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Le studio de la designer Cristina Celestino
Le studioappartement de Cristina CeLestino
La designer ouvre les portes de ses nouveaux bureaux conçus comme une deuxième maison pour elle et son équipe.
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Texte: Patricia Lunghi Photos: Davide Lovatti
L’open space est subdivisé en différentes zones. Au premier plan, chaises vintage Rennie de Gavina (1974). Dans le coin relax, canapé Wave de Saporiti des années 70, petit fauteuil Corolla et tapis Envolée de Cristina Celestino, lampes vintage. Sur le mur, rideau en tissu chenille bronze.
Un escalier en métal relie les deux étages. Le sol est en résine vert-de-gris.
Avec son décor cosy, le studio dégage une ambiance accueillante et familière.
« Je voulais créer un lieu de travail agréable pour tout le monde, une sorte de studio-maison. »
Le rez-de-chaussée du studio est délimité par des voilages mobiles. Tapis de Cristina Celestino pour Fendi Casa. Fauteuils Tecno PS 142, table basse Caori.
Le bureau de Cristina Celestino est égayé par une paroi rose. Paravent en marqueterie de paille, bureau Sciabola et fauteuil Corolla signés de la designer. Teintes et objets contribuent au charme de l’atmosphère.
La designer Cristina Celestino dans son studio. Verres Laguna dessinés pour son label Attico.
C’est dans une ancienne manufacture aux espaces ouverts que la designer a installé son agence. Parsemés de pièces dessinées par elle et d’icônes vintage de collection, ces nouveaux locaux accueillants et familiers, disposés sur deux étages, adaptés à son activité, sont le reflet de l’univers de Cristina Celestino. Un «studio-appartement» qui constitue à la fois un manifeste et un hommage à Milan, sa ville d’adoption.
Le studio est situé dans un imeuble du début du 20e siècle auquel on accède par une grande porte en fer forgé d’origine.
Après avoir fondé le label Attico et ouvert dans la foulée son studio en 2009 à Milan, Cristina Celestino a enchaîné les mandats de design de mobilier et d’architecture d’intérieur et de directrice artistique de différentes maisons d’édition. Son univers et son style apportent un nouveau souffle au design italien, et le succès est au rendez-vous. Pour développer son activité florissante, la designer a investi de nouveaux locaux.
En février 2020, avant que le télétravail n’effectue sa percée, elle s’installe dans un palazzo milanais du début du 20e siècle, dans un espace conçu plus comme un appartement que comme un bureau. «Je cherchais un lieu qui puisse devenir une sorte de résidence secondaire pour accueillir les clients et leur présenter mes choix de matériaux et de couleurs. Je voulais créer un lieu de travail agréable pour tout le monde, une sorte de studio-maison.»
Disposé sur deux niveaux reliés par un escalier pourvu d’une balustrade en métal, l’espace était utilisé autrefois comme laboratoire. Son passé semi-industriel a été rehaussé par un sol en résine dans les tons vert-gris puis habillé par des tapis signés Celestino qui apportent de belles touches de couleur. Et sur les murs blancs se détachent les arches de l’architecture originale, peintes en jaune sable. Le raffinement voluptueux et poudré de l’univers de Cristina Celestino s’exprime et se déploie librement dans ce contexte austère, en particulier à travers les palettes de couleurs qu’elle affectionne: des tons sophistiqués de nude, beige et bruns ponctués d’éclats plus vifs de jaune safran, d’orangé et de vert. Comme sur une page blanche, la designer a pu créer son univers, composant une nouvelle vision du bureau, entre showroom, studio et appartement.
Constitué d’un lumineux open space qui donne sur la cour intérieure, le rez-de-chaussée abrite le bureau de la designer; mais elle préfère finalement travailler dans les espaces communs, en se déplaçant avec son ordinateur portable : «Je passe beaucoup de temps à analyser les matières, tissus, bois, qui occupent toutes les tables de l’atelier.»
Vintage et contemporain
Sur les deux étages du studio, couleurs, textures et matières de différentes époques cohabitent en harmonie : une association de styles en partie spontanée, en partie résultat de ses recherches et de ses connaissances de l’histoire du design. Du mobilier contemporain issu de ses collaborations pour les différents éditeurs italiens se mêle aux pièces vintage de sa collection personnelle. «Ce n’est qu’après mes études en architecture que je me suis passionnée pour le design. J’ai commencé à collectionner des pièces de design italien et à approfondir le travail de grandes personnalités telles que Carlo Scarpa, Caccia Dominioni ou Osvaldo Borsani. J’ai toujours évolué avec une extrême liberté entre les époques, sans préjugés et guidée par mes goûts et mes intérêts.»
Sans nostalgie aucune, ses créations portent toujours une référence au design du passé, comme ses nouveaux canapés Gala pour Saba inspirés par la mode sculpturale et visionnaire de Pierre Cardin et l’atmosphère rétrofuturiste des intérieurs des années 1970. Ou ce rideau chenille couleur bronze accroché dans le coin lecture du studio : «Il y a longtemps que je voulais utiliser cette matière curieuse, douce et tactile que j’associe aux souvenirs d’enfance, à la maison de ma grand-mère ou aux petites échoppes de village.»
Au final, Cristina Celestino semble avoir trouvé la formule qui lui convient. «Je voulais travailler dans un espace accueillant et familier. Pour moi, il ne peut y avoir de séparation entre vie privée et travail créatif. D’autre part, je ne pense pas que le télétravail puisse être une solution à long terme, j’ai besoin de voir les matériaux et prototypes, de toucher des échantillons, de rencontrer clients et fournisseurs. Maintenant plus que jamais j’ai besoin d’une résidence secondaire, pas d’un bureau.»