INFOSPAS Handicap avril 2018

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INFOSPAS Avril 2018

S E R V I C E D E P R É VOYA N C E E T D ’A I D E S O C I ALE S

LA PRISE EN CHARGE DES PERSONNES SOUFFRANT D’ADDICTIONS

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Les dispositifs d’indication et de suivi cantonaux Un peu d’histoire... Les spécificités de la population cible Le DCIS-Addictologie sous la loupe Les acteurs du DCISA

Le réseau DCISA

Le DCISA est né en janvier 2017 de la réunion de deux dispositifs distincts, qui s’adressaient pour l’un aux personnes souffrant de problèmes d’alcool et pour l’autre aux personnes toxicodépendantes. Cette fusion doit apporter une meilleure orientation, une coordination renforcée et davantage de cohérence dans la prise en charge des personnes, qui sont dans bon nombre de cas consommateurs aussi bien d’alcool que de substances illégales. L’exploitation des données du dispositif permettra

par ailleurs d’adapter et d’améliorer le système pour répondre au mieux aux besoins constatés. La mise en place de ce dispositif unique demande un grand effort d’adaptation aux institutions ambulatoires et résidentielles. La communication et la coordination entre tous les professionnels concernés revêt une importance particulière. C’est dans cette perspective qu’un forum sur les addictions sera organisé fin mai à l’intention des professionnels afin de débattre des problématiques rencontrées, des enjeux et des améliorations à apporter. Un bref article dans ce journal vous en dira plus à ce sujet. Françoise Jaques, Cheffe du Service de prévoyance et d’aide sociales (SPAS)

Comment avoir accès au dispositif? Le travail de coordination au sein du DCISA Une formation spécifique pour les professionnels En savoir plus Forum Addictions Repères stages Etude de SAVOIRSOCIAL sur les besoins en formation et en personnel qualifié

Communication

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Cette édition de l’INFOSPAS Handicap est principalement consacrée au dispositif cantonal d’indication et de suivi en addictologie (DCISA), instrument en main des acteurs du réseau actifs dans le domaine des addictions, que ce soit l’alcool ou les drogues illégales.

Cure de jouvence pour l’INFOSPAS L’INFOSPAS a été créé par le SPAS à l’intention des collaborateurs et collaboratrices des CSR et des établissements socio-éducatifs pour adultes en situation de handicap (ESE) afin de mieux faire connaître les différents aspects de la politique sociale cantonale. Le SPAS a réalisé récemment un sondage auprès des destinataires de l’INFOSPAS Action sociale (200 réponses). 74,6% des répondants en sont très satisfaits ou satisfaits et 71,6% pensent que cette lecture est utile à leur pratique. La majorité souhaite une publication plus fréquente. Sur la base de ces résultats, le SPAS a décidé de repenser la forme,

le contenu et la fréquence de parution de l’INFOSPAS. Deux éditions «Aide sociale» et deux éditions «Handicap» sont prévues par année. Une page généraliste (qui se distingue par sa couleur) complète chaque édition afin de communiquer sur divers sujets d’intérêt général. La publication sur la plateforme www.issuu.com permet de rendre l’INFOSPAS accessible à un plus large public. Nous espérons que ce nouvel INFOSPAS saura répondre à vos besoins d’information. N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques, questions ou propositions à l’adresse info.spas@vd.ch.

