Alexis Gourvennec, président-fondateur de la Sica de Saint-Pol-de-Léon

Page 1


rigueur des conceptions la clarté de l’exposition l’extraordinaire conviction… La

Pierre Lelong, ancien ministre, ancien député du Finistère

Alexis Gourvennec

Le Bâtisseur Mars 2007

www.sicastpol.fr

ÉDITÉ

PAR

:

• Sica Kerisnel - 29250 Saint-Pol-de-Léon • UCPT BP 114 - 22500 Paimpol • Terres de Saint-Malo Pont-Robin 35350 La Gouesnière RÉDACTION ET RÉALISATION : EXPRESSION - 02 98 68 46 53

Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10

2


3 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n째 10


éditorial

1961

la Bretagne sort à grand-peine des années cinquante,

arriérée, isolée. Certains, dans les années soixante-dix encore, voulaient la maintenir dans cet état pour préserver le pittoresque de ses paysages. Faute de développement économique, l'exode rural se traduit par un exil contraint pour des milliers de jeunes bretons. L'agriculture est alors à l'aube d'une mutation que tout le monde estime nécessaire, mais personne ne souhaite en lancer l'initiative.

19 février

2007

Après une vie tout entière consacrée à la lutte, à la fierté des agriculteurs, à l’essor de sa région, Alexis Gourvennec nous quitte.

Entre ces deux dates, les producteurs de légumes du Nord-Finistère, puis de toute la Bretagne, ont pris en mains leur mise en marché ; les sociétés d'expédition ont pu se concentrer sur le négoce

et

sont

devenues

des

entreprises

commerciales

modernes ; Prince de Bretagne a été créée, pour devenir la marque de légumes frais la mieux connue des consommateurs français ;

la

production

s'est

extraordinairement

diversifiée,

grâce à un réseau d'organismes de recherche, d'expérimentation, de formation ; la Bretagne, désenclavée, est devenue une région de pointe en matière d'initiatives économiques ; les Bretons sont redevenus fiers d'être bretons, ceux qui ont pu rester paysans sont redevenus fiers d'être paysans. 46 années séparent ces deux dates, 46 années pendant lesquelles Alexis a conduit et inspiré les initiatives des producteurs de légumes, tout en jouant un rôle majeur dans le développement de cette région qui en avait tant besoin. Cette brochure n'a pour ambition que d'évoquer le parcours d'Alexis Gourvennec aux côtés des producteurs de légumes, à partir des quelques documents disponibles et de témoignages.

4 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


5 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n째 10


Naissance d’une conscience collective

Docs Lycée Agricole Professionnel “Le Nivot”

6 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


a appris à une cer"Ontainenousépoque à l'école pri-

Un ancien producteur de Plouénan 7

Et en réalité, en l'espace de trente ou quarante ans, donc en une génération, cette région, globalement considérée comme pauvre, est devenue la première région agricole française… En fait, nous avons eu la chance d'être assez pauvres pour ne pas avoir envie de le rester, et pas trop pauvres pour être capables de réagir."

1996

“Je me souviens d'un voyage en Hollande… Alexis devait avoir 17 ou 18 ans. Il était allé à Morlaix demander au docteur Le Duc, maire et conseiller général, une subvention pour aider au financement du voyage. Il avait été tellement convaincant qu'il était revenu avec assez d'argent pour payer deux voyages ! Nous avons visité les veilings hollandais, qui vendaient les légumes au cadran chaque jour. Quelle différence avec nos marchés archaïques qui traînaient en longueur ! Tout le monde était impressionné. Sur le chemin du retour, Alexis a dit : « Il nous faut un cadran en Bretagne ! »”

maire que la Bretagne était une région pauvre où l'on trouvait essentiellement de la lande et du genêt. Puis les professeurs de technologie et d'économie nous apprenaient que la Bretagne occupait une mauvaise place tant par la qualité que par la quantité de ses produits, et nous ont laissé penser qu'on n'y pouvait pas grand-chose et que la Bretagne serait définitivement pauvre ! Le décor semblait définitivement planté.

Alexis Gourvennec, discours de 1996. Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


Naissance d’une conscience collective

Extrait de la brochure “Bulletin du Nivot”, 1949.

Jean Moal, interview pour le Sica Infos Mars 2001

“Lorsque je me suis lancé en production porcine, nous avions une situation comparable à ce que

“N

otre projet est né à partir

mienne, qui était la formation

de la formation de quelques-uns,

moyenne

à travers des réunions qui se

agriculteurs

tenaient à Paris ou en province,

Parallèlement, il y a eu des orga-

au

nisations,

accordée à

ce

aux

jeunes

moment-là.

j'avais connu en légumes. Il fallait réagir. Nous l'avons fait de manière différente, parce que la production

