Basse loire

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PAYSAGE AU FIL D’UN ESTUAIRE

VOYAGE D’ÉTUDE EN BASSE LOIRE, DE LA VILLE DE NANTES AU CROISIC Eugénie Faisant // 4A ENSNP // octobre 2014


SOMMAIRE Sur la route du sel 13

11Le Croisic 2

9Sur la façade Atlantique

PNR de la Brière 15

8L’estuaire de la Loire

4Nantes et sa métamorphose


INTRODUCTION De Nantes jusqu’au Croisic, en passant par Saint-Nazaire, le PNR de la Brière et les marais salants du Mès ; ce voyage de quatre jours nous a permis de nous interroger sur les problèmatiques d’un estuaire, des différents paysages qui en découlent et des enjeux socio-économiques.

L’ESTUAIRE constitue l’embouchure d’un fleuve ; il est généralement de forme évasée. C’est le lieu où la mer remonte, c’est une zone de mélange entre eau douce et eau marine. Ce mélange induit un gradient très important des propriétés physico-chimiques des eaux, formant ainsi des habitats très variables et accueillant une biodiversité animale et végétale.

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NANTES ET SA MÉTAMORPHOSE LE CONTEXTE GÉOGRAPHIQUE DE NANTES

Nantes est une ville de fond d’estuaire qui a beaucoup changé dans le temps. Nantes a une situation géographique stratégique pour l’homme par de par son interface entre le fleuve et l’océan. Le Massif armoricain plonge sous la Loire ralentissant le cours de la Loire et favorisant une accumulation de sable. Grâce à ces dépôts, la formation de petites îles ont fait exister l’un des rares lieux de franchissement de la Loire. Le sillon de Bretagne délimite au nord-est le plateau nantais (connu pour ses grandes plaines). Au sud, le territoire est limité par les coteaux de Saint-Père et entre les deux existent des zones humides très fragiles.

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ÉVOLUTION DE L’URBANISATION

La ville était d’abord contenue dans les enceintes du château (300 ha). À partir du XVIII° siècle, la ville de Nantes sort et s’étend au nord de la Loire et vers Saint-Nazaire, un peu vers le plateau nantais et vers Paris. Nantes reste une ville où l’étalement urbain est grand. Nantes s’est d’abord enrichie sur le commerce triangulaire et la traite négrière qui ont duré jusqu’en 1864. Suite à cette période, qui restera longtemps taboue, Nantes connait le début de l’industrialisation. Les capitaines de l’industrie reposaient sur l’agroalimentaire mais surtout sur l’industrie navale. L’archipel

s, inondables en période de crue, était disponible pour accueillir des usines, mais le site ferma en 1987. La désindustrialisation se termina en 1990 avec l’arrivée de Jean-Marc Ayrault qui voulu que Nantes devienne une ville tertiaire. L’homme adapta son travail au territoire et déplaça le port à Paimboeuf (XVIII° siècle) puis à Saint-Nazaire (XIX° siècle). La période industrielle de Nantes a laissé de grandes marques sur le territoire urbain, dont le devenir est l’enjeu actuel de revendications patrimoniales et matérielles qui ne sont pas toujours en accord avec les politiques urbanistiques d’aménagement.

panorama sur l’île de Nantes


CONTEXTE HISTORIQUE DE L’ÎLE DE NANTES DÉSINDUSTRIALISATION D’UN SITE STRATÉGIQUE L’île de Nantes s’est construite grâce à l’association d’îlots sablonneux, découpés par des bras de la Loire qui ont été comblés pour n’en faire qu’une seule île. La partie la plus ancienne, au centre, était occupée par des faubourgs. Cette installation a été possible grâce à l’existence d’un pont reliant l’île et les berges du fleuves, facilitant le commerce. La pointe ouest s’est développée pendant la révolution industrielle. Tournée vers Saint-Nazaire, elle s’orientait vers l’activité maritime. De plus, le commerce négrier a fait vivre une activité commerciale par les chantiers navals. À l’est, l’urbanisation s’est propagée très rapidement pour répondre à un besoin en logement. Les quartiers y étaient peu poreux, très denses et faits de construction de tours et de barres. Aujourd’hui, les usages ont été mixés pour que la ville vive tous les jours. Les premières constructions navales métalliques ont engendré des cargots de plus en plus gros et manoeuvrer à Nantes est devenu de plus en plus compliqué. À partir de 1987, les chantiers navals ont fermé et ont été déplacés à Saint-Nazaire ; l’île a alors évolué en friche.

