INFOSPAS Novembre 2018
S E R V I C E D E P R É VOYA N C E E T D ’A I D E S O C I ALE S
FAVORISER L’INSERTION DES JEUNES ADULTES EN DIFFICULTÉ PAR LE SOUTIEN À LA FORMATION 2 3 4 5
La prise en charge des jeunes adultes Une bourse plutôt que l’aide sociale Interview Marco Cardinali Les mesures d’insertion sociale de transition Interview Melanie Espinosa
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La mesure AccEnt Interview Carmine Cioffi Interview Dominique Barra Sylvain Germanier News: Violence domestique
Depuis janvier 2017, la révision de la Loi sur l’action sociale vaudoise (LASV) a apporté des changements significatifs à la prise en charge des jeunes adultes en difficulté. Cette édition de l’INFOSPAS Action sociale vous présente un bilan des effets de cette révision après un an et demi de mise en œuvre. Cette modification de la LASV a eu un fort impact sur l’activité des CSR, des organismes prestataires, du SPAS et de l’OCBE. Les collaboratrices et collaborateurs ont dû adapter leur pratique pour intensifier l’orientation vers la formation des jeunes en difficulté. Ces changements ont été réalisés rapidement et de manière itérative, avec des modifications de processus en cours de route. Cela n’a pas été sans difficulté pour les acteurs de terrain qui mettent en œuvre ce dispositif. Je tiens donc à les remercier vivement pour leur engagement.
en soutien à la formation et leur attribue une bourse plutôt que le Revenu d’insertion (RI), sous condition de ressources des parents. Ce nouveau dispositif a commencé à produire les effets escomptés. Pendant l’année académique 20172018, quelque 1500 jeunes étaient dans un processus d’insertion par la formation (MIS-T et formation professionnelle) plutôt qu’à l’aide sociale. Et comme l’avait démontré le programme FORJAD, 65% des jeunes qui débutent une formation professionnelle la terminent avec succès. Ces résultats démontrent toute la pertinence de ce changement de paradigme.
La lutte contre la précarité constitue le fil rouge de la politique sociale vaudoise. En collaboration avec les communes, le Département de la santé et de l’action sociale (DSAS) met en œuvre des mesures diversifiées pour prévenir le recours au Revenu d’insertion (RI), sécuriser son octroi, améliorer son organisation et développer l’insertion des bénéficiaires sur le marché du travail.
A noter que les personnes sans emploi à l’approche de l’âge de la retraite ne sont pas oubliées. La révision de la Loi sur les prestations complémentaires pour les familles et la rente-pont (LPCFam) a permis d’étendre le filet social pour ces personnes, dès 61 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes.
S’agissant des jeunes, la révision de la LASV transforme l’aide sociale (RI) pour les 18-25 ans
Françoise Jaques Cheffe du Service de prévoyance et d’aide sociales
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LA PRISE EN CHARGE DES JEUNES ADULTES Suite à la modification de la Loi sur l’action sociale vaudoise (LASV) intervenue en janvier 2017, l’objectif est de soutenir les jeunes par des mesures de formation pour éviter qu’ils n’aient d’autre recours que l’aide sociale. Grâce à une prise en charge novatrice, les jeunes sans formation sont orientés systématiquement vers une formation professionnelle afin d’augmenter leurs chances d’insertion sur le marché de l’emploi. Ils reçoivent alors une bourse d’études plutôt que le Revenu d’insertion (RI). Trois lignes directrices orientent la prise en charge des jeunes adultes en difficulté n
Des résultats encourageants n
Chômeurs âgés
n
D’une aide ponctuelle à une bourse d’étude, sans passage par le RI. Pendant l’instruction du dossier, le jeune ne perçoit pas le RI, mais reçoit une aide ponctuelle si nécessaire. L’objectif est de l’orienter en moins de trois mois vers une mesure de transition (MIS) donnant droit à une bourse. La formation professionnelle comme priorité. L’enjeu est de générer le maximum d’opportunités concrètes d’entrées en formation. Les jeunes ont accès à des mesures de transition qui leur permettent d’intensifier les liens avec les employeurs. L’objectif est que la moitié de ces jeunes entament une formation professionnelle au terme de ces mesures. Les parents sont associés et contribuent dès l’entrée en MIS de transition. Les parents sont davantage impliqués grâce à une rencontre en début de prise en charge. Celle-ci vise à les informer et à établir leur contribution matérielle et financière durant la durée de la formation.
