Mémoire Fin d'Étude

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COMMENT CULTIVER MARSEILLE ?

L’agriculture, un outil pour la valorisation des paysages en ville

Eugénie Faisant Travail de Fin d’Étude - 2015/2016

PROFESSEUR ENCADRANT Sylvain Morin DIRECTEUR DE MÉMOIRE

Sébastien Bonthoux

L’agriculture est justifiable en ville grâce au projet de paysage urbain. Par exemple, en zone inondable, on pourrait construire un parc à but unique qui serait récréatif, mais si on le pense agricole, il n’est plus seulement récréatif, il est aussi pédagogique, productif et il devient le support d’une activité qui génère de l’emploi, des rencontres et on fait d’un espace deux choses plutôt qu’une.

« Olivier Bories, agronome

MEMBRES DU JURY

PRÉSIDENT DE JURY

Bruno Ricard

Hydrologue dans le bureau d’étude SINBIO

Enseignant en hydrologie à l’École de la Nature et du Paysage

DIRECTEUR DE MÉMOIRE

Sylvain Morin

Paysagiste-concepteur à l’Atelier Altern

Enseignant de projet de paysage à l’École de la Nature et du Paysage

PROFESSEUR ENCADRANT

Sébastien Bonthoux

Maître de conférence à l’École de la Nature et du Paysage

Enseignant en écologie du paysage, agronomie et SIG

L’agriculture urbaine se définit comme une agriculture intra ou péri urbaine qui entretient avec la ville des rapports fonctionnels réciproques, elle participe au même titre que les espaces bâtis au processus d’urbanisation et forme avec eux le territoire de la ville. André Fleury & Pierre Donadieu, 1996

les blettes de Patrick Vabre

AVANT-PROPOS

L’histoire a commencé grâce à une volonté d’améliorer les modes d’alimentation ; face à un raz-le-bol général du monopole des grandes surfaces et des origines douteuses des produits que l’on consomme. À ce sentiment de subir une mondialisation non choisie, s’est mélangée l’envie de vivre dans une ville utopique construite sur un modèle durable, où les usagers ne seraient pas seulement consommateurs de l’espace public mais finalement acteurs de l’amélioration de leur cadre de vie.

L’agriculture urbaine est un mode de production qui peut être une alternative à la logique économique de la société dans laquelle nous vivons. Elle m’est apparue comme un moyen d’alimenter des circuits courts et de reconnecter les consommateurs à l’origine des produits achetés et les rendre responsables de leur espace quotidien.

De plus, ma formation de paysagiste m’a poussée à me demander comment l’agriculture urbaine pouvait contribuer à inventer de nouveaux paysages en ville mais aussi comment elle pouvait participer à l’entretien des terrains de la ville.

troupeau de chèvres de la Ferme de la Tour des Pins, Marseille 15ème arrondissement

Une ouverture sur des nouveaux paysages Un terreau fertile pour l’agriculture

Des points de vue différents

Consommation et production

Diversité des formes, diversité des usages

Un climat méditerranéen qui a façonné le territoire

La garrigue : une végétation adaptée

Une ville d’horizon

La diversité des enjeux de l’agriculture urbaine

Appréhender autrement la conception

Entretenir les paysages et en créer L’AGRICULTURE

La construction du canal ou l’essor de l’agriculture

D’une ceinture maraîchère puissante aux reliquats de l’agriculture

Un urbanisme rapide responsable de la fragmentation du territoire

Une grande variété de projets

Des projets qui développent un tissu économique local

Des projets de cohésion sociale et pédagogique

La nature en périphérie de la ville

Une ville composite

Quelle agriculture aujourd’hui ?

EXPÉRIMENTATIONS

Des formes au service de l’agriculture

Le quartier de la Viste, un belvédère sur la mer

La naissance d’une friche

Une guarrigue oubliée au nord de Marseille

Le pâturage pour l’entretien de la garrigue

ANNEXES

Rencontres pour témoignages

Paco Friez

Maryline Leblanc et Vincent Ferlicot

Marie Maurage

Armelle et Franck

Proches des terrains

Un ancien terrain agricole

Le cloître, un espace très fermé sur lui-même

Découvrir le site à travers la thématique agricole

Un quartier de micro-délaissés

Une université vieille de plus d’un siècle

L’université, un potentiel de surfaces plates et imperméables

Un site pilote pour l’étude d’un cycle agricole

Thomas Martin

Julien Nadreau ASSOCIATION ET

Olivier Bories

Christine Aubry

INTRODUCTION

Le développement de la ville est contraint par de nombreux enjeux comme son développement économique, ses dynamiques sociales et ses préoccupations environnementales auxquels l’agriculture urbaine peut en partie répondre. En effet, elle favorise les surfaces perméables et diminue l’effet d’îlots de chaleur. De plus, combinée à des pratiques culturales respectueuses de l’environnement, elle contribue à favoriser la biodiversité en ville. Elle offre un contact avec la nature pour les habitants des différents quartiers et elle est désormais un outil important de développement économique local et de cohésion sociale en favorisant les circuits courts.

Il est pertinent de comprendre comment ces atouts, évoqués ci-dessus, jouent un rôle important pour l’amélioration des différents cadres de vie et comment l’agriculture peut créer des espaces récréatifs ouverts à tous dans la ville.

La ville de Marseille a la particularité de jouir d’un cadre naturel exceptionnel, dans sa périphérie, grâce à ses massifs calcaires mais elle n’a que peu d’espaces récréatifs à l’intérieur de la ville accessibles au quotidien. De plus, c’est une ville qui a connu un fort passé agricole mais sa ceinture maraîchère a quasiment disparu sous l’effet de la pression foncière et des politiques de logement des Trente Glorieuses, entraînant la constitution de friches, potentiels pour les espaces à vocation agricole. Marseille n’a que très peu d’espace agricole (seulement 3%) comparé à d’autres métropoles et est pourtant portée par une volonté de valoriser l’agriculture (selon une étude de Marseille Provence Métropole, 2015). Enfin, grâce à ses dynamiques sociales fortes et ses cultures hétéroclites, l’agriculture urbaine peut prendre une multitude de formes invitant une forte diversité.

Comme le dit Marie Maurage, agricultrice dans le 14 ème arrondissement de Marseille : « Il y a mille choses à faire à Marseille, avec toutes ces terres agricoles non exploitées, cette richesse culturelle… on pourrait en faire une ville témoin de la souveraineté alimentaire ! »

Pour répondre aux différents enjeux présentés précédemment, je propose de développer la problématique suivante : comment l’agriculture urbaine, grâce à la diversité de formes qu’elle peut prendre, peut-elle inventer de nouveaux espaces à l’intérieur de la ville ? Ces espaces inviteraient les citoyens à contempler le paysage de la ville. Ils seraient à la fois pédagogiques et récréatifs pour inciter les usagers à se tourner vers les circuits courts et une économie locale afin d’améliorer leur qualité de vie.

Pour répondre à cette question, il est pertinent de construire un modèle qui se veut permanent à l’échelle de la ville mais temporaire à l’échelle des quartiers. En effet, le foncier est en conflit avec l’agriculture : là où nous voulons faire pousser un peu de verdure, d’autres veulent y faire pousser des immeubles. Néanmoins, la ville de Marseille possède de nombreux terrains qui sont soit inconstructibles à causes des risques naturels, soit en réserves foncières. Il faut donc penser l’agriculture, d’une part à l’échelle de la ville afin de constituer un réseau parcellaire éclaté qui constituerait une trame agricole référente pour les aménageurs. D’autre part, l’échelle du quartier me permettrait de tester les différentes formes que peut prendre l’agriculture en comparant différents contextes et quel type de paysage elle peut inventer afin d’améliorer celui du quotidien. Ces sites pilotes seraient des laboratoires d’expérimentations pour les agriculteurs, les usagers et la ville.

DISSECTION D’UNE MÉTHODOLOGIE

L’idée de ce mémoire est de comprendre ce qu’est l’agriculture urbaine aujourd’hui. Grâce à une multitude d’exemples qui existent déjà dans le monde et une compilation de témoignages (synthétisés en annexe de ce mémoire) venant d’agriculteurs, de chercheurs ou de paysagistes, j’ai pu appréhender la diversité que pouvait arborer l’agriculture en ville.

Afin de concevoir le sens que peut prendre l’agriculture dans une ville, il me fallait un terrain d’expérimentation. J’ai ressenti le besoin d’aller à la rencontre d’une ville que je ne connaissais pas et j’ai choisi Marseille.

Pour cet exercice, je voulais comparer différents types de projets en utilisant 3 sites différents qui ont chacun leurs spécificités et qui sont complémentaires dans leurs enjeux.

Suite à la comparaison des 3 projets, je définirai une charte agricole pour la ville. En cartographiant les espaces vides propices à l’installation d’une activité agricole et en les identifiants, je pourrais alors essayer d’orienter la politique agricole à mener sur ces terrains en fonction de leur situation, du public visé ou des propriétaires du terrain.

ceux qui pensent

ceux qui expérimentent ceux qui décident

habitants

paysagistes restaurateurs

AgroParisTech agriculteurs

agronomes

collectivités

AGRICULTURE URBAINE

Réseaux des Jardins Solidaires de la Ville de Marseille

associations coopératives

commerçants

Atelier Marseillais d’Initiatives en Écologie Urbaine

Comment l’agriculture urbaine, grâce à la diversité de formes qu’elle peut prendre, peut-elle inventer de nouveaux espaces à l’intérieur de la ville ?

MARSEILLE

choix de 3 sites pour expérimenter la diversité de l’agriculture urbaine

zone d’activité

petits collectifs et pavillonaires disparates

extrapolation à l’échelle de la ville

forte densité de bâti

LOCALISATION & CONTEXTE

Région

Département

Surface

Nombre d’habitants

Densité

240,62 km2

852 516 hab (2012)

3 543 hab/km2

Marseille est située au sud de la France. Sa superficie en fait la sixième plus grande ville de France métropolitaine. Paris a le rang de 140 (selon l’Institut national de l’information géographique et forestière). Son nombre d’habitants en fait la deuxième ville la plus peuplée, derrière Paris.

Marseille s’est construite très rapidement à la sortie de la guerre, elle est donc une ville très atypique. Son architecture et ses paysages sont très nombreux : on raconte qu’elle est composée de 111 communes. Au fil d’une déambulation, on trouve des anciens centres bourgs, avec leur église, leur place faite de commerçants et, tout autour, des petites habitations. En arpentant la ville, on se rend rapidement compte que le relief est très accidenté et qu’il y a beaucoup de terrains à l’abandon. Le cadre naturel environnant permet aux curieux de facilement prendre de la hauteur et de se retrouver face à des panoramas incroyables qui révèlent toute la beauté insoupçonnée de la ville. On peut y voir tout ce qui fabrique Marseille : la mer, le port, les infrastructures routières, les habitations du XIXème siècle avec leur église, les zones d’activités et toute la nature.

exploitation de Patrick Vabre à Marseille

URBAINE

UNE OUVERTURE SUR DES NOUVEAUX PAYSAGES AGRICULTURE

1. DÉFINITIONS

2. L’AGRICULTURE POUR VALORISER LA VILLE

3. L’AGRICULTURE URBAINE À TRAVERS LE MONDE

habitants

restaurateurs

paysagistes

AgroParisTech

agronomes

collectivités

associations

AGRICULTURE URBAINE

agriculteurs

Réseaux des Jardins Solidaires de la Ville de Marseille

coopératives

commerçants

Atelier Marseillais d’Initiatives en Écologie Urbaine

Comment l’agriculture urbaine, grâce à la diversité de formes qu’elle peut prendre, peut-elle inventer de nouveaux espaces à l’intérieur de la ville ?

MARSEILLE

choix de 3 sites pour expérimenter la diversité de l’agriculture urbaine

zone d’activité

petits collectifs et pavillonaires disparates

forte densité de bâti

extrapolation à l’échelle de la ville

À travers cette première partie de mémoire, j’ai essayé de comprendre quelles étaient les différentes définitions de l’agriculture urbaine. Lors de mes recherches, j’ai noté que même si cette pratique peut prendre une multitude de formes, sa fonction première est de produire des aliments. Cette production alimentaire, même si elle n’est pas toujours quantifiable, est le support d’autres fonctions comme celle de transmettre un savoir-faire à travers des ateliers pédagogiques ou encore porteurs d’une économie locale.

J’ai essayé de comprendre comment l’agriculture urbaine valorise la ville. Elle présente une multitude d’enjeux comme celui de produire en circuit-court ou d’améliorer l’environnement urbain. Ma vision de paysagiste m’a poussée à comprendre comment cette agriculture peut inventer de nouveaux paysages mais aussi comment elle peut entretenir les espaces verts ou libres qui composent nos villes d’aujourd’hui.

Actuellement, il existe une multitude de projets d’agriculture urbaine qui sont tous différents les uns des autres. Il existe des projets très architecturaux qui consistent à dessiner de super tours maraîchères qui visent à une production maximale sur une surface minimale. D’autres projets, plus traditionnels, sont les jardins collectifs de réels lieux culturels et de partage. Dans cette première partie de mémoire, je me suis particulièrement intéressée aux fermes pédagogiques qui ont un atout de très grande valeur : celui de fédérer les habitants et surtout les enfants autour de la transmission d’un savoir. Je me suis aussi intéressée à ceux qui favorisent le développement d’une économie locale, car l’agriculture est pour moi avant tout un métier à part entière où les agriculteurs doivent pouvoir vivre de leur activité correctement et en faire profiter les populations défavorisées qui rencontrent des difficultés à bien se nourrir ; l’alimentation ne doit pas être un luxe.

Afin de saisir quels étaient les différents moyens de faire de l’agriculture urbaine, je me suis enrichie de lecture sur des projets qui existent déjà ou qui ont vocation à se réaliser. J’ai aussi rencontré différents spécialistes de la question, comme Christine Aubry, agronome à AgroParis Tech, et des praticiens comme les agriculteurs présentés ci-dessous.

Marie - éleveuse
Armelle - maraîchère
Patrick - maraîcher
Franck - maraîcher
Rémi - maraîcher
Yves - fermier
Maryline
Ferme de Paris

DÉFINITIONS

1.1 - DES POINTS DE VUES DIFFÉRENTS

1.2 - CONSOMMATION ET PRODUCTION

1.3 - DIVERSITÉ DES FORMES, DIVERSITÉ DES USAGES

1.1

DES POINTS DE VUES DIFFÉRENTS

L’agriculture urbaine est un sujet très médiatisé, porté par les politiques et qui mérite d’être défini et questionné.

La ville est une agglomération, caractérisée par un habitat concentré, dont les activités sont axées sur l’industrie, le commerce et les services. L’agriculture, quant à elle, se définit comme étant une activité qui résulte de la transformation, par les hommes, de son milieu naturel afin de produire des végétaux et d’élever des animaux qui seront nécessaires à l’alimentation humaine. Le terme d’agriculture urbaine peut donc apparaître comme une contradiction pour certains.

Pour d’autres, elle apparaît comme un nouveau concept. L’agriculture et la ville se sont toujours construites l’une avec l’autre et ne peuvent exister l’une sans l’autre. L’agriculture urbaine n’est ni une contradiction, ni un nouveau concept, c’est seulement une ancienne pratique un peu oubliée.

Les villes étaient nées de l’agriculture et de la sédentarisation. C. De Portzamparc, 1998

Chaque personne que j’ai eu l’occasion de rencontrer m’a donné une définition de l’agriculture urbaine différente.

L’élément majeur qui est cité systématiquement est la fonction alimentaire. En effet, les projets, qu’ils soient des jardins collectifs, des petites surfaces en pied d’immeuble ou encore des exploitations privées sur plusieurs hectares visent tous à produire des aliments. Cet aspect, même s’il n’est pas quantitativement significatif (sur les surfaces les plus restreintes), est l’ouverture sur d’autres fonctions comme la fonction sociale, la fierté de manger ce que l’on produit ou la fonction pédagogique, rapprocher les urbains de la provenance de nos aliments. Dans un deuxième temps, le rôle environnemental de l’agriculture urbaine est cité, pour la biodiversité des villes, pour les rendre plus perméables et limiter ses effets ilôts de chaleur.

Ci-dessous deux citations, la première donnée par Marie Maurage, agricultrice de la ville de Marseille et la deuxième par Christine Aubry, agronome à AgroParis Tech.

L’agriculture urbaine c’est à la fois notre passé et notre futur, elle a un rôle de passeur d’Histoire. Elle fait notre lien avec nos campagnes. Si on veut que les gens changent leurs habitudes alimentaires, il faut qu’ils comprennent pourquoi ils le font.

Marie Maurage, agricultrice urbaine

C’est une agriculture qui se situe dans ou à proximité de la ville et qui lui fournit des produits alimentaires ou des services. Les services peuvent être pédagogiques, culturels, environnementaux. Cette activité peut être professionnelle ou de loisir.

Christine Aubry, agronome

Après avoir évoqué la première fonction de l’agriculture qui est bien évidemment celle de produire des aliments. Il est pertinent de se pencher sur la question de consommation et de rendement. À partir de quel rendement peut-on nourrir une personne ?

1.2

CONSOMMATION ET PRODUCTION

Consommation

L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) recommande qu’un individu doit consommer en moyenne 400 g de fruits et légumes par jour. Dans la réalité, la consommation est plutôt de l’ordre de 300 g : soit 110 kg/an/personne.

Production

Selon les observations expérimentales d’AgroParis Tech, un professionnel peut produire jusqu’à 12 kg/m2/an de nourriture. Il faut donc en moyenne 9 m2 pour nourrir une personne.

Il existe deux grandes manières de produire en ville : celle dite hors-sol qui consiste à produire sur des surfaces minérales et à l’ajout de substrat et celle dite en sol, plus traditionnelle, qui consiste à mettre la production en contact avec son environnement naturel.

La culture en sol

Elle ne nécessite pas forcément une très grande surface pour être productive. L’intérêt de ce mode de production est le retour à la terre qu’elle propose. De plus, elle offre des surfaces perméables à la ville et permet une diversité des produits que l’on cultive et donc une diversité des paysages.

Sur des grandes surfaces de parcelle on peut imaginer une mixité des usages grâce à différents types de production comme : une surface en maraîchage, un verger et une prairie en jachère pour laisser une certaine biodiversité s’installer.

jardins ouvriers Coder

La culture hors-sol

Ce type de production est un bon moyen de répondre à une demande sur un territoire densément peuplé car la pression du foncier est telle que la disponibilité des terres est une ressource rare et onéreuse en ville. Ainsi, les toits et les terrasses apparaissent comme des nouvelles surfaces facilement exploitables grâce à des bacs et l’ajout de terre pour produire en ville. Ce type de production a l’avantage de produire beaucoup sur des surfaces restreintes. Mais si l’agriculture en ville a pour but de rapprocher les citadins du monde rural, alors ces modes de production ne sont qu’une illusion supplémentaire.

Certains architectes et agronomes se penchent même sur la question de super tour agricole qui a pour but de produire plus sur des surfaces vraiment restreintes. Dans certains cas, la densité de population et la surface disponible au sol font que les tours agricoles sont une bonne solution. Pour la France, dans le cas où il y a encore des surfaces au sol disponibles, je pense que la réelle innovation serait plutôt de revenir sur notre savoir-faire paysannier afin d’inventer des systèmes qui soient durables pour notre environnement et qui améliorent le paysage d’une ville.