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La position de cette île est plus que stratégique pour une ville comme Nantes et il devient nécessaire de valoriser ce territoire délaissé en coeur de ville. C’est Alexandre Chemetoff, architecte et urbaniste, qui va penser l’île dans sa globalité pour ne garder que ce qui fait l’identité de l’île et la reconnecter à sa ville. Le projet se développe selon quatre axes : • connecter l’île avec son environnement au sud et au nord ; • construire une ville en accord avec son fleuve : travail sur les berges ; • travailler l’espace public, pour les habitants ; • intégrer la mixité des usages, de l’architecture en mettant en valeur le passé de l’île. L’île de Nantes est un très bon exemple de projet de reconversion. Je pense qu’il est très important, aujourd’hui, de garder la mémoire d’un lieu mais sans le figer pour autant ; mettre en valeur le patrimoine culturelle à travers des usages. Penser un projet dans sa totalité est la clé pour sa cohérence globale. En arpentant le site, nous est contée l’histoire industrielle de ce lieu. De plus, ce site s’est construit en mixant des usages et les catégories socioprofessionnelles, ce qui est pour moi une ligne de conduite pour limiter les problématiques de ségrégation.

La végétation très spontanée, le mobilier en acier corten, les différents types de cheminements, contribuent à la mémoire de la friche industrielle. Des lieux uniques qui créent le caractère d’un espace pensé pour le grand public.

Les anneaux de Buren s’étendent le long de la promenade du quai des Antilles. Ils offrent un cadrage sur la ville de Nantes et sont la mémoire des bracelets de l’esclavage.


UNE FIGURE PAYSAGÈRE QUI FÉDÈRE

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1. LES RIVES DE LOIRE

3. LA TRAME VIAIRE EST-OUEST

5. LES AMÉNAGEMENTS DES VOIES FERROVIAIRES

La phase 1 du projet urbain a permis aux Nantais de retrouver leur fleuve, travail qui reste à parachever en aménageant les parties manquantes du pourtour de l’île. À terme, la reconfiguration des berges aboutira à une promenade continue de 12 km, dont près de 7 km sont déjà réalisés.

Le projet double la ligne de chronobus par un second transport performant en site propre desservant le futur CHU. Une occasion de créer deux axes est-ouest combinant transport public, voies circulées et pistes cyclables. Au nord, le chronobus et la véloroute configurent complètement l’espace public.

Les talus et viaducs ferroviaires, blessures dans le tissu urbain, peuvent se transformer en un espace réunificateur. La piste cyclable de la véloroute va traverser l’île en longeant le talus ferroviaire, levier d’amélioration des espaces publics sur son passage. Sur le large faisceau ferroviaire sera aménagé un grand parc.

2. LA TRAME VIAIRE NORD-SUD

4. LA RECONFIGURATION DU BD GUSTAVE-ROCH

6. LA STRUCTURE PAYSAGÈRE DANS SA TOTALITÉ

L’équipe Smets/uapS renouvelle les lignes de ponts nordsud traversant l’île. Par exemple, l’asymétrie du boulevard Général de Gaulle est soulignée grâce a un espace ouvert et boisé qui fait face a un alignement de façade. Enfin, une nouvelle liaison entre les ponts Anne-de-Bretagne et TroisContinents prendra la forme d’un large boulevard planté.

