La Psychologie Transpersonnelle, une thérapie pour le futur ?

Il existe de nombreuses écoles et approches psychologiques. Toutes ont donné naissance à des formes thérapeutiques spécifiques dont l’objectif central est le retour à l’équilibre afin de vivre une vie plus épanouie. Parmi ces approches, la psychologie transpersonnelle se démarque car elle propose de cheminer audelà du moi/ego personnel pour se réaliser véritablement.

Afin de vivre sereinement au sein du monde actuel, nous avons plus que jamais besoin de points de repères et de pistes pour maintenir notre équilibre. Or, nous avons souvent tendance à nous focaliser uniquement sur des solutions extérieures afin de garder la tête hors de l’eau et combler notre vide intérieur. Nous cherchons partout des solutions « pour aller mieux », pour changer le cours de nos existences et résoudre toutes nos problématiques par enchantement. D’ateliers en stages, de podcasts en lectures, la tendance est parfois au zapping, nourrissant avant tout le mental, l’ego et, tôt ou tard, l’insatisfaction pointe à nouveau le bout de son nez… Après quelque temps, parfois des années, l’impression de tourner en rond se révèle. Malgré cette prise de conscience, le puissant conditionnement peut rester actif et la roue du hamster continue à tourner encore et encore…

Se pourrait-il que la vraie transformation se situe au-delà du connu ? Au-delà de la façon habituelle de percevoir le monde, les autres et nous-mêmes ? Se pourrait-il que la liberté ou le bonheur recherché ne se situe pas dans l’histoire que nous nous racontons au sujet de nous-mêmes ou du monde ? Comment accéder à cette nouvelle perspective, à ce changement de paradigme qui balaye d’un souffle le château de cartes de nos conditionnements et constructions égotiques ?

C’est précisément le cheminement suggéré par l’approche transpersonnelle.

De la réalisation du « moi » à la réalisation du « Soi »

Selon la pyramide des besoins du psychologue américain Abraham Maslow [19081970], le but ultime du développement humain est la réalisation de Soi. Les visions classiques de cette réalisation mettent l’accent sur l’actualisation de certaines caractéristiques psychologiques, telles que l’estime de soi positive, l’autonomie ou encore l’atteinte de notre plein potentiel afin de devenir une ‘meilleure version de nous-mêmes’. Il peut donc y avoir confusion entre « réalisation de Soi » et « réalisation de Moi ».

La perspective transpersonnelle (dont l’étymologie est on ne peut plus claire) permet de dissiper cette confusion puisqu’elle considère que la « réalisation de Soi » est justement d’aller au-delà de la « personne », du « moi-ego », afin de réaliser ce que nous sommes au plus profond et intime de nousmêmes. C’est découvrir la nature de notre propre Conscience (que certains appellent « Soi supérieur »), porte d’accès à l’Absolu, auquel toutes les traditions spirituelles se réfèrent depuis la nuit des temps.

La psychologie transpersonnelle inclut donc l’exploration de notre dimension spirituelle et des constructions égotiques qui « masquent » l’accès direct à notre Être véritable.

En raison de l’aspect spirituel de la psychologie transpersonnelle (et de ses origines jugées parfois douteuses — voir « encadré »),

Petite Histoire De La Psycho Transpersonnelle

Ses prémices ont été initiées dans les années ’60 grâce à l’émergence culturelle de l’utilisation de substances psycho-actives. Passionnés par leurs aspects rituels et chamaniques, deux psychologues de l’Université de Harvard, Timothy Leary et Richard Alpert, ont donc mené différentes études sur les effets de l’acide lysergique (LSD), des champignons sacrés mexicains, de l'ayahuasca et d’autres substances psycho-actives induisant des états modifiés de conscience. Ceci dans le but d’explorer des aspects de la psyché humaine situés audelà de notre portée normale.