J’ai une vision assez terre-à-terre de l’agriculture urbaine. Les initiatives de production sur les toits demandent un investissment financier important sans que l’on retrouve le lien à la terre puisque cette agriculture se fait hors-sol.

paysagiste

Construire des tours agricoles à Singapour ne me dérange pas car la densité de population et l’extension de la ville font qu’il faut aller fort loin (et dans ce cas, à l’étranger) pour trouver des produits frais. [...] On peut aussi avoir des formes moins high-tech de hors-sol (des cultures en bacs par exemple) qui peuvent s’avérer intéressantes quand on est dans une ville où il y a beaucoup de sols pollués (le cas de Lille par exemple).

L’agriculture urbaine peut donc suivre deux modes de culture différents : en sol ou hors-sol. Dans le contexte français, je pense qu’il y a suffisament de surface disponible pour faire de l’agriculture en pleine terre. De plus, ce type d’agriculture invite une grande déclinaison de formes selon ce que l’on cultive.

DIVERSITÉ DES FORMES, DIVERSITÉ DES USAGES

La forme que peut prendre l’agriculture urbaine est soumise aux contraintes du site. On ne produira pas de la même manière selon la surface du terrain, sa morphologie, la qualité du sol. De plus, la forme dépend de l’usage qu’on veut lui donner, à savoir une exploitation purement productive, pédagogique ou environnementale.

Je pense que pour qu’un système de production soit rentable, il faut varier les produits. Cette mixité de cultures présente des avantages à la fois pour les producteurs et les consommateurs. Le producteur peut varier ses journées de labeur et les consommateurs ont le choix dans les produits. De plus l’agriculteur dépend moins des prix de chaque produit et sa production est plus résistante aux nuisibles. Ce type d’organisation apporte une diversité pour le paysage.

Les fonctions pédagogiques et environnementales de l’agriculture urbaine sont aussi très importantes. C’est pour cela que la variété des produits ainsi que l’accueil du public sont à penser dans la forme des projets agricoles.

On peut aussi réfléchir à la diversité des personnes qui vont entretenir l’exploitation. Encore une fois, tout dépend de l’objectif du projet. Afin que cette agriculture soit profitable à tous, il est intéressant de le penser avec une diversité d’acteurs. Il est pertinent d’avoir un professionnel qui puisse vivre de cette activité, mais aussi que des particuliers en profitent à travers des ateliers pédagogiques ou du bénévolat. De ce fait, si cette agriculture est faite sur de l’espace public et qu’elle est ouverte aux habitants des quartiers, elle peut les faire participer à l’entretien et la création de ces nouveaux types d’espaces.

exemple de rendement sur une parcelle de 300 m 2 , composé selon le schéma ci-dessous :

- 108 kg de légumes en maraîchage ; - un arbre fruitier produit en moyenne 50 kg de fruits/an soit 300 kg de fruits en verger ; - une poule produit en moyenne 200 oeufs/an soit 400 oeufs ; - une ruche produit en moyenne 20kg de miel/an soit 60 kg de miel.

On pourrait aider, selon la consommation moyenne, 4 personnes à s’alimenter et rémunérer 1 agriculteur.

les abeilles aident à la pollinisation des végétaux et en échange, produisent du miel consommable

la poule aide à la fabrication du compost et entretient la production

le compost enrichit le sol

les déchets organiques de la production nourrissent les poules

les chiffres de production données ci-dessus sont des moyennes calculées en fonction des rendements que j’ai pu trouver dans différents articles

Après avoir défini ce qu’est l’agriculture urbaine, j’ai voulu comprendre comment cette pratique, grâce à ses enjeux, peut valoriser les paysages d’une ville.

L’AGRICULTURE POUR VALORISER LA VILLE

2.1 - LA DIVERSITÉ DES ENJEUX DE L’AGRICULTURE URBAINE

2.2 - APPRÉHENDER AUTREMENT LA CONCEPTION

2.3 - ENTRETENIR LES PAYSAGES ET EN CRÉER

LA

L’agriculture urbaine s’organise sur des petites échelles d’espaces. Elle est complétementaire de l’agriculture rurale car elle ne produit pas les mêmes denrées alimentaires. De plus, elle invente des paysages de poches qui sont différents de ce qu’on connaît de l’agriculture traditionnelle.

Si des alliances existent entre la campagne et la ville, alors l’agriculture urbaine est tout à fait légitime car elle vient en complément. Il n’y a pas de discours contradictoire s’il y a une solidarité.

Paco Friez, agriculteur urbain

et si on essayait l’agriculture sur les toits ? Article du journal Le Monde, 15 novembre 2014

L’hôtel Pullman Tour Eiffel, à Paris s’est fait construire un potager sur son toit afin que le restaurant puisse se procurer des produits frais comme des herbes arômatiques, des petites plantes ou des oeufs en fonction de la saison.

L’agriculture urbaine présente de multiples enjeux, comme celui de diminuer la pollution provenant de la production de nos aliments et de favoriser la biodiversité en ville. Elle est aussi vecteur de sociabilité grâce à la pédagogie qu’elle peut transmettre. Elle est un élément important de gestion pour l’écologie urbaine d’une ville au niveau de la sphère environnementale, sociale et économique. La viabilité des villes peut donc être améliorée grâce à ces pratiques.

Produire des aliments à proximité de là où on les consomme est un enjeu important pour la ville de demain. Les circuitscourts sont un bon moyen de limiter la pollution relative au transport de notre alimentation. Virginie Gaudreault, dans sa thèse souligne qu’il est évalué que le trajet moyen par un aliment du champ à la table est de 2400 km. De plus, les circuitscourts alimentent une économie locale. En effet, un projet agricole qui s’installe en ville propose au mieux des emplois pour gérer l’entretien de l’exploitation et la vente des produits récoltés. Si l’activité économique n’est pas suffisante pour faire vivre plusieurs personnes, elle peut néanmoins proposer une activité sociale sous forme de volontariat permettant ainsi aux personnes sans emploi d’avoir quand même une activité.

Enfin, l’agriculture peut diminuer les inégalités face à l’injustice alimentaire. En effet, les pays développés poussent les pays en voie de développement à exporter leur production alimentaire à moindre coût. Ce système permet au pays riches de nourrir leur population, mais il participe aussi à l’insécurité alimentaire.

La sécurité alimentaire est assurée quand toutes les personnes, en tout temps, ont économiquement, socialement et physiquement accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour leur permettre de mener une vie active et saine. définition donnée par la FAO lors du sommet mondial de l’alimentation, 1996

Les nombreuses lectures que j’ai pu faire mettaient bien en avant le rôle de l’agriculture urbaine pour l’amélioration des sphères environnementale, sociale et économique d’une ville. En tant que paysagiste, je me suis demandée comment cette pratique permet de concevoir la ville autrement.

AMÉLIORATION DE L’ENVIRONNEMENT URBAIN

Participation à la trame verte et bleue & Conservation de la biodiversité

L’introduction d’agriculture en ville peut favoriser la dispersion des espèces animales et végétales et ainsi favoriser le maintien d’une diversité biologique en ville. En effet, la présence d’un réseau d’espaces agricoles peut agir à titre de corridor écologique continu ou en pas japonais. La culture sur les toits ainsi que dans les bacs permet de créer un habitat temporaire de repos lors de l’été pour certaines espèces aviaires et pollinisateurs.

Réduction de l’empreinte alimentaire & Limite de pollution atmosphérique

Les pratiques agricoles basées sur la monoculture intensive ne permettent pas d’obtenir une diversité alimentaire. Il a été souligné en amont que les distances parcourues par nos aliments sont parfois astronomiques. En favorisant la proximité entre le producteur et le consommateur, il y a une baisse de la consommation d’énergie et de la pollution atmosphérique. De plus, l’utilisation du compost en ville est un bon moyen de diminuer nos déchets et leur transport.

Réduction des eaux de ruissellement & lutte contres les ilôts de chaleur

Les surfaces végétalisées réduisent les eaux de ruissellement grâce à leur capacité d’infiltration. Il en va de même pour les jardins qui sont installés sur les toits. L’ombrage créé par le feuillage et sa capacité d’évapotranspiration permettent de réduire les températures au niveau du sol. La végétation a la capacité de renvoyer l’énergie solaire, de manière plus élevée que d’autres matériaux utilisés pour la construction des villes. La qualité de l’air se voit améliorée par les propriétés d’absorption du carbone et de la filtration des particules en suspension dans l’air.

APPRÉHENDER AUTREMENT LA CONCEPTION

Les démarches descendantes, initiées par les collectivités

Les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) définissent les orientations prévues pour l’évolution des villes sur des longues périodes, 15 à 20 ans, selon leur révision. De plus en plus, les terres agricoles qui bordent les villes sont valorisées. Il est aussi important d’introduire des zonages agricoles à l’intérieur de la ville afin de préserver des terres non constructibles. En effet, les parcelles constructibles se vendent plus chères que des parcelles agricoles et elles sont donc plus rentables.

Comme tout appartient à l’État, sans lui l’agriculture urbaine ne peut pas exister et les PLUs sont déterminants pour la ville.

Paco Friez, agriculteur urbain

Le mot d’ordre de l’urbanisation actuelle est la densification urbaine, afin de limiter l’étalement urbain. Même si la densification est un processus très important pour contenir la population qui est grandissante, il est important de penser les villes avec des «poches vertes». Plus une ville est dense et compacte, plus ses habitants ressentent le besoin d’avoir des espaces de respiration à l’intérieur de la ville. L’agriculture offre une diversité d’usages en proposant une production alimentaire.

À Pau, un terrain classé en UY (zones d’activités industrielles et artisanales), en attente d’urbanisation, a été mis à disposition de porteurs de projet agricole. Ce terrain fait 5 ha et il est cultivé depuis 2013. Sa production fournit entre 50 et 70 paniers par semaine en plus des fruits de saison. Ce projet accueille aussi un chantier de formation afin de former des jeunes. valorisation des réserves foncières de la ville pour l’agriculture urbaine

Ville de Pau, Alexia Quintin, 2014

Les démarches ascendantes, initiées par les citoyens

Parfois, les citadins deviennent acteurs des espaces libres de leur ville. Ils décident collectivement ou individuellement, de cultiver des espaces de leur quartier, montrant ainsi leur volonté à participer à l’évolution de leur ville. Ces projets d’agriculture urbaine peuvent être définis grâce à de la concertation pour que les habitants construisent le projet en même temps que la ville.

Les jardins de Gibraltar, à Marseille s’organisent en parcelles individuelles ou collectives sur une surface de 850 m 2 . Les habitants du quartier ont investi une friche après avoir signé une convention avec la mairie. En quelques années, la friche, grâce à la volonté des habitants du quartier, s’est transformée en lieu de partage cultivé.

L’agriculture urbaine permet donc une conception de l’espace public différemment. Les initiatives peuvent venir des collectivités ou d’actions citoyennes. Pour certaines villes, la gestion des espaces publics peut poser problème. C’est pour cela qu’on peut se demander comment l’agriculture urbaine peut entretenir les paysages d’une ville et en créer des nouveaux sur des espaces vacants.

les jardins de Gibraltar, image satellite - d’après Plans

ENTRETENIR LES PAYSAGES ET EN CRÉER

L’agriculture urbaine est un outil important pour entretenir de nouveaux paysages en ville. Certaines grandes villes comme Paris ou Marseille manquent d’espaces verts, d’espaces perméables à offrir à leurs citadins. Parfois, la densité de population et de construction est telle qu’il n’y a pas de place pour ces nouveaux espaces et d’autres fois, l’entretien de ces espaces ne peut se faire par manque de moyens de la ville. De plus, aujourd’hui, l’espace est devenu très précieux face à la poussée démographique que nos villes connaissent et apporter une fonction de production alimentaire à nos grands parcs urbains est importante.

Un agriculteur entretient des paysages en travaillant la terre. L’alternance de ligne de vergers, de culture maraîchère apportent un nouveau motif pour la ville. Le pâturage est une ancienne forme d’entretien pour maintenir les paysages ouverts. Aujourd’hui ce type d’entretien commence à apparaître en ville. En effet, la ville missionne les bergers et loue les troupeaux. Le pâturage coûte moins cher à la ville et permet aux bergers d’alimenter leurs troupeaux.

Le quartier de la Vacquerie, à Blois, transformé en parc suite au changement du Plan de Prévention des Risques image satellite du parc de la Vacquerie, d’après Plans

À l’origine, cette emprise foncière était réservée pour la construction d’un éco-quartier. Suite à la modification du PPRI, le quartier a été classé en zone inondable et donc incontructible. Le projet a été modifié afin d’installer un parc agricole. Aujourd’hui 3 ha sont en agricultue biologique, un chantier d’insertion sociale et une coopérative agricole se sont mis en place.

400 m N

«Il me semble que l’on doit parler d’agriculture urbaine sous l’angle de construction du paysage avec des actions pour produire en ville un autre type de paysage qui répond à des attentes sociales et je crois qu’il y a une fabrique paysagère urbaine à construire.

Clinamen dynamise les territoires urbains par la promotion de pratiques paysannes

L’association Clinamen a été fondée en 2012, elle se penche sur les questions d’agriculture urbaine : comment la développer mais aussi comment entretenir des parcs grâce au savoir-faire paysan. Elle est composée de bénévoles qui aident les projets agricoles à se développer. L’association fait aussi de la prestation d’éco-pâturage. Elle a été, par exemple, missionnée par le Ministère de la Défense pour la gestion de 15 ha de prairie d’une base militaire.

Outre les grands enjeux de l’agriculture urbaine qui touchent les sphères environnementale, économique et sociale. Cette agriculture est un réel outil pour concevoir les villes aujourd’hui. Elle permet, en plus de créer de nouveaux paysages en ville, d’entretenir les espaces publics à moindre coût. Il existe aujourd’hui différents projets d’agriculture urbaine qui émergent. Pour saisir leur diversité, il est intéressant de comprendre ce qui les motive.

transhumance des moutons de Clinamen à Saint-Denis

L’AGRICULTURE URBAINE À TRAVERS LE MONDE

3.1

- UNE GRANDE VARIÉTÉ DE PROJETS

3.2 - DES PROJETS QUI S’APPUIENT SUR UN TISSU ÉCONOMIQUE LOCAL

3.3 - DES PROJETS DE COHÉSION SOCIALE ET PÉDAGOGIQUE

3.1

UNE GRANDE VARIÉTÉ DE PROJETS

L’agriculture urbaine peut prendre une grande variété de formes. Cette diversité de projets relève d’une diversité d’objectifs. Nous pouvons classer ces objectifs en différentes catégories, comme par exemple, les projets qui visent à une production maximale sur une surface minimale. Cette agriculture peut aussi être une activité de loisir ou un métier qui vise une production alimentaire. Il existe aussi des projets qui aident au développement économique d’un quartier ou qui sont à but pédagogique.

Production maximale sur surface minimale

Les tours agricoles ou les fermes verticales sont un exemple d’agriculture urbaine. Elles ont pour objectif d’avoir un rendement nettement supérieur à l’agriculture traditionnelle sur la surface d’un ilôt. Elles fonctionnent en circuit fermé grâce à des échanges : des bassins en aquaponies, c’est-à-dire qui utilisent les excréments des poissons comme fertilisants pour nourrir les plantes. L’eau issue de l’évapotranspiration des plantes est stockée pour les ré-alimenter. Ces fermes s’auto-alimentent en énergie grâce à des éoliennes et des panneaux solaires sur leurs toits.

Ces fermes verticales semblent idéales pour produire des denrées alimentaires. Je pense qu’aujourd’hui nous avons encore les moyens pour produire une alimentation qui ne soit pas tant déconnectée du sol. D’autant plus que le frein principal à la construction de ces tours est leur coût.

ces deux fermes verticales ont été dessinées par l’agence d’architecture SOA

l’image ci-dessus est issue du projet Tour Vivante, du concours Cimbéton à Rennes

l’image de gauche est issue du projet La Fabrique agricole, du concours réinventer Paris

Une agriculture de loisir

Les jardins ouvriers ou jardins familiaux sont apparus au XIXème siècle. Ce sont des parcelles qui ont été données par la ville à ses ouvriers afin d’améliorer leur qualité de vie en pratiquant une activité en plein air, mais aussi une activité qui leur permettait de produire une partie de leur alimentation.

Les jardins de Coder se situent dans le 11ème arrondissement de Marseille entre l’autoroute A50 et une voie de chemin de fer. Ils sont composés d’une centaine de parcelles, elles sont toutes occupées et la liste d’attente est très longue pour celui qui veut récupérer une parcelle.

Le jardin partagé des pot’âgés et des jeunes pousses est aussi situé dans le 11ème arrondissement de Marseille. Il est né grâce à la volonté d’habitants qui voulaient se réunir autour d’une activité commune.

Le jardin est partagé, c’està-dire que tout le monde cultive ensemble et les parcelles sont collectives.

les jardins familiaux de Coder à Marseille
les jardins partagés des pot’âgés et des jeunes pousses à Marseille

Exploitation

à des fins commerciales

Certains projets d’agriculture visent uniquement la vente de leur production. Pour atteindre ces objectifs, j’ai différencié deux types de projets agricoles : un qui est hors-sol et un autre où la production se fait en pleine terre.

La photographie de droite provient de la ferme de Lufa. Elle a été construite par Mohammed Hage sur le toit d’un bâtiment désaffecté, à Montréal. Aujourd’hui, la ferme produit 700 kg de légumes par jour sur 2880 m 2 et nourrit 300 personnes pendant l’année. La ferme vend ses produits au rez-de-chaussé du bâtiment et a un partenariat privilégié avec un restaurant du quartier.

La photographie ci-dessous est l’exploitation maraîchère de Patrick Vabre à Marseille. Ses terres sont exploitées depuis plusieurs générations, il les a reçues de son père qui lui même les a reçues de son père. Il revend toute sa production à un marché d’intérêt national où les restaurateurs s’approvisionnent. Ces terres, à l’origine à la campagne, ont vu la ville se construire au fur et à mesure autour d’elle.

Elles résultent de l’histoire agricole de la ville.

Il existe donc une très grande diversité dans les projets d’agriculture urbaine. J’ai choisi de détailler, dans les pages qui suivent, ceux qui développent un tissu économique local et ceux qui transmettent une pédagogie. Ces deux fonctions me semblaient importantes pour améliorer la qualité de vie des citoyens. Je les utiliserai par la suite dans la deuxième partie de mon travail ; à savoir le projet de paysage.

culture de tomates dans la Ferme Lufa
terres maraîchères dans Marseille

LES PROJETS QUI DÉVELOPPENT LE TISSU ÉCONOMIQUE LOCAL

Il existe des projets d’agriculture urbaine qui favorisent l’essor d’une économie locale. Ces projets créent des emplois locaux et permettent l’accès à des fruits et légumes à des populations défavorisées.

Les jardins de Cocagne, un réseau solidaire en France

À Blois, sur 7 ha, l’association Les jardins de Cocagne produit des légumes de saison toute l’année et les revend sous formes de paniers. Cette vente permet d’employer 35 salariés qui étaient à l’origine en situation précaire. Les acteurs de ce projet sont tous les consommateurs qui, en s’engageant, permettent l’accès à un statut de salarié et une reconnaissance sociale aux employés.

Ce réseau existe sur toute la France et compte 110 jardins et 10 en cours de réalisation.

Les deux photographies ci-dessous sont issues de deux articles de la Nouvelle République.

Si le chômage de longue durée n’était pas une fatalité ? photographié par Jerôme Dutac, paru le 15 mars 2012

Sale temps pour les tomates, rédigé par Henri Lemaire, paru le 26 Août 2013

Comment la ville de Detroit est sortie de son déclin économique grâce à l’agriculture ?

