MANIFESTE
POUR LES COMPÉTENCES NUMÉRIQUES Préfacé par: Don Tapscott, Auteur de Wikinomics
Ouvrage rédigé avec la participation de personnalités influentes du monde des affaires publiques, de l’éducation, de la politique, de la recherche et de l’industrie
MANIFESTE
POUR LES COMPÉTENCES NUMÉRIQUES Préfacé par: Don Tapscott, Auteur de Wikinomics
Ouvrage rédigé avec la participation de personnalités influentes du monde des affaires publiques, de l’éducation, de la politique, de la recherche et de l’industrie
AVAN T-PROPOS Malgré les turbulences économiques et financières actuelles, la transition vers une économie numérique basée sur les connaissances et l’innovation s’accélère. La capacité des entreprises européennes à affronter la concurrence et à innover dépend de plus en plus de l’utilisation stratégique et efficace des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC). Mais ce sont les plus qualifiés, les experts en TIC, qui profitent de cette nouvelle révolution industrielle tandis que ceux dont le bagage est trop faible ou inadapté deviennent encore plus vulnérables. Face aux concurrents et aux marchés redoutables qu’elle voit surgir dans le monde, la profession doit de plus en plus aller chercher les ressources et les talents là où ils se trouvent. Or les compétences numériques sont cruciales pour la compétitivité de l’Europe en tant que région. La crise actuelle a mis en évidence de graves faiblesses dans nos économies et nos marchés du travail. À un moment où le taux de chômage dépasse la barre des 10%, nous ne formons toujours pas suffisamment de professionnels qualifiés dans le numérique. À titre d’exemple, le nombre de diplômés dans ce domaine, après une augmentation continue jusqu’en 2005, est depuis en recul, et le pourcentage de jeunes filles reste désespérément faible. Les dirigeants d’entreprise nous préviennent qu’en matière d’innovation et de croissance, nous risquons d’être confrontés à de graves pénuries, qu’il faudra combler et qui à long terme constitueront des freins à la croissance. Nous avons besoin non seulement de professionnels des TIC, mais aussi de dirigeants, de responsables et d’entrepreneurs maîtrisant ces outils dans toutes les professions et dans tous les secteurs. L’Europe reste bien placée pour relever les défis à venir. De fait, la Commission européenne a proposé une stratégie à long terme pour développer les compétences numériques, ainsi qu’une « Stratégie numérique » afin de réunir toutes les conditions nécessaires pour exploiter tout le potentiel des TIC. De nombreux progrès ont été réalisés, mais beaucoup reste à faire: nous devons accélérer et intensifier nos efforts. Alors que le chômage atteint des niveaux records et que les perspectives économiques ne sont guère encourageantes, la Commission européenne s’apprête à présenter de nouvelles propositions pour une politique industrielle dont l’objectif est de stimuler la croissance en 2012. Ce Manifeste expose de nombreuses idées de poids, avancées par des personnalités influentes des affaires publiques, de l’éducation, de la politique, de la recherche et de l’industrie. Tout en tâchant de réfléchir aux principaux aspects du défi que l’Europe doit relever pour développer les qualifications numériques, c’est aussi une mine de conseils sur l’action à mener. Je suis profondément reconnaissant à ces auteurs de partager leur savoir, leur expertise et leur énergie pour contribuer à l’élaboration d’une vision et d’un plan d’action communs. Cet ouvrage est un appel à l’action. À nous tous d’y répondre.
Antonio Tajani
Vice-Président de la Commission européenne Chargé de l’industrie et de l’entrepreneuriat AVANT-PROPOS
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IN TRODUCTION Créer une capacité numérique en Europe Par Don Tapscott L’Europe traverse une phase critique. Problèmes de dette souveraine, chômage des jeunes, malaise économique, troubles sociaux, manque d’innovation, paralysie institutionnelle - et bien d’autres – tous sont liés. Non seulement en Europe, mais partout dans le monde, on assiste à l’effondrement de l’économie industrielle et de ses nombreuses institutions. Nous voyons des industries en crise, des gouvernements incapables de prendre les mesures nécessaires, des quotidiens - ces fondements de l’information - qui s’effondrent, des services financiers qui chancellent, des infrastructures de transport et des institutions chargées de la coopération internationale et de la résolution de problèmes en difficulté. Nous devons repenser et reconstruire un grand nombre d’organisations et d’institutions qui pendant des décennies nous ont rendu d’immenses services, mais qui sont aujourd’hui à bout de souffle. Parallèlement, on voit se dessiner les contours d’entreprises et d’industries nouvelles, témoins qu’une nouvelle civilisation est en train de voir le jour. La société dispose aujourd’hui de l’outil le plus puissant qui soit pour réunir les individus, les compétences et les connaissances nécessaires et relancer la croissance, favoriser le développement social et donner naissance à un monde juste et viable. Peu à peu, la révolution numérique jette à bas les anciens modèles industriels, et les nouvelles possibilités affluent. L’internet évolue à toute allure pour devenir un moyen de communication de plus en plus puissant, moteur indispensable à l’innovation et la création de richesse. Grâce aux économies de frais de collaboration qu’il permet de réaliser, notre gestion des moyens matériels et humains dans la société se trouve profondément modifiée, de sorte que nous sommes en mesure d’innover, de créer des biens, des services et des richesses, et même une valeur d’utilité sociale. Non seulement le rythme du changement s’accélère mais aussi ses conséquences. La révolution numérique, c’est la promesse de faire évoluer nos économies et notre société vers la prospérité, le développement social et la stabilité. Entreprises et communautés travaillent de concert à définir de nouvelles façons de partager leurs préoccupations, leurs efforts et leurs difficultés communes. Partout, et comme jamais auparavant, on coopère pour réinventer les institutions et préserver la planète, la santé et assurer l’existence de tous. Dans une foule de domaines, de l’éducation et des
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Manifeste pour les compétences numériques
sciences à de nouvelles approches de participation des citoyens et de démocratie, des initiatives inédites sont en chantier, fondées sur la nouvelle éthique du 21è siècle, des principes de collaboration, d’ouverture, de partage, d’interdépendance, d’intégrité. Mais tout cela se heurte à un épineux problème. Partout en Europe, le fossé ne cesse de s’élargir entre la demande de passage au numérique d’une part, et les compétences, le savoir-faire et la capacité du marché du travail à fournir la main-d’œuvre. Comme le souligne cet ouvrage, bien que le niveau moyen du chômage des jeunes ait atteint 22 % dans l’ensemble de l’Europe, il n’est pas rare de voir des employeurs déclarer qu’ils ne parviennent pas à pourvoir les postes qui nécessitent des compétences scientifiques et techniques. Et cette pénurie ne va que s’aggraver. Malgré l’opinion répandue que les jeunes Européens « sont nés avec le numérique », une recherche paneuropéenne récente de la London School of Economics (LSE) révèle qu’ils manquent sérieusement de qualifications dans ce domaine. La LSE affirme même que les progrès accomplis par la population dans l’acquisition de compétences numériques sont au point mort ces dernières années. L’étude de Livingstone et Hope, rapport bien accueilli et publié au Royaume-Uni, relaie cette opinion et confirme que les besoins de la profession ne sont ni reflétés ni compris dans les programmes scolaires. Par exemple, les établissements enseignent des compétences de base comme le traitement de texte plutôt que la connaissance, plus profonde et plus fondamentale, des innombrables outils technologiques, de l’informatique et de la programmation. Selon les statistiques les plus récentes d’Eurostat, publiées en 2009, sur les vingt-sept États membres de l’Union européenne, seules 14.3 % de personnes entre 20 et 29 ans se consacrent à des études scientifiques et techniques au premier cycle de l’enseignement supérieur. Situation paradoxale: les jeunes sont des utilisateurs particulièrement actifs des TIC; de 16 à 24 ans, ils utilisent l’internet cinq à sept fois par semaine. Or moins de 30 % des garçons et 15 % des filles envisagent d’entreprendre des études supérieures en TIC. Le manque d’intérêt pour les matières scientifiques et techniques commence à partir de la fin de l’enseignement primaire et du premier cycle de l’enseignement secondaire. Il a des répercussions sur le nombre de jeunes talents qui, par la suite, poursuivront des études supérieures dans le domaine des TIC, et ensuite sur le niveau des compétences numériques disponibles sur le marché du travail. C’est tout le système éducatif qui doit se donner des objectifs ambitieux et opérer des changements en profondeur afin de répondre aux besoins des jeunes Européens, exercer une influence positive sur leur perception et, par là-même, leur motivation et leur réussite dans les domaines scientifiques et techniques en milieu académique, et enfin les préparer au mieux à leur future vie professionnelle.
INTRODUCTION
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Le déficit en moyens numériques: un problème colossal Indispensables à tous les secteurs, la culture, les moyens et les aptitudes technologiques, lorsqu’ils font défaut, constituent un obstacle colossal. La mondialisation et la révolution numérique ont jeté à bas les anciens modèles de l’ère industrielle sur lesquels s’appuyaient l’innovation, la production, la distribution, voire la quasi-totalité des activités économiques. Comme je ne cesse de l’écrire depuis des années, les entreprises qui se transforment grâce à la technologie sont plus innovantes car les modèles en réseau fondés sur le talent obtiennent de meilleurs résultats. Mais il existe un autre problème: le chômage des jeunes, estimé à plus de 22 % en Europe. Ce chiffre n’a cessé d’augmenter au cours de ces dix dernières années. En Grèce et en Espagne, le chômage des jeunes est monté en flèche, pour atteindre près de 50 %. Des doigts accusateurs désignent la technologie. Mais elle n’y est pour rien. Certes, la dernière vague technologique visait l’automatisation, bien souvent dans le but de réduire les coûts, en particulier les effectifs en poste dans les entreprises. Mais maintenant que la révolution numérique a pris de la bouteille, la technologie se détourne de l’automatisation des tâches pour devenir un démultiplicateur du capital humain. Les ordinateurs sont devenus des outils de communication et de partage d’informations, de connaissances et d’intelligence humaine. Ils ne servent plus seulement à l’automatisation. De plus, sur le marché mondial, ils servent à rendre les entreprises et les économies plus compétitives et créer ainsi de nouveaux emplois. Certes, de nouvelles formes de collaboration peuvent rendre certains emplois inutiles et amener les entreprises à transformer et à réduire leur personnel. Mais ce qu’il faut souligner surtout, c’est que les technologies de l’information contribuent à conforter les jeunes entreprises en démultipliant leurs moyens d’innovation, ce qui fait des nouvelles jeunes TPE les créateurs d’emploi les plus fiables. Une étude phare de la Fondation Kauffman publiée en 2007 aux ÉtatsUnis révèle que la création d’emplois provient principalement des nouvelles entreprises. En effet, sur douze millions de nouveaux emplois, huit millions ont été créés par des start-up de moins de cinq ans. Les chefs de gouvernement font fausse route lorsqu’ils se tournent vers les entreprises les plus grandes et les plus performantes pour qu’elles fournissent des emplois alors qu’internet marque le début d’une ère nouvelle pour l’entreprenariat et les nouveaux modèles d’entreprise. Témoins les petites entreprises, qui disposent désormais des mêmes moyens que les grandes entreprises, sans leur cortège de responsabilités, bureaucratie, poids des traditions, systèmes et anciens modes de travail, etc., et tous ces obstacles à l’innovation. L’innovation fondée sur l’ouverture, où les talents ne sont pas obligés de rester enfermés entre les murs de l’entreprise,
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profite à toutes les organisations, les principaux bénéficiaires étant probablement les PME. Les petites entreprises qui exploitent internet pour trouver de nouvelles ressources sont de plus en plus nombreuses, et elles ont de plus en plus accès à des marchés mondiaux réservés jusque-là aux seules grandes firmes. C’est toujours l’esprit d’entreprise qui a été le moteur du secteur des TIC. Les autres industries sont de plus en plus nombreuses à adopter ce modèle. Par conséquent, les capacités à entreprendre et à innover seront essentielles aux compétences numériques de demain. « Le développement des compétences et de la main-d’œuvre sont la clé de l’avenir économique de l’Europe », souligne Jan Muehlfeit de Microsoft et coprésident de l’Association européenne pour les compétences numériques (EeSA). L’esprit d’entreprise génère de l’emploi. La collaboration et l’entreprise en réseau sont la clé de l’entrepreneuriat et de sa compétitivité. Ces réalités sont valables non seulement pour le secteur des TIC lui-même, mais également pour l’économie dans son ensemble. Mais il manque une pièce au puzzle. Si nous voulons remédier au chômage structurel, l’Europe a besoin de politiques publiques qui favorisent l’essor de ces conditions. Les opportunités économiques offertes par la technologie sont accessibles à tous, ce qui expose les entrepreneurs européens à la concurrence mondiale. Un entrepreneur, qu’il soit en Inde ou en Chine, peut s’approvisionner partout dans le monde, profiter de l’expertise internationale et accéder à des clients à travers de nouvelles plateformes en ligne. Il n’en reste pas moins que les emplois iront de manière disproportionnée là où la culture, les institutions et les talents favorisent l’arrivée de nouvelles innovations sur le marché. Il est donc indispensable que l’Europe prenne la tête des compétences numériques les plus prisées sur la scène internationale, et qu’elle se constitue un marché du travail composé d’entrepreneurs et de manageurs très pointus sur le plan technologique, chez qui la culture de la révolution numérique est innée. Afin de permettre l’entreprenariat et la création d’emplois, les gouvernements doivent investir dans la formation, fondement d’une main-d’œuvre hautement qualifiée en technologies numériques. Ils doivent éviter le protectionnisme et veiller à ce que les marchés mondiaux soient accessibles aux entrepreneurs. Les gouvernements peuvent encourager la recherche et le développement grâce, entre autres, à des incitations fiscales, pour que les jeunes entreprises puissent plus facilement accéder au capital-risque et être épaulées au niveau marketing. Les dirigeants de chaque pays pourraient proposer des journées de réflexion et des concours sur le numérique afin d’inciter les citoyens à penser aux moyens de promouvoir l’esprit d’entreprise. Si l’Europe veut créer et garder des emplois sur le marché mondial émergent, les gouvernements doivent cesser de compter sur les grandes entreprises traditionnelles et se faire les champions de la création d’entreprises. Ils doivent mener des actions dans les établissements scolaires, les médias, partout et en toute occasion. Pour chaque pays d’Europe, il faut mener
INTRODUCTION
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une campagne de création d’emplois à travers l’entreprenariat en ligne, lancée par des partenariats multipartites et axée sur le développement de compétences et de moyens numériques afin de dynamiser la création et la croissance des entreprises nouvelles. Il s’avère cependant que plus de 300 millions de personnes aujourd’hui en Europe restent en marge de l’économie numérique. L’acquisition de compétences numériques pourrait accroître l’offre de main-d’œuvre qualifiée, stimuler les offres d’emploi et donner à l’Europe la productivité qui lui fait tant défaut. Les travailleurs doivent continuer à perfectionner leurs compétences actuelles afin de rester compétitifs et répondre aux exigences du marché du travail du 21è siècle. Les niveaux de salaire des professionnels qualifiés en TIC sont beaucoup plus élevés que ceux dont le niveau de qualification est inférieur. Mais il faut mettre en place des stratégies et des techniques de gestion rigoureuses, de façon à ce que les compétences numériques soient pleinement exploitées et tablent sur les TIC pour favoriser une véritable innovation, clé de la reprise économique et d’une croissance de la productivité. Il existe plusieurs seuils critiques qui exigent un savoir-faire: • Tous les employés doivent avoir un degré de maîtrise, de compétence et de connaissance des outils de notre temps, devenus indispensables pour réussir à n’importe quel poste. • Directeurs et cadres eux aussi doivent posséder des compétences numériques. Il s’agit d’une condition indispensable pour saisir le rôle que peuvent jouer les nouveaux médias pour opérer la mutation d’une organisation et l’amener à la réussite. Par rapport à d’autres régions du monde, les cadres européens ont été plus lents à adopter les ordinateurs pour leur usage personnel. Or ils devraient être les premiers, car c’est sur leur comportement que se calque la culture d’entreprise. La formation des cadres et le leadership virtuel sont essentiels. • Nous devons étendre et approfondir considérablement l’expertise des professionnels des diverses technologies, car les entreprises et les gouvernements ont besoin de programmeurs, d’analystes, d’ingénieurs et d’architectes de systèmes pour construire et gérer leurs environnements de TIC. • Le secteur des TIC lui-même nécessite des talents d’un autre niveau, c’est-à-dire des professionnels capables d’affronter la concurrence sur le marché mondial. L’Europe a besoin d’une main-d’œuvre de premier
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ordre, des techniciens, inventeurs et technologues les plus avertis et les plus pointus. Compte tenu de l’extraordinaire essor des centres d’innovation, de la Silicon Valley à Bangalore, Pékin et Séoul, ce besoin doit être satisfait au plus vite. • Le manque de talents en TIC est la partie émergée de l’iceberg des sciences, technologies, ingénierie et mathématiques. Autrement dit, il faut que l’Europe devienne plus performante dans ce domaine en général. Il ne s’agit pas là de dire que seul l’enseignement technique est à privilégier, ni que ce que l’on appelle traditionnellement les « compétences » sont la seule chose qui compte; mais plutôt qu’une approche plus équilibrée entre matières scientifiques et matières littéraires est nécessaire. Il y a toujours place pour un enseignement en sciences humaines et sciences sociales, au premier cycle des études universitaires. Autrefois, lorsque l’on obtenait son diplôme, on savait ce que l’on ferait toute sa vie durant. Il suffisait de se tenir au courant des évolutions dans le domaine choisi. Tandis qu’aujourd’hui, une fois le diplôme en poche, on est fixé sur sa voie pendant – mettons – un quart d’heure ! Si on a choisi un cours technique en première année d’études, la moitié de ce que l’on apprend peut être dépassé en quatrième année. Bien entendu, il faut toujours des connaissances de base; on ne peut pas toujours interroger Google à tout bout de champ. Mais ce qui compte, c’est l’aptitude à apprendre tout au long de l’existence, à penser, à chercher et trouver des informations, à analyser, à synthétiser, à replacer les choses dans leur contexte et à les évaluer de façon critique, à appliquer la recherche pour résoudre des problèmes, à collaborer et à communiquer. C’est particulièrement important pour les étudiants et les employeurs qui affrontent la concurrence dans une économie mondialisée. Les marchés du travail sont à présent mondiaux, et comme aujourd’hui toutes les entreprises travaillent en réseau, les travailleurs du savoir affrontent la concurrence en temps réel. Ouvriers, employés et managers doivent apprendre, s’adapter et produire des résultats comme jamais auparavant. Par conséquent, lorsque nous utilisons ici le terme de « compétences numériques », nous ne faisons pas simplement référence à des aptitudes limitées à utiliser certains outils numériques, mais plutôt à une connaissance approfondie et à la capacité à apprendre toute sa vie durant dans tous les domaines de la révolution numérique, ses technologies, ses applications, ses utilisations et les possibilités de transformation radicale qu’elle offre.
Alors, que faire ? Pour mettre à profit tout le potentiel de la révolution numérique et évoluer au rythme de la concurrence mondiale, l’Europe a besoin de transformer les
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compétences, le savoir et le capital humain dont elle dispose. En conjuguant leurs efforts, les professionnels de l’industrie, de l’enseignement et des pouvoirs publics ont le pouvoir de mener une action et une réussite à long terme, qui débouchera sur des créations d’emplois, une compétitivité et une croissance de la productivité. Les travailleurs européens ont besoin d’outils pour pouvoir eux aussi profiter des opportunités d’innovation offertes par les entreprises qui doivent leur croissance au numérique. Ceci est vrai dans tous les secteurs de l’économie. Nous devons veiller à ce que tous les travailleurs, pas seulement les jeunes, possèdent les compétences numériques qui leur donnent accès à l’ère de l’intelligence en réseau. Aujourd’hui, on se forme tout au long de la vie. Tous les citoyens doivent être capables d’accéder facilement aux possibilités de formation aux TIC. A cet égard, la Semaine européenne des compétences numériques joue un rôle décisif. Axée sur les objectifs décrits dans le message adressé par la Commission européenne de 2007 intitulé « Des compétences numériques pour le 21è siècle », elle plaide pour l’intégration des compétences numériques dans l’enseignement primaire et secondaire. Nous devons renforcer l’enseignement des sciences, et en particulier des mathématiques et de la physique. Les jeunes doivent comprendre qu’avec des compétences numériques, ils élargissent leurs choix de carrières. La frontière entre le milieu universitaire et le monde industriel va continuer à s’estomper. C’est une bonne chose, car cela rapproche les exigences de la profession et de la recherche. Cela permet en outre de former des professionnels dont les compétences numériques correspondent à la demande. Et par rebond, c’est un gage de valeur ajoutée pour les entreprises. En même temps, l’Europe doit également se préoccuper davantage de mieux exploiter les talents existants. Afficher des compétences numériques sur son profil est un formidable « plus » quand on est un professionnel expérimenté. Selon une recherche récente de l’IDC, 90 % de l’ensemble des emplois d’ici 2015 nécessiteront des compétences numériques de base. Tout le potentiel du gouvernement électronique ne se concrétisera que lorsque la population européenne sera connectée à internet et qualifiée en TIC. Nous avons besoin que les groupes menacés d’exclusion soient initiés aux outils numériques. Même à la retraite, les citoyens âgés qui savent le mieux se servir d’un ordinateur sont plus à l’aise dans la gestion de problèmes quotidiens, qu’il s’agisse de leur santé, leurs finances ou leurs affaires personnelles. Il faut de toute urgence renverser cette tendance préoccupante qui voit diminuer le nombre de femmes travaillant dans les TIC. Elle freine la croissance économique, et tous les pays doivent prendre des mesures pour rétablir l’équilibre entre les sexes. La sous-représentation des femmes dans les études et les carrières axées sur les TIC a pour conséquence un manque de talents au sein des entreprises de TIC et des économies.
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Pour relever le défi que posent les compétences numériques en Europe, il va falloir perfectionner considérablement les pratiques de management, afin de tirer partir d’une multitude d’opportunités de création d’entreprises et d’échanges économiques. Il faut donc que nous combinions la technologie à d’autres compétences commerciales. L’Innovation Value Institute a constaté que dans de nombreuses entreprises, les départements informatiques font moins bien que prévu et la direction de l’entreprise se montre dès lors réticente à financer toute innovation. Or les faits tendent à montrer que les entreprises leaders sur le marché sont celles qui savent le mieux innover, à la jonction de leur activité et des TIC. La promotion de normes européennes et d’une certification en compétences numériques donnera plus de poids au professionnalisme en TIC et rendra plus attractive l’acquisition de compétences pointues dans ce domaine. Ces normes détermineront les connaissances, les compétences et les capacités nécessaires dans le secteur public et le secteur privé. Elles renforceront le rôle des universités européennes dans la formation de praticiens des TIC et de managers « e-compétents » en Europe. Les compétences nécessaires pour assurer le succès de l’industrie des TIC devront évoluer et s’aligner sur les nouveaux flux de croissance. Dans cet ouvrage, les acteurs et les partisans de cette stratégie européenne pour le développement des compétences numériques sont disposés à jouer leur rôle dans la création d’un partenariat européen d’innovation sur l’enseignement. Innover dans l’enseignement des TIC et le développement des compétences numériques est primordial.
Auteur de livres à succès, Don Tapscott a publié quatorze ouvrages sur la technologie dans l’entreprise et la société, dont dernièrement (avec Anthony D. Williams) Macrowikinomics. Il dirige actuellement une enquête sur les nouveaux modèles de résolution de problèmes et de gouvernance mondiale.
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Manifeste pour les compĂŠtences numĂŠriques
TABLE DES MATIÈR ES Avant-propos
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Introduction: Créer une capacité numérique en Europe
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Table des matières
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Aperçu général: Tableau d’ensemble: une recherche constante de l’excellence et de l’innovation
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Chapitre 1: Innover dans l’enseignement – L’avenir de la main d’oeuvre européenne
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Chapitre 2: Aller chercher les talents et les exploiter
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Chapitre 3: Vers une fonction informatique axée sur la valeur
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Chapitre 4: Libérer tout le potentiel des femmes
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Chapitre 5: Vision pour l’avenir
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Biographies des auteurs
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Références bibliographiques
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TABLE DES MATIÈRES
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APERÇU GÉNÉR AL : Tableau d’ensemble: une recherche constante de l’excellence et de l’innovation Par Dr Bruno Lanvin L’idée que l’Europe serait une « utopie réaliste » est actuellement mise véritablement à l’épreuve - et pour la première fois. Bien qu’elle soit indiscutablement mondiale, la crise actuelle prend diverses formes et tournures dans différentes régions du monde. C’est en effet la première fois dans l’histoire moderne qu’une crise éclate à un moment où la principale économie de production ne correspond pas à la principale économie de consommation. C’est également la première fois que l’on retire des avantages concurrentiels internationaux de facteurs qui n’ont que très peu à voir avec les ressources naturelles, la géographie et les « avantages technologiques durables ».
L’urgence, une impression récente Confrontée à la rapidité de l’évolution économique, l’Europe est sommée de déterminer de toute urgence les bases de sa prospérité future. Au cours de la dernière décennie, l’Europe a pris des décisions stratégiques en ce sens, notamment celle de mettre en place une économie concurrentielle et ouverte à tous, et d’être le fer de lance de la protection de l’environnement. La crise actuelle rend tout à la fois ces choix plus coûteux et plus précieux. S’il y a bien une chose qui a changé en Europe concernant la question des compétences numériques, c’est le sentiment d’urgence qui l’accompagne. En effet, le taux de chômage continue d’augmenter en Europe, tandis qu’aux États-Unis et dans d’autres parties du monde, il semble avoir atteint son point culminant (voir graphique ci-dessous). Taux de chômage dans l’UE-27, la zone euro (ZE-17), aux États-Unis et au Japon, ajustés des variations saisonnières, janvier 2000 – janvier 2012 ZE-17
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Mais c’est dans le taux élevé de chômage des jeunes européens (âgés de 15 à 24 ans) que se trouve la véritable urgence. En janvier 2012, les données agrégées (voir graphique ci-dessous) révélaient un taux de chômage des jeunes de 22,4 % dans l’UE à 27 et de 21,6 % dans la zone euro. Ces chiffres étaient respectivement de 21,1 % et 20,6 % en janvier 2011. Les taux les plus faibles ont été observés en Allemagne (7,8 %), en Autriche (8,9 %) et aux Pays-Bas (9,0 %). Les taux les plus élevés, quant à eux, ont été relevés en Slovaquie (36,0 %), en Grèce (48,1 % en novembre) et en Espagne (49,9 %). Selon des données similaires, les taux de chômage étaient de 8,3 % aux États-Unis et de 4,6 % au Japon. Taux de chômage des jeunes dans l’UE-27 et la zone euro (EA-17), ajustés des variations saisonnières, janvier 2000 – janvier 2012 UE-27
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A l’égal de ce sentiment d’urgence inédit, on a de plus en plus l’impression que les nouvelles techniques de production, les nouvelles tendances de consommation et les nouveaux comportements offrent un terrain fertile à une « reprise créatrice d’emplois » en Europe, tout en ne remettant pas en cause son ambition d’être un leader mondial de la productivité, de l’innovation et de l’intégration. C’est précisément à ce point que s’articulent les TIC et les compétences numériques, devenues un pivot en termes d’analyse et de politiques futures, dont l’objectif est de déboucher sur une reprise durable et créatrice d’emplois en Europe.
Une nouvelle série d’opportunités Au cours de ces dix dernières années, le nombre total de courriers électroniques envoyés par jour dans le monde est passé de 12 milliards à 247 milliards, l’ensemble de SMS de 400 000 à 4,5 milliards et la durée moyenne de connexion en ligne par semaine de 2,7 heures au chiffre ahurissant de 18 heures. Dans un tel monde, il faut donc redéfinir et adapter les compétences individuelles, sociales, professionnelles et managériales.
