La Libre Essentielle - avril 2011 - n°136

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SUPPLÉMENT GRATUIT DES 02 ET 03/04/2011 © GIAMPAOLO VIMERCATI

n° 136

SPÉCIAL MASCULIN

TOMER SISLEY DOSSIERS LE LUXE ÉQUITABLE LES BUSINESS LUNCH

TABLE RONDE : QUE DEVIENNENT LES HOMMES ? —1—


L’assortiment le plus étendu dans les collections de luxe eyewear est à votre disposition chez les opticiens repris sur le site : www.bestopticians.be

A work of

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Jean-Michel Zecca Animateur de télévision


CHOC SEXUEL PLANÉTAIRE…

SOMMAiRE

1992 : la planète sociologique réceptionne de plein fouet l’explication des différences comportementales des deux sexes, avec le best seller amusant de John Gray, « Les Hommes viennent de Mars, les Femmes de Vénus ». Un public nombreux s’y retrouve et l’ouvrage est vendu à des millions d’exemplaires et traduit dans le monde entier. Nos différences seraient-elles dues à un effet du cosmos ? L’esprit plus entreprenant de l’homme, l’âme plus douce de la femme ? En se rejoignant sur la planète terre : tout n’était donc pas gagné pour réunir ces deux sexes. Et pourtant… En quelques siècles de lourds combats, des hommes et des femmes d’exception, dont Simone Veil, emblème absolu, ont fait évoluer la société humaine vers une attribution et une compréhension plus intelligente, encore perfectible, de nos rôles réciproques en pratiquant des concepts que nous nommerons « Hermès », dieu de la communication, vers des principes comme la complémentarité, la compréhension, la connaissance de soi-même et des autres, afin de mieux aimer. 2011: La Libre Essentielle décide de débroussailler ces mouvements et réunit dix hommes d’horizons divers pour parler de leur évolution et de leur ressenti à la femme. Une sorte de dernière cène, orchestrée par une femme, sous l’œil attentif de deux journalistes représentant, chacun, un sexe. Parité exigée ! Après quelques hésitations, balbutiements, « à peu près », nos courageux interlocuteurs se sont livrés, évoquant complémentarité, répartition des rôles, acceptation du leadership de la femme, de communication, de bouleversement des valeurs. Certains affirment désirer rester à la maison lors de l’angine du petit dernier… Bien sûr, la nature ayant doté l’homme de plus de testostérone, d’après deux de nos spécialistes, les sexes affichent encore des comportements différents face à des situations semblables. Notre sportif de l’extrême ne voit dans ses collègues féminines que « des femmes dans des corps de mecs ». Comme quoi… Si nos acquis n’ont jamais été remis en cause, cette table ronde nous a révélé des tâtonnements du sexe fort face à une situation en continue évolution sociale. Mais Hermès veillait sur nos têtes… De Judas, il n’en fut point question… de quelques non-dits certainement ; la fin de la discussion tourna autour d’un sujet quasi unique : la femme. Serait-elle finalement l’avenir de… ? Cette équipée verbale improbable s’est terminée par une photo montrant la première équipe mixte « interplanétaire ». La réunion finie, les représentantes féminines se félicitaient d’avoir porté en couverture un homme terriblement normal : Tomer Sisley, ni « unterman », ni « überman », ni métrosexuel, simplement un acteur avec ses fragilités, ses espoirs et ses doutes, craignant comme nous le regard des autres. Et que dire de ces « voleurs d’images » que sont David Hamilton qui capta des jeunes femmes en fleurs et Emanuele Scorcelletti, rendu célèbre par une femme d’exception, Sharon Stone ? La Libre Essentielle refuse les clichés et respecte les différences. Déclaration d’amour sans ambiguïté aux hommes! On vous le promet, nous mettrons un jour les femmes autour de cette même table ronde ! Claude Muyls, Rédactrice en chef Vidéo de la table Une erreur volontaire de fond s’est glissée dans cet éditorial. A vos neurones : la première bonne réponse recevra un cadeau surprise. Réponse à donner sur www.essentielle.be

ronde sur

LA LIBRE ESSENTIELLE 136 Rédactrice en chef Claude Muyls / Secrétaire de rédaction Claire Huysegoms / Rédaction : 79, rue des Francs - 1040 Bruxelles - tél 02 211 27 75 - téléfax : 02 211 29 71 - e-mail : infos@lalibreessentielle.be / Ont collaboré à ce numéro Raoul Buyle, Gilles Collard, Michel Damanet, Benoît Deprez, Yves Druart, Bruno Godaert, Marie Hocepied, Sottiri Ioannidou, Emmanuelle Jowa, Patricia Le Hardÿ, Nathalie Kuborn, Anya Loonen, Cici Olsson, Marie Pok, José Louis Romero, René Sépul, Geoffroy d’Ursel / Direction artistique et mise en page Michel De Backer (AD), mpointproduction.be / Coordination technique José Nervenne / Régie Publicitaire RGP Caroline Grangé – 02 211 30 95 caroline.grange@saipm.com, Dominique Flamant – 02/211 31 55 – dominique.flamant@saipm.com et MarieNoëlle Raquez (Voyages) - 02/211 31 00 - marie-noelle.raquez@saipm.com/ Marketing et Promotion Delphine Guillaume - 02 211 31 78 - delphine.guillaume@saipm.com / Directeur des ventes publicitaires Emmanuel Denis / Impression Sodimco / Vice-Président du conseil d’administration et du comité permanent Patrice le Hodey/ Direction, Administrateur délégué, éditeur responsable François le Hodey.

PROCHAIN NUMÉRO LE 07 MAI 2011 : SPÉCIAL LA CAMBRE MODE(S)

©MICHEL DAMANET

« On ne naît pas homme, on le devient », (Simon de Malvoir)

4 litterature Les essais 6 photographie Face à face photographes 10 art contemporain Art Brussels 12 cinéma Goran Bregovic 14 cover Tomer Sisley 18 mode Masculine 26 production mode L’épure 32 table ronde L’évolution de l’homme 36 portrait essentielle David Hamilton 38 société Luxe équitable 44 beauté Au masculin 46 gastro Business Lunch 49 gastro Tables essentielles 50 montres Viriles 52 auto Pour mecs 53 high tech L’homo numericus 54 voyage Hôtel Fairmont 56 psy Hommes nouveaux 58 humeur La soupe de la psy tendance 60 pêle-mêle Les enfants 61 horoscope & livres 62 jeux & concours

L’équipe « Hermès » créée par La Libre Essentielle : hommes femmes, même combat (Voir p. 32)

L’équipe des web éditrices ne compte plus ses clics afin de vous livrer quotidiennement la fine fleur du web.

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littérature

Les essais Ces dernières semaines sont sortis de nombreux essais importants qui, tous, ont trait aux questions qui lient les sujets à la politique et au devenir économique mondial. Que l’on s’attarde sur le dernier livre du philosophe allemand Peter Slodertijk, “Tu dois changer ta vie”, sur le bel essai du politique et philosophe Vincent Peillon, “Éloge du politique”, ou encore sur le dernier opus du prolifique slovène Slavoj Zizek, “Vivre la fin des temps”, le constat est certes multiple, les approches diverses, pour ne pas dire opposées, mais il est difficile de nier une vitalité de la pensée spéculative qui cherche à sortir des balises universitaires pour s’emparer de questions, souvent concrètes, liées à l’état du monde.

— Texte : Gilles Collard – Photo : Frederic Brenner

Jean-Claude Milner

On pourra préférer le classicisme de Vincent Peillon réactivant l’héritage de Merleau-Ponty pour tenter de sortir d’une fin de la politique due, selon lui, à son rabattement exclusif sur les sphères de l’économique, de la morale ou de la simple communication de masse. Ou tenter de suivre, une fois encore, la pensée baroque et foisonnante d’un Slavoj Zizek qui convoque, comme à son habitude, les références les plus éparses pour tenter de redéfinir « l’idée du communisme » toujours en jachère. Ou encore, pour terminer, saluer la reprise élégante de ces vers de Rilke « Tu dois changer ta vie » que Peter Slodertijk choisit pour guider sa dernière somme qui vise à reformuler un « souci de soi » propre à répondre aux défis du XXIème siècle. Chaque fois, il sera question de l’individu, du sujet, de la personne et de la façon dont il a à se penser, se construire, dans la situation actuelle par rapport à ce qui le dépasse, à ce qui lui est étranger, ce qu’il faut qu’il s’approprie et construise en même temps, à savoir : le groupe, le collectif, la représentation du nombre d’une part ; le monde des choses, de l’inanimé, matériel, d’autre part. Il est, à cet égard, un court livre de Jean-Claude Milner qui vient de paraître. Il a pour titre "Pour une politique des êtres parlants" et est la suite d’un texte paru il y a quelques années et qui s’intitulait, lui, "La politique des choses", l’ensemble formant un "Court traité politique". Dense, ce bref traité permet d’éviter bien des circonvolutions et, concernant les quelques points que nous mentionnons, d’aller straight to the point.

JEAN-CLAUDE MILNER, POUR UNE POLITIQUE DES ÊTRES PARLANTS Figure plus discrète que les précédentes citées, Jean-Claude Milner est pourtant un penseur central issu de la génération des maoïstes, des étudiants de Louis Althusser, de cette génération qui, passant

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par l’Ecole Normale Supérieure, ont su naviguer de la politique à la psychanalyse, en passant par la philosophie et la linguistique. Il est de ces penseurs qui ont pu tirer une certaine forme de radicalité de leur époque mais qui, dans le cas de Jean-Claude Milner, tient plus spécifiquement à un rapport intransigeant au savoir, à une forme d’éloquence aussi, à un style et une écriture qui l’ont toujours éloigné de l’opinion, de l’argument rapide, au profit de la prise directe sur l’idée, l’axiome, le principe et la démonstration qui en découle. L’auteur de "L’arrogance du présent", il y a quelques années, des "Penchants criminels de l’Europe démocratique" ou encore "Des noms indistincts" construit une œuvre qui, de livre en livre, change le cadre d’une tradition, déjoue les réflexes, fait s’écrouler les affrontements et les dichotomies que l’on croyait connues, classées dans les registres de l’histoire des idées. Milner est un marqueur, un redistributeur de cartes. Cela peut passer inaperçu mais le partage des eaux, dans le champ intellectuel, ne fut souvent plus tout à fait le même après la sortie de certains de ces livres. Prenons le premier tome de ce "Court traité politique", tout entier consacré à la notion d’évaluation et rédigé, à l’origine, en 2003, à l’occasion de la protestation d’intellectuels menée par Jacques-Alain Miller contre une loi, en France, voulant « évaluer » les professions « psy ». Il faut partir de ce texte, dont la réflexion déborde totalement le strict cadre d’une profession, pour cerner les enjeux de cette "Politique des êtres parlants" que Jean-Claude Milner appelle de ses vœux. Car qu’est-ce que l’évaluation ? Quelle est la visée, l’horizon, d’une politique qui soit basée sur cette notion soutenue par cette maladie contemporaine de l’expertise ? L’évaluation « vise à tout reconnecter et à pénétrer partout. Le mot d’évaluation, les techniques qui s’en réclament, l’idéologie qui s’en articule, poursuivent un seul dessein ; que du plus grand au plus petit, du plus public au plus secret, la même logique soit mise en œuvre et que cette logique s’accomplisse, directement ou indirectement, comme une obéissance. » L’évaluation, l’expertise qui l’escorte ont pour but de chiffrer, de compter et d’éviter que toutes décisions soient prises par un sujet libre et raisonnable. Statistiques, protocoles, critères neutres, etc. sont là pour faire penser que les choses parlent d’ellesmêmes et qu’aucun gouvernant ne soit plus comptable d’une décision qui ne soit pas justifiée par un chiffre, une donnée. Contrairement à la position de certains penseurs en choses et en sciences, comme Bruno Latour, un de leurs dignes représentants, Jean-Claude Milner ne pense pas que les choses parlent ou qu’il faille les faire parler, ou même que quiconque puisse les faire parler. « Il est temps de trancher dans le vif. Si le nom de politique a un sens, il s’oppose résolument au gouvernement des choses. Il affirme que les choses ne sont pas faites pour avoir le dernier mot ; il sait qu’elles sont muettes et connaît la vanité des experts qui prétendent parler à leur place ; il suppose que le régime de la subordination généralisée peut-être mise en suspens. Pour un instant peut-être, c’est déjà beaucoup, si cet instant est celui de la décision. » C’est sur ce constat que s’achève la première étape d’une pensée du politique qui cherche à retrouver le fil lucide et fidèle d’un rapport entre gouvernants et gouvernés qui ne passe pas par

la démission devant une fatalité, un destin, un état chose muet et qui dessine un appel aux hommes du politique pour que « parfois ils décident par eux-mêmes, en sujets. » La voix est maintenant libre et dégagée. Le second tome peut ainsi s’ouvrir sur cette assertion déployée tout au long des quelque 80 pages de l’ouvrage “La politique est l’affaire des êtres parlants”. Et si, dans le premier volume, l’ennemi était une forme de matérialisme qui alignait les êtres et les corps sur le diktat des choses et de leurs porte-parole, cet ouvrage-ci doit combattre un autre front, celui des idéalistes, des amis du ciel et des idées, des postures de la belle âme et des regards arrogants sur la réalité d’un monde qui ne colle plus à leur désir de révolution. Car une fois que l’on choisit de rendre la décision aux êtres parlants, aux politiques, à tout un chacun, comme sujet, se redessine l’idée politique d’un illimité qui a généralement porté pour nom « révolution ». Jean-Claude Milner voit bien le danger de cette réactivation naïve, du maintien de cette foi en un événement pur qui descendrait du ciel pour venir s’incruster dans la chair du réel, il voit bien l’impasse, même, dans lequel se situe un de ses anciens amis Alain Badiou, devenu la gloire de toutes ces postures. À cette vision maximaliste du politique, il préférera revendiquer une version minimaliste. Il y a du brio et de l’élégance dans la manière dont Milner discute Carl Schmitt, Descartes, Rousseau, Napoléon, Saint-Just et Robespierre, et dont il déjoue avec force les vieux schémas qui nous disent que la vraie politique se pose dans ces questions soulevées par les révolutions : la vie, la mort - à quel prix ?- les moyens, les fins, la parole, le silence ; cette idée finalement que du nombre, de la foule, du pluriel, il faut, par la politique, faire du Un, du Tout, de l’Ensemble, au détriment du Singulier et du Sujet. Or, Milner n’a pas peur de redescendre et de nous dire que « la politique ne consiste pas à se demander pour qui ou pour quoi on doit mourir, mais pour qui ou pour quoi on doit vivre », pour nous suggérer ceci : « en se fondant sur ce que les êtres parlant au pluriel, ont en partage, maintenir la légitimité du singulier, non pas en opposition au pluriel, mais comme condition de possibilité du pluriel. » Milner préfère l’incertitude et l’intranquillité du divers des êtres parlants, de ses embardées brouillonnes, à la certitude d’un projet idéaliste et à la tranquillité qu’apporterait la stricte politique des choses. Il y a cette certitude qui est le fil rouge de ce court traité qu’il faut toujours en revenir à la donnée de la souffrance humaine qui se dit, s’exprime. Que là où on commence à la négliger, la porte s’ouvre pour de grands dangers. La politique n’existe qu’à partir du moment où l’on part du rapport de force entre les plus faibles et les plus forts et que les êtres parlants prennent part à la discussion, avec leur corps et leur souffrance qui s’expriment, en étant à la place qui est la leur au moment où ils parlent. Cette vision minimaliste du politique a le mérite d’échapper aux faux universels, qui va de la lâcheté de la politique des choses, au pathétique de la politique des idées pures. En ce sens, il n’est pas sûr que Milner s’inscrive dans une politique du progrès, mais tout dans l’instant d’une politique du savoir et de l’exigence qui met en œuvre un universel difficile, comme il a pu le dire. En ce sens, Jean-Claude Milner est certainement le plus contemporain de nos anti-modernes.

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portraits ciblés

Après les coulisses de la mode, l’hôtel Sofitel Brussels Europe présente une seconde exposition de photographies consacrée cette fois au cinéma. Quatre photographes, Stefano De Luigi, Derek Hudson, Emanuele Scorcelletti et Alain Loison racontent par leurs images 40 ans de cinéma, depuis les monstres sacrés des années ’70 aux stars d’aujourd’hui, des quais de la Seine à Bollywood, en passant par le Festival de Cannes. Rencontre avec Alain Loison et Emanuele Scorcelletti. L’un comme l’autre ont vu leur vie bouleversée par une image. ALAIN LOISON

— Texte : René Sépul Photos : Cici Olsson

INSTANTS DE Alain Loison « C’est une image que j’ai toujours beaucoup aimée, car elle montre un Gainsbourg souriant, détendu et clean. Un Gainsbourg amoureux et heureux, très différent de l’image qu’il a ensuite construite. Birkin rayonnait également de bonheur. On était juste après ’68, on vivait ces années où tout était possible. Ce fut une époque bénie qui a duré cinq ans.»

© POLKA GALERIE

Votre plus grand fait d’armes fut pourtant Steve McQueen. A.L. : « Auparavant, j’avais surtout travaillé sur des concerts, notamment à l’Olympia où j’ai pu photographier quelques débutants devenus aujourd’hui des légendes. En ’69, je commençais à vivre de ce métier. Je venais de me faire engager par une agence. Un samedi, on m’envoie à Orly faire des photos de Steve McQueen qui arrivait à Paris. Il était alors l’une des plus grandes stars US. J’étais avec d’autres photographes dans la salle d’accueil, où j’ai shooté son arrivée. Tout le monde a ensuite rejoint l’hôtel Georges V, au centre de Paris, où il était attendu. En manipulant mon appareil, j’ai fait une fausse manœuvre et voilé mon film. La catastrophe qui arrive une fois dans la vie de tout reporter ! J’étais en train de râler et de ranger mon matériel quand un journaliste allemand est venu me trouver, me disant : “McQueen ne va pas au centre ville ; il part au Mans où il va faire des repérages pour un film qu’il compte y tourner l’année prochaine. J’ai besoin d’un photographe. Vous me suivez ?”

MOI & MCQUEEN Né en 1945, Alain Loison se souvient des années ’60 comme d’une époque magnifique où, tout, d’un coup, est devenu possible. Titulaire à vingt ans d’un C.A.P. d’ajusteur fraiseur, il se lance dans la photographie au contact d’un collègue de travail qui lui enseigne l’abc du métier. Gagnant la confiance du personnel de l’Olympia, il approche des artistes au seuil de la gloire comme Otis Redding, d’abord, puis James Brown, Ike & Tina Turner, Frank Zappa ou Jimi Hendrix qu’il emmène au restaurant après un concert. Réalisées entre 1968 et 1980, ses images racontent une époque où la joie de vivre dominait ainsi qu’en témoigne une photographie inattendue de Serge Gainsbourg et de Jane Birkin prise en 1969.

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Vous le suivez ? A.L. : « Un peu incrédule, j’ai dit : “fonçons !”. Ce journaliste est parti chercher sa voiture. Il avait une grosse BMW, un monstre, et nous avons rejoint la voiture de l’acteur à la sortie de l’aéroport. McQueen était assis sur le siège passager, entouré de gardes du corps. Voyant que nous les suivions, le chauffeur a accéléré. Je dois préciser ici que les courses de voitures étaient alors ma seconde passion. J’avais une Alpine Berlinette cabriolet. » Vous conduisiez ? A.L. : « Pas à ce moment-là. J’essayais de shooter, mais je m’inquiétais surtout car nous allions être semés. À un feu rouge, McQueen a d’ailleurs pris le volant et j’ai dit à l’Allemand : “laisse-moi faire, je suis pilote !” J’ai aussi pris le volant et nous sommes partis dans une course poursuite de dingues sur la Nationale 10, alors une départementale. 180 Km/H, 190, 200… À un feu rouge, un garde du corps de l’acteur est sorti de la voiture. Il m’a demandé qui j’étais. J’ai répondu que j’étais photographe. L’acteur nous a invités à manger. Dans l’auberge, il m’a fait asseoir en face de lui ; il pensait que j’étais pilote. Après quelques minutes, il m’a demandé si je pensais être capable de le suivre sur le circuit du Mans. Je lui ai répondu que c’était impossible sur un circuit. Il m’a coupé, précisant :


Regardez l’interview d’Alain Loison et d’Emanuele Scorcelletti sur

EMANUELE SCORCELLETTI

parisien. Photographe de stars, il refuse d’être perçu comme un paparazzi. Sa réputation est née d’une image de Sharon Stone prise au Festival de Cannes de 2002. Comment vous distinguez-vous du paparazzi classique ? Emanuele Scorcelletti « Je ne suis pas un voleur d’images. Je ne fais pas de photographies en me cachant ou en essayant de voler des moments d’intimité. Je construis une relation avec mes modèles. Sur un plateau de cinéma, je vais me faire très discret, mais je travaillerai à ma façon, en cherchant les ambiances, la distance, les angles qui me plaisent. En fait, j’essaie que l’on m’oublie pour capturer des moments vrais, des instants de vie. Je vole aussi des moments, mais je ne viole pas l’intimité. Le travail se construit entre moi et mon sujet. Il n’a pas conscience que je suis là, mais à un moment, il découvre mon œuvre et l’on en parle ensemble. »

CINÉMA “non, non, pas en voiture, mais à pied. Vous me suivez à pied sur le circuit. Je vous donne une exclusivité de trois jours”. Ce fut une opportunité incroyable pour moi. » Comment était-il ? A.L. : « Très sympa, mais aussi très professionnel. Nous sommes restés huit jours. Il n’arrêtait pas de travailler, du matin au soir, à préparer ses plans au millimètre. Son équipe et lui sont venus tourner l’année suivante. La relation était franche, cordiale. Il m’a même proposé de m’embaucher. » Vous embaucher ? A.L. : « J’envoyais mes pellicules au jour le jour à Paris. Le labo m’a fait parvenir un matin quelques tirages que je lui ai présentés. McQueen a regardé, sans dire un mot. J’étais déçu, mais quelques heures plus tard, son secrétaire est venu me faire une proposition. McQueen voulait que je le suive à Hollywood pour devenir son photographe attitré. Il me proposait un salaire 50 fois supérieur au mien. Je n’y croyais pas ! J’étais là, au Mans, avec la plus grande star de l’époque, avec juste un T-shirt, un pantalon et mon appareil photo. C’était insensé, et j’ai dit non. » Comment a-t-il réagi ? A.L. : « Son secrétaire est revenu à la charge le lendemain en me disant que ce salaire, c’était juste pour commencer. Après quelques mois, j’aurais beaucoup plus ! Mais, non, c’était un peu too much et trop rapide pour moi qui débutais. » Vous ne l’avez jamais regretté ? A.L. : « Non. J’aurais eu une autre vie, mais je ne regrette pas la mienne. Après avoir travaillé avec le producteur Christian Fechner et les Charlots, j’ai pourtant arrêté la photographie au début des années ’80. Pendant 30 ans, j’ai fait tout autre chose. J’ai d’ailleurs cru ces images perdues jusqu’au jour où le hasard m’a permis de remettre la main dessus. C’est une renaissance inattendue alors que je deviens retraité.»