CNJA,

au

Cenag

(Centre

comme

les

CETA,

porcine n'est pas limitée au Nord-

d'étude national de l'agriculture

centres d'action technique agri-

de

son

cole. C'étaient des groupes de 8

influence à une certaine période,

ou 10 paysans qui se réunis-

à travers le livre du père Henri

saient

classement, garantie de paiement…

de Farcy sur les marchés. En

concours d'un technicien pour

Jean Moal, administrateur fondateur de la Sica, président fondateur de la coopérative LT, président fondateur du Marché du Porc Breton

même temps, de très nombreux

améliorer leur technicité dans le

voyages en France et à l'étran-

métier. C'était un contact sup-

ger

plémentaire qui faisait avancer

Bretagne. On ne pouvait pas avoir les mêmes prétentions, on ne pou-

groupe),

qui

a

eu

vait pas centraliser la totalité de la mise en marché. C'est bien dommage. Mais la Sica a été un

régulièrement

avec

le

modèle : vente publique, contrôle du

étaient

organisés

les

syndicats, les coopératives, des

dans le métier.

mouvements

Des

La structure syndicale, mise en

jeunes avaient bénéficié de for-

place à la fin des années cin-

mation. Alexis, qui a huit ans de

quante, organisée en quartiers,

moins que moi, avait une solide

rendait possible de faire passer

formation

l'information auprès de l'ensem-

de

par

8 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10

par

jeunes.

rapport

à

la


ble des paysans. Les réunions de

quartiers

pour

préparer

“Le Léon a évolué plus vite que les autres, c'est vrai, mais cela ne veut évidemment pas dire que nous sommes plus futés. C'est le hasard de la terre du Léon et la production très particulière qui y est née qui ont engendré cette habitude du mouvement, de l'action. Dans les régions à agriculture traditionnelle, c'est-à-dire orientée essentiellement vers l'élevage et le lait, le jeune garçon de quinze ans n'avait pour tout contact avec les autres que les deux ou trois foires auxquelles il assistait dans son année avec son père. Le reste de son temps, il le vivait en circuit fermé entre les haies de sa terre, avec ça et là quelques échanges avec son proche voisin. Chez nous, dans la zone légumière, les gosses sitôt débrouillés étaient souvent chargés de livrer la production, de faire plusieurs marchés par semaine. Ainsi, ils voyaient des gens de tous les milieux ; et ils entendaient de la conversation, du bavardage (…). Cette plus grande possibilité d'échanges entre les hommes dès l'enfance a incontestablement favorisé le développement plus rapide des paysans nord-finistériens, et plus encore ceux du Léon."

notre projet se sont comptées par centaines. Cette multitude de réunions a permis aux responsables

d'élargir

leurs

rela-

tions avec des gens susceptibles d'être des chefs de file. Si nous n'avions

pas

eu

le

contact

direct, au travers de ces réunions, avec l'ensemble de la production, nous aurions été des isolés.”

Alexis Gourvennec, cité dans “Paysan directeur général”, de L.-R. Dautriat et A. Baudouin 9 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


Vers l’organisation du marché

On avait un détonateur, c'était Alexis. À chaque fois, il était là pour résoudre les problèmes. C'est véritablement un homme hors du commun. Déjà, à 17 ans, c'était quelque chose de l'entendre prononcer un discours ! Certains élus à l'époque en ont gardé un souvenir cuisant… Jean-Marie Saillour administrateur fondateur de la Sica

Ça

devait

être

à

l'automne

1962,

ou

peut-être à l'hiver 1963… J'étais alors conseiller

technique

du

Premier

minis-

tre Georges Pompidou, dont le gouvernement était en place depuis quelques mois. Il

faisait

nuit,

il

était

peut-être

huit

heures du soir, j'étais encore au bureau. Un huissier qui était encore là me passe un papier et me dit « Voilà, il y a ce monsieur-là qui veut vous voir ». Je suis tombé en face d'un type qui avait l'air beaucoup plus jeune que moi — je n'étais pas vieux —

c'était

un

ange

blond

aux

yeux

bleus,

s'exprimant mieux qu'un conseiller d'État ou qu'un inspecteur des finances, d'abord parce

qu'il

y

avait

moins

de

langue

de

bois. On a parlé pendant deux heures. Lui devait se dire voilà un gars qu'il faut que je mette dans ma poche. Moi, je dois dire que j'étais tout simplement envoûté.

Ventes directes organisées par les producteurs à Paris.

Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10

Pierre Lelong, ancien ministre, ancien député du Finistère,

10

à l’assemblée générale de la Sica, 2004.


Après la guerre, à une époque que je n'ai pas connue, les expéditions se faisaient beaucoup par wagons. La gare de marchandises de Saint-Pol-de-Léon était l'une des plus importantes

de

France !

L'Allemagne

était

desservie

par

des

wagons frigos Stef chargés de cubes de glace. Quelques années avant

mon

arrivée

dans

l'entreprise,

c'était

encore

par

files

entières que les camions attendaient leur tour pour entrer à la gare. L'entreprise chargeait aussi des caboteurs au départ de Roscoff à destination de Plymouth. Les légumes étaient chargés dans les bateaux, puis il fallait prévoir des camions anglais pour livrer sur place. À une époque, il y a eu des volumes très importants vers la Grande-Bretagne, notamment en pommes de terre primeurs. On a alors envoyé des camions au Havre : ils traversaient par Normandie Ferries et pouvaient livrer directement sur place. Quand on pense que les camions quittaient Saint-Pol par la route étroite de la corniche le long de la rivière, puis devaient traverser la ville encombrée de Morlaix avant de prendre la « grand-route », aux multiples côtes et virages, qui traversait de nombreuses villes comme Guingamp, Saint-Brieuc ou Dinan ! C'est dire si les efforts de désenclavement menés dans les années soixante-dix ont été importants pour notre activité ! Gérard Calarnou, directeur général

MARS 1957 Crise du chou-fleur. Les producteurs se réunissent et constatent l’insuffisance du marché traditionnel. Ils créent une commission, réunissant producteurs, négociants et collectivités locales, dans le but d’organiser un marché aux légumes.