Les résultats de cette politique d’insertion par la formation sont particulièrement encourageants. De janvier 2017 à janvier 2018, le nombre de bénéficiaires RI dans la classe d’âge 18-25 ans a baissé de 17,2% comparé à l’année précédente. L’année 2017-2018 en quelques chiffres MIS de transition n 1035 jeunes ont été inscrits en MIS de transition. n 465 jeunes ont terminé une MIS de transition. n 75% d’entre eux sont sortis par la formation. FORJAD n 225 jeunes du programme FORJAD ont terminé leur formation avec succès. n Plus de 1000 jeunes (toutes volées confondues) suivent actuellement le programme FORJAD. Pour la volée 2018/2019 on compte 430 nouvelles inscriptions.
Demandes de bourse n 1740 demandes de bourse pour des MIS-T ou FORJAD. n 70% des demandes aboutissent à une décision d’octroi.
Effet de la révision de la Loi sur l’action sociale vaudoise sur la rente-pont La révision de la Loi sur les prestations complémentaires pour les familles et la rente-pont (LPCFam) a permis d’étendre le filet social pour les chômeurs et chômeuses pouvant prétendre au Revenu d’insertion (RI) qui approchent de l’âge de la retraite. Les femmes ont maintenant droit à une rente-pont dès 60 ans et les hommes dès 61 ans, soit une anticipation d’un
an par rapport à la pratique antérieure, pour autant qu’ils répondent aux critères d’octroi du Revenu d’insertion. Depuis le 1 er janvier 2017, 782 bénéficiaires du RI ont ainsi obtenu la rente-pont dont 406 (52%) ont pu bénéficier d’une anticipation d’un an grâce au changement de loi (chiffres relevés à fin juillet 2018).
JEUNES ADULTES EN DIFFICULTÉ: UNE BOURSE PLUTÔT QUE L’AIDE SOCIALE Conséquence des modifications apportées par la révision de la Loi sur l’action sociale vaudoise, les jeunes sans formation sont orientés systématiquement vers une formation professionnelle afin de favoriser leur autonomie durable.
La bourse, un soutien efficace
Une fois le projet de formation défini, les jeunes adultes en difficulté (JAD) intègrent une mesure d’insertion de transition avant d’entamer leur formation professionnelle. Si leur situation financière ou celle de leurs parents ne suffit pas à financer leur formation, ils peuvent obtenir une bourse qui leur permettra de ne pas recourir à l’aide sociale.
En chiffres
La bourse est calculée en fonction des charges et des revenus du jeune et tient compte de la contribution d’entretien de ses parents. Le barème et les montants sont les mêmes pour tous les requérants sans distinction. Cependant le processus de prise en charge est différent pour les JAD, qui bénéficient
d’un appui social spécifique, notamment d’un coaching individualisé offert par un organisme spécialisé pendant toute leur formation. L’Office cantonal des bourses (OCBE) est chargé du calcul et de l’octroi des bourses d’études. Avec l’introduction des nouvelles mesures en faveur des jeunes en difficulté, il a intensifié ses collaborations avec les Centres sociaux régionaux (CSR). Ces derniers instruisent le dossier du jeune, définissent son projet de formation et sont parfois amenés à négocier la convention d’entretien des parents, sur laquelle l’OCBE se base pour prendre la décision finale d’octroi de la bourse.
L’OCBE durant l’année académique 2016-2017 ETP Demandes reçues Décisions d’octroi Réponses favorables Bourses Prêts Boursiers financièrement dépendants Age des boursiers Moyenne d’une bourse annuelle: n Boursier dépendant n Indépendant Budget
22,25 10 118 6 501 64% 99% 1% 88% en grande majorité, entre 17 et 22 ans
Fr. 9 429 Fr. 21 678 69 millions
La répartition sectorielle des aides Apprentissages et formations professionnelles pratiques Ecoles de maturité gymnasiales Universités et Ecoles polytechniques fédérales Hautes écoles spécialisées Ecoles professionnelles à plein temps Autres formations générales Formations professionnelles supérieures Maturités professionnelles accomplies après l’apprentissage
La Commission des cas dignes d’intérêt Cette commission préavise à l’attention de la Cheffe de service les situations qui lui sont présentées par la cheffe de l’Office, par exemple l’attribution au jeune d’un logement séparé, l’absence totale de contact entre la personne en formation et ses parents, la non prise en compte de la situation
Année civile 2016 1 687 1 420 1 082 864 390 290 62 8
des parents lorsque le jeune ne remplit pas les conditions de l’indépendance ou la reconversion professionnelle. En moyenne, une soixantaine de cas sont soumis à la Commission chaque année, la plupart du temps pour des questions de logement séparé octroyé au motif de dissensions familiales graves.