Detroit a connu un fort déclin économique suite à l’arrêt de l’industrie. La ville a connu un véritable exode. Face à la pauvreté grandissante et à la pénurie alimentaire, les habitants ont décidé de cultiver leur terre afin de remédier à leur situation précaire. Peu à peu, une nouvelle forme de solidarité s’est mise en place, où cette nouvelle forme d’agriculture est centrale.

Dans cet exemple, l’agriculture a favorisé une économie solidaire basée sur l’échange et le partage. Les habitants ont réussi à surmonter leur situation précaire grâce à la production de leur alimentation.

Les processus de déclin urbain laissent aussi le champ libre à de nouvelles expérimentations urbaines, à des formes d’urbanités innovantes, qui envisagent la crise comme une réalité finalement pérenne, structurant la ville et ses usages.

Le déclin au quotidien, Daniel Florentin et Flaminia Paddeu

Le déclin au quotidien, article paru dans la revue Urbanité, 8 novembre 2013
Comment Detroit se tourne vers l’agriculture, l’Express 20 août 2010
Grown in Detroit, Street Tease Magazine
Detroit : l’agriculture urbaine un antidote à la désindustrialisation, La Tête Libre 25 juillet 2013

LES PROJETS DE COHÉSION SOCIALE ET PÉDAGOGIQUE

L’agriculture urbaine est un outil pour le développement d’une cohésion sociale à travers la mise en place d’ateliers pédagogiques. Elle sensibilise les gens à ce qu’ils mangent en offrant un paysage de qualité et des produits de qualité à moindre coût. Elle reconnecte les citadins à l’origine et la provenance des aliments, à l’harmonie de la production avec le cycle des saisons.

L’agriculture urbaine développe des réseaux en faisant venir les citadins à la ferme ce qui permet la rencontre de personnes. Elle contribue aussi à pallier des situations comme l’isolement social, particulièrement chez les personnes âgées ou en provenance de milieux défavorisés.

Les fermes pédagogiques : lieu d’accueil et de production

Les fermes pédagogiques sont définies comme des structures présentant des animaux d’élevage ou des cultures, accueillant du public et proposant des ateliers pédagogiques

La délégation de service public

Selon les règles du marché public, la délégation de service public est un contrat par lequel une personne morale de droit public confie la gestion d’un service public dont elle a la responsabilité à un délégataire public ou privé, dont la rémunération est substantiellement liée au résultat de l’exploitation du service. Le délégataire peut être chargé de construire des ouvrages ou d’acquérir des biens nécessaires au service.

À Marseille, les fermes pédagogiques sont en délégation de service public. La ville prête l’exploitation à un agriculteur et lui octroie des subventions afin qu’il puisse accueillir des scolaires. Les ateliers sont encadrés par des animateurs rémunérés par la ville.

La ferme de Paris, uniquement pédagogique

La ferme de Paris, aussi connue sous le nom de Ferme George-Ville est une ferme pédagogique de 5 ha, qui se situe dans le bois de Vincennes en périphérie de Paris. Cette ferme est en libre accès le weekend et ouverte au public. Durant la semaine, des animateurs accueillent les scolaires.

Elle est en agriculture biologique, utilise le recyclage des matières organiques, opère la rotation des cultures et est soucieuse du bien-être des animaux. La ferme possède une grande diversité d’animaux et montre une grande diversité d’arbres fruitiers, plantes potagères et herbes médicinales.

La ferme produit seulement pour nourrir son bétail. Elle ne vend strictement rien. Les ateliers pédagogiques proposent la fabrication de compote et les enfants peuvent repartir avec leur pot. Lors des festivals organisés par le bois de Vincennes, la ferme peut contribuer à la confection de buffet en offrant des fruits. Le bétail, lorsqu’il devient trop âgé reprend le cycle classique de la production animale.

les moutons
les cochons
culture d’orge

les chèvres de la ferme de Paris

CONCLUSION

L’agriculture urbaine est un sujet dont s’emparent les collectivités et qui est de plus en plus médiatisé. Afin de m’approprier ce sujet, je me suis alimentée de témoignages et d’exemples de projets qui utilisent ce mode de production. J’ai compris que la ville et l’agriculture sont deux entités qui ne peuvent exister l’une sans l’autre alors pourquoi ne pas introduire cette agriculture dans nos villes.

Ce nouveau type de production est très différent de ce que l’on connaît dans nos campagnes car il ne se décline pas sur les mêmes échelles de surfaces. De plus, l’agriculture urbaine est un nouvel outil pour valoriser les délaissés urbains en créant des nouveaux lieux récréatifs et elle permet de les entretenir à moindre coût.

Je me suis particulièrement intéressée aux projets qui développent les tissus économiques locaux et ceux qui ont pour objectif de partager un savoir-faire et une pédagogie, car ce seront deux axes majeurs pour la réflexion du projet qui arrivera par la suite. Pour l’application de l’agriculture dans la ville, je suis allée à la rencontre d’une grande ville qui est Marseille. J’ai choisi ce terrain d’expérimentation car j’avais besoin pour cette dernière année d’étude de faire une nouvelle rencontre.

parcelle agricole de Patrick Vabre

LA VILLE DE MARSEILLE

UN TERREAU FERTILE POUR L’AGRICULTURE

1. ENTRE TERRE ET MER

2. HISTOIRE AGRICOLE DE LA VILLE

3. MARSEILLE AUJOURD’HUI

habitants

restaurateurs

paysagistes

AgroParisTech

agronomes

DÉFINITION DE L’AGRICULTURE URBAINE

collectivités

associations

agriculteurs

Réseaux des Jardins Solidaires de la Ville de Marseille

coopératives

commerçants

Atelier Marseillais d’Initiatives en Écologie Urbaine

Comment l’agriculture urbaine, grâce à la diversité de formes qu’elle peut prendre, peut-elle inventer de nouveaux espaces à l’intérieur de la ville ?

MARSEILLE

choix de 3 sites pour expérimenter la diversité de l’agriculture urbaine

zone d’activité

petits collectifs et pavillonaires disparates

forte densité de bâti

extrapolation à l’échelle de la ville

Dans cette deuxième partie de mémoire, il est question de la ville de Marseille afin de comprendre quels sont ses différents visages. Marseille est une capitale de la mer, du soleil et du vent. Son climat est particulièrement doux et agréable excepté les jours de vent. La ville s’est construite dans une cuvette et elle est délimitée par une ceinture de massifs calcaires. Il existe un rapport privilégié entre la ville, la mer et les massifs. Sa topographie, à l’intérieur de la ville, fait que partout où l’on se trouve, on aperçoit la mer ou les massifs.

La ville de Marseille est un bon terrain d’expérimentation pour l’agriculture. En effet, elle possède un passé agricole très important lié à l’histoire du canal de Marseille. Sa contruction était indispensable pour alimenter la ville en eau et a permis son développement. Suite à la Seconde Guerre Mondiale, Marseille a connu un boom démographique très important qui a induit une urbanisation très rapide. Cette folie des constructions a fait de Marseille ce qu’elle est aujourd’hui : une ville de délaissés et de grands ensembles.

ENTRE TERRE ET MER

1.1 - UN CLIMAT QUI A FAÇONNÉ LE TERRITOIRE

1.2 - LA GARRIGUE : UNE VÉGÉTATION ADAPTÉE

1.3 - UNE VILLE D’HORIZONS

UN CLIMAT MÉDITERRANÉEN QUI A FAÇONNÉ LE TERRITOIRE

diagramme ombrothermique de la ville de Marseille, réalisé grâce à des températures et précipitations moyennes estimées sur la période 19812010, selon Météo-France

Le climat méditerranéen est chaud et sec en été, doux et humide en hiver. La ville bénéficie d’un ensoleillement très important toute l’année. En 2014, elle a connu 2865 heures d’ensoleillement pour une moyenne nationale de 1961 heures. Le mois de juillet est le plus chaud de l’année. Les précipitations sont concentrées durant l’hiver. La chaleur de l’été, l’irrégularité des précipitations de l’automne et la douceur de l’hiver font de Marseille une ville clémente pour l’agriculture ; on parle d’une quatrième saison pour le maraîchage. En revanche, de juin à août la sécherresse peut être dévastatrice pour les cultures, les pâturages et l’environnement, c’est pour cela que l’irrigation est particulièrement importante.

Météo-France

hauteur des pluies et heures d’ensoleillement de deux villes de l’année 2014, selon Météo-France

Températures min

Heures d’ensoleillement

Hauteurs de précipitations Moyenne nationale

Le vent est un trait de caractère fondamental du climat du bassin nord de la Méditerrannée, il marque la Provence. Ces vents, connus sous les noms de Tramontane et Mistral, sont très violents. Ils peuvent souffler jusqu’à 120km/h et s’accompagnent en général d’un temps très ensoleillé.

La Tramontane précède le Mistral de quelques heures et s’arrête souvent avant lui.

arbres courbés sous l’effet du vent

LAVALLÉEDURHÔNE

LES PYRÉNÉES

schéma des origines des vents

Ce sont des vents continentaux très violents qui s’abattent sur la côte. Ils contribuent à la sécheresse en provoquant une évaporation de l’eau contenue dans les sols et les végétaux.

Cette sécheresse est favorable aux départs d’incendie que l’on observe souvent dans les massifs colinéens. La végétation, flexible, se courbe sous l’effet de ces vents et prend une forme très particulière dessinant un paysage quelques fois tourmenté.

Le climat méditerranéen est un trait de caractère qui marque le sud de la France et notamment Marseille. Après une parenthèse, sur la formation du socle géologique sur lequel la ville repose, nous verrons comment la végétation s’est adaptée à un tel type d’environnement.

Méditerrannée
Marseille +
LE MASSIF CENTRAL
LES ALPES
la Tramontane
le Mistral

HISTOIRE DE LA FORMATION DU TERRITOIRE

Marseille

-250 à -65 millions d’années

Jurassique et Crétacé :

La roche calcaire se forme sous la mer grâce à l’accumulation de particules minérales et organiques compactées et cimentées entre-elles.

-1,5 millions d’années

Quaternaire :

Les mouvements tectoniques surélèvent la région.

Le calcaire urgonien, qui est une roche très dure et peu érodable, se forme. Les cours d’eau creusent le bassin de Marseille.

aujourd’hui

La ville de Marseille s’est construite dans la cuvette calcaire qui s’est formée durant des millions d’années.

Partout où l’on se trouve dans la ville on aperçoit ces massifs calcaires, connus sous le noms de collines.

Marseille est réputée pour ses calanques qui se situent au sud de la ville.

les calanques de Sormiou, photographie issue du Guide touristique des calanques de Marseille et Cassis

LA GARRIGUE : UNE VÉGÉTATION ADAPTÉE

Un sol de nature calcaire

Selon l’Inventaire Forestier National des Bouches-duRhône (2003), le socle est calcaire. Les sols sont dits calcimagnésiques, ils sont bruns, peu épais, les versants sont érodés et la roche apparaît. Dans la plaine, on trouve des sols aluviaux très fertiles. Même si aujourd’hui la ville est très construite, nous trouverons, çà et là, éparpillées dans la ville, des poches de sol naturel affleurants.

Quelle formation végétale adaptée ?

En Méditerrannée, on trouve deux grandes formations végétales que sont la garrigue et le maquis. Le maquis pousse sur des sols silicieux et donc acides. À Marseille, c’est la garrigue qui pousse sur les sols calcaires. Elle est composée de plantes de petites tailles. Parmi les arbres on trouvera chêne vert et olivier. Les arbustes sont le genévrier, le chêne kermes, le genêt, le romarin, le ciste cotoneux et le buis.

L’évolution de la garrigue au fil des saisons est particulière. On peut admirer l’explosion des fleurs au printemps, des centaines de plantes sortent de terre pour fleurir et s’évanouissent en quelques mois. Le reste de l’année, la conjugaison des éléments climatiques comme les vents violents et la sécheresse estivales font que les paysages sont homogènes, faits de végétaux toujours verts.

Les feuilles

L’évapotranspiration est proportionnelle à la surface foliaire, c’est-à-dire que plus les feuilles sont grandes, plus elles sont sujettes à transpirer. Dans ce milieu particulièrement sec, les feuilles sont de petites tailles et souvent filiformes, semblables à des épines, comme les feuilles de genévrier. De plus, les feuilles sont dites coriaces et recouvertes d’une cuticule imperméable limitant ainsi la perte d’eau mais n’empêchant pas la respiration.

Les tiges

Les arbres et les arbustes sont exclusivement lignifiés, leurs écorces sont très dures au toucher. Certaines plantes sont sclérifiées, c’est-à-dire que leurs tissus extérieurs sont composés d’une molécule qui les durcit. Ces adaptations permettent également aux plantes de limiter leur perte en eau.

Les racines

Les racines sont particulièrement longues afin d’aller chercher l’eau très profondément dans le sol. Les végétaux sont aussi dotés de racines fines proches de la surface qui leur facilitent la captation de l’eau dès les premières pluies.

un olivier, répandu sur le territoire la végétation dégradée de la garrigue

UNE VILLE D’HORIZONS

Jusqu’ici, nous avons vu que le climat méditerranéen et sa végétation associée jouent un rôle important pour l’identification du territoire marseillais. Le troisième point important pour définir la ville est sa position particulière, circonscrite par ses massifs et bordant la mer. L’altitude varie entre 0 lorsque l’on est proche de la mer et s’élève jusqu’à 712 m sur les massifs.

L’essentiel des points hauts se situe en périphérie de la ville. Ce relief donne un statut privilégié à Marseille, elle repose comme un belvédère sur la mer. Il existe un lien paradoxal entre la mer, la ville et ses massifs. Plus on s’éloigne de la mer, plus on prend rapidement de la hauteur en ville et plus la mer est visible. Le terrain, très accidenté, laisse des zones très peu accessibles à l’urbanisation mais offre des points de vues imprenables sur l’ensemble de la plaine. Ces points sont parfois inconnus et peu accessibles par les habitants de la ville. L’enjeu pour la ville aujourd’hui est de se montrer à ses habitants, les inciter à venir sur ses points hauts.

vue depuis le Garlaban sur la colline de Notre-Dame de la Garde

massif de la Nerthe chaîne de l’Étoile

le Garlaban

colline de Notre-Dame de la Garde

le massif Saint-Cyr

les Calanques

270 m + 590 m +

0 2,5 km N

selon la carte : un arc collinaire remarquable qui structure le bassin marseillais, réalisé par l’Agam

massif de la Nerthe

chaîne de l’Étoile

tâche urbaine

mer Méditerrannée

massif des Calanques

la ville de Marseille circonscrite par ses massifs collinnéens

le Garlaban
massif Saint-Cyr

En arpentant la ville, il arrive aux curieux de se retrouver face à des panoramas spectaculaires. Les dénivelés très importants offrent des vues qui vont des massifs jusqu’au centre-ville avec en arrière plan la mer. Malgré les constructions très hautes de la ville, l’étendu de cette dernière donne aux habitants une impression de respiration grâce au rapport privilégié constant qu’ils ont avec le ciel.

port autonome îles du Frioul parc Brégand

panorama depuis l’éperon rocheux de la Viste

massif de la Nerthe

usine de tuiles Monier le Grand Littoral

Marseille se donne sans cesse en spectacle. Depuis les innombrables points de vue que la ville a à offrir, on a souvent l’occasion d’en apercevoir l’ampleur, sans jamais parvenir à en embrasser l’étendue [...] rarement une ville se sera prêtée à être autant regardée sous toutes les coutures, sans se dévoiler jamais toute entière. Même lorsqu’on est amoureux d’elle depuis quelque temps, on parvient toujours à dénicher de nouveaux lieux pour découvrir son grand corps alangui sous un angle inattendu, dont quelque recoin encore caché laisse insatisfait.

massif Saint-Cyr quartier de la Pomme

La position en belvédère de Marseille sur la mer, en fait un territoire particulier qui ne ressemble à aucun autre. L’arrivée des Grecs en -600 avant J.C., qui lui a valu le surnom de Cité Phocéenne, montre bien l’originalité des lieux. Marseille est riche d’histoire. Pour la suite de ce mémoire, je ne m’intéresserai à l’histoire de la ville qu’à partir de l’époque contemporaine, afin de comprendre les dynamiques agricoles que Marseille a connues.

stade vélodrome

montée de la Bonne

Mère
panorama depuis le massif du Garlaban

LE RÉSEAU HYDROGRAPHIQUE

Durance

le canal de Marseille, de la Durance jusqu’à

le ruisseau des Aygalades

le Jarret

le Garlaban

Massif Saint-Cyr

Massif des Calanques

les principaux cours d’eau de Marseille et les massifs

Le réseau hydrographique a fortement façonné le territoire de Marseille. Ses trois cours d’eau principaux : le ruisseau des Aygalades, l’Huveaune et son affluent le Jarret ont creusé le calcaire issu du Jurassique et du Crétacé, laissant derrière eux des massifs bordant la plaine de la ville. Leur débit est très faible mais ils sont sujets à des crues lorsqu’il y a de fortes pluies. Ce réseau est très discret dans la ville et très peu visible. On peut le lire grâce à ce relief profondément creusé mais ces trois cours d’eau sont canalisés ou recouverts. Le ruisseau des Aygalades est quasiment couvert sur l’ensemble de son parcours à l’intérieur de la ville, alors que l’Huveaune file encore à l’air libre mais ses berges ne sont pas facilement accessibles. Elle traverse le territoire d’est en ouest et arbore différents visages. L’Huveaune est oubliée dans la vallée industrielle et cachée en centre-ville. Le seul endroit où elle est mise en valeur est à son embouchure lorsqu’elle longe le parc Borély.

Massif de la Nerthe Chaîne de l’Étoile
le Canal de Marseille
Étang de Berre

LES DIFFÉRENTS VISAGES DE L’HUVEAUNE

entre le Garlaban et le massif Saint-Cyr dans la vallée industrialisée

en centre-ville valorisée à son embouchure, proche du parc Borély

HISTOIRE DE L’AGRICULTURE DANS LA VILLE

2.1 - LA CONSTRUCTION DU CANAL OU L’ESSOR DE L’AGRICULTURE

2.2 - D’UNE CEINTURE MARAÎCHÈRE PUISSANTE

AUX RELIQUATS DE L’AGRICULTURE

2.3 - UN URBANISME RAPIDE RESPONSABLE DE LA FRAGMENTATION DU TERRITOIRE

LA CONSTRUCTION DU CANAL OU L’ESSOR DE L’AGRICULTURE

Avant l’arrivée du canal de Marseille en 1847, la ville, connue pour son climat ensoleillé et sec, devait trouver des solutions pour s’alimenter en eau.

Le canal des jardiniers fût le premier a être construit durant la première moitié du XIIIème siècle. Il récupérait l’eau du Jarret afin d’alimenter les terres maraîchères, comprises entre le canal et les murailles de la ville. À partir de la deuxième moitié du XIIIème siècle, la ville décida de construire un acqueduc afin d’alimenter la ville en eau grâce aux différentes sources du territoire : le Jarret, l’Huveaune, le grand et le petit Béal. L’alimentation en eau n’a pas réussi à suivre la densification de la ville.