JUIN 1958 Crise de l’artichaut. La FDSEA décide une grève des coupes. Cet épisode difficile montre aux dirigeants la nécessité d’une organisation syndicale solide, cohérente et efficace.

Le 17 mars 1957, devant un constat de mévente, le marché s'est terminé par une grande assemblée générale salle Sainte-Thérèse, devant 900 ou 1 000 cultivateurs. Elle a abouti à la première commission d'organisation du marché, qui devait déposer ses conclusions sous trois mois. Jean-Louis Lallouët, producteur, président du Comité de l'artichaut. Extrait d’un film de la Sica des années quatre-vingt.

11

Fondation du comité de l’artichaut. Alexis Gourvennec (22 ans) en est élu président. L’objectif est de supprimer les ventes de drageons à l’extérieur de la région. D’autres régions productrices, intéressées par cette culture, étaient soumises à la destruction des plants par le gel, et ne pouvaient donc produire durablement qu’en achetant les drageons bretons. Cette vente représente une source de revenus pour les producteurs du Léon, mais favorise une concurrence néfaste pour le maintien du prix de l’artichaut. Le Comité de l’artichaut met en place une organisation basée sur des comités de quartiers. Une cotisation est prélevée pour indemniser les producteurs d’artichauts rouges, une culture spécifique destinée uniquement à la vente de drageons. L’opération est un succès, mais les producteurs prennent conscience des limites de la discipline syndicale. Le sacrifice consenti par les producteurs qui suivent les décisions collectives augmente l’intérêt financier, et donc la tentation pour les contrevenants. L’idée qu’une loi doit imposer les décisions collectives prendra plus tard toute son importance.

LES DATES

DÉCEMBRE 1958

Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


Vers l’organisation du marché

La première salle de vente était un vulgaire hangar agricole, à 100 mètres de la cathédrale, qu'on avait construit bien sûr sans permis, car on savait que si on l'avait sollicité, on ne l'aurait jamais obtenu. Alexis Gourvennec, extrait du film "L'épopée d'une organisation paysanne", Sica 2004

12 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


Ouest-France 28 juin 1961

JUIN 1959 Devant la crise de l’artichaut, les producteurs décident d’éliminer le gros calibre.

La “bataille de l’artichaut”. Les producteurs prennent la décision de ne pas vendre au-dessous d’un prix plancher de 0,20 F. Les invendus seront détruits. Une cotisation est mise en place pour indemniser les producteurs. Les pouvoirs publics appuient cette décision et versent une somme égale à celle consentie par les producteurs. Mais la crise est telle que cet effort ne suffira pas. Des ventes directes sont organisées sur Paris. Elles obtiennent, sinon la rentabilité, du moins un succès d’estime auprès des consommateurs.

20 NOVEMBRE 1960

13

LES DATES

MAI-JUIN 1960

Lassés de ne pas voir aboutir le projet d’organisation du marché, sur lequel tout le monde — pouvoirs publics, expéditeurs, emballeurs, transporteurs — est en théorie d’accord, les producteurs, réunis à Morlaix, décident de prendre l’affaire en main.

Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


8 juin 1961 La prise de la sous-préfecture était pour nous un acte plutôt symbolique. On s'est attaqué à une sous-préfecture, représentant le gouvernement de l'époque qui, après nous avoir incités à nous organiser, ne mettait pas à notre disposition les moyens qui nous permettaient de parachever cette organisation. Jean Moal, extrait d’un film des années quatre-vingt

Ouest-France 9 juin 1961

Ouest-France juin 1961

14 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


20 JANVIER 1961

Jean-Marie Saillour raconte parfois l'anecdote de la « prise » de la sous-préfecture de Morlaix

La Sica de Saint-Pol-de-Léon est créée. Président : Alexis Gourvennec ; vice-présidents : Joseph Bernard et Vincent Le Vot ; trésorier : Jean Moal ; secrétaire : Jean-Marie Saillour.

24 MARS 1961

le 8 juin 1961 : “C'est moi qui ai ouvert la porte. Dans la bousculade, une vitre s'est brisée et m'a coupé le poignet. J'ai regardé ma blessure —

Ouverture du premier marché au cadran à Saint-Pol-de-Léon. Le démarrage est difficile, dans la mesure où des transactions directes et le marché libre existent toujours. La Sica demande aux pouvoirs publics d’appuyer sa démarche.

j'en ai toujours la cicatrice — et j'ai remarqué qu'elle était en forme de V, signe de victoire. Mais, ajoute-il avec un œil malicieux, ça c'est la légende. Dans quelques années,

Malgré les contacts avec le ministère de l’Agriculture, rien ne vient. La Sica décide de passer à l’action. 2000 agriculteurs manifestent à Morlaix et occupent la sous-préfecture. Alexis Gourvennec et Marcel Léon sont arrêtés dans la soirée. Le mécontentement paysan ne se limite pas à la zone légumière. Dans les jours qui suivent, des milliers d’agriculteurs manifestent dans toute la France.