Le boulevard Gustave-Roch est transformé en ‘cours’ de l’île animé : une large rue généreusement plantée relie les futurs aménagements des sites Tereos Béghin-Say au sud au Jardin des Fonderies dans le centre.

‘Être opportuniste, profiter de tous les axes de transport pour construire la structure verte et pour relier les nouvelles opéraations à l’existant. La ligne C5 offre la première de ces opportunités pour une liaison est-ouest fluide, connectée aux autres transports publics. C’est l’occasion de réaliser un axe vert, planté de beaucoup d’arbres’ Marcel Smets.


LA MÉMOIRE DE LA TRAITE NÉGRIÈRE Au début du XVIII° siècle, la traite négrière est une affaire nantaise. Nantes est la capitale française du commerce négrier. À partir de 1814, le trafic fut interdit mais les activités liées à la traite se poursuivirent jusque dans les années 1830.

Jusqu’à la fin du XX° siècle, la traite des Noirs était une période de l’histoire nantaise mal représentée. En effet, les romans qui parlent de cette époque et qui prennent Nantes comme décor évoquent très peu ce passé moralement peu glorieux mais économiquement faste. C’est en 1981, L’histoire de la ville a été façonnée par la que des universitaires décident de faire traite des Noirs même si son histoire est tomber le rideau, d’abord soutenu par les longtemps restée taboue. C’est environ politiques de la ville. En 1983, c’est suite 200 familles d’armateurs nantais qui ont au basculement politique de la ville que les principalement tiré profit de la traite. Ils financements accordés à ce projet tombent constituaient une bourgeoisie coloniale à l’eau. Face à cet abandon, une association négrière influente dans les affaires de la voit le jour en 1984 sous l’appellation « Le ville. Cependant, les Nantais d’aujourd’hui Triangle d’ébène ; Code noir, esclavage et ont oublié les noms de ces familles, c’est mémoire nantaise » et obtient l’appui de la dans le paysage de la ville, à travers le bâti ville. et l’histoire des quartiers que les traces de cette histoire se révèlent. C’est en 2012 qu’est créé le Mémorial de l’abolition de l’esclavage, pas complètement indépendant des enjeux politiques locaux.

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Plus de 200 ans de lutte ont été nécessaires pour que la traite et l’esclavage soient officiellement abolis dans l’ensemble des pays du monde. Pourtant, malgré ce long combat, il reste encore aujourd’hui dans le monde des dizaines de millions de vue sur le mémorial de l’esclavage et l’ancien transborder personnes en situation d’esclavage.


L’ESTUAIRE DE LA LOIRE DESCENTE VERS L’OCÉAN AU FIL DES AMBIANCES

Au fil de l’eau, les paysages nous content une succesion d’histoires et d’évolution : de l’étranglement du Pellerin, lieu de traversée de Saint Jacques, à Indrette où le bac de Loire permet la traversée. Un monde également, où s’impose peu à peu la notion de patrimoine industriel. L’industrialisation marque le paysage de l’estuaire comme elle a marqué notre histoire. Tout au long de l’estuaire de la Loire, des vestiges témoignent de ce temps, qui aujourd’hui s’effacent peu à peu de notre mémoire.

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UNE CULTURE AU SERVICE DE LA NATURE

La promenade est ponctuée sur tout son long d’installations artistiques permanentes. Ces oeuvres font partie de «l’aventure artistique ESTUAIRE». Il s’agit d’un programme qui valorise et accompagne le projet politique de la création de la métropole NantesSaint-Nazaire. Ces installations font écho au site dans lequel elles se trouvent : celui influencé par une Loire au lit changeant, ou bien celui qui a évolué au rythme des grandes cheminées s’y érigeant les unes après les autres.

Ce programme artistique s’inscrit de fait dans une logique de développement du territoire. Introduire l’art dans la nature permet à l’oeuvre de mettre en valeur son contexte. Elle invite à la contemplation ; les usagers, à travers l’événement, observent un paysage qu’ils n’auraient sans doute pas pris le temps de regarder.