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LES DISPOSITIFS D’INDICATION ET DE SUIVI CANTONAUX Renforcer le pilotage et la planification

Selon la loi fédérale sur les institutions destinées à promouvoir l’intégration des personnes invalides (LIPPI), la gestion des prestations collectives destinées aux personnes en situation de handicap relève de la compétence des cantons, qui ont la responsabilité d’offrir à ces dernières les prestations qui répondent adéquatement à leurs besoins. Le canton de Vaud retient une définition des bénéficiaires plus large que celle strictement limitée à la notion d’invalidité telle que prévue dans la législation fédérale. Ainsi, le Plan stratégique Handicap 2011 (PSH2011) reconnaît 6 catégories de handicap:

Chaque personne en situation de handicap ou de grandes difficultés sociales a le droit d’être accueillie dans un établissement de son choix, pour autant que la situation le justifie et que les prestations fournies, l’équipement et la capacité d’accueil le permettent. Afin de pouvoir assumer les responsabilités que lui confère le cadre légal, le canton de Vaud a créé des dispositifs d’indication et de suivi (DCIS) spécifiques répondant aux besoins des bénéficiaires dans trois grandes catégories: les addictions, le handicap psychique et les domaines du handicap mental, physique, sensoriel et du polyhandicap.

n

Handicap physique Handicap psychique n Handicap mental n Handicap sensoriel n Polyhandicap n Dépendance, ainsi que grandes difficultés sociales

Vue d’ensemble

n

Ces différents dispositifs d’indication doivent permettre au Canton de renforcer son rôle de pilotage et de planification des prestations dans le domaine de l’aide aux personnes handicapées.

Les dispositifs d’indication et de suivi cantonaux DCIS-Addiction

DCISH

CCICp

Nom

Dispositif cantonal d’indication et de suivi en Addictologie

Dispositif cantonal d’indication et de suivi pour personnes en situation de handicap

Centrale cantonale d’information et de coordinaton psychiatrique

Domaine

Alcool et drogues

Handicap mental, physique ou polyhandicap

Psychiatrie adulte

Contact

info@dcisa.ch relier@relais.ch www.dcisa.ch

dcish@vd.ch

valerie.deneriaz@rsnb.ch (responsable) ccicp@rsnb.ch

Service responsable

SSP/SPAS

SPAS

Rattaché au Réseau Santé Nord Broye (RSNB)

Service référent

SPAS

SPAS

SASH

Collaboration avec

Réseau

Pro Infirmis Vaud

Réseau cantonal de psychiatrie adulte


UN PEU D’HISTOIRE... Dans le domaine des addictions, deux dispositifs distincts, EVITA pour les personnes souffrant de problèmes d’alcool et le Dispositif cantonal d’indication et de suivi pour les personnes toxicodépendantes (DCIST) ont fonctionné parallèlement durant quelques années.

Améliorer l’orientation et le suivi

Les consommateurs dépendants ont longtemps présenté des profils spécifiques. La majorité des personnes dépendantes de l’alcool consommait uniquement cette substance. Ces personnes étaient souvent insérées socialement, avec un emploi, une vie de famille et des activités de loisirs. Les personnes toxicodépendantes, elles, consommaient des substances illégales et étaient plus marginalisées. Les problématiques et les offres en matière de traitement étaient donc différenciées. Ces dernières années, les consommations de ces

deux groupes ont tendance à évoluer vers la polyconsommation. Les personnes toxicodépendantes mélangent les drogues illégales et l’alcool alors qu’une partie des consommateurs dépendants de l’alcool s’est tournée vers les substances illégales. Compte tenu de ces éléments, la fusion des dispositifs «alcool» et «drogues» avait tout son sens. Les institutions ambulatoires et résidentielles ont été pleinement associées à ce processus et le nouveau dispositif DCISA est entré en vigueur en janvier 2017.

LES SPÉCIFICITÉS DE LA POPULATION CIBLE Le DCISA a été pensé en fonction de la population cible et de ses spécificités. Des éléments comme la marginalité, l’instabilité, l’ambivalence, la polyconsommation, les comorbidités sociales et psychiatriques ne doivent pas être un frein à l’accès aux offres de traitements médicaux et psychosociaux. Le dispositif se doit d’être très réactif et les établissements socio-éducatifs (ESE) se sont organisés de manière à ce que les entrées se déroulent rapidement.

Garantir un accès optimal aux offres de traitement

Des informations sur le profil des personnes toxicodépendantes ont été réunies dans le cadre du monitoring effectué par Rel’ier lors du suivi du DCIST durant les années 2012 à 2016.