LES DATES

8 JUIN 1961

ce sera encore exagéré…” 15 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


22 juin 1961

Pendant nos quinze jours de repos à la prison de Pontaniou, l’action syndicale a été plus fructueuse qu’en quinze ans. Marcel Léon, Paysan Breton, 24 juin 1961.

Tous les paysans de France vous doivent une fière chandelle. Je vous fais le serment que nous observerons vos consignes syndicales. Un enfant morlaisien, de sa fenêtre, est fasciné par l’hélicoptère de la gendarmerie et par les clameurs qui montent de la ville. Il immortalise la scène par un dessin, sur lequel on distingue les manifestants.

16

Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10

M. Bruel, secrétaire général de la FNSEA, Paysan Breton, 24 juin 1961.


Source : Ouest-France 23 juin 1961

22 JUIN 1961 À Morlaix, procès de Marcel Léon et Alexis Gourvennec. 6000 agriculteurs envahissent la ville. Les deux leaders, relaxés et immédiatement libérés, sont portés en triomphe.

Nous souhaitons reprendre notre action constructive. Mais si le Gouvernement reste sourd à nos reven-

22 NOVEMBRE 1961 Convention entre la Sica et les négociants. Le marché au cadran va pouvoir fonctionner.

dications, il retrouvera en face de lui les Bretons. Alexis Gourvennec, Paysan Breton, 24 juin 1961.

LES DATES

24 AOÛT 1961 Les pouvoirs publics ont enfin compris l’ampleur du malaise. Edgar Pisani est nommé ministre de l’Agriculture.

13 DÉCEMBRE 1961 17

Les producteurs indépendants opposés à l’organisation du marché s’en prennent au cadran. C’est le début d’un long conflit. Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


Vers l’unité

Ce long cheminement qui vous impatiente était une nécessité, faute de quoi la construction aurait paru artificielle et elle aurait été très fragile. Edgard Pisani, à l’assemblée générale de la Sica, 29 mai 1965

Pour ma part, Une

loi

sur

les

groupe-

ments de producteurs était proposée

par

Pisani.

Il

avait des arbitrages à faire, c'est

le

Premier

Georges est

ministre

Pompidou

occupé,

qui

avec

j’exprimerai un seul regret,

y

celui d’avoir contribué à l’époque à diviser le milieu paysan.

s'en

Xavier

Mais nous ne pouvions pas faire autrement. Nous n’avions pas

Ortoli qui était mon patron à l'époque,

moi

je

faisais

le

petit secrétaire. On a eu des

d’autres stratégies possibles. Pour gagner, il nous fallait survolter

tas de réunions au mois de juillet dans un bureau dont je me

souviens

bien,

sous

nos adhérents, pour qu’ils tiennent le coup. En face, les négociants

les

toits. Aux côtés de Pisani, il y avait Michel Cointat.

qui étaient restés en dehors survoltaient nos opposants pour

On s'est dit — grâce principalement l'équipe une

à

de

Pisani la

opportunité

bouger

le

Sica,

pour

Finistère

que

qu’ils continuent à résister eux aussi. Nous étions convaincus

c'était

et

faire pour

que pour gérer le marché, il fallait d’abord prendre pied,

avoir un banc d'essai pour la modernisation

de

toute

affirmer nos conditions de vendeurs et un jour avoir

l'agriculture française. Pierre Lelong, extrait du film

le contrôle total de la mise en marché.

"L'épopée d'une organisation

Alexis Gourvennec à l'assemblée générale de la Sica en mars 2001

paysanne", Sica 2004

18 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


8 AOÛT 1962 La loi complémentaire à la loi d’orientation agricole, préparée par Edgard Pisani, reconnaît la compétence des groupements de producteurs en matière d’organisation des marchés, prévoit la création de comités économiques régionaux et leur permet de demander l’extension des règles de production et de commercialisation qu’ils auront établies. Cela signifie qu’une loi pourra rendre ces règles obligatoires pour l’ensemble des producteurs de la région.

Agrément du Comité économique fruits et légumes de la région Bretagne, présidé par Alexis Gourvennec.

LES DATES

1ER AVRIL 1965

1967 25 mai rance Ouest-F

29 MAI 1965 Visite d’Edgard Pisani à la Sica. 4.000 producteurs sont présents à l’assemblée générale. Edgard Pisani est nommé ministre de l'Agriculture du

gouvernement

de

Michel Debré le 22 août

29 JUILLET 1966 Après un an de démarche, l’arrêté sur l’extension des règles de discipline est publié.

1961, sous la présidence

JUIN 1967

de Charles de Gaulle. Il le

Accord entre la Socoprim et le Comité économique. Progressivement, l’intérêt du marché organisé et de la vente au cadran convainc l’ensemble des producteurs.

restera dans le gouvernement Pompidou jusqu'en 1966.

19 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


Construction d’une filière Il y a eu bien sûr d’autres combats, parfois très difficiles qui ont entraîné d’autres mobilisations de producteurs et qui montrent qu’Alexis Gourvennec a poursuivi sans relâche la défense des intérêts paysans.