SUR LA FAÇADE ATLANTIQUE : SAINT-NAZAIRE UNE VILLE QUI S’EST DÉVELOPPÉE TRÈS VITE La ville de Saint-Nazaire jouit d’une position géographique stratégique : sur la façade Atlantique et à l’embouchure de la Loire, elle a toujours été fortement liée à l’eau et aux activités maritimes. Jusqu’en 1850, Saint-Nazaire était un petit village de pêcheurs de 750 habitants. C’est à partir du XIXème que la ville va rapidement changer et se construire à partir de deux projets : l’avant port de Nantes d’une part et la création d’une ville industrielle d’autre part. Saint-Nazaire se peuple grâce à trois vagues de migration. La première était constituées de Bretons, Vendéens et Angevins venant tous pour travailler dans l’industrie. La deuxième vient avec les Espagnols et les Italiens qui fuient le fascisme. La troisième a lieu après la deuxième guerre mondiale. Saint-Nazaire fut la dernière ville d’Europe libérée et elle a aussi accueilli des Allemands et des Américains.

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paysage industriel de Saint-Nazaire


UNE CICATRICE COMME LIEN DANS UNE NOUVELLE URBANISATION Au cours de la deuxième guerre mondiale, Saint-Nazaire va vivre un bouleversement, le port industriel se transforme en port militaire et se voit construire une imposante base sous-marine. Cette base est la plus grande fortification de cette guerre.

À la sortie de la guerre, la ville, fortement bombardée par les avions alliés se reconstruit en marge de ce site militaire, le laissant comme une trace traumatisante du passé. Ce site est alors une frontière entre le centre-ville qui s’est reconstruit plus éloigné dans les terres, et le port. C’est à partir de 1981 que l’urbanisation de la ville est repenser et qu’il y a une volonté de connecter la ville à son port. La base sous-marine apparait alors comme un élément très important pour faire ce lien ; d’autant plus que pour des questions pratiques il est impossible de détruire cette base (les coûts seraient trop élévés, personne ne l’a jamais fait, les plans de cette base n’existent pas...). C’est Joel Batteux qui lance le projet urbain : d’assumer la base et la transformer, en partenariat avec l’agence de l’urbanisme de la ville. La base va être aménagée pour accueillir du public et être adaptée à son nouvel usage. Les murs vont être percés pour offrir une visibilité sur l’eau ; le toit va devenir une place urbaine grâce à Gilles Clément et son jardin du tiers paysage. Elle a pour objectif de renforcer l’aspect culturel, touristique et commercial tout en renforçant le lien à la ville.

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La base navale de Saint-Nazaire est aussi un bon exemple de reconversion. Même si son architecture est très imposante, à travers la culture et les loisirs, elle se rend accessible au public. L’intervention de Gilles Clément offre une ouverture sur le paysage, sur la ville et permet aux visiteurs de s’approprier Saint-Nazaire. la base navale : l’intérieur, l’extérieur et se qu’elle donne à voir


LE CROISIC : ENTRE PAYSAGE REMARQUABLE ET TOURISME DU COMMERCE DU SEL À LA PRESSION TOURISTIQUE La ville du Croisic s’est développée grâce au commerce du sel ; le vent et le soleil ont fait de la ville du Croisic une ville prospère et son port un port de commerce. Au XIX° siècle, le déclin du commerce du sel pousse définitivement le port vers la pêche à la sardine avec la construction d’une criée et de conserveries. Parallèlement la ville devient la première station balnéaire du littoral sud breton, le tourisme ne cessera plus de se développer et constitue désormais la principale activité de la cité. Aujourd’hui le Croisic est une commune située à l’extrémité ouest de la presqu’île de Guérande, elle est distante de 80 km de Nantes et 25 km de Saint-Nazaire. Elle est séparée du reste du littoral par un isthme étroit. Sa position géographique en fait un site exceptionnellement beau et important à protéger. Cette presqu’île s’étend sur 450 ha et accueille 4100 résidents à l’année et jusqu’à 30 000 résidents l’été. Cette particularité marque un paysage soumis à une pression touristique très forte, la géographie du site et sa fragilité impliquent un aménagement complexe du territoire.