APERÇU GÉNÉRAL: TABLEAU D’ENSEMBLE
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Les nouvelles évolutions dans le domaine de l’information et des réseaux (informatique en nuage, « big data », médias sociaux, internet mobile et convergence numérique pour n’en citer que quelques-unes) créent un besoin de nouvelles compétences et offrent des possibilités considérables à ceux qui les génèreront et les maîtriseront les premiers. On trouvera des données sur les niveaux actuels et anticipés d’offre et de demande de compétences numériques plus loin dans ce volume. Elles font apparaître un déficit persistant pour l’ensemble de l’Europe: le taux élevé de chômage, qui va de pair avec des offres d’emplois non pourvues dans la « sphère de compétences numériques » constitue l’un des paradoxes les plus frappants dans le tableau de l’emploi en Europe. A l’heure actuelle, il est aussi important de choisir le meilleur angle stratégique possible pour soulever la question des compétences numériques que de se préoccuper des outils et méthodes à adopter pour l’aborder. La compétitivité mondiale est de plus en plus dominée par le savoir et l’innovation, et il est clair que l’Europe doit tabler sur ses points forts (notamment sur le secteur des TIC et l’économie du savoir) pour développer des avantages concurrentiels durables sur la scène internationale. Cependant, adapter la qualité et la structure de la maind’œuvre européenne aux défis et opportunités offertes par l’économie mondiale du savoir reste un problème. Si aucune mesure n’est prise, on risque de compromettre d’autres efforts déployés pour construire l’avenir de l’Europe et en faire une puissance mondiale et un modèle de « compétitivité avec intégration ». Voilà en quoi consiste l’enjeu des compétences numériques. Ni plus ni moins.
Un maillon manquant, essentiel à l’intérieur comme à l’extérieur Les différents acteurs s’accordent à dire que les compétences numériques sont essentielles pour stimuler la compétitivité, la productivité, l’innovation, ainsi que le professionnalisme et l’employabilité du marché du travail européen. Il est nécessaire de veiller à ce que le savoir, les compétences, les capacités et l’inventivité des managers, des professionnels des TIC et des utilisateurs soient conformes aux normes internationales les plus élevées et qu’elles soient sans cesse réactualisées, grâce à une formation continue efficace. L’Europe a besoin à la fois de gens cyber-compétents qui produisent les infrastructures et de gens cyber-compétents capables de les utiliser. Une société « numériquement compétente » est donc le précurseur d’une société fondée sur le savoir. Faute de compétences numériques suffisantes dans la population européenne, les investissements réalisés et prévus dans les infrastructures (par exemple le haut débit) ne produiront pas tous les bénéfices escomptés. Du point
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de vue industriel, il est également certain qu’une pénurie importante et durable de travailleurs des TIC compromet sérieusement le succès de l’économie européenne, car elle affecte le développement des industries de haute technologie, retarde l’innovation et finit par rejaillir sur l’emploi et la productivité dans les secteurs connexes. Par conséquent, la pénurie de professionnels qualifiés affaiblit la capacité de l’Europe à affronter la concurrence mondiale. À l’intérieur de l’UE, ces pénuries constituent en outre une menace pour la réalisation d’un marché unique numérique.
Les compétences numériques sont indispensables à la compétitivité, à la croissance et aux emplois en Europe À l’issue d’une vaste consultation et de nombreux débats avec les divers acteurs et les États membres dans le cadre du Forum européen sur les Compétences numériques en septembre 2007, la Commission européenne a adopté une communication intitulée « Des compétences numériques pour le 21è siècle » – Stimuler la compétitivité, la croissance et l’emploi » qui décrit une stratégie de l’UE à long terme pour les développer. Cette stratégie a été favorablement accueillie par les États membres lors des conclusions du Conseil Compétitivité de novembre 2007. Les parties prenantes ont également adopté un programme d’action à long terme. L’industrie des TIC a créé la « Commission du leadership sur l’industrie des TIC » afin de contribuer à la mise en place de la stratégie. Selon une étude connexe, les politiques nationales qui s’occupent des TIC tendent à ne s’intéresser qu’au développement de compétences de base pour les utilisateurs. Le développement de compétences pointues destinées aux professionnels relèverait quant à lui de la politique de formation professionnelle continue. Selon l’étude, neuf pays ont des politiques visant à améliorer les compétences informatiques indispensables au commerce électronique. Si vingt-six pays disposent de politiques destinées aux usagers, onze pays (l’Allemagne, le Danemark, l’Espagne, la France, la Hongrie, l’Irlande, Malte, le Portugal, la Roumanie, le Royaume-Uni et la Turquie) ont des politiques visant spécifiquement le développement de cyber-compétences destinées aux professionnels. L’étude a relevé au total quarante-cinq initiatives visant en particulier le développement des compétences des professionnels des TIC. Des progrès très importants ont été réalisés dans l’élaboration de la stratégie de l’UE pour développer ces compétences. Un Référentiel européen et un portail européen sur les compétences et les carrières en compétences numériques ont été établis parallèlement à plusieurs partenariats multilatéraux de haut niveau. De nouvelles activités ont été lancées depuis. Il s’agit de mesures liées à l’offre et à la demande, notamment le développement de scénarios de prévision, afin
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de mieux anticiper l’évolution, la poursuite du développement du Référentiel européen des compétences numériques ainsi que la promotion d’incitations financières et fiscales appropriées. Dans cet esprit, la Semaine européenne des compétences numériques, grande campagne de sensibilisation pour promouvoir les compétences numériques, partager les expériences, renforcer la coopération et mobiliser les divers acteurs, a été un événement décisif. Alors que l’Europe peine encore à sortir de la crise, les avancées de l’année 2007 s’éclairent d’un jour nouveau: en effet, dans les TIC, le chômage est resté en permanence bien inférieur au taux de chômage global. Cela indique que la croissance du secteur des TIC (et des compétences numériques) mérite d’être examinée en tant qu’instrument de politiques contracycliques capables d’enclencher la reprise créatrice d’emplois mentionnée précédemment.
La course mondiale aux talents prend une nouvelle dimension Une grande tendance propre à infléchir la demande en compétences numériques est l’approvisionnement mondial. Lorsque l’on examine les bilans commerciaux, on constate que l’Europe importe davantage d’équipements et exporte plus de services informatiques, tandis qu’elle exporte davantage de produits et de services informatiques chers et importe des biens et services moins coûteux. Il est donc évident que l’Europe a besoin de professionnels hautement qualifiés en TIC, capables de contribuer à l’innovation, surtout dans les services. L’Europe n’a pas vraiment réussi à attirer des professionnels étrangers de talent au cours de ces dernières années. Le recours à l’externalisation et à la délocalisation n’est pas une solution pérenne face à la pénurie de compétences numériques en Europe. Si l’on en abuse, ces méthodes mettent en péril la qualité de produits et services innovants. Par ailleurs, tout montre actuellement que des pays qui, jusqu’à présent, venaient renflouer les rangs des professionnels des TIC en Europe (par exemple la Chine et l’Inde) seront bientôt eux-mêmes confrontés à de graves pénuries de compétences. Outre la question des effectifs de professionnels qualifiés en Europe, se posera également le problème de trouver des moyens de revaloriser les compétences numériques du marché du travail actuel. Aujourd’hui, cette « mondialisation des marchés de compétences numériques » est exacerbée par la mobilité accrue des individus très qualifiés. Les réseaux mondiaux d’information, la téléprésence, les équipes virtuelles qui travaillent indépendamment des frontières géographiques et des fuseaux horaires créent de nouveaux environnements de travail dans lesquels la préoccupation stratégique est d’attirer les talents dont on a besoin. « Partout, c’est la course
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au renforcement des niveaux de compétences et de la promotion de l’excellence académique: les dépenses publiques pour l’enseignement supérieur, la recherche et le développement connaissent une forte augmentation dans le monde, en particulier dans les pays émergents. »
Il est temps de prendre des mesures ciblées Pour reprendre le paradigme de la « pyramide des compétences » de l’eLab de l’Insead, il est clair que l’Europe doit relever de nouveaux défis à trois niveaux: (1) l’initiation aux compétences informatiques de base, notamment les compétences numériques, les mathématiques et les sciences; (2) les compétences professionnelles nécessaires au marché du travail et acquises au cours de l’enseignement formel, mais également, et de plus en plus, « sur le terrain»; (3) les talents relevant de l’économie mondiale du savoir (EMS), moins concrets mais qui font appel à des aptitudes à la direction d’équipes et à l’anticipation par rapport au changement, essentielles pour l’innovation. Bien que l’Europe semble mieux s’en sortir que ses concurrents en termes de compétences de base et professionnelles, elle n’excelle dans aucun de ces trois niveaux (voir ci-dessous).
Niv eau 1
Niv eau 2
Niv eau 3
Les talents relevant de l’économie mondiale du savoir : Le troisième niveau EMS (sommet) comprend les compétences les plus subtiles (mais également les moins quantifiables) nécessaires pour diriger et gérer des équipes multiculturelles, Talents travailler en équipes virtuelles ainsi qu’aborder, anticiper et orienter les relevant changements. Ces compétences sont fondamentales pour l’innovation et de l’économie mondiale pour aborder les nouveaux défis et enjeux. du savoir Les compétences professionnelles : Le deuxième niveau (milieu) désigne les connaissances et les capacités qui doivent être acquises pour prétendre à des emplois spécifiques. La plupart de ces compétences peuvent être acquises au Compétences cours de l’enseignement formel (par exemple dans les écoles d'ingénieurs, les professionnelles facultés de droit et les universités). Cependant, une partie de plus en plus importante de ces compétences sont acquises « sur le terrain ».
Alphabétisation et compétences de base (Mathématiques, Sciences et alphabétisation numérique)
L’alphabétisation et les compétences de base : Le premier niveau (base) de la pyramide des compétences comporte les connaissances et les compétences fondamentales dont un individu a besoin pour vivre au sein de sociétés modernes. Celles-ci concernent non seulement les alphabétisations traditionnelles (par exemple l’écriture, la lecture et les compétences de base en mathématiques), mais également de plus en plus l'alphabétisation numérique.
Source : Lanvin, B. et Fonstad, N. (2009), Who Cares? Who dares? Providing the skills for an innovative and sustainable Europe, Insead eLab , mars 2009.
En 2009, l’Insead avait attribué à l’Europe la note B pour les compétences de base, B moins pour les compétences professionnelles et C pour les compétences en EMS. La situation n’a pas beaucoup évolué depuis. Mais il n’y a pas de raison que l’Europe se laisse distancer: la Finlande, le Danemark et la Suède atteignent par exemple des niveaux de classement élevés en termes d’indices globaux. S’il est certain que la formation sur le terrain sera un élément essentiel de la solution, ce sont néanmoins les systèmes éducatifs qui en détiennent la
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clé. En Europe, de l’enseignement primaire à l’enseignement universitaire, les systèmes d’enseignement ont besoin d’une transformation systématique pour mieux intégrer la maîtrise du numérique dans le programme scolaire. Une telle transformation exigera une collaboration étroite entre l’enseignement et les entreprises, une compréhension de la nécessité de réformes fondamentales et des investissements beaucoup plus importants. L’Europe investit beaucoup moins que les États-Unis et le Japon dans l’enseignement supérieur. Selon une étude récente de l’Economist Intelligence Unit (EIU), les États-Unis, Singapour, le Royaume-Uni, l’Irlande et la Corée du Sud seraient les pays les plus performants pour former les professionnels du numérique qualifiés dont ils ont besoin. L’EIU montre que la clé de la réussite de ces pays réside dans une vigoureuse augmentation des inscriptions aux études supérieures, notamment en sciences et en ingénierie. Ces pays possèdent également des universités ou des instituts de technologie prestigieux où les technologues, outre les compétences techniques, sont formés à la gestion et aux affaires.
Mettre en œuvre la stratégie numérique pour l’Europe En 2010, la Commission européenne a adopté officiellement la stratégie numérique pour l’Europe proposée par sa vice-présidente, Neelie Kroes. Cette stratégie définit sept domaines d’action prioritaires: créer un marché numérique unique et une plus grande interopérabilité; renforcer la confiance et la sécurité sur internet; assurer un accès beaucoup plus rapide à internet; encourager les investissements dans la recherche et le développement; améliorer la culture et l’intégration numériques; utiliser les technologies de l’information et de la communication pour faire face aux enjeux de la société, tels que le changement climatique et le vieillissement de la population. Parmi les avantages, citons la facilitation des paiements et de la facturation électroniques, la mise en œuvre rapide de la télémédecine et l’éclairage à haute efficacité énergétique. La Commission européenne se charge de: • Promouvoir le leadership virtuel et la professionnalisation des informaticiens en TIC afin d’augmenter le vivier de talents européens, ainsi que les compétences et la mobilité des professionnels en Europe. • Soutenir le développement d’outils en ligne permettant d’identifier et de reconnaitre les compétences de praticiens et d’utilisateurs des TIC liées au Référentiel européen des compétences numériques et à l’Europass.
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• Faire accéder davantage de femmes au secteur des TIC. • Faire de l’alphabétisation numérique une priorité pour les réglementations du Fonds social européen (2014-2020). • Proposer des indicateurs communs à l’ensemble des États membres de l’UE en matière de compétences numériques et d’éducation aux médias. Pour concrétiser ces efforts, il était prévu que les États membres: • Mettent en œuvre des politiques sur les compétences et l’alphabétisation numériques à long terme. • Intègrent l’ « e-learning », l’apprentissage en ligne dans leurs politiques de modernisation de l’éducation et de la formation, notamment les programmes scolaires, l’évaluation des acquis d’apprentissage et la formation professionnelle des enseignants et des formateurs. Il est relativement facile de voir comment la typologie décrite plus haut (pyramide des compétences) pourrait être directement appliquée à chacun de ces points d’action. L’un des défis sera de le faire de manière homogène dans l’ensemble des institutions européennes et des gouvernements nationaux.
Innover pour exceller et exceller pour innover Au cours de ces dernières années, plusieurs acteurs, dont le secteur privé en particulier, ont fortement insisté pour formuler des recommandations de mesures immédiates. Quelques-unes sont énumérées ci-dessous. Au niveau de l’UE et des États membres, les autorités doivent lancer des campagnes de sensibilisation sous la direction de partenariats publics/privés, qui informent les étudiants en mathématiques, en sciences et en technologie des possibilités de carrière. Ces campagnes doivent également mettre l’accent sur la pénurie des compétences numériques à laquelle est actuellement confrontée l’UE, ainsi que sur les implications de l’écart grandissant entre l’offre et la demande. Tous les établissements d’enseignement primaire et secondaire doivent être équipés d’une connexion internet rapide d’ici à 2015, et tous les élèves devront savoir utiliser internet d’une manière sécurisée et responsable. Les activités extrascolaires comme les visites de laboratoires, les journées portes-ouvertes dans les entreprises et les visites de chercheurs dans les écoles doivent augmenter. Les possibilités de stages permettant d’orienter les étudiants vers des « connaissances recherchées sur le marché » doivent se multiplier à deux
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moments clés: lorsque les adolescents s’orientent à la fin du secondaire et au début de leurs études universitaires, et lorsqu’ils font leur choix de carrière. À moyen terme, il faut envisager les points suivants: • Des travaux statistiques approfondis sur la pénurie de compétences numériques doivent être menés afin d’identifier les déficits propres à certaines compétences. Des rapports Eurobaromètre annuels doivent être rédigés, afin de présenter la perception des employeurs à l’égard des compétences numériques dont ils auront besoin au cours des trois à cinq prochaines années. • Des incitations en direction des enseignants pour qu’ils actualisent leur propre formation et modernisent leur pédagogie de façon à y intégrer l’enseignement et l’apprentissage numériques doivent être mises en place. Des certifications attestant des compétences numériques des enseignants pourraient être introduites. • La Commission européenne doit mettre sur pied et financer des concours interscolaires de mathématiques et de sciences dans toute l’Europe afin de récompenser l’excellence. En outre, il est clair que l’enjeu des compétences numériques relève aussi bien de la qualité que de la quantité. L’Europe a besoin d’une réserve de professionnels des TIC hautement qualifiés qui satisfassent aux besoins des employeurs. Le modèle classique selon lequel il faut « d’abord étudier avant de travailler » devient moins pertinent à mesure que la volatilité du marché augmente. Les employeurs et les formateurs doivent travailler en étroite collaboration afin de proposer un cadre d’acquisition de compétences plus souple (en apprenant à apprendre). Mais une stratégie à l’initiative de l’UE ne suffit pas à court terme. C’est évident, le problème de l’offre et de la demande en compétences numériques se pose avec de plus en plus d’acuité. En effet, non seulement la demande en compétences sur les infrastructures technologiques traditionnelles va augmenter, mais aussi en professionnels capables de travailler sur les échanges de savoirs. Toutes ces recommandations sont transcendées par « l’impératif mondial d’innovation » auquel l’Europe est confrontée. Les compétences numériques sont une composante essentielle de l’ « écosystème de l’innovation »; en d’autres termes, l’Europe doit exceller dans les qualifications numériques afin de rester en tête dans la course mondiale à l’innovation. L’Europe doit exceller pour innover. En parallèle, l’Europe
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doit améliorer ses systèmes d’éducation et de formation pour créer et attirer davantage de talents, de chercheurs, ainsi que de professionnels et de cadres hautement qualifiés. Que ce soit dans l’enseignement supérieur, dans l’apprentissage tout au long de la vie ou l’enseignement élémentaire, l’Europe doit innover pour exceller.
Il n’y a pas de temps à perdre En tant que région, l’Europe doit faire preuve d’imagination et encourager largement les politiques qui apportent des réponses à des manques de compétences numériques non pas cycliques, mais structurels. La crise actuelle a jeté une certaine confusion dans ce débat, car une baisse du niveau de la demande a pu faire croire que l’écart entre offre et demande se resserrait. Mais c’est une illusion à bien des égards: si les universités, les entreprises et les gouvernements européens ne réagissent pas rapidement, cet écart ressortira cruellement lorsque la reprise commencera à s’intensifier. Les économies européennes qui ne profitent pas de la crise pour renforcer leur capacité à former des employés et cadres qualifiés en numérique se verront marginalisées dans cette course à la compétitivité mondiale fondée sur le savoir et orientée vers l’innovation. Demande de compétences liées au marché du travail Demande globale et offre de compétences
Offre de compétences liées au marché du travail Scénario 2: Programme d’enseignement pour les e-compétences amélioré
Pénurie de compétences
Offre de compétences liées au marché du travail Scénario 1: Aucune mesure prise Temps
Avant la crise
Pendant la crise
Après la crise
Source : Lanvin, B. and Fonstad, N. (2010), “Strengthening e-Skills for Innovation in Europe”, INSEAD eLab, 2010.
Face au défi immédiat que représente actuellement le chômage des jeunes en Europe, l’urgence à agir revêt une nouvelle signification. Ce à quoi nous assistons n’est que le début de la révolution numérique: son avenir doit être fortement jugulé pour poursuivre les grands objectifs de l’Europe, à savoir la concurrence ouverte, la croissance durable et innovante, tout en restant déterminée à répondre aux besoins et aux attentes actuels des citoyens européens. Leur offrir la possibilité d’acquérir des compétences numériques est un élément clé de ce complexe édifice.
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Chapitre 1: Innover dans l’enseignement – L’avenir de la main d’oeuvre européenne Bien que la crise économique ait eu une incidence considérable sur les niveaux d’emploi (en particulier chez les jeunes) depuis la publication de la première édition du Manifeste pour les compétences numériques en 2010, un aspect n’a pratiquement pas changé: l’inadéquation des compétences acquises par le biais du système éducatif par rapport aux types de compétences nécessaires pour trouver un emploi. Cependant, comme nous l’indiquions dans la première édition, il existe un paradoxe: « Les jeunes sont des utilisateurs particulièrement actifs des TIC; de 16 à 24 ans, ils utilisent l’internet cinq à sept fois par semaine. Malgré cela, moins de 30 % des garçons et 15 % des filles envisagent de poursuivre des études supérieures en informatique. » Le désintérêt des jeunes pour les études scientifiques et techniques, qui se manifeste assez tôt (à partir du dernier cycle de l’enseignement primaire et du premier cycle de l’enseignement secondaire), a ensuite des répercussions sur l’offre de jeunes talents poursuivant des études supérieures dans ces matières et, par la suite, sur le niveau des compétences numériques disponibles sur le marché de l’emploi. Des objectifs et des changements ambitieux s’imposent dans l’ensemble du système éducatif pour répondre aux besoins des jeunes Européens, exercer une influence positive sur leur perception et, par là-même, leur motivation et leurs acquis dans les études scientifiques et techniques dans la sphère académique et, enfin, de mieux les préparer à leur future vie professionnelle.
Le manque de compétences des élèves La politique européenne poursuit des objectifs louables visant à doter les jeunes de compétences nécessaires dans le monde du travail, pour atteindre un « taux d’emploi fixé à 75 % pour les hommes et femmes âgés de 20 à 64 ans d’ici 2020 dans l’UE ». Lancée en novembre 2010, l’initiative « De nouvelles compétences pour de nouveaux emplois » vise à atteindre les objectifs spécifiques suivants:
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• Promouvoir une meilleure anticipation des futurs besoins en compétences. • Faire mieux coïncider les compétences et les besoins du marché du travail. • Combler l’écart entre le monde de l’éducation et le monde du travail. Étant donné que les jeunes qui auront vingt ans en 2020 sont actuellement dans le premier cycle de l’enseignement secondaire, cela suppose que le système éducatif dote dès à présent les enfants et les jeunes de compétences numériques et informatiques pour les préparer à entrer sur le marché du travail en 2020. À cette fin, la recommandation européenne de 2006 sur les compétences clés pour l’éducation et la formation tout au long de la vie privilégie deux domaines de compétence technologique: « les compétences de base en sciences et en technologie » (notamment les connaissances théoriques et l’utilisation des outils technologiques) ainsi que « les compétences numériques » dans l’utilisation des outils informatiques pour le travail, les loisirs et la communication. Selon les chiffres d’Eurostat collectés pour ce que l’on nomme le « tableau de bord de la stratégie numérique », le niveau de compétence des jeunes dans l’utilisation d’outils numériques est inquiétant. Il y a en permanence un groupe de jeunes qui n’utilisent pas internet de façon régulière, en particulier ceux qui ont fait peu d’études, soit en moyenne 13 % de jeunes faiblement scolarisés, chiffre qui atteint 50 % dans certains pays comme la Roumanie. Seuls 25% des jeunes dans l’UE déclarent posséder un « haut » niveau de compétences de base dans l’utilisation d’internet, haut niveau décrit comme la capacité à effectuer cinq ou six tâches, notamment utiliser un moteur de recherche pour trouver une information, envoyer un courriel avec une pièce jointe, publier un message dans un chat, un groupe ou un forum de discussion en ligne, passer des appels téléphoniques via internet, partager des fichiers entre pairs pour échanger des films, des musiques, créer une page web, etc. L’omission, dans ce « haut » niveau, d’aptitudes en TIC et compétences professionnelles les plus élémentaires comme les réseaux sociaux, la maintenance informatique, le réseautage ou les bases de programmation, risque d’être désastreuse pour la génération actuelle qui, lorsqu’elle va arriver sur le marché du travail, va s’apercevoir que pour la plupart des emplois, on exige des compétences numériques. Comme l’indique l’Observatoire européen des Postes vacants, les professions numériques
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sont l’une des meilleures perspectives d’emploi pour les jeunes diplômés hautement qualifiés.
Agir sur les compétences numériques de base Malgré l’écart évident entre les compétences des élèves et les exigences, il est fortement conseillé, du point de vue des politiques à mener, de développer les compétences de base en TIC dans l’ensemble du système éducatif. Cette question est généralement abordée de manière globale à différents niveaux d’enseignement: des compétences des enseignants à celles des élèves, en passant par la fracture numérique, la sécurité en ligne et les TIC pour l’intégration des personnes ayant des besoins spécifiques. Ces politiques s’occupent également de prévoir des infrastructures, de veiller à ce que les établissements scolaires aient accès à des technologies comme les tableaux blancs interactifs, à des netbooks dans certains cas, ainsi qu’à des laboratoires plus traditionnels d’ordinateurs (fixes ou mobiles). Les contenus numériques sont également une priorité dans la plupart des pays d’Europe, des groupes d’entraînement en ligne pour les enseignants et leurs élèves à la fourniture de manuels électroniques ou de bases de données. Les rapports des États membres de l’UE publiés par European Schoolnet en 2011 dans le cadre du projet Insight font état des nombreuses politiques et pratiques pertinentes menées par les divers Ministères de l’Éducation en Europe, qui encouragent le développement des compétences de base en TIC et reconnaissent que l’alphabétisation numérique est une composante fondamentale des concepts modernes d’alphabétisation. Il existe toutes sortes d’approches pour mettre en place l’alphabétisation numérique et l’enseignement de compétences numériques au niveau national. Elles vont d’un programme scolaire en informatique visant typiquement à développer des compétences en tant qu’utilisateur des TIC, jusqu’à l’intégration des TIC dans toutes les matières. Certains pays (par exemple l’Allemagne) et régions se sont tournés vers l’utilisation d’un système de certification par des tiers pour valider les compétences de base en TIC, notamment par le biais du Passeport numérique européen. Mais jusqu’à présent, la plupart d’entre eux ne font pas de la fracture numérique une priorité, et on trouve de grandes disparités d’un établissement à l’autre dans la façon dont des politiques gouvernementales dictées d’en haut sont appliquées. Cela peut certainement expliquer en grande partie l’écart entre les objectifs poursuivis et les observations après-coup sur les niveaux de compétence des étudiants. Il est donc impératif de persister dans les orientations actuelles, de s’assurer que les méthodes et outils informatiques parviennent là où ils doivent arriver
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dans le système éducatif, mais également de mettre davantage l’accent sur l’intégration des approches. En outre, il faut accorder plus d’attention aux questions de fracture numérique, veiller à ce que tous les étudiants acquièrent un bon niveau de compétences de base en TIC, quelle que soit leur formation initiale. Cependant, l’un des principaux obstacles demeure la compétence des enseignants: il n’existe aucune norme européenne commune pour codifier les compétences numériques des enseignants, et les normes mondiales ne s’appliquent pas forcément au contexte européen. Ce constat a conduit les Ministères de l’Éducation européens à envisager d’établir leur propre norme, qui s’inscrirait dans le Référentiel européen des compétences numériques. Des initiatives multipartites, comme le « Future Classroom Lab » (laboratoire de la classe de demain), qui permettent aux enseignants d’expérimenter en pédagogie innovante en s’appuyant sur la technologie, sont essentielles dans l’acquisition de compétences numériques.
Les objectifs sont-ils suffisamment ambitieux ? Bien qu’ils soient utiles dans un premier temps pour l’alphabétisation numérique de tous les citoyens, les objectifs actuels exposés dans le Référentiel européen des compétences clés ne font pas suffisamment de place aux aptitudes particulières nécessaires pour les compétences numériques dans le monde du travail. Ils servent plutôt de référence pour déterminer les compétences de base utiles à certaines activités, mais ils ne préparent pas suffisamment ceux qui pourraient poursuivre une formation plus poussée ou envisager un parcours universitaire dans les TIC. Il s’agit d’un problème endémique dans les États membres de l’UE. Le rapport de Livingstone et Hope fait remarquer: « Les industries pâtissent d’un système éducatif qui ne comprend pas leurs besoins. Qui plus est, les programmes scolaires portent davantage sur les compétences en bureautique que sur les compétences en informatique et en programmation, plus rigoureuses, dont a besoin le secteur des technologies de pointe comme celui des jeux vidéo et des effets visuels. En même temps, les jeunes et leurs enseignants ont besoin de mieux connaître les perspectives d’emploi dans ces secteurs et les qualifications qui peuvent les y amener. Les « STIM » (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) et les science humaines sont essentielles pour y parvenir. » Le rapport recommande ensuite que l’on accorde autant d’importance à l’informatique comme discipline qu’aux autres sciences telles que la physique et les mathématiques, enseignées à partir de onze ans et plus dans le cadre du socle de base des programmes dans les collèges. À la suite de cet appel à l’action, le gouvernement britannique a commencé à substituer aux cours traditionnels de TIC (basés sur une approche de
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compétence numérique au sens large) des cours d’informatique axés sur la programmation, la conception de sites web et le développement d’applications pour appareils mobiles.