Hier

comme

aujourd’hui

ou

demain, il faudra encore se mobiliser et parfois se battre pour conserver foi en l’avenir. Personne ne saura mieux que les paysans eux-mêmes définir les règles ou gérer les marchés.

juin 1995 Le Télégramme 29

La première publicité télévisée de Prince de Bretagne dans les années quatre-vingts.

Prince de Bretagne est un exemple réussi de prise de pouvoir économique par les paysans. C’est aussi un trait d’union pour tous : producteurs, salariés, négociants et pour les trois zones de production.

20 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


1995 Le Télégramme 17 octobre

Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


Le désenclavement Je me souviens de la visite de Georges Pompidou, alors Premier ministre, à la Sica, avant la campagne électorale de 1967. Je lui exposais nos revendications pour le développement régional : le réseau routier, le téléphone automatique, une université à Brest, un port en eau profonde à Roscoff et le développement d'un pôle industriel à Brest. Il écouta, puis questionna : « Mais pour les paysans, que demandez-vous ? » « Monsieur le Premier ministre, mais c'est cela qu'on demande pour les paysans ! Alexis Gourvennec, interview au Sica Infos de décembre 1999.

N

ous avions créé un comité

d’expansion

économique qui s’appelait la Semenf, et tenté, dès 1965, de bâtir le cadre d’un

schéma

ture

du

dans

l’optique

de

struc-

Nord-Finistère prospec-

tive de “l’horizon 85”. On avait essayé de se projeter 20 ans en avant, et on avait été très fiers des travaux

de

réflexion

menés, en faisant appel à des géographes, à des La construction

sociologues, à des écono-

du port

mistes, à beaucoup de

du Bloscon

matière grise locale…

à Roscoff.

Et nous avions réuni tout 22 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


ce Ouest Fran 76 16 avril 19

Ouest Fran ce 18 avril 19 80

ire Parlementa Breton

cela dans un document

ber sur l’essentiel !

parfait. C’était le Nord-

La

Finistère idéal dont nous

largement connu ce type

rêvions pour 1985, en

d’erreur

200 propositions.

J’étais à l’époque prési-

Quand

j’ai

vu

ce

docu-

Bretagne

dent

de

de

la

avait

déjà

stratégie

Semenf

et

ment, j’ai piqué un coup

j’avais

de sang et me suis dit :

commission

« Ça y est, on va se faire

ramener les 200 proposi-

avoir une fois de plus ». (…)

tions

Si vous allez à Paris avec un chapelet de lamentations

demander

une

réponse à des petits et à des

grands

problèmes,

on va vous donner satisfaction sur les bagatelles, ce qui permet de se déro-

proposé

!

qui

travaille

précitées

propositions toutes

qu’une

à

à

cinq

essentielles tournaient

autour de ce qu’on avait appelé à l’époque le désenclavement de la Bretagne.” Alexis Gourvennec dans un discours en 1996 23 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


La Brittany Ferries

Je venais d'une entreprise suisse très respectable, je ne m'attendais pas du tout à faire de l'occupation portuaire. On a bloqué le port, il n'y avait pas que les paysans, il y avait aussi les marins. On a fait une vraie guerre maritime. La méthode Gourvennec, je m'y suis bien adapté — j'avais fait les commandos dans le temps. Il y a des moments où la fin justifie les moyens, il ne faut pas se tromper : c'était vital. On serait morts si on n'avait pas été à Saint-Malo. Christian Michielini, ancien directeur de la Brittany Ferries, dans le film consacré à la compagnie (Magazine Littoral France 3 2003).

Libération, 9 juin 1987

24 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


La BAI, une folie ? Un peu, oui, on y est entré de force. Personne n'y croyait. Beaucoup de marins ont hésité au début à rejoindre

la

compagnie.

Après

30 ans de souffrance, les choses se sont éclaircies, on a bien compris que pour tirer la région vers le haut, il faut mordre dans le travail ! Aujourd'hui, les marins et les paysans sont plus que jamais la main dans la main. Tout comme à la Sica, les jeunes paysans sont aujourd'hui en nombre et en qualité au niveau du conseil d'administration de la BAI. Nul doute, le moment venu, l'un d'entre eux sera prêt pour prendre la relève.” Henri Jacob, producteur, ancien secrétaire général de la Sica, administrateur de la Brittany Ferries

Aucun armateur n'a cru en 1971-72, à l'intérêt d'une ligne Bretagne-Angleterre. Devant la réussite de la Brittany Ferries, un armateur allemand, TT Line, a voulu en 1975, s'installer à Saint-Malo. Les producteurs de légumes reprennent alors du service, et bloquent le port de Saint-Malo pendant trois jours pour empêcher le ferry Mary-Poppins d'y accoster. La Brittany Ferries a ouvert Alexis Gourvennec

une ligne Saint-Malo-Plymouth en août 1975, puis Saint-

en discussion

Malo-Portsmouth en juin 1976.

avec Christian Morvan, vice-président de la CCI de Saint-Malo.

Alexis Gourvennec en discussion avec un représentant de l’armateur du Mary Poppins.