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de la zone non-urbanisée...

... à la côte de la ville du Croisic


ÉLÉMENTS ET ESPACES SENSIBLES DU TERRITOIRE COMMUNAL

DES CÔTES NATURELLES À PROTÉGER

Le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) se construit autour de 3 grandes notions : - un territoire spécifique, une identité marquée à affirmer ; - une ville à part entière à conforter ; - un territoire d’accueil à promouvoir.

La côte sud est escarpée et rocheuse ; elle présente des problèmes d’éboulement et d’érosion dues à l’écoulement des eaux pluviales de la route. Les cheminements à travers ce site sont toujours en chantier et le revégétalisation est difficile.

Les dispositions de la loi Littoral du 3 janvier 1986 se concrétisent dans le P.O.S. du Croisic sous 2 formes : les espaces remarquables et la coupure d’urbanisation. Les deux espaces remarquables sont le Grand Traict - son pourtour, les marais salants - et la côte sauvage.

Un problème de pression humaine persiste, il n’y a plus de sable sur la plage. Chaque plage a son propre écosystème, avec un sable ayant une granulométrie propre et si on apporte du sable d’ailleurs, il s’en va aves les marées. Le sable du Croisic disparait et la tourbière apparaît ce qui déplait aux touristes. La ville pose des pièges à sable, mais ceci est encore une action menée contre la nature.

Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) souligne que le territoire, en évoluant, laisse peu de zones constructibles disponibles : environ 5 ha.

Une coupure d’urbanisation (1994) a été localisée sur la pointe du Croisic et c’est l’un des rares sites en Loire-Atlantique où le pays intérieur avance jusqu’à la mer sans l’obstacle d’une urbanisation littorale. Sa valeur est d’autant plus grande qu’elle se situe aux portes d’un secteur très habité et très fréquenté.

La côte nord est basse et sableuse, elle est très exposée à l’érosion.

zone verte, visible nord-sud non urbanisable

zone rurale

La ville du Croisic fait face à une pression touristique très importante comme beaucoup de villes du littorale. Cette sur-fréquentation de la presqu’île met en danger son équilibre naturel et représente une pression sur le paysage. De plus, le développement d’infrastructures (gare TGV) peut avoir une influence indirecte et un impact ciblé sur une portion de territoire. Le Croisic fait face à une dualité d’enjeux entre attractivité touristique et conservation du littoral.

centre-ville

bord de mer 12

isthme


SUR LE CHEMIN DU SEL UN PAYSAGE REMARQUABLE CONSTRUIT PRODUIRE ET ENTRETENIR DIFFÉREMMENT Le paludier que nous avons rencontré a repris l’exploitation depuis 17 ans. Les marais du Mes ont permis la création d’emplois : il y a 17 ans il y avait 15 producteurs et aujourd’hui ils sont 25 producteurs. Les marais sont des zones plates bordées par des champs agricoles. La saline est de forme carrée car récente (environ 1000 ans).

Historiquement la production de sel se faisait grâce au le feu ; la terre était lessivée, chargée en eau saumâtre, elle brûlait pendant quelques heures pour ne laisser que le sel. On retrouve des traces de ces bassins partout sur les littoraux mais aujourd’hui on ne retrouve que des bassins très productifs. Les paludiers entretiennent les marais mais n’en créent plus.

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Les marais salants de la vallée du Mes sont un espace reconnu et bien protégé mais il est soumis au réchauffement climatique car le plus gros danger est l’élévation du niveau de l’eau de mer.