Des mathématiques et de la physique à la programmation La réussite en mathématiques et en physique est essentielle pour passer des compétences de base en informatique à des compétences numériques. De bonnes aptitudes en mathématiques, notamment la compréhension de l’algèbre et des algorithmes, sont essentielles pour pouvoir appréhender la programmation et l’informatique. Une étude de Microsoft sur l’enseignement et l’apprentissage, montre que les mathématiques sont en général l’un des domaines dans lesquels les pédagogies innovantes sont les moins utilisées en classe. De même, des connaissances et des compétences en physique s’imposent dans la gestion de réseaux et les applications informatiques. Le niveau relativement faible de réussite et d’intérêt des étudiants pour ces matières en Europe est préoccupant pour l’acquisition de compétences numériques de niveau supérieur. Une étude d’Eurydice sur ces sujets signale en particulier l’absence de politique de soutien aux élèves moins performants au niveau national dans plusieurs pays d’Europe. Les pays dont le taux de réussite en sciences et en mathématiques est élevé d’après le score du programme d’évaluation internationale des élèves de l’OCDE (PISA) disposent en général de solides systèmes de soutien aux élèves en difficulté dans ces matières pour les aider à améliorer leurs résultats. De plus, comme le souligne ce rapport, le rôle spécifique des TIC dans les mathématiques est souvent négligé: « L’utilisation des TIC en mathématiques est imposée dans la plupart des pays. Et pourtant, bien qu’ils soient partout disponibles, les ordinateurs sont rarement utilisés dans l’enseignement des mathématiques. Cette contradiction révèle l’incapacité à faire des mathématiques un sujet pertinent en faisant le lien avec une technologie que les élèves utilisent au quotidien. » Enfin, les mathématiques et la physique souffrent en particulier d’un manque d’intérêt de la part des filles. Les exemples et les modèles utilisés dans ces matières attirent beaucoup plus les garçons. Cela dissuade souvent les filles de choisir les mathématiques et la physique au dernier cycle du secondaire, ce qui fait obstacle à l’étude des TIC dans l’enseignement supérieur et, par conséquent, aux carrières dans les TIC.
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Un aspect très important du problème est le désintérêt pour les questions de diversité au cours de la formation préparatoire des enseignants. Eurydice émet les remarques suivantes à ce sujet: « La capacité à s’adresser à un public diversifié – c’est-à-dire le fait d’enseigner à un ensemble d’élèves de tous horizons, en tenant compte des différents centres d’intérêts des garçons et des filles – et la lutte contre les stéréotypes de genre dans les rapports avec les élèves, est bien souvent absente de ces programmes. » Ces questions soulignent la nécessité d’améliorer la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage des mathématiques et de la physique, grâce à des approches plus innovantes qui s’appuient sur les technologies modernes, en accordant beaucoup plus d’attention aux questions d’égalité des sexes.
L’informatique en tant que discipline Le peu d’informations au niveau européen sur le rôle de l’informatique en tant que discipline spécifique dans les programmes scolaires est révélateur. Seul un rapport national Insight aborde le sujet, en le reliant aux TIC dans leur ensemble dans la politique éducative. D’après ces rapports nationaux, il est évident que le cours d’informatique, si tant est qu’il figure dans les programmes scolaires, est presque toujours facultatif. Rare exception à la règle, la Suisse, qui a rendu cette matière obligatoire en 2008 et qui mentionne explicitement l’importance de la compréhension technique des TIC dans le second cycle de l’enseignement secondaire. L’Autriche offre un autre exemple intéressant. Dans ce pays en effet, l’enseignement des TIC à des fins professionnelles est explicitement mentionné dans les objectifs nationaux, de même que les « e-compétences », par delà les compétences numériques de base, dont fait partie « l’informatique pratique ». L’informatique devient une matière à part entière à partir du premier cycle du secondaire. Les compétences acquises sont validées par des tiers, notamment le Passeport européen de compétences informatiques (PECI), mais également via des certifications délivrées par la profession comme Cisco, Microsoft, SAP, Novell et Oracle - qui attestent en outre de l’acquisition de compétences techniques fondamentales. Ces certifications sont en particulier organisées par des écoles spécifiques membres du groupe collégial d’apprentissage en ligne, ou « eLearning Cluster ». Chypre impose également l’informatique au second cycle de l’enseignement secondaire, comme cours d’initiation obligatoire au sujet en première année du secondaire supérieur. Dans les deux années suivantes de l’enseignement secondaire supérieur, les étudiants peuvent choisir de suivre des modules en informatique, en gestion d’applications et de réseaux (ce dernier sous le
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parrainage de l’Académie de gestion de réseaux de Cisco). Des établissements d’enseignement technique spécialisé proposent une option d’ingénierie en informatique sur trois ans couvrant toutes les matières liées à l’informatique. Plusieurs autres pays proposent également des options techniques similaires dans l’enseignement professionnel secondaire. Mais le nombre d’élèves, notamment les filles, qui choisissent ces options est très faible. Il est évident qu’une formation poussée dans les matières informatiques – des algorithmes, aux réseaux en passant par la programmation – prépare bien mieux les élèves à la poursuite d’études supérieures dans une filière technique, aussi bien par la voie académique que professionnelle. Il existe néanmoins des exemples d’approches pour intégrer l’informatique et la technologie dans la scolarité à un niveau moins élevé: l’Institut de technologie du Massachussetts (Massachussets Institute of Technology - MIT) a conçu un langage de programmation nommé « Scratch » pour les jeunes enfants. Des écoles de l’Union européenne l’utilisent dès l’école primaire. Les communautés d’utilisateurs Scratch sont particulièrement présentes au Royaume-Uni et au Portugal. Aux Pays-Bas, la collaboration entre Surf Net et Kennisnet depuis 2004 a permis l’introduction d’outils informatiques dans les établissements scolaires (par. ex. le concours Make a game [Fabrique un jeu]). Une autre approche intéressante a été mise en œuvre par les établissements professionnels du niveau secondaire supérieur. Elle consiste à intégrer les certifications IC3, PECI et Microsoft dans les validations d’acquis pour obtenir un diplôme du système scolaire. L’étude Innovative Teaching and Learning, sponsorisée par le programme Partners in Learning de Microsoft, se penche sur l’impératif de préparer les jeunes au 21e siècle, objectif qui, pour beaucoup, passe par une transformation radicale des choix éducatifs et l’intégration de la technologie dans l’enseignement et l’apprentissage. L’étude porte sur les pédagogies dont la forte corrélation avec les résultats d’apprentissage du 21e siècle est prouvée. Les résultats démontrent que la majorité des étudiants continuent à se comporter en consommateurs d’information, plutôt qu’en inventeurs de solutions, en innovateurs ou en producteurs. Si le recours aux TIC dans l’enseignement est de plus en plus courant, dans bon nombre d’établissements, les élèves qui s’en servent pour apprendre restent une exception. Il est temps également de passer de bonnes pratiques isolées à une approche plus généralisée de l’enseignement et l’apprentissage du numérique. Les systèmes éducatifs dans l’Union européenne doivent réfléchir à la nécessité
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de redonner du panache à l’informatique, et d’inclure dans les programmes scolaires des compétences plus pointues. Inutile d’attendre d’être au collège ou au lycée pour aborder les matières informatiques: il existe aussi des méthodes simples pour les étudier dès le plus jeune âge.
Les aînés ne donnent pas envie aux jeunes À mesure que les élèves grandissent, ces exemples que sont pour eux leurs professeurs, leurs parents, leurs conseillers d’orientation, voire des personnalités médiatiques, jouent un rôle déterminant dans leur choix de carrière. Les filles, quant à elles, comptent particulièrement sur l’appui de modèles plus âgés pour prendre des décisions concernant leur future carrière, et par conséquent, le type d’études supérieures qu’elles envisagent de poursuivre. Le graphique ci-dessous compare l’opinion d’élèves filles, de professionnels des TIC de Cisco, de parents et d’enseignants. Qu'est-ce qu'impliquent les emplois de gestion de réseaux internet? 100 %
50 %
0%
développement de logiciels
rencontre avec les clients
aide aux autres personnes
amélioration du monde
Pourcentage d'emplois de gestion de réseaux internet qui impliquent chacune de ces activités selon Cisco Elèves-filles qui pensent qu'une grande majorité d'emplois de gestion de réseaux internet impliquent chacune de ces activités Parents et enseignants qui pensent qu’une grande majorité des emplois de gestion de réseaux internet impliquent chacune de ces activités Source : WHITE PAPER Women and ICT, European Schoolnet, 2009
Il montre clairement que la perception que les parents et les enseignants ont des carrières dans les TIC est particulièrement irréaliste: moins de 35 % estiment que les emplois dans la gestion de réseaux informatiques ont un impact positif dans le monde, et la grande majorité croit que les professionnels des TIC ne passent guère de temps au contact d’autrui, comme par exemple des clients. De sorte qu’ils transmettent aux élèves des informations irréalistes, qui risquent de fausser les choix de carrière des jeunes. Il est donc indispensable de mieux informer les enseignants et les parents sur les carrières dans le numérique si l’on veut étoffer les effectifs des jeunes qui choisiront cette voie.
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Combler le fossé entre l’éducation et l’emploi Un autre défi majeur est de parvenir à établir des ponts entre l’éducation et l’emploi. Les réformes de l’enseignement primaire et secondaire sont souvent motivées par la nécessité de doter les enfants d’un bagage qui leur permette de jouer un rôle de citoyens cultivés dans la vie. Dans de nombreux pays, on reste sceptique quant à la nécessité d’impliquer les entreprises et de tenir compte de leurs besoins dans le développement des compétences nécessaires aux jeunes pour leur avenir professionnel. Cette réticence vient de l’objection que le système éducatif ne saurait se préoccuper uniquement d’être un vivier de futurs candidats à l’emploi. Il ne fait aucun doute que les jeunes doivent acquérir des connaissances pour eux-mêmes et étudier un grand nombre de matières, aussi bien pour améliorer leur qualité de vie que pour multiplier leurs possibilités d’emploi. Le graphique ci-dessous illustre les mesures jugées indispensables par la profession pour régler le problème de l’inadéquation des compétences. Rapport Livingstone-Hope sur le secteur des jeux vidéo et des effets visuels : Objectifs et vivier de talents
Objectifs
Garantir un afflux régulier de talents hautement qualifiés de l'enseignement aux professions des TIC
Rendre l'accès pérenne à une formation de première qualité pour que la population active ait un meilleur niveau
Prestataires de formation
Viviers de professionels
Établissements
Enseignement subérieur
Industrie
Source : The Livingstone-Hope Skills Review of Video Games and Special Eff ects, 2011
Mais il se peut que la balance penche un peu trop de ce côté, car ce sont surtout les jeunes qui subissent les effets de la crise économique. Il faut donc tenir davantage compte des compétences en vue de l’employabilité. Les pays qui ont été le moins touchés par la crise, notamment les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Autriche, mettent particulièrement l’accent sur le rapport entre les mesures d’employabilité des jeunes, comme l’apprentissage, et l’implication des employeurs dans la scolarisation.
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Témoin une étude récente du Dr Anthony Mann, du groupe britannique Education and Employers Taskforce, qui observe: « L’analyse de l’OCDE montre que les pays qui disposent de systèmes éducatifs combinant apprentissage en classe et placement en entreprise dans le cadre d’un parcours professionnel, comme c’est le cas avec le modèle allemand, connaissent en général un taux de chômage des jeunes beaucoup plus faible ». Le rapport affirme ensuite: « L’exemple britannique montre qu’il existe des relations statistiquement favorables et significatives entre le nombre de contacts qu’un jeune peut avoir à l’école (entre quatorze et dix-neuf ans) avec des employeurs (par exemple lors de forums de l’emploi ou lorsqu’ils relatent leur expérience professionnelle) et la confiance en eux (entre dixneuf et vingt-quatre ans) pour réaliser leurs objectifs de carrière. » Tant les professionnels du numérique que ceux d’autres domaines doivent travailler en étroite collaboration avec les systèmes éducatifs pour faire en sorte que les employeurs soient présents et participent à l’orientation professionnelle de façon réaliste et fréquente. D’importantes initiatives, comme la Semaine européenne des compétences numériques et InGenious, tentent de combler ce fossé de façon systémique dans toute l’Europe. Coordonnée par la Commission européenne, la Semaine européenne des compétences numériques réunit tous les acteurs concernés pour sensibiliser les jeunes aux carrières dans les TIC, leur offrir des possibilités de formation et d’apprentissage et, entre autres objectifs, s’adresser aux professionnels et aux PME. Cette action collective, dont l’impact est plus puissant que la somme de ses effets, doit être soutenue sur la durée afin de produire les meilleurs résultats possibles. Sur l’enjeu plus large des sciences et de la technologie, le projet inGenious, financé pour moitié par le programme de recherche FP7 de la Commission et pour moitié par la profession, « est une initiative conjointe lancée par European Schoolnet et la Table ronde des industriels européens, visant à susciter plus d’intérêt chez les jeunes Européens pour les études et carrières scientifiques et technologiques et, à terme, remédier à la pénurie de compétences. Toutes les mesures prises dans le cadre du projet inGenious visent, à travers la coopération entre l’enseignement et la profession, à améliorer l’image que les jeunes se sont forgée des carrières dans les sciences et technologies et à les inciter à réfléchir aux nombreuses et intéressantes possibilités qu’elles peuvent leur offrir plus tard. »
CHAPITRE 1: INNOVER DANS L’ENSEIGNEMENT
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Recommandations: En résumé, malgré les importants progrès réalisés, il reste encore beaucoup à faire. Voici les questions auxquelles il faudrait accorder la priorité: • Améliorer la mise en place concrète de la compétence numérique au sens large dans l’ensemble du système éducatif. Relever le niveau de compétence des enseignants en instaurant une accréditation en compétences numériques conforme au Référentiel européen, pour que les élèves et les établissements bénéficient pleinement des investissements dans les infrastructures de TIC. • Veiller à ce que l’acquisition de compétences numériques démarre dès le primaire et le secondaire pour aller jusqu’aux études d’informatique. Il faut en outre que les systèmes éducatifs accordent plus de place aux études d’informatique conduisant à un plus haut niveau de compétences numériques, au même titre que les compétences numériques de base. • Améliorer l’enseignement scientifique, en particulier les mathématiques et la physique, en mettant davantage l’accent sur l’égalité des sexes et le soutien aux étudiants en difficulté, tout en innovant davantage sur le plan pédagogique. • Traiter le problème de méconnaissance des carrières en veillant à associer les employeurs aux décisions d’orientation. Sensibiliser les adultes qui servent d’exemple aux jeunes, les parents, les enseignants, de même que les élèves, à ces programmes. • Augmenter le nombre de partenariats multipartites en mettant des professionnels du secteur et de l’éducation autour d’une même table pour aborder non seulement le problème de l’orientation, mais de l’acquisition des compétences numériques. • Continuer à faire des compétences numériques et des mesures d’accompagnement une priorité afin que l’action s’inscrive sur la durée et entraîne les changements nécessaires dans le système éducatif.
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Chapitre 2: Aller chercher les talents et les exploiter Partout dans le monde, il existe une pénurie de talents, qui peu à peu risque de s’accentuer. Il y a deux grands enjeux dans cette situation. Le premier est la marginalisation d’un grand nombre d’Européens dans l’économie numérique. Les inciter à acquérir des compétences numériques pourrait augmenter l’offre en professionnels qualifiés. En proposant des politiques paneuropéennes audacieuses pour remédier à la pénurie, l’Europe pourrait prendre une longueur d’avance. Ce sont les femmes, les seniors, les handicapés et les victimes de la fracture numérique qui composent cette population. Le second enjeu concerne le potentiel des travailleurs qualifiés, qui n’est pas pleinement exploité. Les niveaux de salaire des professionnels qualifiés sont élevés et la spécificité des entreprises exige souvent des nouvelles recrues qu’elles se recyclent pour arriver à trouver leur place. Pour que les compétences numériques profitent pleinement à la productivité en Europe et qu’elles facilitent une véritable innovation grâce au numérique, il faut mettre en place des stratégies et des techniques de gestion.
Tendre la main aux exclus de la Toile Diriger les mesures vers ceux qui n’ont pas accès aux technologies numériques contribuera à résoudre la pénurie, car il est avéré que les formations destinées à ceux qui sont traditionnellement exclus les rendent plus aptes à trouver des emplois. Dans cette population, qui reste considérable en Europe, il y a parfois des gens qui se félicitent d’être à l’abri des pressions que risque de leur apporter la technologie. Mais une telle vision du monde leur barre l’accès à une société de plus en plus numérique. S’intéresser au numérique et savoir s’en servir est non seulement la porte ouverte au développement économique et social mais présente aussi une opportunité d’élargir son savoir. Les politiques qui visent les exclus du numérique doivent être plus vigoureuses et renforcer au passage les compétences d’une population de gens plus vaste qui, bien qu’ « intégrés », n’osent pas et ne savent pas comment tirer parti de la technologie dans leur vie quotidienne et leur travail.
CHAPITRE 2: ALLER CHERCHER LES TALENTS ET LES EXPLOITER
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Comme le dit la députée européenne Edit Herczog: « Cela fait déjà longtemps que l’on a conscience du manque de femmes dans les domaines scientifiques et la recherche. En ce qui concerne les recommandations pour l’avenir, le CEPIS a formulé clairement la nécessité de prendre des mesures de toute urgence pour corriger le déséquilibre entre hommes et femmes dans tous les pays et pour accroître la présence des femmes dans les carrières des TIC. Une autre question liée et plus spécifique, mais tout aussi importante, a été négligée en grande partie. Le manque de femmes dans le domaine de du numérique n’a suscité que très peu, voire pas du tout d’attention. Les publications et les recherches de l’UE sur ce sujet se comptent sur les doigts de la main. Si la moitié des 500 millions d’Européens en est exclue et n’en bénéficie pas, nous serons confrontés à un déséquilibre des sexes et des âges, et une injustice sociale à grande échelle. Il nous appartient, en tant que responsables politiques, de prendre ce problème à bras-le-corps. » Le stéréotype selon lequel le domaine des TIC est un pré-carré réservé aux hommes, surtout les jeunes, est un problème pour l’industrie informatique. Il crée un déséquilibre non seulement dans la profession, mais aussi dans l’économie globale et la société. Or l’informatique est un domaine ouvert à tous les profils, à condition d’acquérir des compétences numériques. Enfin, le peu de diversité dans les profils de dirigeants de PMEs dans le domaine numérique pose lui aussi problème.
De bonnes intentions Et s’il s’agissait d’une question de motivation plutôt que d’exclusion ? Il existe de grosses disparités entre le tableau brossé par les professionnels euxmêmes et l’idée que s’en font les adultes qui guident les jeunes – surtout les parents et les enseignants. Ces derniers considèrent, à tort, que travailler dans l’informatique, cela veut dire être isolé, écrire des lignes de code dans un bureau mal éclairé, sans pouvoir être créatif et autonome. Ils transmettent une image négative aux jeunes et à ceux qui n’approchent que rarement des informaticiens en chair et en os. Les responsables politiques et la profession doivent s’emparer ensemble du problème. « [Cette image négative] pourrait être le point de départ d’un travail collectif sur l’implication d’autres générations et tranches d’âge; mais là, tout ce qu’il faut, plutôt que des compétences numériques, c’est favoriser une attitude positive et de l’enthousiasme à l’égard de la technologie et de l’informatique », déclare la députée européenne Edit Herczog. Les recherches montrent également que cette absence de modèles positifs dans les médias et la culture au sens large n’incite pas les filles à envisager
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sérieusement une carrière dans l’informatique. Au cinéma et à la télévision, qu’il s’agisse de fiction ou de documentaires, les informaticiens, du programmeur au spécialiste, sont toujours représentés de la même façon. Résultat, on continue à avoir l’impression que l’informatique, « c’est seulement pour les garçons » et que les femmes et autres groupes exclus n’ont rien à y faire. En parlant des personnes âgées, Edit Herczog utilise l’expression « immigrants numériques » pour désigner une population qui a vu le jour avant l’avènement d’internet. Comme elle le fait remarquer, « l’informatique fait souvent l’objet d’une surmystification chez les adultes et les personnes âgées, que j’appellerais “les immigrants numériques”. Il faut poursuivre des programmes et des ateliers pour accompagner et aider ces personnes à comprendre qu’il s’agit d’un outil qui peut les aider à acquérir et échanger des informations et en cela, pas si différent de la radio ou la télévision. La principale différence, c’est qu’il est plus rapide et plus riche que tout autre outil jamais inventé dans l’histoire de l’humanité. Il offre des possibilités à toutes les tranches d’âge: depuis les petits riens, comme lire les actualités, chercher une recette ou acheter des places de théâtre, à des choses comme rester en contact avec des êtres chers, partager des photos ou organiser des vacances en famille en quelques minutes. Pouvoir se servir d’un ordinateur pour classer et trouver des documents comme des comptesrendus médicaux et bénéficier de services de santé et d’urgence en ligne donne le sentiment d’être moins vulnérable et, sur la durée, d’accéder à l’autonomie. » Il est courant, chez les personnes âgées, de rencontrer une certaine résistance aux ordinateurs, car elles estiment qu’elles s’en sont passé, et même qu’elles ont très bien réussi comme ça. Or pour les générations plus âgées, être à l’aise avec le numérique, aussi bien dans leur travail que dans leur vie privée, est un avantage certain. Chez une population active européenne qui vieillit, faire valoir des compétences en informatique peut être un excellent atout sur un profil de professionnel expérimenté et donner de la pertinence à ses autres compétences sur un marché de l’emploi en pleine évolution. Des modes de formation non institutionnels peuvent aider à résoudre le problème d’autres populations exclues. À cet égard, les télécentres informatisés communautaires sont un excellent moyen d’initiation numérique et d’éducation des adultes destiné aux groupes cibles défavorisés dans l’ensemble de l’Europe. Ils commencent par enseigner les compétences numériques de base destinées au développement personnel, à la citoyenneté active, à l’intégration sociale; ensuite, sous la pression de la récession économique, ils abordent l’employabilité.
CHAPITRE 2: ALLER CHERCHER LES TALENTS ET LES EXPLOITER
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En général gratuits, accessibles et locaux, les télécentres offrent l’occasion d’apprendre dans un cadre informel ainsi que des possibilités de réseautage intéressantes pour les populations affectées par la fracture numérique. La sensibilisation de ces groupes aux technologies numériques contribue considérablement à les intégrer dans la société au sens large. L’employabilité est une notion fondamentale. Pour postuler à un emploi, il va de plus en plus falloir se mettre aux compétences numériques. Au fil du temps, si elle n’en tient pas compte, notre société va être affligée en permanence d’une sous-classe. La plupart du temps situés dans des bibliothèques publiques, les écoles et les centres communautaires, les télécentres sont souvent dirigés par des organisations bénévoles ou communautaires; ils sont ouverts au public et permettent d’accéder à des ordinateurs, à internet ainsi qu’à d’autres technologies numériques – outils qui leur permettent de trouver des informations, créer, apprendre et communiquer avec d’autres personnes. Il existe actuellement plus de 100.000 télécentres dans toute l’Europe. Mais il est nécessaire de synchroniser les initiatives nationales à l’échelle européenne. C’est dans cet esprit que Telecentre-Europe a été créé. En effet, les pays qui ont conjugué leurs efforts tirent mieux leur épingle du jeu dans l’exploitation des ressources publiques. Telecentre-Europe joue également un rôle d’intermédiaire dans le partage d’informations entre les pays, ce qui permet à l’Europe dans son ensemble de répondre à l’évolution des besoins en informatique.
La productivité, ça compte Une étude de la London School of Economics montre qu’il existe de nombreux défis relatifs à une meilleure utilisation des talents numériques. La difficulté à utiliser à bon escient les informaticiens qualifiés tient au fait qu’ils se vendent cher et qu’il faut encore les former de nouveau à l’embauche, en raison de la spécificité de nombreuses entreprises. En outre, ils sont difficiles à intégrer à la hiérarchie d’une entreprise, ce qui pose des problèmes d’organisation. Mais aujourd’hui, aucune entreprise ne peut se passer de compétences numériques: elles sont devenues indispensables à son fonctionnement. Des indicateurs laissent entrevoir qu’en Europe, les entreprises sont moins douées qu’ailleurs pour mettre les compétences numériques au service de la productivité. Les preuves relèvent souvent des circonstances: par exemple,
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à supposer que ces candidats soient rares sur le marché de l’emploi, les niveaux de salaire des employés numériquement compétents ne sont pas aussi élevés que ce que l’on peut imaginer. On en a la preuve directe avec des entreprises américaines basées en Europe qui, grâce aux TIC, réalisent de meilleurs gains de productivité que les entreprises locales, qu’elles emploient des professionnels sur place ou à l’étranger. On peut supposer que la différence tient aux pratiques de gestion des entreprises ainsi qu’à leurs moyens matériels et humains. Il existe aussi de nettes disparités d’une entreprise européenne à l’autre. Si les grandes sociétés sont parfaitement conscientes que les compétences numériques sont une condition pour recruter, ce n’est pas le cas de toutes les PME, même si tout indique qu’elles peuvent retirer de gros avantages d’une bonne utilisation des TIC. Le secteur public exige également des aptitudes dans ce domaine. Il n’empêche, tout le monde s’accorde à dire qu’il n’y a pas suffisamment de talents numériques en Europe pour atteindre les objectifs socioéconomiques de l’Union européenne. Les chefs d’entreprise, les gouvernements et les analystes tirent d’ailleurs la sonnette d’alarme. Entre 41 % et 56 % des entreprises tous secteurs confondus disent recruter régulièrement des spécialistes en TIC et avancent que de nombreux postes sont « difficiles à pourvoir ». Ce point de vue est corroboré par une recherche empirique de l’OCDE et par le Forum européen sur les Compétences numériques. Il existe deux solutions susceptibles de remédier à ce déficit: optimiser la formation professionnelle (ou étoffer les effectifs de travailleurs grâce à l’immigration, ou encore l’externalisation) et mieux mobiliser le personnel formé ou susceptible de l’être. En un mot, si l’accroissement de ce vivier de talents est l’une des priorités actuelles de l’Europe, il reste malgré tout beaucoup à faire en ce qui concerne leur utilisation.
De la classe au lieu de travail Les innovations technologiques sont en train de façonner l’avenir du travail. Mais nous reconnaissons qu’un écart se creuse entre ceux qui disposent des compétences, de l’accès et des choix pour réussir sur le nouveau marché du travail, et ceux qui ne les ont pas.