Face à cette demande en eau croissante, le conseil municipal décida de construire le canal de Marseille qui apporte l’eau de la Durance dans la ville. Elle arrive jusqu’au bassin Longchamps, lieu encore emblématique aujourd’hui, et de là, l’eau est redistribuée dans tous les quartiers. Le Jarret et l’Huveauve ont alimenté la ville en eau jusqu’à la fin du XIXème siècle. C’est à partir du XXème siècle que Marseille est desservie uniquement par la Durance.

canal de Marseille, Saint-Louis XIXème siècle
carte postale ancienne de l’arrivée de l’eau à Marseille au parc Longchamps
XIXème siècle
parc Longchamps
canal au nord de Marseille canal au sud de Marseille

carte de Marseille de Jean Antoine Brefson, 1773 d’après les archives de Marseille

Ce petit morceau de Terrain, qu’on peut appeller le Phoenix des Terroirs, [...] tous les Chemins du Terroir sont bordés de Murs, ce qui le fait parraître en l’abordant, la plus grande ville du Monde tifsue de Maisons et de Jardinages, il est très abondant en Vin, Huille, et toute sorte de Fruits, Herbes, Légumes et Fleurs.

Jean Antoine Brefson, 1773

0 5 km N terrains cultivés

Avant l’arrivée de l’eau, le territoire de Marseille était cultivé d’espèces qui demandaient très peu d’eau comme la vigne, les oliviers, les amandiers ou encore les pois chiches.

terrains cultivés

0 1 km N

Marseille, ville considérable de Provence, fameux port sur la Méditerranée ; Plan de Marseille et de ses faubourgs.

Date : 1705

Auteur : Nicolas de Fer d’après les archives de Marseille

Marseille - Vue cavalière de Marseille entourée de collines, de son terroir et de la rade ; principaux monuments, nombreux personnages, revue d’armes, champs - XVIIIème siècle

Auteur : Johan Friedrich Leizelt (sc.) et Georg. Balthazar Probst (exsud. AV) d’après les archives de Marseille

Avec l’arrivée de l’eau de la Durance, l’agriculture s’est diversifiée. La ville a pu se constituer une vraie ceinture agricole maraîchère à l’image des autres grandes villes de la France comme Paris.

Les cartes postales, du XIXème siècle, ci-dessous et ci-contre montrent les différents types de cultures que l’on pouvait trouver à Marseille suite à l’arrivée du canal.

vergers dans le quartier de Saint-Louis

le

cultures en terrasses dans le quartier de Belle-Vue

arbres fruitiers dans le quartier du Plan de Cuques

champs cultivé dans
quartier du Plan de Cuques

ZOOM SUR LES BASTIDES DE MARSEILLE

Les bastides de Marseille sont les marques d’un passé riche de production agricole et de négoce. Elles faisaient le lien entre la ville et la campagne grâce à leur exploitation agricole et leur résidence campagnarde. Les riches propriétaires profitaient de cette économie, de leur position géographique stratégique et de leur cadre naturel exceptionnel. Elles étaient construites en balcon sur la ville, où l’on pouvait jouir de panoramas exceptionnels sur la mer. De plus, orientées plein sud et adossées en piémont des reliefs du massif, elles étaient protégées du mistral. ancienne carte postale de la bastide Bel-Air

L’eau, abondante partout grâce à l’arrivée du canal de Marseille, constituait un fil conducteur pour l’implantation des bastides. Cet axe hydraulique était la condition de vie première des jardins.

Le territoire de Marseille ne ressemble à aucun autre : nulle ville d’Europe n’a ce nombre de bastides : composé de 45 quartiers, il en contient 8 à 9000 qui se trouvent et forment pour ainsi dire une seconde ville. On y parvient par des chemins tortueux et étroits, bordés de murs... Monsieur Bouchard (XVIIIème siècle)

La bastide type de Marseille est composée de 6 éléments :

1 - la maison des maîtres, qui est la bastide à proprement parlé, et sa terrasse ;

2 - la ferme et ses bâtiments d’exploitation ;

3 - les champs ou les prairies ;

4 - les jardins et ses jeux d’eau ;

5 - un mur d’enceinte.

5 plan simplifié d’une bastide

Aujourd’hui il reste très peu de marques de ce passé. Les bastides ont été soit abandonnées au profit de la construction de logements collectifs, soit oubliées dans les confins de leurs murs de protection.

L’enjeu pour la ville est de montrer ce patrimoine bastidaire, afin que le passé prospère de Marseille ne soit pas oublié. Ces bastides apportent une valeur ajoutée au territoire, nulle ville en France n’en connaît autant qu’ici. Les quartiers nord de Marseille, les 13ème, 14ème et 15ème arrondissements qui ont aujourd’hui une très mauvaise réputation, possèdent un certain nombre de sites exceptionnels qui sont la mémoire de ce territoire. Ces sites présentent une proximité immédiate avec des quartiers d’urbanisation récente et massive (ZUP, grandes cités HLM) et sont susceptibles de contribuer à inverser leur image négative.

quartier Saint-Jérôme

D’UNE CEINTURE MARAÎCHÈRE PUISSANTE

AUX RELIQUATS DE L’AGRICULTURE

Suite à l’arrivée du canal de Marseille, la ville s’étend de plus en plus et les cultures agricoles se diversifient.

Avec la révolution industrielle, les notables, les grands bourgeois et les négociants marseillais s’enrichissent et s’offrent des grandes bastides sur les hauteurs de Marseille. La vie de villégiature commence à Marseille et la culture de l’entre-soi prospère. Il fait bon de vivre sur ces domaines, protégés du vent et du soleil, on peut pleinement jouir des magnifiques panoramas de la cité phocéenne. Ces grandes batisses servaient aussi de production agricole : maraîchage, élevage, verger... Elles alimentaient la fameuse ceinture agricole de Marseille. On raconte que Marseille était autonome sur le plan alimentaire et qu’elle n’a pas connu de pénurie de lait durant la Seconde Guerre Mondiale.

représentation schématique de la ceinture agricole de Marseille, avec la localisation du quartier de Saint-Jérôme

Peu à peu les lotissements ouvriers et les secteurs pavillonnaires apparaissent.

On peut vraiment parler d’un terroir marseillais. D’abord parce que le territoire communal est si bien circonscrit, limité, par les massifs tout autour ; et ensuite parce qu’au XIXème siècle, hors du centre-ville, l’essentiel de la commune était agricole.

J-N. Consalès, 2012

exemple de l’évolution de l’agriculture dans le quartier de Sain-Jérôme

Le quartier de Saint-Jérôme est situé au nord de Marseille dans le 13ème arrondissement. J’ai choisi cet exemple pour observer l’évolution de l’agriculture dans Marseille car un des trois sites de projet est situé dans ce quartier. De plus, excentré du centre ville dense, il se situe sur la ceinture maraîchère de la ville.

Sur la photographie aérienne de 1923, on note que le quartier de Saint-Jérôme est presque entièrement cultivé. Les fermes, les bastides, les champs et les vergers occupent quasiment tout le territoire. Au sudest, des petites habitations se concentrent mais elles possèdent toutes leurs jardins potagers individuels.

photographies aériennes du quartier de Saint-Jérôme, d’après géoportail

mitage par l’urbanisation

Sur la photographie aérienne de 1950, le quartier résidentiel s’est étendu amorçant ainsi le début d’une urbanisation rapide sur les terres agricoles. Malgré ce début d’urbanisation, le quartier reste riche en terre agricole. 0 500 m N

terrains cultivés

2.3

UN URBANISME RAPIDE RESPONSABLE DE LA FRAGMENTATION DU TERRITOIRE

Marseille a connu beaucoup de dégâts à cause des bombardements de la Seconde Guerre Mondiale. La ville a besoin de se reconstruire rapidement. La plupart des bastides furent vendues, et l’on y bâtit des ensembles résidentiels ou des grands ensembles.

À partir de 1945, la ville connaît des opérations phares qui visent à construire des logements. Le rythme de la reconstruction n’est pas assez rapide et la ville anticipe une future crise structurelle. Les tours et les barres d’immeubles fleurissent rapidement pour effacer les logements insalubres et les bidonvilles de Marseille.

Les années 1960 arrivent avec une nouvelle urgence, celle de loger les rapatriés d’Algérie. Un certain nombre de standards architecturaux vont se développer avec la modernisation forcée de l’industrie du bâtiment. La revue de la Chambre du Commerce, en 1960, montre, à travers une enquête réalisée par Lucien Cabaniols, que Marseille est un des plus gros chantiers de France.

À partir des années 1970, la ville connaît un important déclin économique et démographique. Cette urbanisme rapide a fragmenté l’immense territoire urbain qu’est la ville de Marseille qui est ainsi parsemé d’espaces vides.

Le début fractionné de grands ensembles de construction représente le seul moyen pour diminuer à la fois les coûts de production et pour obtenir l’amélioration de la qualité, qui assure la suprématie de la qualité industrielle intégrée.

Eugène Claudius Petit, 1960

photographies aériennes du quartier de Saint-Jérôme, d’après géoportail exemple de l’évolution de l’agriculture dans le quartier de Sain-Jérôme

Nous avions quitté le quartier Saint-Jerôme en 1950 et nous le récupérons en 1973. On observe sur la photographie aérienne de droite que la surface agricole a quasiment disparu.

Sous la pression de la reconstruction très rapide de la ville, Marseille a fait table rase des espaces agricoles afin d’y contruire des grands ensembles et les promoteurs en ont profité pour y installer des secteurs pavillonnaires.

On note que ces surfaces agricoles diminuent peu à peu jusqu’à presque disparaître en 1992.

Aujourd’hui, le quartier de Saint-Jérôme se situe proche des reliquats agricoles de la ville. En effet, le canal de Marseille passe au nord de celui-ci, et les dernières parcelles cultivées sont le long de ce canal. Une carte plus détaillée viendra dans la suite du mémoire.

3.1 - LA NATURE EN PÉRIPHÉRIE DE LA VILLE

3.2 - UNE VILLE COMPOSITE

3.3 - QUELLE AGRICULTURE AUJOURD’HUI ?

Dans le chapitre précédent, nous avons pu saisir l’importance du passé agricole de la ville ; mais qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

Avant d’y répondre, j’expliquerai pourquoi Marseille est une ville composite dans sa morphologie urbaine et pourquoi malgré ses 9 000 ha de nature, elle n’a que peu d’espaces verts accessibles à tous.

3.1

LA NATURE EN PÉRIPHÉRIE DE LA VILLE

Les espaces de nature sont inégalement répartis sur le territoire marseillais. La carte Nature publique, rend compte qu’il y a très peu de parcs publics dans cette si grande ville. En revanche, elle jouit d’un vaste réseau d’Espaces Naturels Classés qui bénéficient de différentes protections réglementaires (ZNIEFF, Natura 2000, Parc National des Calanques, Espace naturel sensible, site classé par l’État). Malheureusement, ces espaces classés sont difficilement accessibles au quotidien car loin de la ville. Cette nature est suggérée car visible mais pas pratiquable. Ce réseau joue un rôle primordial quant au maintien de la nature dans Marseille, au détriment des parcs et jardins publics. En revanche, il existe un vaste et dense réseau de jardins privatifs qui ne se donnent pas à voir. Ces deux types de nature offrent une étonnante richesse en terme de végétal dans la ville qui contraste avec sa minéralité. Néanmoins, le centre dense de Marseille présente peu de couvert végétal comparé à sa périphérie qui présente un maillage plus dense et plus complexe, qui provient de son passé agricole et de villégiature.

jardins publics espaces naturels classés, soumis à une protection espace boisé alignement d’arbres

0 2,5 5 km

d’après la carte végétation en gestion publique de l’Atlas des Trames Vertes de Marseille

Ces espaces de nature sont peu accessibles au grand public. La ville doit offrir plus de diversité en termes de parcs et jardins à ses habitants. L’agriculture urbaine peut offrir une partie de cette diversité. En faisant un partenariat avec la ville, les agriculteurs peuvent entretenir des respirations en ville et ouvertes au public.

Nature publique

Nature privée

bastide Montgolfier
parc Borély
parc Saint-Cyr
nature en coeur d’ilôt
nature en coeur d’ilôt
exploitation agricole

L’une des autres spécificités de Marseille est qu’elle est extrêment riche en délaissés urbains. Ce sont des petits espaces, comme des insterstices où la nature a repris ses droits. Les plantes qu’on y trouve apportent un côté bohème propre à la ville.

Dès qu’on arrive aux limites du petit centre-ville, Marseille est partout hérissée d’interzones végétalisées, d’espaces vacants en friche, d’interstices colonisés par les plantes, dont on ne sait trop que penser. Ce ne sont pas des jardins : aucune barrière n’y réglemente l’accès, et personne ne s’y promène. Ce ne sont pas non plus des espaces naturels « nobles », car ils sont le résultat d’une colonisation en générale récente, et souvent par des plantes rudérales communes. Ces bouts de nature spontanée sont l’un des éléments marquants du « vocabulaire urbain » marseillais.

2012

vue sur les Calanques depuis la plage du Prado
le massif Saint-Cyr
Préserver les massifs protégés et créer des continuités écologiques à l’intérieur de la ville

espaces naturels à préserver

espaces de nature en ville existants

espaces de nature en ville à créer boisements protéger les usages agricoles actuels/ développer des projets agro-loisirs points de vue remarquables boulevards urbains plantés trame bleue

valoriser des potentiels liaisons douces aménager des continuités paysagères

0 2,5 5 km N

d’après le Projet d’Aménagement et de Développement Durable de Marseille

Cette carte montre que la ville de Marseille a la volonté de mettre en valeur son environnement paysager. La périphérie de la ville est déja forte grâce à ses massifs qui sont des réservoirs de biodiversité. Comment s’articulent-ils avec la ville ?

Les parcs à créer sont nombreux et peuvent être le support d’une agriculture en ville qui contribuerait à la préservation des paysages et à la gestion des risques naturels. De plus, cette agriculture de proximité s’intégre dans les circuits-courts, dans des projets d’agriculture biologique et permet l’accueil du public pour des activités pédagogiques et récréatives.

Un territoire soumis aux risques naturels

risque de feu

zone instable

zone inondable

voie inondable

risque industriel

0 2,5 5 km N

d’après la carte des risques pris en compte au POS, Cahier des Territoires

Le risque incendie est particulièrement important sur la ville. Ceci est dû aux conditions climatiques qui assèchent la végétation, véritable brasier lors de vents violents. Ces zones peuvent être entretenues grâce à du pâturage, limitant ainsi les foyers de départ de feu.

Les zones inondables sont inconstructibles. Le lit de l’Huveaune, riche en terre sédimentaire et donc arrable, peut accueillir un grand parc agricole au sein de la ville, véritable lien écologique entre l’est et l’ouest de la ville. Les mouvements de terrains rendent quant à eux impossible la construction d’habitat. Les zones où se produisent ces mouvements peuvent être exploités.

UNE VILLE COMPOSITE

La ville de Marseille est composée d’un tissu urbain très complexe où se mélangent des bastides, témoins d’un passé agricole ; des noyaux villageois porteurs d’une identité et enfin des quartiers récents. Les quartiers les plus défavorisés en terme d’économie sont les 14 ème et 15ème arrondissements. L’agriculture peut offrir de nouveaux emplois et des ateliers pédagogiques dans ces quartiers afin de favoriser une insertion sociale. De plus, ces nouveaux sites attractifs encouragent un mélange culturel et social et donc une mixité. 3.2

forte densité de bâti petits collectifs et pavillonnaires disparatres grands ensembles zone d’activités

patrimoine bastidaire 0 2,5 5 km N d’après le zonage simplifié du PLU de Marseille

grands ensembles
tissu très dense petit collectif

Son immense territoire urbain est marqué par une spectaculaire déprise industrielle et démographique [...] ce qui fait qu’en dehors du centre-ville, l’essentiel de Marseille est un espace lâche et fragmentémixte chaotique de grands ensembles, de bâtiments industriels et de friches végétales. Les formes variées du périurbain marseillais n’excluent ainsi ni la beauté âpre des ruines industrielles, ni un certain charme bucolique. L’ampleur des jardins des résidences, le choc entre mer et béton, et l’affleurement incessant du calcaire au pied des maisons, rappellent à chaque pas la souveraineté de la nature.

paysage d’une ville composite

zones et secteurs naturels

grands parcs

zones agricoles

tissu patrimonial tissu de type central tissu de noyaux villageois et centralité franges ville-nature

zones à urbaniser cours d’eau principaux voie ferrée autoroute boulevards urbains

d’après le zonage simplifié du PLU de Marseille

0 2,5 5 km N

La ville de Marseille a revu récemment son PLU. On note sur ce zonage qu’il y a peu de grands parcs. Les zones agricoles sont quant à elles cantonnées à la périphérie de la ville. La ville a la volonté de protéger ses franges villenature qui peuvent accueillir une activité agricole. Les zones à urbaniser peuvent aussi être pensées en terme de développement local et se construire avec une logique de développement agricole qui pourrait nourrir localement les futurs habitants.

QUELLE AGRICULTURE AUJOURD’HUI ?

L’agriculture dans la région Provence-Alpes-Côtes d’Azur, PACA

La ville de Marseille a la spécificité d’avoir des exploitations agricoles sur son territoire communal. Avant d’étudier plus en détails ces exploitations, je voulais prendre un peu de recul afin de comprendre dans quelle région agricole se situe Marseille et quelles en sont ses spécificités.

polycultures et polyélevages

viticultures

horticulture

maraîchage

arboriculture

grandes cultures élevage

orientation technico-économique de la région PACA. Selon l’Agreste, recensement agricole 2010

0 50 km

Les terres cultivées occupent 30% du territoire. La région PACA est reconnue pour son patrimoine agricole et ses compétences la rendent attractive. Actuellement, le secteur agricole emploie plus de 130 000 femmes et hommes, il est le deuxième employeur de la région.

La région PACA est la première au rang national pour la production de fruits et légumes, de plantes à parfum, pour le vin rosé et les olives. Elle est aussi le premier bassin horticole et la seule région à produire du riz.

Les Bouches-du-Rhône, une production de fruits et légumes principalement

céréales

production de fruits et légumes

pourcentage des productions dans le département des Bouches-du-Rhône, selon l’étude n°34 de l’Agreste, Juin 2008

Depuis 1970, le nombre d’agriculteurs a diminué de 50% celui des exploitations de 30% et celui des superficies cultivées de 15%. Selon l’étude n°34, de l’Agreste, en 2007, le secteur agricole emploie 11 200 personnes dans 4 200 exploitations et participe à hauteur de 3% de la production agricole nationale.

La production agricole du département est la première au rang national pour les tomates, salades, courgettes, blettes, potirons, courges, citrouilles, pêches, nectarines, poires, olives et riz.

Les agriculteurs ont dû s’adapter aux nouvelles exigences environnementales et à celles des consommateurs. Pour cela, l’Agreste a observé une diversification des métiers avec notamment l’apparition de vente directe à la ferme, des nouvelles formes de tourisme rural ou encore la participation des services environnementaux pour les collectivités locales ou chez les particuliers.

Rencontre avec des agriculteurs de la ville de Marseille

Marseille possède encore quelques exploitations agricoles sur son territoire communal. Elles sont toutes éloignées du centre historique. J’ai ressenti le besoin de rencontrer ces agriculteurs afin de m’enrichir de leurs expériences pour appuyer mes propos. Certains producteurs se considèrent comme agriculteurs urbains car ils sont venus s’y installer et ont établi leurs exploitations dans la logique des circuits-courts. D’autres sont ici depuis plusieurs générations et considèrent que c’est la ville qui est venue à eux et non l’inverse.

terrains des exploitations agricoles

2,5 km N d’après la BD ORTHO, ALTI et la photographie aérienne de l’IGN

Marie est éleveuse urbaine. Elle travaille depuis 1 an à la ferme pédagogique de la Tour des Pins, dans le 14 ème arrondissement de Marseille, c’est une délégation de service public. Son exploitation fait un peu moins de 6 ha et se situe sur les terrains de l’ancienne bastide Montgolfier. Cette bastide appartient à la ville mais est fermée au public car non entretenue.