Les durées de séjour en ESE sont en moyenne de 11,4 mois. Il n’est pas rare de recevoir à plusieurs reprises des demandes émanant de la même personne au cours des années.

Ces résultats montrent que, dans le mois précédent l’entrée en ESE, les substances les plus consommées sont, respectivement, l’alcool (69%), la cocaïne (69%), le cannabis (52%) et l’héroïne (41%). En outre, l’absence de logement stable est un des éléments préoccupants pour environ 50% des résidents.

Depuis début 2017, le monitoring et l’analyse des données, confié à l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive (IUMSP), incluent également les personnes dont la problématique principale est l’alcool. A l’avenir, il sera ainsi possible d’avoir une vision globale du profil des personnes quelle que soit leur addiction.

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LE DCIS-ADDICTOLOGIE SOUS LA LOUPE Spécifique au domaine des addictions (alcool et drogues illégales), le DCISA s’inscrit dans le cadre du Plan Stratégique Handicap 2011 (PSH2011) établi lors de la reprise de la gouvernance des institutions sociales par les cantons.

Les objectifs et principes essentiels

Les objectifs du DCISA n Garantir l’adéquation entre l’offre de prestations et les besoins individuels des personnes consommatrices de substances psychoactives (stupéfiants, alcool, ...). n Assurer le suivi de l’indication dans les différentes étapes du parcours thérapeutique. n Contribuer au développement d’un réseau de soins coordonné. n Produire des données utiles à l’évaluation des besoins, à la planification de l’offre et au pilotage de la politique en matière d’addiction.

Chiffres

Les principes essentiels du DCISA n Tout séjour en établissement socio-éducatif (ESE) doit, au préalable, faire l’objet d’une évaluation bio-psycho-sociale suivie d’une indication (sous réserve d’exceptions). n Des évaluations de même nature peuvent être réalisées à la demande d’un professionnel des réseaux social et médical généralistes. n Les évaluations et les indications sont documentées à l’aide d’instruments standardisés communs à l’ensemble des prestataires du réseau addictologique vaudois.

Les ajustements à la population cible et les exceptions n L’admission en ESE d’une personne incarcérée est soumise aux exigences posées par les instances judiciaires et les services concernés de l’Etat. L’ESE qui reçoit la demande peut admettre cette personne et contacte le Centre d’indication (CI) qui doit intervenir dans les 10 jours. n En cas de difficultés de prise en charge (cadre institutionnel non respecté, tensions relationnelles, ...), un transfert momentané vers un autre ESE est possible pour éviter des sorties en rupture. Le CI intervient lorsque le transfert dure plus de quinze jours. n L’admission en urgence est possible sous certaines conditions (situation de détresse, demande de réadmission pour prévenir une rechute de consommation de produits psychotropes). Le processus du DCISA est enclenché 10 jours maximum après l’entrée.

Le DCISA en quelques chiffres Durant l’année 2017, 288 personnes différentes ont été orientées pour une entrée en établissement socioéducatif (ESE). Parallèlement, 318 réévaluations en cours de séjour ont été effectuées.

La moyenne d’âge s’élève à 45 ans et les femmes représentent un quart de la population.


LES ACTEURS DU DISPOSITIF D’INDICATION ET DE SUIVI EN ADDICTOLOGIE (DCISA) Le dispositif d’indication et de suivi en addictologie réunit les secteurs ambulatoires et résidentiels spécialisés en matière d’addiction. Les centres d’indication (CI) La porte d’entrée du dispositif repose sur cinq centres d’indication répartis sur l’ensemble des régions du canton. Les CI ont la responsabilité de mettre en œuvre et de suivre le processus.