Comme Monica Bellucci qui vous pointe du doigt ? E.S. : « Exactement, cette image résume bien mon travail. Elle me voit, me pointe du doigt en disant: “mais qu’est-ce que tu fais ici!”, semble-t-elle dire. Cette image traduit une certaine complicité.» C’est Sharon Stone qui vous donne la notoriété ? E.S. : « C’était lors du Festival de Cannes 2002, année où elle fut membre du jury. Elle avait échappé quelques mois plus tôt à une rupture d’anévrisme et se disait que c’était peut-être la dernière fois qu’elle montait les marches du palais. Je n’en savais évidemment rien, mais j’ai eu l’occasion de faire une photo intéressante sur ces marches que je lui ai envoyée via un garde du corps. J’aimais cette image ; elle l’appréciait aussi car le lendemain, elle a demandé à me rencontrer. Une complicité est née qui nous a permis de faire ensemble deux ouvrages. Chaque fois qu’elle vient en Europe, on se voit. Les dernières photos publiées ont été prises avec ses enfants, ce qu’elle n’avait à ce jour jamais autorisé.» Quelle est la limite dans cette proximité ? E.S. : « On ne peut pas devenir ami. Je parle de complicité, pas d’amitié. Je travaille, et le modèle le sait. Il y a une barrière au niveau de l’intimité que je ne dépasse pas même si la limite varie un peu d’un sujet à l’autre. » Quelle est votre position sur la retouche ? E.S. : « Je suis seul responsable de mes images. On se met d’accord sur ce que je montre, mais il n’est pas question de retoucher dans ce type de travail. Cela dit, je ne fais pas vraiment de gros plan non plus. On ne me demande pas ce genre de choses. » Quels conseils donneriez-vous à un jeune photographe ? E.S. : « Je lui dirais d’avoir son propre code de conduite et de toujours rester curieux. Qu’il garde les yeux du touriste qui découvre. Qu’il entretienne la capacité de toujours s’émerveiller. »

Plus d’infos : Expo “On-Set/Off-Set”, jusqu’au 18 avril. Sofitel Brussels Le Louise - Avenue de la Toison d’Or, 40 - 1000 Bruxelles - T. +32 2 514 22 00

Vous avez d’autres trésors du genre ? A.L. : « Oui, quelques belles images de Frank Zappa. Mais il faut que je continue un peu mes recherches pour retrouver les négatifs. »

Élevé au Luxembourg, Emanuele Scorcelletti doit son goût pour la photographie à sa mère. Après des études à Bruxelles, il devient correspondant de l’agence de presse Gamma au Luxembourg, avant de rejoindre le siège

© POLKA GALERIE

MOI & SHARON STONE

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art contemporain

Déclenchant chaque année un festival d’événements à travers toute la ville de Bruxelles et même au-delà, la foire internationale Art Brussels célèbre l’art actuel sous toutes ses formes. Pourvu qu’il soit innovant et singulier.

— Texte : Marie Pok

EFFERVESCENCES On essaie de nous faire croire que Bruxelles est une ville où la culture contemporaine s’épanouit dans la rencontre entre l’art, la mode et le design. Comment pourrions-nous acquiescer à ce message et applaudir des deux mains alors que son seul musée d’art contemporain, qui n’impressionnait d’ailleurs ni par son dynamisme ni par ses collections permanentes, vient de fermer ses portes pour être remplacé, après rénovation, par un musée entièrement consacré au XIXes? Alors que des centres culturels engagés dans des explorations plus audacieuses de l’art de notre temps vivent une galère quotidienne au point de se voir menacés de faillite faute de soutien public ? Non, Bruxelles ne soutient pas l’art actuel à long et moyen termes. Et ce n’est pas en médiatisant, sous le label “Brussels Art Week”, le programme qui s’aligne sur la foire Art Brussels qu’elle peut espérer se racheter. Pourtant, on rencontre dans cette ville cosmopolite un public passionné, des collectionneurs avertis et des artistes de plus en plus nombreux. En outre, même si la capitale n’accueille pas de ventes aux enchères majeures comme celles qui secouent régulièrement Londres, New York et les mégapoles chinoises, elle couvre cependant un marché assez tonique. Ce n’est sûrement pas un hasard si de grandes galeries internationales comme Barbara Gladstone, Nathalie Obadia ou Almine Rech y ont ouvert une succursale au cours des dernières années. Certes, on n’est pas à Chelsea, mais avec ces nouvelles enseignes et celles qui y oeuvraient déjà depuis des années (Albert Baronian, Rodolphe Janssen, Meessens-Declercq, Xavier Hufkens, Catherine Josza et la géniale galerie Aeroplastics), la commune d’Ixelles offre un programme d’un excellent tonneau. Il existe donc bel et bien un marché, une activité économique prospère autour de l’art contemporain, et Art Brussels participe activement à cette dynamique.

RAYONNEMENT EUROPÉEN Heureusement, de multiples événements issus d’initiatives pri-

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vées animent l’actualité bruxelloise en matière d’art contemporain. Le salon Art Brussels en est l’un des moteurs. Rassemblant 170 galeries venues du monde entier et triées sur le volet, il offre une concentration de plus de mille cinq cents artistes qui s’expriment dans des langages divers. Photographie, vidéo, art numérique, sculpture, installation, sans oublier les genres traditionnels : la peinture et le dessin. Pour assurer la qualité de l’offre, le comité de sélection ne retient que les galeries qui s’affirment par une vision innovante, contemporaine, et qui placent leurs artistes dans un contexte international. Reconnu comme un salon important en Europe, ce rassemblement mise sur une fine sélection de ses participants, ménageant une zone pour les galeries établies et influentes, une autre pour celles qui n’ont pas encore atteint le niveau de notoriété de leurs aînées mais qui proposent une programmation internationale et indéniablement avant-gardiste. Enfin, la section appelée “First Call” est réservée aux toutes jeunes galeries qui se présentent au salon pour la première fois. Plusieurs de celles qui y ont fait leur prime apparition ont aujourd’hui atteint une renommée mondiale. On y trouve en tous cas des propositions assez fraîches, parfois inédites, mais il faut reconnaître que l’innovation dans cette discipline qui brasse des milliers d’artistes reste difficile, parfois décevante. Mais globalement, l’ensemble de ces trois sections propose un mélange intéressant de valeurs sûres et d’expérimentations plus inattendues.

ONE-MAN SHOWS Certains exposants mettront aussi sur pied un solo show, une micro exposition consacrée à un seul artiste de façon à s’immerger dans son univers. Le galeriste knokkois Stéphane Simoens, dont l’écurie comporte des plasticiens jeunes et méconnus, repérés à l’étranger, présentera dans un écrin jouxtant son stand une présentation complètement dédiée à Kevin Hunt. Découvert lors de la Biennale de Lyon et revu ensuite dans une expo collective

© PHOTO : CEM YÜCETAS, KUNSTHALLE MANNEHEIM.

Enrique Marty, “20 Fanatics”, 2010. Courtesy : DEWEER gallery.


Gilbert & George, “Abbey Flagsky”, 2009. Courtesy : Baronian_Francey

TONY OURSLER “Slimewikiballs”, 2009

Madlen Herrström : « Têtes », 2011, crayon & encre de chine sur vieux papier. Courtesy : Galerie Synthèse,

Ross Hanssen, “Designer Dogs”, 2010. Courtesy : Stéphane Simoens Gallery, Knokke. Berend Strik, “D.J.”, 2008. Courtesy: Stéphane Simoens.

ART ON PAPER Parmi les événements qui prolongeront la foire Art Brussels à travers la ville, le salon Art on Paper mérite une attention particulière. Son principe est inspiré de ce qui se pratiquait déjà autour d’autres foires internationales : les exposants présentent leur sélection dans une chambre d’hôtel (le Whitehotel, toujours prêt à s’embarquer dans des aventures créatives) en tirant parti du mobilier disponible. Cette intimité invite à une découverte plus profonde et à un échange plus aisé avec la galerie. Autre particularité, ce salon montre exclusivement des œuvres sur papier, ce qui inclut plusieurs disciplines comme le dessin, l’aquarelle, la gravure, la sérigraphie… Ces petites œuvres sont souvent beaucoup plus accessibles dans les prix, sans avoir rien à envier à la créativité qui s’exprime sur des supports considérés comme majeurs. Vive le papier ! Du 28 avril au 1er mai. Whitehotel, avenue Louise 212, 1050 Bruxelles. Infos : www.artonpaper.be

CONTEMPORAINES à la Tate Modern, ce dernier travaille avec des éléments de meubles anciens, des rebuts, qui sont réassemblés dans de nouveaux contextes pour donner naissance à des sculptures oscillant entre trash et minimalisme. En marge de ce one-man show, le stand de la galerie présente un accrochage de ses artistes habituels, dont Tonelli Matelli, Berend Strik et Ross Hansen. Chez BaronianFrancey, un des fidèles exposants d’Art Brussels, on annonce une exposition monographique centrée sur un projet du célèbre tandem Gilbert & George. Intitulée “Urethra Postcards Pictures”, cette série est formée de montages très graphiques de cartes postales. Chaque composition utilise un seul et même modèle de carte qui se répète pour former un dessin géométrique. Les sujets varient des hauts-lieux touristiques de Londres aux publicités pour le téléphone rose homosexuel ou des images du kitsch le plus absolu. Si la forme varie un peu des photomontages monumentaux qu’on a vus récemment exposés au Palais des Beaux Arts de Bruxelles, les sujets abordés s’inscrivent dans la lignée de leurs préoccupations, questionnant le patriotisme, la religion et la sexualité. Délicieusement grinçant. La galerie parisienne Daniel Templon promet également des œuvres de premier plan avec, entre autres, une puissante peinture de Jonathan Meese et une huile sur toile de Norbert Bisky dont les frêles adolescents sont aujourd’hui devenus des hommes drôlement bien charpentés.

LE OFF, PROGRAMME PÉRIPHÉRIQUE Mais l’étendue du programme de cette « Brussels Art Week » ne se limite pas aux 170 stands de la foire. En effet, il s’accompagne de toute une série d’événements satellites qui impliquent musées, centres d’art, commissaires et conservateurs, artistes, écoles et autres acteurs du secteur. Ainsi, des débats et visites de collections privées sont prévus par les organisateurs, offrant ainsi aux nombreux collectionneurs étrangers la possibilité de

rencontrer leurs pairs et de découvrir des lieux exclusifs. L’espace public sera aussi gagné par la création contemporaine grâce au projet “Art in the City”. Une quinzaine d’artistes sont ainsi invités à présenter une sculpture dans le parc d’Egmont. Parmi eux, épinglons quelques talents à suivre comme Edith Dekyndt, Johan Creten, Fabrice Samyn ou Sven t’Jolle. À l’issue d’un concours, l’un d’eux sera désigné pour réaliser une commande publique pour la ville de Bruxelles qui débloque pour l’occasion un budget de 100 000€. Un geste louable, accordonsle. Et pour discuter à bâtons rompus des dernières découvertes et expériences artistiques, un café “by artists for artists” a été monté par les étudiants du HISK (école supérieure des Beaux Arts de Gand). La réussite de l’événement étant fortement conditionnée par les ventes générées, on se demande bien entendu comment se comporteront les acheteurs dans cette période où la reprise reste menacée par divers facteurs. Plusieurs arguments plaident cependant pour l’optimisme. D’abord, la Belgique est un des pays qui compte le nombre le plus élevé de collectionneurs, ouverts et avisés. Ensuite, le coup de frein qu’a subi le marché de l’art contemporain peut être considéré comme un simple ajustement de l’euphorie spéculative irrationnelle de la décennie précédant la crise. La confiance semble aujourd’hui avoir regagné l’esprit des acheteurs. Enfin, comme le souligne l’historienne d’art britannique Sarah Thornton dans son ouvrage “Art. Dans les coulisses du monde”, les prix record atteints au début des années 2000 ont magnétisé l’attention des médias qui ont hissé l’art actuel au rang de produit de luxe hyper médiatisé. Que l’inconnue quant aux résultats commerciaux de la foire ne gâche pas le plaisir de la découverte !

Du jeudi 28 avril jusqu’au dimanche 1er mai inclus. Brussels Expo, halls 1 et 3 Place de Belgique 1, 1020 Bruxelles. Bruxelles Ring 0, Sortie 7bis ou 8. Infos : www.artbrussels.be

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musique

GORAN BREGOVIÇ

CADRE LA

Sublimissime, Goran Bregoviç est l’un des compositeurs les plus géniaux de notre époque. Il sera à Bruxelles le 14 avril pour présenter sa nouvelle création “Margot”, au cœur du Festival Balkan Trafik. Nous l’avons rencontré.

— Texte : Nathalie Kuborn Photos : Cici Olsson

Un père colonel croate et une mère comptable serbe, six années de violon, des études de philosophie, des collaborations avec Kusturica ou Chéreau… Goran Bregoviç esquive d’emblée toute classification, à un bémol près : « Chez nous, si tu es dans la musique, tu es considéré d’office comme un gitan. J’ai commencé très tôt, dans les bars traditionnels ou les bars de striptease, à jouer avec d’autres musiciens… »

L’HOMME, ENTRE MYTHE ET RÉALITÉ La musique de Goran Bregoviç cadre ce petit grain de folie propre à l’humanité tout en sortant des principes harmoniques établis depuis l’Antiquité. Tour à tour, elle nous plonge dans les profondeurs abyssales de l’âme, non sans nostalgie, et nous ramène à la surface avec humour dans un trait d’allégresse. L’artiste se joue des modes comme il se joue des genres, il n’a cesse de réinventer son univers prolifique d’où émergent parmi les plus belles pages de notre patrimoine musical contemporain. Mais n’attendez pas de lui qu’il nous éclaire sur les mystères du processus de sa création phénoménale : « Vous savez, la musique, c’est difficile à contrôler, on ne sait pas véritablement d’où ça vient ni comment ça va sortir. Je suis un compositeur professionnel. Je ne suis pas là, comme on pourrait peut-être se l’imaginer, assis à mon piano devant un coucher de soleil à attendre l’inspiration. Je travaille comme tout le monde, je commence à 9h30 et à 17h30, c’est fini. Pour moi, la création est comme un tube de dentifrice : il faut la presser pour en faire sortir la pâte. » Pragmatisme ou pudeur ? Toujours est-il que, tant en conférence de presse qu’en interview, l’homme cache son regard derrière ses lunettes noires et se fait quelque peu prier pour s’exprimer… en toute sympathie.

MARGOT, LA GENÈSE… Elle prend source en 1994 avec le film de Patrice Chéreau “La reine Margot“ : « Ce film, qui raconte l’histoire de mon pays transposée en France au XVIes., est tombé en pleine guerre. J’ai

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« LA CRÉATION EST COMME UN TUBE DE DENTIFRICE : IL FAUT LA PRESSER POUR EN FAIRE SORTIR LA PÂTE. »

FOLIE écrit cette musique avec beaucoup de motivation. Je pense même avoir réalisé un travail décent. C’est un très beau film ! Puis, l’an dernier, c’était l’année d’Henry IV en France et on m’a proposé de composer quelque chose à cette occasion. Cela m’a donné envie de travailler sur une forme originale, le “recitativo acompagniato“, en vogue au XVIes. et précurseur de l’opéra : une actrice récite un texte au cœur de l’orchestre. L’histoire que j’ai imaginée est peut-être inévitable pour un artiste de Sarajevo, qui ne peut pas ne pas se retourner sur les traumatismes de la guerre en Bosnie. Ensuite, la forme que je lui ai choisie permet de la traduire dans toutes les langues et je trouve cette approche à la fois belle et intéressante. La trame s’ouvre sur une musique joyeuse avant l’entrée en scène de la guerre. Et se conclut sur une musique également très vivante parce que pour moi, la guerre n’est qu’une parenthèse dans la vie, mais rien ne peut détruire la vie… »

MUSIQUE ! Son inspiration est débordante et le compositeur sait s’entourer : « J’ai réalisé ce travail très rapidement. Mes musiciens ont tous un très haut niveau, ils sont triés sur le volet. J’aime donner, mais j’apprécie aussi recevoir. Certains d’entre eux ont des formations académiques pointues, d’autres sont des “analphabètes“, car ils ne savent pas lire la musique. Ce qui laisse une part belle à l’improvisation. Ensuite, la formation de cuivres de mon orchestre des mariages et enterrements n’est jamais parfaitement accordée, ce que j’aime beaucoup : cela ajoute cette petite touche de folie essentielle à mes yeux. » Et de conclure, en toute humilité : « Venez voir le spectacle, vous aimerez peut-être bien ! » Goran Bregoviç, “Margot” - Festival Balkan Trafik Vendredi 15.04 20h00 Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf Rue Ravenstein, 23 - 1000 Bruxelles www.bozar.be

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interview exclusive

TOMER SISLEY

LA GAGNE Catapulté dans le star system par l’adaptation de la BD culte “Largo Winch”, Tomer Sisley est le nouveau sexsymbol français. Si la série continue et prend une ampleur à la James Bond, l’acteur pourrait bien devenir, qui sait, un second Sean Connery. Pour cause de départ imminent à Los Angeles, cette interview s’est faite par téléphone. Cela n’empêche pas la sympathie : dans le feu de la discussion, la demi-heure qui m’était attribuée s’est transformée en une heure et quart. Nous avons retracé les deux parcours du combattant de Sisley. Le premier l’a mené au succès sans lui donner la grosse tête. Le second se déroule pendant les tournages, quand il réalise lui-même ses cascades.

— Texte : Geoffroy d’Ursel Photos : Giampaolo Vimercati Vous avez démarré dans la sitcom “Studio Sud”, où vous jouiez le gentil dragueur, puis dans la série télé “Highlander”. C’était en 1996 et vous aviez 21 ans. Puis silence… Pourquoi ? À l’époque, les mondes de la télévision et du cinéma étaient très cloisonnés. Ça a beaucoup changé : actuellement des présentateurs ou des miss météo deviennent acteurs. J’ai arrêté les séries sur le petit écran parce que je ne voulais pas m’y enfermer. J’ai essayé de me faire oublier. Ça a l’air de vous déranger qu’on en parle. Il n’y a pas de honte : Clint Eastwood, pour ne citer que lui, a également commencé par une série télé. Il est toujours là. Vous avez quand même connu une “traversée du désert” d’une dizaine d’années… Je ne regrette pas une seconde cette longue période : du coup, je ne suis pas du tout pourri gâté. Je n’oublie pas à quel point je me suis battu ; le plaisir en est décuplé. Je sais à quel point j’ai la chance d’exercer ce métier. Le chemin qui a mené à ce succès a-t-il été un plaisir également ? Ce n’était pas tous les jours facile. Le plus dur dans ce métier ? Ne pas travailler. En temps normal, vous passez 25 castings en trois ou quatre mois pour être retenu sur un seul d’entre eux. Je n’exagère pas. Vous entendez 24 fois « vous ne convenez pas ». Or, le jeu d’acteur est l’un des rares arts où l’on est son propre instrument de travail. Quand quelqu’un refuse votre manière de jouer, c’est de votre personne dont il s’agit. Chaque refus vous blesse. Est-ce pour cela que vous avez créé votre one-man-show humoristique ? Exactement. La passion pour le métier d’acteur a toujours été mon moteur. Je ne suis devenu humoriste que par

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nécessité ; je pouvais le faire seul sur les planches, sans infrastructure ni casting. Le problème d’un acteur est qu’il dépend du désir des autres. Or, ce désir ne se suscite pas quand personne n’a jamais entendu parler de toi. On n’achète pas un appartement sans jamais l’avoir visité. Je n’ai fait ce stand up que pour me retrouver sous les feux des projecteurs, pour que le métier finisse par me reconnaître.

Votre spectacle vous a valu d’emblée un joli succès… Je l’ai présenté à “Juste Pour Rire”, le plus grand festival d’humour au monde, où j’ai obtenu le Prix de la Révélation – ce qu’aucun Français n’avait gagné jusque-là. Jamel Debbouze, que je connaissais, m’a proposé de faire la première partie de son nouveau spectacle. J’ai accepté avec plaisir. En matière de stand up (spectacle comique où l’acteur s’adresse directement au public), qui serait votre exemple, votre « maître absolu de tous les temps » ? Richard Pryor, qui est mort malheureusement. Je vais vous faire un cadeau : trouvez son DVD “Live on Sunset Strip”. C’est probablement le meilleur stand up jamais réalisé. Plus que désopilant, il est touchant. En comparaison, lorsque vous sortez d’un spectacle de Jerry Seinfeld après avoir beaucoup ri, il ne vous reste pas grand chose, car il n’affiche aucun parti pris. Pryor, qui parlait lui aussi de banalités, les intégrait dans sa vie à New York, avec ses trois divorces, ses problèmes de drogue, son père qui le frappait… Peu importe que tout ça soit vrai ou pas : le résultat est d’une force, d’une puissance émotionnelle exceptionnelle. Votre stand up était plutôt diversifié. Vous abordiez d’un côté des sujets inoffensifs comme le célibat ou la drague, de l’autre des sujets plus sensibles comme la religion, le choc des cultures ou le terrorisme. Les types qui passent deux heures à parler du mode d’emploi d’un magnétoscope ne m’intéressent pas. J’avais des choses à dire. Concernant la religion par exemple : je suis fasciné par ce besoin universel de croire en quelque chose, besoin qui se traduit par des lois aussi bizarres que « tu ne mangeras pas de porc ».