25 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


Honneurs et reconnaissance

À l’issue de l’assemblée générale de la Sica du 10 mars 2007, Mme Agnès Pinault, sous-préfète, a donné lecture d’un message du Président de la République :

omme tous ceux qui l’on connu et aimé, c’est avec beaucoup d’émotion et une grande tristesse que j’ai appris la disparition d’Alexis Gourvennec. Je tenais à lui rendre un hommage particulier et à exprimer ma solidarité à la communauté de femmes et d’hommes qui étaient ceux de sa terre.

C

Les agriculteurs et les marins Bretons, ceux du Finistère et particulièrement ceux du Léon, se sentent en effet aujourd’hui orphelins. Car avec Alexis Gourvennec, c’est un homme d’exception et un grand responsable agricole et maritime de notre pays qui nous quitte. Un grand dirigeant lucide et tenace, un homme de caractère et d’engagement, une figure au tempérament de bâtisseur et aussi, qualité rare, de visionnaire. Il était à la fois un entrepreneur plein d’audace et un organisateur de premier ordre.

V

o t r e

s ' e s t

et

ce

qui

p a s s é

dépasse

Qui n’a en mémoire toutes ces qualités, manifestées depuis le plus jeune âge, d’abord à la tête de la Société d’intérêts collectifs agricoles de Saint-Pol-de-Léon qu’il avait créée. Il les a mises ensuite au service de la collectivité des agriculteurs à la présidence de la F.D.S.E.A. du Finistère et de la Caisse régionale du Crédit Agricole. Il les a démontrées, avec toute cette expérience de dirigeant qui connaît les hommes, à la présidence de la compagnie Brittany Ferries.

r é p u t a -

tion,

l e s

de

i c i ,

beaucoup

s e u l e s

t i è r e s

d e

f r o n l a

B r e -

tagne. C'est

un

profond,

travail un

détermination, treté,

une

continu,

courage, une

une

opiniâ-

discipline,

qui

vous ont permis de mener à bien cette formidable aven-

Qui ne se souviendra de son intelligence et de son dynamisme au service de toute l’activité économique de votre région, lui qui aura montré jusqu’au bout, en organisant sa succession, sa marque d’exceptionnel meneur d’hommes. Pour tout cela, pour sa mémoire que chacun honore ici, pour soutenir sa famille dans l’épreuve et lui signifier notre solidarité dans le deuil, je voulais vous dire que j’avais, comme vous, pour ce grand Français, une très profonde estime et un grand respect”.

Jacques Chirac

26 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10

ture.”

Hervé Gaymard, ministre de l'Agriculture, à l'assemblée générale de la Sica en mars 2003


L

a

Léon de

S i c a

d e

S a i n t - P o l - d e est

ce

un

symbole

qu'il

sible

de

ration,

est

pos-

réussir

l'espace

d'une à

en

géné-

force

de

p e r s é v é r a n c e , discipline d a r i t é

veux

aucun

la

néces-

s a i r e

l i b e r t é

d ' i n i -

t i a t i v e

par

d o n t

besoin…

donc

une le

v o u s Il

faut

régulation

marché,

d e s

avec

i n t e r v e n t i o n s

ciblées a u x

soli-

en

altérer

avez

de

producteurs…

ne

cas

et

d e

é c o n o m i q u e

entre Je

à l'Assemblée générale de la Sica en 1994.

et

s e u l s

teurs

réservées p r o d u c -

spécialisés

s t r u c t u r e s

et

o r g a n i -

sées.”

Jean Puech, ministre de l'agriculture,

27 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


D’autres combats, d’autres actions Ça fait trente ans qu'avec les copains nous baroudons pour une agriculture que l'on aime, pour une région que l'on aime, pour un pays que l'on aime. Il n'y a pas de contradiction dans notre combat. Quelles que soient les responsabilités que l'on assume, si à un certain moment l'État français devient trop stupide, on est bien obligé de remonter sur les barricades pour dénoncer les stupidités. S'il n'y a pas de compatibilité entre les fonctions, le choix est simple, nous serons sur les barricades le temps qu'il faudra ! Alexis Gourvennec, lors d'une manifestation à Pleyber-Christ en 1984

Le Télégramme, 6 avril 1987

Or, quelle que soit la valeur de nos arguments ou de nos analyses, nous savions que l’on ne pourrait pas convaincre 100 % des producteurs. L’unanimité est un phénomène qui n’existe pas. Alexis Gourvennec à l'assemblée générale de la Sica, le 31 mars 2001.

28 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


France, Ouest979 mbre 1 3 nove

29 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n째 10


Témoignages

Témoignages recueillis lors du départ d’Alexis Gourvennec de la présidence de la Sica, célébré sur le Pont-Aven le 20 mars 2004.

Nous avons tout ce qu'il faut dans la région : recherche fondamentale, recherche appliquée, expérimentation. C'est un travail d'équipe, dans le but de rendre

On parle de Gourvennec parce qu'il

service aux producteurs. C'était bien l'objectif d'Alexis. Les jeunes ont toujours été très

faut toujours une grande gueule

impliqués dans ces domaines de recherche et d'expérimentation.

pour parler.La réalité, c'est qu'il y a

C'est pourquoi la relève a été plus

une répartition des rôles à l'intérieur de la Sica

qui m'a toujours dit : « Vas-y, c'est

facile. J'ai toujours bénéficié d'une confiance totale de la part d'Alexis, l'affaire des jeunes ».”

qui est beaucoup plus profonde qu'on ne l'imagine.