Marie élève 2 vaches, 30 brebis et 40 chèvres et vend les produits dérivés de sa production laitière, à savoir fromages, lait et beurre. Elle a aussi quelques poules ce qui lui permet de vendre des oeufs. C’est une agricultrice engagée, qui se bat pour améliorer la production agricole mais aussi pour changer la réputation des quartiers nord de la ville. Elle porte une réelle volonté de faire de Marseille un phare pour l’agriculture urbaine.

Armelle et Franck ne sont pas agriculteurs de formation mais portent la volonté d’améliorer nos cadres de vie en produisant des légumes de qualité à moindre coût. Ils travaillent pour la ferme pédagogique du Collet des Comtes qui se situe dans le 11ème arrondissement et s’étend sur 4000 m2.

Leur production suit le fil des saisons et ils vendent leur légumes sous forme de paniers 2 fois pas semaine, ils ont aussi un partenariat avec une biocoop locale. Ils travaillent selon les principes de la permaculture, c’est-à-dire qu’ils ont une vision durable de leur production, très économe en énergie et qui produit très peu de déchets. Ils apprécient particulièrement le côté relationnel et pédagogique de leur métier, à savoir rencontrer les consommateurs, les mettre en relations et expliquer leur savoir-faire.

2
Armelle & Franck Goasampis

Patrick est locataire de terres qui appartiennent au couvent de la Serviane. Il se situe dans le 12ème arrondissement de Marseille, loue 14 ha dont seulement 5 ha en eaux et donc exploitables. Il fait du maraîchage en agriculture raisonnée. Il travaille toute l’année et alimente le marché des Arnavaux qui est d’intérêt national. Cette exploitation appartenait à l’origine à son grand-père et Patrick est la troisième génération. Il ne se considère pas comme agriculteur urbain car selon lui, c’est la ville qui est venue à lui et non l’inverse.

Yves est un producteur de volailles et de fruits. Il a commencé l’exploitation avec son père en avril 1995. Son exploitation s’organise sur 8 ha dont 3 ha sont réservés aux fruitiers. Son verger est composé à 90% d’abricotiers, 8% de pêchers et 2% de cerisiers. Son élevage de volaille est principalement constitué de poulets. Il en vend une quinzaine par semaine à 9,20€/kg. Il a aussi des chapons pour les fêtes de fin d’année et en vend une centaine par an.

Rémi dirige une exploitation aux portes de la ville, aussi dans le 12ème arrondissement. Il produit sur des restanques qui s’étendent sur 7000 m 2 . Le cadre naturel dans lequel il travaille est exceptionnel. Il fait du maraîchage et élève des poules pour vendre leurs oeufs et avoir un apport en fumier afin d’amender ses sols. Deux jours par semaine, il ouvre sa ferme afin de vendre ses produits sur place. Durant l’été la demande est moindre et Rémi vend à des biocoops locales.

Patrick Vabre
Yves Lamonica
Rémi Clarin

Marie Maurage

Typede production

fromages de chèvre, brebis et vache AB 6 ha

Surfacedel’exploitation Statutdel’agriculteur Vente des produits Conditionsde vie

ferme pédagogique délégation de service public à la ferme biocoop la ville lui prête l’exploitation et lui donne des subventions

Rémi Clérin

maraîchage, oeufs de poules AB 7000 m 2

Patrick Vabre maraîchage

Yves Lamonica poulets et abricots

Armelle & Franck

14 ha

8 ha

maraîchage AB 4000 m 2

locataire des terres à la ferme 2 jours/ semaine travaille toute l’année, cotisant solidaire

locataire des terres, propriétaire : le couvent de la Serviane alimente le marché des Arnavaux, 3 à 4 jours / semaine travaille toute l’année, entre 8 et 12h/ jour

locataire des terres, propriétaire : le couvent de la Serviane à la ferme 2 jours/ semaine travaille toute l’année, autre travail d’appoint pour rentrer dans ses frais

ferme pédagogique délégation de service public à la ferme 2 jours/ semaine biocoop la ville leur prête l’exploitation et leur donne des subventions

Les surfaces et les types de production sont différents. Les histoires des agriculteurs sont elles aussi différentes et génèrent des disparités dans les conditions de vie.

Les

circuits de distribution

Outre les grandes surfaces, qui ne valorisent pas forcément les produits locaux, il existe deux autres circuits pour trouver les produits issus de Marseille.

Les marchés sont culturellement très importants à Marseille. Les habitants de la ville y sont très attachés et on les trouve partout dans la ville.

Les AMAP, Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne, sont également bien développées sur la ville. Les AMAP font le lien entre les consommateurs et les produits provenants de la ferme, basé sur un système de paniers que l’on peut composer soi-même ou qui est représentatif de la production saisonnière.

0 5 km N

d’après la BD ORTHO, ALTI et la photographie aérienne de l’IGN

ambiance au marché, carte postale du XIXème siècle

marchés AMAPs
local de vente de Rémi Clérin, sur son lieu de production
culture de tomates sous serres de Patrick Vabre

CONCLUSION

Le paysage de Marseille est constitué de mille choses. Sa situation géographique et son climat font que c’est une ville clémente pour l’agriculture. De plus, son passé fortement agricole a façonné la ville. Même si Marseille a subi une urbanisation très rapide à la sortie de la guerre, il arrive que son histoire agricole surgisse au fil d’une promenade. En effet, les jardins ouvriers, les fermes pédagogiques et les exploitations privées en sont l’héritage.

Grâce à cette étude assez générale de la ville, j’ai pu m’approcher du projet. Si je devais retenir trois traits caractéristiques de la ville, je choisirais : ses horizons, son passé à la fois de villégiature et agricole et enfin, ses grands ensembles. C’est pour cela que je suis partie à la recherche de trois sites qui portaient, en chacun, un de ces trais. Je me suis imposée une autre contrainte, je voulais que ces sites soient sur des tissus morphologiques différents. En effet, les villes sont composées de tissus hétérogènes entre-eux mais que l’on retrouve partout. Il me semblait important d’avoir donc trois sites qui soient bien différents dans leur trait de caractère mais aussi dans leur situation urbaine.

le point de vue de la Viste
le cloître Saint-Bruno
l’université Aix-Marseille

EXPÉRIMENTATIONS

DES FORMES AU SERVICE DE L’AGRICULTURE

1. LE POINT DE VUE DE LA VISTE

2. LE CLOÎTRE SAINT-BRUNO

3. L’UNIVERSITÉ AIX-MARSEILLE

habitants

restaurateurs

paysagistes

AgroParisTech

agronomes

DÉFINITION DE L’AGRICULTURE URBAINE

collectivités

associations

agriculteurs

Réseaux des Jardins Solidaires de la Ville de Marseille

coopératives

commerçants

Atelier Marseillais d’Initiatives en Écologie Urbaine

Comment l’agriculture urbaine, grâce à la diversité de formes qu’elle peut prendre, peut-elle inventer de nouveaux espaces à l’intérieur de la ville ?

MARSEILLE

choix de 3 sites pour expérimenter la diversité de l’agriculture urbaine

zone d’activité

petits collectifs et pavillonaires disparates

extrapolation à l’échelle de la ville

tissu dense

Cette troisième partie de mémoire présente les 3 sites que j’ai choisis pour expérimenter l’agriculture urbaine. Les villes sont toutes composées de tissus hétéroclites, ces différentes morphologies urbaines sont communes aux villes. Il y a, par exemple, les zones d’activités, les petits collectifs et pavillonaires et le tissu dense du centre-ville. C’est pour cela que j’ai choisi trois sites qui se trouvaient sur ces morphologies urbaines. Ce qui me semblait important aussi, c’était que chacun de ces sites représente une valeur de ce qui fait le paysage à Marseille.

Le point de vue de la Viste est le premier site. Il est situé en zone d’activités, derrière un grand centre commercial. La densité de bâti y est très faible mais cet énorme centre draine beaucoup de visiteurs chaque jour. Le site s’organise en terrasses sur 24 ha et nécessite un entretien qui peut se faire grâce à du pâturage.

Le cloître Saint-Bruno est le deuxième site. Il est situé dans un quartier de petits collectifs et pavillonnaire où le tissu bâti est disparate. C’est un terrain fermé au public, sa surface est de 6,5 ha. Ce terrain appartient à l’association les Apprentis d’Auteuils, qui a des difficutltés à entretenir le cloître et ses terrains attenants. Un projet d’agriculture urbaine est demandé par une association pour aider les apprentis. De plus, la dimension sociale de ce projet est très importante compte-tenu du quartier dans lequel il se situe.

Enfin, le troisième site, qui se situe en centre-ville, est l’université Aix-Marseille. Le centre de Marseille est très dense en termes de bâti et d’habitants. J’ai choisi ce troisième site car il sera un bon exemple pour ce qu’on peut produire sur des surfaces imperméables.

LE POINT DE VUE DE LA VISTE

1.1 - LE QUARTIER DE LA VISTE, UN BELVÉDÈRE

SUR LA MER

1.2 - LA NAISSANCE D’UNE FRICHE

1.3 - UNE GARRIGUE OUBLIÉE AU NORD DE MARSEILLE

1.4

- LE PÂTURAGE POUR L’ENTRETIEN D’UNE GARRIGUE

La Viste est un quartier du 15ème arrondissement de la ville. Ce quartier a été construit sur un éperon rocheux qui lui a donné une situation privilégiée en belvédère sur la ville. La Viste vient de la Vista qui signifie la vue en occitan.

C’est un quartier sensible du nord de Marseille, il est essentiellement composé de jeunes personnes à la recherche d’un emploi ou à très petits revenus. Sa population est issue des générations immigrées suite à l’indépendance de l’Algérie.

0 2 4 km

délimitation du 15ème arrondissement et situation du point de vue de la Viste, d’après géoportail quelques données socio-économiques... sans diplôme (%) au moins Bac+3 (%) tranche d’âge du quartier de la Viste taux de chômage (%)

40-59 ans 22 % 75 ans et + 6 % 60-74 ans 14 %

selon INSEE, 2006, Bases de données infra-communales Diplômes - Formation 20-39 ans 27 % 0-19 ans 30 %

LE QUARTIER DE LA VISTE, UN BELVÉDÈRE SUR LA MER

Massif de la Nerthe

le port autonome principales infrastructures routières et voies ferrées

Saint-André la Viste sur son promontoire rocheux

Ce site de projet fait le lien entre le quartier haut de la Viste et le point bas des usines Monier. Elles ont longtemps extrait l’argile de cet éperon afin de fabriquer des tuiles. Le site s’organise en une succession de terrasses. Ce belvédère, assez spectaculaire, n’est pas mis en valeur car difficile d’accès.

L’enjeu de ce site est donc d’inciter les habitants du quartier et de la ville à découvrir ce point de vue haut et d’utiliser l’agriculture pour imaginer un espace de respiration en ville.

Usine Monier vers la mer, le port autonome

la mer

Chaîne de l’Étoile

Quartier de la Viste

de projet

Site
Grand Littoral

panorama, en arrivant sur le site de projet, depuis le belvédère de la Viste

LA NAISSANCE D’UNE FRICHE

La friche du point de vue de la Viste est née de 2 éléments majeurs. Le premier fût l’installation de l’usine Monier en 1919 et le second fût la construction du centre commercial du Grand Littoral en 1996.

Avant l’arrivée de l’usine Monier, la friche du point de vue de la Viste, était nommée Ollivier, selon la carte de l’État-Major. Tout laisse donc à supposer qu’à cet endroit étaient cultivés des oliviers ou d’autres arbres fruitiers.

1919 : l’arrivée de l’usine Monier

À partir de 1919, une des usines Monier s’est installée au pied de la future friche du point de vue de la Viste. Elle se lança dans l’extraction de l’argile présente sur les terrains afin de fabriquer les fameuses tuiles de Marseille, poinçonnées d’une abeille connues dans le monde entier.

Sur ces 3 photographies aériennes, on note la progression du site d’extraction et on peut observer l’urbanisation autour du site et l’arrivée progressive des infrastructures routières importantes avec les autoroutes A7 et A55.

avenue de la Viste

En 1996, la construction du centre commercial Grand Littoral entraine l’arrêt de l’extraction d’argile par l’usine Monier. Les tassements induits par une telle construction engendrent un risque d’effondrement de l’ouvrage massif.

On note sur cette photographie aérienne, que la colline qui servait pour l’extraction d’argile a été plantée et qu’elle a subi un dessin assez fin. Au fur et à mesure que le temps passe, le terrain est laissé à l’abandon. On observe la nature reprendre ses droits et les espèces endémiques s’installent.

UNE GARRIGUE OUBLIÉE AU NORD DE MARSEILLE

Les plantes que nous trouvons sur ces terrasses sont des espèces spécifiques à la garrigue comme l’euphorbe des garrigues, Euphorbe characias, le seseli de Marseille, Seseli tortuosum, l’hellébore fétide, Helleborus foetidus, le fenouil commun, Foeniculum vulgare.

Aujourd’hui, la garrigue du point de vue de la Viste est totalement oubliée et n’est exploitée comme elle pourrait l’être, bien que des tentatives d’apprivoisement via l’élaboration d’un parcours santé par exemple aient été testées... sans succès. Le constat que j’ai pu faire de ce site est qu’il n’est plus du tout mis en valeur. Les entrées qui mènent vers ce site sont peu séduisantes, le centre commercial Grand Litorral est omniprésent et sur le devant de scène, les usines Monier sont bien installées.

l’usine Monier

voie ferrée

les entrées peu séduisantes le centre commercial

entrée depuis le rond point Foresta
allée derrière le domaine Bella Vista
entrée rue Chrysostome Moutet
le centre commercial : le Grand Litorral

Malgré le décor peu séduisant qui entoure cette friche, elle offre un grand potentiel pour un espace de respiration à l’intérieur de la ville. Cet espace pourrait être agricole, ce qui permettrait à la ville de déléguer son entretien. De plus, situé dans un quartier où la situation socio-économique est catastrophique, l’agriculture pourrait relancer un peu l’économie locale grâce aux circuits-courts et proposer quelques emplois et des activités fédératrices d’une cohésion.

Le terrain étant très accidenté, la chèvre semble être le meilleur animal pour l’entretien. De plus, son lait contribue fortement à sa valeur ajoutée car il est original et apporte une certaine diversité.

Grâce à sa topographie, cette friche offre un point de vue spectaculaire sur la ville et le port autonome.

Le site du point de vue de la Viste s’étale sur une surface d’environ 24 ha. Son sol est de nature calcaire et inconstructible car il n’est pas stable. Il bénéficie d’une bonne exposition au soleil car orienté plein ouest. Les deux bassins de rétention appartiennent au centre commercial.

Ce site est visible depuis de nombreux endroits dans la ville à savoir : l’A55, la voie ferré, le centre commercial et peut donc susciter la curiosité de nombreux visiteurs.

vue sur le bassin de retention depuis le haut
vue depuis le centre commercial
les terrasses du sites

LE PÂTURAGE POUR L’ENTRETIEN DE LA GARRIGUE

Inciter les habitants du quartier à découvrir le site

Drainer les usagers du Grand Littoral

Travailler et marquer les entrées

Faire un lien avec le parc Brégan

Inviter les usagers à contempler le paysage

Entretenir le terrain existant

Introduire différents types d’agricultures pour susciter la curiosité

Travailler les ambiances autour des 2 bassins pour une plus-value du site

Conserver les coteaux boisés qui ont un intérêt pour fixer le terrain et masquer le Grand Littoral

Conserver les sentes existantes, traces de l’usage du site

Surfaces dédiées

aux belvédères à l’agriculture aux bassins aux coteaux boisés 9 ha 8 ha 2 ha 5 ha

programme de l’aménagement des terrasses de la Viste, d’après la BD ORTHO et la photographie aérienne de l’IGN

100 200 m N

Données de production et acteurs

9 ha de garrigue ne sont pas suffisants pour alimenter un grand troupeau de chèvres. En effet, la végétation est trop lente à repousser à cause du manque d’eau sur un tel terrain. Par conséquent, il est difficilement imaginable d’avoir une production de lait de chèvre suffisante pour approvisionner les quartiers environnants. Deux scénarios en découlent...

Scénario 1 : axé sur la pédagogie

On peut envisager d’avoir un troupeau sédentaire d’une dizaine de chèvres pour l’entretien des terrasses. Des ateliers pédagogiques peuvent être organisés autour de ce troupeau. Un agriculteur pourrait être en charge de ce troupeau. On peut aussi imaginer qu’une fois par mois, il y ait une fête de quartier où les produits des chèvres sont consommés.

10 CHÈVRES entre 165 et 500 fromages de chèvres par mois 1 ACTIVITÉ ANNEXE

Selon une étude réalisée par l’Institut Technique de l’Agriculture Biologique, une chèvre produit du lait entre 500 et 1000 kg sur une période de 250 à 290 jours en continu sur une année. 1 litre de lait peut suffire pour 2 à 3 fromages, en moyenne.

Cette production n’est pas suffisante pour vivre de cette activité, sauf si l’agriculture peut obtenir des subventions de la ville. On peut aussi imaginer qu’il ait une activité annexe comme un centre équestre, ce qui a été le cas pendant longtemps sur ce site ; il était même profitable.

Scénario 2 : pâturage occasionnel

Un autre projet envisageable est de faire du pâturage occasionnel, c’est-à-dire qu’un berger peut se mettre au service de la ville avec un partenariat privilégié pour entretenir le terrain. Le berger pourrait avoir alors un troupeau plus important, qui lui permettrait d’en vivre et viendrait 3 mois dans une année mais tous les 3 ou 4 ans en fonction de la repousse de la garrigue.

En plus du pâturage, il faut penser à d’autres activités qui demanderaient une main d’oeuvre importante, occasionnellement, afin de fédérer les habitants du quartier.

OLIVIERS

Les oliviers sont particulièrement bien adaptés au climat méditerranéen et on en trouve dans la garrigue. Il faut attendre quelques années avant qu’ils soient productifs mais pour certaines espèces, dès la 3ème année, on obtient un rendement en olive significatif afin de fabriquer de l’huile d’olive.

Par exemple, selon l’étude du Guide du planteur d’olivers, l’espèce olivère produit 3 kg d’olives commestibles à partir de sa 3ème année de production. En revanche, pour la fabrication d’huile, il faut attendre un peu plus car afin d’obtenir 1 litre d’huile il faut entre 6,5 kg et 13,5 kg d’olives.

POIS CHICHE

Le pois chiche est particulièrement adapté au sol sec et il est culturellement populaire à Marseille. Il est consommé sous formes de panisses qui sont des petites galettes.

Selon la chambre d’agriculture 1 ha peut produire 5100 kg de pois chiches, mais cette production nécessite une surface minimum de 1,5 ha plate.

Le point de vue de la Viste offre un fort potentiel d’espace agricole pour la ville. Il a une surface de 24 ha qui s’organise en terrasses donnant sur la rade nord de Marseille. Actuellement, le site n’attire personne car il n’est pas entretenu et que ses frontières (entrées et infrastructures) avec les quartiers alentours ne sont pas attractives. L’enjeu de l’agriculture urbaine ici est de proposer des ateliers ludiques où les habitants du quartier auraient la possibilité de se divertir. De plus, cette activité agricole entretient les terrains afin qu’ils continuent d’être un paysage ouvert sur la mer et les massifs. Enfin, proche du centre commercial, l’agriculture serait un bon moyen de sensibiliser les individus qui s’y approvisionnent, à des pratiques de production plus nobles.

