
PHOTO Dan Logan/Shutterstock.com
← La femelle oriole de Baltimore est une habile artisane qui tisse son nid aux extrémités de branches d’arbre. Elle peut utiliser de l’herbe, des bandes d’écorce de vigne, de la mousse, du duvet végétal, du crin et même des matériaux artificiels pour fabriquer une poche suspendue qui la protège de ses prédateurs qui peuvent difficilement l’atteindre.
LE SAVIEZ-VOUS ?
PHOTO Carol M. Highsmith/Buyenlarge/Getty Images
QUAND LES NÉNUPHARS INSPIRENT LES ARCHITECTES • PAR MARIE- CLAUDE OUELLET
Deux mètres et demi, c’est le diamètre que peut atteindre une feuille du nénuphar Victoria amazonica en condition optimale ! Très résistante, elle peut supporter un poids de 45 kg réparti uniformément sur sa surface. Son secret ? Un réseau de nervures particulièrement élaboré recouvert d’un tissu végétal plissé. Dès 1851, ces qualités structurales servent de modèle pour la construction du Crystal Palace, le hall accueillant l’Exposition universelle de Londres. Par la suite, plusieurs architectes, dont Frank Lloyd Wright, les intègrent dans le design de projets innovants. Grâce au savoir-faire des horticulteurs du Jardin botanique, des victorias hybrides s’épanouiront dans un bassin chauffé, loin de leur contrée d’origine, l’Amérique du Sud.
↑ Des colonnes surmontées de feuilles de victorias soutiennent la verrière du Johnson Wax Headquarters, chef d’œuvre signé Frank Lloyd Wright et Kenneth Frampton, en 1936.
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DOSSIER ASTRONOMIE
COLLISIONS COSMIQUES • PAR CHARLES PRÉMONT
Notre galaxie, la Voie lactée, fonce à 120 km par seconde vers Andromède, une de ses plus proches voisines. Et tout indique que l’impact est inévitable. Mais pas d’inquiétude ! Il n’aura lieu que dans 4 milliards d’années. Les collisions dans notre cosmos sont au cœur des mécaniques qui régissent notre univers. Des plus petits, les télescopages entre protons au cœur du Soleil, au plus gros, la rencontre de deux galaxies, ces chocs célestes font de l’espace un endroit dynamique, en constant changement.
COLLISIONS COSMIQUES DÈS LE 17 AVRIL
PHOTO AMNH
PLANÉTARIUM RIO TINTO ALCAN
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DOSSIER ASTRONOMIE
LE CARAMBOLAGE À L’ORIGINE DE NOTRE SYSTÈME SOLAIRE
PLEURER POUR LES DINOSAURES
Les collisions ne font pas que détruire, elles sont aussi la source de transformations.
Les dinosaures auraient disparu à la suite de la chute d’un important astéroïde dans la péninsule du Yucatan. L’impact et le rejet de poussière qu’il a occasionné dans l’atmosphère auraient signé la fin du règne des reptiles géants pour laisser la place aux mammifères. Sans cet impact, peut-être n’existerions-nous pas !
La création de notre système solaire ne s’est pas faite dans le calme et la sérénité. On croit plutôt que ce fut l’équivalent d’un grand carambolage céleste avant que les choses ne se posent. « Lorsqu’elles sont chaudes, les particules se collent ensemble au moment d’un impact, explique André Grandchamps, astronome et responsable de la collection de météorites du Planétarium Rio Tinto Alcan. Au fil du temps, elles finissent par s’agglomérer, un peu à la manière d’un effet boule de neige. » C’est ainsi qu’à partir de minuscules poussières en circulation autour du Soleil sont nées les planètes qui nous sont aujourd’hui familières. Une de ces collisions serait même à l’origine de notre satellite, la Lune. « Elle est une anomalie dans notre système solaire, indique M. Grandchamps. Elle est trop grosse par rapport à la Terre, ce qui laisse penser qu’elle proviendrait de la rencontre entre notre planète et un objet céleste de grande masse, probablement de la taille de Mars. C’est aussi ce qui expliquerait que la composition de la Lune et de la Terre est si semblable. En observant les roches lunaires rapportées par les missions Apollo, on s’est aperçu qu’il y avait beaucoup de ressemblances entre notre planète et son satellite. »
Mais pourrions-nous connaître le même sort ? « C’est très peu probable, estime Maxime Pivin Lapointe, communicateur scientifique au Planétarium Rio Tinto Alcan. On évalue qu’un événement aussi destructeur que celui qui a exterminé les dinosaures survient une fois tous les 100 millions d’années. Le dernier qu’on a vécu est arrivé il y a 65 millions d’années… » Surtout, aujourd’hui, les humains ont déployé des technologies pour voir venir le danger. La majorité des objets célestes assez grands pour causer de réels dégâts et dont la trajectoire pourrait croiser celle de la Terre ont été répertoriés. La NASA et d’autres agences spatiales sont à développer les méthodes pour agir s’il fallait se prémunir contre un impact. « Nous sommes la première espèce vivante sur Terre qui est consciente de la fragilité de sa situation dans l’espace, indique André Grandchamps. Nous avons entrepris le premier pas pour être capables de nous protéger si jamais notre planète était menacée. » ⊗
LE SAVIEZ-VOUS ?
JUPITER, UN BOUCLIER COSMIQUE ? En 1994, la comète Shoemaker-Levy 9, disloquée par les forces de marée, percute violemment Jupiter, entraînant des perturbations dans l’atmosphère jovienne et la formation de nouvelles molécules, telle la molécule d’eau. Cet événement spectaculaire a rallié de nombreux astronomes à la théorie voulant que Jupiter protège la Terre des comètes et des astéroïdes en les interceptant, en les faisant dévier ou en les regroupant. Cette planète 300 fois plus massive que la Terre exerce une force gravitationnelle considérable. Elle confine ainsi les corps célestes dans une large ceinture, et sa zone d’influence est telle qu’elle capture même la majorité des astéroïdes errants.