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interview exclusive

« ON A FILMÉ LES CASCADES EN CONDITIONS RÉELLES. C’EST INCROYABLE LE SAUTÉ D’AVION 111 FOIS, EN UN PEU MOINS DE DEUX SEMAINES. » Je ne voulais pas, dans ce spectacle, que le public devine comment je l’avais écrit... Aidé par Kader Aoun, qui a été metteur en scène de Jamel, j’ai travaillé très dur pour qu’on ne puisse pas me cataloguer comme “le mec qui fait des vannes sur la politique” ou le type qui commence toutes ses blagues par “vous n’avez jamais remarqué que…”. À propos de confusion, beaucoup de gens ont pris au sérieux votre sketch où vous disiez être mi-juif, mi-arabe. C’est faux, non ? En effet. Je suis 100% “feuj”. Votre arrivée au cinéma a été progressive : des petits rôles, une seconde interprétation dans “Toi et moi”, une bluette dans laquelle vous étiez le compagnon de Julie Depardieu… Puis vient le rôle qui vous révèle dans “Truands” de Frédéric Schoendoerffer. Comment l’avez-vous décroché ? Grâce à mon stand up. Le lendemain d’un de mes passages à la télévision, le réalisateur téléphone au scénariste : « J’ai vu une émission hier ; il y avait l’acteur parfait pour le rôle de Larbi ». Le scénariste lui répond : « Attends, moi aussi j’ai vu une émission… » Ils parlaient de la même ! Il m’a appelé, on a parlé cinq minutes et il m’a dit : « voilà le scénario, si tu veux le rôle, il est pour toi » - ce qui était risqué puisque j’aurais pu être extrêmement mauvais. Le personnage de “Truands” a été un pas important puisque, avec sa violence et son réalisme, il était à l’opposé de l’image de comique que je véhiculais à ce moment-là. Il m’a permis, enfin, d’exercer mon métier d’acteur. Votre spectacle n’était donc vraiment qu’un tremplin vers le cinéma. À la base, je ne suis pas un humoriste, mais un acteur, que j’ai toujours voulu être, aussi loin que je me souvienne. J’ai travaillé pendant plus de dix ans avec Jack Waltzer que je considère comme le meilleur maître de cet art, un homme qui fut le coach de Dustin Hoffman dans “Tootsie”, le prof de Jon Voight et qui a fait partie de la troupe d’Elia Kazan. Peu de gens pourront vous dire qu’ils ont étudié leur métier pendant plus de dix ans. Je continue encore aujourd’hui. Puis vient la consécration avec “Largo Winch”, dans lequel vous êtes plus qu’acteur : vous jouez également toutes les scènes d’action. Avez-vous suivi une formation de cascadeur ? Non. Enfin, cela dépend de ce que vous appelez “formation”. Ça me rappelle la fable du type qui s’entraîne pendant deux ans pour gravir une montagne qu’il croit inviolée. Arrivé enfin au sommet, il y voit un enfant de neuf ans en train de jouer. « Comment es-tu arrivé avant moi », lui demande-t-il. Le gamin lui répond : « je suis né ici ». C’est un peu mon cas : je suis « tombé dedans quand j’étais petit ». J’ai toujours pratiqué toutes sortes de sports, escalade, natation, équitation avec sauts d’obstacles, moto, karting, sports de combat… J’ai touché un peu à tout : pilotage d’hélicoptère, plongée, parapente, planche à voile… Je ne suis un “tueur” en rien, mais je suis d’un niveau largement au-dessus de la moyenne en tout. Comparons cela à un ami musicien qui, jouant parfaitement de trois instruments, est capable d’en maîtriser un nouveau en quelques jours. C’est très énervant pour un flemmard comme moi, qui n’a jamais eu la patience d’apprendre le moindre instrument. Vous devez être assez énervant pour le sportif moyen… Peutêtre bien. Je ne suis pas tout seul ; il y a des mecs qui sont encore bien meilleurs que moi : je suis un peu copain avec le footballeur Bixente Lizarazu. Il s’est mis à faire du surf et du grappling (jiu-jitsu brésilien) et a terminé dans les deux cas en compétitions internationales. Avec son côté “physique”, Largo est finalement le rôle le plus proche de ce que je suis.

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NOMBRE DE GENS S’IMAGINANT QUE TOUT EST FAUX ! POUR LE FILM, J’AI On peut donc vous comparer à Belmondo, qui faisait lui aussi ses cascades (bien gentilles par rapport à ce qui se fait maintenant), ou encore à Jackie Chan… Sauf que Jackie Chan s’est consacré à son art dès l’âge de quatre ans et est devenu un maître absolu des arts martiaux. Par contre, il n’est pas un très bon conducteur de voitures, ni pilote d’hélico. Moi, je suis un touche-à-tout. J’ai la chance d’apprendre vite et d’avoir besoin de mouvement. Je pratique le sport tous les jours. Je me déplace la plupart du temps en deux roues. J’ai la chance d’avoir une excellente voiture avec laquelle, quand je suis seul, je roule très vite. Dès que j’aurai terminé cette interview, je rejoindrai des copains en soufflerie. Ce qui nous mène à la longue scène de chute libre de “Largo Winch 2”. A-t-elle été réalisée en soufflerie avec un fond bleu et des effets numériques ? Pas du tout, on l’a filmée en conditions réelles. C’est incroyable le nombre de gens s’imaginant que tout est faux ! Pour le film, j’ai sauté d’avion 111 fois, en un peu moins de deux semaines. On a filmé tout ça, avec des appareils photos Canon 5D. En voyant le résultat, le réalisateur et les producteurs se sont dits que personne n’y croirait : cela avait l’air trop propre. Du coup, ils ont secoué l’image plus qu’elle ne l’était pour créer un effet de “réalisme”. Vous vous êtes blessé pendant le tournage du premier “Largo Winch”. Avez-vous eu des problèmes pendant le deuxième ? Pendant le premier, j’ai eu une déchirure des deux cuisses, sur une dizaine de centimètres d’un côté et une douzaine de l’autre. Au cours du tournage du second épisode, je me suis souvent blessé, mais rien de plus grave qu’une côte cassée. Le tournage de “Largo Winch 2” avait l’air particulièrement sympathique. C’était très drôle. Jérôme Salle, le réalisateur, est entouré de techniciens extrêmement compétents : le chef opérateur Denis Rouden, le cadreur Roberto De Angelis, complice habituel de Michael Mann et qui a travaillé sur “Avatar”… Mieux vous maîtrisez ce que vous faites, plus vous êtes décontracté. Cela laisse du temps, pour faire les cons. Vous avez affirmé dans une interview que votre meilleur souvenir de tournage de “Largo Winch 1” était d’avoir embrassé les fesses de Mélanie Thierry… Cette réponse était de la provoc', juste pour faire rire. C’est une expérience qui ne déplairait pas à bon nombre de personnes, j’imagine. Quel est votre meilleur souvenir du deuxième épisode ? Si vous voulez rester dans la même ligne, mon meilleur souvenir du 2 est d’avoir fait l’avion sur les jambes de Sharon Stone. Si vous avez des enfants, vous les avez sûrement déjà portés à bout de jambes, alors que vous êtes couché sur le dos. Au restaurant, Sharon racontait combien elle aimait faire l’avion, avec ses enfants. Je lui ai dit que j’adorais ça, mais que mon dernier souvenir de cette délicieuse activité remontait à mes cinq ans. J’ai rajouté : « c’est con qu’à notre âge on ne le fasse plus, je suis sûr que ça me ferait toujours autant marrer ». Elle m’a répondu : « Si tu veux, je te fais faire l’avion ». Deux semaines après, alors que j’avais complètement oublié cet épisode, elle m’a tiré dans sa loge, elle s’est allongée sur le sol, elle a levé les jambes… et j’ai fait l’avion. Dans un sketch de votre spectacle vous affirmez que vous aimez « faire chier les gens que vous ne connaissez pas ». Est-ce que c’est vrai ? Bien sûr que non ! Ceci dit, j’adore déconner. Quand j’étais en post-adolescence, j’étais extrêmement provocateur, car la vie n’avait pas été particulièrement cool avec moi. Je me vengeais ! Je me suis un peu calmé, mais j’ai quand même gardé ce goût de pousser le bouchon.

m’en passer actuellement. Très peu de comédies sont réussies ; je n’en ai pas vues beaucoup. Il ne reste rien d’un film comique raté ; dans un drame subsistent quand même les personnages, l’histoire… Par contre, j’adore les mélanges de genres. Un de mes films préférés est “Brazil” de Terry Gilliam qui, malgré sa drôlerie, n’est pas une comédie : c’est une critique particulièrement acerbe de l’administration, de la justice et de bien d’autres choses encore. Le rôle de Largo Winch vous a mis en position de force. Que comptez-vous en faire ? Par exemple, réaliser un film dans lequel je jouerais et dont je suis en train de réécrire le scénario : l’histoire vraie de Youg Perez, juif tunisien à une époque où être tunisien signifiait être un “singe d’Afrique” et qui est devenu le plus jeune champion de boxe jusqu’à ce jour. Déporté, il a boxé à Auschwitz. Avoir une grande visibilité permet de choisir ses rôles. Mon métier restera une passion. Je ne veux plus me lever le matin, comme pendant des années, devoir travailler sur un film comme on travaille à la poste, en traînant les pieds. Vous partez demain pour Los Angeles. Les acteurs s’y rendent rarement pour faire du tourisme. Avez-vous des possibilités de carrière hollywoodienne ? Non, j’ai une perspective de carrière, tout court. Je ne cherche pas nécessairement à tourner aux États-Unis ; je cherche simplement les projets les plus intéressants, ce que j’ai encore un peu de mal à trouver en France. Même après “Largo Winch” ? Je ne fais partie d’aucune “famille”, je ne sors pas en boîte avec Untel, je ne suis pas copain avec les directeurs de casting, je ne me rends pas aux soirées des agents… Je suis un électron libre. Êtes-vous un homme de famille ? Par la force des choses. J’ai une petite fille et donc plus de responsabilités qu’il y a quelques années. De ce côté, comment vivez-vous la vie de comédien qui vous pousse parfois à passer six mois à l’étranger ? C’est très difficile, comme pour les gens qui travaillent sur une plate-forme pétrolière. Dur aussi, parce que la famille n’a pas sa place sur le tournage. Si elle vous rejoint, elle aura du mal à se situer : c’est une autre planète. Puisque vous êtes devenu le nouveau sex symbol français, il me reste une dernière question : êtes-vous un homme à femmes ? …J’aurais du mal à vous répondre ! La mienne n’est pas très loin. Donc, la réponse est “non”.

« LE JEU D’ACTEUR EST L’UN DES RARES ARTS OÙ L’ON EST SON PROPRE INSTRUMENT DE TRAVAIL. »

Devenu un acteur “sérieux”, comptez-vous tourner à nouveau dans un film où vous exploiterez votre potentiel comique ? Je préfère

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mode

... J’ai les cheveux longs ! Cette saison plus que jamais, nous assistons à la grande dérive des genres. Pendant que la mode homme s’acoquine de tendances féminines, des mannequins mi-homme, mi-femme déambulent l’air de rien. Et, quand ce n’est pas une créatrice qui pense à dessiner des calebars, c’est un couple qui crée un vestiaire commun, bien évidemment hors du commun. De quoi s’emmêler les pinceaux. Voici donc un aperçu de ce que messieurs, mecs, garçons, mâles, minets, gentlemen et jeunes premiers, porteront cet été. Ou pas. — Texte : Marie Hocepied

Comme un garçon —18—


Face à face Greg Van Rijk travaille depuis quatre ans aux côtés de JeanPaul Knott. Il n’y a donc pas mieux placé que lui pour monter une ligne homme sur pieds. C’est ainsi que la nouvelle collection “Knott For Men” est née. Une garde-robe masculine en regard à la femme JEANPAULKNOTT. Dans cette première collection, le créateur rend possible toutes les associations. Il mélange les genres et les codes et invite à l'exploration. www.jeanpaulknott.com

Martin Margiela Issey Miyake

Doux comme un agneau

Hermès

Balenciaga

L’homme se fait sage comme une image vêtu de blanc pimpant, de beige sable et de crème grisant.

Dior Homme

Cerruti

Ann Demeulemeester

Etro

Rag & Bone Dries van Noten

Trench, Ben Sherman, 199,95 €, www.bensherman.com

Avoir le bleu à l’âme

Baskets en cuir gris imprimé denim, Kris Van Assche, 370 €, www.krisvanassche.com

Gucci

Pringle of Scotland

Chemise jeans, COS, 59 €, www.cosstores.com

Iceberg

Prada

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mode Short jeans, 55DSL, 75 €, www.55dsl.com

Bermuda bleu ciel, Pepe Jeans, 59,95 €, www.pepejeans.com

En culotte courte Bermuda beige, Filippa K, 130 €, www.filippa-k.com

Dans la famille “improbable”, nous avons le bermuda, le cycliste, les deux à la fois, dans un esprit kilt ou pas. Le tout pouvant être agrémenté, selon l’humeur, de blazer. On est sérieux et en même temps, on ne l’est pas du tout.

Lanvin Givenchy

Raf Simons

Louis Vuitton

Iceberg

Gaspard Yurkievich

Alexis Mabille

«Une collection pour homme qui sied également aux femmes »

Alice Knackfuss et Simon-Pierre Toussaint créent une mode masculine à quatre mains. Elle, diplômée de l’Académie de Mode et Design de Munich. Lui, diplômé de l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Anvers. Tous deux, habitués aux grands prix, se sont rencontrés au Festival International de la Mode et de la Photographie à Hyères. Après un coup de foudre créatif, un projet en entraînant un autre, ils décident de créer leur propre label, intitulé “Dearest”.

La fête du slip Derrière Lady Violette se cache Anne-Julie Wesel, jeune styliste liégeoise. Avec des slogans du genre “Pas de panique, j’ai pas la trique”, la demoiselle propose des collections de lingerie masculine ludique. Misant sur l’humour et les motifs à l’anglaise, la créatrice a également jeté son dévolu sur des gravures de Félicien Rops représentant des petites scènes érotiques du 19e siècle. De 45 à 50 €, www.ladyviolette.be

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Quelle est votre traduction de “Dearest” ? Il s’agit simplement d’un mot d’affection profonde pour quelqu’un ou quelque chose… Comment opérez-vous en duo ? La conception et la réalisation de chaque pièce est un réel ouvrage à deux ! Nous avons la chance de nous compléter aussi bien sur le plan humain que professionnel et ça fonctionne bien ! Créer à deux, c’est plus facile? À deux, nous nous sentons évidemment plus forts, nous nous soutenons l’un l’autre. Nous avons différentes forces ! Quel est le style que vous avez voulu insuffler dans “Dearest” ? Il s’agit d’une marque pour

un homme contemporain, curieux et sensible. Elle privilégie le formel et le confort. Les pièces se posent et se reposent sur les épaules. Nous allions des tissus techniques et classiques : du cuir au voile en passant par la laine et le k-way. Vous jouez les mannequins pour présenter votre collection. Peut-on dire qu’elle est unisexe ? De fait, pour cette première collection, nous avons décidé de poser comme un signe d'introduction à notre travail. De plus, au fil de la réalisation de notre label, nous nous sommes rendu compte que les formes et les volumes se déposaient joliment sur un corps féminin. Il s'agit donc d'une collection homme qui sied également aux femmes, sans pour autant être une collection unisexe. Où puisez-vous l’inspiration? Nous la trouvons dans le réel ou encore dans les arts, autant dans le paysage musical que cinématographique. Que peut souhaiter une jeune marque comme la vôtre ? Continuer à exister, et surtout continuer à s’amuser en existant ! En vente chez Hunting and Collecting, 17 rue des Chartreux, 1000 Bruxelles.


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mode Weekend Bag en cuir et toile, Delvaux, 1100 €, www.delvaux.com

Sac noir, Louis Vuitton, 715 €, www.louisvuitton.com

L’affaire est dans le polochon

Sac orange, Fred Perry, 125€, www.fredperry.com

Dénicher un sac homme pour tous les jours pourrait presque relever de la mission impossible. Cette saison, le sac qui a tout bon, c’est le polochon. Façon sac de week-end, il se révèle la meilleure option au quotidien.

Gaspard Yurkievich

Phillip Lim

Dans le détail

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Pour sa collection automne-hiver 2011/2012, Kris Van Assche s’est associé à Eastpak pour élaborer quelques sacs. C’est luxueux, masculin, moderne et urbain à souhait. EASTPAK par KRISVANASSCHE, entre 50 et 250 €, à partir de juin 2011, www.eastpak.com

Givenchy

L’homme serait-il une femme comme les autres ? Vus (ou vues ?) aux défilés Jean Paul Gaultier, Paul Smith. Après les vêtements, ce sont autour des mannequins de se la jouer unisexe et de brouiller les pistes.

Masculin/ féminin Les tendances censées faire la pluie et le beau temps dans le dressing masculin peuvent s’avérer, il faut l’avouer, souvent difficile à porter pour le commun des hommes. La preuve en quelques silhouettes olé olé. Romain Kremer

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Paul Smith

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Boîte de “papillons jaunes épinglés” Galerie Laurent, veste de smoking & sweat-shirt “lunettes” & short Viktor & Rolf Monsieur, tapis Wabi-Sabi.

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table ronde

La Libre Essentielle apprécie le débat d’idées. Elle aime réunir des invités pour évoquer un sujet qui les concerne. Il y a une quinzaine des jours, elle a invité une douzaine d’hommes venus d’horizons divers pour évoquer l’homme contemporain. Quelles sont ses valeurs, ses attentes, ses idées, ses craintes et ses certitudes ? Claude Muyls, rédactrice en chef, dirigeait les débats. Deux journalistes, Nathalie Kuborn et moi-même, étaient présents, rapporteurs et intervenant dans mon cas. Un homme, une femme, deux lectures et deux perceptions de l’événement.

— Texte : René Sépul Photos : Michel Damanet

LA TABLE Jean-Louis Rossignon, éthologue urbain – LAB retail Hakim Benbouchta, strategic consultant - Back in Business Didier Van Den Broeck, chirurgien esthétique Massaniello Bogaert, maquillage homme chez Guerlain Gilles Vandieren, buyer print chez Aegis Pol Quadens, designer Filip Fransen, traiteur durable – Green Gastronomy Paul Servaes, directeur créatif chez Publicis Cédric Dumont, sportif de haut niveau, préparateur mental Jean-Louis Rossignon, mon voisin, trace en quelques mots, l’évolution de l’homme les 50 dernières années. Jusqu’en 1968, l’affaire est plutôt simple et les modèles sont clairs : John Wayne, de Gaulle, Hemingway, Gabin, une certaine idée de la virilité donne le ton, rejetant toute dimension féminine de la personnalité masculine. Le mâle ne pleure pas, s’attarde à peine devant un miroir, joue au foot avec son fils les jours de congé,

QUEL HOMME AUJOUR Jeudi, 17 mars, 22 heures et des poussières. Dans la fenêtre droite de la barre d’outils de mon MacBook, là où le logo Google s’imprime en fond d’écran, j’entre les mots “homme” et “2011”. 90.000.000 propositions dans la seconde, mais zéro information ! Enfin si…, je découvre les lunettes de soleil, les maillots de bain ou les coupes de cheveux de l’été prochain, mais rien d’intéressant sur l’homme contemporain. En laissant défiler les pages, je comprends qu’après avoir été “dandy”, “cool” et “cow-boy urbain” en 2010, le voici “baroudeur ou pas”, “mi-Indiana Jones, mi-US Army”. En précisant ma recherche avec le mot “tendance”, j’apprends que le sexe fort a été au fil des dernières années métrosexuel, unterman, übersexuel. J’en ai profité pour comprendre ce que cela voulait dire1, castré une époque et super héros le lendemain, pour devenir avec le printemps qui débarque “bon père de famille” chez certains, “neurd (sic)” ou “geek” chez d’autres, et “barbu, mais pas trop”, “aimant les bijoux, mais pas trop”, “se parfumant, mais pas trop”, “équilibré, mais pas trop”, “assumant ses pulsions, mais pas trop”. Bref, j’étais armé, mais pas trop, pour accueillir nos hôtes avant de rejoindre mon épouse, les plumes et le 3ème épisode de la seconde saison de “Mad Men”.

Le lendemain, en chemin vers la rédaction, entre les titres des journaux - le Japon (paniquons, mais pas trop) ou la Libye (attaquons, mais pas trop) -, je traverse GQ, un des rares magazines hommes, m’interrogeant sur un lien entre Paul Magnette, élu Homme de l’année par les Belges francophones et Bixente Lizarazu, ancien joueur de foot, commentateur sportif, désigné Homme de l’année par les lecteurs. Le Sporting de Charleroi ? Qui sait ? Blague à part, ce canard a également retenu Lambert Wilson (religieux, mais pas trop), Benjamin Biolay (allumé, mais pas trop), l’homme d’affaires Jacques Antoine Granjon (cool, mais pas trop) ou Michel Denisot (vieux, mais pas trop) parmi ses lauréats.

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tait ses sentiments et communique plutôt par des actes que des mots. Je schématise, mais en gros voilà le cliché qui vole en éclats avec la révolution sexuelle de la fin des années ‘60. Celleci bouleverse les codes et entraîne la disparition de références claires, pour une génération d’hommes à laquelle j’appartiens.

Pour l’éthologue, à partir de là, la société se fragmente. L’homme se féminise, la femme se masculine, mais il cherchent l’un et l’autre de nouveaux repères sans pour autant perdre leurs fondements. Il n’y pas de fracture(s) entre les genres : à des degrés divers, nous devenons plutôt complémentaires l’un de l’autre.

COMPLÉMENTARITÉ ET MANQUE DE MODÈLES Cette question lance le débat : « l’homme est-il complémentaire de la femme ou s’en distingue-t-il ? Quels sont les repères et les modèles pour l’homme contemporain ? », réclame d’abord Pol Quadens, s’interrogeant sur l’intérêt de réunir un artiste, des publicistes, un sportif et des journalistes autour d’une table. Le “designer” relève qu’il n’existe pas de magazines lifestyle masculins en Belgique francophone, si ce n’est une presse se limitant au secteur automobile ou orientée vers la communauté gay. Il regrette le manque de modèles proposés aux hommes alors que la femme, malgré les clichés de la presse féminine, reçoit quelques pistes. Pour l’homme, nada ! La publicité qu’il relie par raccourci à la « société du mensonge » ne lui propose que des images l’associant à la puissance, la force ou le succès. Résultat des courses, malgré l’évolution, l’homme reste un chef. Cette réalité l’empêche d’assumer la part de féminité qu’il a en lui. Quadens distingue toutefois une évolution avec l’émergence de métiers nouveaux, notamment dans le secteur artistique qu’il connaît, où les rapports seraient plus égalitaires. Hakim Benbouchta défend l’idée de la complémentarité.