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Dans de nombreuses professions, disposer d’un bagage numérique est la clé de l’employabilité et de la réussite professionnelle en Europe. Si l’on regarde d’où vient la demande, la réponse s’explique en partie par le rôle déterminant que joue aujourd’hui la technologie dans les PME, qui constituent l’épine dorsale de l’économie. Selon une étude de Vanson Bourne menée à l’échelle mondiale, 60 % des PME considèrent l’utilisation de la technologie informatique comme un facteur décisif pour assurer la prospérité de leur société ou simplement sa survie. En outre, 73 % des PME estiment que la technologie doit aider leur personnel à travailler partout et à tout moment. C’est pourquoi cette nouvelle économie fait des compétences numériques une priorité pour le secteur public, le secteur privé et les universités. Le monde des TIC évolue à toute allure. Découvrir et maîtriser les compétences nécessaires pour remédier à la pénurie, c’est assurer non seulement son avenir mais celui de son entreprise. Les bouleversements que connaissent la technologie et l’innovation dans le monde doivent se refléter dans l’enseignement: établissements et enseignants doivent pouvoir bénéficier de méthodes souples, qui éveillent ou réveillent l’intérêt des jeunes et des apprenants tout au long de la vie et leur permettent d’acquérir les compétences dont cette nouvelle économie a besoin. Si l’on prend l’exemple de la transition vers l’informatique en nuage (le « cloud »), il va falloir que la plupart des entreprises forment leurs informaticiens pour se doter d’effectifs compétents en amont de ce changement. Les directeurs des systèmes d’information qui, par nécessité, veulent s’appuyer sur l’informatique pour générer des bénéfices dans leur entreprise doivent être les premiers à se former au cloud, à la fois pour eux-mêmes et pour leurs équipes d’informaticiens. La nature du travail est en mutation. Un rapport de Microsoft sur la formation, intitulé Cloud computing: What IT professionals need to know (« L’informatique en nuage, ce que les informaticiens doivent savoir »), décrit l’évolution des nouvelles possibilités d’emploi offertes par la technologie du cloud et les compétences qu’elle suppose. Ce nouvel environnement offre à ceux qui en ont les moyens et les compétences la possibilité de bâtir et développer leur activité. La nécessité de se qualifier pour affronter l’avenir et les évolutions du marché de l’emploi est également un thème récurrent dans le récent rapport de la London School of Economics intitulé « Modelling the Cloud. Employment effects in two exemplary sectors in the UK, Germany, Italy & the US » (« Façonner le nuage - Les effets de l’emploi dans deux secteurs exemplaires en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Italie et aux EtatsUnis »). D’après l’étude, le cloud va bouleverser la façon dont les secteurs industriels sont gérés: s’ils veulent réussir, les managers devront adopter un profil professionnel plus hybride, et être aussi à l’aise avec la technologie
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qu’avec leur domaine d’activité. Concernant le potentiel de croissance des nouvelles technologies, le rapport prévoit par exemple qu’au Royaume-Uni, de 2010 à 2014, les emplois liés à l’informatique en nuage dans le secteur des services smartphone devraient faire un bond de 349 %. Les compétences en TIC s’imposent de plus en plus sur le marché du travail et les répercussions sur l’encadrement sont évidentes. Se tenir informé de ces tendances et acquérir les compétences du 21è siècle est particulièrement indiqué aux jeunes Européens, qui sont aujourd’hui confrontés à une véritable inégalité des chances. Avec un taux de chômage des jeunes record en Europe, il va être essentiel de développer de nouvelles qualifications et accréditations pour aider les jeunes à répondre à ces nouvelles demandes du marché de l’emploi et à bénéficier de ces nouvelles possibilités. En partenariat avec d’autres acteurs, l’industrie des TIC a un rôle à jouer à tous les niveaux pour que les qualifications en informatique, quel que soit leur degré, ouvrent la voie à des perspectives d’emploi. L’initiative britannique « Britain Works » illustre l’exemple d’un partenariat public-privé évolutif qui répond à l’impératif de perfectionnement des qualifications. Grâce à une série de partenariats entre des organisations non gouvernementales (ONG), des centres de formation communautaires et les pouvoirs publics, le programme Britain Works vise à aider un demimillion de personnes à trouver un emploi dans les trois ans dans les domaines économiques qui déclencheront la reprise. Le programme a déjà aidé 300.000 jeunes à retrouver un emploi grâce à des formations et des programmes d’apprentissage qualifiants en informatique dans toutes sortes d’entreprises, de la fabrication aux services, ainsi que dans l’industrie des TIC elle-même.
Des faiblesses dans la gestion Deux indicateurs, d’une part la prédominance des autodidactes chez les employés, et d’autre part l’étendue des formations en interne, soulignent un besoin de formation qui dépasse le champ d’application habituel des établissements d’enseignement et des organismes de formation. Selon les recherches économétriques récentes du Centre de performance économique de la London School of Economics, les pratiques de gestion des sociétés européennes dans leur utilisation des TIC sont très différentes et bien moins efficaces que celles de leurs concurrentes américaines, même sur des marchés identiques. La plupart de ces sociétés ont recours à des technologies identiques et recrutent dans le même gisement de main-d’œuvre. Comme il s’agit de recherches
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agrégées, qui s’appuient sur les données de panel d’un grand nombre de firmes, les corrélations, tout en étant extrêmement significatives, n’avancent aucune explication précise à ces différences. Cependant, une autre étude récente de la London School of Economics (LSE) sur les pratiques de gestion des petites et grandes entreprises de l’industrie aérospatiale nous éclaire davantage sur ces différences et nous permet de mieux comprendre comment les informaticiens qualifiés sont encadrés. On voit par exemple que chez les entreprises utilisatrices de compétences numériques de haut et moyen niveau, les salaires et avantages sociaux sont plus élevés aux États-Unis, et on peut supposer que, comme ce sont des tâches qu’elles accomplissent quotidiennement, elles font meilleur usage de ces qualifications. Cela donne à réfléchir. Les problèmes de qualifications que rencontre l’Europe sont à la fois quantitatifs et qualitatifs. Cette révélation met en lumière une fracture méconnue jusqu’ici dans la chaîne de valeur en Europe. Plus les pays sont performants, et moins ils ont d’entreprises mal gérées. Mais dans les pays où il y a le plus d’entreprises mal dirigées, on s’accorde à penser que la qualité du management n’est pas une priorité essentielle. De meilleures pratiques de gestion auront forcément des retombées positives pour la performance. Il est frappant de voir à quel point les managers n’ont pas conscience du niveau de leurs aptitudes à la direction: les données révèlent en effet qu’ils ne cherchent pas à comparer leurs pratiques avec celles des autres firmes, même dans leur propre secteur. Si une amélioration du niveau général des qualifications dans l’économie s’impose, en particulier dans les pays de l’UE où ce niveau est faible, comme le Royaume-Uni, la Grèce et le Portugal, la différence la plus significative réside toutefois dans la façon dont l’informatique est utilisée. Le niveau de salaire et la productivité sont plus directement liés au nombre de tâches pour lesquelles on se sert d’un ordinateur dans son travail qu’à la seule présence d’ordinateurs sur le lieu de travail ou les niveaux de qualification de base. Le problème des compétences numériques en Europe est aussi celui du management. C’est donc aux écoles de management que nous devons nous intéresser, plutôt qu’aux facultés d’informatique. Les décideurs politiques feraient bien d’y réfléchir s’ils veulent éviter de se tromper dans la répartition des ressources.
Pas d’innovation sans gestion Ce problème de gestion est encore plus épineux, à cause des répercussions sur la culture de l’entreprise lorsqu’il s’agit de faire rimer innovation et processus métier. Bien qu’incarnées par ceux qui les possèdent, les compétences n’ont de sens que lorsqu’elles sont appliquées aux diverses
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fonctions de l’entreprise. En effet, outre les tâches de routine qui accompagnent la manipulation d’informations standardisées, il est courant d’avoir à faire preuve d’inventivité quand on utilise le numérique, et cela exige de la souplesse, tant de la part de l’organisation que de la personne. Comme le dit un groupe d’analystes très respectés dans le domaine de l’économie et de la gestion informatique: « Ce n’est pas juste en branchant des ordinateurs ou des équipements télécom que les firmes améliorent leur qualité de service et réalisent des gains de productivité. En réalité, elles passent par un processus, parfois long et difficile, de « co-invention ». Ce sont les vendeurs d’informatique qui inventent les technologies; mais ce n’est pas à eux que l’on doit l’application des outils, ils ne font que la rendre possible; c’est donc aux utilisateurs de ces technologies de « co-inventer » les applications. La co-invention, comme toute invention, fait intervenir à la fois des aspects liés aux processus de fabrication et aux produits eux-mêmes. Du côté co-invention, une utilisation rationnelle de l’informatique suppose souvent des bouleversements dans les entreprises. »
Faits pour s’entendre: les meilleurs talents vont aux meilleures entreprises Les meilleurs talents recherchent les meilleures organisations. La motivation à acquérir des qualifications est aussi fonction de la possibilité de travailler dans des organisations flexibles, qui recherchent ces compétences. Derrière cette relation entre les moyens des entreprises et la motivation des individus se cachent des phénomènes plus superficiels, mais mesurables: le nombre de personnes qualifiées dans les effectifs, et les pratiques d’embauche des sociétés. Cela signifie non seulement que les gens voudront acquérir des qualifications plus adaptées et de plus haut niveau s’ils ont une perspective fondée de pouvoir travailler dans une telle organisation, mais également que les sociétés capables de faire le meilleur usage de ces compétences doivent pouvoir proposer de meilleures rémunérations pour du travail innovant. C’est la conclusion qui ressort clairement d’une comparaison des niveaux de salaire. Sur un marché de plus en plus mondialisé, les professionnels des TIC européens de talent iront frapper à la porte des entreprises qui leur offrent les meilleures possibilités. Or il existe un réel danger de voir de plus en plus ces opportunités sortir des frontières européennes. Et, alors que l’Europe est en train de revoir la stratégie de développement de ses qualifications numériques, voilà qu’elle devient un exportateur net de compétences plutôt qu’un centre régional pour l’innovation de grande valeur. Fâcheux résultat. Et pourtant, c’est la réalité.
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Des paroles aux actes Aujourd’hui, les TIC ont envahi pratiquement tous les aspects de notre vie. Elles sont indissociables de notre désir de prospérité et de compétitivité de l’économie, de protection de notre environnement, d’une société plus démocratique, plus ouverte, et plus inclusive. Mais tout cela ne deviendra réalité que si tous les citoyens se mobilisent et qu’on leur donne les moyens d’être des participants actifs à part entière dans la nouvelle société numérique. Le statu quo n’est pas la solution. Donner les moyens aux gens dans le monde numérique d’aujourd’hui suppose plusieurs choses: d’une part que nous disposions d’un certain nombre de droits dans le nouvel environnement en ligne, en tant qu’utilisateurs et consommateurs; et d’autre part que nous ayons accès à des réseaux à haut débit, avec ou sans fil, fiables et stables. Mais par-dessus tout, cela suppose des compétences numériques; autrement dit, il faut faire en sorte que tout le monde soit compétent et capable de saisir les opportunités qu’offre l’ère numérique. Tout en gardant à l’esprit la nécessité d’une approche globale dans cette « habilitation numérique » de tous les Européens, il faut mettre sur pied une stratégie qui permette d’en évaluer régulièrement les progrès. Par conséquent, il semble opportun de fixer des objectifs concrets, qui nous permettraient de suivre en permanence notre action et voir si elle est adaptée et à même de remplir ces objectifs. À cet égard, la stratégie numérique pour l’Europe propose toute une série d’objectifs d’intégration numérique: notamment, faire passer l’utilisation régulière d’internet de 60 % à 75 % d’ici à 2015 (et de 41 % à 60 % pour les personnes défavorisées) et réduire de moitié le pourcentage de la population n’ayant jamais utilisé internet d’ici 2015 (à 15 %). Tous les adultes doivent pouvoir accéder facilement aux offres de formation aux TIC. En la matière, les mesures proposées pour parvenir à la réalisation de ces objectifs seraient de définir un Plan d’Action d’Alphabétisation et de Compétence Numériques. Cette initiative comprendrait l’élaboration de programmes d’alphabétisation numérique spécialement destinés aux groupes menacés d’exclusion, la promotion de partenariats ainsi que des incitations multipartites pour pousser le secteur privé à proposer une formation à toutes les personnes occupant un emploi. Toutes ces interventions doivent s’inscrire dans le cadre global des initiatives prises dans le secteur de l’éducation. Le potentiel de l’Europe réside dans les qualifications de sa population, son marché du travail et ses entreprises. En l’absence d’infrastructures
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adéquates, l’utilisation des TIC ne peut qu’être limitée; de même qu’en l’absence de qualifications, les retombées économiques et sociales de cet usage resteront réduites à la portion congrue. Si on ne fait rien, la pénurie de qualifications numériques empêchera l’UE d’être compétitive dans l’économie internationale. Pour répondre au double problème de la productivité et de l’efficacité d’un investissement dans du personnel qualifié en technologie, il est fondamental de mettre en place les mesures suivantes: • Accorder plus de place à la gestion de la technologie et prendre conscience des bonnes pratiques générales de management. Pour que cette prise de conscience ait lieu, les dirigeants doivent être mieux formés et mettre systématiquement leurs connaissances en application; de leur côté, les pouvoirs publics doivent inciter les sociétés qui ont une mauvaise gestion à acquérir de meilleures compétences. Cela suppose deux choses: que les dirigeants soient plus diplômés; et que l’enseignement du management comprenne une formation sur les caractéristiques propres aux technologies et les façons d’utiliser au mieux les compétences du personnel qualifié. • Les employés qualifiés doivent être incités à se considérer comme des acteurs dans l’organisation, partager ses objectifs et pouvoir participer à son exploitation. Bien souvent, les employés qualifiés se cantonnent à des tâches strictement techniques et n’ont pas l’occasion de mettre librement en application leurs aptitudes par des moyens innovants qui augmenteraient la productivité. • Veiller à ce que les personnes qualifiées aient des conditions d’emploi reflétant leur niveau de compétence. La prime de licenciement et les indemnités compensatoires, et en particulier le différentiel défavorable entre ceux qui sont qualifiés et les anciens moins qualifiés, dissuadent les débutants de chercher à augmenter leur niveau de compétences. Alors que les entreprises affirment être confrontées à des offres d’emploi non pourvues, rien ne montre que la demande augmente le niveau des salaires des travailleurs ayant des compétences numériques en Europe. • Changer les perspectives de carrière des personnes possédant des compétences numériques: les TIC sont profondément ancrées dans les entreprises les plus performantes. Cependant, le personnel capable de les utiliser est rarement en mesure, et encore moins incité, à tenter les carrières les plus attrayantes dans les grands groupes européens.
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• Les gouvernements doivent veiller à ce que leur recours aux compétences numériques soit exemplaire et que leurs services électroniques soient de très bonne qualité. Ils doivent investir dans des expériences pilotes et des modèles de pratiques d’excellence susceptibles d’influencer plus largement les pratiques organisationnelles dans l’économie de manière générale. • Veiller à ce que les compétences de base soient de qualité comparable sur tous les marchés de l’emploi afin que les employeurs aient une meilleure connaissance des capacités des candidats. Mieux comprendre les attentes professionnelles sera également profitable aux employés, si les titres de qualification et les descriptions de postes sont coordonnés. • À la base, l’augmentation de la productivité grâce aux compétences numériques relève de deux attitudes: la flexibilité à s’adapter aux nouvelles pratiques rapidement et à peu de frais; et l’innovation. La future stratégie pour les compétences numériques doit porter sur ces aptitudes, qui doivent susciter l’enthousiasme dans l’éducation, dans les services publics et dans les programmes publics de sensibilisation. Les faits et les implications sont évidents. Les décideurs politiques, le monde des entreprises, le monde universitaire, les spécialistes des ressources humaines et les chefs d’entreprise sont vivement encouragés à prendre ces conseils pratiques en considération.
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Chapitre 3: Vers une fonction informatique axée sur la valeur Maillon stratégique entre l’industrie des TIC et d’autres secteurs d’activité, qu’il sert, le service informatique d’une entreprise constitue une source vitale d’innovation. Il fait en effet le lien et crée une plateforme démultiplicatrice dans la chaîne de valeur des entreprises en servant de fondement à l’activité métier. Il aide les organisations à conjuguer le capital humain, les procédures et la technologie pour informatiser les procédures de l’entreprise et produire des solutions permettant aux organisations et aux utilisateurs d’être efficaces et inventifs dans leur travail. Enfin, il a pour rôle de convertir en valeur pour l’entreprise les investissements consacrés à l’informatique, c’est-à-dire le capital humain, les procédures et les technologies, avec l’aide d’utilisateurs initiés. Un euro dépensé pour le service informatique devrait rapporter plus d’un euro en valeur entrepreneuriale. Mais est-ce vraiment le cas ? Sommes-nous seulement capables de la mesurer ? De manière générale, les services informatiques pourpeinent à trouver la réponse à ces questions. Les directeurs des systèmes d’information (DSI) de nombreuses entreprises sont incapables d’exprimer et de mesurer avec précision la valeur entrepreneuriale générée par les TIC. Pour parler de cette problématique, on utilise souvent l’expression « paradoxe de productivité de l’informatique », que Robert Solow a définie en ces termes: « On voit des ordinateurs partout sauf dans les statistiques de productivité. » Ce constat contrarie les dirigeants d’entreprise et suscite de la méfiance entre les conseils d’administration et les services informatiques. Dans certains cas, le service en est même relégué au rang de fournisseur opérationnel de l’entreprise, plutôt qu’à celui de partenaire stratégique. Mais si la fonction informatique parvient à résoudre ce problème, c’est l’occasion pour l’entreprise de la faire passer des coulisses au devant de la scène. Outre la mauvaise perception des technologies de l’information au sein des entreprises, on constate un fait tout aussi alarmant: la profession d’informaticien a souvent une image négative. Des observateurs du secteur se plaignent souvent des faibles perspectives d’évolution de carrière, de l’image de geek, de l’enfermement myope dans les seules technologies, de la banalisation croissante et de la baisse d’importance stratégique des
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TIC au sein des entreprises. Dans ces conditions, on comprend facilement pourquoi trop peu d’étudiants en Europe se dirigent vers les technologies de l’information. Et pourtant, selon la loi de Moore, les TIC sont peut-être la ressource la plus dynamique qui soit à l’heure actuelle pour toutes les entreprises, qu’elles appartiennent à l’industrie informatique ou pas. Les conséquences de cette mauvaise image, tant au sein de l’entreprise que de la société, sont manifestes: un nombre insuffisant de travailleurs dûment qualifiés entre et reste dans la profession, et par conséquent, les entreprises européennes ont du mal à tirer profit de la capacité d’innovation des TIC. Aussi, cette pénurie a un impact négatif sur la compétitivité de l’Europe sur la scène internationale. On se trouve peut-être là en présence d’un cercle vicieux. L’incapacité des TIC à démontrer la valeur qu’elles peuvent générer nuit à leur importance stratégique dans les entreprises, et donc au niveau d’investissement qui leur est consacré. Moins on comprend leur importance, moins on y investit, et moins il y aura de possibilités d’y faire carrière. En retour, cela a des répercussions sur le nombre de personnes qui souhaitent embrasser une carrière dans ce domaine, ce qui limite en fin de compte le vivier de compétences dans lequel les entreprises peuvent puiser pour produire une valeur ajoutée. Mais la situation n’est pas pour autant totalement négative. Certaines grandes sociétés européennes réussissent à englober les TIC dans tous les aspects de leurs activités. Ce chapitre se propose d’illustrer plusieurs exemples de ce type et d’étudier également l’ensemble des pratiques et des compétences nécessaires pour y parvenir. À la fin de ce chapitre, nous énumèrerons les recommandations et les mesures qui devraient être prises pour accélérer cette tendance au niveau de toute l’Europe.
Est-ce que ça compte vraiment, les TIC ? Conscient du problème, Martin Curley, directeur d’Intel Labs Europe et co-directeur de l’Innovation Value Institute (IVI), déclare: « Les TIC se mettent à prendre le pas sur toutes les autres forces de changement de l’entreprise et de la société. De plus en plus, on voit la loi de Moore entrer en conflit avec tous les types d’entreprises: outre les belles perspectives d’entrepreneuriat et de commerce que cela crée, il faut aussi s’attendre à des difficultés. » Bien que la technologie, tirée par la loi de Moore, évolue à un rythme très soutenu, les pratiques pour gérer et exploiter les TIC semblent être en perte de vitesse. Il suffit pour s’en rendre compte de lire les déclarations alarmistes de nombreux PDG et d’articles maintes fois cités qui tentent de répondre à la question « Est-ce que ça compte vraiment,
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l’informatique ? » Ce qui montre bien la nécessité de mieux communiquer sur le lien entre l’investissement dans les technologies de l’information et le résultat en termes de valeur pour l’entreprise.
Une spirale descendante L’Innovation Value Institute a constaté que dans de nombreuses entreprises, les départements informatiques font moins bien que prévu et la direction de l’entreprise se montre dès lors réticente à financer toute innovation. Dans de telles structures, l’objectif assigné à la fonction informatique est totalement opérationnel et le potentiel des nouvelles technologies n’est pas reconnu. Par exemple, dans ce genre d’entreprises, on perçoit l’objectif isolé d’introduire l’informatique en nuage comme une possibilité de mieux exécuter des opérations informatiques standard, et non de favoriser l’innovation. Pour résoudre cette situation et enrayer le déclin stratégique des TIC, les DSI doivent mieux en démontrer le potentiel et la valeur. Ils doivent en outre disposer d’un personnel possédant tout à la fois les qualifications et les connaissances nécessaires pour mettre en œuvre cette conception.
Corriger les idées fausses sur les TIC La clé pour s’entourer des bonnes personnes est de disposer d’une maind’œuvre suffisamment qualifiée. C’est un véritable défi dans le contexte industriel actuel. Les jeunes s’imaginent parfois, à tort, que les informaticiens ne travaillent que dans des entreprises d’informatique. En réalité, moins de 50 % d’entre eux sont employés dans l’industrie informatique. La plupart travaillent dans le service informatique d’entreprises utilisatrices de TIC. Selon une autre idée fausse, faire carrière dans l’informatique, c’est se vouer aux technologies. Si l’on considère les technologies de l’information au sens large, on retrouve de moins en moins de purs spécialistes de technologie. La tendance est à un mélange de technologie et de compétences d’autres métiers. En un mot, avoir des techniciens « pur jus » est de moins en moins important. Plusieurs études suggèrent que ce sont les grandes structures qui sont le plus à même d’innover à l’intersection de leur domaine d’activité et du numérique. Les TIC sont d’abord un instrument, et leur capacité à procurer un avantage concurrentiel se déploie davantage lorsqu’elles servent à innover dans une activité professionnelle que lorsqu’elles sont employées seules. Pour que cette innovation advienne, on a de plus en plus besoin de profils à double compétence, l’informatique et un autre métier. Mais à l’heure actuelle, ces profils ne sont pas assez nombreux pour répondre à la demande, ce qui entraîne une perte à la fois en termes d’opportunités
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et en termes de compétitivité. Or cette situation rejaillit durablement sur l’économie et, facteur non moins important, sur le bien-être de la société. Des études récentes font ressortir une diminution du nombre d’étudiants en informatique. Mais ceux-ci ne sont qu’une partie du vivier en compétences numériques; constat qui reflète bien l’image que le grand public se fait des TIC. Cette tendance doit être inversée. Le rôle dévolu aux TIC dans les grandes entreprises européennes est en pleine mutation; les nonspécialistes «pur jus» sont en effet de plus en plus prisés. De plus, avec la démocratisation qu’apportent des technologies plus récentes comme le cloud, on peut s’attendre dans les années à venir à ce qu’il y ait de plus en plus de gens capables de se servir des TIC dans les entreprises. On le voit déjà avec les « PaaS » ou « platform-as-a-service » (plates-formes de services à la demande), des outils de plus en plus sophistiqués et faciles à utiliser, qui vont permettre la construction de solutions informatiques innovantes en dehors de l’environnement traditionnel. Mais il faut pour cela des personnes qualifiées, qui connaissent aussi bien les TIC que l’activité de l’entreprise. Autre lacune conséquente, celle de l’enseignement du numérique en lien avec l’innovation dans le management; on peut y remédier en inscrivant cette matière au programme de MBA des grandes écoles commerciales.
L’importance des TIC Michael Gorriz, président d’EuroCIO, l’Association européenne des DSI, et lui-même DSI de Daimler, explique: « Dans les grandes structures, les technologies de l’information et la gestion de l’information prennent un rôle prépondérant. Cette réalité n’est pas très bien comprise en dehors de l’entreprise. Si leurs systèmes informatiques tombaient en panne, les grandes entreprises cesseraient de fonctionner. Une défaillance prolongée provoquerait inéluctablement la faillite de l’entreprise. Et les répercussions pour les partenaires commerciaux seraient cataclysmiques. » À l’opposé, Michael Gorriz brosse un tableau positif de la manière dont les TIC peuvent servir à innover chez Daimler: « Daimler n’est pas une exception. Les TIC font partie intégrante de toute la structure organisationnelle. Elles interviennent dans tous les processus primaires et secondaires de l’activité. Avant même que le premier morceau de métal soit utilisé, une Mercedes-Benz a déjà parcouru des millions de kilomètres sur ordinateur. Nos véhicules sont conçus, construits et développés en trois dimensions sur l’ordinateur. Les simulations incluent des essais de collision, des tests de résistance et des simulations de conduite. C’est uniquement grâce à ces simulations que l’on peut prévoir le comportement d’un nouveau modèle. »
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Il en va de même pour la chaîne de montage de Mercedes-Benz – tout est modélisé en 3D. Conséquence, les changements imprévus sont devenus rares dans le processus de construction. Les TIC interviennent dans la livraison, le recyclage, la gestion des pièces détachées, le commerce, le marketing, le service clientèle et le service réparation. En réalité, des TIC dépendent toute la rentabilité et l’efficacité de l’entreprise. De plus en plus de clients personnalisent leur véhicule, demandent des devis et organisent des essais sur ordinateur. Une entreprise qui a besoin d’’efficacité opérationnelle ne peut plus se passer de compétences numériques. Et notamment pour l’innovation dans les produits et services, car ce sont les TIC qui font toute la différence, en leur permettant de sortir du rang. De même, chez Intel, les technologies de l’information constituent le centre nerveux de l’entreprise, et de plus en plus souvent son muscle, dans la mesure où la gestion informatique automatisée permet aux diverses usines d’Intel dans le monde de fabriquer et d’expédier plus d’un milliard de pièces de haute qualité et technicité par an. Dans des sociétés comme Intel, où toutes les gammes de produits sont réinventées presque chaque année, c’est encore aux TIC que l’on doit un tel rythme d’innovation. Partout dans le monde, des équipes de concepteurs en contact grâce aux TIC, permettent à Intel et aux entreprises de toutes les branches de l’économie d’innover en permanence. Daimler offre encore un autre exemple de la façon dont les TIC peuvent être l’instrument de l’innovation. Grâce à car2go, le transport de personnes en zone urbaine prend une nouvelle dimension. Pour la première fois, les clients peuvent louer des « Smart Fortwo » n’importe où en ville, à tout moment de la journée, à un tarif à la minute compétitif. Les véhicules libres peuvent être localisés par téléphone portable ou internet et loués sur-lechamp, même pour un aller simple, ou réservés à l’avance. Grâce à l’union du téléphone portable et des technologies informatiques les plus sophistiquées, la location devient un jeu d’enfant. Dans cet exemple, des solutions informatiques innovantes sont à l’origine d’un tout nouveau concept de mobilité et lancent un service ultra rentable. Le service informatique d’Intel, allié au Groupe Intel Corporate Affairs, a créé une plateforme internationale proposant du contenu multimédia pour l’enseignement des sciences et des mathématiques aux enfants partout dans le monde. Mais non content de proposer un outil d’une grande richesse (www.skool.com), qui s’adresse à plus de vingt pays dans le monde dans de nombreuses langues, il a également lancé un partenariat public-privé d’un genre inédit pour garantir la viabilité de la plateforme.