PHOTO NASA
• PAR MARIE- CLAUDE OUELLET
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ÉCHANGE
QUESTIONS DE NOS PETITS ET GRANDS VISITEURS • PAR CHARLES PRÉMONT
Quand on touche les feuilles du Mimosa pudica, elles se referment. Ce qui surprend plusieurs visiteurs qui s’exclament alors : « Mais, elle est vivante ! » Il faut d’abord dire que toutes les plantes sont vivantes, même si elles ne bougent pas ! Le mimosa est souvent appelé plante sensitive, parce que ses feuilles réagissent au toucher en se fermant sur elles-mêmes en quelques secondes. On croit qu’il s’agit d’une mesure de protection. Quand la feuille du mimosa est déployée, elle est fort appétissante pour les herbivores, mais lorsqu’elle se rabat, elle ressemble plus à une petite branche coriace et sans intérêt. Par ailleurs, les cellules du mimosa peuvent accumuler ou expulser l’eau. Quand les feuilles sont soumises à une stimulation, les cellules expulsent l’eau qu’elles contiennent, ce qui cause la fermeture des folioles et, quelques secondes plus tard, le mouvement du pétiole vers le bas. Quand le calme revient, les cellules motrices se remplissent d’eau et les folioles se déploient. La feuille reprend alors son apparence d’origine. Pour tenter l’expérience, la Cour des sens du Jardin botanique est l’endroit idéal !
PHOTO sutham/Shutterstock.com
EST-CE QUE CETTE PLANTE EST VIVANTE ?
Animatrice : Dans la ruche, il y a une seule reine, qui pond des œufs, et des milliers d’abeilles ouvrières. Fillette : Mais comment font-elles, les abeilles qui sortent de leur maison pour faire un tour dehors ou aller jouer, pour y retourner sans se tromper de maison ? Animatrice : Et bien, les abeilles sont capables de communiquer entre elles grâce à des mouvements de danse qui leur permettent de donner des indications précises sur l’endroit où aller pour trouver du nectar. Pour retourner à la maison, elles se servent des odeurs et de repères visuels.
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ÉCHANGE
POURQUOI LA FOURRURE DES MANCHOTS EST-ELLE NOIRE ET BLANCHE ? Les manchots sont des oiseaux, ils n’ont pas de fourrure, mais bien des plumes. Le noir et le blanc sont des couleurs qui les rendent moins visibles dans l’eau. Ce camouflage les protège des prédateurs. Vu d’en haut, on ne voit que du noir sur la profondeur foncée de l’océan. Vu de dessous, leur ventre blanc se démarque moins facilement devant la brillance du ciel et des glaces. De nombreux poissons utilisent également ce type de camouflage, assez commun pour les espèces vivant sous l’eau. Le dos noir des manchots les rend visibles sur terre, mais ils n’y ont pas de prédateurs. C’est aussi une question de confort. Le noir absorbe la lumière, donc la chaleur. S’ils ont froid sur la banquise, ils peuvent présenter leur dos au soleil pour se réchauffer. Inversement, s’ils ont trop chaud, ce qui arrive étant donné leurs multiples couches de protection, ils peuvent exposer leur ventre blanc. Si cela ne les refroidit pas assez, ils peuvent même écarter leurs ailes et hérisser leurs plumes au besoin.
Fillette : Est-ce que ces deux araignées vont avoir des enfants ? Animateur : Il semble qu’elles vont s’accoupler bientôt.
Animateur : Pas vraiment, je ne crois pas qu’ils ressentent de l’amour. Fillette : Mais, comment peuvent-ils avoir des enfants s’ils ne s’aiment pas ?
PHOTO Raymond Jalbert
Fillette : Ah ! Alors, est-ce qu’ils vont se marier ? Est-ce qu’ils s’aiment ?
LA STATION SPATIALE INTERNATIONALE : UN HABITAT EXTRÊME
Pour vivre, on doit pouvoir respirer, boire et manger. Heureusement pour nous, la Terre, grâce à ses services écologiques, nous fournit ce dont nous avons besoin. Mais au-delà, il faut tout produire nous-mêmes. C’est ce que les astronautes expérimentent quotidiennement dans la Station spatiale internationale, le plus ambitieux habitat pour humain dans l’espace. Pour limiter le coût des livraisons d’air, d’eau et de nourriture, la NASA tente de récupérer au maximum.
L’EAU • Environ 65 % de l’eau est récupérée sur la Station spatiale internationale. Un système de purification recycle l’eau qui a servi aux astronautes pour se laver, la vapeur présente dans l’air et l’urine de ceux-ci pour la rendre de nouveau potable. Une certaine quantité d’eau est aussi produite par le système Sabatier.
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LE RECYCLAGE DE L’AIR ET DE L’EAU DANS LA SSI
L’AIR • L’oxygène est produit à partir de l’électrolyse de l’eau, ce qui permet d’en séparer l’hydrogène de l’oxygène. Le gaz carbonique expiré par les astronautes est capté par des filtres. L’hydrogène qui résulte de l’opération est ensuite combiné avec ce gaz carbonique pour recréer de l’eau par un processus appelé le système Sabatier. Le méthane également généré est relâché dans l’espace.
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← S’ALIMENTER Pour le moment, la nourriture des astronautes est préparée sur Terre et est réchauffée et/ou réhydratée dans la Station spatiale internationale. On livre aux astronautes des produits frais de temps à autre, mais des expériences sont menées pour faire pousser des plantes dans l’espace. De telles tentatives sont importantes si on veut, un jour, envoyer des êtres humains plus loin dans le système solaire.
↑ SE NETTOYER On ne peut pas prendre de douche dans l’espace ! Les astronautes utilisent plutôt de l’eau chaude dans un sac et du savon sans rinçage pour se laver… à la débarbouillette. Même chose pour se laver les cheveux. Et si on veut les couper, on utilise une tondeuse à cheveux équipée d’un aspirateur !