« L’homme se féminise, la femme se masculinise, mais ceci n’empêche pas l’existence de modèles clairs ». Il précise qu’un événement récent – il est jeune père de famille – l’a amené à vivre davantage le partage des tâches au quotidien, mais l’a aussi poussé à rechercher des modèles qu’il qualifie de sécurisants et d’équilibrants. Quels sont ces modèles ? Pas de réponse(s). Pour Hakim, l’affirmation d’une certaine masculinité dans le couple n’est toutefois pas synonyme de davantage de virilité. « Devenir un homme n’est pas automatiquement être un macho ! »

Dans un domaine proche, Massaniello Bogaert informe qu’en matière de cosmétique, les crèmes de soin sont entrées dans les habitudes masculines, mais sans plus. L’homme ne semble pas avoir compris qu’il existe d’autres produits destinés à le mettre en forme ou en beauté. « Il plonge à l’occasion son doigt dans la crème de son épouse pour s’enduire le visage, se tartine d’une lotion auto bronzante sans savoir comment s’y prendre ni imaginer le résultat catastrophique que cela donne », ajoute l’expert.

BESOIN DE HÉROS

Spécialiste des sports extrêmes, coach et préparateur physique, Cédric Dumont avance que les femmes sont rares dans son secteur. « Je rencontre des femmes, mais dans un corps d’homme. » Celui-ci associe sports de l’extrême à l’idée du dépassement de soi, attitude typiquement masculine. L’homme serait-il plus porté vers le dépassement que la femme ?

« L’homme cherche des modèles, mais ceux-ci évoluent », enchaîne Paul Servaes. « On a été punk dans les années ‘70, puis “new wave”, puis “grunge”… L’homme a besoin de héros. Goldorak une époque ; Patrick Bateman2 une autre. Une sorte de balancier nous pousse parfois vers plus de machisme, parfois vers plus de douceur. L’homme s’adapte et va où on l’entraîne. Il faut aussi s’interroger sur l’homme dont on parle. Que

RD’HUI ?

Le débat se conclut sur la perception qu’ont les hommes du lea-

Hakim Benbouchta Cédric Dumont

représente le » “bobo” d’aujourd’hui à l’échelle de la planète ? Un peu d’humilité ! » Des mots dans lesquels je me retrouve ainsi que la suite de son intervention où il compare notre génération à celle de son père. « L’homme d’aujourd’hui a moins peur d’exprimer ses sentiments. Je sais dire à mon fils que je l’aime, un ressenti que la génération précédente ne pouvait prononcer. Je peux dire ces mots tout en restant un homme. Mais est-ce là la part féminine de l’homme ? » Pour Didier Van Den Broeck, « nous sommes plutôt semblables, mais nos raisonnements sont différents : l’homme va droit au but ; la femme coupe les cheveux en quatre. » Le chirurgien met en exergue le rôle joué par la testostérone qu’il qualifie d’hormone du bonheur. Importante dans l’équilibre de l’homme ; présente en petite quantité chez la femme, elle décroît avec l’âge, entraînant chez l’homme stress et crise d’identité. De plus en plus prescrite, elle rendrait confiance à l’homme de cinquante ans. Réagissant à l’intervention du chirurgien, Servaes relève que cette baisse lui va plutôt bien, le rendant plus calme et plus serein.

ÉVOLUTION DES DEMANDES ET MANQUE D’AUDACE Le chirurgien relève une évolution des demandes masculines en matière de chirurgie esthétique. « Apparue, il y a une quinzaine d’années, la première vague de clients était surtout composée d’hommes qui assumaient le désir d’un corps correspondant à leurs envies. Ils étaient “gay” en majorité. Liposuccions, retouches des paupières, implants capillaires et injections de botox composent l’essentiel des demandes. Une clientèle différente s’est ajoutée récemment pour des demandes semblables. Elle se compose d’hommes accompagnant leur épouse. Si celle-ci prend la peine de se tenir en forme, pourquoi n’en ferait-il pas autant ? »

Filip Fransen

Claude Muyls

J.-Louis Rossignon Massaniello Bogaert

dership féminin et de la réduction du temps de travail. Un patron au féminin, représente-t-il un problème3 ? Certains intervenants précisent être dans ce cas de figure depuis longtemps. « Non, ce n’est pas un problème », répondent-ils tous, « sauf si la femme prend cette position comme une revanche. » À compétences égales, elle peut devenir chef, sans devenir un homme. Quant à la diminution du temps de travail, démarche pratique permettant à un membre du couple de s’occuper par exemple des enfants le mercredi, nos invités la trouvent excellente, mais en parlant de leur femme. Le soir, alors que devait débuter le 4ème épisode de Mad Men, je me suis d’ailleurs surpris de penser que plus le débat avançait, plus les femmes se retrouvaient au centre de nos échanges. Les femmes ! Un sujet qui nous passionne et nous réunit depuis la nuit des temps. Un peu, et même beaucoup.

Le métrosexuel. L’homme urbain, amateur de mode et de produits cosmétiques dont la vie s’articule autour de son apparence. Le terme apparaît en 94, mais évoque un genre d’homme en vogue début de la décennie 2000 : David Beckham ou Brad Pitt, par exemple. L’übersexuel est un homme à l’apparence macho ou virile, mais très entretenu. Barbu de trois jours, il se tourne moins vers lui-même, un peu plus vers les autres. Aucun doute quant à ses orientations sexuelles, il est en vogue après 2005. Georges Clooney est en une icône. 2 Personnage principal d’American Psycho de Bret Easton Ellis (91) 3 Selon une étude de 2007 menée par le cabinet Mac Kinsey sur la mixité, levier de performance de l’entreprise, les femmes ne représentent toujours que 11% des instances de direction en Europe. En Belgique, ce chiffre tombe à 6%. Voir notre article sur ce sujet, Au-delà du Plafond de Verre, février 2009. 1

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table ronde

C’était le but du sujet proposé par notre rédactrice en chef, Claude Muyls : deux journalistes - un homme et une femme - deux genres, deux lectures. Fait pour le moins intéressant, comme le conclut mon confrère René Sépul, ces représentants de la gent masculine ont vite dévié notre thème du jour sur leur préoccupation (majeure ?) : nous, leur “douce moitié”. Et d’embrayer… hommes / femmes : complémentarité, rivalité, fracture ou adaptation ? Voici ma copie.

— Texte : Nathalie Kuborn Photos : Michel Damanet

L’HOMO S’ÉRECTISE…T D’un point de vue féminin, il faut avouer que cette rencontre était tout à fait fascinante. Reconnaissons-le : pour nous, les femmes, la pensée masculine reste un mystère à percer. Sans langue de bois (ou presque), l’air parfaitement sincère (ou presque), nos hôtes se sont livrés au petit jeu du miroir sans complexes (ou presque). Et nous ont dévoilé leurs perceptions intimes sur la confrontation des genres…

L’HOMME, VU “BY HIMSELF” On l’a donc connu antihéros sous la houlette de Woody Allen années ‘70, full-testostéronisé dans les années ‘80 (incarné par les Rambo et autres Schwarzenegger), sexy en “golden boy” ou très détaché et sûr de lui avec George « what else ?» Clooney… Mesdames, réjouissons-nous : l’homme 2011 est une espèce pleine de promesses. Affranchi des diktats marketing, il s’adapte, s’assume et lâche du lest tout en s’affirmant. Il nous piquera peut-être en douce nos magazines ou nos crèmes de jour, mais revendique sa virilité. Qu’on se le dise : l’homo s’érectise, tout en souplesse. Ainsi, pour Hakim Benbouchta, on revient à des modèles plus masculins plus tranchés dans lesquels l’homme se sent plus en sécurité : « Si on nous demande d’être tout à la fois, on perd pied, d’où l’importance pour l’homme de reprendre contact avec sa virilité, de se réapproprier son “moi profond”, car l’homme contemporain ne se sent plus en phase avec les attentes projetées sur lui. » Paul Servaes n’est pas tout à fait d’accord : « Le mec est resté le mec. Mais depuis cette fameuse fracture de la révolution mai 68, l’homme a la possibilité de s’exprimer pleinement dans toutes ses dimensions. Il n’est plus obligé de s’inscrire dans un modèle particulier. On le remarque d’ailleurs dans la publicité : il n’y a plus de cible type. Un homme peut à la fois faire de la danse classique et aller boire des bières avec ses potes sans que cela ne pose de problèmes. En fait, l’homme ne change

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pas, il s’adapte. » La notion de jeunisme aussi s’estompe. Pourtant, même si les rides sont communément acceptées pour les hommes - à contrario des femmes - ils seront de plus en plus à se laisser tenter par un petit gommage par-ci, un coup de botox par-là, comme nous le confie Didier Van Den Broeck. Celui-ci n’a l’impression que l’homme change sur le fond, mais qu’il assume plus sa part de féminité. Féminité ou sensibilité ? La question soulève un mini-débat en soi. D’une part, Paul Servaes soutient mordicus que tout est une question de sensibilité, de l’autre, le designer Pol Quadens se veut clair sur la question : « D’accord, l’homme est un dirigeant, un chef, il a besoin de se dépasser… mais sa partie féminine peut largement s’exprimer dans des dimensions esthétiques et culturelles. »

VENUS VUE DE MARS Il n’a pas fallu longtemps avant que le débat prenne une orientation à 180° (ou presque). Félicitons-nous de cette phrase (heureuse ?) : « Il est plus intéressant de parler de la femme que de l’homme », sur laquelle tous vont s’accorder. « À part les seins et le pénis, il n’y a pas tant de différences », estime Paul Servaes. « Pas d’accord », répond Didier Van den Broeck, « il y a une différence biologique fondamentale homme / femme qui se situe au niveau du raisonnement ». Pour Jean-Louis Rossignon, tout est dans le langage. Ainsi, « si la femme coupe les cheveux en quatre, c’est parce qu’elle est dans le ressenti, elle a besoin de sonder les profondeurs de son compagnon. » Il nous repose l’image archétypale de l’homme des cavernes qui a besoin de s’affirmer, de gueuler pour savoir qui est le chef, tandis que la vocation féminine ancestrale était de bercer son enfant d’une voix douce. Mais la révolution des années ‘70 a changé la donne : « La femme s’est appropriée plus de fonctions, au point de diminuer l’intensité du rôle masculin », poursuit-il. On s’amusera de la vision de Cédric Dumont, pour lequel


l’émergence des femmes dans le sport à risque est synonyme d’appropriation du caractère typiquement masculin, « une femme dans un corps de mec » : recherche de dépassement de soi et souci de performance. Pourtant, quand Pol Quadens affirme : « la femme cherche dans les revues féminines des clés pour sa vie », nous serions bien aussi tentées de répondre que le dépassement de soi et l’aspiration à la performance se traduit pour nous également par des actes, souvent à d’autres niveaux : être une meilleure mère, une meilleure compagne, une meilleure actrice de notre société environnante... Enfin, et pour le clin d’œil, Massaniello Bogaert exposera sa vision des femmes sans manquer d’humour : pour lui, elles sont plus sophistiquées que les hommes. « Il ne faudrait surtout pas penser qu’elles sont tout le temps très c… ! Elles savent très bien ce qu’elles veulent et comment arriver à leurs fins tout en flattant l’ego masculin, en lui disant qu’il est le meilleur. Elles ne font pas l’économie d’une finauderie pour la paix des ménages. Ainsi, elles pourront assumer une partie de leur shopping personnel avec la carte de crédit et passer en douce certaines dépenses qu’elles verraient

serais tentée de dire : nous avons toujours besoin l’un de l’autre). Complémentarité toujours pour Hakim Benbouchta, mais version plus traditionnelle, dans la réappropriation des fonctions archétypales, « à condition que chacun s’y sente bien ». Enfin, pour Jean-Louis Rossignon, les raisons de la fracture du couple se situent ailleurs. Il en dégage deux grands axes : « D’une part, l’absence d’un “rempart” identitaire fait d’une histoire à laquelle l’individu peut s’identifier durablement : il ne voit donc que des étapes à court terme de son existence. De l’autre, l’anxiété : on vit de manière permanente en état anxiogène ! Un état alimenté par ce que l’on nomme les stress anodins instantanés, c’est-àdire inconscients. Ce qui induit des comportements liés à la peur. Lorsqu’on est en état de “peur”, on revendique de manière très inconsciente un monde à court terme où tout doit aller vite, cela devient un véritable credo existentiel… Ou le système réactif du “jetable” : on ne prend plus le temps d’attendre et on “jette” la personne, la relation dès qu’un (petit) comportement ne nous convient pas. Cette attitude a forcément une répercussion sur les rapports hommes femmes. Et alimente un compor-

moins acceptées. » Pour un peu, on attribuerait ces petites lâchetés à un taux inférieur de cette fameuse testostérone, “l’hormone du courage”...

tement d’appropriation : « puisque l’Existence ne m’apporte pas ENTIERE satisfaction, je vais me “l’approprier” et par voie de conséquence, j’ai moins de temps d’écoute pour l’autre ». À méditer…

OUT EN SOUPLESSE RETOUR SUR TERRE : VIVRE ENSEMBLE Bon, et quid de la mixité ? Personne ici n’aura l’indélicatesse de remettre nos acquis en question. Difficilement parfois, ils iront même pour la plupart jusqu’à accepter d’avoir une femme (la leur ?) comme supérieur hiérarchique. À condition « qu’elle n’ait pas l’esprit revanchard de celle qui essaye de prouver envers et contre tout qu’elle est plus compétente qu’un homme ». Performantes, d’accord, mais sans concessions sur la douceur et la féminité. À la question de savoir pourquoi, à leur avis, les femmes sont moins nombreuses à des postes hiérarchiques élevés, c’est une évidence : « elles n’ont pas forcément toujours envie de compromettre leur vocation maternelle ». Je ne sais pas vous, mais sans faire de généralités, je ne les contredirais pas. Avec ce petit bémol tout de même qu’à contrario, je suis également ravie de pouvoir travailler plus et tranquillement, sans devoir me soucier du bien-être des enfants, dès lors qu’ils « passent du temps avec papa ». Côté couple, et face aux statistiques de divorces, on ne va pas se voiler la face : Mai 68, c’était bien, mais en contrepartie, il y a péril en la demeure. Comme le précise avec lucidité Gilles Vandieren « Chacun a de plus en plus la possibilité d’être indépendant, ce qui induit une sacrée remise en question : l’homme n’est plus le maître à bord ». Alors, complémentarité, rivalité, fracture ou adaptation ? Ici encore, à chacun sa vision des choses. Pol Quadens optera pour la complémentarité : « chacun ses talents et donc sa part du job en fonction ». Idem chez Filip Fransen : « nous mettons nos compétences respectives au service du cheminement commun. Individualisme, oui, mais… » (il ne termine pas sa phrase et je

François le Hodey

Nathalie Kuborn

Didier Van Den Broeck Claire Huysegoms

Pol Quadens

Gilles Vandieren

René Sepul

Paul Servaes

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portrait essentielle

DAVID HAMILTON

PHOTOGRAPHE Texte : René Sépul - Photo : Cici Olsson

Les chiens aboient, la caravane passe Né à Londres en 1933, David Hamilton est un photographe britannique. Après des études d’architecture, il s’installe à Paris où il travaille à la direction artistique de différents magazines avant de se consacrer à la photographie. Il invente un style reposant sur une utilisation particulière du flou et sur la représentation de jeunes filles dénudées. Évoquant un monde bucolique et nostalgique, ses images accompagnent la révolution sexuelle du milieu des années ’60. Il gagne la reconnaissance du grand public et de certains milieux intellectuels. Son premier ouvrage, “Dreams of a Young Girl” (1971), est réalisé avec l’écrivain Alain Robbe-Grillet. Grand portraitiste, ses autres sujets de prédilection sont la danse, Venise, les natures mortes et le paysage. Il ne travaille qu’en lumière naturelle, se moquant tout au long de sa carrière des avancées technologiques. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, ses livres ont été vendus à des millions d’exemplaires. Il a réalisé cinq longs-métrages dont “Bilitis” (1977), “Laura” (1977), “Tendres cousines” (1980) et “Premiers désirs” (1980) avec la jeune Emmanuelle Béart, 16 ans à l’époque. Son travail avec, parfois, de jeunes adolescentes, notamment “L’Âge de l’innocence” (1995), a été l’objet de controverses, principalement en Angleterre et aux Etats-Unis à la fin des années ’90, où il fut accusé de pornographie enfantine. Les pays d’Europe continentale ont toujours soutenu un artiste qui a exposé dans de grandes galeries. Cet épicurien érudit et blagueur partage sa vie entre Paris et SaintTropez. Soon International, récemment installé à Bruxelles, organise une vente privée des images retravaillées par Olivier de Larue Dargère d’un de ses meilleurs ouvrages : “Hommage à la peinture” (1984). Soon International. À partir du 7 avril. Sur rendez-vous uniquement, jusqu’au 7 juillet. Rue royale n° 83 - 1000 Bruxelles. T. +32 2 217 15 04.

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« Pourquoi suis-je devenu photographe ? Peutêtre parce jeune, cela me permettait d’approcher les filles facilement. Qui sait ? Prononcé de la sorte, c’est un peu plat, mais à mon âge, je ne vais pas commencer à mentir. Et puis j’ai connu assez vite un certain succès. Celui-ci m’a encouragé à photographier davantage. Devenir artiste n’était pourtant pas le plan de carrière entrevu par mes parents…» Où avez-vous grandi ? « Je suis né un 15 avril, en 1933, le même jour que Leonardo da Vinci. Mon nom est d’ailleurs Leonard David Hamilton, originaire d’un quartier pauvre du sud de Londres, Salem, le quartier des sorcières, là où ont grandi Dickens et Chaplin. Le Londres de l’après-guerre n’était pas le plus bel endroit pour grandir. La société anglaise était complètement coincée et plutôt réactionnaire. Paris attirait tout qui était un peu différent. Paris symbolisait le romantisme, l’impressionnisme, le cubisme, mais aussi, et plus que Londres, une certaine idée de la victoire et de la fête. » Vous êtes toujours resté anglais ? « Aussi coincé qu’il puisse être, l’Anglais peut être très drôle. Quand un Anglais éduqué se lâche, il est incomparable ! J’ai toujours apprécié une certaine réalité de l’Angleterre, son snobisme décadent. Je suis classique, mais non-conformiste. Se rebeller contre la vulgarité du monde est une idée plutôt commune à tous les êtres de qualité, mais le faire avec des manières est très british.» Vous avez connu le succès, mais aussi la controverse ? « Qu’en dire sinon que l’hypocrisie du monde me laisse pantois ! Entrez dans n’importe quelle église d’Italie ou de France, et vous verrez des beautés bien plus dénudées que les miennes. Vous n’imaginez pas les chefs d’œuvre qu’abrite le Vatican. Que diraient les censeurs si ces pièces devenaient plus accessibles ? Mais comme on dit chez moi, dans le Sud : “les chiens aboient, la caravane passe…”»

(…) « J’ai toujours recherché le beau et l’innocence, avec l’idée que je courrais peut-être après un monde perdu. Je ne vis pas pour autant dans le mythe. J’ai mes ambitions et la matérialité n’a jamais été mon premier souci. Savez-vous que je n’ai pour ainsi dire jamais eu d’appareils photographiques, empruntant ceux d’amis, à gauche, à droite ? J’ai traversé la vie comme un dandy, en quête du beau. Je fais partie d’une espèce en voie de disparition, mais je fais avec… Comme Visconti, j’ai de la décadence une vision agréable. Mais il faut comprendre ce que l’on entend par le mot décadence. Je n’ai pas honte de dire que je suis un peu hors de ce monde et hors de ce temps. Relisez J.K. Huysmans, un auteur un peu oublié qui, je pense, était Belge1. Relisez “À Rebours”, un ouvrage publié fin du 19ème siècle. Le héros de ce livre rejette une certaine idée de la modernité. C’est un dandy, un excentrique, un esthète capricieux en quête d’une certaine conception de l’esthétique. Traversé par les pensées de Poe, Baudelaire et Mallarmé, ce livre a profondément marqué le jeune Oscar Wilde et son “Portrait de Dorian Gray” que vous devez aussi relire. Je dois beaucoup à cette vision du monde et des êtres. Mais je vais me taire, on risquerait de me prendre pour un intellectuel. » 1

Écrivain et critique d’art français né en 1848 et décédé à Paris en 1907, également connu sous le pseudonyme d’A. Meunier. Il a publié trois romans racontant sa lente conversion à la foi chrétienne en fin de vie où il partageait la vie d’une communauté de moines bénédictins.

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« J’AI TOUJOURS CHERCHÉ LE BEAU ET L’INNOCENCE AVEC L’IDÉE QUE JE COURRAIS PEUT-ÊTRE APRÈS UN MONDE PERDU »

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société

LE LUXE ÉQUITABLE Le concept semble encore un paradoxe, mais il est temps de revoir nos classiques car le monde, l’homme et la nature sont en pleine mouvance. Les cosmétiques de luxe tels Chanel, Guerlain, Givenchy, Dior, … - qui entrent dans l’intimité des gens - se doivent de répondre aux attentes, de jouer un rôle porteur, de leader même, qui dépasse les qualités physiques du “cosmétique”. En produisant du luxe, ces cosmétiques participent chaque jour à la protection de notre planète. Ils vont jusqu’au toit du monde, l’Himalaya qui est également en danger.