Un dispositif unique, plusieurs acteurs spécialisés

A Lausanne, il s’agit du Service d’alcoologie du CHUV et de la Policlinique d’addictologie du Département de psychiatrie du CHUV. Au Nord, à l’Est et à l’Ouest, les trois centres de traitement gèrent tant les questions de drogues illégales que d’alcool: dans la région Nord, il s’agit de l’Unité de traitement des addictions du CHUV (UTAd); à l’Est, des Unités de traitement des addictions de la Fondation de Nant (UTAM et UTAA); à l’Ouest, de l’Association Entrée de Secours. Les établissements socio-éducatifs (ESE) Au vu de l’évolution des profils des consommateurs et de la polyconsommation, les ESE vaudois ont dû s’adapter en réajustant leur concept de prise en charge. Précédemment, les personnes souhaitant effectuer un traitement en milieu résidentiel devaient avoir comme objectif l’abstinence. Depuis, les programmes offrent des prises en charge différenciées en fonction des objectifs des résidents. Dans l’ancien système, les ESE étaient orientés spécifiquement sur les questions d’alcool ou de drogues illégales. Aujourd’hui, bien que quelques ESE soient clairement identifiés «alcool», ils accueillent également des consommateurs de drogues

dont le problème principal est l’alcool. A l’inverse, des ESE spécialisés dans le domaine des drogues illégales reçoivent aussi des personnes présentant cette double problématique. La substance posant le problème principal, ainsi que le projet défini en collaboration avec le secteur ambulatoire, sont des facteurs pris en compte pour l’indication. Le secteur résidentiel comprend 8 ESE reconnus par le SPAS. De tailles différentes, ils comptent entre 10 et 77 places pour un total de 215 places en résidentiel et 39 places en appartement pour des postcures. En principe, les ESE reçoivent la personne demandeuse après que le CI a procédé à l’évaluation et l’indication. Exceptionnellement et en cas de situation d’urgence, l’ESE peut admettre la personne et enclencher le processus DCISA rapidement après l’entrée. La prise en compte de telles situations a pour but d’offrir rapidement une réponse adéquate aux personnes en très grande difficulté. Le pilotage et la coordination Le DCISA est piloté par le Service de la santé publique (SSP) et le Service de prévoyance et d’aide sociales (SPAS). Sa coordination opérationnelle est confiée à la Fondation Le Relais (Rel’ier). Depuis janvier 2017, l’analyse des données est réalisée par l’Institut Universitaire de Médecine Sociale et Préventive (IUMSP), qui produira un rapport annuel traitant, notamment, des données sociodémographiques de la population suivie, du nombre d’indications effectuées et auprès de quel ESE.

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LE RÉSEAU DCISA

Grandson

Ménières

Yverdon

N C O

Le Mont-sur-Lausanne Lausanne Morges

Nyon

Vevey Chamby Montreux

E Aigle

Centre d’indication Région Ouest/Morges et Nyon Entrée de Secours Région centre/Lausanne Policlinique d’addictologie Service d’alcoologie Région Est/Montreux et Aigle Unités de traitement des addictions Région Nord/Yverdon Unités de traitement des addictions

Etablissement socio-éducatif Foyer Relais/Morges Le Levant/Lausanne Les Oliviers/Le Mont-sur-Lausanne La Clairière/Chamby L’Estérelle/Vevey L’Epi/Ménières Bartimée/Grandson L’Arcadie/Yverdon


COMMENT AVOIR ACCÈS AU DISPOSITIF? Les personnes consommatrices de substances domiciliées dans le canton de Vaud qui souhaitent accéder aux prestations dispensées par les établissements socio-éducatifs (ESE) doivent passer par le dispositif du DCISA. Cette procédure est allégée en cas de situation d’urgence, la personne en détresse pouvant alors accéder directement à l’ESE dans de brefs délais.