PHOTO NASA
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← S’ENTRAÎNER L’apesanteur peut avoir des effets dramatiques sur le corps. L’un d’eux est d’affaiblir les muscles des astronautes. Ceux-ci n’ayant pas à combattre la gravité terrestre, ils s’affaiblissent rapidement si l’on ne les entraîne pas. Les résidents de la Station spatiale internationale doivent faire des exercices de musculation (grâce à des pistons), courir et pédaler pour maintenir la forme. Et ils doivent s’attacher pour le faire ! Sinon, ils flotteraient un peu partout, incapables de terminer leur entraînement.
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→ DORMIR Dormir dans l’espace est aussi essentiel que sur Terre. Sans gravité, pas besoin de matelas ou d’oreiller : il suffit de relaxer les muscles de son corps et de flotter. Les astronautes enfilent un sac de couchage qui leur permet de sortir les bras, un peu comme les sacs de nuit pour bébé. Celui-ci est attaché dans un petit espace grand comme un placard. Une fois que les astronautes ferment la porte et la lumière, ils peuvent profiter d’une bonne nuit de sommeil.
DOSSIER ARCHITECTURE
LE BIODÔME ET L’INSECTARIUM RENOUVELÉS • PAR CHARLES PRÉMONT
PHOTO NEUF architect(e)s
L’année 2018 en sera une de changements pour le Biodôme et l’Insectarium. Les deux établissements verront de grands chantiers les transformer au cours des prochaines années. Des modifications qui toucheront non seulement leur architecture, mais surtout l’expérience vécue par le visiteur.
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DOSSIER ARCHITECTURE
Pour Rachel Léger, directrice du Biodôme de 1992 à 2017, et Anne Charpentier, directrice de l’Insectarium, il était clair que les deux musées nécessitaient une mise à jour. Le Biodôme a été inauguré en 1992, alors que l’Insectarium a été ouvert en 1990. Pendant toutes ces années, le succès ne s’est jamais démenti. Ce qui est devenu, au fil du temps, un beau problème. Espaces trop petits pour le nombre de visiteurs, architecture vieillissante, désir de mettre à jour l’expérience muséale… il fallait se rendre à l’évidence : on avait besoin d’un renouvellement.
LA MÉTAMORPHOSE DE L’INSECTARIUM
LA MIGRATION DU BIODÔME : CHANGER DE POINT DE VUE
Pour la majorité des visiteurs, les émotions sont les premières réactions à surgir face à un insecte. « Cela nous a amenés à imaginer une muséologie qui fait davantage appel aux émotions et aux sens, et non pas seulement à la cognition », explique Anne Charpentier. Ainsi, à travers une approche empathique, les gens comprendront mieux ces petits animaux si loin de nous, mais aussi leurs propres sentiments à l’égard de ceux-ci.
Le Biodôme sera reconfiguré afin d’envelopper les écosystèmes qui le constituent, comme pour les protéger. Une paroi courbe autour de chacun de ceux-ci rappellera une peau sensible et délicate, ce qui augmentera l’immersion du visiteur dans cet univers.
L’Insectarium vivra une véritable transformation. C’est une visite complètement repensée qui a orienté ce projet architectural. « On veut faire vivre au visiteur des expériences qui vont le métamorphoser… du moins, transformer sa perception des insectes. » Pour réussir ce tour de force, le visiteur sera invité à se mettre dans la peau d’un insecte. Dès son entrée, il descendra sous terre puis pénétrera dans différentes galeries souterraines où il pourra percevoir l’environnement comme ces petites bêtes. Suivront différentes expériences et ateliers où le visiteur pourra avoir un contact rapproché avec eux, les voir dans leur environnement, laisser aller sa créativité et, bien entendu, observer la magnifique collection d’insectes naturalisés. Le clou de la visite sera l’expérience immersive avec des insectes en liberté. Mais aussi, le visiteur pourra observer le long du parcours le travail nécessaire au maintien d’un musée du vivant. « Tout sera en transparence, explique Anne Charpentier. Pour présenter des insectes en vie, on doit les élever, mais aussi faire pousser des plantes pour les nourrir. À certains endroits, le visiteur pourra prendre conscience de tout ce que l’on doit mettre en œuvre pour faire vivre ce musée. »
« Nous voulons que les visiteurs entrent dans un monde de nature et qu’ils en sortent prêts à la protéger à la fin de leur visite, explique Rachel Léger. Le Biodôme a toujours misé sur cela : on n’a jamais montré une série d’animaux en vitrine, on les présente dans leur environnement, avec les barrières les plus naturelles possible. Nous souhaitons épurer encore plus nos espaces pour que chacun ait l’impression d’en faire partie. » Un des grands changements pour ce musée sera l’édification d’une mezzanine qui surplombera trois des cinq écosystèmes. Ce nouveau belvédère donnera l’occasion au visiteur de se familiariser avec la canopée de différents milieux et lui proposera une perspective rarement accessible. Outre cette mezzanine, la lumière sera davantage mise à contribution. « Nous avons construit le Biodôme dans l’ancien Vélodrome : notre projet verra à remettre en valeur cette luminosité. La scénographie sera aussi repensée pour offrir une expérience plus participative et émotionnelle. Les odeurs, la bruine, les modulations de l’éclairage pourront, par exemple, y contribuer. »
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DOSSIER ARCHITECTURE
ENCOURAGER LES PRISES DE CONSCIENCE
PHOTO Michel Tremblay
Désormais, en plus de communiquer des informations scientifiques, ces institutions cherchent surtout à transmettre un message au visiteur à travers des expériences encore plus immersives. Espace pour la vie souhaite qu’en sortant de ses musées, le public ait envie de changer certaines de ses habitudes pour mieux habiter notre planète. Au Biodôme, le respect de la fragilité des écosystèmes et la prise de conscience de tous les efforts nécessaires pour les recréer sont au cœur de cette démarche. « On souhaite déstabiliser le visiteur, afin qu’il ait une réflexion qui le mène un peu plus loin que de dire simplement que la planète ne va pas bien. Que sa visite le pousse à agir », précise Rachel Léger. Il en va de même avec les insectes, ces êtres trop souvent mal aimés. « En faisant vivre au visiteur le monde tel qu’il est vu par les insectes, on espère que cela changera sa perception de ceux-ci et l’amènera à mieux les comprendre et les respecter », fait valoir Anne Charpentier. ⊗ LE SAVIEZ-VOUS ?