LE CLOÎTRE SAINT-BRUNO

2.1 - PROCHE DES TERRAINS AGRICOLES

2.2 - ANCIEN TERRAIN AGRICOLE, CULTIVÉ PAR LES SOEURS DU CLOÎTRE

2.3 - LE CLOÎTRE, UN ESPACE TRÈS FERMÉ SUR LUI-MÊME

2.4 - DÉCOUVRIR

LE SITE À TRAVERS LA THÉMATIQUE AGRICOLE

Le cloître Saint-Bruno se situe dans le quartier de SaintJérôme qui appartient au 13ème arrondissement de Marseille.

Celui-ci est limité au nord par les contreforts du massif de l’Étoile, le bassin versant du Jarret à l’est, et le 14 ème arrondissement à l’ouest.

C’est un paysage de collines et de buttes, fortement marqué par l’urbanisation massive des années 1960-1970, parfois en confrontation direct avec le tissu pavillonnnaire ou les domaines bastidaires nés du développement de la campagne marseillaise.

Il n’est pas évident de se déplacer dans ce vaste territoire, que ce soit à pied, en voiture ou en transport commun. Ce quartier accueille une population très modeste composée de jeunes ménages connaissant un taux de chômage élevé.

quelques données socio-économiques...

tranche d’âge du quartier

délimitation du 13ème arrondissement et situation du cloître Saint-Bruno, d’après géoportail

Saint-Jérôme 20-39 ans 38 % 0-19 ans 27 % 40-59 ans 20 % 60-74 ans 11 % 75 ans et + 4 % sans diplôme (%)

selon INSEE, 2006, Bases de données infra-communales Diplômes - Formation

PROCHE DES TERRAINS AGRICOLES

canal de Marseille

poches agricoles dans Marseille

pied de la Chaîne de l’Étoile

cloître Saint-Bruno ferme pédagogique de la Tour des Pins 0 0,5 1 km

UN ANCIEN TERRAIN AGRICOLE

Jusqu’en 1932, le terrain appartenait à une riche famille marseillaise.

Ce sont les soeurs de la Visitation qui ont récupéré le terrain. Elles y ont établi un monastère et entretenu le terrain grâce à du maraîchage et du pâturage.

Comme nous pouvons le voir sur la photographie aérienne de 1950, le terrain avait 2 bassins ce qui permettait aux soeurs d’irriguer leurs cultures et d’abreuver leurs animaux. Les cultures ne recouvraient pas la totalité du site.

1973

le cloître

bassin

terrains cultivés

Au fil des années, les soeurs ont continué leur exploitation. C’est à partir des années 1990 que la fondation d’Auteuil a récupéré le terrain.

2.3

LE CLOÎTRE, UN ESPACE TRÈS FERMÉ SUR LUI-MÊME

chemin de Château Gombert

coteau boisé boulevard Madeleine Remusat

chapelle le cloître Saint-Bruno les terrains du cloître

Le cloître Saint-Bruno est situé sur une petite colline. Son terrain fait 6,5 ha et est particulièrement arboré. L’avenue Madeleine Rémusat longe la colline et le piéton est toujours en contre-bas des terrains. Le coteau boisé appartient à un parc d’accrobranche et masque entièrement le cloître. Seul le clocher de la chapelle dépasse.

Aujourd’hui, les terrains appartiennent à la fondation des Apprentis d’Auteuil, association reconnue d’utilité publique engagée dans la prévention et la protection de l’enfance depuis près de 150 ans.

chemin

Chateau Gombert

avenue Madeleine Remusat

coteau boisé

le cloître

Saint-Bruno

Les Apprentis d’Auteuil ont décidé de cesser leurs activités sur le site et de le confier à une autre organisation.

Le nouveau projet a la volonté de renouer avec les racines agricoles du site et de mettre en valeur ces activités. Il se veut orienté sur l’agriculture urbaine. Pour cela, à l’intérieur du cloître sera construit un restaurant qui proposera des repas élaborés grâce aux aliments produits sur le site. Ce projet a également un but pédagogique afin de sensibiliser les habitants du quartier mais aussi pour former des jeunes en difficultés à un métier.

groupe la Sauvagine

situation des photographies d’après la BD ORTHO et la photographie aérienne de l’IGN

Une fois que les premières impressions données par le boulevard Madeleine Remusat, l’entrée du cloître et du parking, le site dévoile peu à peu ses secrets.

la chapelle du cloître que l’on peut voir depuis le chemin Château Gombert
la coteau planté de l’accro branche
qui mène au cloître
le terrain du cloître qui longe le boulevard Madeleine Remusat

Le terrain a évolué depuis que les soeurs du cloître l’ont donné aux Apprentis d’Auteuil. Le terrain reste tout de même marqué par son passé agricole.

Les produits issus du maraîchage ne sont pas très haut et peuvent souligner la micro-topographie des anciennes terrasses cultivées.

Les sols qui sont imperméables et donc non cultivables peuvent être utilisés pour des ateliers pédagogiques.

parking à l’entrée des terrains du cloître
terrain de sport face au cloître
petit bois de pins
terrain en terrasse
relief façonné par le passé agricole
panorama sur Marseille en bout de parcours

DÉCOUVRIR LE SITE À TRAVERS LA THÉMATIQUE AGRICOLE

L’agriculture urbaine est un bon outil pour valoriser les terrains du cloître. Un parcours pédagogique permet d’amener les habitants du quartier à se promener sur le site de façon ludique.

Susciter la curiosité

Marquer l’espace public

Cheminement pédagogique à la décourverte de l’agriculture

Atelier pédagogique

Accueil du public

Marquer l’entrée du site, le début et la fin du parcours pédagogique

Offrir une vision globale en jouant avec le relief existant

Organiser stationnement

Travailler des ambiances

Conserver les terrasses existantes

Valoriser la pinède

4000 m 2

4000 m 2

Surface dédiée aux ateliers pédagogiques au stationnement à l’estrade

7000 m 2

4000 m 2

7000 m 2

Entretenir une végétation basse afin de valoriser le plateau aux terrasses à la pinède au plateau 5000 m 2

Programme de l’amménagement du cloître, d’après la BD ORTHO et la photographie aérienne de l’IGN

Données de production et d’acteurs

La surface que l’on peut dédier à l’agriculture a une surface moyenne de 2 ha. Elle regroupe les surfaces dédiées aux terrasses, à la pinède, à l’estrade, aux ateliers pédagogiques et au plateau de végétation basse.

Cette agriculture permettrait de valoriser le site et d’inciter les habitants de la ville à le découvrir. Il deviendrait ainsi un nouveau pôle attractif du quartier.

espace & surface type de produit

les terrasses à l’entrée du site 5000m 2

arbres fruitiers qui se prêtent bien à la culture en terrasse et qui feraient une continuité avec le coteau boisé

l’estrade derrière le cloître 4000m 2

on peut imaginer une culture en terrasse qui ferait aussi office d’estrade

sous la pinède 4000m 2 mais on ne prend que les 900m 2 qui ne sont pas derrière le cloître

les aiguilles des pins acidifient le sol, la culture y est impropre, en revanche on peut y mettre poules et ruches

le plateau en bout de site 7000m 2

on peut imaginer une culture en terrasse qui permettrait d’avoir une vue dégagée sur le panorama qui existe en bout de parcours

quantité produite qui produit ? pour qui ?

1 arbre, environ 16m2 : 50 kg/an

300 arbres = 15 000 kg/an

1 potager produit en moyenne : 12 kg/m2/an

4000m2 = 48 000 kg/an

1 poule produit en moyenne

200 oeufs par an et on compte 10m2 de surface

1 ruche produit en moyenne

20 kg de miel par an

20 poules = 4000 oeufs/an

4 ruches = 80 kg de miel/an

1 potager produit en moyenne : 12 kg/m2/an

7000m2 = 84 000 kg/an

entretenu par 1 salarié de l’association

récolte collective avec des bénévoles

entretenu par 1 salarié de l’association

récolte collective avec des bénévoles

pour le restaurant 1 panier de fruit pour chaque bénévole qui a participé à la récolte

uniquement pour la restauration

entretenu par 1 salarié de l’association

uniquement pour la restauration

entretenu par 1 salarié de l’association

récolte collective avec des bénévoles

uniquement pour la restauration

Les terrains attenants au cloître sont actuellement fermés au public mais ont la vocation à être ouverts. Ils sont situés dans un quartier habité par une population défavorisée.

L’agriculture urbaine, dans ce contexte, pourrait développer une économie de quartier en faisant appel à des salariés pour mettre en place des ateliers pédagogiques ouverts à tous. De plus, cette activité agricole pourrait produire des aliments pour fournir le restaurant qui ouvrira ses portes dans le cloître et ainsi permettre un financement supplémentaire. Enfin, ce projet pourrait offrir un lieu public de nature supplémentaire dans la ville qui en compte peu.

3.2

L’UNIVERSITÉ AIX-MARSEILLE

3.1 - UN QUARTIER DE MICRO-DÉLAISSÉS

- UNE UNIVERSITÉ VIEILLE DE PLUS D’UN SIÈCLE

3.3 - UN POTENTIEL DE SURFACES

PLATES ET ARTIFICIELLES

3.4 - UN SITE PILOTE POUR L’ÉTUDE D’UN

CYCLE AGRICOLE

3.1

UN QUARTIER DE MICRO-DÉLAISSÉS

Un des sites de l’université Aix-Marseille se situe derrière la gare Saint-Charles, dans le 3ème arrondissement de la ville. Ce quartier est très connu par les Marseillais ainsi que les nonMarseillais. En effet, la façade de Marseille connaît depuis 1995 un grand projet de rénovation appelé Euromed, lancé par le maire de l’époque, Robert Vigouroux. Une fois que l’opération Euromed 1 fut terminée, une deuxième opération débuta : Euromed 2. Ce quartier est aussi connu comme l’un des plus populaires d’Europe.

Ainsi, le coeur de Marseille évolue à deux vitesses : des lieux emblématiques, mis en valeur par Euromet et encore des quartiers riches en délaissés urbains. port industriel

université Aix-Marseille

quelques données socio-économiques...

tranche d’âge 3ème arrondissement

délimitation du 3ème arrondissement et situation de l’université Aix-Marseille, d’après géoportail

sans diplôme (%) au moins Bac+3 (%) taux de chômage (%)

ans

selon INSEE, 2006, Bases de données infra-communales Diplômes - Formation

les délaissés du quartier

les nombreux délaissés du 3ème arrondissement - d’après BD TOPO d’IGN

les toits de la friche de la Belle de Mai
rue Busserade
boulevard Camille Flamarion
rue Bernard
rue Busserade
boulevard Barbier

3.2

UNE UNIVERSITÉ VIEILLE DE PLUS D’UN SIÈCLE

Napoléon III fut le premier à avoir la volonté de construire une faculté au coeur de Marseille. À partir des années 1880, l’université est à l’étroit dans ses locaux et l’idée d’une nouvelle université émerge. Les travaux qui suivirent furent rapidement abandonnés. C’est seulement dans les années 1910 que des travaux sont lancés derrière la gare Saint-Charles et en 1920 que les trois instituts scientifiques (mathématiques, physique-chimie et sciences naturelles) s’y installent.

1957

Dès les années 1950, l’université s’aggrandit grâce aux nombreux étudiants qui s’inscrivent.

3.3

L’UNIVERSITÉ, UN POTENTIEL DE SURFACES PLATES ET IMPERMÉABLES

L’université d’Aix-Marseille a une surface de 6 ha, située en centre-ville. Elle est riche en surfaces plates et imperméables. Ce site est le pôle scientifique de la ville. De plus, l’université fonctionne en ilôt autonome et fermé sur lui-même. C’est un fort potentiel pour ouvrir un laboratoire sur l’agriculture urbaine un peu à l’image de AgroParis Tech. On peut imaginer une association d’étudiants, pilotée par une cellule de professeurs qui cultiverait en bac pour proposer ensuite les récoles aux différents contributeurs universitaires.

1 2

jeux de surfaces perméables et imperméables grande terrasse du restaurant universitaire

les nombreux délaissés de l’université, d’après la photographie aérienne de Plan

espace résiduel à côté d’un des parkings de l’université

derrière le restaurant universitaire lieu de passage

au nord de l’université petite friche inaccessible

au nord de l’université petite friche accessible

au nord de l’université petite friche accessible

Cette coupe ; présentée ci-dessous ; des bâtiments de l’université, du nord au sud, montre l’enchaînement des bâtis à l’intérieur de l’université et donc le potentiel de surfaces plates. S’ajoutent à cela, les photographies précédentes montrant les jeux de surfaces imperméables et perméables qui pourraient être le support d’une agriculture en terre ou en hors-sol.

restaurant universitaire salles de cours et bureaux administratifs

salles de cours et bureaux administratifs

parking de l’université Boulevard Gustave Desplaces

UN SITE PILOTE POUR L’ÉTUDE D’UN CYCLE AGRICOLE

repérages des potentiels surfaces pouvant accueillir une activité agricole

Selon le guide Être étudiant à Marseille, l’université accueille 25 000 étudiants. Il est connu qu’il existe une certaine précarité chez les étudiants. De ce fait, on peut facilement imaginer une association étudiante qui pourrait gérer ce cycle de production alimentaire. En étroite relation avec les professeurs de l’université, ce cycle pourrait être expérimental pour la valorisation des déchets. Cette association pourrait aussi organiser des repas peu coûteux pour les étudiants, une fois par mois ou par semaine selon les récoltes, qui seraient des moments festifs.

Les surfaces moyennes selon les unités productives ou de recyclage sont :

UNITÉS PRODUCTIVES

1250 m 2

15 000 kg/an une culture en bac produit en moyenne 12 kg/m 2 / an

1800 m 2 on peut placer 4 ruches sur chaque toit

80 kg de miel par an

330 m 2

1 poule a besoin de 10 m 2 , on peut donc mettre 30 poules

600 oeufs par an

2200 m 2

1 arbre fruitier a besoin de 16 m 2 au sol

6 875 kg de fruits par an

RECYCLAGE

L’université Aix-Marseille offre un potentiel incroyable de délaissé urbain. Elle est située dans le centre historique de la ville. Elle serait un bon exemple pour l’installation d’un cycle agricole qui viserait à la valorisation des déchets alimentaires que produit la ville. Grâce à une association d’étudiants, l’université serait pilote de l’expérimentation d’agriculture urbaine en centre dense où la place pour produire des aliments est parfois très restreinte. De plus, combinée avec les savoirs des chercheurs, l’agriculture urbaine serait sujet à des recherches plus expérimentales afin de connaître quels sont les meilleurs moyens pour produire sur des surfaces artificielles. Enfin, cette association pourrait faire bénéficier les étudiants des denrées produites soit sous forme de légumes bruts, transformés ou lors de repas collectifs.

Extrapoler le projet pilote du cycle productif de l’université aux grands ensembles

Marseille est réputée pour ses grands ensembles. L’université pourrait être un exemple des cultures qu’il peut y avoir sur les toits mais surtout sur les surfaces plates, artificielles et facilement accessibles. Dans cette ville, où la voiture est omniprésente, il reste peu d’espace exploitable au sol. On peut donc facilement imaginer d’autres cycles productifs en utilisant par exemple la valorisation des déchets afin d’amender la terre du milieu urbain. Cette terre peut servir à de la production en bac. En revanche, la contrainte la plus importante pour ce type de production à Marseille est le facteur vent qui peut être très violent. Il faut donc trouver un moyen de protéger du vent ces sites en hauteur.

les toits de la cité de Castellane
les tours de la Viste
grands ensembles de Saint-Antoine
grands ensembles de Saint-Loup

Public visé

lepointdevuedelaViste leclôtre Saint-Bruno l’université

Aix-Marseille

Propriétaire

Surface

Type de sol

Usagers du CC Habitants du quartier

Apprentis d’Auteuil

Salariés voisins Habitants du quartier

Grand Littoral Apprentis d’Auteuil

Étudiants Chercheurs

État

6,5 ha 5 ha fragmentés 24 ha

sec et calcaire humide et calcaire artificiel

Profil

Exposition

belvédère très accidenté peu de vent ensoleillé

site fermé demande sociale exposé au vent ensoleillé centre très dense peu de vent peu ensoleillé

Projet

CONCLUSION

Trois projets différents qui découlent de trois sites hétéroclites dans leur trait de caractère mais aussi dans leur contexte urbain. Malgré leurs disparités, ces trois projets ont pour objectifs de développer une économie locale et ont tous les trois un aspect pédagogique important. Je pense que pour améliorer le quotidien des personnes en situation précaire, aménager l’environnement ne suffit pas. Il faut impliquer directement les habitants concernés afin de construire les projets avec eux. En effet, grâce à ces projets d’agriculture urbaine, dans les trois cas présentés précédemment, les habitants, ou les usagers, seront invités à participer pleinement, sous forme de bénévolat, d’atelier ou d’association, à la vie de l’agriculture. Ainsi, les habitants de Marseille pourront devenir acteurs du changement de leur ville.

les ruches de la ferme de la Tour des Pins

CONCLUSION GÉNÉRALE

Deux rencontres m’ont particulièrement enrichie lors de la rédaction de ce mémoire de recherches :

La première est évidemment la question de l’agriculture urbaine. De plus en plus, les collectivités s’intéressent à cette question. À travers les différents projets qui existent déjà, j’ai essayé de comprendre comment un paysagiste pouvait s’emparer de la question. M’appuyer sur l’expérience des nombreux acteurs qui travaillent autour de l’agriculture urbaine et particulièrement sur celle des agriculteurs euxmêmes a été très pertinent pour comprendre comment cette nouvelle pratique peut aider à la valorisation des villes.

La deuxième grande rencontre que j’ai faite fut celle de Marseille. Cette magnifique ville revêt une multitude de secrets. Je ne les ai pas tous percés mais j’ai compris ce qui la composait et comment elle s’était construite au fil de toutes ces années. Confinée entre terre et mer, la ville de Marseille est faite de paysages d’horizon. Malheureusement, Marseille souffre d’une mauvaise réputation de part sa population pauvre et une mauvaise gestion des services publics. L’agriculture urbaine pour une telle ville améliorerait le cadre de vie de ses habitants. Elle pourrait s’installer sur les friches, très nombreuses, de la ville et faire rayonner la commune au niveau national.

J’ai voulu pour ce mémoire avoir une approche expérimentale. Pour ce faire, j’ai décliné les différentes manières de composer l’espace grâce à des pratiques agricoles sur des sites de projets qui sont différents. J’en ai choisi trois selon leur situation dans la ville, leur surface et leur valeur paysagère. Dans la deuxième partie de ce travail de diplôme, je détaillerai le projet sur ces 3 sites et j’aborderai aussi l’extrapolation des 3 projets à l’échelle de la ville car le but premier de ce travail de fin d’étude est de rendre Marseille une vitrine de l’agriculture urbaine.

RENCONTRES POUR TÉMOIGNAGES ANNEXES

en lien avec les habitants

AGRICULTEURS

PAYSAGISTES

AGRICULTURE URBAINE

AGRONOMES

ASSOCIATIONS

Pour mes recherches, j’ai interviewé 4 types de professionnels investis dans le domaine de l’agriculture urbaine : des agriculteurs, des associations, des paysagistes et des agronomes. Il m’a semblé important d’ajouter à mes lectures théoriques les récits de celles et ceux qui, dans leur pratique, sont impliqués dans cette activité.