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M. Marco Cardinali Gestionnaire de dossiers spécialisés rattaché à la cellule MIS JAD Quel changement important l’année de formation 2017-2018 a-t-elle apporté pour l’OCBE ? Depuis 2017, les CSR négocient des conventions d’entretien avec les parents des jeunes qui touchent le revenu d’insertion (RI). Nous avons dû nous adapter et faire évoluer notre processus de travail. Tout d’abord, nous faisons une estimation de la part contributive des parents sur la base du revenu déterminant unifié (RDU). Si les parents n’ont pas de part contributive ou si celle-ci ne dépasse pas un certain seuil, nous rendons immédiatement une décision de bourse. Dans le cas contraire, nous transmettons notre estimation au CSR pour lui permettre de négocier la convention avec les parents. Enfin, nous examinons la convention signée et finalisons notre calcul.
Le point de vue de...
Ce nouveau processus a apporté une augmentation significative du travail administratif. Les collaborations se sont accentuées avec les CSR. Nous recevons de nombreuses sollicitations de leur part, notamment pour expliquer les bases de calcul. Quels sont les avantages de l’insertion par la formation pour les jeunes en difficulté? Les jeunes qui entament une formation sortent de l’aide sociale. Ils ne sont plus au RI, ils sont boursiers. C’est très différent! Parvenir à mener à bien une formation est une fierté pour ces jeunes. Cela leur donne des perspectives d’avenir. Il est aussi important pour eux d’avoir une convention d’entretien signée de leurs parents. Cela les sécurise financièrement et crée des conditions favorables pour qu’ils puissent aller au bout de leur formation. Ils peuvent ainsi se concentrer sur leurs études.
Quelles améliorations pourriez-vous imaginer pour répondre encore mieux aux besoins? Pendant que la contribution d’entretien est négociée, le jeune touche une aide ponctuelle si nécessaire. Pour qu’il puisse recevoir sa bourse le plus vite possible, il faut que le processus soit efficace. En ce sens, il serait utile d’avoir un nombre réduit d’intervenants pour négocier les conventions. Il y a beaucoup de démarches administratives à faire avant la discussion avec les parents. Pour les assistants sociaux qui ne traitent que quelques conventions par année, c’est compliqué et cela leur prend beaucoup de temps. Avoir une équipe spécialisée pourrait les décharger d’une bonne partie du travail administratif et leur permettre de se concentrer sur les aspects sociaux. Il serait aussi souhaitable de ne pas apporter des changements au processus d’attribution des bourses au milieu de l’année de formation. Actuellement, nous devons appliquer plusieurs méthodes différentes en même temps. C’est très chronophage pour nous. Qu’est-ce que vous appréciez dans votre travail au sein de la cellule MIS JAD de l’OCBE ? Nous sommes une bonne équipe à l’OCBE et la collaboration est plaisante avec nos partenaires des CSR et d’AccEnt. J’aime beaucoup les contacts réguliers que nous avons. Avec eux, on peut aller au bout des dossiers, on sait qu’on peut compter sur eux. Et je trouve du sens à mon travail! Nous aidons financièrement ces jeunes et c’est en partie grâce à nous qu’ils peuvent faire une formation. C’est gratifiant!
LES MESURES D’INSERTION SOCIALE DE TRANSITION EN QUELQUES MOTS Les mesures d’insertion sociale de transition (MIS-T) ont pour mission de préparer et de placer les jeunes adultes en difficulté (JAD) en formation professionnelle. Leur approche individualisée permet de s’adapter à chaque situation.