AIL DES BOIS : ATTENTION, FRAGILE ! Grâce au programme SEM’AIL, instauré par le Biodôme en 1999, environ 50 000 bulbes d’ail des bois provenant de saisies sont replantés chaque année par des propriétaires d’érablières ! Cette initiative de science participative, qui vise à sensibiliser le public et à favoriser la restauration de l’ail des bois en milieu naturel, remporte donc un franc succès. SEM’AIL vient au secours de l’ail des bois en déclin depuis les années 1970 en raison de sa popularité auprès des gourmets. Depuis 1995, cette espèce vulnérable est protégée par un règlement qui en interdit le commerce et limite la récolte à 50 bulbes par an par individu.
PHOTO Carlos Amarillo/Shutterstock.com
• PAR MARIE- CLAUDE OUELLET
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CHRONIQUE
NOUS HABITONS LA TERRE, MAIS ELLE NOUS HABITE AUSSI ! • PAR T8AMINIK RANKIN ET MARIE-JOSÉE TARDIF, AÎNÉS DE LA TRADITION ANICINAPE (ALGONQUINE)
Demander à un Anicinape de parler de sa relation à la Terre, c’est lui demander de parler de son regard même sur la vie. Le mot « Anicinape » en dit déjà long sur notre manière de voir les choses. Dans votre langue, vous nous appelez « Algonquins », mais ce mot n’existe pas chez nous ; ce sont les Français qui nous ont désignés ainsi, ce que nous avons accepté de bon gré. Aujourd’hui, nous vous remercions de nous permettre d’expliquer que dans notre langue nous nous appelons « Anicinape », ce qui signifie « être humain », mais dans le sens où celui-ci est un être vrai, vivant en harmonie avec la nature. Nos ancêtres ont toujours considéré que la Terre ne pouvait pas nous appartenir, car c’est nous qui lui appartenons. Nous sommes ses enfants, mais aussi ses gardiens, car nous avons la responsabilité d’en prendre soin pour les générations futures. Malgré toutes les difficultés auxquelles nos peuples ont dû faire face ces derniers siècles, cette relation fondamentale avec la Terre mère n’a jamais été affectée. Dans chaque rivière qui coule, chaque arbre, chaque animal, chaque pierre, lorsque nous regardons la lune, le soleil ou les étoiles, nous continuons de voir un esprit, c’est-à-dire la Vie sous ses milliards de formes, toutes aussi belles et sacrées les unes que les autres.
notre jardin intérieur. Ce qu’elle traverse en ce moment n’est que le reflet des tourments et de la course folle qui agitent les humains de notre époque. Les prophéties de plusieurs peuples premiers parlaient de cette ère, que nous traversons aujourd’hui, où les humains devront faire face à un choix crucial : poursuivre leur ruée tête baissée vers la technologie ou s’engager sur un chemin plus lent et plus intérieur, où la priorité serait donnée à la Conscience de soi et au caractère sacré de tout ce qui nous est prêté par la Terre mère pendant notre passage en ce monde. La forêt, pour les Anicinapek, est un lieu rempli de « médecine ». La médecine, c’est tout ce qui va permettre à notre corps, à notre cœur et à notre esprit d’être en bonne santé, portés par la joie de vivre et par la paix. Il existe encore heureusement d’innombrables lieux où la Terre mère continue de nous nourrir. Il faut toujours conserver un regard positif, quoi qu’il arrive, pour nos générations futures. Nous ne devons être portés que par un seul but : leur remettre la Terre comme le Créateur et nos ancêtres nous l’ont léguée. ⊗
Nos ancêtres nous ont patiemment transmis leur savoir-faire, mais aussi leur savoir-être. Au cœur de ce savoir-être, ils nous ont fait voir que nous habitions la Terre, mais qu’elle nous habitait aussi ! Quand la Terre est malade, nous sommes malades. Quand nous sommes malades, elle est malade. Si nous voulons bien prendre soin d’elle, il est primordial de prendre soin de
PHOTO Juan Davila/Unsplash
Les animaux offrent également plusieurs enseignements à qui sait les observer. La tortue nous apprend à vivre le moment présent. L’aigle, à prendre du recul et à avoir un regard clair sur notre vie. L’ours nous enseigne à rester forts face aux obstacles. Et le bison, à avancer, puissants et tranquilles à la fois, sur notre chemin.
JARDINS DE LUMIÈRE JARDIN BOTANIQUE
Cet événement automnal fait briller de mille feux trois jardins culturels du Jardin botanique. Le Jardin de Chine présente ses traditionnelles lanternes, le Jardin japonais s’illumine pour une pause contemplative inspirée des saisons et le Jardin des Premières-Nations propose une expérience multimédia mettant en lumière les battements du Cercle de la vie.
PHOTO Claude Lafond
7 SEPTEMBRE — 31 OCTOBRE
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À NE PAS MANQUER
AU FIL DE L’EAU • PAR MARIE- CLAUDE OUELLET ET ÉMILIE CADIEUX
L’environnement dans lequel une civilisation naît et grandit influence sa culture. Les animaux et les plantes qui nous entourent nous nourrissent, nous habillent et nous abritent, mais ils deviennent aussi parfois des symboles que nous utilisons pour donner un sens à nos existences. Dans les cultures chinoise et japonaise, la relation avec les forces de la nature revêt plusieurs aspects.