Suite à l’industrialisation, la mécanisation et la production de masse, les petites exploitations ont éprouvé des difficultées à faire face aux pressions économiques. Aujourd’hui, il y a une réelle reconnaissance de ce patrimoine naturel et la tendance est ‘bon produit, beau paysage’. L’existence de coopératives permet aux paludiers qui le souhaitent de gérer ces exploitations différemment ; ils ne vendent pas et ne stockent pas mais mettent leur stock en commun pour mieux vivre et faire face aux conditions climatiques compliquées ou encore aux catastrophes écologiques leur empêchant une production (Erika).

Les marais salants du Mès sont une bonne image de ce que peut être un paysage de production. Rendre possible une belle production associée à un bon usage est aujourd’hui une solution pour produire différemment, dans le respect de la nature et du paysage. Il faut que ces pratiques, petit à petit, influencent d’autres domaines de l’agriculture pour améliorer notre cadre de vie.


UN SYSTÈME HYDRAULIQUE INGÉNIEUX La fonction d’une saline repose sur un mécanisme hydraulique très savant qui s’appuie sur l’écoulement de l’eau. Les salines jouent sur des différences infimes de dénivelés qui se font à vue d’eau : entre le bassin le plus haut et le bassin le dénivelé est de 2 cm. Il est important de gérer constamment l’eau car moins il y a d’eau et plus il y a du sel. L’eau de mer est chargée a une teneur en sel de 20 g/L et il faut que cette concentration augmente jusqu’à 250 g/L pour que la matière commence à se cristalliser d’abord en petite pointe et le sel bourgeonne autour ; ainsi, le sel coule et s’agrège au fond de la saline et les paludiers récoltent. Le las est une planche qui permet de créer des vagues qui vont amener le sel au niveau des lagunes (50 à 60 kg de sel/jour, pour le gros sel). Pour avoir la fleur de sel : en fin de journée, l’eau est tellement cristallisée que le moindre souffle de vent pousse dans un coin ce que l’on appelle la fleur de sel (4kg/oeillet).

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Atlas des Paysages // Loire-Atlantique


LE PNR DE LA BRIÈRE LE PAYSAGE DE LA BRIÈRE : UN ÉQUILIBRE COMPLIQUÉ

Le Parc Naturel Régional de Brière est habité et composé de plusieurs communes. Il s’étend sur les marais de Brière, au nord-ouest de l’estuaire de la Loire, en Loire-Atlantique et regroupe 20 communes. Il est cerné par le sillon de Bretagne et celui de Guérande. C’est suite à une prise de conscience des richesses écologiques et patrimoniale et de la beauté du site, que le parc a été créé en 1970. Ce PNR (l’un des premiers de France) a pour enjeux principaux la protection et la valorisation du patrimoine environnemental, culturel et architectural. Ce parc est un ensemble de zones humides remarquables d’une surface de 7000ha. Un réseau de canaux passe entre les parcelles à l’arrière des maisons. Le maintien des berges de ce sol tourbeux est assuré par un treillage ou plessage en osier. 15


CONCLUSION

Ce voyage m’a permit de connaître le paysage qui se dessine le long de l’estuaire de la Loire. D’étroites relations se sont tissées entre les hommes et ces nombreux milieux. Les paysages relatent un riche passée entre anciennes pratiques, industrialisation et art contemporains. Nous avons rencontré l’eau sous toutes ses formes : douce autour de l’île de Nantes, saumâtre dans l’estuaire de la Loire, salée au Croisic et dans les marais du Mès. À chaque fois, c’est une histoire entre l’homme et la nature, entre lutte ou collaboration.

BIBLIOGRAPHIE

• Les notes ont essentiellement été prises sur le terrain. • Les photographies sont toutes personnelles. •

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Sociologie de Nantes, Philippe Masson, collection Repères, imprimé en 2013.

• www.iledenantes.com • www.parc-naturel-briere.com Charte 2014 - 2026


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