Lors du second rendez-vous, un entretien clinique avec un addictologue expérimenté complète le recueil d’informations. L’indication peut alors être posée. Des données administratives, des informations sur le parcours de soins et la motivation complètent le rapport d’indication. En outre, la

personne signe un formulaire de consentement à la transmission au sein du réseau des informations la concernant. Le SPAS valide ensuite l’indication et un appui à l’entrée en ESE est apporté par le CI. Durant le séjour en ESE, une réévaluation a lieu au minimum tous les 6 mois. Cette étape permet soit de valider la poursuite du séjour en réajustant si nécessaire les objectifs, soit de préparer la sortie en organisant la prise en charge médico-sociale ambulatoire (traitement, accès à un logement, aux revenus, etc.). Dans le domaine des addictions, le maintien de la personne dans le réseau socio-sanitaire fait l’objet d’une attention soutenue, dans le but d’éviter toute rupture de prise en charge.

Parcours

Première étape incontournable: le centre d’indication et de suivi

La personne elle-même, ou son réseau dans le cadre d’un suivi ambulatoire ou suite à une hospitalisation, prend d’abord contact avec l’un des centres d’indication (CI) et obtient un premier rendez-vous dans un délai de dix jours au maximum. Une évaluation multidimensionnelle (consommation de substances, santé physique et psychique, relations familiales et sociales, formation, emploi, situation judiciaire) de la situation de la personne est réalisée lors de cette première rencontre au moyen de l’outil Addiction Severity Index (ASI).

Du centre d’indication à l’établissement socio-éducatif Centre d’indication

Etablissement socio-éducatif

1er rendez-vous Evaluation multidimentionnelle Passation de l’ASI

2e rendez-vous Entretien clinique Informations sur le parcours de soins Documents administratifs

Réévaluation à 6 mois maximum de séjour Passation de l’ASI court et poursuite du séjour ou réorientation vers un autre ESE

Validation par le SPAS

Préparation de la sortie avec mise en place du suivi ambulatoire socio-médical

Validation par le SPAS

Indication d’un ESE adapté aux besoins de la personne et au projet convenu avec les partenaires du réseau

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LE TRAVAIL DE COORDINATION AU SEIN DU DCISA Des plateformes de coordination réunissent régulièrement les Centres d’indication (CI), les établissements socio-éducatifs (ESE), Rel’ier, le SSP et le SPAS afin de favoriser l’échange d’information, d’unifier les procédures d’indication et d’identifier les difficultés.

Le point de vue de ...

Le point de vue de ...

Des lieux pour favoriser la collaboration et l’échange d’informations

Ce sont également des lieux de propositions pour les partenaires. C’est par exemple dans ce cadre que la question des situations d’urgence ou la possibilité d’offrir des transferts momentanés entre ESE ont été discutées. Les ajustements ont ensuite été avalisés par la direction du dispositif. Selon les thématiques, des groupes de travail peuvent être constitués. Par exemple, un groupe de travail spécifique travaille actuellement sur les questions de transition entre les secteurs ambu-

latoire et résidentiel lors de l’admission et à la sortie de l’ESE. Durant cette première année de fusion des deux dispositifs, l’accent a été mis sur le développement de la connaissance mutuelle des partenaires, des prestations proposées par les ESE, ainsi que sur la collaboration entre les institutions « alcool » et « drogues ». Le travail en réseau et la collaboration entre médecins et intervenants socio-éducatifs ont été renforcés.

Mme Sophie Arnaud Responsable de la coordination opérationnelle du DCISA chez Rel’ier Quel est le mandat de Rel’ier dans le dispositif? Nous faisons le lien entre la direction du DCISA et le terrain. Nous répondons aux questions des partenaires et gérons les plateformes de

coordination. Nous produisons des outils de travail et sommes responsables de la formation des intervenant-e-s. Nous recevons aussi tous les rapports d’indication des institutions

et faisons la saisie des données. Sur cette base, l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive analyse et évalue les résultats du dispositif.