HISTOIRES DE PÊCHE AU JARDIN DE CHINE
LE CYCLE DES SAISONS AU JARDIN JAPONAIS
Il y a des millénaires que les Chinois vénèrent l’eau, symbole ultime de pureté et considérée comme l’un des éléments unificateurs dans la Théorie des cinq éléments*. En Chine, l’eau est le souffle et le pouls vivant de la terre et réfère à l’intelligence, à la sagesse, à la douceur et à la souplesse. On la célèbre dans de nombreux festivals, dont les festivités entourant le Nouvel An des Dai, une des minorités culturelles du sud de la Chine. En effet, à cette occasion, les Dai s’aspergent d’eau afin de se purifier et de commencer la nouvelle année sous le signe de la chance et du bonheur. L’eau figure également dans une multitude de contes, de mythes et de légendes sous la forme de personnages et d’animaux fantastiques tels le puissant dragon d’eau. Enfin, nombreux sont les Chinois vivant près de l’eau ou encore sur l’eau où ils ont développé des techniques de pêche ingénieuses, des marchés flottants ou encore des types d’embarcations uniques au monde. Affronteriez-vous le tumultueux fleuve Jaune avec un « bateau bouilloire » ou un « bateau mangeoire à cochons » ?
Les Japonais vivent au diapason des saisons, et cela se manifeste de multiples façons. Par exemple, lorsqu’ils rédigent une lettre, ils commencent habituellement par une allusion à la saison en cours. Pareillement, côté gastronomie, on aime bien orner les plats avec des éléments naturels typiques de la saison. Les Japonais n’hésitent pas à se déplacer en grand nombre pour contempler la floraison des cerisiers au printemps et les superbes couleurs automnales.
Durant l’événement Jardins de lumière, le Jardin de Chine raconte aux visiteurs une fabuleuse histoire de pêche. Dans le village, rassemblés sur des sampans et des radeaux, les pêcheurs sont affairés à leur besogne quotidienne, pêchant l’anguille au moyen de paniers tressés ou attrapant des crustacés. Au centre, un gigantesque poisson surgit. Il a une tête et… 10 corps ! Il s’agit du mythique He Luo Yu, inspiré du recueil de mythes et légendes Shan Hai Jing (Classique des montagnes et des mers). Voulant échapper aux cannes à pêche qui se tendent vers lui, le poisson se transforme en oiseau. Utiliserez-vous la canne à pêche ou le filet traditionnel pour l’attraper ?
Suivant la coutume japonaise, le Jardin botanique célèbre l’arrivée de l’automne en illuminant le Jardin japonais. À leur arrivée, les visiteurs sont accueillis par une projection audiovisuelle et un jeu de lumières sur la façade du Pavillon japonais. L’un des plus beaux tableaux se trouve dans le Jardin de promenade, où des éclairages aux teintes changeantes habillent divers éléments tels les ponts, le rocher surplombant la cascade et l’île couverte de pins. D’autres projecteurs savamment disposés mettent en valeur les coloris éclatants de certains végétaux comme l’érable de l’Amour et l’arbre de Katsura, au doux parfum de caramel. ⊗ * Au cours de la période des Royaumes combattants, qui s’étend du 5e siècle à 221 av. J.-C., la Théorie des cinq éléments – le métal, le bois, l’eau, le feu et la terre – s’est inscrite dans la cosmologie chinoise traditionnelle. Ces conceptions développées dans l’Antiquité résonnent encore dans la Chine moderne, où les cinq éléments servent de repères pour catégoriser les objets tout comme les phénomènes naturels. Au final, ces correspondances illustrent la façon dont les Chinois perçoivent l’Univers, la nature, leur environnement et leur vie quotidienne.
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DOSSIER BIODIVERSITÉ DES FORÊTS
LES ARBRES, NOS ALLIÉS • PAR CHARLES PRÉMONT
« L’histoire de notre espèce zoologique tient dans la vie d’un seul arbre. » Cette citation de Francis Hallé, botaniste émérite, contient l’essentiel de son message : les arbres, ces alliés qu’on maltraite, nous dépassent. À ce qu’on connaît, ils détiennent tous les records du vivant, que ce soit en termes de poids, de grandeur ou de longévité. En Tasmanie, un houx royal est aujourd’hui vieux de 43 000 ans. Dans une entrevue offerte au journal Le Monde, Francis Hallé affirmait que la surface totale d’un arbre de 15 mètres de hauteur (en calculant ses feuilles, la superficie du tronc, les racines longues et fines...) représente environ 200 hectares. De quoi nous faire pâlir avec nos 2 mètres carrés de peau.
PHOTO Raymond Jalbert
« Pour parler de l’arbre comme d’un habitat, il n’y a pas meilleur que lui, c’est quelqu’un qui s’adresse au grand
public avec beaucoup d’aisance et de conviction, explique Andrée Hallé, chef de section de la programmation et de la muséologie au Jardin botanique. Il nous fait comprendre à quel point les fonctions biologiques des arbres sont efficaces. À travers sa science, Francis Hallé a développé un plaidoyer pour les préserver qui est vraiment intéressant. » Les arbres sont peut-être les êtres vivants sur la Terre les plus éloignés de nous. Ils ne se meuvent pas, se nourrissent par des processus qui nous apparaissent particulièrement singuliers et communiquent d’une façon qui nous échappe. Cette altérité, c’est ce qui a toujours intéressé Francis Hallé. Les arbres nous rendent un nombre incalculable de services, mais notre incompréhension de leur réalité nuit à nos relations avec eux. C’est pourquoi il s’applique à être leur défenseur partout où il passe. Sa meilleure arme pour les protéger ? La recherche.
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PHOTO Opération canopée
DOSSIER BIODIVERSITÉ DES FORÊTS
LE RADEAU DES CIMES
dynamisme de cet écosystème. » Par le passé, les scientifiques devaient couper les arbres pour étudier leur sommet. Une intervention qui mettait à mal les données récoltées.