Jean-Marc Roué, producteur, président de l'OBS (Organisation Bretonne de Sélection)

Nous avons une gamme de 25 légumes, aucun responsable de la Sica ne connaît le marché de 25 légumes. C'est un travail d'équipe, une toile d'araignée de responsables très dense, qui assument Ce

que

je

retiens

surtout

d’Alexis Gourvennec, c’est ses

authentiquement leurs responsabilités.

qualités de visionnaire. Il a été important pour la Bretagne et l’est

Alexis Gourvennec à l'assemblée générale de la Sica, mars 2004

toujours. Il a su fédérer les gens pour les attirer dans le développement de la région. Il sait poser les problèmes et les regarder. Il tire une ligne pour faire aboutir ses projets. Et il va au bout de ses idées.”

30 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10

Jacques Jaouen, agriculteur, président de la chambre régionale d’agriculture


Alexis Gourvennec est un grand visionnaire de l'agriculture, et au-delà. Le mot mutualisation est très fort pour lui, et doit l'être pour nous. L'assemblée d'aujourd'hui

restera

dans

nos

mémoires, par rapport à son bilan, qui apportera des réponses à nos jeunes lorsqu'on aura devant nous des difficultés. Nous avions à Saint-Malo un homme très fort, Alfred Gauthier. Alexis et lui Il nous laisse en héritage la notion

ont beaucoup travaillé ensemble, ils

Alexis Gourvennec a créé Breizh-

de projet. Agir toujours en fonction

voyaient les choses de la même façon.

Europe en 1987. Après dix ans de

d'un projet, d'une entreprise.

Il est aujourd'hui décédé, mais je suis

présidence de cette organisation, je

Il nous laisse aussi la notion de solida-

sûr que de là-haut il a dû verser une

ne vois personne d’autre qui aurait pu

rité, que l'on doit conserver. Nous

larme, une larme de joie, signe d'ave-

fédérer le corporatisme des produc-

sommes tous sur le même bateau.

nir pour la zone légumière bretonne.”

tions et des filières. Chaque filière

Même si on n'a pas tous les atouts, on peut faire des choses.

Pierrick Gauvin, producteur,

traite de ses problématiques sans tenir compte des autres. Pour autant,

Nous avons eu la chance d'avoir

grâce à l’initiative d’Alexis Gourvennec

quelqu'un à notre écoute, qui a su nous

et des gens de l’époque, nous avons

faire confiance, qui a cru en nous. Un

des capacités d’investigation. Nous

tel pari sur les jeunes n'est pas à la

sommes en lieu et place des orienta-

portée de tout le monde. Les hommes,

tions et des décisions communau-

pour Alexis, c'est le plus important. À

taires. Au sein de l’Union Européenne,

nous maintenant de garder cette

six pays ont moins d’habitants que la

force. Nous devrons, à notre tour,

Bretagne ! Plus que jamais, il faut agir

faire confiance aux jeunes !”

pour que la Bretagne ne soit pas pénalisée, d’où l’importance de l’organisa-

Yvon Penn, producteur,

Le propre de la recherche-expéri-

administrateur de la Sica

mentation, c'est d'innover. C'est l'af-

représentant

faire d'un réseau, et ce réseau on le

des sections horticoles

doit à Alexis. Il a toujours cru au progrès de l'économique par le technique.

tion qui a été l’initiative du président de la Sica.” Jean-Pierre Le Verge, éleveur, Président de Breizh Europe

La force a été de créer des outils complémentaires entre eux. Les travaux de chacun permettent aux autres d'avancer, et l'ensemble est à la disposition des producteurs.” Jean-Guy Guéguen, producteur, président de la section technique du Cérafel et de l'Isffel (Institut Supérieur de Formation en Fruits et Légumes). 31

Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


Témoignages

Témoignages recueillis lors du départ d’Alexis Gourvennec de la présidence de la Sica, célébré sur le Pont-Aven le 20 mars 2004.

Le souci des jeunes, c'est de pérenniser et valoriser le travail de nos aînés. Succéder à Alexis Gourvennec ne sera pas chose facile. Mais derrière le futur président, il y a le conseil d'admi-

Grâce à Alexis Gourvennec, on

nistration de la Sica ; derrière le

est passé d’une Bretagne en retard

conseil d'administration de la Sica

à une Bretagne dynamique.

il y a aussi 350 responsables élus,

Dans les années soixante, les produc-

350 producteurs impliqués au quo-

teurs de légumes ont dû créer un

tidien dans la vie du groupement.

modèle. En 1972, les éleveurs de

Ce sont ces 350 responsables qui

porcs ont copié le fonctionnement de

donnent vie au groupement, qui donnent

l'orientation

pour

l’organisation légumière. Le modèle

les

avait déjà fait ses preuves dans la

années qui viennent.”