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Autre illustration, l’introduction précoce par le service informatique des TIC de Disney de la photographie numérique dans les parcs à thème, à laquelle la société était opposée au départ, montre comment le département informatique peut prendre une longueur d’avance et permettre à une entreprise non seulement de survivre, mais aussi de prospérer. De fait, l’utilisation de la photo numérique dans ses parcs a été l’occasion pour Disney de multiplier les recettes engrangées auprès des visiteurs tout en rendant leur visite encore plus divertissante. On ne peut qu’être encouragé et stimulé à la lecture de ces exemples. Mais il faut savoir que Daimler, Intel et Disney ne sont pas les seules à mettre les TIC au service de la valeur ajoutée et de l’innovation dans leur entreprise. D’autres grandes organisations en Europe sont en train de leur emboîter le pas. Mais toutes ces organisations sont aux prises avec le même problème: elles manquent cruellement de professionnels qualifiés.
Les qualifications numériques dans les entreprises utilisatrices Quelle conception une entreprise telle que Daimler, pour qui l’informatique est centrale, a-t-elle des qualifications numériques ? Réponse de Michael Gorriz: « Nous avons trois catégories de gens qui travaillent avec l’informatique. Tout d’abord, nous avons ce qu’on appelle généralement les professionnels des TIC, qui travaillent pour le département informatique. Chez Daimler, ils représentent 2 % de la main-d’œuvre. Dans d’autres entreprises, nous voyons des chiffres plus élevés, jusqu’à 10 % et plus dans les services financiers. Ensuite, on trouve un groupe plus étendu, constitué de gros utilisateurs des systèmes informatiques. Notamment le personnel qui travaille dans l’ingénierie, la logistique, la finance et l’administration. Ils ont tous recours aux TIC pour une grande partie de leur travail. Le dernier groupe est composé de toutes les autres personnes qui utilisent des outils informatiques standards tels que l’intranet, le courrier électronique, l’assistance et les systèmes d’information. Ils doivent avoir des compétences numériques générales ou être formés aux systèmes qu’ils utilisent. Indiscutablement, aujourd’hui, dans tous les services d’une entreprise, les employés doivent posséder des compétences numériques pointues. » Des partenariats réunissant plusieurs acteurs se sont mis d’accord en Europe sur une définition des compétences numériques communes à tous les spécialistes des TIC. Des programmes de master sont actuellement en préparation. Cependant, pour faire adopter ce modèle de compétences numériques, il faut que davantage d’entreprises et d’établissements d’enseignement y participent et y adhèrent.
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Malheureusement, dans les trois catégories, on note une pénurie de maind’œuvre ou, plus exactement, de main-d’œuvre offrant les compétences numériques recherchées. Bien entendu, tous les jeunes sont capables de jouer à des jeux sur ordinateur ou d’utiliser les outils des réseaux sociaux. Cependant, une fois embauchés, ils sont nombreux à éprouver des difficultés en face d’un système informatique standard. À ce niveau, la promotion et l’utilisation d’une certification au niveau débutant, tel que le modèle de Passeport de Compétences informatique européen (PCIE) serait un grand pas en avant. Non seulement les étudiants et les entreprises, mais aussi la société dans son ensemble, seraient gagnants si tout le monde pouvait acquérir ces compétences numériques de base. Au-delà du traitement de texte et des tableurs, nous devrions envisager d’y inclure des savoirs élémentaires comme l’utilisation des systèmes administratifs de l’entreprise. Cela devrait favoriser à la fois le professionnalisme et la mobilité de l’emploi. Pour les professionnels des TIC, nous constatons un certain nombre de problèmes. Non seulement il n’y pas assez d’étudiants en science de l’information, en gestion de l’information et dans d’autres sujets connexes (les prévisions tablent sur une pénurie de 10 à 15 %, selon la conjoncture en 2015); mais encore, nous constatons que les autres disciplines accordent trop peu d’attention aux TIC. Dans toutes les disciplines classiques, il faut connaître les TIC pour pouvoir travailler avec professionnalisme, en particulier dans les métiers où l’innovation intervient. Ce constat fait ressortir le décalage entre l’offre des établissements scolaires et les besoins des employeurs. Bien que les universités encouragent l’acquisition de compétences numériques de diverses façons, nous devons veiller à ce que les programmes scolaires évoluent au même rythme que l’environnement des TIC. Les réseaux sociaux et l’informatique en nuage n’existent que depuis peu de temps, mais ils influencent déjà considérablement notre vie. Il est impératif de faire figurer les compétences numériques dans notre plan de formation continue. Une grande structure comme Daimler a l’avantage de coopérer directement avec les universités. La mise en place de formations ou de cours pour les employés est un moyen de faire face aux difficultés que rencontre Daimler. Mais Daimler considère pourtant qu’il faut encore aller plus loin. « Nous avons besoin que la société nous fournisse une main-d’œuvre qualifiée, aux compétences numériques adaptées, qu’ils s’agisse d’ “utilisateurs avancés” ou de professionnels des TIC, souligne Michael Gorriz. Ce n’est pas juste les grandes entreprises qui en ont besoin, c’est une condition sine qua non pour évoluer vers une société de la connaissance. »
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La recherche dans les systèmes d’information pose également problème. En effet, la plupart de ces recherches sont menées dans les universités; et les départements de recherche en systèmes d’information procèdent des sciences du comportement. Aussi précieuse que soit cette discipline, elle reste insuffisante. Aujourd’hui, c’est la science de la conception, dernière née dans le paradigme de la recherche, qui est capable de fournir de nouveaux outils et artéfacts permettant à des cadres, qu’ils dirigent une fonction quelconque ou un service informatique, de gérer et produire plus systématiquement de la valeur à partir des TIC. L’Innovation Value Institute, dont l’essentiel des recherches repose justement sur la science de la conception, crée des outils et des programmes de formation pour des cadres informaticiens en poste. Ce qui distingue cette activité de recherche, c’est qu’elle s’appuie en grande partie sur l’apport de cadres informaticiens des TIC en poste dans diverses entreprises, qui mettent leurs connaissances en commun pour faire avancer leur profession. Une fois regroupées, les connaissances sont codifiées et saisies dans l’« IT Capability Maturity Framework » (IT-CMF), un référentiel et une banque de connaissance évolutifs. En raison du caractère non figé de cette banque de connaissances, on peut lui faire produire spontanément des propositions de formations permettant d’élaborer un enseignement et des formations qui évoluent au rythme effréné du changement technologique. L’effacement des frontières entre le monde universitaire et professionnel est une tendance qui devrait se confirmer dans les années à venir, car elle permet de faire coïncider les besoins des entreprises avec les résultats de la recherche, le but étant de doter les professionnels des TIC de compétences numériques propres à apporter une valeur ajoutée à l’entreprise.
« L’e-compétence » Outre les pénuries de qualifications évoquées plus haut, on voit de plus en plus apparaître une discordance entre l’offre d’enseignements et les besoins de la profession. De plus, en raison du manque de maturité de la profession d’informaticien, il n’est pas possible, au niveau de l’entreprise – et encore moins à l’échelon européen – d’établir de comparaison entre les diverses compétences en TIC et les connaissances des spécialistes du domaine. Cette situation ne peut pas durer. Plus les TIC sont présentes dans tous les aspects de la vie moderne, plus on risque de voir apparaître des interprétations différentes des compétences dont elles relèvent. Une mesure fondamentale pour éviter cette situation consiste à introduire un cadre de référence pour uniformiser la définition des compétences
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numériques en Europe. Il permettra aux écoles, aux établissements d’enseignement supérieur, aux employeurs, aux employés, aux centres de formation et aux agences de recrutement de travailler sur les mêmes bases. De leur côté, les entreprises pourront s’en servir pour définir les postes d’après les compétences numériques requises, et les professionnels pour se situer par rapport aux compétences qu’ils possèdent. Quant aux formateurs, ce cadre leur permettra de décrire en toute transparence les compétences étudiées dans leur cours, facilitant ainsi les choix de formation et les plans de carrière. Les premières versions du Référentiel européen des compétences numériques (eCF) ont démontré sa capacité à jouer le rôle de « pierre de Rosette des e-compétences » en Europe. À terme, il favorisera la mobilité des spécialistes car tout le monde s’y retrouvera, d’une organisation à l’autre et d’un pays à l’autre. Pour qu’il produise tous ses effets, il est urgent que les principales parties prenantes - les entreprises (aussi bien entreprises utilisatrices que SSII), les prestataires de services éducatifs (publics et privés) et les gouvernements (européen, nationaux et régionaux) – adoptent toutes ses mesures phares. La poursuite des mesures prises dans ce domaine s’impose comme une priorité. Sans cette cohérence, on risque de voir apparaître aux niveaux locaux, nationaux et européens une disparité des modèles organisationnels telle qu’elle fera obstacle à la mobilité et à l’évolution de carrière des travailleurs en Europe. Le récent projet de recherche sur le professionnalisme dans le domaine des TIC, une initiative de la DG Entreprises et industrie et sous l’égide de l’Innovation Value Institute et du Conseil Européen des Associations de Professionnels des Technologies de l’Information a avalisé l’adoption du eCF. Relier les compétences individuelles aux capacités organisationnelles est une autre recommandation de l’eCF. Nous allons développer ce point au paragraphe suivant.
Innovation et valeur La valeur et le coût sont, bien entendu, deux concepts différents. Comme le disait Oscar Wilde: « Le cynique est celui qui connaît le prix de toute chose et la valeur d‘aucune ». Nombreux sont les DSI qui auront quelqu’un à l’esprit en lisant cette citation. Dans le domaine des TIC, on accorde une grande importance aux coûts. Et l’économie n’y est pour rien, car il s’agit d’un phénomène persistant. Si on veut tirer pleinement parti des bénéfices économiques de l’innovation nourrie de technologies informatiques, il faut s’attacher davantage à la valeur.
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La difficulté est que cette innovation ne dépend pas seulement des compétences numériques. Elle passe par la résolution d’un autre cassetête: il s’agit d’englober tout à la fois le personnel, les processus et les technologies. En d’autres termes, lorsque les DSI et PDG veulent déterminer les moyens humains et matériels qu’impliquent les TIC dans l’entreprise, ils doivent les envisager dans leur ensemble au lieu de considérer la somme des compétences de chaque employé. À cet égard, comprendre la maturité d’une entreprise donne un aperçu de la nature des stratégies et tactiques qui peuvent être mises en place pour augmenter la valeur ajoutée fournie grâce aux TIC par les ressources humaines, techniques et opérationnelles d’une entreprise. En appliquant des cadres de référence définissant des capacités standards en TIC dans les entreprises, on peut repérer les lacunes de l’organisation en moyens informatiques. L’application d’une telle analyse peut, entre autres, mettre en lumière la nécessité de perfectionner la maîtrise de telle ou telle compétence spécialisée, une formation ciblée d’employés, le recrutement ou la sous-traitance d’employés permettant de répondre à ce besoin. De cette manière, ces référentiels et les compétences en technologie de l’information pourront se compléter parfaitement, et aider les entreprises à augmenter leur valeur ajoutée grâce aux TIC. C’est pourquoi on retrouve une forte relation symbiotique entre les référentiels de capacités des entreprises, tels que l’IT-CMF, et les référentiels de compétences numériques individuelles, tels que l’e-CF.
De nouvelles responsabilités La fonction informatique traverse une phase charnière. La convergence d’importantes tendances telles que l’informatique en nuage, la démocratisation des TIC et l’innovation en matière de services ont toutes une influence sur le rôle du DSI. Il faudra opérer un changement considérable si l’on veut que cette fonction reste pertinente dans les entreprises de demain. Quel que soit le degré de maturité d’une entreprise, les TIC y jouent un rôle central; par conséquent, le DSI doit se préoccuper en premier lieu de jeter les bases d’une solide conformité et d’une fourniture efficace de services. S’il n’a pas la capacité de maintenir des niveaux de service constants, il ne pourra pas évoluer dans la chaîne de valeur. Toutefois, la manière dont le DSI gère les ressources informatiques opérationnelles de base (c’est-àdire dans l’optique de « maintenir le bateau à flot ») risque de changer considérablement au fur et à mesure que l’on passe au modèle des services en nuage, calqué sur la fourniture de services. Et la fourniture de ce service va de plus en plus passer par la gestion des relations avec l’extérieur plutôt
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que de ressources en interne. En réalité, de nombreuses entreprises vont probablement adopter un modèle de cloud hybride, qui conservera en interne des moyens de fourniture destinés aux processus et aux activités les plus sensibles, tout en faisant appel à un écosystème de fournisseurs externes pour les procédures commerciales en contact direct avec la clientèle. La réussite de cette transition nécessitera des changements dans les profils de compétences des DSI comme des informaticiens qui travaillent dans le service informatique. Au fil du temps, l’informatique opérationnelle étant de plus en plus confiée à des fournisseurs externes, il est probable que les DSI se préoccuperont de plus en plus des activités informatiques qui font réaliser des bénéfices à l’entreprise, en utilisant les TIC comme levier de l’innovation. Mais la manière dont cette innovation est créée, mise en œuvre et gérée risque de beaucoup changer. Par exemple, plutôt que de confier principalement l’innovation à la fonction TIC interne, il sera possible, grâce à la sophistication croissante et la facilité d’emploi de solutions sous forme de plates-formes de services à la demande, de concevoir et de mettre en place des solutions à l’extérieur. Pour garantir constance, qualité et cohérence, ainsi qu’une interaction avec les systèmes informatiques articulés sur les cœurs de métier, le travail des DSI doit consister à encourager et à gérer le développement de ces solutions dans l’entreprise. Cela va exiger une mutation du rôle des DSI. On estime actuellement que pour chaque professionnel des TIC, il y a quatre programmeurs centrés sur les besoins d’utilisateurs finaux. À ce jour, la plupart des DSI se préoccupent de maîtriser les dégâts que ces utilisateurs risquent de créer et de les limiter. Au fur et à mesure qu’apparaît le potentiel des nouvelles plates-formes, qui offrent un ensemble de ressources considérables, il faut que le rôle du DSI évolue vers leur adoption et leur exploitation, car leur proximité avec l’activité et leur nombre relatif font qu’elles représentent de formidables occasions de développer de nouvelles sources d’innovation. Il est certain que cette évolution devra passer par une redéfinition des compétences numériques des DSI, des professionnels des TIC et des programmeurs au service d’entreprises utilisatrices. De toute évidence, on risque de plus en plus d’avoir besoin de « doubles casquettes », des professionnels aussi versés dans le numérique que le métier de l’entreprise. Dans cette évolution du monde de travail, les formateurs ont un rôle important à jouer pour répercuter ces changements dans la pédagogie et les formations de la génération future, si l’on veut arriver à fournir un nombre suffisant de personnes qualifiées pour répondre à cette demande croissante. Réfléchir à la manière de former les étudiants en technologie de l’information, et savoir quelles compétences en TIC sont pertinentes pour
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ceux qui ne les étudient pas, là est toute la difficulté. Sans de tels changements, tant les petites que les grandes entreprises européennes ne réussiront pas à tirer profit des perspectives d’innovation de ces technologies, diminuant ainsi la capacité de l’Europe à rivaliser en tant qu’économie mondiale fondée sur la connaissance.
Le DSI est essentiel Le DSI joue un rôle déterminant dans la mise en place des changements nécessaires au sein de l’entreprise, mais ce n’est pas un contexte facile. Mal comprise de la direction, la fonction informatique et ce qu’elle peut apporter à l’entreprise ne sont pas reconnus à leur juste valeur. De même, la direction se borne souvent à réduire les coûts générés au niveau de l’exécution, au lieu de faire des TIC l’instrument de l’innovation. Souvent, cette préoccupation s’explique par l’incapacité des managers du service à illustrer les bénéfices qu’apportent les TIC. Et la situation est aggravée par un manque de compétences dans le métier de l’entreprise chez ceux qui encadrent les informaticiens. De leur côté, si les membres du CA comprennent mal ce que peuvent apporter les TIC, c’est parce qu’ils n’y connaissent pas grand chose. D’un côté, les DSI ont la tâche difficile d’éclairer ces dirigeants peu versés dans le numérique pour les aider à mieux percevoir la valeur de cette fonction pour leur société. Les directeurs financiers apprendront que des coupes budgétaires ne sont pas la solution pour arriver à un département informatique innovant. De l’autre, dans les années à venir (en dépit de l’énorme pénurie de main-d’œuvre qualifiée), les DSI doivent démontrer la valeur ajoutée des TIC pour redynamiser le secteur. Il semblerait que la profession ait entendu le message et que les DSI aient commencé à s’attaquer au problème. Dans un premier temps, l’Innovation Value Institute (composé de nombreuses grandes SSII et entreprises utilisatrices) a élaboré un référentiel et un programme de formation pour aider les DSI à démontrer les bénéfices dus aux TIC. Plus de 500 cadres dans le monde l’ont suivi, et un nouveau programme de formation au management informatique destiné aux « maîtres de la valeur ajoutée » est en route. Parallèlement, l’Association européenne des DSI a commencé à élaborer son propre programme de formation, axé directement sur les exigences côté demande, pour essayer de pourvoir les postes vacants les plus urgents d’un certain nombre de fonctions clés. Un premier groupe d’étudiants a déjà commencé à y participer et la profession a réussi à convaincre un certain nombre d’établissements européens, des écoles de commerce réputées et des universités techniques, de coopérer
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avec elle. L’une des dimensions intéressantes de ce programme est que les étudiants ont la possibilité d’y participer dans n’importe quel établissement souscripteur de différents pays, mais le même certificat unique sera décerné à tous. Il a déjà été décidé d’aligner le cours sur l’e-CF, ce qui pourrait mener aux premiers examens agréés e-CF en Europe. Si ces initiatives représentent d’importantes avancées dans l’amélioration de la gestion des services informatiques, aucune n’a le pouvoir d’augmenter de manière significative le nombre d’étudiants en informatique, ni d’aider les autres professions à mieux comprendre ce domaine. D’autres mesures sont nécessaires pour parvenir à une solution satisfaisante pour l’Europe.
Recommandations L’Association européenne des DSI et l’Innovation Value Institute formulent les recommandations suivantes: Encourager l’adoption du Référentiel européen des compétences numériques. Il faut promouvoir l’e-CF (et les productions connexes du projet sur les profils de responsabilités dans les TIC) dans le secteur des TIC et les industries utilisatrices, ainsi que dans les PME et les administrations d’État. Plus l’adoption du Référentiel européen e-CF se généralisera, plus il sera possible de standardiser les compétences, les profils de responsabilités et la formation, et de favoriser la professionnalisation continue de ce métier. Parallèlement, il faut affiner les profils des responsabilités qui relèvent des TIC, en concertation avec les principaux employeurs de ces professionnels. Les lignes directrices des programmes d’enseignement informatique doivent être actualisées et les établissements scolaires doivent être incités dans toute l’Europe à élaborer des programmes d’enseignement théorique et pratique conformes à l’e-CF. Il est important de mettre à la disposition des professionnels une plateforme commune d’enseignement. Actuellement, il est difficile pour les employeurs comme pour les praticiens de comprendre ce que visent les différents cursus, surtout d’un pays à l’autre. À cet égard, l’harmonisation avec l’e-CF permettrait une plus grande transparence. Améliorer l’enseignement des TIC pour les autres professionnels. Dans la quasi-totalité des professions, les TIC jouent un rôle fondamental, et la compréhension des systèmes informatiques dont relèvent ces métiers est pour ainsi dire essentielle pour les exercer efficacement. Cependant, bien souvent, les programmes enseignés dans les établissements ne correspondent pas aux exigences de la profession, et il faut les retravailler pour que les étudiants apprennent, par exemple, comment les TIC sont appliquées dans leur métier à venir, quels outils informatiques existent et comment on peut aider un service
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informatique à les améliorer. L’informatique est devenue une composante indispensable de toutes les professions, à tel point que pour chaque spécialité il est impératif d’enseigner aux étudiants les compétences numériques correspondantes pour qu’ils s’insèrent rapidement dans leur travail. Le passage à l’informatique en nuage risque d’accentuer cette tendance à mesure que les programmeurs d’entreprises utilisatrices vont prendre conscience de la puissance des nouvelles technologies émergentes (notamment via des environnements de plates-formes de services à la demande). Établir des liens plus étroits entre la profession et les établissements scolaires. La profession et les formateurs doivent se rapprocher davantage. C’est un domaine où il y a déjà eu des avancées significatives, mais il reste de nombreuses lacunes. Par exemple, l’Innovation Value Institute a adopté une approche innovante ouverte, en construisant une banque de connaissances et de programmes intégrés évolutive, qui repose sur les apports permanents de multiples entreprises, universités et organismes publics qui participent à son développement. De même, les comités d’élaboration des programmes d’enseignement de l’Association européenne des DSI font participer des DSI et d’autres professionnels pour faire en sorte que les programmes d’études reflètent les besoins des entreprises. Malheureusement, cet exemple reste peu suivi. Il est rare de voir des génies de l’informatique accéder à des chaires d’enseignement dans des universités respectées ou participer à l’élaboration de programmes d’études correspondant à leur spécialité. Ceci contraste avec d’autres disciplines, telles que le droit, la médecine et l’ingénierie, pour lesquelles des spécialistes chevronnés sont invités à endosser ces rôles. Ces professions pourraient également profiter davantage de la participation de spécialistes à l’élaboration des programmes, afin que les compétences informatiques dont elles relèvent soient inscrites dans les programmes scolaires. Améliorer les relations et la compréhension entre la direction et la fonction informatique. Bon nombre d’entreprises pâtissent de mauvaises relations entre la fonction informatique et l’équipe de direction. Nuisible non seulement pour la productivité et à l’innovation, cette incompréhension peut également être source de risques (par exemple, la direction tient absolument à faire adopter son dernier gadget hi-tech dans le réseau interne, et cela crée un précédent). Une série d’actions de communication et de mesures du même type menées ou appuyées par la Commission européenne, permettrait de sensibiliser les dirigeants d’entreprises et de leur faire mieux comprendre l’importance des TIC pour créer de la valeur et favoriser l’innovation. Le rôle de la fonction informatique a beau connaître une mutation spectaculaire, les cadres supérieurs de certaines entreprises restent obnubilés par la productivité et le coût des TIC, plutôt que de s’intéresser à leur potentiel de moteur de
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l’innovation. L’aide de la Commission dans ce domaine pourrait favoriser une meilleure reconnaissance chez les cadres supérieurs de l’importance croissante des TIC dans les entreprises européennes. Ces communications stratégiques pourraient également aborder d’autres sujets clés tels que la gouvernance de l’information, l’analyse stratégique de l’environnement informatique et les relations direction-service informatique, contribuant ainsi à attirer l’attention des cadres supérieurs de l’entreprise sur ces sujets qui concernent de plus en plus toutes les entreprises, et plus uniquement les SSII. Promouvoir l‘informatique auprès des jeunes. Les cours d’informatique dans les écoles attirent de moins en moins. Ce constat est alarmant et il faut contrecarrer cette tendance. De plus, il est plus que jamais indispensable de sensibiliser et d’informer les jeunes sur le rôle croissant du numérique dans tous les secteurs, pas uniquement dans l’industrie informatique. Lors de récentes interventions dans les écoles, des DSI ont constaté à quel point le rôle de l’informatique était méconnu. À défaut d’une compréhension précise des nombreuses et diverses perspectives de carrière dans l’informatique, on risque de voir peu à peu les jeunes se détourner de cette voie, ce qui constitue à terme une véritable menace pour la capacité de l’Europe à affronter la concurrence. Pour opérer un changement de perception au niveau le plus pertinent, c’est sur les établissements secondaires, voire primaires que doivent porter les efforts. À cet égard, la Semaine européenne des compétences numériques joue d’ores et déjà un rôle essentiel. Une action coordonnée entre la profession, les gouvernements et certains établissements scolaires pourrait contribuer à développer les efforts et soutenir les objectifs clés de la stratégie numérique pour l’Europe. Les recommandations ci-dessus vont dans le même sens que les points d’action cités dans un récent projet de recherche mandaté par la Commission européenne à l’Innovation Value Institute et au CEPIS, dans le but de mettre en place un référentiel européen pour le professionnalisme en matière de TIC. Même si ce projet portait uniquement sur les professionnels des TIC, l’importance de développer des compétences numériques appropriées a joué un rôle moteur dans l’élaboration du référentiel proposé. Du point de vue de la profession, la Commission européenne a pris d’importantes mesures positives. Ces initiatives bénéficient de solides appuis. Ne serait-ce que du secteur des TIC, qui sait combien il est important de les poursuivre et de les conforter sur le long terme, en particulier lorsqu’il considère les bénéfices qu’en retirera la profession. Faire en sorte que l’industrie informatique, les pouvoirs publics et les universités s’accordent et se mobilisent n’est pas une mince tâche, et c’est à ce niveau que les divers acteurs doivent assumer leurs responsabilités.
CHAPITRE 3: VERS UNE FONCTION INFORMATIQUE AXÉE SUR LA VALEUR
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D’après les études, la pénurie en spécialistes compétents devrait atteindre entre 10 et 15 % en 2015, et on risque de voir de plus en plus de jeunes se désintéresser de l’informatique. Conjugué à la disparité grandissante entre la théorie et la pratique des TIC ainsi que le manque de compétences numériques dans les autres professions, il ne fait pas de doute que l’Europe est confrontée à un problème d’une formidable ampleur. Étant donné le rôle de catalyseur d’innovation des TIC pour les entreprises, l’appel à agir sur les compétences numériques en collaboration et en concertation est sans équivoque. Si nous voulons éviter une perte de compétitivité de l’économie européenne, toutes les parties prenantes doivent prendre cet appel à cœur et agir dès à présent.
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Manifeste pour les compétences numériques
Chapitre 4: Libérer tout le potentiel des femmes « Oubliez la Chine, l’Inde et internet: ce sont les femmes qui tirent la croissance économique » The Economist, 15 avril 2006 Selon l’exposé par l’Union européenne des motifs du vieillissement de la main d’oeuvre, « la population européenne en âge de travailler commencera à décroître dès 2012, tandis que les plus de 60 ans continueront de voir leurs rangs grossir de quelque deux millions de personnes par an, d’après un scénario qui tient compte des hausses probables de l’immigration et du taux de natalité ». Il va falloir plus de personnel polyvalent pour répondre aux besoins des grandes entreprises, étant donné le nombre limité des effectifs qui devront occuper le même nombre d’emplois, et la seule manière cohérente d’y arriver sera en rationnalisant l’utilisation des TIC. Des questions importantes doivent cependant être posées: où sont les femmes ? Quelle est leur efficacité au travail ? Quel rôle joueront-elles dans l’avenir des TIC ? Ce chapitre présente des données à ce sujet, examine ce que révèlent les chiffres et explique pourquoi il est désormais temps d’évoluer vers l’égalité des sexes. Le chapitre conclura sur quelques recommandations sur la meilleure façon de faire participer les femmes à l’économie numérique et de faire en sorte que leur contribution soit reconnue à leur juste valeur.
Statistiques, projets et initiatives Les chiffres révèlent que l’écart entre hommes et femmes commence tôt dans l’enseignement des TIC. Il se creuse au niveau supérieur de l’enseignement secondaire et il est encore plus prononcé dans l’enseignement supérieur. Puis il se retrouve dans la vie professionnelle. La première étude détaillée sur l’intérêt, le comportement, les valeurs et les projets des jeunes en ce qui concerne les sciences et la technologie du point de vue de l’apprenant a été menée entre 2003 et 2006 par le Centre norvégien pour l’Enseignement des Sciences à l’Université d’Oslo, en Norvège. Le projet ROSE – « The Relevance of Science Education » (l’importance de l’enseignement des sciences) – a fait la lumière sur les facteurs importants de l’apprentissage des sciences et de la technologie et a rassemblé des données recueillies auprès de 40.000 élèves de quinze ans dans quarante pays.