— Texte : Anya Loonen

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Prenons exemple sur les Bishnoïs1, éco citoyens avant la lettre et agissons. L’HIMALAYA, LE VERSANT INDIEN... À la recherche d’actifs naturels au Ladakh, au Nord de l’Inde, une région désertique de la Vallée Interdite du Cachemire, à 3000 mètres d’altitude, au milieu de plaines de cailloux granitiques, Xavier Ormancey, Directeur de Recherche Ingrédients Actifs chez Chanel, rejoint avec son équipe quelques oasis qui nous font rêver, mais où il ne fait pas bon vivre. C’est là que pousse la fleur d’or, la Golden Champaka, une plante très prisée de la médecine traditionnelle amchi, dont la richesse en esters de fleurs intéresse la recherche de Chanel. « Comment parler de respect de la nature sans tenir compte de tout ce qui s’y rapporte et sans penser à demain ? Pour Chanel, la biodiversité n’est pas une abstraction. La confrontation à la déforestation à Madagascar, laissant une population démunie et un environnement détruit, est percutante. » Les équipes de Chanel se rendent compte que les ressources naturelles du Ladakh sont en danger comme elles le sont à Madagascar. « Non pas à cause de la déforestation, mais en raison des collectes sauvages et des pâtures non contrôlées. Les plantes font l’ordinaire des yaks et des chèvres tchang-ra, alors que les habitants désertent ces territoires de plus en plus arides. Les médecins amchi, qui allaient pendant des millénaires de village en village pour soigner bénévolement, vieillissent et disparaissent en emportant un savoir qu’ils transmettaient oralement. » Face à cette situation, Chanel a mis en place un projet de préservation de ressources naturelles et de savoir en collaboration avec une ONG locale, la Ladakh Society for Traditional Medicines (LSTM). Il s’agit de bien plus que de la pérennité de la Golden Champaka. Le but fondamental ? Protéger la biodiversité ! Quelque 150 plantes médicinales ont été recensées et un herbier à été créé. Les populations locales sont sensibilisées à la protection de leurs ressources naturelles. Le tout est digitalisé et un étudiant indien s’est vu octroyé un financement pour son doctorat en botanique. Deux sites de conservation in situ et des jardins botaniques ont été mis en place. La médecine amchi est maintenant sous haute protection de Chanel. Fait non négligeable : 50% des premières promotions de médecins amchis sont des femmes. Au bonheur des dames… … ET LE CÔTÉ CHINOIS « Le temps de dire ce que l’on fait est dépassé, il est temps de faire ce que l’on dit » souligne Patrice André* et continue avec passion, « Il est temps de raconter la vérité et de construire avec une ambition forte cet équilibre dynamique entre l’homme et la nature. » Si depuis le début des années ‘90, il a parcouru le monde à la recherche de plantes qui pourraient enrichir la palette des ingrédients efficaces en cosmétiques, il a constaté tout comme Sir David Attenborough, que valoriser le végétal, c’est le protéger. « Les plantes sont l’avenir de l’homme, d’abord bien entendu pour le nourrir, mais également pour ses besoins énergétiques. Le végétal est supérieur à l’homme, il est à même de créer des organismes, ce que l’homme ne sait pas faire. » Il ne s’agit plus d’avoir la nature et les ONG d’un côté et l’industrie de l’au-

tre. Tout au contraire, la nature est au centre des intérêts de tous. Nos intérêts écologiques vont désormais de pair avec les intérêts économiques. Mieux utiliser le végétal et mieux comprendre la nature nous amène à encore mieux valoriser cette dernière. Ce n’est pas l’homme mais le végétal qui est au centre de l’évolution de la planète. Il est donc temps de le respecter. « Je prends l’exemple de la rose satine (Prestige) - une nouvelle variété résistante cultivée aux alentours d’Orléans. Nous l’avons élaborée avec la participation de spécialistes en l’adaptant aux besoins de la cosmétique ce que nous faisons aujourd’hui à Madagascar avec le Longoza. Depuis son identification en 1992, nous avons mis au point une vraie filiale autour de cette plante. Cette culture et des microprêts permettent aux locaux d’engendrer des revenus et d’assurer la constance dans l’approvisionnement des années à venir. Depuis les années ’90, nous avons vraiment planché sur le végétal et nous avons complètement délaissé - à tort parfois - l’animal. Même dans les sérums très prisés pour l’instant, les polymères sont d’origine végétale ». L’ORCHIDÉE IMPÉRIALE Qui dit soin antiâge, pense longévité de la cellule. Afin de percer le mystère de la longévité, Guerlain a cherché pendant plus de dix ans parmi 30 000 sortes d’orchidées. Trois seront sélectionnées, étudiées et analysées en détails afin de livrer leurs secrets. L’Orchidarium Guerlain, une plateforme de recherche, développe l’association unique de l’essence de ces trois fleurs. D’un bout à l’autre de la planète, les agrobiologistes, phytochimistes et biologistes nourrissent une même ambition : expliquer, isoler et favoriser les facteurs de longévité de l’orchidée pour développer au comble de leur qualité et de leur performance, les extraits entrant dans les compositions des soins Orchidée Impériale. On trouve trois pôles. Le jardin expérimental en Suisse soit une vraie serre Guerlain, le Laboratoire fondamental au sein de l’université Louis Pasteur à Strasbourg et la réserve exploratoire de TianZi (graines du ciel en français) en Chine, véritable réserve naturelle. Cette réserve est le pilier de la biodiversité et a été conçue pour préserver et cultiver à très long terme les orchidées sauvages dans leur milieu naturel. Les fleurs y sont cultivées sans engrais ni pesticides par les Bulang, habitants vivant dans les montagnes (1500-2300 m) du Yunnan. « Le projet a permis de protéger un écosystème fragile », précise Frédéric Bonté, Responsable de Communication Scientifique de LVMH Recherche. « Il favorise la prise de conscience par ses habitants de l’intérêt écologique et économique de la région. Il est grand temps que nous aussi nous réalisions que le schéma occidental ne fonctionne plus, que nous sommes tellement nombreux sur la planète que nous en sommes tous responsables. Chaque action positive afin de nous responsabiliser tous est un pas en avant et pas toujours dans le sens du “plus”. » Seules les Vanda Coerulea (les plus résistantes mais également les plus riches en actifs puissants) entreront dans la composition des soins antiâges. La réserve compte actuellement 600 hectares et fait partie d’un écosystème qui renait après de longues années de déforestation. La plantation est située aux côtés d’arbres à orchidées, de lianes, de plantes aromatiques, afin d’attirer les insectes. Ceux-ci jouent un rôle capital dans la pollinisation de la vanda coerulea et dans

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société sa protection face aux maladies susceptibles de l’attaquer. Chaque année plus de 140 espèces végétales sont replantées.

LA ROSE ET LE JASMIN À GRASSE

VOYAGES OLFACTIFS

— Texte : Françoise Donche, Givenchy

« La nature est précieuse, elle est cohérente avec le luxe et la beauté. Elle se fait rare. Plus elle nous manque en milieu urbain, plus nous y aspirons. On la retrouve dans la décoration, dans la recherche de terroirs en cuisine, de fleurs en parfumerie... Il faut donc la préserver. Nous le faisons main dans la main avec des producteurs dans le bassin méditerranéen, par exemple. En Turquie, les producteurs ont décidé de laisser faire la nature pour les roses. Ils les cultivent sans pesticides ni herbicides, en récoltent moins, mais elles sont de grande qualité et avec de fortes variations d’une saison à l’autre. Suite à un mai pluvieux, la récolte 2010 était très verte, avec une facette artichaut cru. Il en va de même pour la fleur d’oranger. Elle est très prisée en Afrique du Nord et appréciée dans la parfumerie anglo-saxonne. Elle peut être très fragile ou très sensuelle et forte. Cette fleur est comme l’olivier, elle a caractère sacré dont la production est très soignée et contrôlée. Depuis les années ’90, nous sommes à l’écoute des mouvances de société avec d’abord l’apparition du flower power, du Zen, de la méditation. La nature reste une source inépuisable d’inspirations mais qu’il faut protéger et la protéger pour l’avenir. C’est aussi notre responsabilité en tant que producteur de produits de luxe. »

François Demachy, parfumeur de la Maison Dior a découvert le Domaine de Manon3, près de Grasse où Carole Biancalana cultive la Rose Centifolia et le Jasmin Grandiflorum (les deux reines de la parfumerie) dans le plus grand respect de la nature. La famille de Carole produit des fleurs depuis plus de trois générations. Son métier et la nature qu’elle côtoie aux rythmes des saisons sont sa passion. Elle privilégie les engrais organiques et contrôle de très près la consommation d’eau. La Rose Centifolia a été implantée en France au XIXe s. Les opulentes roses à cent feuilles ou Roses de Mai sont cueillies tous les jours, livrées et immédiatement transformées. Carole Biancalana conte sa rose avec amour et passion : « Cette fleur est à la fois subtile et miellée, tel un nectar ». La Centifolia a des pieds peu résistants. Quand ils sont fatigués - une plantation a une durée de vie de douze à quinze ans ils sont enlevés et le terrain reste en jachère pendant deux ans avant de procéder ensuite la première année à la plantation du rosier sauvage ou églantier sur lequel sera greffée la deuxième année, la Centifolia. Cette manipulation naturelle permet aux Roses de Mai de fleurir sur un pied plus résistant face aux maladies, aux aléas du climat tout en conservant la même qualité. Le jasmin, originaire d’Inde - plus précisément le Grandiflorum - est cultivé à Grasse depuis le XVIIe s. La cueillette est très matinale, car les fleurs s’épanouissent la nuit à partir de 19h30. Les grands champs verts semblent s’allumer de petites lumières blanches qui fleurissent comme de ravissantes lucioles. Dès potron-minet - à partir de 5h30 il faut les cueillir rapidement. Ce jasmin d’exception fleurit de fin juillet à fin octobre. La durée de vie d’une plantation de jasmin est d’environ quarante ans. Le jasmin est souvent “entêtant”, mais celui du domaine de Manon a des caractéristiques olfactives extraordinaires. « Il est riche, subtil et dégage un parfum sensuel. »

OUESSANT, EN BRETAGNE « Guerlain a déjà une longue histoire avec l’abeille », nous raconte Frédéric Bonté, responsable de la Communication Scientifique de LVMH Recherche. Depuis le début des soins Guerlain, le miel rentre dans les compositions des soins. L’abeille noire d’Ouessant butine pour Guerlain et fournit un miel très particulier, cicatrisant. Dans le milieu médical le miel a retrouvé le chemin des hôpitaux où il est utilisé sur des plaies qui cicatrisent difficilement. « Suite à la mort d’un nombre important d’abeilles à travers le monde (si les reines vivaient cinq ans il y a quelques années, actuellement, elles meurent déjà après deux ans), nous avons imaginé de produire d’abord du miel d’une grande qualité et ceci, dans le temps. Pour se faire, nous avons décidé de réimplanter les ruches en Sologne et de protéger l’abeille noire d’Ouessant, qui n’est pas encore contaminée avec la Varroa, un acarien d’origine asiatique, découvert en France en 1982, s’attaquant non seulement aux abeilles adultes, mais également aux larves et aux nymphes, autrement dit au couvain. Pour nous chercheurs, le commerce équitable commence par penser à long terme, c’est-à-dire plus qu’à nous, aux générations futures ainsi qu’aux plantes et aux animaux. Cela s’applique tout au long de la filière, du producteur au consommateur. » À lire : Irène Frain, “La forêt des 29”, Ed. Michel Lafon, 22,70 euros 1 Les Bishnoïs (ou Vishnoï) - de bish, vingt et noï, neuf dans une forme dialectale du hindî -, sont les membres d'une communauté vishnouïte créée par le guru Jambeshwar Bhagavan, appelé communément Jambaji (1451-1536), surtout présente dans l'État du Rajasthan, majoritairement dans les régions de Jodhpur et de Bîkâner, et dans une moindre mesure dans l’état voisin de l’Haryana en Inde. 2 Le pashmînâ, souvent appelée “l’or en fibre”, est l’un des duvets les plus précieux issu de la chèvre tchang-ra (Capra hircus). 3 Aujourd’hui les productions du domaine de Manon sont exclusives aux Parfums Dior.

*Patrice André à étudié la biologie, l’ethnobotanique, la phytochimie et a développé de nombreux actifs pour les soins DIOR, dont l’Oraposide pour NOAGE, l’Edelweiss pour SNOW, le Longoza de Madagascar pour Capture TOTALE. Dépositaire d’une vingtaine de brevets et cosignataire de nombreuses publications scientifiques et techniques, il continue ses recherches dans les Laboratoires de Saint Jean de Braye pour LVMH qui ont développé des compétences en criblage biologique, phytochimie et extractions. À Saint Jean de Braye, on est capable de transformer le végétal ou une substance issue de la biotechnologie en matière active pour la cosmétologie.

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pêle-mêle Éthiques, Éco ou Bio, les labels qui se soucient de l’humain et de son environnement ont la cote. Exit l’image désuète d’une cible essentiellement post soixante-huitarde : les consommateurs contemporains sont des consomm’acteurs engagés. À la lueur de la nécessaire prise de conscience face aux enjeux sociaux et environnementaux qui se posent aujourd’hui, l’heure est au durable et au responsable.

— Texte : Nathalie Kuborn

Baptisée en hommage à l’opus écologique éponyme de Romain Gary, Les Racines du Ciel est une ligne de mode féminine qui allie philosophie à un style intemporel. Créée pour durer, réalisée dans le cadre du commerce équitable, elle se joue d’une maille bio sous toutes ses formes : cachemire, alpaga, coton, lin et soie. Extra-fines, fluides ou rondes, les matières se portent comme une seconde peau et se déclinent dans des coupes ultra sensuelles. www.les-racines-du-ciel.com

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Qu’on se le dise, Oxfam s’est offert une nouvelle jeunesse. Et nous propose pour cet été une collection de bijoux fantaisie colorée et trendy en tagua. Kesako ? Cet ivoire végétal est fabriqué à partir des noix de palmiers de la forêt amazonienne, sans interférer sur l’écosystème. Grâce aux bénéfices de son commerce, le partenaire d’Oxfam (MCCH) peut mettre en place des campagnes d’alphabétisation. Qui dit mieux ? www.oxfammagasinsdumonde.be

Lelièvre, le célèbre éditeur de tissus d’ameublement, se met au vert : une collection ECO, contemporaine et sobre, mélangeant les laines recyclées. Écologique et respectueuse de l’environnement, elle se décline pour les sièges et rideaux. www.lelievre.eu

Même état d’esprit chez Hadhi à Anvers, qui recherche dans le monde entier des objets à la fois beaux et originaux. Son credo : Fair is Beautiful. En swahili, Hadhi signifie dignité. Un esprit « design » qui séduira tous ceux pour qui la beauté extérieure n’a de sens que si elle se combine avec celle de l’intérieur. 03 759 62 80 – www.hadhi.com

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À Bruxelles, Bamboo - Ethic and the city propose une exploration du commerce équitable chic, nomade ou urbain. Issus de la rencontre entre designers européens et artisans du Sud, tous les articles proposés chez Bamboo ont été soigneusement sélectionnés pour leur valeur humaine ajoutée. 02 347 70 04 – www.bamboo.be

Coup de cœur pour le style Satya, créé par Martine Ernoux. Cette styliste engagée a choisi pour partenaire une organisation en Inde donnant du travail aux habitants des bidonvilles. Tous ses modèles sont confectionnés avec du coton biologique et des teintures végétales. Une collection femmes & enfants écologique et équitable, aussi juste que jolie. www.style-satya.org - ©Hadrien Wilputte

Exit les peintures murales toxiques, dégoulinantes de pétrole. Avec Tassili, les Laboratoires Natura réhabilitent les peintures naturelles : 100% écologiques, à base d’huiles végétales. Et prouvent que l’efficacité est parfaitement compatible avec le respect de notre environnement. 0475 362 759 – www.lesoriginesdelapeinture.com

Pour plus d’informations sur le commerce équitable en Belgique : www.befair.be


voyage

LA BIENNALE DE VENISE KARIN DEBBAUT

Après des études d’Histoire de l’Art et Archéologie à l’Université Libre de Bruxelles, Karin Debbaut passe quelques mois à Rome. Elle y travaille dans une galerie d’art, à deux pas de la mythique Piazza Navona. Ce séjour lui permet d’approfondir sa connaissance de la langue italienne et de développer une véritable passion pour l’Italie. En 1988, elle obtient une bourse d’étude auprès de la prestigieuse "Guggenheim Collection" de Venise. Au cours de la même année, elle commence à guider des voyages culturels dans ce pays si cher à son cœur. De Venise à Palerme, de Turin à Bari, elle invite les participants au voyage à partager son amour de l’Italie et à découvrir des régions parfois méconnues, au plus grand bonheur de tous. Les avis sont unanimes pour la qualifier : passionnante !

Un été sur deux, Venise se branche sur la fréquence de l’art le plus actuel. Des Giardini au dernier recoin de la cité, expositions, installations, projections et performances viennent titiller églises et palais Renaissance, baroques ou classiques. Un contraste saisissant. Version cliché, Venise se résume à une cité romantique, traversée par de nombreux canaux que sillonnent gondoles et vaporetti, une ville centrée autour d’une place encombrée de touristes et de pigeons, dominée par sa basilique, son Palais des Doges ses mythiques hôtels de prestige. Version intime, la Sérénissime se révèle petit à petit, dans son enchevêtrement de ruelles dont chaque recoin réserve une nouvelle surprise, un détail insolite, une œuvre d’art, une leçon d’histoire… Mais pendant la période de la Biennale, fondée en 1895, c’est la création contemporaine, dans ses formes les plus radicales, qui sublime la Cité des Doges. Cette année, sous la direction de la commissaire Bice Curiger, l’exposition centrale s’annonce encore plus éblouissante, sous le titre “ILLUMInations”. Une partie se déroule en partie à l’Arsenal, magnifique entrepôt des chantiers navals de Venise dont la première construction remonte à 1104, et, pour l’autre partie, dans l’ancien pavillon italien des Giardini. Parmi les 82 artistes recrutés, on en compte 32 nés après 1975 et 32 de sexe féminin. Dans les pavillons ou au sein des palais et scuolas vénitiens, 88 pays présenteront une sélection nationale. Pour la première fois, on y découvrira les propositions d’Andore, d’Arabie Saoudite, du Barheïn, du Bengladesh et d’Haïti ! La Belgique présentera un projet signé Angel Vergara. Sous la houlette d’un commissaire-vedette, Luc Tuymans, ce sont les sept péchés capitaux qui s’illustrent sous forme d’un feuilleton dont les épisodes sont fournis par l’actualité de ces derniers mois. On peut dire qu’il y a de la matière. Reste à voir ce qu’en fera l’artiste…

PROGRAMME > Jr 1 29/09 Bruxelles / Venise. Premier aperçu de la ville. / Jr 2 27/09 Visite des

“Giardini” et de l’Arsenal / Jr 3 28/09 Visite de la douane de mer, promenade aux “Zattere” et découverte de la fondation Emilio Vedova. Visite de la collection Peggy Guggenheim. / Jr 4 29/09 Visite de Ca Pesaro. Dîner d’adieu. / Jr 5 30/09 Venise/Bruxelles

POUR TOUTE INFORMATION YC Art et Culture 02 738 74 22 c.lapchin@ycare.be – www.ycare.be RÉSERVEZ DÈS AUJOURD’HUI ET SOYEZ LES QUELQUES PRIVILÉGIÉS QUI PARTICIPERONT À CE VOYAGE INÉDIT.


beauté

LA PERTE Pas très étonnant qu’aujourd’hui 70% des hommes placent les cheveux en tête de leurs préoccupations physiques ! Leur plus grand souci (entre 25 et 34 ans) : la perte des cheveux et la ligne du cheveu qui régresse ! Le front se dégarnit. Presque toujours, la perte des cheveux est due à une trop grande production de dihydrotestostérone ou DHT qui finit par détruire le bulbe pileux. Un choc psychologique, un manque de fer, une glande thyroïde lente, une inflammation du cuir chevelu, des médicaments,… peuvent également être à l’origine de ce type de maux. D’où, parfois chez l’homme une perte de confiance et même une dépression. La solution ? Avant tout : trouver la cause. Elle peut être génétique. Afin de limiter la perte, il faut commencer par une nourriture saine et équilibrée, riche en fer, magnésium, zinc et vitamine E ainsi qu’une hygiène quotidienne qui - tout comme se brosser les dents - inclut le massage du cuir chevelu. Celui-ci devra s’effectuer de préférence avec une préparation à base de minoxyidil (en pharmacie) ou en prenant une noix de shampoing à laquelle on ajoute, juste avant utilisation, une goutte d’huile essentielle de géranium rosat, de gingembre et de l’essence de zeste de mandarine. Convient également, une cure de capsules oléagineuses de rose musquée du Chili (e.a. Pranarôm). Les femmes les prennent comme antirides ; elles freinent également la chute des cheveux et vitalisent le cuir chevelu et les ongles. Une cure de 60 dragées d'Innéov (en pharmacie) donne également de bons résultats.

LA COLORATION

DOC : KÉRASTASE

Le marché de la coloration pour homme à domicile a grandi de 10% en 2010. Comme les hommes souhaitent à tout prix que le résultat soit et reste naturel, ils optent souvent pour l’intervention technique dans un salon de coiffure afin de gommer la couleur sel et poivre et de retrouver “la/sa” couleur qui le rajeunit. Après quelques recherches, il est clair que Redken Men Color Camo est de loin en tête du peloton, quand il s'agit de coloration professionnelle. Celle-ci n’est pas bon marché, mais elle s’applique facilement, prend à peine plus de cinq minutes, s’efface avec le temps (donc pas d’horribles repousses). La couleur est douce, naturelle, proche de la couleur originale.

LA CRINIÈRE DE L'HOMME —

QUELQUES CHIFFRES

Texte : Anya Loonen

- Selon une étude de L’Oréal Professionnel, un homme sur trois utilise des produits de coiffage entre 25 et 34 ans, dont la moitié le fait tous les jours. Ces mêmes hommes utilisent pour 71% du gel contre 20% de la pâte. - 64% des hommes souhaitent des produits qui leur sont adressés. - Les pellicules représentent le premier souci des hommes et 46% recherchent la fraîcheur, la netteté et ensuite la fixation et la texturation sans résidus et non grasse. - Un homme sur deux utilise quotidiennement un shampoing anti-pellicules (même de façon préventive) alors que seule une femme sur trois en emploie. - Les origines des pellicules sont la fatigue, le stress. Suite à la prolifération des pellicules, le cuir chevelu s’irrite, ce qui l’excite et accélère la desquamation de la couche cornée. Le cercle vicieux est établi. - L’homme recherche des produits qui lui sont adressés. Il recherche la sensorialité ainsi que la fraîcheur, c’est pourquoi les parfums citron, menthe, ginseng ont la cote. (d’après : analyses & stratégies 2007 N. Demarty).

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DOC : TIGI

LE SOIN

DOC : TIGI

Bien avant Samson, les Sikhs sont déjà convaincus que la force de l'homme guerrier réside dans sa chevelure. En temps de guerre, elle est considérée comme un trophée. Alors que les Amérindiens prélèvent les scalps sur le crâne de leurs ennemis, les Romains infligent la tonsure aux peuples vaincus.