M. Bruno Boudier Directeur de la Fondation Bartimée à Grandson Quels effets la mise en place du dispositif a-t-il eu sur votre travail? Nous parlons enfin d’addictologie. Alcool et drogue sont une combinaison fréquente, mais jusqu’ici leur lecture

était triangulée, ce qui favorisait le déni de la dépendance chez le patient. Aujourd’hui, nous avons une vision plus systémique et une meilleure connaissance du réseau.

Le nouveau dispositif a-t-il apporté des changements en ce qui concerne les sorties? Les sorties sont encore à améliorer. Il y a un problème de vocabulaire. Une rupture n’est pas


Le nouveau dispositif fonctionne depuis un an. Quels constats faites-vous? La part des indications qui concernent l’alcool est prédominante dans le canton. Par ailleurs, les parcours ne sont pas linéaires.

Les personnes alternent entre l’ambulatoire, l’hôpital, l’institution résidentielle et le domicile. Les transitions peuvent être délicates et il est crucial d’avoir une bonne coordination pour assurer le suivi. C’est une plus-value

d’avoir réuni les dispositifs alcool et toxico-dépendance. Les personnes concernées par les deux problématiques peuvent ainsi s’adresser au même centre d’indication.

Qu’avez-vous observé sur le plan des collaborations depuis janvier 2017 ? Les deux dispositifs avaient des approches différentes. Aujourd’hui, les acteurs apprennent à se connaître et les régions sont en

train de trouver une manière de bien fonctionner ensemble.

toujours un échec, ce peut être une étape, une façon pour le patient de reprendre le contrôle de ce qui lui arrive. Il peut être sain de se mettre retrait pendant un temps. Il faudrait aussi un suivi

plus personnalisé des cas difficiles, qui souffrent d’instabilité et passent d’une institution à l’autre. L’information ne circule pas assez. Nous avons besoin d’une plateforme spécifique pour

échanger sur ces cas. Cela permettrait de proposer des protocoles d’accompagnement mieux adaptés.

la rigidité de pensée, car le DCISA favorise le dialogue. Et l’évaluation ASI est très pertinente et transposable selon les lieux de soins. L’analyse clinique pointue permet de transmettre quelque

chose d’efficace. Auparavant, chacun avait sa part de compréhension, qui se focalisait sur un point particulier et les autres restaient dans l’ombre.

Quelle est la plus-value du DCISA selon vous? Nous pouvons nous prémunir contre

C’est là toute l’importance des plateformes de coordination qui permettent d’échanger sur les pratiques.

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Le point de vue de ... Le point de vue de ...

M. Yannick Nicod Coordinateur pour le DCISA Nord vaudois, infirmier en psychiatrie Comment traitez-vous les demandes? En moyenne, nous donnons dans les 4 jours un rendezvous au patient pour l’évaluation faite à l’aide de l’outil ASI. Un 2 e rendez-vous suit dans les trois

semaines maximum, avec si possible une personne du réseau ambulatoire. Nous décidons alors d’un lieu résidentiel, nous fixons les objectifs à travailler et nous planifions la réévaluation.

Que vous apporte l’outil d’évaluation ASI (Addiction Severity Index) ? C’est un outil complet qui permet de ne rien oublier. Il donne une appréciation multidimensionnelle: le profil psychologique

Dr Ghazi Kardous Médecin-chef du Centre d’indication et de suivi du Nord vaudois Quel est votre rôle dans le dispositif? J’apporte un appui médical au coordinateur du secteur Nord, notamment dans les situations complexes. Je participe aux plateformes

de direction, qui permettent de trouver des synergies et d’améliorer la qualité des prestations, et je vais à la rencontre de nos partenaires pour expliquer ce que nous faisons. Nous devons en effet être

mieux connus et identifiés pour faciliter l’accès au dispositif. D’où proviennent les demandes? La grande majorité des personnes que nous recevons est orientée par


de la personne, ses ressources, sa consommation de substances et les conséquences que cette consommation a sur sa santé, ses relations sociales et sa situation judiciaire. Nous attribuons un indice de gravité pour

le réseau, par exemple, les hôpitaux, les médecins installés, les structures socio-éducatives, les Centres sociaux régionaux (CSR) ou les unités psychiatriques ambulatoires. Il arrive

chacun de ces aspects et savons ainsi dans quel domaine la personne est le plus en difficulté. Quelles démarches faites-vous une fois que l’indication a été posée?

