Solupa

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Solupa Le Une

soleil. plage du Pacifique au Mexique. Le chant des vagues. Le bleu du ciel mêlé au bleu de l'océan. J'étais au paradis. Je vivais l'enfer. J'étais arrivé par hasard à San Pancho, Nayarit. Au fil de l'errance de quelques semaines. Je ne ressentais plus la fatigue où plutôt je n'y portais plus attention. Perdu dans le questionnement sempiternel de « qu'est-ce que j'fous là ? Pourquoi ?... » Je n'avais pas choisis l'errance au Mexique.

Les autochtones vivent discrètement au rythme des vagues et du vent dans les palmiers. Les étrangers profitent de la douceur de ce bout de plage tranquille. Les voyageurs vont et viennent entre deux bières, la baignade et la sieste au soleil. Le soir quelques feux de camps, des chants, des danses, les percussions... le paradis. Je n'en profitais pas, trop tourmenté par ma situation matérielle. Après avoir épuisé le peu d'argent que j'avais gagné en vendant un peu d'artisanat, de troc, de services, je me retrouvais à bivouaquer sur la plage aux côtés d'autres qui vont et viennent. La chaleur, la soif, la faim, le manque de solutions et d'objectifs, l'abondance d'artisans, la pénurie de clients, le prix exorbitant de tout ont fait que je me résolus à ne plus bouger de mon bivouac jusqu'à ce que se débloque la situation. Économiser mes forces et penser mieux. J'en avais assez de courir après quelques pesos pour de l'eau potable chère... tout est plus cher sur la plage. Avec ma machette je m'occupais à vider les noix de cocos que je ramassais autour du bivouac. J'avais donc de l'eau nutritive, de la nourriture délicieuse, les fibres pour le feu et les noix pour l'artisanat. Patiemment je nettoyais et gravait au couteau les noix. J'avais donc de quoi partager et troquer avec ceux et celles qui passait pour discuter un moment ; car après deux trois jours de pur coco je saturais un peu. Dans la matinée du quatrième jour un grand blond s'approcha. Je l'avais vu jouer du djembé au Soleil. Il dégageait une énergie intense. Je le voyais comme un yogui fou. Sans mot dire il attrapa tranquillement un bol de coco que j'avais terminé de nettoyer. Il sortit une loupe de sa poche et d'un coup de main habile il se mit à brûler le symbole OM à l'intérieur du coco avec une dextérité qui me laissa ébahit. Une fois terminé, il me rendit le coco avec la loupe et me dit en anglais : « Prends la loupe, travaille tes cocos, vends-les, achète toi une loupe et tu me rendras la mienne après. » Il

partit sans que je puisse réagir et dire quoi que ce soit à part merci. Impressionner par cet instant magique, sans réfléchir je me mis à dessiner sur un coco des symboles simples, je découvrais l'art de brûler à la loupe. Avant la fin de la journée je pu m'acheter une loupe, à boire et à manger. Le soir je retrouvais ce maître yogui fou et lui rendit sa loupe avec le coco du OM qu'il avait dessiné. Merci… Jeu d'enfant et art mystique à la fois, cette journée fut un pas évolutif dans ma vie qui m'a réveillé à la sagesse et au pouvoir du Soleil.


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