CHAPITRE 4: LIBÉRER TOUT LE POTENTIEL DES FEMMES
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La pertinence de l'enseignement des sciences Turquie Grèce Portugal Espagne Pologne Rép. tchèque Lettonie Estonie Slovénie Autriche Allemagne Irlande Écosse Irlande du Nord Angleterre Finlande Islande Suède Danemark Norvège 0%
20%
40%
60%
80%
100%
Filles souhaitant travailler dans le domaine de la technologie. Garçons souhaitant travailler dans le domaine de la technologie. Source : Projet ROSE – The Relevance of Science Education (L’importance de l’enseignement des sciences), 2010
Cette étude comparative internationale révèle que dans la plupart des pays européens, très peu de jeunes filles envisagent de se lancer dans une carrière scientifique. En réalité, très peu de jeunes filles dans les pays européens se disent intéressées par un emploi dans le secteur des technologies (il n’existe malheureusement pas de données pour la France sur ce point, cette question ne figurant pas au questionnaire ROSE pour les élèves français). Cette indifférence est confirmée par le faible nombre d’inscriptions aux programmes de premier cycle universitaire parmi les jeunes filles. Elles représentent seulement 10 à 30 % du total des étudiants dans les cours de TIC, et moins de 20 % des employés dans les carrières faisant intervenir les TIC. Dans la recherche en sciences et en ingénierie, les tendances concernant la proportion de femmes en Europe sont similaires: le pourcentage de diplômées en informatique dans toute l’Europe est passé de 25 % en 1998 à 22 % en 2006: des chiffres inférieurs à ceux du Canada (27 %), des ÉtatsUnis (28 %) et de la Corée du Sud où 38 % des diplômés en TIC sont des femmes. Ces tendances inquiétantes se confirment à l’heure actuelle en Europe. Les carrières universitaires des femmes restent nettement marquées par une forte ségrégation verticale. Le pourcentage de femmes a augmenté de 31 % du total des étudiants de premier cycle à 36 % des doctorants et des diplômés, et a reculé de nouveau à 33 % du personnel universitaire de grade C, à 22 % du personnel de grade B et à juste 11 % du personnel de grade A (le fameux « diagramme en ciseaux »).
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Manifeste pour les compétences numériques
100 %
Pourcentages d’hommes et de femmes dans une carrière universitaire type en sciences et en ingénierie Hommes 2006
50 %
0%
Femmes 2006 CITE 5A Étudiants
CITE 5A Diplômés
CITE 6 Étudiants
CITE 6 Diplômés
Grade C
Grade B
Grade A
Source : She figures 2009, Commission européenne, DG Recherche Définition des grades : A : Postes de direction et décision dans le domaine de la recherche. B : Chercheurs occupant des postes moins seniors que ceux du grade A mais hiérarchiquement supérieurs aux doctorants fraîchement diplômés. C : Chercheurs postdoctorants (rang auquel un doctorant fraîchement diplômé sera engagé). CITE 5A : Programmes de l’enseignement supérieur qui fournissent les qualifications nécessaires pour accéder à des programmes de recherche de haut niveau et à des professions exigeant des qualifications pointues. CITE 6 : Programmes de deuxième cycle de l’enseignement supérieur (conduisant à un titre de chercheur hautement qualifié). Domaines de l’éducation SIT = 400 Sciences, mathématiques et informatique + 500 ingénierie, production et construction. Domaines de l’éducation SIT = Ingénierie et Technologie + Sciences naturelles.
Les cinq pays européens qui arborent le pourcentage le plus élevé de femmes parmi les membres du personnel universitaire de grade A sont la Roumanie, la Lettonie, la Bulgarie, la Finlande et le Portugal. En revanche, Malte, le Luxembourg, Chypre, l’Irlande, la Belgique, la Grèce et les PaysBas affichent les plus faibles pourcentages. Les proportions varient de 32 % en Roumanie à 2 % à Malte. Cette sous-représentation des femmes dans les études et carrières liées aux TIC débouche sur une pénurie importante de talents dans les SSII et dans l’économie. En termes de concurrence géographique entre les différents continents, le pourcentage le plus élevé de femmes dans les sciences et l’ingénierie se retrouve en Amérique du Nord/centrale, suivie par l’Europe centrale/de l’Est, l’Amérique du Sud et l’Océanie. L’Europe occidentale est à la traîne et occupe la cinquième place.
CHAPITRE 4: LIBÉRER TOUT LE POTENTIEL DES FEMMES
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Pourcentage d'hommes et de femmes dans les sciences et l'ingénierie en 2008 Science & Ingénierie 2008
1 2 3 4 5 6 7 8
Dans le monde Amérique du Nord/centrale Europe centrale/de l'Est Amérique du Sud Océanie Europe occidentale Moyen-Orient Asie Afrique
Nbre de femmes Nbre. % 1.058.156 39,4 296.894 48,2 92.228 46,9 62.298 44,7 21.909 43,0 268.182 41,8 85.572 40,3 226.337 28,0 4.736 24,5
Nbre d’hommes Nbre. % 1.625.546 60,6 318.714 51,8 104.391 53,1 77.082 55,3 29.003 57,0 373.963 58,2 126.983 59,7 580.850 72,0 14.560 75,5
Total 2.683.702 615.608 196.619 139.380 50.912 642.145 212.555 807.187 19.296
Source : NSF. 2008
L’Europe occidentale occupe une meilleure place si l’on considère le nombre d’ingénieurs. En ce qui concerne la proportion de femmes dans la main d’oeuvre totale, l’Europe occidentale se place en quatrième position après l’Europe centrale/de l’Est, l’Amérique du Sud et l’Océanie. Le manque de femmes qui suivent une formation en rapport avec les TIC influe directement sur le pourcentage de femmes qui sont engagées aujourd’hui comme professionnelles des TIC. Bien que le nombre de jeunes filles qui suivent des formations en rapport avec les TIC dans l’enseignement secondaire soit faible, comme le soulignent des observations britanniques, les femmes sont systématiquement plus performantes que leurs homologues masculins. Il est dès lors raisonnable de supposer que si les femmes étaient plus enclines à se lancer dans une carrière informatique, la qualité et la taille du vivier de talents disponibles pour les employeurs de TIC se verraient considérablement améliorées. Ces dernières années, Accenture a mené une série d’études sur la Journée mondiale de la femme soulignant le rôle prépondérant des TIC dans la capacité des femmes à diriger et l’importance croissante de leur présence dans les postes à responsabilité dans les entreprises. En moyenne, environ 4,000 femmes, cadres dans des moyennes et grandes entreprises de près de vingt pays ont participé aux enquêtes annuelles en ligne. L’étude révèle que les femmes se montrent plus résilientes et note que « dans l’incertitude économique actuelle et la rude concurrence dans notre
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Manifeste pour les compétences numériques
société, les entreprises qui font de la résilience une qualité montante du leadership présenteront un net avantage. » Plus de huit femmes sur dix ont déclaré être disposées à apprendre et à utiliser de nouvelles technologies, telles que les blogs ou les réseaux sociaux, comme moyen de réussite. Plus de 76 % des femmes anticipent l’importance d’exploiter ces technologies. 66 % des femmes ont affirmé s’attendre à ce que les relations gérées grâce aux technologies changent considérablement à l’avenir. En ce qui concerne la situation de la main-d’œuvre féminine en Europe (UE 27), on constate que 31,6 % des personnes travaillant dans le secteur des TIC sont des femmes. Proportion des femmes dans les TIC dans l’UE à 27, 2010 Proportion la plus élevée
Proportion la moins élevée
Lituanie
45,1%
Autriche
30%
Bulgarie
43,9%
Irlande
30%
Lettonie
37,8%
Slovaquie
29,3%
Roumanie
36,2%
Suisse
29,1%
Croatie
35,4%
Royaume-Uni
28,5%
Chypre
35,5%
Danemark
28,2%
Allemagne
34,3%
République tchèque
26,5%
Pologne
34,2%
Turquie
25,1%
Finlande
34%
Islande
24,6%
Pays-Bas
23,4%
Grèce
33,7%
France
33,1%
Source : Global Contact, France, 2012, d’après l'OCDE, Eurostat et l'IESF
La proportion la plus élevée de femmes dans le secteur des TIC (> 35 %) dans l’UE-27 en 2010 a été notée dans les pays suivants: • Lituanie: 45,1 % • Bulgarie: 43,9 % • Lettonie: 37,8 % La proportion la moins élevée de femmes dans le secteur des TIC dans l’UE27 en 2010 a été notée dans les pays suivants: • Danemark: 28,2 % • République tchèque: 26,5 % • Pays-Bas: 23,4 %
CHAPITRE 4: LIBÉRER TOUT LE POTENTIEL DES FEMMES
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Les responsables politiques s’inquiètent de voir le nombre de femmes actives dans le secteur des TIC chuter en Europe (UE-27) puisqu’il est passé de 32,7 % en 2008 à 31,6 % en 2010. Dans certains États membres, tels que le Luxembourg et l’Italie, on constate une augmentation du nombre de femmes travaillant dans les TIC de 5,2 % pour le Luxembourg et 1,8 % pour l’Italie. Alors que dans d’autres pays, comme la Lettonie, le Portugal et le Danemark, leur nombre a considérablement baissé: de 6,1 % en Lettonie, 5 % au Portugal et 3,2 % au Danemark. Il faut examiner cette profonde inégalité dans le détail pour en comprendre les raisons. Cette analyse devrait ensuite mener à des propositions bien documentées et à la mise en place de mesures adéquates pour réduire l’écart entre les pourcentages les plus élevés et les moins élevés. L’enquête européenne sur les compétences professionnelles en informatique menée par le CEPIS auprès de 2.000 professionnels des TIC dans vingt-huit pays d’Europe en 2011 a confirmé les tendances évoquées ci-dessus et la sousreprésentation des femmes dans le secteur des TIC. Il n’y a que deux profils dans lesquelles les femmes sont représentées à plus de 20 %: responsable qualité & auditeur en TIC - 30% - et formateur en TIC - 41%. De plus, la proportion d’informaticiennes professionnelles est inférieure à 10 % dans plusieurs fonctions: responsable de la sécurité informatique, responsable de réseau et ingénieur en systèmes informatiques.
CEPIS Conseil Européen des Associations de Professionnels des Technologies de l'Information Formateur en TIC Responsable qualité & auditeur TIC Responsable TIC Développeur de logiciels Architecte système TIC Responsable sécurité informatique Responsable de réseau Ingénieur systèmes 0%
50%
100%
Professionnelles Professionnels Source : Enquête sur les compétences professionnelles numériques en Europe menée par le CEPIS. Rapport européen 2011
En ce qui concerne les recommandations pour l’avenir, le CEPIS a formulé clairement la nécessité de prendre des mesures de toute urgence pour
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Manifeste pour les compétences numériques
corriger le déséquilibre entre hommes et femmes dans tous les pays et pour accroître la présence des femmes dans les carrières des TIC. Les initiatives actuelles portant sur des personnalités qui servent d’exemples aux jeunes filles et les programmes de mentorat devraient être poursuivies et amplifiées, afin de les reproduire et les étendre. Les États membres devraient proposer des incitations fiscales aux entreprises qui intègrent l’égalité hommes-femmes dans leur culture, leurs pratiques de recrutement et leurs programmes de développement de carrière. S’agissant de l’amélioration du niveau général des compétences numériques en Europe, des études démontrent que pour les femmes, l’apprentissage informel reste toujours l’une des principales manières d’acquérir des compétences numériques; l’auto-apprentissage et les établissements d’enseignement formalisé viennent en deuxième et troisième place. Par contraste, les hommes privilégient l’auto-apprentissage à l’apprentissage informel et l’enseignement en institution. Ces dernières années, des acteurs des secteurs public et privé, des universitaires et des ONG ont lancé d’intéressantes initiatives en faveur de mesures et de projets visant à inciter les jeunes filles et les femmes à améliorer leurs compétences et les mettre à niveau. Le projet de l’Institute for Intelligent Analysis and Information Systems Fraunhofer (IAIS) « Roberta – des jeunes filles découvrent les robots », qui a remporté un franc succès et qui était financé par le ministère fédéral allemand de l’Éducation et de la Recherche (2002-2006), a permis de créer vingt-trois centres Roberta en Allemagne entre 2005 et 2008. Ensuite, grâce à « Roberta passe à l’UE», douze centres régionaux Roberta ont été établis en Autriche, Italie, Suède, Suisse et en Grande-Bretagne. Plusieurs centaines d’enseignants et près de 5.000 enfants ont reçu une formation en Allemagne à laquelle ont participé environ 5.000 jeunes filles dans toute l’Europe. Les cours Roberta ont souvent servi de point de départ auprès des jeunes filles pour former des équipes de robotique participant à des concours de robots tels que le RoboCupJunior ou la FIRST Lego League. Sur les participantes Roberta, 94 % ont déclaré apprécier ces cours, 88 % les recommanderaient à leurs amis et 74 % prendraient volontiers part à d’autres cours. L’IAIS Fraunhofer et l’ECWT travaillent ensemble à trouver une solution pour développer et agrandir ce réseau de robotique pour les jeunes filles dans toute l’Europe. À l’échelon national, les « Computer Clubs for Girls » (CC4G) en GrandeBretagne est le projet qui touche le plus large public et qui connaît un succès
CHAPITRE 4: LIBÉRER TOUT LE POTENTIEL DES FEMMES
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avéré: il motive également des jeunes filles entre dix et quatorze ans à envisager un avenir dans les TIC en leur donnant goût à la technologie grâce à des projets sur la musique, la mode et la célébrité. La dernière version élaborée par le studio Aardman, connu pour la production de Wallace et Gromit, a intégré des ressources électroniques de pointe. Depuis 2005, plus de 135.000 jeunes filles dans 3.800 écoles ont participé au projet CG4G. Depuis, 84 % disent envisager plus sérieusement des études ou une carrière dans les TIC. Avec un parrainage de 600 €, une école peut gérer un club virtuel parascolaire CG4G pendant une année. Les sponsors financent souvent un club local et vont parfois y encourager les jeunes filles dans leurs activités. Aucune connaissance spécialisée en TIC n’est requise, et des organisations de toutes sortes peuvent participer. À l’échelon européen, le Conseil Européen des Associations de Professionnels des Technologies de l’Information (CEPIS), en association avec la Semaine européenne des compétences numériques 2010, a lancé un nouveau prix CEPIS pour les femmes actives dans les TIC dans le but d’encourager des jeunes femmes à se lancer dans des études d’informatique et embrasser une carrière dans ce domaine. Le prix repose sur un concours paneuropéen relatif aux compétences numériques des femmes. En 2010, Anna Voríšková, une adolescente de quatorze ans, originaire de République tchèque, a gagné une bourse d’études de 1 000 € pour son site internet (http://www.folmici. cz/) et son projet de blog. Originaire de Suède, la deuxième lauréate, Louise Luciani, a été distinguée pour avoir créé des clubs d’informatique et joué le rôle d’égérie pour inciter les femmes à entrer dans les TIC. En 2012, les gagnants du prix étaient des jeunes filles grecques, Afroditi Gkertsi, Eirini Kokkinidou et Anastasia Zarafidou, pour leur « BeatBot Robotics » et la deuxième place est allée à Sarka Vavrova, originaire de République tchèque pour son « Electronic Timekeeper » (chronométreur électronique). Pour les groupes plus marginalisés de femmes, il existe certains exemples édifiants. Les femmes représentent plus de la moitié des immigrés en Europe. « Immigrant Women, e-Skills and Employability in Europe » (Les immigrées, les compétences numériques et l’employabilité en Europe), une étude menée en 2009 par TASCHA, et financée par Microsoft, a analysé les effets des programmes de formation en compétences numériques proposés par des ONG, sur l’employabilité et l’intégration sociale des immigrées en Hongrie, en Italie, aux Pays-Bas, en Roumanie et en Espagne. Cette étude a été menée dans le cadre de l’engagement de longue date de Microsoft « Unlimited Potential » d’investir dans le développement des compétences numériques en Europe grâce aux partenariats d’ONG et aux initiatives de formation communautaires qui s’adressent aux personnes insuffisamment dotées en technologie.
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Cette étude, qui portait sur 530 immigrées, a mis en lumière l’importance de l’accès aux TIC pour améliorer le statut social et économique et trouver un emploi. Environ un tiers des immigrées possédaient des connaissances de base en informatique et savaient utiliser internet. 32 % avaient des compétences informatiques intermédiaires et 22 % savaient se servir d’internet à un niveau intermédiaire. Un peu plus de 20 % des femmes ont déclaré n’avoir aucune compétence numérique. L’étude conclut que les femmes immigrées sont confrontées à un « double désavantage » sur le marché de l’emploi, en tant que femmes d’une part et en tant qu’immigrées de l’autre. Pour surmonter les principaux obstacles à l’employabilité, elles nécessitent: un apprentissage en langue, des connaissances sur les questions d’embauche, de l’aide pour élargir leur réseau social et des possibilités de formation. Un autre exemple édifiant est le prix 2011 des compétences pour l’emploi, une initiative de l’Alliance européenne sur les compétences pour l’emploi, et de ses partenaires Microsoft, le groupe Adecco et State Street. Outre les prix « Youth Empowerment through Skills » (Autonomisation des jeunes par les compétences) et « Active Ageing through IT Learning » (Restez actif en vieillissant grâce à l’apprentissage des TIC), un prix spécial, « Empowering Women through Technology » (autonomisation des femmes par la technologie) a été créé pour récompenser de remarquables initiatives par des ONG de formation en TIC et de développement des compétences, en vue d’améliorer les perspectives d’emploi et l’intégration numérique et sociale. Le premier prix et un montant de 5.000 € ont été attribués à l’organisation lituanienne Langas į ateitį « Window to the Future » (Fenêtres ouvertes sur le futur) pour son programme présentant de prometteuses formations en numérique pour les jeunes filles et les femmes et impliquant le secteur privé et la société civile. Langas į ateitį, sous la direction de Loreta Križinauskienė, a formé 45.000 femmes sur les cinq dernières années.
Nous vivons un moment charnière vers l’égalité homme-femme Pour saisir l’importance croissante des nouvelles compétences au 21è siècle, en comparaison à celles qui dominaient au 20è siècle, il faut comprendre le changement remarquable qui s’est opéré dans la société: nous sommes passés d’un monde principalement analogique à un monde complètement numérisé. Josephine Green, directrice principale des Tendances et de la Stratégie chez Philips Design depuis 1997, nous a suggéré de nous représenter le passage de la technologie comme moteur à la technologie comme catalyseur, ou, pour utiliser une autre image, le passage d’un monde pyramidal à celui de la crêpe. Au 20è siècle, l’économie reposait sur les marchés de masse, les économies
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d’échelle et les produits de masse pour stimuler la croissance. Cette période techno-marchande était marquée par une structure de commandement et de contrôle verticale, sur le modèle de la pyramide. Le 21è siècle est celui de l’innovation sociale. Grâce à la technologie, le citoyen devient le créateur de sa propre vie et de son mode de vie. Le World Wide Web, la Toile planétaire, permet d’accéder à tous les niveaux d’innovation. Il ne s’agit pas de consommation, mais de coexistence. Notre société se caractérise par une communication et une gestion interculturelle, reposant principalement sur les Communautés de pratique (CdP) et l’utilisation des TIC. Il s’agit d’un écosystème soutenu par la personnalisation, le sur-mesure. Dans la mesure où la « génération du net » (également appelée « génération Y », les « natifs du numérique » ou les « enfants du millénaire ») commence à occuper des postes à responsabilités, ses caractéristiques et son style d’apprentissage devraient être pris en considération si l’on veut réussir à endiguer le phénomène de sous-représentation des femmes. Il s’agit de la génération des lecteurs MP3, de la messagerie instantanée, des jeux en ligne et du partage de fichiers. Il s’agit de la génération qui croit dur comme fer que la « culture, ça s’enseigne » et qui penche plus pour des RH axés sur les personnes que sur les produits. Les aspects clés de ces modèles sont les théories de la motivation et du progrès dans l’entreprise. Plus que jamais, la société actuelle valorise la diversité, l’intégration et l’égalité entre hommes et femmes. Alors que les hommes ont été les agents du changement à l’ère industrielle, ce sont désormais les femmes qui jouent un rôle clé dans l’innovation. John Hagel III, coprésident du centre Deloitte « Center for the Edge » établi au cœur de la Silicon Valley, qui mène des travaux de recherche originaux et élabore des prises de position sur la croissance des nouvelles entreprises, se fait l’écho de cette opinion: « Dans l’économie numérique de la connaissance, le capital humain supplante les ressources naturelles comme base de la croissance. Les entreprises et les pays qui seront en tête au 21è siècle seront ceux qui auront été en mesure de tirer parti de l’innovation et de la créativité des gens. Les femmes sont indéniablement une force montante dans le vivier de talents. » De nouveaux concepts tels que le retour social sur investissement apparaissent et différents types de compétences sont dès lors nécessaires. Dans le « monde pyramidal », les compétences nécessaires sont: la gestion, la planification, l’établissement du budget, la mesure, l’évaluation, l’organisation, la structuration et le contrôle. Dans le monde horizontal, le « modèle en crêpe », les
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compétences nécessaires sont: l’innovation, la remise en question, la capacité à relever des défis, le rêve, l’imagination, l’expérimentation, l’apprentissage et l’esprit d’entreprise. Présentée par le gouvernement suédois pendant la présidence suédoise de l’Union européenne en 2009, une stratégie d’action pour les TIC jusqu’en 2015 et destinée à la future société de la connaissance de l’Europe, « Une Société verte de la connaissance », a prôné l’investissement dans une politique d’infrastructure souple pour l’Europe, qui tablerait sur le capital social – cette recommandation figurant parmi l’une des dix nécessités impérieuses pour l’avenir formulées par la présidence suédoise. Ce changement de cap correspond très bien au souhait exprimé par les femmes, à savoir de travailler dans des domaines et des professions qui profitent directement à la société et/ou aux personnes et contribuera à retenir les femmes dans le domaine de l’ingénierie. On reconnaît actuellement les avantages économiques en faveur de la diversité. Deux études réalisées par McKinsey, « Les femmes comptent » en 2009 et « Le leadership centré » en 2010 ont observé que les principales caractéristiques de la capacité des femmes à diriger, à savoir la stimulation intellectuelle, l’inspiration, la prise de décision participative et la définition des attentes / rémunérations, étaient primordiales pour sortir de la récession et retrouver la prospérité dans l’économie de crise financière complexe d’aujourd’hui. Le Forum économique mondial révèle que les pays qui montrent l’exemple et font preuve d’équité dans la répartition des ressources entre hommes et femmes, indépendamment de leur niveau de ressources, obtiennent de meilleurs résultats. Dans son étude de 2011, Catalyst a observé une différence de 26 % dans le retour sur le capital investi entre les entreprises du premier quartile avec entre 19 et 44 % de femmes aux postes de direction, et les entreprises du dernier quartile sans aucune femme dans la direction. Le Dr Erkki Ormala, vice-président du département Environnement commercial chez Nokia Corporation et président de DIGITALEUROPE, a souligné lors de la Conférence 2011 sur les compétences numériques à Bruxelles portant sur la compétitivité, la croissance et l’emploi que « faire participer davantage de femmes au développement technologique est une véritable source d’innovation ».
CHAPITRE 4: LIBÉRER TOUT LE POTENTIEL DES FEMMES
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En intégrant davantage de femmes, Nokia poursuit trois objectifs: • Diriger: capacité à être à la tête de la transition vers le marché numérique; • Renforcer les capacités organisationnelles: excellentes aptitudes à exploiter des connaissances, compétences et expériences pour se distinguer de la concurrence; • Offrir une expérience de diversité aux utilisateurs: un bilinguisme homme-femme pour apporter des solutions intéressantes sur le marché.
Médias sociaux Aujourd’hui, les femmes dominent totalement les médias sociaux: toutes catégories d’âges confondues, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à avoir recours à la technologie des réseaux sociaux. En termes de durée d’utilisation, les femmes dominent également l’espace des médias sociaux. Si Facebook était un pays, il serait le troisième plus grand pays du monde en termes de population. Le segment qui affiche la plus forte croissance sur Facebook est celui des femmes de 55 à 65 ans. D’ailleurs, 57 % des utilisateurs Facebook et Twitter sont des femmes. 86 % des femmes aux États-Unis ont leur site dans les médias sociaux et 72 % s’y connectent chaque jour. 80 % des femmes qui utilisent les médias sociaux sont devenues fans de produits et de marques. Lorsque la page « EU Women » a été créée sur Facebook dans le cadre de l’atelier « Women for Smart Growth » (Des femmes pour une croissance intelligente) de l’Assemblée de la stratégie numérique en juin 2011, elle a reçu plus de 14.500 visites et 95 « j’aime » en un mois. Au même moment, LinkedIn a généré plus de 100 membres et quinze discussions en un mois, et la page Twitter @EUWomen a récolté 158 tweets et 91 abonnés dans le mois qui a suivi l’Assemblée de la stratégie numérique. Dans ses prévisions à moyen terme jusqu’en 2020, le Cedefop (Centre européen pour le développement de la formation professionnelle) relève que, dans la mesure où les emplois requièrent de plus en plus de connaissances et de compétences, il est nécessaire d’exploiter le potentiel des inactifs, en particulier des femmes, dont les qualifications dépassent celles des hommes. En règle générale, les taux de participation des femmes au marché du travail sont inférieurs à ceux des hommes. Cependant, ces taux augmentent à
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mesure que les niveaux de qualification s’améliorent alors que les taux de participation des hommes diminuent. À tous les niveaux de qualification, la hiérarchie est la même pour les hommes et les femmes. Toutefois, les taux d’évolution sont généralement plus élevés pour les femmes que les hommes, ce qui montre que les femmes risquent à terme d’être (en termes de diplômes) plus hautement qualifiées que les hommes, excepté pour le niveau de qualification intermédiaire, pour lequel les taux d’évolution sont plus élevés chez les hommes. D’autre part, selon les projections, la proportion de la main-d’œuvre peu qualifiée devrait diminuer en Europe. Cette baisse sera plus forte chez les femmes que les hommes. Ces tendances générales ont été observées dans la plupart des pays. Un autre changement sectoriel qui laisse entrevoir un besoin croissant de main-d’œuvre féminine est cette augmentation continue des emplois dans les services, les services marchands en particulier. L’activité commerciale et d’autres services devraient enregistrer une croissance d’environ sept millions d’emplois. De nouveaux emplois devraient également être créés dans le secteur de la distribution et du transport. Ces prévisions de croissance modérée de l’emploi dans le secteur des services non marchands s’expliquent par la création importante d’emplois dans le domaine des soins de santé et de l’éducation, qui sera toutefois compensée en partie par la faible demande de travail dans l’administration publique en raison des prévisions de restrictions budgétaires.
Le genre dans les innovations Ces dernières années, la valeur ajoutée de la dimension du genre dans la recherche a été mieux perçue. Un nombre croissant de chercheurs utilisent la dimension hommes-femmes de manière prospective comme ressource pour stimuler de nouvelles connaissances et technologies. L’actuel projet « Gendered Innovations » (Le genre dans les innovations) lancé à l’Université de Stanford, est géré en collaboration avec un groupe d’experts sur l’Innovation par le genre, établi par la Commission européenne et rassemblant des experts des vingt-sept États membres de l’Union, sous la direction de l’Université technique de Berlin et de la Fraunhofer Gesellschaft. Le projet développe des méthodes d’analyse des sexospécificités pour les scientifiques et les ingénieurs et fournit des études de cas pour illustrer concrètement comment l’analyse des sexospécificités mène à l’innovation dans trois domaines d’action privilégiés: science, santé et médecine, et ingénierie.