aussi que des patients s’adressent à nous directement. Quelle est la plus-value du DCISA selon vous? La fusion a apporté une nouvelle réflexion sur les prestations à offrir et une meilleure

Si le patient est autonome, je prends contact avec l’établissement choisi et lui transmets l’indication, puis le patient fixe lui-même son rendez-vous de pré-admission. S’il lui est difficile

de s’organiser seul, je l’accompagne dans les démarches avec l’aide de son réseau.

identification de la trajectoire sociothérapeutique des patients. Des partenariats se développent, qui aident à donner un sens au projet résidentiel et à créer une intelligence

collective autour du patient. Le suivi en amont et en aval des projets résidentiels s’améliore aussi. C’est très important, car un bon suivi permet d’éviter les ruptures et de garder les patients dans

Un sevrage est parfois nécessaire avant l’entrée en établissement

résidentiel. Le timing est important. Il faut s’assurer qu’une place est prête dès la fin du sevrage. Cela demande une bonne coordination avec le réseau hospitaloambulatoire.

un projet qui correspond à leurs besoins.

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UNE FORMATION SPÉCIFIQUE POUR LES PROFESSIONNELS Rel’ier dispense aux professionnels concernés une formation à l’utilisation de l’outil d’évaluation ASI afin de garantir une utilisation standardisée. Cette formation permet également de rappeler les directives, de diffuser des informations sur le dispositif et d’affiner les questions de collaboration entre les CI et les ESE. En 2018, cette formation a été confiée au Groupement romand d’études des addictions (GREA).

Contacts

POUR EN SAVOIR PLUS Les personnes intéressées peuvent prendre contact avec les personnes ou organisations ci-dessous pour obtenir davantage d'informations Sur

Organisations et coordonnées

Mail et/ou site

Fonctionnement du dispositif Adresse des centres d’indication et des établissements socio-éducatifs Documents: Addiction Severity Index (ASI) et autres

Rel’ier Sophie Arnaud, Thibaut Terrettaz Rue Enning 1 1003 Lausanne Tél. 021 323 60 58

www.dcisa.ch info@dcisa.ch

Pilotage du dispositif Commande de brochure de présentation du DCISA

SPAS Section APHAGI Nathalie Christinet Avenue des Casernes 1018 Lausanne Tél. 021 316 52 17

nathalie.christinet@vd.ch


Forum

NEWS Forum Addictions Afin de mener une réflexion plus large sur les enjeux dans le domaine des addictions, le Service de la santé publique, en collaboration avec le Service de prévoyance et d’aide sociales et Rel’ier (Fondation Le Relais), organise un Forum, le jeudi 31 mai 2018 à l’hôtel Aquatis à Epalinges.

Stages

Le Forum abordera notamment les questions liées à la détection auprès des jeunes, l’hébergement, l’insertion sociale et professionnelle et la gestion des problèmes d’alcool. Trois conférences, ainsi qu’une

table ronde permettront de dégager des perspectives pour la politique cantonale. La matinée sera consacrée à des travaux de groupe destinés aux professionnels. Les résultats seront présentés l’après-midi en présence de responsables politiques. Les personnes intéressées peuvent se manifester à l’adresse suivante: forum.addictions@vd.ch. Le nombre d’inscriptions est limité.

L’OrTra publie des repères pour les employeurs et les stagiaires L’OrTra santé-social Vaud (www.ortravd.ch) a entrepris d’éditer une série de fiches d’information relatives aux stages en entreprise. L’objectif de cette démarche est d’offrir un soutien aux employeurs et aux stagiaires en édictant des recommandations quant aux conditions cadres à respecter pour les différents types de stages (encadrement, rémunération, durée, contrats, etc.).