Imaginé par Francis Hallé et réalisé avec des collègues et collaborateurs, le Radeau des Cimes, qui a donné son nom aux missions scientifiques l’utilisant, est un outil qui permet d’avoir accès à la richesse de la canopée des différentes forêts tropicales dans le monde. Il est constitué d’un large filet retenu par des tubes gonflés, installé au sommet des arbres à l’aide d’un dirigeable. Les chercheurs peuvent y accéder afin d’étudier cet environnement qui, sans ces équipements, demeure souvent hors d’atteinte.
Cela fait maintenant plus de 30 ans que le Radeau des Cimes existe, et des savants de partout à travers le monde ont pu en profiter. « C’est quelque chose que Francis Hallé a réussi à faire : donner aux scientifiques un accès à la forêt tropicale, affirme Alain Cogliastro. Tant aux chercheurs qui s’intéressent à la canopée qu’à ceux qui effectuent des prospections au sol. Chaque mission du Radeau permet l’accès à une importante structure de recherche, qui facilite le travail des chercheurs. »
Alain Cogliastro, botaniste chercheur au Jardin botanique de Montréal et professeur associé au département de sciences biologiques à l’Université de Montréal, a eu la chance de participer à deux expéditions du Radeau. La première, en 1996, en Guyane française et la seconde, en 1999, au Gabon. « Ce fut un très grand privilège, dit-il d’entrée de jeu. Ce sont des expéditions assez reculées, loin de la civilisation. C’est assez émouvant de se retrouver dans des endroits où il y a une telle biodiversité. Surtout au début, tout est une surprise. » La canopée est l’un des lieux où il y a le plus de biodiversité dans le monde. « On y voit des conditions environnementales très différentes par rapport à celles que l’on trouve au sol ; il est certain que la vie s’y développe autrement. C’est un endroit où l’on rencontre beaucoup d’insectes, d’oiseaux, de fleurs. Quand on y reste quelques jours, on s’aperçoit de l’incroyable
Malheureusement, ces forêts primordiales sont de plus en plus menacées aujourd’hui. Francis Hallé a travaillé avec le réalisateur Luc Jacquet pour produire le film Il était une forêt afin que tout le monde puisse les admirer avant qu’elles ne disparaissent pour de bon. Mais l’espoir n’est pas perdu. Pour Francis Hallé, l’agroforesterie est une voie d’avenir pour le maintien de systèmes forestiers. Il s’agit, en fait, de cultiver et d’aménager une forêt qui réponde aux différents besoins de la population locale, aussi bien pour s’alimenter que pour construire ou se vêtir. Les espèces sont choisies en fonction de leur utilité. « Je pense que c’est une idée qui fait son chemin au Québec, indique Alain Cogliastro. Ça colle à sa philosophie d’introduire des arbres sur les terres agricoles par exemple. »
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DOSSIER BIODIVERSITÉ DES FORÊTS
CARNETS D’UN BOTANISTE JARDIN BOTANIQUE
DESSIN Francis Hallé
24 JUIN — 3 SEPTEMBRE
Une autre des grandes contributions de Francis Hallé est sa compréhension de l’architecture des plantes. « Il a su montrer le dynamisme qui existe dans l’organisation des structures végétales et c’est ce qui lui a permis de se faire connaître du monde a cadémique », explique Alain Cogliastro. Il a travaillé nombre d’architectures à l’aide de dessins. Au fil de ses 50 ans de carrière, c’est près de 24 000 croquis qu’il aurait créés. « Pour dessiner une plante, Francis Hallé peut passer deux heures à tourner autour, à l’observer, explique Andrée Hallé. Tous les détails y sont. Une photo, bien que très réaliste, sera toujours imprécise parce qu’elle ne montre qu’un certain angle. Aussi, le dessin demeure supérieur justement parce qu’il s’agit d’une représentation. » Surtout, ces dessins nous dévoilent leur poésie et leur beauté. Francis Hallé en a publié plusieurs au fil des ans, et le Jardin botanique de Montréal travaille à présenter un parcours unique et inspirant pour les mettre en valeur. ⊗
LE SAVIEZ-VOUS ?
SVP, NE PAS DÉRANGER • PAR MARIE- CLAUDE OUELLET
Apercevoir une tortue des bois est un événement rare ! Au Québec, elle est menacée par la prédation naturelle et par diverses activités humaines : pollution, agriculture, foresterie, dégradation des berges, circulation routière et collecte illégale. Depuis 2014, le Biodôme collabore avec le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs pour élever cette espèce et offrir un bon départ à ses représentantes. Des biologistes récoltent des œufs et les font éclore en incubateur. Les jeunes tortues des bois sont ensuite élevées pendant deux ans au Biodôme. Puis, on les munit d’un émetteur pour que l’on puisse assurer un suivi et on les relâche dans la nature.
PHOTO Claude Lafond
DESSINE-MOI UN ARBRE
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À DÉCOUVRIR
DÉCOUVREZ LES FORÊTS DE MONTRÉAL Quoi de mieux pour renouer avec la nature que de vous balader en forêt ? Les boisés de Montréal vous offrent un cadre propice à la détente.
PHOTO Michel Tremblay
• PAR MARIE- CLAUDE OUELLET
LE PARC-NATURE DU BOIS-DE-SARAGUAY
L’ARBORETUM DU JARDIN BOTANIQUE
Localisation : arrondissement Ahuntsic-Cartierville Superficie : 96 hectares Explorez ce parc fortement boisé à la recherche d’espèces rares comme le caryer ovale, l’érable noir, la buse à épaulettes ou le canard branchu.