Un homme sur deux se lave les cheveux chaque jour, il les soigne à l'aide d'un gel pour fixer des cheveux épais et à l’aide d'une pâte pour densifier une chevelure fine. La composition des produits à base d’arginine (afin de stimuler la microcirculation) et de céramides et taurine (afin de les protéger) permet d'obtenir le résultat souhaité, tout en traitant le cheveu, sans entraîner de pellicules, l'autre souci majeur d’un homme sur deux.


LACAMBRE

MODE S

SHOW11

3+4JUIN HALLESDESCHAERBEEK

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DESIGN: MPOINTPRODUCTION.BE

TICKETS 070 252020 - WWW.SHERPA.BE - WWW.LACAMBRE.BE

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gastronomie

Ventre Saint Gris

La clientèle business passe moins de temps à table, boit peu et tient à manger mieux. Elle distingue le “déjeuner d’affaires” du “business lunch”. Malgré les restrictions, elle cherche toujours à associer plaisir et affaires lorsqu’elle est à table. Nos conseils pour un déjeuner d’affaires réussi et nos meilleures adresses.

— Texte : René Sépul Photos : Cici Olsson

BUSINESS LUNCH OU Si vous interrogez un aîné sur l’évolution du déjeuner d’affaires, vous serez étonné d’entendre à quel point les habitudes ont évolué. Il y a 25 ans, un patron d’entreprises invitait son client dans un restaurant luxueux pour une expérience rare. Grands plats et grands crus s’enchaînaient avant que l’argumentaire ne soit porté entre deux digestifs et que sorte avec le café un contrat rédigé à l’avance. Quinze ans plus tard, le restaurant était moins luxueux, l’addition moins lourde, mais l’habitude n’avait pas encore renoncé aux penchants gourmands. La bouteille de vin accompagnait toujours un menu 3 services tournant autour des 1.200 F.B. (30€), voire des 1.500 F.B. (37,50€).

En face de Parachute

Aujourd’hui, on ne va plus en déjeuner d’affaires pour y signer quoi que ce soit, mais plutôt dans l’objectif de fidéliser ou de gratifier sa clientèle. Les critères dans le choix du restaurant sont la rapidité, l’efficacité, la tranquillité ainsi que le rapport qualité prix. La crise a entraîné une réduction des budgets, mais au-delà de l’aspect financier, la clientèle business tient surtout à passer moins de temps à table, à moins boire et à manger mieux. Le développement des petits-déjeuners d’affaires est une autre tendance, mais ceux-ci remplacent plutôt la réunion de travail. La quasi-disparition de la référence au luxe voudrait-elle dire qu’un déjeuner d’affaires ne peut s’apprécier au “Comme chez Soi” ou au “Seagrill” ? Pas vraiment, car certaines maisons de standing se sont adaptées à la demande en proposant un lunch accessible ou en associant au restaurant gastronomique une formule brasserie chic comme le “Dyptique de la Villa Lorraine” ou le “Yù (Me)” d’Yves Mattagne. Plus convaincant, le “Comme chez Soi” propose une formule lunch entrée, plat, dessert à 55 €. Effort louable, même si je suis dubitatif sur l’intérêt de vivre l’expérience du talent d’un chef comme Lionel Rigolet au pas de course.

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Business Lunch Bruxelles: Top Essentielle EN FACE DE PARACHUTE

Chaussée de Waterloo, 578 à 1050 Bruxelles. T. 02 346 47 41. Tous les midis de la semaine, sauf le lundi, de 12h à 14h30. Lunch à 13,80€ avec un verre de vin. Parking difficile.

LA MAISON DU LUXEMBOURG CO2

BUSINESS LUNCH ET DÉJEUNER D’AFFAIRES Jehan de Thier, avocat, distingue d’ailleurs le “business lunch” du “déjeuner d’affaires”. « J’irai au “Comme chez Soi” pour remercier un client ou entretenir une relation d’affaires. Dans ce cas, la notion du plaisir gastronomique est primordiale. Je cherche alors à partager avec mon client un bon moment. Je pourrais également me rendre chez “Vini Divini”, où je sais que je vais vivre une expérience inoubliable, même si le cadre de ce restaurant est impossible pour discuter affaires. Peu importe ! Par contre, pour un business lunch, j’irais plutôt chez “Alexandre” où je sais que je pourrais orienter le repas sur un dossier. La formule lunch me coûte alors autour des 25 € par personne. La qualité doit être évidemment au rendez-vous dans l’assiette, mais cela est secondaire : il m’arrive certains soirs de ne plus trop me souvenir de ce que j’ai mangé le midi. »

Rue du Luxembourg, 37 à 1000 Bruxelles. Tous les midis de la semaine, de 12h à 14h30. T. 02 511 00 49. Lunch du marché : 25€, 3 services. Parking aisé Gare Bruxelles Luxembourg.

HENRI Rue de Flandre, 113 à 1000 Bruxelles. Tous les midis, sauf le lundi, de 12h à 14h30. T. 02 218 00 08. Lunch à 12€, café compris. Parking à 100 m.

ORPHYSE CHAUSSETTE Voir Tables Essentielle. Parking aisé, Palais de Justice.

DÉJEUNER D’AFFAIRES La question du lien à entretenir avec le client est essentielle. « Qu’attend-t-on d’un business lunch ? », réagit Claude Fickers, administrateur de la S.A. Novasol. « Mes attentes varient d’une situation à l’autre. Si je dois manger seul, je vais dans une adresse que je connais, “My-Tai”, à deux pas de mon bureau. C’est ma cantine. Je sais que j’y mange vite et bien pour 12€50. Cela me suffit ! Avec un client, je choisis le restaurant en fonction des situations. Certains clients sont devenus des copains avec qui je tiens à passer du bon temps. Dans ce cas, je vais dans une belle maison où je peux rester plusieurs heures. Peu importe le budget qui est supérieur à ce que je pouvais me permettre, il y a dix ans, car ma société a grandi. » Travaillant dans différents pays, l’homme d’affaires relève que l’appréciation d’un business lunch varie d’un pays à l’autre. « C’est une question de culture. En Allemagne, un repas d’affaires peut se résumer à prendre un hot dog au bord de l’autoroute. Pour un Italien, il est incontournable de ne pas passer par un restaurant pour évoquer un contrat. En Chine, au restaurant, vous parlez de tout sauf des affaires, mais si cela se passe bien, il ne reste plus qu’à signer les contrats le lendemain. En Belgique, je pense que malgré l’évolution l’idée de passer du bon temps à table reste une exigence. »

CLAIR SUR L’OBJET DE LA RENCONTRE « Il faut être clair sur l’objet de la rencontre », pointe un lobbyiste qui distingue le budget du patron de celui du cadre. « Dans mon cas (cadre), le budget a baissé si je compare à la période d’avant la crise de 2008. On reste sur les mêmes prix au niveau de l’addition (+/- 25 € sans le café et les vins), mais les repas sont moins fréquents. L’alcool a quasi disparu, sauf le vendredi. On va à l’essentiel ! La relation varie également entre client connu et celui que l’on découvre. Dans le premier cas, on peut pêcher quelques informations sur le milieu, les confrères ou la concurrence. Dans le second, on cherche plutôt à élargir son champ

LA MEILLEURE JEUNESSE

Rue de l’Aurore, 58 à 1000 Bruxelles. T. 02 640 23 94. Tous les midis de la semaine. De 12h à 14h30. Lunch, entrée et plat, à 14€. Parking moyennement aisé dans le quartier.

BON BON Avenue de Tervueren, 453 à 1150 Bruxelles (à partir du 19 avril). T. 02 346 66 15. Déjeuner d’affaires à 40€. Tous les midis de la semaine. Parking aisé.

LES LARMES DU TIGRE La Meilleur Jeunesse

Rue de Wynants, 21 à 1000 Bruxelles. Ouvert tous les midis de la semaine, sauf le lundi. T. 02 512 18 77. Lunch 3 services à 13€, sauf le mardi, charrette noddles soup à 14€. Parking à 5 minutes (Palais de Justice).

PER BACCO Rue de l’Enseignement 31, à 1000 Bruxelles. Ouvert les midis de 12h00 à 15h00. T. 02 217 00 17. Pas de lunch, mais des plats à partir de 12€. Parking difficile.

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gastronomie Business Lunch Bruxelles: Top Essentielle (suite) LE MONDE EST PETIT Rue des Bataves 65, à 1040 Bruxelles. Ouvert tous les midis de la semaine. T. 02 732 44 34. Lunch, entrée et plat à 18€. Parking pas le plus simple.

LE FRUIT DÉFENDU Rue Tenbosch 108, à 1050 Bruxelles. Ouvert tous les midis de la semaine. T. 02 347 42 47. Lunch à 10€. Parking difficile.

NOTOS Rue de Livourne 154, à 1000 Bruxelles. Ouvert tous les midis de la semaine. T. 02 513 29 59. Lunch à 19€, entrée et plat. Parking difficile.

LE VENTRE SAINT GRIS Rue Basse, 10, à 1180 Bruxelles. Ouvert tous les midis de la semaine. T. 02 375 27 55. Lunch 2 services à 15€. Parking aisé.

LE GRILL AUX HERBES Chaussée de Bruxelles, 21, à 1780 Wemmel. Ouvert tous les midis de la semaine. T. 02 460 52 32. Déjeuner d’affaires à +/- 60€. Parking facile.

CO2 Rue du Page, 46, à 1050 Bruxelles. Ouvert tous les jours de la semaine, dès 8h00 T. 02 537 80 47. Lunch à 13,50€. Parking difficile, sauf en soirée, sur place.

SENZA NOME Rue Royale Sainte Marie, 22, à 1030 Bruxelles. Ouvert tous les midis de la semaine. T. 02 223 16 17. Déjeuner d’affaires à +/- 60€ à la carte, réglé en une heure. Parking privé.

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La Meilleur Jeunesse

professionnel. » « C’est du donnant-donnant » relève un de ses confrères. « L’objectif est d’entretenir de bonnes relations, de cultiver un réseau et d’identifier d’éventuelles opportunités mais aussi de recueillir un maximum d’informations sur la perception de nos prestations. » Connaître le restaurant comme le client est primordial. Renseignez-vous sur les habitudes de votre hôte ! Qui sait s’il n’est pas végétarien ? Méfiez-vous des restaurants indiens ou sud américains à la cuisine typée ou épicée ! Les restaurants thaïlandais, chinois ou vietnamiens ont leurs adeptes, mais prenez soin de vérifier si votre hôte aime cette cuisine épicée. Les Japonais sont tendance, mais soyez certain, que votre hôte apprécie le poisson cru. Quant à l’importance de se renseigner sur les tolérances de votre invité, rares sont ceux qui dépasseront l’auteur de ses lignes pour son manque de subtilité. J’ai en effet réussi le tour de force d’inviter il y a quelques années un artiste au “Café des Spores”. L’endroit était parfait pour la rencontre… sauf que l’artiste en question était allergique aux champignons. Par politesse, il termina ses assiettes sans me dire un mot de son problème pour se retrouver au lit le reste de la semaine, y laissant ses tripes. La tranquillité est évidemment souhaitée, mais pas le vide. Évitez les endroits où l’attente est plus réputée que la qualité de l’assiette. Le repas peut durer, mais c’est au client à le décider ! Évitez les lieux où les serveurs et serveuses vous la jouent trop proches, envahissant l’univers de la table, voire intervenant dans la discussion. Les ambiances trop nonchalantes et les salles bondées voire bruyantes sont également malvenues. Par efficacité, les restaurants choisis accepteront les cartes de crédit. Réservez une table que vous connaissez ! Essayez d’arriver en même temps que votre hôte, pari délicat, que vous contournerez en l’attendant à l’intérieur après avoir prévenu le maître d’hôtel. Dans les premiers instants, comme lors de tout rendez-vous professionnel, vous devez accompagner la personne plutôt que l’impressionner par vos connaissances. Jouez-la modeste et n’oubliez pas qu’une table n’est pas un lieu pour une négociation âpre. Coupez votre téléphone ou positionnez-le au minimum en mode silencieux : rien de pire qu’un invité ne se sente négligé.

Notos


tables essentielles Aux premiers jours de printemps, les tables Essentielles sont celles où l’audace, la fraîcheur et la convivialité se rencontrent.

— Texte : René Sépul Photos : Cici Olsson

ORPHYSE CHAUSSETTE Il y a dix ans que Philippe Renoux a ouvert ce bistrot gastronomique dont le nom, “Orphyse Chaussette”, est un hommage à une aïeule et à ses racines. Associant simplicité dans le service, ambiance détendue, cuisine précise et produits de saison, la formule était à l’époque plutôt nouvelle. Son tartare de thon, mélange d’embruns et d’acidité, fut l’un des premiers tartares de poisson de la capitale. Alors que ce plat fait sa réputation, le chef l’abandonne quand il comprend les menaces sur l’espèce, remplaçant le thon par le maquereau de ligne, plus fréquent. Proche du mouvement Slow Food, l’artiste a depuis assuré sa réputation avec une cuisine riche en émotions, mettant en avant les produits de la Méditerranée et de différents terroirs de France. Ses créations suivent les saisons. Parmi ses perles, un risotto aux langoustines, son filet de turbot en papillote de pommes de terre aux cèpes ou ses tagliatelles au prosecco, citron jaune et parmesan. Parfaite tête de mule, Philippe est capable de vous retourner les sens comme peu savent faire quand il tient la forme. Une des plus belles cartes de vins de la ville, très pointue sur le Rhône et le Languedoc.

5, rue Charles Hanssens, - 1000 Bruxelles. - T. 02 502 75 81 Fermé : dimanche, lundi et jours fériés. Parking facile, Palais de justice.

KAMO

BOUCHÉRY

Passé six ans par le “Tagawa”, Tomoyasu Kamo a fait de son minuscule restaurant une des tables courues de Bruxelles jusqu’à lui offrir une étoile. Succès mérité ? Totalement pour le talent du chef, mais discutable pour le confort. Moins cher que le “Samouraï” (quoique… ), plus sympathique que le Nonbe Daigaku, la cuisine y est d’une rare précision, tout en finesse et en légèreté, joliment mariée avec quelques fines propositions vinicoles. On le sait, la cuisine japonaise est affaire de soustractions, histoire de ne laisser au mangeur que l’essentiel : un goût, une texture, un parfum… C’est caressé, léché, pointu et souvent surprenant. Vivant à deux pas, j’y vais régulièrement le midi où l’on y propose un lunch plateau d’anthologie (12,50 €) servi avec du thé vert. En fait, j’y allais… car depuis l’étoile, eh bien il faut se lever tôt pour y décrocher une table ! Le soir, c’est plus cher, et tout aussi rempli. Il y a les attendus sashimi, maki et sushi (38,50 € les 12), très bons, très frais, mais il faut plutôt parier sur la carte que le menu 6 services, un rien répétitif. Informez-vous de ce que ce chef, très honnête dans sa démarche, propose. Sa carte change souvent. J’aime beaucoup son approche du saumon, une gageure de nos jours, ses fleurs de courgettes fourrées aux crevettes, passées en tempura, et quelques plats régulièrement à la carte comme un teriyaki de poulet fermier sauce soja, avec pignon et noix d’acajou (18€) ou le cabillaud frit au Nanbam, sauce aigre douce et tartare maison (18€).

Dans un des plus beaux cadres de la ville, un couple charmant engagé dans le pari délicat de faire revivre une adresse naguère réputée, “Le Pain et le Vin”, mais tombée dans l’oubli. Après des débuts hésitants et l’attitude d’un sommelier réputé, mais hautain, la maison commence à prendre ses marques. Damien, en cuisine, et Bénédicte, en salle, proposent des assiettes à compter parmi les plus élégantes de la ville. C’est raffiné, créatif, audacieux, tout en contrastes, mais manque peut-être un rien de chaleur. J’y ai très bien mangé, même si la maison ne fait pas l’unanimité, ce qui n’est pas en soi un mauvais signe. Le principal reproche tient à la touche très, trop technique du chef. Je ne le partage pas, mais le comprends. Saluons l’audace ; plus le chef ira vers l’épure dans ses combinaisons subtiles, plus il séduira. “Bouchéry” reste franchement une des belles nouvelles des derniers mois ! Depuis le début du mois d'avril, un homard breton, jus de carapace légèrement gélifié, crémeux de chouxfleur et cardamine hirsuta et une Joue braisée et mignon rosé de veau de Corrèze, radis vert et morilles au lierre terrestre, à la carte du menu Tentation (65€ ), séduisent les palais les plus difficiles. Avec le printemps qui s’annonce et la terrasse qui se met en place, on devrait s’y perdre plus d’une fois.

Avenue des saisons, 123, - 1050 Ixelles. - T. : 02.648.78.48. Fermé : dimanche et samedi midi. Parking difficile.

Chaussée d’Alsemberg, 812 A - 1180 Bruxelles. - T. 02 332 37 74 Fermé : samedi midi, dimanche et lundi. Parking au 842, en soirée. Lunch le midi pour 19 €.

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montres MYTHIQUE sur le marché de la montre de collection, le Stainless Steel Paul Newman Rolex Cosmograph Daytona (de 1969) est sans doute la montre la plus difficile à dénicher www.rolex.com

EN ÉDITION LIMITÉE le Master Compressor Extreme Chronograph de JaegerLeCoultre en or rose www.jaeger-lecoultre.com

ASSURÉMENT MASCULIN le Chrono Luminor 1959 Monopulsante en titane de Panerai, avec 8 jours de réserve de marche www.panerai.com

À LA

SECONDE PRÈS ! La vogue pour les chronos se confirme. Plus il y a d’aiguilles, plus il y a de compteurs et de fonctions, plus les chronomaniaques sont contents. Pour eux rien n’est trop technique, mais tout peut le devenir. De quoi réveiller le petit mécano qui sommeille en chaque garçon.

— Texte : Raoul Buyle

PUNCHY créé en collaboration avec l’ex-gouverneur de Californie, le chrono Royal Oak Offshore Arnold Schwarzenegger The Legacy est un chef-d’œuvre de virilité triomphante www.audemarspiguet.com

BREITLING 100% CHRONOMÈTRE Impossible de parler de chronographe sans évoquer Breitling. De la naissance de l’aviation à la conquête de l’espace, en passant par le “jet age”, Breitling ne cesse d’être présent dans l’aventure des pionniers du ciel en mettant au point de nouvelles techniques. Un exploit doublé d’une exclusivité: Breitling est la seule marque à soumettre 100% de ses mouvements au verdict du COSC (Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres). Une asbl indépendante qui teste les mouvements chronographes avant de délivrer, un à un, le convoité certificat de marche… dont bénéficient seulement 3% de l’ensemble des chronos suisses. MULTIFONCTION Le Chronospace de Breitling a sa place dans tous les cockpits et se distingue par un design novateur avec lunette en étoile www.breitling.com

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Ingénieuse invention des temps modernes, le chronographe mesure les progrès de l’homme depuis presque deux siècles. Une montre de haute précision munie d’un affichage de la seconde, qui enregistre les durées au cours de l’observation. Il s’agit aujourd’hui de la complication horlogère la plus appréciée, à la fois technique et très portable. Attention à ne pas confondre un “chronographe” avec un “chronomètre”, qui est un label, une certification, obtenu par un instrument horaire précis. Si un chronomètre peut être un chronographe, le contraire n’est pas obligatoirement le cas. Outre leur performance sportive, les chronographes sont aussi de vrais “mondains”. JaegerLeCoultre et Rolex s’appuient sur un design reconnaissable pour refléter une personnalité dynamique. Cartier et Piaget logent leurs mécanismes dans des boîtiers aux lignes joaillières leur offrant l’opportunité d’être portés avec un smoking. Quant à Audemars-Piguet, Blancpain, Breguet et IWC, ils proposent à l’esthète une plongée aux limites de la mécanique la plus élaborée.

POUR LES DANDYS SPORTIFS IWC propose le Portofino Chronographe avec affichages et éléments de commande parfaitement intégrés www.iwc.com


HOMME SWEET HOME !

déco

CHIC ET PAS CHER banquette et/ou banc public réalisé à partir de tuyaux de protection industriels en PVC par le designer belge Sebastien Wierinck (On Site Studio). Fallait y penser ! www.os00.com

Il était le roi, le coq dans sa basse-cour, le petit dieu à sa maman. Il ne l'est plus, dépassé par les événements. Même chez lui, le design pur et dur, longtemps réputé macho, a perdu du poil aux pattes. Et si, tout simplement, l'homme était une femme comme les autres ?

— Texte : Raoul Buyle La mode est aux créateurs, majoritairement mâles. On les réclame pour tout, des grandes réhabilitations et autres ravalements de façade, au dessin des objets quotidiens. Les préceptes virils des années précédentes, ergonomie, fonction, rentabilité, semblent pourtant nous plonger avec jubilation dans un (nouveau) monde tout en rondeur matricielle, en générosité et en sens pratique, à la limite de la féminité. Place aux arrondis rigolos, aux matériaux de synthèse et aux couleurs boostées à la vitamine C, à l’instar du très prolifique Philippe Starck qui n'a pourtant rien d'une chochotte, mais a fait de la technique un élément de représentation et du spectacle une performance technique. Si le temps des créateurs au masculin a donné naissance à de brillantes individualités, il n'a pas créé d’écoles, de courants, de mouvements, au risque de voir revenir le repliement, la redécouverte des vieilles recettes du conservatisme. Aujourd'hui, le recyclage, l’écologie, une meilleure gestion des déchets deviennent - à juste raison - la préoccupation dominante. Après les années d’euphorie, on expose les rebuts de la fête, on jette les cendriers. L'année 2011 apportera-t-elle un remède à cette gueule de bois ?

LUDIQUE depuis que le design est (re)tombé en enfance, une nouvelle génération d’artistes s’en donne à cœur joie, dont le très médiatique (et hors de prix !) Jeff Koons et son “Balloon Dog” en porcelaine bleu miroir. www.jeffkoons.com

LAURÉATE DU GOOD DESIGN AWARD 2010 conçue par Philippe Starck, la chaise “Masters” s'annonce comme le futur best-seller de la marque Kartell, et existe en plusieurs couleurs. www.kartell.com

INDÉMODABLE CLASSIQUE les célébrissimes fauteuil LC2 et canapé LC3, créés par Le Corbusier en 1964, ont été revus et corrigés par Cassina, et rendus plus moelleux et plus colorés (collection Cassina I Maestri) www.cassina.com

MODERNES À VIE véritables icônes des années ’70, les cactus en plastique de Drocco et Mello (1972) ont été réédités par la société Gufram en noir, rouge, blanc et vert gazon. www.gufram.com

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automobile LA PALME DE LA FIABILITÉ

UNE ITALIENNE TRÈS FRÉQUENTABLE

Une Porsche, c’est du solide : utilisable au quotidien, ce véhicule reste un mètre-étalon en matière de sportive.