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Recommandations Il est temps d’accorder plus de place à la dimension du genre dans les TIC en Europe et de consacrer plus de moyens à améliorer la situation. Dans une large mesure, la réussite de la stratégie numérique pour l’Europe et de la stratégie Europe 2020 (pour la période 2011-2020) passe par la définition par la Commission européenne et ses partenaires de moyens permettant à un nombre important de femmes, grâce à une collaboration multipartite, d’accéder aux TIC, de les concevoir, les produire et les utiliser, voire de s’en servir pour innover et faire des recherches. C’est toute la profession informatique qui doit collaborer à la constitution d’une réserve de futurs talents féminins pour l’industrie, qui prenne en compte l’ensemble du cycle. Parallèlement, il faut que nous fassions tout pour inciter les femmes qui travaillent déjà dans l’industrie à y rester et à y faire carrière. Les bases de cette collaboration à l’échelon européen ont été jetées lors de la manifestation « Women in Science, Innovation and Technology in The Digital Age » (Les femmes dans les sciences, l’innovation et la technologie à l’ère numérique), conférence organisée par la DG Société de l’information, la présidence hongroise de l’Union européenne et l’ECWT les 7 et 8 mars 2011 à Budapest, et sous le patronage de Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne en charge de la stratégie numérique. Elle s’est conclue par l’adoption de la Déclaration 2011 pour le 100è anniversaire de la Journée internationale de la femme à Budapest. La Déclaration de la Journée internationale de la femme repose sur la note d’information de l’ECWT concernant la préparation de la stratégie numérique et le processus de consultation en ligne qui se sont déroulés de février à la fin du mois de juin 2011. Elle souligne l’importance de mettre en place une infrastructure européenne multipartite durable et de préparer les acteurs européens publics et privés, les universitaires et les ONG à un plan d’action pour l’égalité des sexes dans le cadre de la stratégie numérique. L’Assemblée de la stratégie numérique a confirmé la Déclaration de Budapest les 16 et 17 juin 2011 à Bruxelles et a insisté sur le fait que « l’amélioration des compétences numériques et l’intégration des talents féminins dans toutes les activités liées aux compétences numériques doivent être l’un des piliers de la stratégie numérique ».
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Objectifs
- Investir très tôt dans les jeunes et les jeunes filles en particulier - Adopter les meilleures pratiques pour la prise en compte systématique du souci de l'égalité entre les hommes et les femmes et mettre en exergue les femmes qui jouent un rôle d'exemple - Promouvoir une stratégie numérique qui tienne compte de la problématique de l’égalité entre hommes et femmes - Promouvoir le capital humain et investir dans les femmes - Imposer une meilleure gestion sur la base d’indicateurs de mixité - Suivre les progrès réalisés dans la mise en œuvre de mesures pour l'égalité des sexes
Les TIC pour les défis sociaux
Amélioration des compétences numériques
Recherche et innovation
Internet très rapide
Confiance et sécurité
Interopérabilité et normes
Marché unique numérique
Piliers de la stratégie numérique
Avenir numérique
Source : Rapport, Assemblée sur la stratégie numérique 2011 Atelier «22 femmes pour une croissance intelligente»
La dernière étape vers une application effective de la Déclaration de Budapest est de la faire appuyer à l’audience parlementaire de l’UE durant l’automne 2012 et de faire adopter une résolution qui l’intégrera dans le programme Horizon 2020 de la Commission européenne entre 2014 et 2020. Parmi les recommandations du Centre européen pour les Femmes et la Technologie, citons: • Élaborer un plan d’action européen de long terme avec la participation et l’engagement des parties prenantes, pour promouvoir les femmes et la stratégie sur les compétences numériques. La comparaison des performances et le contrôle annuel des résultats doivent faire partie intégrante de ce plan d’action. • Élargir le Répertoire européen des Femmes et des TIC approuvé par l’Association européenne des compétences numériques en janvier 2010, pour qu’il serve de point d’accès sur les femmes et les compétences numériques en Europe (politiques nationales, meilleures pratiques, recherche, du recrutement aux résultats, de l’acquisition à l’utilisation des compétences, etc.). Promouvoir une étude sur les meilleures pratiques dans les ONG qui proposent des formations en compétences numériques en Europe et veiller à ce que les partenariats multipartites établis pour améliorer l’éducation et renforcer l’intérêt des jeunes pour les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques attachent suffisamment d’importance à la question de l’égalité entre hommes et femmes.
CHAPITRE 4: LIBÉRER TOUT LE POTENTIEL DES FEMMES
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Chapitre 5: Vision pour l’avenir En 2012, l’Europe a toujours cruellement besoin de renouer avec la croissance et la productivité. Bien que les symptômes aigus de la crise financière se soient atténués, les maux sous-jacents n’ont pas été résolus. Un exemple frappant est la montée constante du taux de chômage des jeunes au cours de ces dernières années en Europe. C’est chez les moins de 25 ans que les taux de chômage les plus élevés ont été enregistrés. En Grèce, le taux de chômage a grimpé en flèche pour atteindre 48,1 %, et en Espagne, il a culminé à 49,9 %, selon les données les plus récentes d’Eurostat. Cette tendance alarmante touche nombre de jeunes Européens qualifiés. Ces chiffres sont également la conséquence de l’évolution du marché du travail et de l’emploi en Europe, de l’accélération des transformations au niveau mondial et du déclin partiel de nombreux secteurs industriels traditionnels. Des mesures d’austérité et des programmes de réduction des coûts doivent être mis en place dans les secteurs public, semi-public et privé, mais ils ne permettront pas à eux seuls d’assurer un avenir prospère à l’Europe. La croissance devra s’appuyer sur l’innovation et l’esprit d’entreprise. Dans le même temps, les sociétés européennes ont à résoudre des problèmes cruciaux sur le long terme: il leur faut s’adapter au vieillissement de la population et créer des systèmes de soins de santé plus intelligents et plus efficaces; elles doivent mettre en place des mécanismes pour optimiser l’efficacité et la consommation énergétiques et l’approvisionnement en eau, de même que la gestion du trafic et de la pollution dans des villes en pleine expansion. Dans ce contexte, les TIC sont perçues, à juste titre, comme un outil capable de changer la donne économique et sociétale. La question clé devient alors: comment l’Europe peut-elle promouvoir les compétences numériques adéquates dans ses États membres afin non seulement de permettre l’application des TIC, mais aussi de favoriser l’innovation basée sur les TIC et la création de nouvelles industries et marchés porteurs de croissance ? « Le développement des compétences et de la main-d’œuvre sont la clé de l’avenir économique de l’Europe », souligne Jan Muehlfeit de Microsoft et coprésident de l’Association européenne pour les compétences numériques (EeSA). « Sur la scène internationale, les décideurs politiques sont tombés d’accord pour dire que l’innovation technologique était un facteur crucial pour libérer le potentiel humain. De plus, ils voient dans les nouvelles
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technologies l’outil indispensable pour faire avancer les priorités nationales, des soins de santé à l’éducation, en passant par l’indépendance énergétique et le changement climatique », a-t-il affirmé à juste titre. Considérons dans un premier temps l’innovation en elle-même. L’innovation ne consiste pas à inventer quelque chose de nouveau, mais à créer de la valeur. Comme l’a affirmé Peter F. Drucker, le père du management moderne, il s’agit de conférer aux ressources une nouvelle capacité de créer de la valeur (Innovation and Entrepreneurship, 1985). Les TIC se caractérisent fondamentalement par leur connectivité constamment évolutive, leur production exponentielle de données et l’interdépendance grandissante de leurs composantes techniques, qu’il s’agisse de logiciels, de services, de données ou de périphériques. L’innovation informatique présente certaines particularités qui déterminent la demande de compétences: La rapidité: aucun autre secteur ne présente de cycles d’innovation aussi courts. Même si le secteur des TIC dépend également d’évolutions à long terme, telles que les nouvelles normes en matière de téléphonie mobile ou la recherche fondamentale dans le domaine des technologies de stockage ou de la conception de processeurs, le marché des TIC progresse à un rythme effréné, en particulier les produits et services de consommation. Résultat, les compétences, en particulier les compétences techniques, sont vite obsolètes et exigent d’être sans cesse réactualisées. L’interdépendance: avec les TIC, l’innovation se fait rarement isolément. Les TIC sont profondément interconnectées. Des concepts tels que les stratégies de plateforme sont essentiels à l’industrie. Par conséquent, non seulement la demande en compétences est déterminée par les nouvelles sophistications technologiques, mais elle est aussi fortement influencée par la dynamique du marché. Il en découle un besoin de compétences en stratégie dans le contexte des technologies. La dimension sociale: les TIC ont donné lieu à des phénomènes sociaux tels que le développement collaboratif, les médias sociaux, l’externalisation ouverte et bien d’autres. De la même manière que les TIC sont interdépendantes, elles modifient de plus en plus l’interaction sociale, les organisations et les méthodes de travail. Les TIC ont donc aussi suscité une demande de compétences à l’intersection des nouvelles technologies avec la société et l’environnement juridique et au sein des organisations, en particulier en ce qui concerne la conception de systèmes de services basés sur les TIC, la participation des utilisateurs et la conformité avec les lois.
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La dimension véritablement planétaire: l’industrie des TIC a été l’une des premières à accéder à une dimension véritablement mondiale, tout en étant le vecteur de la mondialisation, comme l’a souligné l’ancien présidentdirecteur général d’IBM, Sam Palmisano, dans son article « The globally integrated enterprise » (L’entreprise intégrée au niveau mondial), paru en 2006 dans le magazine Foreign Affairs. Les TIC ont rendu possibles la collaboration et l’échange de services dans le monde entier et en temps réel. Elles ont permis à leur tour un approvisionnement de talents et une répartition des tâches dans le monde entier. Il en résulte une situation dans laquelle certains aspects des TIC ont une dimension locale, en particulier ceux qui se trouvent à l’intersection avec la société, les utilisateurs et les organisations, et où d’autres s’avèrent de plus en plus concentrés et indépendants de toute contrainte géographique. Par exemple: pour les services que Google offre dans plus de 100 pays, l’entreprise dispose de seulement dix grands centres de données répartis aux quatre coins du globe. Il en va de même pour la concentration du développement et de la recherche dans le domaine des TIC. Dans ce contexte de compétition mondiale, il est essentiel que l’Europe demeure à l’avantgarde des compétences les plus prisées en technologies de l’information et de la communication. L’esprit d’entreprise: le sens de l’action qui anime les entrepreneurs a toujours été le moteur du secteur des TIC. Il y a moins de dix ans, des acteurs mondiaux tels que Facebook et Google venaient à peine de voir le jour. En matière de TIC, l’innovation repose de plus en plus sur l’ouverture, et des activités telles que la gestion d’entreprises issues d’une scission et d’investissements dans des structures externes, ainsi que la croissance par fusions et acquisitions sont monnaie courante dans ce secteur. Les autres industries sont de plus en plus nombreuses à adopter ce modèle. Les constructeurs automobiles européens en sont un bon exemple. Daimler et BMW, deux locomotives de l’innovation dans le domaine des services de mobilité grâce à des investissements dans des structures externes, soutiennent également de jeunes entreprises. La capacité à provoquer transformations et bouleversements: aucune autre technologie n’a eu autant d’impact sur l’industrie et sur le secteur des services. En effet, les TIC déclenchent des vagues d’innovation non seulement par la création de nouveaux produits et services, mais aussi parce qu’elles créent un nouveau centre névralgique au sein de l’entreprise, qui transforme les processus et les modèles d’organisation. En servant de fondement à des modèles économiques entièrement nouveaux, les TIC ont le pouvoir de bouleverser et de réinventer les industries.
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Il s’agit donc d’aspects importants, qui interdisent de s’en tenir à une vision étroite des compétences numériques dépendant exclusivement des technologies. À titre d’exemple, IBM utilise le terme SSME (Service Science, Management & Engineering - science, gestion et ingénierie des services) afin de souligner l’importance des compétences en management, en technologies et en ingénierie pour concevoir les systèmes de services à base de TIC de demain. Technologies intégratives, les TIC doivent être développées et perpétuées par des gens qui disposent de compétences intégrées. Un effort concerté de la part de toutes les parties prenantes est nécessaire pour y parvenir. La formation est au cœur de la solution. Il est évident que pour essentielle qu’elle soit, la discipline universitaire de l’informatique ne peut être qu’une solution partielle aux difficultés que nous avons évoquées. Nous devons également aller plus loin dans l’intégration des compétences numériques et de l’enseignement par les TIC dans nos systèmes d’éducation et de formation continue, en y englobant aussi des compétences de management et de développement d’entreprise. Il ne s’agit pas d’un défi à résoudre une fois pour toutes par la formation; tout professionnel qui s’intéresse aux TIC tout au long de sa vie active est concerné. Comme le fait remarquer Michael Gorriz, DSI chez Daimler: « Avoir la possibilité, comme les professionnels des TIC et les employés effectuant des tâches structurées, d’acquérir et de développer les compétences numériques dont ils ont besoin devrait devenir la règle dans notre société. Les grandes organisations ne sont pas les seules à en avoir besoin; c’est nécessaire aussi pour instaurer petit à petit en Europe une société innovatrice ou ce que l’on appelle parfois une “société de la connaissance”».
Soyez prévenus Des raisons incontournables d’ordre économique, auxquelles s’ajoutent des enjeux sociétaux, exigent que l’Europe soutienne le développement des compétences numériques et s’occupe du rôle des TIC dans l’éducation. Un facteur déterminant en l’espèce est la difficulté d’amener d’autres catégories d’étudiants, en particulier les femmes, à entreprendre des études et à faire carrière dans le domaine des TIC. Il n’est d’ailleurs pas facile de faire passer le message dans les écoles sur l’importance des TIC et des compétences intégrées qui détermineront l’avenir de la profession, même si la plupart des jeunes Européens utilisent les outils informatiques dans de nombreux domaines de leur vie quotidienne. En l’état actuel des choses, l’Europe risque de ne pas disposer d’un vivier fonctionnel où puiser les futurs talents européens dans cette discipline et ce secteur clé du 21è siècle. Il peut y avoir de multiples raisons à cela. Tout d’abord, l’apprentissage assisté par les TIC n’est pas suffisamment intégré dans les programmes d’enseignement primaire et secondaire en Europe. C’est pourtant durant
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cette période de développement que naît la motivation de poursuivre des études et que les compétences de base s’acquièrent. La possibilité d’utiliser les TIC à bien plus vaste échelle dans l’enseignement primaire et secondaire en les intégrant dans les programmes scolaires reste largement inexploitée. Les TIC pourraient offrir aux enseignants de nombreuses occasions d’innover dans leur pédagogie, en particulier en rapprochant le monde scolaire des problèmes concrets de la réalité. Il pourrait s’agir par exemple d’utiliser des données ouvertes et en temps réel sur l’environnement ou la circulation routière dans un cours de géographie, d’accéder à des documents historiques dans des bibliothèques numériques dans un cours d’histoire ou de réaliser des analyses d’informations à partir de grands volumes de données réelles dans un cours de mathématiques. Une autre raison est que dans l’enseignement supérieur en Europe, l’informatique repose traditionnellement sur une approche strictement mathématique et technique. Les études d’informatique font abstraction des compétences numériques essentielles mentionnées plus haut, par exemple les connaissances relatives à la dimension sociale des TIC, à l’esprit d’entreprise, à l’innovation et à la gestion en général. Ces compétences s’acquièrent en général après l’obtention du diplôme, au cours de la vie professionnelle. Mais il y a quand même des universités qui tiennent compte du problème. Ainsi, à l’université de Warwick, en Angleterre, le programme « Key Skills » offre aux étudiants la possibilité de suivre un cycle d’études court pour acquérir ces compétences clés. Le manque de compétences numériques dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur en Europe est largement responsable de la pénurie de professionnels qualifiés en TIC et a créé un marché du travail des TIC où les diplômes universitaires traditionnels ne sont plus le seul critère d’employabilité. En réalité, nombre de professionnels des TIC sont diplômés dans d’autres domaines que l’informatique. Les compétences se démontrent en effet par des réussites obtenues dans un poste qu’on a occupé, au cours d’une carrière, ou bien on se contente de les revendiquer, sans qu’il soit possible de les évaluer et de les vérifier par des moyens officiels.
Le moment est venu d’agir Dans ce Manifeste, des chefs de file de divers domaines d’activité proposent un certain nombre de mesures concrètes destinées à enrichir le vivier de professionnels en TIC, qui permettront, en retour, de rajeunir et de pérenniser un secteur des TIC sain et de disposer d’une main-d’œuvre qualifiée plus importante.
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Commencer dès l’enseignement primaire et secondaire Acquérir des compétences numériques dès le plus jeune âge, de l’école primaire jusqu’au début du cursus universitaire, cela peut transformer quelqu’un. Plus aptes à gérer l’information et à en tirer parti, les élèves développent alors un esprit d’innovation, qui constituera de plus en plus un atout lorsqu’ils entreront sur le marché du travail. Menées dans des écoles et des universités et destinées aux enseignants et aux étudiants, des initiatives telles que l’Imagine Cup de Microsoft, le World Ahead Program d’Intel ou la Science Fair de Google, témoignent du soutien de l’industrie des TIC autant que de l’intérêt manifesté par les élèves et les étudiants. Par exemple, plus de 300.000 étudiants originaires de 142 pays ont participé au concours Imagine Cup 2009-2010. Un trait commun à ces initiatives est qu’elles font appel à la créativité et à l’esprit d’entreprise, tout en exposant les étudiants à des problèmes qui peuvent être résolus à l’aide des TIC. On pourrait aller plus loin et intégrer ces éléments d’apprentissage dans les programmes scolaires pour favoriser l’innovation dans l’organisation des enseignements (par exemple, en explorant de nouveaux espaces et sujets d’apprentissage), ce qui entraînerait une innovation pédagogique à l’aide des TIC. Rendre les carrières dans les TIC plus attrayantes Rendre les TIC plus attrayantes à la fois comme domaine d’activité professionnelle et comme carrière fait partie intégrante de la transformation de l’enseignement de cette matière. Pour que les citoyens européens se sentent prêts à acquérir et développer des compétences numériques dans leur vie professionnelle, les vastes possibilités d’emploi et de progression de carrière qui existent dans le domaine des TIC doivent être présentées sous une forme plus claire. L’une de ces mesures était le lancement du Portail européen des Carrières et Compétences numériques, destiné à faciliter l’adéquation entre compétences et emplois, en plus de briser la stigmatisation dont les carrières dans le secteur des TIC font l’objet. Dans le même ordre d’idées, il est essentiel de modifier radicalement la perception que les jeunes, les femmes et les employés âgés ont des technologies de l’information et des compétences numériques. Un moyen serait de faire appel à des « ambassadeurs numériques » en Europe, des représentants issus des TIC, mais aussi d’autres milieux apparentés, tels que des DSI, des entrepreneurs numériques et des scientifiques éminents, qui seraient mis en avant et donnés en exemple. À défaut de recourir à de telles stratégies, nous risquons de perdre nos meilleurs talents, qui préfèreront d’autres secteurs ou d’autres régions du monde. Si l’on ne brise pas les stéréotypes qui enferment les professions des TIC, ils feront obstacle à la croissance des services informatiques et freineront l’innovation dans presque toutes les entreprises. En outre, les futures avancées doivent tenir compte du rôle actif que peuvent jouer les femmes. Une bonne illustration
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est le « Code des meilleures pratiques des femmes dans les TIC », une initiative de Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne et Commissaire en charge de la stratégie numérique. Il s’agit de la première série de mesures pratiques destinées à mettre en avant l’expérience des femmes dans des carrières numériques. De nombreux partenaires du monde universitaire ou du secteur des TIC y ont adhéré. Accroître et élargir la collaboration entre le milieu universitaire et l’industrie des TIC Dans le monde frénétique des TIC, un monde essentiellement déterminé par l’activité des entreprises et des marchés, le milieu universitaire se doit de maintenir un lien étroit avec la profession. À cet égard, des programmes conçus pour l’industrie avec la participation d’universités, comme le projet « Academic Initiative » d’IBM ou le programme « Academic Alliance » de Microsoft, méritent d’être signalés. Une première mesure a été de mettre des produits et des services à la disposition des universités gratuitement ou à prix réduit. Ensuite, nouvelle étape, des centres de données d’envergure industrielle et des environnements d’analyse de grands volumes de données ont été mis en place, à l’instar d’une campagne d’information sur l’informatique en nuage, la « Cloud Computing University Initiative » d’IBM et de Google. Puis l’industrie des TIC s’est lancée dans des centres de recherche sur les campus, des échanges de personnel et de nouvelles formes de coopération. L’université finlandaise Aalto, créée en collaboration avec le groupe Nokia et d’autres partenaires industriels, en est un exemple. En mettant à la disposition des étudiants des locaux communs pour la conception et les services, elle soutient leur activité entrepreneuriale et leur participation à des projets d’innovation. La profession s’occupe aussi de conseiller les universités sur les moyens d’améliorer et de compléter les cours d’informatique et les programmes d’études connexes. La campagne « Service Science » d’IBM, qui promeut des programmes d’innovation dans les TIC pour la création de systèmes de services complexes tels que les soins de santé et l’énergie, en est un exemple. Dans le cadre des Journées académiques d’IBM, des débats ont été menés récemment sur la manière d’introduire l’analyse de grands volumes de données dans les universités. Au-delà de la collaboration entre les universités et l’industrie dans des domaines tels que les sciences et l’entrepreneuriat, il est nécessaire par ailleurs de resserrer les liens entre les établissements de formation privés, la profession et les universités. On touche ici au sujet, déjà abordé dans cet ouvrage, de la certification à proposer en complément des diplômes universitaires. La plupart du temps, les compétences qui font l’objet d’une certification sont celles qui répondent à des demandes précises du marché, par exemple la maîtrise des méthodes de développement de logiciels, du fonctionnement des produits ou de langages de programmation
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spécifiques. Une certification peut compléter une formation universitaire plus générale par des éléments spécifiques qui permettent à un employeur d’évaluer les compétences d’un professionnel des TIC sur une tâche, une technologie ou un outil. Une certification telle qu’elle est décrite ici répond aussi au problème de la gestion de la qualité et du rythme d’évolution du marché des TIC, qui rend les qualifications spécifiques vite obsolètes. Promouvoir des normes de certification européennes Donner des professionnels des TIC une image positive encourage l’acquisition de connaissances de pointe. Lorsque l’on considère l’investissement que représente l’apprentissage de compétences dans un secteur particulier, la certification constitue un point de référence très important, car elle encourage la mobilité des professionnels et offre une justification au développement de structures professionnelles attrayantes. À cet égard, le Référentiel européen des compétences numériques (eCF) offre un cadre européen consensuel et pluripartite pour les compétences des professionnels du domaine des TIC dans tous les États membres et dans toutes les industries. Susceptible de devenir un atout majeur pour l’Europe, il offre un outil d’orientation fondamental, clair et stable aux entreprises qui doivent prendre des décisions sur des questions de gestion des talents, comme le recrutement, les plans de carrière, la formation et l’évaluation du personnel. Il articule les connaissances, les aptitudes et les compétences telles qu’elles sont requises et appliquées dans le milieu professionnel des TIC dans les secteurs public et privé. Fruit d’un ambitieux travail de lancement par l’INSEAD, les recommandations européennes pour les compétences numériques dans les programmes scolaires, alignées sur le Référentiel eCF, distinguent les professionnels des TIC par un programme d’études normalisé. Il vient ainsi conforter le rôle des universités européennes dans la formation de professionnels des TIC et de responsables disposant de compétences numériques en Europe. De fait, il s’agit là d’un pas dans la bonne direction. Faire coïncider l’offre à la demande Les gouvernements, l’industrie et le monde universitaire doivent travailler en étroite collaboration pour que l’Europe puisse disposer de compétences numériques pointues nécessaires aux nouvelles approches comme le cloud, les TI vertes, la cybersécurité, l’interopérabilité et l’e-santé. Les compétences nécessaires pour assurer le succès de l’industrie des TIC devront évoluer et s’aligner sur les nouveaux flux de croissance. L’impact des compétences numériques sur des secteurs tels que la santé va modifier et améliorer notre stratégie pour affronter certains des plus grands défis de la société.
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Encourager des partenariats pour l’innovation dans l’enseignement des TIC et le développement des compétences numériques en Europe Nous l’avons vu, il reste beaucoup de tâches à accomplir avant que notre vision d’avenir des compétences numériques ne devienne réalité. On peut les résumer ainsi: 1. Créer les compétences numériques intégratives nécessaires aux professions du secteur des TIC de l’avenir; 2. Promouvoir le rôle des TIC et de l’apprentissage assisté par les TIC dans l’enseignement primaire et secondaire afin d’éveiller l’intérêt et la motivation des élèves et des étudiants pour des carrières dans ce domaine; 3. Élargir et améliorer les programmes d’études dans le domaine de l’informatique et des disciplines connexes afin de s’attaquer aux défis à venir dans le secteur des TIC; cela implique une rupture avec l’approche essentiellement technique de la discipline; 4. Créer de nouveaux modèles de partenariat entre le secteur privé et le monde universitaire, en particulier pour favoriser la participation des étudiants dans l’innovation basée sur les TIC et soutenir l’apprentissage entrepreneurial; 5. Compléter les diplômes universitaires par des qualifications informelles mises en place par l’industrie selon des normes acceptées à l’échelle européenne et des programmes de certification. Un certain nombre d’organisations européennes s’occupent de faire avancer l’enseignement des TIC et des compétences numériques selon différentes approches. Ces organisations comprennent, entre autres: l’Institut européen d’innovation et de technologie - ICT Labs (European Institute of Technology and Innovation -EIT), l’Association européenne pour les compétences numériques (European e-Skills Association - EeSA), le Groupe européen des industries d’apprentissage (European Learning Industry Group - ELIG), la Fondation européenne pour le développement du management (European Foundation for Management Development EFMD), European Schoolnet (EUN), et DIGITALEUROPE. Chacune a une spécificité différente: l’EeSA s’occupe de la normalisation des compétences numériques et de la certification, l’ELIG, de l’innovation et des technologies d’apprentissage, l’EFMD de l’acquisition de compétences numériques, de la gestion et de l’entrepreunariat dans le domaine des compétences numériques, European Schoolnet des programmes scolaires,
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l’IET de l’excellence scientifique dans le domaine de l’enseignement des TIC, et DIGITALEUROPE de la représentation générale de l’industrie numérique. À la manière d’un cube dans un jeu de construction, chacune contribue à la réalisation des objectifs globaux exposés dans ce Manifeste et, d’une manière générale, fait avancer radicalement la stratégie numérique de la Commission européenne. Prêts à franchir les prochaines étapes, l’Europe et les États membres doivent à présent traduire en actes les recommandations qui viennent d’être exposées. Les partenariats pour l’innovation dans le domaine de l’enseignement des TIC et des compétences numériques en Europe sont très demandés. Un investissement concerté et de grande envergure est requis de toutes les parties intéressées pour que l’Europe puisse profiter pleinement d’une compétitivité renforcée, d’une croissance plus forte et d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité. Pour réaliser cette ambition, les initiatives doivent s’appuyer sur les pièces du puzzle énoncées dans ce Manifeste. Le moment est venu d’assembler toutes les pièces du puzzle. La stratégie Europe 2020 est la prochaine étape. Dans ce Manifeste, nous, acteurs et partisans de la Stratégie européenne pour les compétences numériques, sommes prêts à jouer notre rôle dans la création d’un partenariat européen d’innovation dans l’enseignement, suite à l’appel lancé par la Commissaire chargée de la stratégie numérique, Neelie Kroes, lors de la conférence Online Educa qui s’est tenue à Berlin en décembre 2011. L’innovation dans l’enseignement aux TIC et le développement de compétences numériques doit devenir l’objectif premier pour l’avenir. La conférence organisée par la présidence danoise les 27 et 28 février 2012 s’est peut-être le plus rapprochée des deux termes qui illustrent le mieux cette vision pour l’avenir: en cette période critique, c’est par l’« attitude numérique » ou la « pensée numérique » que l’on parviendra à tirer la croissance et l’emploi en Europe.