Peu connue, cette oasis de verdure et de fraîcheur s’étend sur 40 hectares, soit l’équivalent de 55 terrains de football ! On y dénombre quelque 7 000 arbres et arbustes. Durant la belle saison, laissez-vous ravir par la floraison des pommetiers décoratifs, des lilas et des catalpas. À l’automne, les éclatants coloris des érables, des chênes, des sorbiers et des bouleaux vous éblouissent et, l’hiver venu, parcourez l’Arboretum en ski de fond et observez les oiseaux en train de s’alimenter aux mangeoires.
PARC-NATURE DU BOIS-DE-L’ÎLE-BIZARD Localisation : L’Île-Bizard Superficie : 218 hectares Découvrez le lac des Deux-Montagnes lors d’une sortie en kayak de mer, la grande diversité d’oiseaux qui peuplent les forêts du Parc, ses marais et ses champs, et humez l’odeur de ses cédrières.
PARC-NATURE DU BOIS-DE-LIESSE Localisation : arrondissements Pierrefonds-Roxboro et Saint-Laurent Superficie : 159 hectares Admirez la forêt d’arbres centenaires des Bois-Francs, et profitez-en pour faire une grande marche ou du vélo. En hiver, les sentiers en ski de fond se déploient pour pratiquer la raquette ou faire des glissades en famille.
LE PARC DU MONT-ROYAL Localisation : arrondissement Ville-Marie Superficie : 220 hectares Le parc du Mont-Royal accueille 5 millions de visiteurs par an. Ce site emblématique de Montréal vous propose différents points de vue depuis son sommet pour admirer la ville. Au gré des saisons, pratiquez la randonnée, le cyclisme, la raquette ou le ski de fond. ⊗
DOSSIER ENTOMOLOGIE
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À LA RESCOUSSE DES PAPILLONS • PAR MARTIN PRIMEAU
Ils nous offrent chaque été de petits moments d’émerveillement. Mais les papillons, à commencer par le monarque, se font de plus en plus discrets autour de nous. Que se passe-t-il ? Comment peut-on changer la donne ? L’entomologiste Maxim Larrivée se penche sur toutes ces questions.
PAPILLONS EN LIBERTÉ JARDIN BOTANIQUE
PHOTO Maxim Larrivée
22 FÉVRIER — 29 AVRIL
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DOSSIER ENTOMOLOGIE
Il n’avait pas 4 ans qu’il connaissait déjà le nom de 32 espèces de papillons. Aujourd’hui, Maxim Larrivée gagne sa vie en transmettant sa passion. Mais l’entomologiste de l’Insectarium de Montréal a tout de même des préoccupations. Ces dernières années, certaines espèces ont vu leur population chuter drastiquement au pays. « Ce sont des espèces spécialisées qui sont touchées, indique-t-il. Et plus un papillon a une niche écologique spécialisée, plus il est susceptible d’être affecté par les changements globaux. »
Au cours des 20 dernières années, sa population a chuté de 90 %, jusqu’à 60 millions d’individus à l’hiver 2013. Or, il en faudrait 250 millions pour garantir sa pérennité.
UN LONG PÉRIPLE Si le monarque vit dans l’adversité, c’est notamment parce qu’il voyage sur de longues distances et s’expose de cette façon aux différents dangers qui le guettent sur sa route. Chaque printemps, les papillons, en groupes d’individus, quittent les montagnes de la région du Michoacán, au Mexique, en direction du nord. Aucun d’entre eux ne déposera ses pattes au Québec, mais leurs petits- et arrière-petits-enfants, eux, y arriveront. Une à deux générations plus tard, en septembre, c’est au tour des descendants de faire le chemin inverse, jusqu’au site d’hivernage de leurs ancêtres au Mexique. Et ceux-là traverseront les États-Unis du nord au sud ! « Le problème avec cette migration, c’est qu’elle expose les papillons monarques à plusieurs facteurs de risque, tels que les phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents ainsi que la perte d’habitat, qui augmentent leur vulnérabilité tout le long du trajet, explique Maxim Larrivée. C’est l’addition de tous ces facteurs qui fait chuter la population. »
INSECTARIUM 25 ET 26 AOÛT PHOTO André Sarrazin
Parmi ces espèces, on compte quelques espèces d’hespérie vivant dans les Prairies. Mais l’espèce qui le préoccupe le plus, c’est celle du papillon monarque, l’emblème même de l’Insectarium de Montréal.
FIESTA MONARQUE
MONTRÉAL, AMIE DES MONARQUES Montréal rejoint cette année un groupe de 270 villes nord-américaines participant au programme L’engagement des maires pour la sauvegarde des monarques. Cette initiative de la National Wildlife Federation (NWF) engage la Ville de Montréal à réaliser une vingtaine d’actions concrètes afin de participer à la sauvegarde de l’espèce, dont une dizaine ont été réalisées par Espace pour la vie. La métropole fera ainsi une place spéciale à l’asclépiade dans ses jardins. La première édition de la Fiesta monarque, les 25 et 26 août prochains, s’ajoute à la liste des actions de la Ville. ⊗
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DOSSIER ENTOMOLOGIE
SOYEZ LE HÉROS DES MONARQUES
DES CAUSES MULTIPLES
Bien que l’état actuel de la population des monarques préoccupe Maxim Larrivée, celui-ci garde espoir.
Derrière le déclin des populations de monarques se cachent, on s’en doute, l’humain et ses actions sur l’environnement.
En juin 2016, l’équipe de l’Insectarium, en collaboration avec l’Institut de recherche en biologie végétale, a lancé le projet de science citoyenne Mission monarque. L’objectif de cette initiative : amener le public à recenser lui-même les chenilles de monarques afin de connaître l’état de leur population sur tout le territoire.
En consacrant de plus en plus de terres aux grandes monocultures de plantes résistantes aux herbicides, nous avons détruit peu à peu les aires de reproduction du monarque. « C’est la cause la plus importante », souligne d’ailleurs l’entomologiste.
Pour y arriver, les citoyens doivent d’abord identifier et dénombrer les plants d’asclépiade, cette plante indispensable à la survie des monarques. Cette information en poche, Mission monarque pourra recenser les meilleurs lieux de reproduction pour le monarque.