Par ailleurs, il existe également une fiche d’information concernant l’engagement et le suivi des apprentis ASSC, et une nouvelle fiche, intitulée «Engagement et suivi d’un-e apprenti-e pour l’obtention du CFC ASE assistant-e socio-éducatif-ve, voie duale, 3 ans». Ces fiches s’adressent en priorité aux employeurs, à leur service des ressources humaines et aux formateurs et formatrices en entreprise (FEE).

Au total, six fiches seront éditées et quatre sont déjà publiées. Ces dernières présentent en détail les thématiques des stages d’observation ou de découverte, des pré-stages ou stages avant formation et des stages de formation en voie gymnasiale CFC ASE avec maturité professionnelle santé-social.

Ces documents sont le fruit d’un travail effectué avec les représentants des faîtières membres de l’OrTra. Ils peuvent être consultés sur le site de l’OrTra.

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ÉTUDE DE SAVOIRSOCIAL SUR LES BESOINS EN FORMATION ET EN PERSONNEL QUALIFIÉ Les difficultés de recrutement sont un problème récurrent dans les institutions sociales. Une importante étude de SAVOIRSOCIAL sur les besoins en formation et en personnel confirme le risque de pénurie de personnel qualifié et met en évidence les efforts de formation à fournir. SAVOIRSOCIAL a mandaté l’Institut für Wirtschaftsstudien Basel (IWSB) pour étudier la situation du marché du travail, de la main d’œuvre qualifiée et de la formation afin d’évaluer les besoins de formation et de personnel qualifié pour le «domaine du social» d’ici à 2024.

Trouver du personnel qualifié, un défi croissant

L’étude a été menée auprès de plus de 7500 institutions et s’est concentrée sur trois domaines d’activité qui emploient au total environ 97 000 personnes: l’accompagnement d’enfants et d’adolescents, l’accompagnement de personnes en situation de handicap et l’encadrement de personnes âgées. Selon l’activité professionnelle envisagée, jusqu’à un tiers du personnel ne dispose pas de la formation formelle correspondante. Si l’on tient compte des personnes en cours de formation et des stagiaires, cette part de personnes sans qualification ou en cours de formation atteint 50%. Près de la moitié des institutions rencontre des difficultés pour trouver du personnel qualifié. Le taux de résiliation des rapports de travail par les employés et celui des professionnels quittant le domaine pour se réorienter sont par ailleurs élevés.

Selon les scénarios, il faut s’attendre à un besoin national de main-d’œuvre qualifiée supplémentaire allant de 44 600 employés (+46%) à 59 100 employés (+60%) d’ici à 2024. Une grande partie de ce besoin est couverte par l’arrivée sur le marché de l’emploi des nouveaux diplômés et par l’immigration. La recherche de personnel formé devrait toutefois rester un défi majeur pour de nombreuses institutions. Des efforts sont à fournir dans le domaine de la formation pour éviter une pénurie de personnel qualifié. Il appartient à l’ensemble des acteurs (Etat, employeurs, écoles) de préciser les besoins au niveau cantonal et de décider des mesures à prendre. L’AVOP et le SPAS ont prévu de travailler ces questions dans le GT-Formation qui sera mis sur pied dans le courant du premier semestre 2018 par l’AVOP. Les personnes intéressées peuvent consulter le rapport complet sur le site de SAVOIRSOCIAL .

Votre avis nous intéresse. Merci d’adresser vos questions, remarques et commentaires concernant INFOSPAS HANDICAP à l’adresse suivante: info.spas@vd.ch.

INFOSPAS HANDICAP, avril 2018. Auteur: SPAS. Graphisme et mise en page: Cayenne Communication Visuelle, Lutry. Distribution: Autorités d’application du RI, organismes prestataires des MIS, organismes subventionnés, conseil des régions RAS, partenaires.

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