Quatre profils différents se distinguent et peuvent aller de pair : d’une part les agriculteurs et les associations et d’autre part les paysagistes et les agronomes. Je les différencie de cette manière car il y a, pour moi, ceux qui vont avoir une réflexion basée sur leur expérience pratique et ceux qui auront une réflexion plus théorique. Il m’a semblé important de mettre en relation la pratique et les réflexions et concepts menés sur les questions de l’agriculture urbaine.

Les différents témoignages sont essentiels dans l’appréhension de l’introduction de l’agriculture urbaine dans l’espace public. C’est pour cette raison qu’il m’a semblé indispensable d’aller à leur rencontre et de recueillir leurs témoignages afin de rédiger ce mémoire. Cet échantillon, que j’ai voulu représentatif, m’a permis de comprendre ce qu’est l’agriculture urbaine aujourd’hui et ce qu’elle pourrait être dans la ville de demain.

Je remercie encore toutes les personnes, dont le témoignage est résumé dans les pages qui suivent, d’avoir pris le temps et la patience de m’exposer leur point de vue.

AGRICULTEURS URBAINS

Quel est votre définition de l’agriculture urbaine ?

Quel type d’aliment peut être produit ?

Avez-vous des exemples d’agriculture urbaine, dans le monde ou en France, qui fonctionnent vraiment bien ?

Quelle légitimité a l’agriculture urbaine face à l’agriculture rurale ?

Comment l’agriculture urbaine parvient-elle à favoriser le développement d’une économie de quartier ? Comment un agriculteur peut-il vivre de sa production en pleine ville ?

Quelles sont pour vous les formes propices à l’installation de l’agriculture urbaine ?

Quels sont les acteurs essentiels (dont on ne peut se passer) afin qu’un système de production fonctionne ?

Comment justifier le développement de l’agriculture urbaine alors qu’on évite l’étalement urbain et qu’il y a une volonté de densification de la ville ?

Quelles sont les grandes diversités d’usages ? Quelles sont les grandes diversités de formes qui en découlent ?

Quelles sont les inconvénients d’une agriculture urbaine ?

Quels sont les atouts d’une agriculture plein sol ? Pourquoi faire de l’agriculture hors-sol ?

Pour conclure...

PACO FRIEZ

AGRICULTEUR URBAIN

Après avoir étudié la philosophie, il a décidé de retrouver son lien à la terre en s’installant en Meurthe-et-Moselle afin de travailler dans une ferme. En quête d’expérience, il est parti en Angleterre pour faire de l’agriculture mais cette fois-ci en ville durant 2 ans. De retour à Paris, il a travaillé pendant 1 an pour l’association Veni Verdi.

Quel est votre définition de l’agriculture urbaine ?

Il n’y a pas de définition de l’agriculture urbaine, il y a des acteurs avec des objectifs. Ce qui m’importe, c’est de faire de l’éducation populaire pour sensibiliser les citadins aux problématiques agricoles et rurales. L’agriculture urbaine est un formidable moyen de remettre du sens auprès des populations urbaines. Je travaille principalement avec trois grandes catégories de personnes : les retraités, les chômeurs et les porteurs de projet. Cette dernière catégorie est constituée généralement d’étudiants ou de travailleurs qui ne sont pas épanouis dans leur travail et qui cherchent un sens à leur vie. Être agriculteur urbain est avant tout un métier politique.

En milieu urbain, il est très difficile de parler avec les citadins des problématiques agricoles posées en milieu rural car elles sont très éloignées de leur quotidien. L’agriculture urbaine est un lieu privilégié de parole où on peut se rapprocher de ces dynamiques rurales, même si bien sûr on ne cultive pas en ville comme on cultive à la campagne. L’agriculture urbaine est un pont vers le monde rural, c’est une porte de sortie.

Avez-vous des exemples d’agriculture urbaine, dans le monde ou en France, qui fonctionnent vraiment bien ?

En Angleterre, il existe une solidarité très forte entre agriculteurs. Cette agriculture qui est politisée et soudée est très cohérente et permet de faire vivre les agriculteurs. Il existe une fédération qui a des fonds

communs et développe l’essaimage. Évidemment, la structure globale est importante et les Anglais savent très bien que plus on se rapproche du centre-ville plus les surfaces agricoles seront restreintes et inversement. Ils ont donc mis en place un système d’achat-revente avec des accords privilégiés entre-eux, afin qu’ils diversifient leur offre face à leur production.

J’ai travaillé dans une ferme tenue par une association Organiclea, en Angleterre. Ils ont développé une agriculture très diversifiée avec 4 agriculteurs, 1 technicien et un bureau administratif. Ils ont réussi à se développer avec très peu de subvention car ils bénéficiaient de ce système d’achat-revente.

Une autre ferme : Spitalfield Cityfarm, au coeur de Londres est un exemple très intéressant car elle accueille une grande diversité. C’est un lieu de vie locale, dans l’urbain avec des animaux, c’est un peu comme un zoo pédagogique, une vitrine sur la ferme. Ils ont des partenariats avec les agriculteurs qui se situent en dehors de la ville et qui leur prêtent des animaux (cochons, vaches) pendant 6 mois afin que les citadins prennent connaissance de la paysannerie qui existe au-delà de la cité.

Quelle légitimité a l’agriculture urbaine face à l’agriculture rurale ?

Si des alliances existent entre la campagne et la ville, alors l’agriculture urbaine est tout à fait légitime car elle vient en complément. Il n’y a pas de discours contradictoire si il y a une solidarité.

Comment justifier le développement de l’agriculture urbaine alors qu’on évite l’étalement urbain et qu’il y a une volonté de densification de la ville ?

Face à l’artificialisation violente de nos villes il est important de garder des terres agricoles qui nous rappellent notre lien à la terre et qui permettent de créer une cohésion sociale. Tout le monde veut de l’agriculture en ville, certains pour greenwasher et d’autres parce que la situation se détériore et qu’on est de plus en plus acculturé, enfin de plus en plus individualiste. Je me suis rendu compte qu’en vivant à la campagne, je me sentais bien et qu’en revenant en ville j’avais constamment mal à la tête et je peux l’expliquer par le fait que je ne voyais pas l’horizon. C’est beaucoup plus compliqué de comprendre notre rapport à la vie quand on vit dans un milieu complètement artificialisé. Comprendre que la vie est partout m’a fait prendre conscience que je vivais complètement dans un système marchand dont nous dépendons tous. Travailler la terre avec les gens c’est faire comprendre comment le système d’alimentation fonctionne et comment ce travail peut être difficile. Les citadins du tertiaire sont éloignés du sytème de production alimentaire.

Pour conclure...

Comme tout appartient à l’État, sans lui l’agriculture urbaine ne peut pas exister et les PLU sont déterminants pour la ville.

L’Angleterre fonctionne sur un modèle Bottom Up, ce qui permet une forte prescription de la part des habitants qui vont être écoutés par les décideurs.

MARYLINE LEBLANC

VINCENT FERLICOT

AGRICULTEURS URBAINS

Ils travaillent tous les deux pour la Ferme de Paris qui appartient à la Mairie de Paris. Cette ferme, ouverte au public depuis 1989, qui fait très peu de publicité, réunit pourtant chaque année plus de 50 000 visiteurs.

Maryline Leblanc y travaille depuis 2006 et est spécialiste des animaux. Vincent Ferlicot est plus axé agriculture urbaine et travaille à la ferme depuis 4 ans.

Quel est votre définition de l’agriculture urbaine ?

L’agriculture urbaine, c’est une production en ville qui est comestible et intègre du végétal et de l’animal. L’objectif principal est d’apporter un peu de nature dans les quartiers. On peut espérer un rôle de production mais elle ne pourra pas nourrir autant que ne le fait aujourd’hui l’agriculture rurale.

Quel type d’aliment peut être produit ?

Il est beaucoup plus facile de produire en maraîchage. On peut produire en horssol (bacs, objets de récupération), alors que pour les animaux, il y a toute une règlementation sanitaire et une logistique beaucoup plus lourde, notamment à cause des déchets qui attirent les nuisibles (les rats). De plus, ils peuvent avoir un impact sur la santé humaine. Il n’y a pas de réglementation prédéfinie, ce sont plus des recommandations sanitaires sur l’installation d’animaux en ville. Il faut que les territoires soient propres et qu’il n’y ait pas de nuisances envers les voisins. Il y a un risque sanitaire, les animaux peuvent être vecteurs de maladies, il faut pouvoir les séparer, les isoler et obligatoirement les surveiller. En ville, les animaux de petite taille tels que : lapins, oies, cannes, petites brebis sont plus adaptés mais les vaches et chèvres en production laitière sont plus difficiles à gérer sauf pour l’éco-pâturage. En revanche, il est fréquent de voir dans les jardins partagés des animaux de petites tailles comme des canards qui vont manger les limaces, les escargots. La forme de production doit s’adapter à son contexte.

Quelle légitimité a l’agriculture urbaine face à l’agriculture rurale ?

Je pense qu’il y a un effet de mode sur l’agriculture urbaine mais après tout c’est légitime de vouloir mettre un peu de vert en ville, d’autant plus que ce vert a un rôle de production. Je pense que l’agriculture urbaine et l’agriculture rurale ne sont pas du tout en compétition car ce sont deux domaines bien différents. L’agriculture urbaine rapproche les citadins du produit. En connaissant le produit ils auront plus envie de consommer local (production agricole de la région) et de saison.

Quelles sont pour vous les formes propices à l’installation de l’agriculture urbaine ?

L’agriculture urbaine c’est de l’hydroponie, c’est du plein champs, c’est du sol recomposé sur toiture. Le manque de place fait qu’on a plein de systèmes différents, on doit faire appel à plein d’astuces, pour contourner ce manque de place. Le modèle idéal reste quand même l’agriculture de pleine terre mais en ville, il n’y a pas assez de place ; il faut donc s’adapter à la ville. Du moment où il n’y a pas d’intrants, ni de pollutions, ça reste un modèle idéal.

Quelles sont les inconvénients d’une agriculture urbaine ?

Si l’on cultive toutes les friches de la ville, il y a aura une perte de biodiversité à cause de l’homogénéisation des milieux. Les nuisances sonores peuvent être aussi un inconvénient si on a un poulailler ; sinon il y a très peu d’inconvénients.

En revanche, il y a beaucoup d’intérêt sur la biodiversité et le recyclage des déchets. Tout ce qui se cultive permet d’isoler : les plantes gardent la chaleur en hiver et permettent de refroidir en été. Plus une ville est végétalisée mieux elle résistera à la canicule. En plus, l’agriculture urbaine apporte une petite production, même si minime, elle est gratifiante ; on sort quelque chose de la terre.

Comment la ferme est-elle gérée ?

Dans le jardin, on cultive sur une dalle en béton afin de montrer au public que l’on peut cultiver sur un substrat artificiel si on crée un sol. Ici, le sol a une épaisseur de 20 cm, il est très riche il faut donc un bon équilibre en matière carbonée pour la vie des vers de terre.

La ferme ne vend rien. La production des céréales sert à nourrir les animaux. Les fruits et légumes sont pour le grand public lors de manifestations. Les oeufs sont donnés aux cochons ou alors ils sont couvés artificielement pour montrer au public l’évolution de l’oeuf à la poule.

La motivation première de la ferme c’est de sensibiliser le public aux produits alimentaires, ce que leur production implique et rapprocher les gens des produits qu’ils consomment. L’agriculture urbaine a aussi un intérêt pour la recherche scientifique car elle fait appel à des compétences que l’on connait peu comme faire pousser des plantes sur peu de substrat ou comment créer un liquide nutritif sans engrais (bioponie).

MARIE MAURAGE

ÉLEVEUSE URBAINE

Elle travaille depuis 1 an à la ferme de la Tour des Pins dans le 14ème arrondissement de Marseille. Elle produit des produits dérivés de sa production laitière issue de 2 vaches, 30 brebis et 40 chèvres.

Avant, elle avait une exploitation spécialisée dans le lait de chèvre du côté de Briançon.

Quel est votre définition de l’agriculture urbaine ?

L’agriculture urbaine c’est avant tout une pédagogie. Les gens ici viennent pour voir les animaux et pour acheter les produits que je fais. Ce côté pédagogique est très important pour préparer la transition alimentaire qui est en route. L’agriculture urbaine et biologique permet de mettre en avant les productions locales et de saison. J’ai conscience que je ne peux pas nourrir tout le quartier avec ce que je produis mais les habitants du quartier savent que ça existe. L’alimentation, c’est ce qui construit les gens, c’est le premier lien de l’enfant par le biais de sa mère. L’enjeu est très fort, je sens qu’il y a une vraie demande et un fort potentiel. Les gens ont soif de voir les produits, de comprendre comment ça marche, d’avoir un contact avec l’agriculture.

Quel type d’aliment peut être produit ?

Il y a peu d’élevage en ville, mais on pourrait en mettre un peu plus dans les collines, surtout avec le risque d’incendie qui existe. Ici, c’était le berceau de la chèvres du Rove. Le passé de Marseille, c’est aussi le maraîchage, je suis impressionnée par la richesse de cette terre, en plus, il ne gèle pas ou très peu. Les quartiers nord étaient très riches en matière agricole, il y avait de la terre et de l’eau, on pouvait faire ce que l’on voulait.

Quels sont les atouts d’une agriculture plein sol ? Pourquoi faire de l’agriculture hors-sol ?

L’agriculture doit obligatoirement avoir un rapport au sol. Le lien au sol, c’est la base de l’agriculture biologique et l’agriculture hors-sol est une aberration. On a de la terre, il faut arrêter de la bétonner. Il faut respecter la terre, c’est notre patrimoine et il faut le transmettre aux générations futures. Si on est dans ce respect, on n’a pas besoin d’aller mettre de l’agriculture sur les toits, d’avoir des pratiques, qui à mon sens sont dangereuses. Une plante a besoin d’être en terre, elle a besoin du sol pour se nourrir et pas d’un peu d’eau ou de matière organique. On ne sait pas où ces pratiques nous mèneront et si les plantes n’ont plus besoin de terre, qu’en ferons-nous ? On a une terre qui nous nourrit, on la garde et on la protège en terme de qualité.

Quels sont les principaux inconvénients d’une agriculture urbaine ?

Il n’y en a pas, je ne vois que des avantages.

Quelles sont pour vous les formes propices à l’installation de l’agriculture urbaine ?

Elle dépend des projets des agriculteurs. Ici, c’est un terrain où il n’y avait que des vaches mais j’avais envie de diversifier mon élevage. On ne peut pas produire sans diversité, il faut une complémentarité animale et végétale à des échelles relatives. On a perdu quelque chose en se spécialisant. Je me dirige de plus en plus en biodynamie.

Pour conclure...

Je revendique l’agriculture urbaine et biologique. Ce n’est pas parce qu’on est en ville qu’on ne peut pas produire bio, de toute façon il y a de la pollution partout. L’agriculture urbaine est un tout indissociable, elle a un côté social, environnemental, elle touche à la santé, à l’alimentation et elle produit des emplois surtout en agriculture biologique.

ARMELLE FRANCK

AGRICULTEURS URBAINS

Armelle et Franck exploitent 4000 m 2 de maraîchage bio sur une ferme pédagogique de la ville de Marseille. Ils se sont récemment installés pour vivre l’expérience d’agriculteurs urbains.

Quel est votre définition de l’agriculture urbaine ?

L’agriculture urbaine est une agriculture biologique sur la terre de la cité. Elle se fait proche des citadins, pour les consommateurs (consom'acteurs) en relation directe. Elle sensibilise aux problématiques de l’agriculture, elle se pratique sans nuisance pour les voisins car sans engins agricoles et sans pesticides.

Comment l’agriculture urbaine parvientelle à favoriser le développement d’une économie de quartier ?

L’agriculture urbaine se fait sur une trop petite structure pour avoir un impact important sur l’économie locale.

Comment un agriculteur peut-il vivre de sa production en pleine ville ?

Nous faisons de la vente directe sur notre ferme et nous varions nos produits. Les clients apprécient cette variété et ils reviennent régulièrement.

Quel type d’aliment peut être produit ?

On peut produire des légumes et des fruits variés en fonction des terroirs et du climat. Les animaux posent plus de problèmes à cause du voisinage. Ils peuvent être perçus comme une nuisance à cause du bruit, des odeurs et surtout du nombre de bêtes qu’il faut avoir pour vivre de sa production. Pour être certifié agriculture biologique, il faut 4 m2 pour une poule et 1 ha pour une vache. Les produits issus des animaux se conservent mieux.

Quels sont les atouts d’une agriculture plein sol ? Pourquoi faire de l’agriculture hors-sol ?

L’agriculture hors-sol est interdite en bio et le coût environnemental me semble dispendieux.

Quels sont les principaux inconvénients d’une agriculture urbaine ?

Le principal inconvénient de l’agriculture urbaine est le manque de disponibilité foncière qui limite l’agrandissement de l’activité. La pollution de la ville peut aussi être un inconvénient pour la production.

Quelle légitimité a l’agriculture urbaine face à l’agriculture rurale ?

Il n’y a pas d’opposition entre agricultures urbaine et rurale car elles sont complémentaires et indispensables toutes deux.

Quelles sont pour vous les formes propices à l’installation de l’agriculture urbaine ?

L’agriculture urbaine est soumise aux mêmes lois que l’agriculture rurale. Il n’y a pas forcément de forme propice.

L’installation de l’agriculture en ville dépend surtout de la politique, de la volonté de la ville et de la disponibilité de terrain.

Pour conclure...

Pour notre cas personnel, ça nous permet de lier la vie citadine et culturelle à un travail en plein air. Et ça nous plaît !

THOMAS MARTIN

ASSOCIATION

ARTICULTEUR - PAYSAGISTE

Il a été diplômé en 2012 de l’École National Supérieur du Paysage. Depuis, il a mis en place en coeur d’îlot ce qu’il appelle un jardin pilote, le jardin Savournin. Ce jardin, qu’il qualifie d’aliment-terre, s’est construit uniquement grâce à ce qu’il a trouvé autour de lui. Il fabrique de la terre avec les bio-déchets que lui donnent les restaurateurs, les vendeurs de fruits et légumes, les coiffeurs et ses poules. Il fait aussi partie de 2 associations : l’association épluchures qui collecte les bio-déchets en ville et l’association Bzzz qui travaille avec les ruches et les abeilles en tant qu’agent de la fertilité.

Quel est votre définition de l’agriculture urbaine ?

L’agriculture urbaine est une agriculture de proximité, riche de sens, sur des petits espaces qui valorise localement les biodéchets et qui fabrique de la terre en ville. C’est une agriculture partagée par différents acteurs (associations, écoles, personnes âgées) qui peut créer une économie locale grâce à la clientèle qui est déjà sur place.

Quel est le concept de tes jardins pilotes ?

Les jardins pilotes que j’essaie de développer portent deux noms : un que j’appelle le jardin digesteur car la terre se nourrit, elle respire, elle est vivante. Par la suite, j’ai lancé un autre principe de jardin que j’ai appelé jardin aliment-terre. Ces jardins de demain sont producteurs de terre grâce à des déchets sortis du modèle de gestion traditionnel et qui servent d’agents de fertilité. L’ensemble de ces jardins, je les appelle des jardins d’agri-culture. Il faut ré-inventer culturellement cette logique de cycle. On n’a jamais autant gaspillé et l’agriculture peut être ré-inventée, grâce à de la pédagogie et de la sensibilisation. Tout ça doit être pensé comme un tout, avec ce jeu d’échelle : celle de la cuisine avec l’idée de digestion (lombricomposteur) et après celle des quartiers avec l’idée d’alimentation et l’échelle de la ville avec l’invention d’une nouvelle agriculture.