Toutes les Ferrari n’ont pas une réputation également flatteuse. La toute dernière 458 Italia ne s’attire néanmoins que des éloges.

Avouons-le : ce mois-ci, nous allons frôler les limites du journalistiquement correct ! Vitesse, puissance, machisme, bref tout ce qui est susceptible de donner des boutons d’urticaire aux culs-bénis bien pensants, aux empêcheurs de rouler le dimanche, aux égéries de l’égalité des chances (de se parquer correctement ?) et autres pères Laprudence. L’occasion est trop belle, plaidons donc coupable. On la boucle : contact, c’est parti !

VOITURE SIMON !

EN

Texte : Bruno Godaert

VIRILES, PAS STÉRILES !

PAS SEULEMENT POUR PLAY-BOYS

Pas question de le nier : le marché propose bel et bien des voitures destinées « aux hommes », construites pour le pur plaisir égoïste du pilote, au volant desquelles l’interactivité entre celui-ci et sa machine est totale, tandis que les notions de confort, de sobriété et d’écologie sont reléguées à l’arrière plan. Onéreux jouets pour grands enfants, ces engins stériles se croisent de moins en moins souvent dans nos contrées et n’entrent pas, à nos yeux, dans le cadre de notre thème mensuel. À la différence des autos qui offrent à leur possesseur un petit quelque chose en plus qui les éloignent du pur objet utilitaire et font de chaque déplacement un moment attendu avec impatience et non passivement subi. On les retrouve comme une compagne, voire une complice sur chaque trajet aussi rébarbatif soit-il. Elles ont - parfois - un petit côté m’as-tu-vu qui dépend cependant essentiellement de l’usage erroné qu’en font certains de leurs propriétaires. Mais les autres, les purs, ceux qui les méritent bien, savent pourquoi… ils les adoptent !

En pleine ascension dans sa carrière ou arrivé à maturité, il est fréquent que l’homme (plus souvent que la femme, sans nul doute) songe à se faire plaisir. La voiture de sport figure souvent parmi ses options. Nombreuses seront les objections de son entourage : ça sert à quoi, on ne pourra pas emmener ma mère (justement !), tu vas te tuer au volant, te faire car-jacker, et de toute manière, on ne peut pas dépasser le 120 ! Oh… doucement ! D’abord, Mesdames, ce n’est pas joli-joli de faire sa jalouse. Ensuite, tout compte fait, cela n’est pas pire que jouer au Casino. Tant qu’à voir votre moitié entretenir une maîtresse, autant qu’il la rentre tous les soirs au garage, non ? De plus : c’est un investissement. Parfaitement. Le tout est de bien choisir. L’achat, c’est une chose, l’entretien c’en est une autre. Le piège c’est parfois d’acheter une marque de prestige d’occase… sans connaître son pédigree. Le neuf c’est plus cher, mais plus sûr. La majorité des constructeurs l’ont bien compris, une auto c’est fait pour rouler et il n’est pire contre-publicité qu’un modèle de luxe à l’arrière d’une dépanneuse ! Bonne nouvelle : en 2011, on peut quasi faire son choix les yeux fermés en se fiant simplement à son envie, son instinct, son rêve de toujours… Une Jaguar ? Cédé par Ford à … Tata (défense de rire) le félin est en passe de retrouver toute sa splendeur. Il est même au meilleur de sa forme, puisqu’au Salon de Genève qui vient de fermer ses portes, a été présentée une XKR-S, de 542 ch.… la plus puissante des Jag’ à ce jour.

PASSE-PARTOUT, C’EST PRATIQUE

UNE 4 X 4 QUI NE FRIME PAS Les Land et les Range Rover sont à l’aise sur tous les terrains et très en vogue à la Cour d’Angleterre.

LE FÉLIN REPREND DU POIL DE LA BÊTE Depuis que Ford a cédé Jaguar à un constructeur indien, la marque reprend espoir et les nouveaux modèles arrivent…

C’EST L’EFFET PAPILLON ! Pas moyen de passer inaperçu en entrant ou en sortant de la Mercedes SLS AMG !

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Commençons par les 4 x 4, tellement décriés. Un Hummer en ville, c’est ridicule ! Mais pour l’avoir conduit sur des pistes invraisemblables et avoir escaladé des pentes rocheuses sur lesquelles on ne s’aventurerait pas à pied, nous ne pouvons avoir qu’une profonde admiration pour ses concepteurs. Tout est question d’environnement. Un Land Rover Defender pur et dur à la campagne se justifie pleinement. La reine d’Angleterre elle-même en est une farouche utilisatrice sur ses terres en Écosse. Chez nous, un Range Rover combine le meilleur des deux mondes : celui de la nature hostile et celui des endroits huppés où il peut côtoyer sans risque les luxueuses berlines allemandes. Et les tirer d’embarras lorsqu’elles s’embourbent dans une prairie spongieuse ! L’électronique embarquée compense même la plupart des maladresses que peuvent commettre ceux qui s’aventurent hors des terrains praticables sans formation préalable : l’auto qui vous évite la honte, ça aussi c’est appréciable.

AND THE WINNER IS... Une Ferrari ? La 458 Italia - un V8 de 4491 cm³, 570 chevaux, 325 km/h en pointe - est, de l’avis de tous ceux qui ont eu le privilège de l’essayer une des meilleures de l’écurie italienne. Mieux encore : elle a été conçue en vue d’une utilisation quotidienne intense. Il va s’agir d’en profiter car jusqu’à quand aura-t-on l’autorisation d’utiliser sur route pareil bolide ? Une Mercedes ? Les premières SLS AMG ont été livrées. Avec des “portes papillon” comme la 300 SL originale, de 1954. Mais - quitte à enfreindre toutes les règles de neutralité, allons-y - à nos yeux, celle qui mérite la première place sur le podium des “voitures pour homme” reste incontestablement une Porsche. Cayman, 911 ou même Panamera (oui… on a droit à quatre places) on peut hésiter sur le modèle, mais l’achat du maître, aujourd’hui encore, c’est bien celui-là !


ÎLES GRECQUES MERVEILLES DE LA MER EGÉE

Du 16 au 23 septembre 2011, La Libre Essentielle vous convie au pays des dieux de l’Olympe, où la légende rivalise avec l’histoire, le bleu du ciel avec celui de la mer et où chaque escale est un pèlerinage aux sources du monde. C’est à bord du Levant 4* que la Libre Essentielle vous invite à découvrir les merveilles de la Mer Égée, guirlande d’archipels mythiques et ses inépuisables trésors… Dans l'héritage des croisières de la Compagnie du Ponant, le Levant élégant navire à l’atmosphère chaleureuse et intimiste vous accueille pour une croisière unique. Confort douillet, gastronomie fidèle à la tradition française et service sans égal, sont ses atouts majeurs. En escale, vous découvrirez Limnos, île du dieu Héphaïstos; Chios, berceau des récits d’Homère; l’île sacrée de Patmos; Delos, l’île d’Apollon; Mykonos éblouissante de blancheur et fleurie de bougainvilliers. Au cœur des Cyclades, Paros, Naxos et sa ville médiévale pittoresque; Santorin, une beauté volcanique au charme intemporel. Rendez-vous en septembre sur la Mer Egée, à bord du Levant 4*, pour une expérience inoubliable !

PROGRAMME > Jour 1_Bruxelles/Istanbul / Jour 2_Limnos / Jour 3_Chios / Jour 4_Patmos / Jour 5_Delos et Mykonos / Jour 6_Paros et Naxos / Jour 7_Santorin / Jour 8_Athènes/Bruxelles POUR TOUTE INFORMATION YCARE Art et Culture – 02 738 74 22 info@ycare.be – www.ycare.be RÉSERVEZ DÈS AUJOURD’HUI ET SOYEZ LES QUELQUES PRIVILÉGIÉS QUI PARTICIPERONT À CE VOYAGE INÉDIT.


voyage

Le Fairmont Hote

stars Depuis son ouverture, Le Fairmont Banff Springs, hôtel lové au cœur des rocheuses canadiennes, attire les célébrités du monde entier et les stars d’Hollywood. Découverte d’un mythe cosy hors du temps. — Texte : Emmanuelle Jowa - Photos : Dusko Stajic

« Michael Douglas raffole de l'endroit, c'est un homme adorable », commente Lori Cote, directrice régionale des hôtels Fairmont de la région. Nous sommes dans l'Alberta, au cœur des Rocheuses. Visite du Fairmont Banff Springs, un hôtel magistral aux allures de château européen, un temple du luxe et du confort dont les Américains du Nord ont le secret. Le Parc national de Banff est classé au Patrimoine mondial de l'Unesco. On y skie, grimpe ou marche dans une nature plus pure qu'en rêve. Sous la neige, un golf géant. Et tout devant, en fond imposant, le Banff Springs - sombre et un rien biscornu. Calqué sur le modèle d'un énorme manoir écossais, on a parfois prétendu l'hôtel hanté, peut-être par l'âme des stars qui y ont séjourné.

UN CADRE PARADOXAL Idéalement situé entre les trois principales stations de ski de la région (Lake Louise, Sunshine Village et Norquay), à 130 kilomètres de Calgary, l'hôtel est simplement royal. Dans tous les sens du terme puisqu'il a régulièrement

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hébergé des têtes couronnées. Plafonds vertigineux, escaliers de pierre, éclairages aux candélabres, roulements de tapis et de tambours dans la salle d'armes, meubles inspirés des demeures seigneuriales, chaises longues en cuir ou en tapisserie, salons en cascade, feux de bois dans une ribambelle d'âtres, couloirs interminables et assoupis qui ressemblent tous à des décors de film, sans oublier la vue, belle à 360° : un conte de fées avec sa jolie dose de frissons. Car malgré son cadre apaisant, l'hôtel grandiloquent peut aussi donner une douce chair de poule : dans l'ampleur du navire, on a des réminiscences de The Shining (tourné au Colorado), avec Jack Nicholson cloîtré dans sa chambre, attelé à sa machine à écrire endiablée, avec son fils errant à toute allure dans les couloirs déserts.

SELECT ONLY Au cinquième étage, Lori Cote nous donne accès, exceptionnellement, à une suite simplement royale. Pas la plus belle du bâtiment, mais celle qui hébergea Elizabeth II et son époux. Avant elle, la Reine-mère en personne. Une opulence étouffée. Dominantes british de beige, bordeaux, vert bouteille. Des coussins en tapisserie marine et or, aux armes royales. « C'est la “Vice Regal suite”. Dans le boudoir, des photos de la Queen Mum, la Reine qu'on voit dans “The King's Speech” », précise encore notre hôtesse, en cas de confusion, lors d'une visite en 1939 en chemin de fer. Du salon, on a une vue plongeante sur le golf, encore couvert de neige en ce presque printemps. A l'Est, la Spray Valley, à l'Ouest la Bow River Valley. Au milieu, le court de vingt-sept trous. « Il n'est pas rare de voire traverser ici un grizzly », assure encore la directrice de l'établissement qui nous guide à pas feutrés. Avec cette retenue toute british


el : chouchou des Springs. C'est dans ce cadre que John Vachon, photographe au magazine Look, a pu prendre près de deux cents clichés d'elle, révélés pour certains tout récemment. Dans la “pièce aux photos” de l'hôtel, on voit la belle la cheville bandée, en jupe à mi-mollet laissant entrevoir le bandage blanc. Elle est penchée sur son stick de golf, tandis qu'en fond, son entourage, discrètement planqué dans la verdure, retient son souffle. Au Banff Springs, pas de piste d'hélicoptère.

UN DÉCOR DE RÊVE Les hôtes arrivent via Calgary Airport ou encore Canmore, la station toute proche où se pratique notamment le ski de fond. Créée pour les JO de 88, Canmore a fourni le décor de films comme “Legends of the Fall”, avec Brad Pitt et Anthony Hopkins, “Snow Dogs” ou encore “Brokeback Mountain”. Lori Cote nous emmène dans la 561, seule chambre libre au coeur de l'hiver. « La haute saison pourtant, c'est plutôt l'été », assure-t-elle. Le plus grand des hôtels Fairmont au Canada se trouve à Toronto. Il comprend 1100 chambres. Celui-ci 768 seulement... En plein février, il affiche déjà complet. La 561 est une suite junior tout confort, mais sans le moindre détail ostentatoire. Du bon sens voluptueux, avec vue sur le dôme enneigé qui surplombe les bassins d'eau minérale. Un spa pointu, deux piscines d'eau salée, un salon de coiffure géant, un centre de congrès fraîchement rénové de plus de 7000 mètres carrés, et bien sûr cette situation à damner un saint, au cœur d'un Parc historique, complètent le tableau.

VILLAGE PITTORESQUE ET NATURE RESPECTÉE Contraste au lustre évoqué, étonnant mais terriblement américain en même temps : cette boulangerie-épicerie boisée, hype et chaleureuse sise au rez-dechaussée et ouverte jusqu'aux petites heures. Et, en toile de fond, cette ambiance de nord-ouest haletant : métissage de cultures anglo-saxonnes et germaniques, le tout teinté de couleurs locales. Nous sommes à quelques minutes à pied du village de Banff où se succèdent, alignées comme dans un vrai village du Far-West, les boutiques de souvenirs tenus par des Asiatiques. Objets amérindiens et restos-grills “Stampede” du plus haut kitsch y côtoient les boutiques de sport créatives et haut de gamme. « Le service est meilleur encore ici qu'aux Etats-Unis », nous signale Kyle, un Américain de Miami, grand amateur de ski. « Skier sur trois montagnes qui sont inscrites au Patrimoine mondial de l’Unesco? Fierté, non, c’est bien plus que cela. », martèlent les autorités locales. Le Parc national de Banff, premier parc naturel du Canada et troisième au monde, accueille d'ailleurs dans son environnement protégé une Celebrity Week annuelle. mêlée de chaleur américaine, Lori Cote semble incarner, malgré sa jeunesse, une forme d'intemporalité à l'image de cet hôtel gigantesque qu'elle vénère visiblement. Elle tente timidement un mot de français. Son époux est québécois, « une veille famille », précise-t-elle, dont les racines sur le nouveau continent remontent au XVIe siècle. Le septième étage est accessible par un ascenseur privé. Il a hébergé une guirlande de chefs d'Etat et autres célébrités. Une anecdote ? Elles foisonnent, naturellement. Notre guide fait l'arrêt devant un aquarium, nous montre un poisson bleu roi. « La fille de Michael Douglas et Catherine Zeta Jones (Carys Zeta-Douglas - NDLR) s'est attardée et s'est exclamée “Nemo !” en voyant ce poisson. » Mr Douglas est très apprécié par tout le personnel. Idem pour Alec Baldwyn qui est un de nos clients réguliers. C'est un pur gentleman, d'une simplicité et d'une amabilité à toute épreuve. L'hôtel a accueilli aussi Robin Williams, John McEnroe, « une star du tennis américain », précise encore la directrice, à toutes fins utiles. Sans oublier Peter Fonda, Peter Frampton, James Taylor ou Vince Vaughn, pour n'en citer que quelques-uns. Mais le star system à Banff n'est pas de mise. Chacun aspire, simplement, à ce luxe suprême : la paix, royale, que l'établissement propose dans son écrin idyllique. Le prix du silence et de la discrétion. Des cloisons quasi moyenâgeuses, un faste moelleux - intime et ouvert à la fois.

INCONTOURNABLE Une brochette de vedettes hollywoodiennes s'y rendent pour le dépaysement, le confort suprême, le sens du raffinement mais aussi l'isolement que procurent les étendues typiquement canadiennes. Dans la région, les grands noms ont jeté leur dévolu sur les hôtels de la chaîne : le Fairmont Banff Springs, le Fairmont Lake Louise, le Fairmont de Jasper... John Travolta, entre autres, est un fidèle du “réseau”. Ses préférences vont au Château Lake Louise tout proche. Moins typé de l'extérieur que le Banff Springs, il est tout aussi somptueux et agrémenté en cette fin d'hiver d'un parcours géant de statues de glace. L'acteur culte de Tarantino aurait manqué une cérémonie des Golden Globe pour avoir voulu y prolonger son séjour de deux jours. « Nous avons reçu aussi Patrick Swayzie ou encore Mel Gibson », nous confie, le regard ému, un jeune serveur du “Chateau” entre deux concoctions de Bloody Mary maison – à la canadienne, avec les « clamps » ajoutés au jus de tomate. Et le gaillard de nous raconter cette soirée passée à trinquer avec Jamie Hince (le boy-friend de Kate Moss pour les profanes), et son groupe, The Kills. Rock'n'roll ? Oui et non. « Ils ont surtout joué au golf », conclut notre informateur au teint de communiant. Les “géants des Rocheuses” ont bien mérité leur nom. Ils sont devenus plus culte, assurément, que les collines de Beverly Hills.

SOUVENIRS SOUVENIRS… Ici, fut tourné entre autres “The River of No Return” avec Marilyn Monroe. Lorsqu'elle a voyagé dans les Rocheuses en août 1953, pour les besoins du film, elle s'est blessée à la cheville et s'est ressourcée au Fairmont Banff

Fairmont Banff Springs Hotel : 405 Spray Avenue - PO Box 960 - Banff, Alberta - Canada, T1L 1J4 – Tél. : + 1 403 762-2211 - The Fairmont Banff Springs - The Fairmont Chateau Lake Louise - The Fairmont Jasper Park Lodge - The Fairmont Chateau Whistler - www.fairmont.com

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psychologie

ATTENTION HOMMES NOUVEAUX Avez-vous remarqué : les hommes-hommes ont la beauté minérale ? Les épreuves les broient mais, au lieu de se calciner, leur coeur silex prend au feu sa couleur, libérant une flamme haute, de ce rouge crépusculaire, qui annonce des jours nouveaux. L’écrivain-maître verrier Bernard Tirtiaux et le psychanalyste-acteur Guy Corneau sont de cette trempe là. Comme deux sioux dans la plaine, ces fils du Feu et de l’Eau se sont reconnus. Première rencontre au Harp Center de Bruxelles en compagnie de Maria Palatine, à la fois muse et musicienne, pour un Impromptu, sur le thème de l’Amour.

— Texte : Patricia le Hardÿ Illustration : Yves Druart Bernard Tirtiaux : Depuis “ Père manquant, fils manqué ”, je suis un de vos lecteurs fidèles. Guy Corneau : Moi aussi je vous ai lu. J’ai notamment adoré “ Le passeur de lumière ”. Nous devons être à peu près du même âge, non ? B.T : Je suis né en avril 51. G.C : Moi en janvier ! Sexagénaire du signe du Capricorne. C’est pas si pire ! B.T : Bélier, raconteur d’histoires. Comme mon grand-père paternel, et mon père qui a 93 ans et n’a jamais été un père manquant. J’ai simplement attendu 15 ans avant qu’il n’entre dans mon atelier. Quand il m’a dit que j’avais bien fait de m’entêter au lieu de devenir notaire comme la famille le voulait, c’était comme la dernière scène de l’acte III, un poids est tombé de mes épaules. G.C : Jeune homme, j’étais dans deux troupes de théâtre. Et puis j’ai obéi à l’injonction de mon père : son fils aîné devait faire des études universitaires. La maladie a été le prix que j’ai payé pour ne pas avoir dit non. M.P : Ca coûte aussi de suivre son cœur, de choisir sa vie. La harpe est un instrument fragile qui ne se gère pas de façon féminine du tout… B.T : Ah oui ! Il faut un porteur… M.P : C’est comme pour la gestion d’une vie féminine, il faut être fort ! Faire face notamment au regard de ceux qui ont une image nostalgique de la féminité, en inventer une autre. B.T : La vie extérieure est chaotique mais le noir nous apprend la lumière. Regardez (NDLR : il montre un cristal taillé). Dans le travail du verre, c’est le plomb qui donne la transparence. C’est un symbole qui dit beaucoup sur la possible métamorphose du monde, n’est-ce pas ? L’artiste organise le désordre par sa création. C’est dans cette intention que j’ai taillé et donné des milliers de ces déchets sortis tout noirs du four. Vous allez en emporter un à Québec ! M.P : Bernard au vitrail, moi à la harpe, nous menons une quête de beauté dans un monde qui entend le bruit et ne distingue pas les nuances de la couleur. Par les sens, la vie prend son sens. La sensualité est une réponse à nos vraies faims, à la misère spirituelle. Lorsque je compose, l’eau, sa fluidité, m’inspire. À partir de ses qualités féminines, un autre monde se crée. G.C : En tant qu’homme, le défi qui me tente, c’est d’être un chasseur de rêves, de visions, d’inspirations. Par exemple, à la place du site des tours jumelles, pourquoi ne pas se mobiliser pour fonder une ambassade des pensées neuves ? Un lieu où rassembler toutes les forces vives de la biodiversité au lieu de les opposer. B.T : Oui, mais réaliser nos rêves suppose d’être en infraction permanente, hors la loi. Si je veux construire un théâtre, le temps d’avoir les

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permis, je me suis détaché de mon rêve et quand je suis autorisé à bâtir, je le fais sans plaisir. G.C : Parler aux cellules du corps de la terre, faire appel à la conscience de la terre, c’est vital aujourd’hui pour faire céder les pensées de pouvoir et de domination. Au Québec, les vieilles structures mentales sont moins tenaces qu’en occident. Avec des amis, nous avons acheté un bout de forêt. Chacun a sa maison et chaque maison a son puits dont rituellement nous harmonisons l’eau par des pensées d’amour. Après quelques semaines en Belgique, la nature me manque, j’ai besoin du ciel, c’est la pleine lune ce soir. B.T : Certaines génèrent des couleurs. Pour la Jean Cousin par exemple, qui a été inventée au 16è siècle, les chercheurs ont trouvé son secret de fabrication après 50 ans. C’est la pleine lune qui permet à l’émail de pénétrer de façon uniforme. M.P : C’est puissant la lune, elle fait bouger la mer ! B.T : En allemand, on dit “ le lune ” et “ la soleil ” G.C : Par rapport à nos pères, nous osons de plus en plus déployer notre sensibilité et exprimer nos émotions. Depuis plusieurs années, des groupes d’hommes se sont formés pour s’interroger sur l’identité masculine et réfléchir à la manière de cheminer avec leurs compagnes. Si celles-ci s’unissaient aussi, elles comprendraient qu’elles ont un immense pouvoir d’action. Il est temps que les femmes revalorisent elles-mêmes les qualités du Féminin : accueil, disponibilité, consentement, souplesse, fécondité, capacité à tenir bon en toutes circonstances, s’adapter, concrétiser… B.T : Nous baignons dans l’Amour, ça nous est donné. Pour mon dernier livre, “ Prélude de cristal ”, J’ai essayé de l’écrire au Masculin, mais je n’y suis pas arrivé. Soudain, en moi, ça a parlé au Féminin et j’ai crié