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BIOGRAPHIES DES AUTEURS Pilar del Castillo Vera
Membre du Parlement européen Pilar del Castillo est un membre du Parlement européen originaire d’Espagne. Ancienne Ministre de l’Éducation, de la Culture et du Sport de 2000 à 2004, le Dr del Castillo Vera a été élue au Parlement européen pour la première fois en 2004. Elle est membre du Partido Popular (Parti populaire), qui appartient luimême au Parti populaire européen. Elle est coordinatrice du groupe EPP à la Commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie (ITRE), et membre suppléante à la Commission des affaires économiques et monétaires. Elle est également membre de la Délégation pour les relations avec l’Inde, et de la Délégation à la Commission parlementaire mixte UE-Croatie. Depuis juin 2009, elle est présidente de la Fondation européenne internet et membre du Réseau de politique transatlantique (Transatlantic Policy Network - TPN) et du Forum européen de l’énergie (European Energy Forum - EEF). Pilar del Castillo est aussi membre du forum Knowledge4Innovation (K4I) et présidente du groupe de travail sur l’énergie du Réseau européen d’idées.
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Professeur Martin Curley
Vice président et Directeur, Intel Labs Europe, groupe Intel. Martin Curley est directeur d’Intel Labs Europe et ingénieur en chef à Intel Groupe industriel. Intel Labs Europe est une organisation en réseau comprenant vingt-quatre laboratoires Intel et un millier de chercheurs et de développeurs en Europe, dont la mission est de contribuer à faire progresser à la fois la recherche Intel, la compétitivité et la société européenne. Précédemment, Martin Curley a occupé plusieurs postes chez Intel aux États-Unis et en Europe, à la tête des services TIC et automatisation. Il a également exercé des fonctions de direction et de recherche chez General Electric (Irlande) et Philips (Pays-Bas). Martin Curley est l’auteur et le co-auteur de trois ouvrages sur la gestion de la technologie au service de la valeur, l’innovation et l’entrepreneuriat. Il est également professeur de technologie et d’innovation commerciale à l’université nationale d’Irlande à Maynooth et a en outre été chercheur invité au MIT Sloan. Cofondateur de l’Innovation Value Institute, dont il est le directeur, il aide à diriger un consortium d’innovation ouverte entre l’industrie des TIC et les universités destiné à faire progresser l’encadrement et l’innovation des TIC. Martin Curley est actuellement président du Groupe de Stratégies et de Politiques d’Innovation ouverte de l’UE, et figure également parmi les membres du Panel européen de haut niveau sur la mesure de l’innovation.
BIOGRAPHIES DES AUTEURS
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Eva Fabry
Directrice du Centre européen pour les femmes et la technologie (ECWT) Eva Fabry est l’une des fondatrices de l’ECWT et en est actuellement la directrice. Elle est également présidente du réseau Global Women and Technology (GWT) et chargée des affaires européennes dans le Centre régional d’innovation Papirbredden Innovasjon. Depuis 2000, Eva Fabry participe activement à l’élaboration du réseau international de la Fédération nationale suédoise pour les centres d’information consacrés aux femmes (elle a été membre du conseil d’administration de 2000 à 2007) et de l’Association européenne WinNet (2006-2007). Depuis 2005, Eva Fabry est membre du comité de pilotage du groupe de travail pour les femmes et les TIC (ITF) et est reconnue comme un chef de file dans la Communauté des experts par l’Alliance mondiale pour les TIC et le développement (GAID) de l’ONU. Elle a joué un rôle clé dans la mise en place du Centre européen pour les Femmes et la Technologie (ECWT) dont elle a été élue directrice en juillet 2008. Eva Fabry est également gestionnaire de projet pour le répertoire européen « Femmes et TIC » lancé par la Commission européenne en octobre 2009.
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Manifeste pour les compétences numériques
Dr Michael Gorriz
Directeur des systèmes d’information et responsable de la gestion des technologies de l’information, Daimler AG En janvier 2008, le Dr Michael Gorriz a pris le poste de directeur des systèmes d’information (DSI) et chef du management des technologies de l’information chez Daimler AG. Il est chargé de la stratégie, de la planification et du développement de tous les systèmes informatiques ainsi que de l’exploitation de tous les centres de données et des réseaux de communication de Daimler AG. Le Dr Gorriz rapporte directement à Wilfried Porth, membre du directoire de Daimler et responsable des ressources humaines. Le Dr Michael Gorriz a débuté sa carrière chez Messerschmitt -BölkowBlohm GmbH, une société d’aéronautique allemande, devenue par la suite la filiale de Daimler-Benz DASA, qui a récemment fusionné pour devenir EADS. Au début de l’année 2000, il est passée au département de la gestion des TIC chez Daimler en tant que vice-président des systèmes informatiques de l’entreprise, service dans lequel il est a été promu directeur des systèmes d’information (DSI) chez Mercedes-Benz en 2005. Dans le cadre de cette fonction, le Dr Gorriz est responsable des systèmes TIC dans le département de Mercedes-Benz chez Daimler AG. En 2009, les revues allemandes CIO et Computerwoche ont attribué au Dr Michael Gorriz le titre de « DSI de l’année » pour les grandes entreprises.
BIOGRAPHIES DES AUTEURS
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Peter Hagedoorn
Secrétaire général, EuroCIO Association Peter Hagedoorn travaille dans le secteur des TIC depuis environ 20 ans. En 2000, il devient directeur des systèmes d’information et vice-président de Hagemeyer (une multinationale néerlandaise), puis directeur des systèmes d’information et premier vice-président de Océ NV. En 2004, Peter Hagedoorn ainsi que d’autres DSI néerlandais mettent sur pied la plateforme des DSI néerlandais, une société des DSI, qu’il a présidée pendant cinq ans. En 2005, il se voit attribuer le prix du DSI de l’année en reconnaissance de sa remarquable contribution. Depuis 2008, Hagedoorn est conseiller de plusieurs instances publiques et privées, qui comprennent des fonctions tels que directeur général au sein de la société de conseil en gestion 3Align et coprésident du comité de direction de l’Association européenne des compétences numériques En novembre 2011, Peter Hagedoorn a été nommé premier secrétaire général de l’Association européenne des DSI (successeur d’EuroCIO).
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Manifeste pour les compétences numériques
Edit Herczog
Membre du Parlement européen Edit Herzcog est entrée au MSZP (Parti socialiste hongrois) en 1989. De 1998 à 2004, elle a été députée à l’assemblée nationale hongroise. Depuis 2007, elle est membre de la présidence du parti socialiste hongrois. Élue membre du Parlement européen en 2004, Edit Herczog est devenue par la suite membre à part entière de la Commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs, et membre suppléante des Commissions de l’industrie, de la recherche et de l’énergie, et du contrôle budgétaire. Edit est actuellement membre à part entière de la Commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie, et membre suppléante des Commissions du contrôle budgétaire et du budget. Elle est également trésorière du groupe de l’Alliance progressiste des socialistes & démocrates au Parlement européen. Elle est en outre membre de la présidence du Forum européen de l’Énergie, de la Fondation européenne internet, du groupe Kangourou, du Forum pour l’avenir de l’Énergie nucléaire et du Réseau de Politique transatlantique.
BIOGRAPHIES DES AUTEURS
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John Higgins, CBE
Directeur général de DIGITALEUROPE En novembre 2011, John Higgins est nommé directeur général de DIGITALEUROPE, une association consacrée au secteur de la technologie numérique en Europe, suite à une période de neuf ans à la tête de son association membre britannique, Intellect. Higgins travaille dans le domaine des TIC depuis plus de 20 ans. En 1995, il est nommé directeur général de Rocket Networks, « dot.com » installée en Californie qui a produit les premiers studios d’enregistrement en ligne du monde. Il rentre au Royaume-Uni en 1998 et devient directeur général de la Computing Services & Software Association, l’un des prédécesseurs d’Intellect. Higgins est membre de l’organe de direction de l’université de Warwick et président de son comité d’audit. Il est par ailleurs président du comité d’action de politique globale de l’association World IT Services, WITSA, et membre du conseil d’e-Skills, le conseil des compétences relevant du secteur numérique du Royaume-Uni. Il a obtenu deux distinctions personnelles pour ses contributions exceptionnelles: la première en 2004, dédiée au secteur associatif et la deuxième en 2008, pour le secteur des TIC. La reine lui a décerné le titre de Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique (CBE) en 2005 pour services rendus à l’industrie des TIC au Royaume-Uni.
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Manifeste pour les compétences numériques
Alexa Joyce
Senior Corporate Development Manager European Schoolnet Alexa Joyce est administratrice en chef du développement stratégique chez European Schoolnet, le réseau des ministères de l’Éducation de 30 pays d’Europe. Elle est chargée de créer de nouveaux partenariats et de diriger inGenious, une importante initiative de recherche et de développement sur l’enseignement des STIM (www.ingenious-science.eu). Alexa Joyce travaille depuis treize ans dans l’éducation, où elle s’intéresse surtout à l’enseignement des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques, de même qu’au rôle de la technologie pour accompagner la réforme de l’enseignement dans le domaine de la pédagogie. Elle participe également au programme Hewlett-Packard STEM+ Catalyst en tant que conseillère exécutive et au Comité exécutif de l’Association européenne des compétences numériques. Elle a écrit et collaboré à plusieurs documents stratégiques déterminants, dont ce Manifeste pour les compétences numériques, et le livre blanc de Cisco sur les femmes et les TIC. Elle concentre ses travaux sur les projets de recherche sur les systèmes d’éducation européens. En outre, elle a été conseillère auprès de l’OCDE, l’UICPA et l’Unesco (à Paris en France et à Bangkok en Thaïlande) sur les systèmes éducatifs du monde ainsi que l’éducation dans la région Asie-Pacifique.
BIOGRAPHIES DES AUTEURS
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Werner Korte
Directeur général, empirica Werner B. Korte partage les fonctions de directeur d’empirica (www.empirica.com) avec Simon Robinson. Il est chargé de diriger de nombreux grands projets de recherche et de développement sur les compétences numériques et l’évaluation des politiques, les nouvelles formes de travail, la société de l’information, les indicateurs statistiques correspondant à l’évaluation des compétences numériques et bien d’autres domaines Les projets récents dont il a eu la responsabilité sont une étude intitulée « ICT Skills », sur le suivi de l’offre et de la demande en compétences numériques en Europe (2009-2010), et l’étude « eSkills 21 » sur l’évaluation de la mise en œuvre de la communication sur les compétences numériques pour le 21è siècle » commandée par la DG Entreprises et industrie (2010). Werner Korte a réalisé des études sur les profils de pays sous l’angle des qualifications numériques, complétées par des travaux statistiques pour Cisco Systems. Depuis début 2012, il intervient à titre de coordinateur de projet des études de la DG Entreprises et industrie sur les perspectives, les plans d’action et les scénarios de prévision pour les compétences numériques et les labels de qualité pour la formation aux compétences numériques.
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Manifeste pour les compétences numériques
Dr Bruno Lanvin
Directeur exécutif, eLab INSEAD Le Dr Bruno Lanvin est un ancien cadre dirigeant de la Banque mondiale ainsi que de l’Organisation des Nations Unies et est actuellement le directeur exécutif du eLab de l’Insead. Ses travaux portent sur la compétitivité, l’innovation, les compétences et les réformes de l’État. Il participe depuis longtemps au Forum économique mondial (en particulier dans la création et la production annuelle de l’Indicateur de réceptivité et la rédaction du Rapport annuel mondial sur les technologies de l’information, depuis 2001). Il a joué un rôle de premier plan dans les travaux de l’Insead sur l’innovation, notamment dans l’élaboration du Modèle de préparation à l’innovation (IRM), la personnalisation de l’Indice mondial de l’innovation (GII), le développement de compétences en matière d’innovation, les travaux pour la Commission européenne et les Sommets européens des affaires (EBS) depuis 2009. Au cours de ses vingt années aux Nations Unies, le Dr Lanvin a occupé plusieurs postes de cadre supérieur, notamment celui de chef de cabinet auprès du directeur général de l’Organisation des Nations Unies à New York, de chef de la planification stratégique et ensuite de responsable de l’unité Compétitivité commerciale des PME à la CNUCED/SITE. Souvent invité à intervenir dans des réunions de haut niveau, le Dr Lanvin conseille les entreprises mondiales et les gouvernements sur des questions stratégiques.
BIOGRAPHIES DES AUTEURS
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Andrea Parola
Directeur général de l’Association européenne des compétences numériques (EeSA) Andrea Parola est un consultant établi à Bruxelles. Il est actuellement directeur général de l’Association européenne des compétences numériques (EeSA), une plateforme multipartite située à Bruxelles. L’EeSA est une plateforme européenne de référence dans le développement des compétences en TIC chez les professionnels, les praticiens et les citoyens afin de bâtir une Europe plus inclusive, plus compétitive et plus innovante. L’EeSA encourage l’échange d’idées, la sensibilisation et les bonnes pratiques en Europe et travaille au développement d’outils et de méthodologies pour la gouvernance des e-compétences. Andrea Parola dirige également, en tant que gérant, la société EU Strategy sprl qu’il a fondée en 2009, qui s’occupe d’affaires publiques et de la défense d’intérêts.
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Manifeste pour les compétences numériques
Dr Richard Straub
Secrétaire général, European Learning Industry Group Au cours de ses trente-deux ans de service au sein de la société IBM, le Dr Richard Straub a exercé des fonctions exécutives de premier plan à l’international, notamment celle de directeur général adjoint de PC Europe et de directeur général des formations à l’international. En 2006, il a débuté une nouvelle carrière et il est désormais cadre à temps partiel et entrepreneur social auprès d’associations sans but lucratif. Il est actuellement membre du comité exécutif de la Fondation européenne pour le développement du management (EFMD - European Foundation for Management Development) et secrétaire général du Groupe européen de l’industrie d’apprentissage (ELIG - European Learning Industry Group). Il a en outre exercé un rôle de conseiller stratégique dans le secteur de l’éducation mondiale chez IBM. En tant qu’entrepreneur social, Richard Straub a fondé la Peter Drucker Society d’Autriche en 2008 et la Peter Drucker Society d’Europe en 2010, deux associations qu’il préside. La Peter Drucker Society a pour mission de servir de catalyseur au perfectionnement du management, qui joue un rôle vital dans la société moderne. Elle organise chaque année un événement cristallisateur, le Forum mondial Peter Drucker à Vienne, dont la quatrième édition se tiendra en novembre 2012.
BIOGRAPHIES DES AUTEURS
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Don Tapscott Don Tapscott fait partie des penseurs reconnus dans le monde pour ses travaux sur l’innovation, les médias, ainsi que l’impact économique et social de la technologie. Il conseille des chefs d’entreprise et de gouvernement dans le monde entier. Il est l’auteur et le coauteur de 14 ouvrages à grande diffusion, notamment le best-seller Paradigm Shift, publié en 1992. Paru en 1995, The Digital Economy a été un succès planétaire et a révolutionné la pensée sur internet dans le monde en démontrant son pouvoir de transformation de l’économie. Deux ans plus tard, dans Growing Up Digital, il a créé les notions de « génération du Net » et de « fracture numérique ». Traduit en plus de 25 langues, Wikinomics: How Mass Collaboration Changes Everything (« Wikinomics, comment une collaboration de masse, ça change tout ») a été le livre de management le plus vendu aux États-Unis en 2007. The Economist a qualifié son dernier ouvrage, Macrowikinomics: Rebooting Business and the World, de « récit schumpétérien de destruction créative » et, pour le Huffington Post, il s’apparente « ni plus ni moins à une stratégie visant à recoller les morceaux d’un monde en miettes». En 30 ans, Don Tapscott a introduit de nombreux concepts révolutionnaires qui s’inscrivent aujourd’hui dans la compréhension contemporaine du monde. En 2011, Don a décroché la neuvième place sur la liste de Thinkers50, qui dresse un classement des 50 meilleurs penseurs au monde sur le monde des affaires. Il s’est également retrouvé deuxième au concours des meilleurs penseurs de la mondialisation à l’échelle internationale. Son ouvrage Macrowikinomics a pareillement été classé deuxième au Best Business Book, prix du meilleur livre d’économie des deux dernières années. Il est membre du Forum économique mondial et professeur adjoint de management à la Rotman School of Management, à l’université de Toronto.
100 Manifeste pour les compétences numériques
John Vassallo
Vice-président chargé des affaires européennes, conseiller général associé, Microsoft Europe John Vassallo dirige l’équipe des Affaires générales et réglementaires européennes de Microsoft à Bruxelles. Son poste a été créé pour faire progresser le dialogue de l’entreprise avec les politiques européennes et les autorités de réglementation. John Vassallo est l’ancien président d’AmCham EU, une organisation représentant 140 entreprises d’origine américaine devant les institutions et gouvernements européens à Bruxelles. De 1993 à 1997, Vassallo a été ambassadeur de Malte auprès de l’Union européenne, l’Otan et la Belgique, où il a négocié les délais d’adhésion de son pays à l’UE et à l’Otan. Il est ensuite devenu conseiller principal de General Electric et directeur du Bureau des affaires européennes, basé à Bruxelles, fonction qu’il a exercée jusqu’à son entrée chez Microsoft en 2008.
BIOGRAPHIES DES AUTEURS
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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Accenture. (2008). One step ahead of 2011. A new horizon for working women. Tiré du site web d’Accenture: http://www.accenture. com/SiteCollectionDocuments/Local_Germany/PDF/2008_ ANewHorizonforWorkingWomen.pdf Accenture. (2010). Women Leaders and Resilience – Perspectives from the C-Suite. Tiré du site web d’Accenture: http://www.accenture.com/ SiteCollectionDocuments/PDF/Accenture_Womens_Research_ Women_Leaders_and_Resilience3.pdf Ala-Mutka, K., Punieand, Y., & Redecker, C. (2008). Digital Competence for Lifelong Learning. Dossier de politique générale. Commission européenne. JRC Technical Notes ( JRC48708). Tiré du site web du Centre Commun de Recherche: http://ftp.jrc.es/EURdoc/JRC48708.TN.pdf Andersson, T., Curley, M., & Formica, P. (2010). Knowledge driven entrepreneurship. The key to social and economic transformation. (Innovation, Technology, and Knowledge Management). New York: Springer. BERR , BCS, e-Skills UK, & Intellect. (2008). Women in IT Scorecard. Base de données des plus exhaustives sur les femmes dans le secteur et l’enseignement des TIC. Tiré du site web The National Archives UK: http://webarchive.nationalarchives.gov.uk/20100421065100/e-skills. com/research-and-policy/2535 Programme Britain Works: http://www.microsoft.com/uk/britainworks/britainworks.aspx Cattaneo, G., Husing, T., Kolding, Korte, W.B., & M. , Lifonti, R. (2009). Monitoring e-Skills demand and supply in Europe. Current situation, scenarios, and future development forecasts until 2015. Tiré le 30 mars 2012 du site web eSkills Monitor: http://www.eskills-monitor.eu/documents/eSkills%20Monitor2010_brochure.pdf Cedefop. Skill supply and demand in Europe. Medium Term forecast up to 2020. Tiré du site web du Cedefop: http://www.cedefop.europa.eu/EN/ Files/3052_en.pdf
102 Manifeste pour les compétences numériques
Danish Business Authority and European Commission (2012). European High Level Conference: A Single Digital Market by 2015 - A driver for economic growth and jobs. Tiré du site web de la présidence danoise du Conseil de l’Union européenne. Voir dans la partie discussion la suggestion de l’ancien premier ministre finlandais, Esko Aho, de réaffecter les Fonds structurels européens à l’éducation dans le domaine des TIC: http://eu2012.dk/en/Meetings/Conferences/ Feb/A-Single-Digital-Market-by-2015 Devillard, S., Desvaux, G., & Baumgartner, P. (2007). Women Matter (2008). Gender diversity, a corporate performance driver. McKinsey & Company. Tiré du site web McKinsey & Company DIGITALEUROPE: http://www.digitaleurope.org/ Dolton, P., & Pelkonen, P. (2008) The wage effects of computer use. Journal of Industrial Relations, 46 (4), 587-630. EU Women: https://www.facebook.com/euwomen http://linkd.in/euwomen; @EUWomen Commission européenne, DG Education et culture (2007. (2007). Compétences clés pour l’éducation et la formation tout au long de la vie – Un cadre de référence européen. Journal officiel, L 394. Tiré du site web de la Commission européenne: http://ec.europa.eu/dgs/education_culture/ publ/pdf/ll-learning/keycomp_en.pdf Commission européenne, DG Recherche. (2009). She figures 2009, Statistics and Indicators on Gender Equality in Science. Tiré du site web de la Commission européenne: http://ec.europa.eu/research/science-society/ document_library/pdf_06/she_figures_2009_en.pdf Commission européenne. Demography Report 2008: Meeting Social Needs in an Ageing Society. Brussels: SEC (2008) 2911. Tiré du site web de la Commission européenne: http://ec.europa.eu/social/ BlobServlet?docId=709&langId=en Commission européenne. DG Emploi, affaires sociales et inclusion. (2012). European Vacancy Monitor. (Numéro 5 / janvier 2012). Tiré du site web de la Commission européenne: http://ec.europa.eu/social/BlobServlet?docI d=7314&langId=en
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104 Manifeste pour les compétences numériques
Eurostat. (2012). Youth unemployment rates, EU-27 and EA-17, seasonally adjusted, January 2000-January 2012. Tiré du site web d’Eurostat: FR_Manifesto_v1.indd 10223.7.12 12:07 http://epp.eurostat.ec.europa. eu/statistics_explained/index.php?title=File:Youth_unemployment_ rates,_EU-27_and_EA-17,_seasonally_adjusted,_January_2000_-_ January_2012.PNG&fi%20letimestamp=20120301094915 FDM Group. (2011). Dedicated to Women in IT. Tiré du site web de FDM Group: http://www.fdmgroup.com/us-about_us-women_in_it Forge, S., Blackman, C., Bohlin, E., & Cave, M. (2009). A Green Knowledge Society. An ICT policy agenda to 2015 for Europe’s future knowledge society. SCF Associates Ltd. Tiré du site web de la Commission européenne http://ec.europa.eu/information_society/eeurope/i2010/docs/i2010_ high_level_group/green_knowledge_society.pdf Green, J. (2007). Democratizing the Future. Towards a new era of creativity and growth. Philips Design. Tiré du site web Philips Design: http://www.design.philips.com/philips/shared/assets/Downloadablefile/ democratizing-the-future-14324.pdf Hagel, Bruns, S., & Davidson, L. (2009). Measuring the Forces of Long Term Change: The 2009 Shift Index, Deloitte Center for the Edge. Tiré du site Deloitte: http://www.deloitte.com/view/en_EC/ec/ ca2c68c3dc794210VgnVCM200000bb42f00aRCRD.htm Hasebrink, U., Görzig, A., Haddon, L., Kalmus, V., Livingstone, S., & members of the EU Kids Online network. (2011). Patterns of risk and safety online. Analyse approfondie sur une enquête en ligne sur les enfants de l’UE de 9 à 16 ans et leurs parents dans 25 pays européens. Programme de la Commission européenne pour un internet plus sûr. Tiré du site web de la London School of Economics: http://www2.lse.ac.uk/media@lse/ research/EUKidsOnline/D5%20Patterns%20of%20risk.pdf Hausmann., R., Tyson, L. D. & Zahidi, S. (2011). Global Gender Gap report 2011. World Economic Forum (WEF). Insight Report. Tiré du site web du Forum économique mondial: http://www3.weforum.org/docs/WEF_ GenderGap_Report_2011.pdf
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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Ce Manifeste est produit par European Schoolnet et DIGITALEUROPE dans le cadre de la Semaine européenne des compétences numériques. La Semaine européenne des compétences numériques est une initiative de la Commission européenne financée dans le cadre de son programme-cadre pour la compétitivité et l’innovation (CIP) visant à encourager la compétitivité des entreprises européennes.
Éditeur
European Schoolnet (EUN Partnership AISBL), Rue de Trèves 61, Bruxelles, 1040, Belgique Rédactrices en chef Caroline Bergaud, Natalia Kurop, Alexa Joyce et Colleen Wood Conception, adaptation graphique et impression Josworld (Belgique) et Hofi Studio (République tchèque) Coordination de la traduction Danosh Nasrollahi
108 Manifeste pour les compétences numériques
Ont participé à cet ouvrage Pilar del Castillo Vera Martin Curley Eva Fabry Michael Gorriz Peter Hagedoorn Edit Herczog John Higgins CBE Alexa Joyce Werner Korte Bruno Lanvin Andrea Parola Richard Straub Don Tapscott John Vassallo ISBN 9789490477301 - EAN: 9789490477301 Tirage 14.000
Publié en juin 2012. Les opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles de European Schoolnet, de DIGITALEUROPE, de l’Association des compétences numériques ou de la Commission européenne. Ce livre est publié conformément aux conditions générales de la licence Creative Commons – Attribution 3.0 non transportée (http://creativecommons.org/licenses/by/3.0/).
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MANIFESTE POUR LES COMPÉTENCES NUMÉRIQUES Non seulement en Europe mais partout dans le monde, on commence à assister à l’effondrement de l’économie industrielle et de nombre de ses institutions. Dans le même temps, on voit se dessiner de nouvelles entreprises, de nouvelles industries et une nouvelle civilisation. Face à cette situation, l’Europe se trouve dans une phase critique: écartelée entre, d’un côté, les exigences de la transformation numérique et, de l’autre, la demande en compétences, en savoir-faire et en capital humain et matériel. Afin d’exploiter le potentiel de la révolution numérique et d’évoluer au rythme de la concurrence mondiale, elle a besoin de toute urgence de se doter d’une main-d’œuvre qualifiée. En unissant leurs efforts, le secteur industriel, le système éducatif et les gouvernements ont le pouvoir de mettre en place des mesures sur le long terme, dont la réussite assurera la création d’emplois, la compétitivité et la croissance. Ce Manifeste, plaidoyer pour le développement des compétences numériques, se veut le creuset de cette ambition. S’appuyant sur un large éventail de points de vue, c’est une lecture indispensable pour ceux dont l’intérêt est d’acquérir, de développer et de conserver les talents numériques au cours du 21è siècle.
« Le déficit en moyens numériques est un gigantesque problème. Les marchés du travail sont à présent mondiaux et comme aujourd’hui les entreprises ne travaillent plus qu’en réseau, les travailleurs du savoir sont confrontés à la concurrence en temps réel. Employés et managers doivent apprendre, s’adapter et produire des résultats comme jamais auparavant. » Don Tapscott
Don Tapscott fait partie d’une poignée de penseurs qui font autorité dans le monde pour des travaux sur l’innovation, les médias et l’impact économique et social des technologies. Auteur de best-sellers, il a publié quatorze ouvrages sur la technologie dans le monde des affaires et la société, dont le dernier, Macrowikinomics (écrit avec Anthony D. Williams), a été qualifié par la revue The Economist de « récit schumpétérien de destruction créative » et qui, selon le Huffington Post, s’apparente « ni plus ni moins à une stratégie visant à recoller les morceaux d’un monde en miettes». Don mène actuellement des travaux de recherche sur de nouveaux modèles de résolution de problèmes et de gouvernance à l’échelle planétaire.