Un tremplin vers la formation
Toutes les MIS-T répondent aux critères permettant l’octroi d’une bourse. Elles interviennent sur plusieurs axes: la construction du projet professionnel, la remise à niveau scolaire, la recherche de place d’apprentissage. Elles visent aussi à développer les compétences transversales qui permettent d’intégrer une formation et de s’y maintenir.
L’objectif est de parvenir à placer en formation la moitié des jeunes qui intègrent une MIS-T. En 2017-2018, cet objectif a été dépassé, puisque 74% des JAD ayant accompli une MIS-T ont trouvé une place de formation professionnelle.
Mme Melanie Espinosa Responsable de Coaching+ MIS de transition à l’OSEO-Vaud
Le point de vue de...
Melanie Espinosa est responsable de Coaching+ MIS de transition à l’OSEO-Vaud. Ce programme, ouvert à toute personne n’ayant pas de formation professionnelle qui souhaite décrocher une place de formation initiale, est destiné en priorité aux jeunes en difficulté (JAD). Comment le projet professionnel du jeune est-il construit? L’important est que le projet soit réaliste. Nous nous basons sur l’adéquation des intérêts du jeune, de ses capacités et des réalités du marché du travail. Nous évaluons d’abord ses aptitudes et ses connaissances scolaires, puis nous travaillons sur ses intérêts. Quelques métiers sont alors testés par des stages, pour affiner et valider le choix tant concernant les intérêts que les compétences. De nombreux jeunes sont plutôt surpris en bien. Ils comprennent qu’ils ont des compétences et les moyens d’acquérir les connaissances qui leur manquent. Comment aidez-vous un jeune à trouver une place d’apprentissage? Notre but, c’est de rendre le jeune autonome. Nous visons à ce qu’il trouve son stage ou sa place d’apprentissage lui-même. Nous constituons avec lui un dossier personnalisé ciblé sur l’entreprise à approcher, nous lui apprenons les techniques pour trouver
un apprentissage. Nous avons aussi une équipe de conseillers en placement qui font des recherches auprès des entreprises pour pouvoir proposer des stages, voire des places d’apprentissage. Que mettez-vous en place pour éviter une rupture de la mesure? Ces jeunes ont souvent connu des échecs et doutent de leur désirabilité sur le marché du travail. Il faut valoriser ce qu’ils sont et ce qu’ils savent faire pour éviter les ruptures. Chaque jeune bénéficie d’un suivi hebdomadaire par un coach. Le programme est très personnalisé, par exemple en ajustant les cours au domaine visé. On intéresse les jeunes en adaptant les propositions à leur niveau et à leur projet professionnel. Le coach est très réactif et identifie rapidement les obstacles en cas de problème. Si le blocage est important, nous avons un suivi systémique pour travailler sur les freins. Ce n’est pas une thérapie, mais une intervention brève, axée sur la recherche de solutions, avec un objectif d’insertion professionnelle. Le jeune bénéficie d’un rendez-vous supplémentaire une fois par semaine avec des intervenants spécialisés qui travaillent avec lui sur des problématiques pouvant être professionnelles ou plus personnelles.
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LA MESURE ACCENT, POUR AIDER LES JEUNES À RÉUSSIR LEUR FORMATION PROFESSIONNELLE Mise en œuvre par le Centre vaudois d’aide à la jeunesse (CVAJ) sur mandat du Service de prévoyance et d’aide sociales (SPAS), la mesure AccEnt (Accompagnement en Entreprise) a pour objectif de favoriser l’insertion durable de jeunes adultes en difficulté sur le marché de l’emploi.
Un suivi individualisé
Les intervenants socioprofessionnels AccEnt accompagnent les bénéficiaires du programme FORJAD tout au long de la formation professionnelle vers la réussite d’une formation certifiante. Ils leur offrent un suivi individualisé qui porte sur quatre axes: n
n
Pédagogique: mise en place de stratégies d’apprentissage et de cours d’appui. n Social: soutien dans la gestion administrative et financière. n Personnel: valorisation des ressources du jeune, travail sur les comportements en entreprise et les obstacles à la réussite de la formation.
Professionnel: lien entre le jeune et son milieu professionnel par des contacts réguliers avec l’employeur.
Le point de vue de...