Victoire ! Je me suis identifié à Elle, mis à l'écoute de tout ce que le Féminin m'a apporté et m'apporte dans le quotidien. Toute l’existence de Léna, l’héroïne, tourne autour de l’Amour. Elle prend soin de la vie et donne la vie. Harpiste de l'orchestre philharmonique de Berlin, elle fait étape à Bruxelles pour un concert consacré à Mozart. Parce qu’elle a brisé un harmonica de verre, elle va rencontrer Lazare, un souffleur de verre. Mais l’histoire se déroule en 1886 : c’est la révolte des mineurs et verriers dans le bassin de la Sambre. Le pays est à feu et à sang et l’Amour que tous deux ressentent au premier regard ne pourra se vivre avant que 40 saisons ne s’écoulent. Par Amour, Léna arrivera dans le Nouveau Monde. Elle y mènera une vie de nomade avec des saltimbanques, deviendra justicière, chantre du destin tragique du peuple sioux. Lazare s’établira à Long Island pour développer, grâce aux secrets de son grand-père maternel, Augustin Froissart, la palette la plus complète de verres colorés jamais constituée, notamment le crépusculaire. G.C : À la parution de mon premier livre, mon père m’a dit en riant jaune « Formidable, me voilà le premier père manquant du Canada ! ». À sa mort en 2001, j’ai hérité de ses mémoires, 16 cahiers dans lesquels entre autres il réagit à ce titre. Aujourd’hui, j’aimerais lui répondre à travers un autre livre qui s’intitulerait “ Le crépuscule des patriarches ”. M.P : Il y a le crépuscule du matin et celui du soir. G.C : Je lui écrirais que j’ai arrêté les séances individuelles de psychanalyse. Que je privilégie la vie, les réunions avec les amis, la famille. Que ma vie amoureuse ne souffre plus. J’ai toujours senti que c’est au sein d’un couple que je me déploierais, mais j’étais là aussi infidèle à mon idéal. Ce n’est pas que les candidates de qualité aient manqué. J’avais simplement résisté de toutes mes forces à partir du moment où quelques peines m’eurent écorché. B.T : Je suis amoureux des mots mais c’est le travail du vitrail qui a enrichi mon vocabulaire. Savez-vous qu’il y a plus de 700 couleurs ? À propos de la pauvreté de la pensée et de la langue actuelle, Victor Hugo disait « ce boulon est scélérat ». M.P : Tu travailles les mots comme un musicien. Tu peux passer une matinée sur une phrase comme moi sur quatre mesures. B.T : La langue ne transporte pas que des messages, elle traduit des états d’âme. Quand tu joues de la harpe, c’est la vibration de ton cœur qui s’exprime. G.C : Quand le diagnostic d’un cancer de grade 4 est tombé en 2007, outre la chimiothérapie et la médecine alternative, j’ai découvert un allié puissant : mon imagination. Je me suis fait un point d’honneur de choisir la couleur de mon humeur, de me relier avec le fond lumineux de mon être. B.T : C’est un tel instant de grâce de sentir la force de la couleur. G.C : Au-delà du mental, pour revivre, je me suis exercé à écouter le message de mes cellules. Quand j’ai enfin réussi à établir le contact, mon intérieur m’a dit qu’iI y avait de l’amour plein mon cœur mais que je ne m’accordais pas encore le droit de m’apprécier. Alors, c’est comme si la clé avait été mise dans le moteur. Je me suis octroyé la permission d’être qui je suis et le droit de jouir de ma présence au monde, de mes talents et de créer de l’Amour et de la vie autour de moi. Une sensation d’unité profonde s’est aussitôt répandue en moi. Aujourd’hui, au lieu de me sentir coupable de mon autodestruction passée, je me bénis et je connais de plus en plus de moments de joie spontanée. En fait, c’est la joie qui m’a guéri.

Harp Center : cours de solfège et de harpe rue Théodore Verhaegen 188, 1060 Bruxelles. Le 20 mai : concert avec Maria Palatine et lecture d’extraits de "Prélude de cristal" par Bernard Tirtiaux - Un CD « Prélude de cristal » réunit 14 mélodies chantées et jouées par Maria Palatine. Informations au +32 495 27 83 65 - A lire : Revivre, Guy Corneau, Les Editions de l’Homme.

Lueurs - extrait L’eau coule entre mes mains et je la regarde avec vénération. « Tu viens de si loin » lui dis-je, « plus loin que le fin fond du fond des âges ». Je l’imagine glacier, torrent de montagne, fin filet à peine visible sous les hautes herbes, évalue le temps géologique qu’il lui a fallu pour ouvrir le limon, chasser le sable, s’attaquer à la pierre, la pourfendre, faire son lit de cailloux doucis au bas de la vallée, son nid limpide et noir au secret des failles de la terre. Et de penser à l’insignifiant passage des hommes dans ce formidable travail d’érosion et de purification me rend infiniment admiratif. Et d’imaginer l’absence d’un regard pour admirer la rivière, d’une oreille pour s’émerveiller de son chant, des lèvres pour en cueillir la saveur, me rend profondément triste. Et l’eau est là qui me console. Sur un éclat de lumière, elle me ramène à la Beauté qui est fête des yeux et du cœur. Je la porte à mes lèvres, qu’elle m’enseigne le don et la patience. L’eau s’offre, c’est sa vertu de s’offrir. Bonne fée, elle moque mon arrogance par son rire, mes emprises de conquérant par ses débordements. Elle m’apprend le petit et la gouttelette, que je sois comme elle et comme Eos, mère aimante pour ce monde. Lueurs, Bernard Tirtiaux, Le Seuil.

PRÉLUDE DE CRISTAL extrait « Vous connaissez les vitraux de Louis Tiffany, le fils du joaillier ? », me demande Timothy. « J’en ai entendu parler mais je n’ai jamais rien vu de son travail ». Le visage bienveillant du vieil homme s’éclaire. Le ciel est limpide et bien qu’on soit en décembre, le soleil est ardent. Une grille que l’on pousse et nous nous retrouvons face à un triptyque baigné de lumière, une vision de paradis. Et je découvre, Lazare, éblouie, le pouvoir irisant de ce crépusculaire qui garde en suspension la lumière rosâtre du couchant, qu’elle ne s’évanouisse pas dans la nuit. Je suis troublée à l’idée qu’un tel ton, attaché à la douceur du soir, au recueillement et à la paix des âmes, ait soulevé tant de convoitises et de violences. Je m’approche du vitrail pour en goûter toutes les subtilités, chercher dans les variétés des couleurs et des textures la marque de ton savoir-faire, la trace de tes doigts, me fondre dans ton geste. Je comprends que toi et tes compagnons vous êtes musiciens de lumière. Prélude de cristal, Bernard Tirtiaux, Le Seuil.

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humeur

Freud est mort

vive Freud ! Billet politiquement incorrect Les comportementalistes et autres gourous de la spiritualité de supermarché ont de beaux jours devant eux. Pour les maux de l’âme, on vise les dernières tendances, toujours plus trendy.

— Texte : Nathalie Kuborn Illustration : Yves Druart

Une sorte de mix and match entre dernières découvertes neurologiques et une petite touche de Taï Chi par-ci, ou de bouddhisme par-là, c’est un peu selon : à la carte et en fonction de la demande. Il faut dire que le concept est bien alléchant : contrebalancer des faits soi-disant établis par des études scientifiques ô combien absolues, mais par essence un peu “froides”, avec une bonne louche de “dégoulinance” compassionnelle pour se rassurer : on s’intéresse à la tête donc, mais on n’oublie pas son corps, ni son cœur. Ceci pour ne pas décourager ceux qui pousseraient un peu plus loin l’investigation et découvriraient que l’approche neurocognitive et comportementale (ANC) se basent notamment sur les travaux d’un Laborit, pour lequel des notions telles qu’altruisme ou même amour sont un leurre : des constructions mentales artificielles destinées à conforter le sujet qui se donne ainsi un beau rôle, alors que peu le différencie in fine du barbare primaire. Dans le même registre, l’émotion musicale, par exemple, pourrait se traduire en simples phéno-

« l’homme est un rat comme un autre » mènes neuronaux. Exit donc les mystères de l’âme humaine. Tout est explicable… Il est tout de même étonnant que ces conclusions comportementalistes soient issues en majorité d’expériences sur des rats. Ainsi, et pour faire encore un raccourci édifiant, je dirais que finalement, l’homme est un rat comme un autre. Mais revenons à nos stars du bien-être psychique. Je pense évidemment à quelqu’un en particulier, que je ne citerai pas. Le type parle bien. Il a une bonne tête, il a l’air “bien sous tout rapport”, du genre le gendre idéal. Avec la conviction et l’air bienveillant du thérapeute qui révolutionne la pensée occidentale, il ne fait que nous ressortir ces bonnes vieilles techniques que tout le monde connaît : Alexander, Feldenkrais, Taï Chi, méditation, yoga… Pour peu, on croirait que c’est lui qui les a inventées. Dans une vidéo, très sûr de lui, il balaye d’un seul trait l’une des découvertes majeures du vingtième siècle : exit l’apport magistral de Freud dans la compréhension de la psyché humaine. La psychanalyse serait donc “trop intellectuelle” ! Le qualificatif est pour le moins étonnant, parlant d’une approche qui justement plonge dans les abysses de l’inconscient pour en émerger les aspirations les plus profondes. L‘inconscient serait donc intellectuel. Oui, mais si le cerveau de l’homme est comparable à celui du rat ? C’est à n’y plus rien comprendre. Okay okay, j’exagère. Mais les grands discours comportementalistes et new age ont de quoi faire bondir. Un ami me parlait d’ailleurs l’autre jour

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en ces termes : « Si tu veux soigner tes fêlures, tu as deux possibilités : soit tu fais une psychanalyse, c’est long et parfois très douloureux, soit tu optes pour l’approche comportementaliste qui va mettre des sparadraps sur tes bobos, sans se soucier de leur origine. Au final, tu obtiendras le même résultat ». Ah bon ? Pourtant, une coach ANC réputée a tout de même eu la rigueur d’en poser certaines limites : oui pour les “petits bobos”, non pour les grandes fêlures. Ce n’est donc pas par quelques exercices pour agir sur la plasticité neuronale de son cerveau et en esquissant trois figures de Taï Chi que les grands malades vont enfin atteindre la plénitude. Alors, c’est peut-être ça l’ANC, une sorte de salle de fitness pour la psyché : on se perfectionne, on se sculpte le cerveau, un peu à la carte. On se laisse séduire par des orateurs bienveillants et certainement compétents, pleins de promesses. On soigne ses petits défauts, on se fait du bien. Le service répond parfaitement à la demande contemporaine : un souci de perfection dans une attente de résultat rapide. C’est le syndrome “antibiotique”. En ce qui me concerne, et sans vouloir dénigrer par ailleurs les approches corporelles pertinemment mises en lueur dans cette grande soupe de bien-être version globale, je continue de penser que si « Freud, c’est has been pour les plus branchés », les grandes souffrances ne feront que se diluer un peu plus dans le tourisme thérapeutique que ces divers menus proposés induisent.


LAURENT RUQUIER On va s’gêner

FM : ARLON 101 - BRUXELLES 101.4 - CHARLEROI 101.4 - COMINES 91.7 DINANT 107.2 - FERRIÈRES 106.4 - FLORENVILLE 105.7 - GEMBLOUX 90.1 HUY 105.6 - JODOIGNE 107.9 - LA LOUVIÈRE 95.6 - LIÈGE 103.2 MARCHE 105.5 - MONS 107.2 - NAMUR 99.7 - NIVELLES 107.1 - SPA 107.9 ST-HUBERT 106 - TOURNAI 106.5 - VERVIERS 107.6 - VIERSET 97.4 WATERLOO 106.9 - WAVRE 95.4 ET SUR WWW.TWIZZ.BE

15H30 > 18H


pêle-mêle

UN DIMANCHE TOUT DOUX La marque Lucky Boy Sunday a été créée un certain dimanche d’août en 2007. En plein milieu d’une belle après-midi, Camilla et Camilla, deux créatrices danoises, ont l’idée de créer une marque rigolote, onirique, déjantée et graphique avec comme fil rouge de la laine baby alpaga. Les petits (et les grands) prennent alors plaisir à se blottir dans leurs plaids et coussins moelleux. Issus de leur nouvelle collection, des visages ronds. Lucky Boy Sunday, 53 € en vente sur www.guapito.be

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Texte : Marie Hocepied.

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LE MONDE DE BARBARA Les zigoui se veut un univers à découvrir et à contempler. L’investigatrice de ce petit monde? La française Barbara Berrada. Cette photographe, graphiste, illustratrice, créatrice, “bloggeuse“ et maman de deux petits gars, a plein de talent et une montagne d’idées à revendre. Pour l’heure, on file découvrir son blog, son shop online et ses collections ultra décalées dont voici un charmant exemple porté par un petit bonhomme nommé Ulysse. http://zigouis.blogspot.com


horoscope

avril

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Texte : Serge Lucas

BĂŠlier Vos sentiments sont ardents, vous avez le cĹ“ur et la passion Ă fleur de peau. Vous mettez du piment dans vos relations. Au travail, vous ĂŞtes lĂ oĂš on ne vous attend pas. Taureau Les astres vous font de l’ombre et freine votre ĂŠpanouissement amoureux. Vous ĂŞtes nostalgique et rĂŞveuse. Vous idĂŠalisez quelqu’un qui hante vos jours et vos nuits. GĂŠmeaux L’amour, la passion et votre investissement au travail reviennent en force durant tous le mois. Ambitieuse, romantique et sensible, vous aspirez Ă plaire et sĂŠduire. Cancer Votre vie amoureuse est orageuse, ennuyeuse. Vous aspirez Ă un changement radical. Au travail par contre, vous vous surpassez. Votre professionnalisme est encouragĂŠ. Lion Vous exprimez vos dĂŠsirs et vos sentiments, tout comme vos peines et vos doutes. RĂŠconfortant et comprĂŠhensif, l’être aimĂŠ vous rassure. Au travail, vous ĂŞtes conquĂŠrante. Vierge Vous vous faites des illusions en amour. Un beau parleur trouve les mots justes pour vous sĂŠduire et vous n’y voyez que du feu. Au travail, vous soignez votre rĂŠputation. Balance Ce n’est pas le moment d’entretenir un dĂŠsaccord, soyez au contraire diplomate et conciliante. Si vous avez des choses Ă vous faire pardonnez : faites-le sous la couette. Scorpion Le travail prend le pas sur vos amours en ce sens oĂš il vous laisse peu de temps pour vous occuper de votre partenaire. Les rares moments passĂŠs ensemble seront passionnĂŠs. Sagittaire L’amour prend le pas sur toutes vos autres prĂŠoccupations. Seule, une rencontre vous donne des ailes. EspĂŠrons cette fois-ci que vous ne les dĂŠploierez pas pour vous enfuir. Capricorne Vous tendez Ă ruminer vos problèmes, Ă vous apitoyer sur votre sort. Cherchez une solution concrète pour vous en sortir. Suivez votre intuition, elle est bonne conseillère. Verseau Passion et sĂŠduction vont de paire. Vous ĂŞtes belle et sĂŠduisante, ĂŠlĂŠgante et raffinĂŠe. Au travail, vous obtenez tout ce dont vous dĂŠsirez. LĂ aussi votre charme opère.

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Poissons Au jeu de l’amour vous ĂŞtes mauvaise perdante. Il vous faut faire un choix ou ĂŠliminer une rivale. Vous savez vous rendre particulièrement indispensable s’il le faut.

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jeux et concours

CONCOURS

MOTS CROISÉS À THÈMES Jacques Mercier 10 mots sont cachés dans ces mots croisés et font partie du livre à gagner : “ Durbuy et sa région ” par Guy Lemaire (Édition Racine). Un nouveau guide Télétourisme sur la région et le terroir de la plus petite ville de Belgique. Pour gagner un des 10 exemplaires mis en jeu, appelez le 0905/82 220 (1€/participation) avant le 17 avril minuit, entrez le code 20832 et répondez à la question suivante : Combien d’habitants compte approximativement la ville de Durbuy ? 11000 habitants (réponse 1) – 6000 habitants (réponse 2) – 15000 habitants (réponse 3). Bonne chance à tous ! Les 10 gagnants, tirés au sort parmi les bonnes réponses, recevront leur livre par courrier.

La passion du vin La Libre Essentielle vous offre : 20 sets à vin de 12 verres de la marque Villeroy & Boch. 6 verres à Bordeaux et 6 à Bourgogne. Un superbe cadeau livré avec un décanteur à vin. Pour gagner un des sets mis en jeu, composez le 0900/82 220 (1€/participation) en tapant le code 20833 avant le 30 avril 2011 minuit et répondez à la question suivante : Villeroy & Boch est une marque française (réponse 1), allemande (réponse 2) , autrichienne (réponse 3). Les gagnants recevront leur cadeau par envoi postal.

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ABONNEZ-VOUS À LA NOUVELLE LIBRE ESSENTIELLE

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HORIZONTALEMENT Chaque samedi, recevez chez vous La Libre et tous ses suppléments. Offre abonnement découverte au prix de 67€ pour un an (52 n°). En cadeau de bienvenue, nous vous offrons une bouteille de Champagne 75 cl de la Maison Drappier à Reims (valeur 25 €). Pour vous abonner à cette offre événementielle, rien de plus simple : rendez-vous sur notre site http://abo.saipm.com/nouvelleessentielle ou par sms au 3209 en tapant le code «essentielle» + vos coordonnées complètes ( tarif opérateur). Offre valable jusqu’au 30 juin 2011 dans la limite du stock disponible pour un nouvel abonné en Belgique (nouveau nomnouvelle adresse).

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1. Epuisé. - Raconter comme on le fait dans ce guide. 2. Allongés. Au Yémen. 3. L'auteur. - Idiot. 4. Petite Elisabeth. - Pour attirer l'attention du lecteur. - Bière anglaise. 5. A toi. - L'ouvrage en question. 6. Arête. - Prénom du livre. - Lettre grecque. 7. Cent mètres carrés.- Celle de Durbuy est à l'honneur. 8. Montre le cuir chevelu.- Consacrent. 9. Personnel.- Suis redevable.Richesse. 10. A demi.- Mesure.Située. 11. Menotte.- Ancien loup. 12. Existe.- Ses produits sont recherchés.

VERTICALEMENT 1. Guy en est le rédacteur en chef. 2. Singes. - Hasards. 3. Replacés. Possède. - Posa. 4. Conserve les archives. - Coquin. 5. Fou. 6. La ville en question.- Durbuy est la plus petite du Royaume. 7. Cardinaux.- Eglantier. 8. Au revoir.-

Ville très ancienne. 9. Trapu. Hommes. 10. Concept. Résineux. - Pas là. 11. Filet au singulier, ce qui n'existe plus. - Elles illustrent l'ouvrage. 12. Prince troyen. - Dans le coup.Chose latine.

SOLUTIONS DU NUMÉRO PRÉCÉDENT : 1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

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B E L G E S O N A D O U O S P T I N R E T A I N R I O T E S O N T A C E L E R I R E N E T A D V D O N T R E S N T I E R S


aromathérapie

PROBLÈMES RESPIRATOIRES, ALLERGIES : CHASSEZ LES ENNEMIS ! Avec les huiles essentielles, supprimez directement les allergènes.

Judith Van Glock

ATTENTION AUX IDÉES REÇUES Quand on pense asthme et allergies, les premiers responsables qui viennent à l’esprit sont les pollens ou les poils d’animaux. Erreur ! Car 70% des enfants asthmatiques de 0 à 18 ans sont allergiques aux acariens, 20 à 25% seulement aux pollens et aux poils ! Il faut donc commencer à “dépolluer” l’air ambiant. DES PREUVES SCIENTIFIQUES Il est largement prouvé que la majorité des huiles essentielles anéantissent les virus, les bactéries et les moisissures. Certaines d’entre elles sont particulièrement efficaces pour détruire les acariens. Une étude, menée en 2003 avec les huiles essentielles de Fenouil, Anis et clou de Girofle, a même montré que ces extraits parfaitement naturels avaient une activité contre les acariens deux fois supérieure à celle des acaricides de synthèse et sans effets nocifs pour les bronches !

Arbre à thé

EN PRATIQUE Pour purifier l’air de votre intérieur, rien de plus simple : utilisez une formule «prête à l’emploi» à pulvériser sous forme de spray associant 41 huiles essentielles super actives : Puressentiel Assainissant, Spray aux 41 huiles essentielles (en pharmacie).

© RICHARD AUJARD

LE CONSEIL DE LA SPÉCIALISTE De nombreuses huiles essentielles purifient l’air ambiant, chacune avec ses particularités, son efficacité particulière sur tel ou tel micro-organisme. C’est pourquoi j’ai voulu créer un produit qui associe les plus performantes d’entre elles et c’est ainsi qu’est né Puressentiel Assainissant, Spray aux 41 huiles essentielles. Facile à utiliser puisqu’il suffit de le vaporiser, il a été testé avec succès : 30 minutes après l’utilisation de ce spray, 100% des acariens, bactéries et moisissures sont détruits*. Dans la formule de ce produit entrent également des huiles essentielles aux effets anti-inflammatoires et antihistaminiques, et tout ceci pour un produit sans gaz propulseur et 100% naturel.

© THIERRY DELÉTRAZ

*Etudes Puressentiel.

Isabelle Pacchioni. Aromathérapeute. Créatrice de la gamme Puressentiel. Auteur d’« Aromathérapie, 150 vrai/faux sur les huiles essentielles » (éditions du Rocher) et coauteur de « Guide de poche d’aromathérapie » (éditions Leduc.S).

La gamme Puressentiel, à base d’huiles essentielles 100 % naturelles, 100 % pures, et à l’efficacité 100 % maximale, est disponible en pharmacie (demandez ces produits à votre pharmacien grâce à leur code CNK). www.puressentiel.com, ou 04/285.62.11

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L’Homme infiniment

www.dior.com - Dior OnLine 02/620.00.00


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