défense des producteurs et la bagarre

Jean-François Jacob, producteur,

Alexis Gourvennec aura pleine-

avaient déjà eu lieu. Les éleveurs de

secrétaire général de la Sica

ment réussi la création de la Sica

porcs avaient les mêmes objectifs :

dans la mesure où d'autres après

regrouper les producteurs pour avoir

lui seront capables de continuer à

une offre commune face aux acheteurs

la faire exister.” Pierre Bihan-Poudec, producteur, président de la Sica

qui avaient la fâcheuse tendance de rémunérer le moins possible les éleveurs. Comme en légumes des années plus tôt, un kilogramme ne faisait jamais 1 000 grammes ! Jean Moal et Alexis Gourvennec ont bénéficié du soutien des producteurs de porcs, compte tenu de la réussite du modèle légumier. Beaucoup pensaient : « Si

Alexis a quitté la prési-

che, du Diman Journal 984. 1 r ie nv 29 ja

dence du Cérafel il y a deux ou trois ans. Il nous a donné laisse une méthode : écouter et trancher rapidement. Si on reste écouter, on ne fait rien. Si on tranche trop vite, on heurte. À nous de tenir la barre, de relever le challenge.”

Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10

faut y aller ».” Jean-Jacques Riou, éleveur, Président du Marché du Porc Breton depuis 1992

le sens de notre action, et nous

François Rosec, producteur, administrateur de la Sica et responsable de la section chou-fleur du Cérafel.

Gourvennec soutient, il

32


La Sica s'est construite dans la Alexis Gourvennec est toujours très « musclé » lors de ses discours et lors de ses interventions

publiques

pour

défendre la profession. En réunion de travail, c'est totalement l'inverse : il écoute, il débat dans le respect des autres, il favorise l'expression de chacun, il se plie sans aucune amertume à la majorité. Il faudra que les jeunes restent dans cet

continuité. Il faut se remettre sans cesse en cause. Ce qui était vrai il y a 43 ans ne l'est plus forcément aujourd'hui. La construction s'est faite progressivement, mais ça a été une aventure… Les institutions naissent et progressent, et les hommes progressent avec les institutions.” Jean-Marie Saillour, administrateur fondateur de la Sica, créateur de la Compagnie Bretonne de l'artichaut.

esprit de mutualisme, de défense partagée, et c'est grâce à ce ferment-là que l'organisation

bretonne

coulera

de

source.” Joseph Rousseau, producteur, président de l'Union des Coopératives de Paimpol et de Tréguier et successeur d'Alexis Gourvennec à la présidence du Cérafel

Je retiens de la présidence d’Alexis Gourvennec au Crédit Agricole sa capacité de visionnaire. Il a véritablement porté l’économie de ce département pour laquelle il a éprouvé une réelle passion. Il n’a eu de cesse pendant toutes les années de sa présidence de promouvoir l’économie de notre département et de la développer.” “Ce qui a été extraordinaire dans toute cette aventure, c'est que les pères, qui avaient cinquante

Jean Le Vourch, agriculteur, président du Crédit Agricole

ans, ont fait confiance à leurs fils de vingt

ans.

Ceux-ci

n'étaient

pas,

comme les générations précédentes, respectueux des pouvoirs publics et de l'ordre établi. Ils étaient libres.” Pierre Lelong, ancien ministre, ancien député du Finistère

33 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


Témoignages Les quatre hommes fondateurs de la Sica : Jean Moal, Jean-Marie Saillour, François Méar et Alexis Gourvennec, reçoivent ici la médaille

Alexis tout le monde le

de la Sica en 2001.

reconnaît, c’était : – un visionnaire ; – acharné au travail ; – obstiné et volontaire quand il le fallait ; mais également et surtout – un homme simple très proche des paysans ; – fidèle en amitié ; – et extrêmement sensible. C’est avec les paysans qu’il se sentait bien, cinquante administrateurs cantonaux et une vingtaine d’administrateurs de sections ont siégé avec lui au Conseil de la Sica. Sa grande satisfaction aura été de voir les

ndateur , président fo Jean Thomas l’UCPT, de is Paimpol pu de la Sica de a été I, BA la ur de administrate date e gu lon de on de route un compagn 04 20 en wé vie vennec. Inter d’Alexis Gour rait : cla dé il T, de l’UCP dans les Infos lla it un e en tu re , il fa av e tt “D an s ce ra it é là , il y au av ai t pa s ét tê te . S’ il n’ au tr e, qu el qu ’u n d’ pe ut -ê tr e eu mme co ns ge s pa s. M ai s le s on ne sa it ne co ur t pa ve nn ec , ça Al ex is Go ur s, op po sa nt y av ai t de s le s ru es ! Il -ê tr e pl us ut pe ai en t qu i en vo ul Le s ge ns e. qu ’a u sy st èm à l’h om m e t pa rf oi s” . ts dé ra ng en tr op br ill an

jeunes prendre la relève dans les Organisations qu’il avait présidées.” Henri Jacob, ancien administrateur de la Sica, extrait du discours en hommage à Alexis Gourvennec, assemblée générale de la Sica du 10 mars 2007.

Alfred Gauthie r, ancien préside nt de Sipefel, a toujours œ uvré et combattu aux côtés d’A lexis Gour vennec, d’abord pour défendre l’organisation régionale du marché, puis à la BA I.

34 Sica-UCPT-TSM infos / mars-avril 2007 / n° 10


L’économie est un perpétuel renouvellement. Ce que l’on a fait, ce que l’on a acquis, n’est pas acquis définitivement. Alexis Gourvennec interview, juin 2006.

35



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.