M. Carmine Cioffi Intervenant socioprofessionnel de la mesure AccEnt Comment se passe le premier entretien avec le Centre social régional (CSR) ? Cette rencontre réunit le bénéficiaire, son assistant social, le prestataire de la MIS de transition (s’il y en a une), le coordinateur de l’insertion professionnelle JAD et le coach AccEnt. Je donne au jeune les informations nécessaires sur la mesure AccEnt déjà présentée par l’AS du CSR. Si le bénéficiaire confirme son intérêt, nous signons de suite un contrat de suivi AccEnt. L’important est de bien expliquer l’intérêt du suivi AccEnt, qui est sur mesure en fonction des besoins de chaque bénéficiaire, et de le convaincre de l’utilité de l’accompagnement qui pourra être léger ou plus intensif selon ses besoins. Nous entrons alors dans une dynamique de collaboration et prenons des engagements réciproques pour favoriser la réussite de l’apprentissage. Quelle est la plus-value de cette approche globale? AccEnt a une plus-value préventive: notre but est d’éviter que des difficultés surgissent dans les domaines professionnel, scolaire, administratif et social et compromettent le bon déroulement de la formation. Nous travaillons à la construction du lien
de confiance avec le bénéficiaire pour le soutenir au mieux selon ses besoins et l’aidons à acquérir de l’autonomie sur ces différents plans. Etre la principale personne de référence dans l’accompagnement permet une intervention efficace en lien avec tout le réseau existant et les partenaires de la formation. Selon les moments, cela peut par exemple prendre la forme d’un appui scolaire, d’une aide à la gestion administrative ou d’une conciliation avec l’employeur. Que mettez-vous en place pour éviter les ruptures de formation? Nous disposons de compétences au coaching, à la médiation, aux méthodes d’apprentissage, à la gestion administrative et financière, etc. Selon la situation et la problématique rencontrée, nous offrons un soutien personnalisé. Tout l’accompagnement vise à prévenir une rupture. Nous essayons tant que possible de travailler avec les ressources de chaque apprenti en l’impliquant dans toutes les démarches. Je suis impressionné par le courage et la détermination de ces jeunes qui se lancent dans une formation malgré un parcours parfois difficile. Le moment de la remise des diplômes est toujours très émouvant!
Le point de vue de...
M. Dominique Barra Apprenti dessinateur en bâtiment chez Domnitech sàrl Qu’est-ce que le fait de pouvoir compter sur votre coach AccEnt, M. Cioffi, vous apporte? M. Cioffi m’a beaucoup soutenu dans ma gestion administrative, j’avais des difficultés à faire le tri et il m’a aidé à mieux m’organiser. Par ailleurs, c’était pratique de pouvoir compter sur lui pour les demandes de bourse après mes échecs aux examens, ce qui a fait accélérer les démarches auprès de l’OCBE.
Pouvez-vous me donner un exemple d’une situation où votre coach vous a été particulièrement utile? M. Cioffi a effectué des démarches pour que je puisse me procurer des lunettes gratuitement, par le biais d’une association d’aide aux apprentis. Je ne pense pas que j’aurais eu connaissance de cette fondation sans le suivi en question.
Le suivi est efficace en cas de mauvaise compréhension ou communication entre l’apprenti et le patron, un regard extérieur et neutre aide souvent à clarifier la situation. J’ai eu un conflit avec mon premier patron et M. Cioffi m’a beaucoup aidé à trouver une nouvelle place, tant pour les démarches administratives que pour les trajets ainsi que pour les explications à mon ancien patron.
Durant votre formation, qu’est-ce que vous avez appris grâce à votre coach qui vous aidera pour la suite? M. Cioffi m’a surtout appris à m’intégrer, j’ai pu lui faire part de mes problèmes avec mes anciens collègues et mon ancien patron et j’ai reçu les bonnes informations de sa part pour mieux savoir m’adapter à mon environnement de travail.
Le point de vue de...