À cette cause-là, il faut aussi ajouter celle des changements climatiques, selon lui.
Chacun peut aussi créer sa propre oasis à monarques, entre autres, en intégrant de l’asclépiade dans son jardin. Le programme Mon Jardin Espace pour la vie prodigue toutes les astuces pour y arriver. D’ailleurs, l’événement Papillons en liberté de l’Insectarium, présenté au Jardin botanique du 22 février au 29 avril, proposera des aménagements à réaliser chez soi.
« Les papillons dépensent énormément d’énergie pour survivre aux événements météorologiques extrêmes qui sont une conséquence des change ments climatiques, dit-il. C’est vrai autant lors de leur hivernage au Mexique qu’au moment de leur période de reproduction aux États-Unis et au Canada. » Épisodes de verglas, vents puissants, pluies torrentielles et périodes de sécheresse compliquent la vie de ce petit être vivant de 0,5 gramme, qui doit aussi composer avec les épandages de pesticides. ⊗
LE SAVIEZ-VOUS ?
QUE FONT LES INSECTES L’HIVER ? Plusieurs bestioles sécrètent des molécules antigel qui empêchent leurs cellules de geler et d’éclater. Voilà l’une des stratégies employées par les insectes pour échapper au froid. La majorité d’entre eux se cachent dans un abri et restent inactifs, en état de diapause. Si certains — comme le papillon Morio et la punaise d’eau géante — passent l’hiver sous forme adulte, la plupart des insectes entrent en diapause sous forme d’œufs, de larves ou de nymphes. Par exemple, la larve de luciole se réfugie sous terre, alors que la chrysalide du papillon du céleri est fixée à une branche.
PHOTO woodleywonderworks/Flickr
• PAR MARIE- CLAUDE OUELLET
LES RENCONTRES HUMAIN-NATURE Une toute nouvelle série de rencontres inspirantes autour du thème « mieux habiter la planète », sous la forme de discussions et d'expériences.
LES GRANDES DISCUSSIONS
Deux experts aux expériences et aux points de vue variés discutent d’un enjeu particulier. MIEUX HABITER LA NATURE Quel est notre rapport à la nature ? Comment notre relation à la nature influence-t-elle notre façon d’habiter ? MIEUX HABITER LA PLANÈTE Alors que nous sommes de plus en plus nombreux à nous partager des ressources de plus en plus limitées, comment amener les changements individuels et collectifs pour réinventer notre façon d’habiter la planète ? MIEUX HABITER L’UNIVERS Faut-il envisager l’expansion de la civilisation humaine au-delà de la Terre, comme de plus en plus de penseurs, d’entrepreneurs et de visionnaires semblent le faire en ce moment ? → À l’automne 2018, au Planétarium Rio Tinto Alcan
LES EXPÉRIENCES
NUIT AU JARDIN Une nuit entière passée au Jardin, débutant par une conférence sur le thème Habiter : l’essentiel, le superflu. Au matin, un bain de forêt (shinrin-yoku), pour profiter de ses bienfaits. EXPERTS EN RÉSIDENCE Dans une formule brunch, sept citoyens reçoivent chez eux un spécialiste pour explorer des idées nouvelles et se rapprocher de la nature, en ville. Sept résidences, sept groupes de discussions, autant de thématiques... Et si nous faisions autrement ? PROMENADE À L’AUBE Débutant à l’aube et marquée par l’éveil graduel de la ville et de ses habitants, la promenade permettra aux participants de réfléchir aux questions entourant le bruit et le silence au cœur de la cité.
FAITES PARTIE DE LA CONVERSATION !
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PROGRAMMATION
EXO
LE RENDEZ-VOUS HORTICOLE
PLANÉTARIUM RIO TINTO ALCAN
JARDIN BOTANIQUE
À L’AFFICHE TOUTE L’ANNÉE
25 AU 27 MAI
LE PARCOURS DES PHYTOTECHNOLOGIES (STATION DES MARAIS ÉPURATEURS) JARDIN BOTANIQUE
PAPILLONS EN LIBERTÉ
LA NATURE POUR TOIT
JARDIN BOTANIQUE
JARDIN BOTANIQUE
22 FÉVRIER AU 29 AVRIL
15 JUIN AU 3 SEPTEMBRE
À PARTIR DU 30 AOÛT
JARDINS DE LUMIÈRE JARDIN BOTANIQUE
PROGRAMME DOUBLE
FRANCIS HALLÉ : CARNETS D’UN BOTANISTE
7 SEPTEMBRE AU 31 OCTOBRE
L’AVEUGLE AUX YEUX D’ÉTOILES | À BORD DU SSE-4801
JARDIN BOTANIQUE
LE GRAND BAL DES CITROUILLES
PLANÉTARIUM RIO TINTO ALCAN
24 JUIN AU 3 SEPTEMBRE
JARDIN BOTANIQUE
DÈS LE 27 FÉVRIER
5 AU 31 OCTOBRE
LES ARTS S’INVITENT AU JARDIN
PROGRAMME DOUBLE
COLLISIONS COSMIQUES
JARDIN BOTANIQUE
PLANÉTARIUM RIO TINTO ALCAN
1er JUILLET AU 2 SEPTEMBRE
PLANÈTE 9 | LES SECRETS DE LA GRAVITATION
FIESTA MONARQUE
PLANÉTARIUM RIO TINTO ALCAN
DÈS LE 17 AVRIL PROGRAMME DOUBLE
AURŌRAE | CONTINUUM
INSECTARIUM 25 ET 26 AOÛT
DÈS LE 2 NOVEMBRE
PLANÉTARIUM RIO TINTO ALCAN
LES RENCONTRES HUMAIN-NATURE
DÈS LE 1er MAI
ESPACE POUR LA VIE À COMPTER DE JUILLET VOIR LE SITE WEB POUR LES DATES
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