Suite à ces travaux innovants, au début des années ’70, le psychiatre Stanislav Grof et le psychologue humaniste Abraham Maslow co-créent la psychologie transpersonnelle. Elle intègre alors les découvertes des écoles de psychologie classiques aux données philosophiques et chamaniques des grandes traditions spirituelles, ainsi qu’une étude approfondie des états modifiés de conscience (dont S. Grof a fait une cartographie très détaillée).

certains psychologues-matérialistes l’ont parfois décriée. Or, c’est précisément cette conception holistique de l’être humain qui rend cette approche si intéressante à étudier.

Au-delà du personnel

Qu’ils soient induits par des substances psycho-actives, par des techniques telles que le travail du souffle (comme la « respiration holotropique » co-créée par Stanislav et Christina Grof) ou survenus de façon spontanée, ces états modifiés de conscience peuvent non seulement jouer un rôle thérapeutique et spirituel (à condition d’être bien accompagné), mais ils élargiraient aussi notre champ perceptif afin d’accéder à une Réalité située au-delà de l’espace et du temps, tout en étant simultanément leur Source et leur substance.

Les expériences mystiques, parapsychologiques et les états de transe font donc partie intégrante des champs de recherche du domaine transpersonnel, situé aux confins de la psychologie, des découvertes en neurosciences et physique quantique, mais aussi des sagesses et pratiques traditionnelles, chamaniques et spirituelles.

La psychologie transpersonnelle ouvre dès lors des perspectives extraordinaires sur les potentiels de la Conscience, tout en intégrant les qualités spirituelles inhérentes à l’être humain. Elle explore une Réalité qui va bien au-delà de celle perçue par nos 5 sens habituels qui « filtrent » le Réel bien plus qu’ils ne le révèlent.

Le philosophe américain Ken Wilber [1949 -], l’un des pères de l’orientation transpersonnelle, relie ainsi la Conscience la plus intime de l’être humain à la Réalité ultime de l’Univers. Mieux, après exploration, elles se révèlent non distinctes l’une de l’autre. Pour Wilber, il n’y a même pas de « conscience personnelle » mais une seule et même Conscience en amont de toutes perceptions. Ainsi, la « Conscience » qui est consciente de rédiger ces mots est la même « Conscience » qui est consciente de les lire ici et maintenant…

Et concrètement ?

Les thérapeutes transpersonnels aident les patients à transcender leur vision d'eux-mêmes et à ouvrir leur esprit à de nouvelles façons d'aborder les défis de leur vie.

A cette fin, ils peuvent utiliser — conjointement aux techniques psychothérapeutiques classiques — de nombreuses autres méthodes telles que : la méditation traditionnelle ou le Mindfulness, la visualisation guidée, les techniques de relaxation et de réduction du stress, le rebirth, les pratiques respiratoires traditionnelles ou moderne (respiration holotropique, respiration Jagaana), l’interprétation des rêves, l’hypnothérapie, des rituels traditionnels ou modernes ou encore des processus expérientiels artistiques (comme la musique ou les arts plastiques).

Les thérapeutes transpersonnels peuvent intervenir dans tous les domaines où les thérapies classiques sont utilisées. Le but ne sera pas nécessairement d’améliorer ou de guérir le « moi », mais davantage prendre conscience de la dimension transpersonnelle qui englobe l’expérience d’être un « moi » séparé. C’est précisément le fait de se sentir « séparé » du Tout qui génère les déséquilibres et le sentiment de souffrance.

Pour paraphraser Albert Einstein, la psychologie transpersonnelle met en évidence le fait que que nous ne pouvons pas résoudre nos problèmes avec le même niveau de pensée que celui qui les a engendrées. En d’autres termes, les problèmes liés au « moi » ne peuvent être résolus par les moyens dont dispose le moi. Il faut aller au-delà du personnage que l’on croit être pour comprendre la cause qui a engendré le déséquilibre ou la souffrance. Cause que l’on pourrait résumer par la croyance d’être un petit personnage limité et séparé dans le grand film du monde. Après investigation, il s’avère que cette croyance centrale (ainsi que de nombreuses autres croyances satellites) peut se dissoudre et révéler notre Nature profonde, qui est identique à chaque être humain.