M. Sylvain Germanier Directeur associé et formateur, Domnitech sàrl Comment s’est passé le démarrage de la relation avec Carmine Cioffi, le coach de la mesure AccEnt? C’est lui qui a pris contact avec nous parce qu’il se posait des questions concernant l’avenir de notre apprenti, Dominique. Le contact a très bien passé dès le départ. Carmine nous a bien expliqué comment fonctionne cette prestation et les attentes réciproques ont pu être exprimées. Nous avons jugé qu’une présence de Carmine sur place serait bénéfique et nous avons convenu de mettre en place une rencontre régulière. En quoi cette prestation est-elle utile pour vous, en tant que patron et formateur? C’est rassurant de savoir que Dominique est entouré et que des choses sont mises en place pour l’aider. On sait qu’on peut bénéficier d’un soutien en cas
de problème. C’est important, parce que sinon, on hésiterait peut-être à engager un jeune en difficulté, on craindrait de ne pas avoir assez de disponibilités pour bien s’occuper de lui. Cet accompagnement nous aide aussi à identifier les lacunes, les compétences et le potentiel de notre apprenti. Cela nous permet d’adapter et de cibler notre formation. Selon vous, en quoi cette prestation est-elle utile pour le jeune? La présence du conseiller est une réelle plus-value pour lui. Ce suivi personnel garantit qu’il ne laisse rien filer et le guide vers la réussite de son apprentissage. Le coach peut aussi l’aider à s’exprimer, à parler à son patron et à lui dire ses inquiétudes, ce qui n’est pas toujours facile. Personnellement, je ne connaissais pas cette mesure avant, mais elle est vraiment très positive pour tout le monde. C’est que du bon!
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NEWS Violence domestique: les prestations financées par le SPAS Le Service de prévoyance et d’aide sociales (SPAS) pilote et soutient financièrement les organismes spécialisés qui dispensent les prestations destinées à aider et protéger les victimes de la violence domestique et qui offrent un soutien aux auteurs dans le but
de prévenir les récidives. Ces partenaires mettent aussi en œuvre des actions spécifiques de prévention ou de recherche. Chaque année, ce sont plus de 10 millions qui sont alloués au dispositif de lutte contre les violences.
Les prestations pour les victimes Le Centre Malley-Prairie Ouvert 24 h sur 24 et 7 jours sur 7, le Centre d’accueil Malley-Prairie (CMP) accueille en urgence ou sur rendez-vous des femmes avec ou sans enfant victimes de violences conjugales ou de violences familiales. A Lausanne, le CMP propose un hébergement pour accueillir les victimes et leurs enfants, un soutien psycho-social et la possibilité pour les enfants de fréquenter un centre de vie enfantine. Il offre aussi des consultations ambulatoires à Bex, Montreux, Vevey, Nyon, Orbe, Yverdon-les Bains et Payerne
(ou ailleurs dans le canton sur demande des services médico-sociaux).
Depuis l’entrée en vigueur de «Qui frappe part!», le CMP a mis en place le programme Guidance, qui propose un soutien à domicile aux victimes de violence domestique, hommes ou femmes, afin de leur offrir une aide concrète après l’expulsion de l’auteur-e par la police. Le CMP collabore étroitement avec l’Equipe Mobile d’Urgences Sociales (EMUS). Contact et informations: www.malleyprairie.ch
Chiffres clés n Chaque année, 150 à 200 femmes hébergées avec leurs enfants. n Plus de 1200 consultations ambulatoires ou au domicile.
Le centre LAVI Le centre de consultation LAVI (Loi fédérale sur l’aide aux victimes d’infractions) apporte aux victimes d’infractions et/ou à leurs proches une aide psychologique, juridique, sociale et matérielle. Il informe les victimes tout au long des procédures et les oriente
vers le réseau d’intervention. Le centre LAVI est géré par la Fondation PROFA et collabore étroitement avec les autres intervenants du réseau, notamment le Centre Malley-Prairie et avec l’association ASTREE. Contact et informations: www.lavi.ch
Chiffres clés n En 2017, plus de 2800 consultations réalisées. n Dans 70% des cas, la victime connaît l’auteur-e des violences.
S NEWS L’Unité de médecine des violences (UMV) L’Unité de médecine des violences (UMV) assure aux victimes de violences une consultation médicolégale. Après un épisode de violence, il est en effet indispensable de faire établir rapidement un constat médical détaillé qui peut servir à faire valoir ses
droits dans une procédure ultérieure. Ouverte au CHUV en 2006, l’UMV est aujourd’hui aussi présente à Yverdon-les-Bains, Montreux et Nyon (depuis le 1er octobre 2018). Contact et informations: voir le site de l’UMV.
Chiffres clés n Plus d’un millier de consultations médico-légales depuis 2016.