Quel type d’aliment peut être produit ?

Les céréales et les oléagineux n’ont pas leur place en ville car la campagne le fait déjà très bien, même si le mode de production

est à revoir. On peut produire des oeufs et la poule sert d’agent fertilisant. Le miel est obligatoire en ville. Il faut mettre en avant l’aspect pédagogique. On peut mettre des ruches bipasses dans des cours d’écoles avec une colonne d’envol qui est à 2 mètres du sol. La ville regorge d’espèces mellifères grâce aux plantes sur les balcons et les arbres d’alignement. Je suis persuadé que le maraîchage a sa place en ville et l’arboriculture aussi. Malheureusement, on a l’interdiction de planter des arbres fruitiers en ville. Enfin, il faut savoir que Marseille est la seule ville a avoir été autonome en lait de vache durant la deuxième guerre mondiale grâce à ses 4000 vaches qui étaient en centre-ville et périphérie. Les vaches, les chèvres et les brebis ont leur place en ville. À Marseille, nous avons l’avantage d’avoir un massif collinéen tout autour et on pourrait imaginer des jeux de micro transhumances. Ces animaux peuvent avoir un rôle dans la gestion des parcs et faire les liens entre les différents espaces de la ville qui seraient dédiés à l’agriculture.

Quels sont les acteurs essentiels afin qu’un système de production fonctionne ? ll n’y a pas de recette unique miraculeuse. Il faut des associations puissantes, écoutées et référencées. Il faut des pouvoirs publics sensibilisés et passionnés. La chambre d’agriculture, le ministère de l’agriculture et celui du développement durable doivent travailler ensemble à l’échelle de la nation. On est plus fort nombreux, d’où l’intérêt d’être multi agri-culture, pour que sur une parcelle on développe des engrais verts, du

maraîchage, des fruits et pourquoi pas à certaines saisons voir le passage d’animaux.

Quelles sont les inconvénients d’une agriculture urbaine ?

Les nuisances émanent d’idées préconçues et viennent principalement des odeurs et du son. Les citadins ne veulent pas de compost qui sent mauvais ou d’animaux qui font du fumier ou qui attirent les mouches. Ils ne veulent pas non plus de bruit qui provient des poules. Mais ce dont les citadins ne se rendent pas compte est que la ville sent déjà mauvais avec toute sa pollution et ses poubelles qui stagnent. La ville est déjà très bruyante avec ses voitures, les sirènes, les klaxons. Qu’est-ce qu’on préfère entendre ? Une poule pondre ou le bruit d’une moto qui démarre ?

Pour conclure...

L’agri-culture urbaine pourrait être une réponse aux maux de notre société. Les gens veulent se ressourcer dans quelque chose de noble, de humble, de sincère et de naturel. Nous sommes dans une société où nous avons tous les ingrédients pour réinventer une agriculture novatrice. Mais comment le ferons-nous ? Est-ce qu’elle prendra forme d’actions éclatées ou d’une action globale ? Il y a beaucoup de travail mais nous n’avons jamais été aussi riches de tous ces ingrédients pour mettre une agriculture en ville. Comment les volontés politique et médiatique vont-elles donner de la crédibilité à nos actions ?

JULIEN NADREAU

PAYSAGISTE

Il a commencé comme agent de développement pour diverses associations marseillaises pour accompagner les porteurs de projet de jardins partagés à se mettre en lien aves les services de la ville. Après avoir repris ses études en 3ème année à l’ENSP Marseille, il s’est installé à son compte comme paysagiste. Il travaille principalement comme assistant à la maîtrise d’ouvrage pour le développement de jardins familiaux et collectifs.

Quel est votre définition de l’agriculture urbaine ?

L’agriculture urbaine est un moyen d’investir le territoire et ses friches, qui sont nombreuses à Marseille, pour permettre l’installation d’un exploitant agricole, afin de générer un minimum de revenu et qu’elle ait un impact économique et social sur le territoire. Social, parce qu’il y a un désir de retrouver des vrais produits et un regard sur l’agriculture que les citadins ont perdu. Économique, pour que les exploitants aient l’opportunité de vivre de cette exploitation et de les mettre en lien avec les consommateurs.

Avez-vous des exemples d’agriculture urbaine, dans le monde ou en France, qui fonctionnent vraiment bien ?

Les exploitants agricoles les plus proches ne sont pas sur la ville de Marseille, mais plutôt sur les zones péri-urbaines, comme Vitrolles ou Aubagne. Sur Marseille même, les terrains anciennement exploités ne le sont plus aujourd’hui. Terre de Mars est un petit collectifs qui exploite 5 000 à 10 000 m2 et fait de la revente directe sous forme de paniers à des particuliers ou des restaurants pour apporter un petit côté nature en ville.

Comment justifier le développement de l’agriculture urbaine alors qu’on évite l’étalement urbain et qu’il y a une volonté de densification de la ville ?

La ville a l’obligation, en terme d’espace public, de préserver un minimum de nature en ville qui répond à un besoin des citadins. L’agriculture peut être un moyen original de préserver ces espaces.

Quelles sont les grandes diversités d’usages ? Quelles sont les grandes diversités de formes qui en découlent ?

J’ai une vision assez terre-à-terre de l’agriculture urbaine. Les initiatives de production sur les toits demandent un investissement financier important sans que l’on retrouve le lien à la terre puisque cette agriculture se fait hors-sol. On doit trouver des surfaces suffisamment rentables pour exploiter les terrains marseillais qui sont encore disponibles même si il y a de gros enjeux sur le foncier. La ferme R-Urban, en région parisienne, est un bon exemple, elle va être abandonnée au profit d’un parking.

L’agriculture en ville est encore fragile, on en parle beaucoup mais elle s’installe sur du foncier que la ville n’est pas encore prête à donner. L’enjeu est d’être le plus convaincant possible sur ce que cette économie apportera au territoire. Il faut travailler très finement, de la même manière que le fait Terre de Mars. Il faut produire et mettre à profit tout de suite en y associant une forte dynamique de volontariat, d’animation citoyenne, de retour à la terre liée au végétal pour que ça ait du sens et que ça puisse être un minimum pérenne.

Il faut être ambitieux en intégrant l’agriculture urbaine dans des réflexions très larges de la métropole pour lui donner une réelle dimension et il faut travailler au cas par cas, localement. Ensuite, il faut mettre en réseaux toutes ces initiatives pour créer un maillage vert et agricole dans la ville. Je ne pense pas qu’il y ait une forme meilleure qu’une autre, elles sont encore trop expérimentales. Je pense que ça dépend

du porteur de projet, qui essaye de gagner sa vie en exploitant un terrain que l’on met à sa disposition. C’est à lui de trouver techniquement la façon la plus rentable de faire vivre l’espace car les contraintes de l’exploitation dictent la forme. Les gens réfléchissent à la ville de demain en intégrant de l’agriculture dans le territoire urbain, il y a un progrès mais ce ne sont pas ces gens qui vont exploiter le terrain.

Quelles sont les inconvénients d’une agriculture urbaine ?

Je ne vois pas d’inconvénient, il faut tenter l’expérience. Bien au contraire, c’est positif de rapprocher l’agriculture et les citadins. L’inconvénient c’est peut-être les conflits d’intérêts entre les usages mais tout dépend du statut de l’exploitant. Face aux grosses mains qui gèrent le foncier, il est difficile pour l’exploitant de perdurer, surtout si on rentre dans un secteur où il y a une reprise économique et foncière.

Pour conclure...

Il faut être conscient de ce qu’est le monde agricole aujourd’hui et savoir que les fermes urbaines se rapprochent de la réalité du monde agricole. Un agriculteur qui s’installe en ville a des exigences sanitaires et économiques et doit répondre à une étude de marché suffisamment solide pour emprunter aux banques. On réfléchit beaucoup sur l’agriculture en ville mais sans les agriculteurs. C’est à eux qu’il faut poser la question de savoir si c’est pertinent ou pas, si ça les séduit et s’ils ont envie de s’installer en ville.

OLIVIER BORIES

MAITRE DE CONFÉRENCES EN AMÉNAGEMENT DE L’ESPACE

Il a un doctorat en géographie spécialisé en aménagement du territoire et paysage. Ses recherches s’intéressent aux dynamiques de territoires et plus particulièrement à leurs transformations spatiales et physionomiques, interrogeant les stratégies d’acteurs, leurs intentions et les enjeux associés pour comprendre comment se construit le projet de terrain et comment se met en place le changement paysager.

Quel est votre définition de l’agriculture urbaine ?

L’agriculture urbaine se développe sur des milieux totalement artificialisés et imperméables et cette agriculture doit profiter de toute les enclaves que lui offre la ville. Il existe deux types d’agriculture : une que je qualifierai de jardinage urbain, qui est une agriculture qui produit peu et qui repose sur un projet social (jardins partagés, associatifs, collectifs). Ce jardinage ne relève pas vraiment de l’agriculture urbaine si on considère que c’est d’abord un système productif et économique. Le deuxième type d’agriculture urbaine que l’on peut trouver est celui qui a une intention de construction de filière et une véritable dynamisation économique du territoire, qui a un mode de production plus traditionnel et qui repose uniquement sur le savoirfaire des agriculteurs. À l’intérieur de cette catégorie, on peut encore en distinguer deux autres : celle qui repose sur le savoir faire traditionnel des agriculteurs et celle qui est plus innovante comme l’hydroponie ; cette agriculture donne naissance à de nouvelles professions d’agriculteurs innovants et donne lieu à des nouveaux métiers.

Quel type d’aliment peut être produit ?

L’agriculture urbaine doit produire en complément de ce qui est produit dans les campagnes environnantes, il ne faut pas faire de concurrence avec le péri-urbain. La production doit répondre à la demande du consommateur qui sera ciblé. Si la ville produit la même chose qu’en péri-urbain, c’est que la demande est suffisamment forte pour ne pas faire de concurrence.

Comment justifier le développement de l’agriculture urbaine alors qu’on évite l’étalement urbain et qu’il y a une volonté de densification de la ville ?

Les citadins expriment un besoin de nature à proximité de chez eux parce que l’artificialisation de la ville est étouffante et que le vert est apaisant. Ce besoin fait de plus en plus écho à l’immigration des populations en périphérie. Actuellement, ce besoin est changeant, les usagers ne veulent plus seulement d’une nature contemplative mais ils désirent retrouver leurs racines. Cette nature que l’on introduit en ville, par le biais de l’agriculture, permet de satisfaire ce rapprochement à la terre. De plus, les populations demandent à manger plus sainement et local et cette agriculture urbaine, en produisant localement réduit la pollution liée au transport de nos produits consommés.

L’agriculture aide aussi à la construction de corridors écologiques en ville, elle est un apport pour la biodiversité. En diversifiant les paysages et les milieux (prairies, maraîchages, agroforesteries) en plus des parcs qui existent déjà, elle invite une nouvelle population de petits animaux.

L’agriculture est justifiable en ville grâce au projet de paysage urbain. Par exemple, en zones inondables, on pourrait construire un parc à but unique qui serait récréatif, mais si on le pense agricole, il n’est plus seulement récréatif, il est aussi pédagogique, productif et il devient le support d’une activité qui génère de l’emploi, des rencontres et on fait d’un espace deux choses plutôt qu’une. De plus, les collectivités ont la possibilité de créer

une nouvelle économie sur leur territoire, en mettant en place des partenariats entre agriculteurs et cantines scolaires et ainsi nourrir directement son territoire.

Quelles sont les inconvénients d’une agriculture urbaine ?

L’agriculture peut concurrencer l’occupation des sols. Si on préserve trop les terres pour de l’agriculture, alors elles ne seront plus disponibles pour du foncier. Si une ville connait une trop forte démographie, il faut pouvoir répondre rapidement à cette demande croissante en logement. Il peut y avoir des problèmes aussi d’usage dans l’espace public. Il faut penser le projet en amont pour que l’agriculteur puisse travailler totalement en autonomie ; son interaction se ferait par ce qu’il produit et par les citadins qui viennent dans cet espace pour aller chercher les produits.

Pour conclure...

Il y a une quinzaine d’années, on mettait le paysage à toutes les sauces ; aujourd’hui, le discours est supplanté par celui des écologistes et on parle trop peu de la qualité du cadre de vie. Il me semble que l’on doit parler d’agriculture urbaine sous l’angle de construction du paysage avec des actions pour produire en ville un autre type de paysage qui répond à des attentes sociales et je crois qu’il y a une fabrique paysagère urbaine à construire. La force principale de l’agriculture urbaine est sa multifonctionnalité, elle permet le développement économique, la construction de corridors écologiques, la construction d’un décor et une cohésion sociale.

CHRISTINE AUBRY

AGRONOME

Elle étudie les formes et fonctions des agricultures urbaines. Elle a mené ses recherches à Madagascar, au Sénégal et aujourd’hui elle se concentre sur l’Île-de-France.

Elle s’intéresse plus particulièrement aux spécificités du fonctionnement technique et économique des exploitations agricoles urbaines et périurbaines et caractérise leurs diversités.

Quel est votre définition de l’agriculture urbaine ?

C’est une agriculture qui se situe dans ou à proximité de la ville et qui lui fournit des produits alimentaires ou des services. Les services peuvent être pédagogiques, culturels, environnementaux. Cette activité peut être professionnelle ou de loisir.

Quel type d’aliment peut être produit ?

Aujourd’hui, en ville on produit surtout du frais comme : des petits fruits, des légumes (en évitant les tubercules), des champignons, du miel. On pourrait produire aussi des produits exotiques comme des algues ou des insectes, pour l’alimentation humaine ou animale. L’agriculture urbaine produit sur peu d’espace et elle doit apporter une valeur ajoutée dans les aliments, comme par exemple la production de micro-pousses ou de plantes aromatiques.

Quelle légitimité a l’agriculture urbaine face à l’agriculture rurale ?

L’agriculture urbaine permet de rapprocher les urbains de l’origine et de la provenance des aliments. De plus, cette production diminue les transports et on peut ré-introduire des variétés que l’on avait oubliées pour cause de non-compatibilité avec les transports.

Comment l’agriculture urbaine parvientelle à favoriser le développement d’une économie de quartier ?

Lorsqu’un projet s’installe dans un quartier il apporte avec lui de l’emploi local.

L’agriculture urbaine apporte plein d’autres choses pour la vie d’un quartier comme

de l’animation culturelle ou pédagogique, une forme de l’utilisation de l’espace urbain très intéressante même si ce n’est pas économiquement rentable dans le sens classique du terme.

Quelles sont les grandes diversités d’usages ? Quelles sont les grandes diversités de formes qui en découlent ?

La forme dépend de la production à savoir si elle est dans le sol ou hors-sol, si elle utilise un système low-tech ou high-tech et comment s’organise son système de distribution.

L’agriculture urbaine est multi-fonctionnelle, la première fonction que l’on retrouve dans tous les projets est celle de l’alimentation même si elle n’est pas toujours facilement quantifiable, elle peut être aussi qualitative (goût) ou symbolique et culturelle (le plaisir de manger ce que l’on a produit soi-même).

L’agriculture urbaine a aussi une fonction éducative et environnementale (valorisation des déchets alimentaires, captation des eaux de pluies, régulation thermique).

Quelles sont les inconvénients d’une agriculture urbaine ?

Je vois 2 types d’inconvénients. Le premier est la pollution que l’on peut retrouver dans les produits du fait de l’environnement urbain, mais il a été montré que dès que l’on prend un peu de hauteur on limite les risques de pollution atmosphérique. L’autre inconvénient, celui qui me dérange le plus, ce sont les projets élitistes, ceux qui visent un marché de niche réservé aux plus riches. Je n’aime pas du tout cette idée, l’agriculture urbaine ne doit pas servir un système qui ne fait qu’accroître les inégalités face à l’alimentation.

Pourquoi faire de l’agriculture en hors-sol ?

Construire des tours agricoles à Singapour ne me dérange pas car la densité de population et l’extension de la ville font qu’il faut aller fort loin (et dans ce cas, à l’étranger) pour trouver des produits frais. La production locale intensive en fermes verticales peut alors se comprendre. En France, ou en Europe, on ne connaît pas encore les avantages et les inconvénients d’une telle agriculture. Est-il préférable d’avoir une agriculture verticale pour produire des fraises, ou alors de les importer depuis le Kenya ? Je pense que tout dépend du contexte. On peut aussi avoir des formes moins high tech de hors sol (des cultures en bacs par exemple) qui peuvent s’avérer intéressantes quand on est dans une ville où il y a beaucoup de sols pollués (le cas de Lille par exemple).

Pour conclure...

La question des paysages et celle de l’agriculture urbaine est très intéressante. En Île-de-France, par exemple, les terres céréalières périurbaines voient leur intérêt paysager reconnu par des institutions publiques comme l’IAU (Institut d’Aménagement et d’Urbanisme). Pour le moment, la question du paysage de l’agriculture au sein même de la ville est encore trop peu traitée.

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages

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PERALDI, M. 2015 Sociologie de Marseille, La Découverte

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Études & Articles

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Travaux de Fin d’Étude

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Sites internet

www.geoportail.gouv.fr

www.insee.fr www.agreste.agriculture.gouv.fr

http://lecanaldemarseille.fr www.ign.fr

https://thenounproject.com

REMERCIEMENTS

J’aimerai remercier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de ce mémoire et celles qui m’aideront pour la suite de mon travail.

J’ai une pensé particulière pour les personnes qui ont partagé leurs expériences dans le domaine de l’agriculture urbaine ; à savoir : Marie Maurage, Julien Nadreau, Thomas Martin, Armelle, Franck, Paco Friez, Olivier Boriez, Christine Aubry, Maryline Leblanc et Vincent Ferlicot.

Je remercie aussi mon directeur de mémoire, Sylvain Morin et mon professeur encadrant Sébastien Bonthoux pour leurs conseils et leurs attentions.

Je remercie l’atelier qui m’a permis d’aller jusqu’au bout. Enfin, je remercie Pierre-Louis pour sa patience et sa rigueur.

«La ville n’est pas un simple mécanisme physique ou une construction artificielle. Elle est impliquée dans les processus vitaux des gens qui la composent ; elle est une production de la nature, et en particulier de la nature humaine.

COMMENT CULTIVER

MARSEILLE ?

L’agriculture, un outil pour la valorisation des paysages en ville

Comment un paysagiste s’empare-t-il de la question de l’agriculture urbaine ? Comment l’agriculture peut-elle valoriser et entretenir les paysages d’une ville ? Pour répondre à ces questions, je suis partie à la rencontre d’une grande ville : Marseille. Cette ville présente de nombreux atouts pour l’agriculture. Son climat est particulièrement favorable et ses grandes friches représentent de réels potentiels agricoles. La diversité de cette pratique m’a poussée à choisir différents sites de projet, afin d’expérimenter la pluralité des morphologies urbaines qui composent les villes d’aujourd’hui. Comprendre comment l’agriculture et les circuits qui en découlent peuvent se développer sur ces trois exemples me permettra d’extrapoler à l’échelle de la commune afin de faire de la ville de Marseille, une vitrine de l’agriculture urbaine.

Eugénie Faisant efaisant@gmail.com

École de la Nature et du Paysage 9 rue de la Chocolaterie, 41000 Blois

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