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Jean-Daniel Wicht, 23 ans à la tête de la FFE
INTERVIEW LA FÉDÉRATION FRIBOURGEOISE DES ENTREPRENEURS, D’HIER À DEMAIN
Après 23 ans à la tête de la FFE, Jean-Daniel Wicht se prépare à passer la main.
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Iphigeneia Debruyne Jean-Daniel Wicht
Sous sa direction, la Fédération fribourgeoise des entrepreneurs s’est transformée. La microstructure d’antan est devenue une entité forte de 20 collaborateurs, reconnue pour son expertise en matière de construction et génie civil. À quelques mois du passage de témoin, le directeur dresse un bilan et relève les défis qui se présentent.
COMMENT LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION ET DU GÉNIE CIVIL A-T-IL ÉVOLUÉ?
Aujourd’hui, le secteur est en pleine transformation avec plusieurs projets de recherche et la mise en place de solutions durables. Face à ces mutations passionnantes, nous avons tendance à oublier le chemin parcouru. Pourtant, en 23 ans, il y a bel et bien eu des changements significatifs. Je pense entre autres à la sécurité au travail. Les entrepreneurs équipent leur personnel de la panoplie adéquate. Les sociétés de la construction et du génie civil sont conscientes de l’importance à accorder à la sécurité. Elles en font une composante de leur image de marque. Les statistiques démontrent que la culture du patron préoccupé par le bien-être des collaborateurs concerne également la sécurité de l’emploi. Autre exemple, le licenciement collectif est devenu rare. Lorsqu’un entrepreneur est forcé de mettre la clé sous la porte, sa préoccupation première est de trouver des postes de travail pour ses collaborateurs. Comme illustration de cette réalité, nous observons à la FFE que la masse salariale reste stable alors que le nombre de membres diminue. Quant à la digitalisation qui est en cours, elle révolutionne la formation et la gestion des chantiers. Toutefois, l’ère numérique et avec elle la communication digitale amènent un nouveau défi d’envergure: la lutte contre la diffusion des informations mensongères. Ce défi, loin d’être propre à notre secteur, donne déjà du fil à retordre aux entrepreneurs.
COMMENT VOYEZ-VOUS L’AVENIR DES MÉTIERS DU BÂTIMENT?
Pour les années à venir, un des challenges reste la formation de la main-d’œuvre qualifiée. Les projections confirment une pénurie de collaborateurs ayant un CFC, un brevet ou une maîtrise. Pour pallier ce manque, il est nécessaire de faire connaître les métiers de la construction aux jeunes. Notre branche a plusieurs atouts méconnus. D’abord, le travail est gratifiant et passionnant. Ensuite, l’apprentissage donne des perspectives. En sus des débouchés presque garantis et des conditions sociales excellentes dès le démarrage d’un CFC, il y a possibilité de gravir les échelons et de faire carrière. Faire passer ce message n’est pas évident. Au début des années 2000, j’ai convié les conseillers en orientation ainsi que le dirigeant d’un géant de la construction fribourgeoise. Le parcours de ce dernier était la preuve du potentiel d’un CFC de maçon.Mais il faut tour à tour convaincre les parents et les jeunes de la valeur d’un apprentissage par rapport à un diplôme d’une haute école. Cette tâche devient de plus en plus compliquée. Aujourd’hui, nous devons non seulement informer mais aussi contrer les informations erronées qui sont diffusées sur les réseaux sociaux et qui prennent également de l’ampleur dans certains médias.
QUELS SONT LES CONSEILS QUE VOUS DONNEZ À VOTRE SUCCESSEUR?
Il y a 23 ans, le conseil d’administration de la Fédération fribourgeoise des entrepreneurs m’avait donné carte blanche. Je me souviens encore des mots que le président a employés lors de mon engagement officiel à la salle de conférence de notre site de Givisiez : « Tu as une page blanche. À toi de l’écrire.» La confiance et le soutien qu’ils m’ont témoignés m’ont permis de réaliser ce qu’est devenu la FFE aujourd’hui: une entité dynamique implantée à Courtaman. Le site, Pole 7, est un véritable outil de travail avec un potentiel de développement important. Concernant mon successeur, le conseil d’administration a fait un excellent choix. À mon tour, j’aimerais lui dire qu’il a une nouvelle page blanche à écrire afin de relever les défis du futur. Ses compétences en matière de formation professionnelle, de digitalisation et son regard nouveau vont permettre de porter la Fédération au cœur des années 2020 et bien au-delà avec succès.
ffe-fbv.ch