ASTREE (Association de soutien des victimes de traite et d’exploitation) La traite des êtres humains désigne le commerce de personnes à des fins d’exploitation et utilisant des moyens déloyaux. Il peut s’agir d’une exploitation sexuelle, de la force de travail ou en vue du prélèvement d’organes. Depuis 2015, l’association ASTREE écoute, héberge, conseille et soutient les personnes
qui sont victimes de ces phénomènes. Certaines personnes soutenues par ASTREE peuvent avoir été victimes d’un mariage forcé. Dans ces situations, ASTREE collabore notamment avec le Bureau cantonal de l’intégration (BCI). Contact et informations: www.astree.ch
Chiffres clés n En 2017, 52 victimes de traite hébergées. n 1400 entretiens de suivi et d’accompagnement. n 87 entretiens de détection.
Prestations pour les auteur-e-s de violence Le Centre de prévention de l’Ale (CPAle) Le SPAS soutient le Centre Prévention de l’Ale (CPAle), qui a pour mission d’aider toute personne qui exerce une ou plusieurs formes de violence au sein du couple ou de la famille. Des entretiens individuels ou en groupe, ainsi que des programmes de sensibilisation et thérapeutiques, sont proposés par des intervenants spécialisés.
Le CPAle et le Centre d’accueil Malley-Prairie collaborent afin de proposer des consultations à des couples qui vivent de la violence dans leur relation, en prenant en compte l’impact de ces comportements dans la famille. Contact et informations: www.prevention-ale.ch
Chiffres clés n En 2017, 191 hommes et 41 femmes ont bénéficié de prestations. n 60% des bénéficiaires sont orientés par la police et 40% sont volontaires.
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NEWS La nécessité de la prévention Une part importante des comportements violents a lieu au sein de la famille ou dans une relation de couple. Des mesures visant à les prévenir sont ainsi essentielles. Le Centre social protestant et la
Fondation PROFA offrent des consultations de couple qui peuvent permettre de prévenir l’émergence de comportements problématiques. Contact et informations: www.problemedecouple.ch
Chiffres clés n En 2017, près de 2000 personnes ont bénéficié de plus de 3000 consultations.
Les enfants sont aussi touchés Les enfants peuvent être victimes de violence directe, mais aussi indirecte en étant témoins de violence domestique. Celle-ci porte atteinte à leur sécurité émotionnelle et met en danger leur bien-être et leur développement. Constatant l’ampleur de ce phénomène, de nombreux services se mobilisent pour les accompagner. Le SPAS a mandaté l’association ASTRAME (www.astrame.ch) pour qu’elle développe un projet visant à soutenir la coparentalité afin de favoriser la stabilité du cadre familial. Il soutient également l’association Dis No (www.disno.ch), qui a pour mission de prévenir la maltraitance et les abus sexuels envers les enfants. Enfin, il a récemment transféré au Service de protection de la jeunesse (SPJ) la subvention destinée à l’association ESPAS (www.espas.info),
qui s’engage auprès des enfants et des adultes concernés par les abus sexuels. Le dispositif venant en aide aux enfants victimes, directes ou indirectes, de violence domestique est riche et complexe. Les entités de l’Etat et leurs partenaires développent, dans leurs domaines de compétences respectifs, des mesures appropriées. Le défi actuel est de s’assurer que ces acteurs disposent d’une information suffisante sur ce dispositif et que leurs actions se déploient de manière coordonnée. Pour le domaine de l’enfance et de la jeunesse, une Commission de coordination, présidée par le SPJ, assure ces missions. Le temps est venu de penser une meilleure articulation des domaines de l’enfance et de la violence domestique pour offrir une prise en charge la plus efficace possible aux enfants en difficultés.
Chiffres clés n 27 000 enfants sont exposés à la violence domestique chaque année, avec une surreprésentation d’enfants âgés de 0 à 6 ans. n Plus de 50% des enfants dont la mère a subi des violences étaient présents lors des événements violents.
INFOSPAS ACTION SOCIALE, novembre 2018. Auteur: SPAS. Graphisme et mise en page: Cayenne Communication Visuelle, Lutry. Distribution: Autorités d’application du RI, organismes prestataires des MIS, organismes subventionnés, conseil des régions RAS, partenaires.
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