02 03 rh94 echodescongres

Page 1

écho des congrès

Bilan d’un an de présidence de la SFR Entretien avec le Pr Daniel Wendling n Le 26e congrès de la Société française de rhumatologie (SFR) a eu lieu du 1er au 3 décembre 2013. Ce fut l’occasion pour le Pr Daniel Wendling, chef du service de rhumatologie du CHU de Besançon, de revenir sur sa première année de présidence de la SFR.

Dr Michel Bodin : Pr Wendling, bonjour. Lors de votre arrivée à la présidence de la SFR, en 2012, nous avions fait un vaste tour d’horizon des problèmes en cours et des tâches à accomplir (cf Rhumatos n°84). Un an après, où en sommes-nous ? Pr Daniel Wendling : Nous sommes actuellement très préoccupés, et ce depuis plusieurs mois, par le projet de déremboursement des préparations contenant de l’acide hyaluronique (AH), considéré par ses détracteurs comme « inefficace » et « dangereux » (cf. Avis d’expert, page 5). Nous avons déjà vécu le déremboursement des anti-arthrosiques d’action lente… À l’annonce de ce projet, le Syndicat national des médecins rhumatologues (SNMR) et la SFR, par l’intermédiaire de sa section Arthrose, sous l’autorité du Pr Pascal Richette, ont immédiatement réagi avec la mise en place d’un énorme travail d’analyse de la littérature (Dr Hervé Bard et Dr Emmanuel Maheu) et la rédaction d’un argumentaire de défense de l’utilisation des AH dans le traitement de la gonarthrose. M.B. : Si les anti-arthrosiques et les AH sont déremboursés, les AINS et les corticoïdes dangereux, le paracétamol insuffisant, les morphiniques mal adaptés, l’arsenal thérapeutique contre l’arthrose devient d’une grande pauvreté, alors que c’est une maladie très répandue, douloureuse et handicapante.

*Rhumatologue, Griselles

2

Dr Michel Bodin*

Dr Michel Bodin et Pr Daniel Wendling lors du congrès de la SFR.

Le rhumatologue devra-t-il se contenter de traiter seulement les maladies inflammatoires, qui concernent aujourd’hui moins de 10 % des patients ? D.W. : C’est la raison pour laquelle nous avons immédiatement réagi en prenant contact avec les intervenants des commissions de transparence, l’HAS, la ministre de la Santé, et en faisant parvenir à tous les conclusions de nos travaux de recherche sur la littérature et notre argumentaire. Force est de constater que nous n’avons pas obtenu de réponse. Et pourtant, la méta-analyse suisse qui sert de prétexte au projet de déremboursement est totalement discutable, partiale, comme l’ont mis en évidence nos experts de la section Arthrose. De plus, l’absence de traitement médical risque de multiplier le nombre de recours aux prothèses, ce qui est inutile, injustifié et coûteux. Rhumatos • Janvier 2014 • vol. 11 • numéro 94


bilan d’un an de présidence de la SFR

M.B. : Avons-nous des chances d’obtenir un abandon de ce projet ? D.W. : Ce n’est pas certain. Nous avons la désagréable impression de n’être ni écoutés, ni entendus. Par chance, la SFR n’est pas seule et la mobilisation est générale. À notre niveau, nous n’avons pas d’autres moyens d’action. L’AFLAR, de son côté, a choisi de sensibiliser les patients, d’informer le public, d’organiser des pétitions. Mais, on a l’impression d’une farouche volonté d’aboutir par n’importe quel moyen. M.B. : Attendons et espérons… Pouvons-nous évoquer maintenant l’évolution de la SFR après un an ? D.W. : Tout d’abord, nous avons eu le plaisir de voir augmenter nos effectifs, avec près de 400 membres supplémentaires (+ 25 %). Tous en profitent, puisque, par exemple, les frais d’inscription au congrès de la SFR et aux JNR diminuent. La fréquentation du congrès reste stable, avec un nombre d’inscrits au moins égal à celui de 2012. La participation de nos partenaires de l’industrie (et je voudrais les en remercier) reste à l’identique, ce qui n’est pas évident dans le contexte actuel. Malgré un congrès plus “ramassé” (sur trois jours au lieu de quatre), nous avons eu un programme scientifique aussi dense et intéressant que l’an passé, avec un nombre plus important de travaux et davantage de conférences de FMC. Les travaux scientifiques proposés, notamment lors des séances plénières, sont de très haute tenue et rejoignent largement le niveau international. Nous avons voulu toutefois augmenter le nombre de communications plus accessibles et plus utiles pour l’exercice quotidien et la pratique du rhumatologue. Le GREP, la section Rachis, la rhumatologie pédiatrique et la rhumatologie gériatrique constituent – entre autres – autant de pôles d’intérêt où chacun peut trouver ce qu’il recherche dans son domaine d’activité. D’autre part, nous avons eu la satisfaction de voir progresser notre revue scientifique Joint Bone Spine dans le facteur d’impact international (2,75) ainsi que le gain d’une catégorie dans le classement SIGAPS des revues.

M.B. : L’an dernier, nous avions évoqué votre désir d’ouverture vers les générations montantes de rhumatologues… D.W. : Oui, et nous y sommes très attachés. Vous avez pu remarquer qu’un certain nombre de communications de haut niveau, dans les séances plénières, sont Rhumatos • Janvier 2014 • vol. 11 • numéro 94

présentées par des jeunes, en particulier des internes. L’Association des rhumatologues en formation a désormais pris ses marques au sein de la SFR, avec un représentant coopté pour deux ans (tout comme sont désormais représentés les rhumatologues libéraux). D’autres actions sont en cours, comme le DPC. Des programmes sont déjà proposés, d’autres sont en train d’être élaborés pour diversifier et augmenter l’offre. Nous travaillons par ailleurs avec la HAS, dans un climat amélioré et plutôt constructif, essentiellement dans le but d’élaborer des recommandations ; par exemple, celles sur les anti-TNF ont été reconnues puis endossées par l’HAS. Des recommandations pour la PR et la SPA, élaborées en 2013, ont été présentées au cours de ce congrès. Par ailleurs, la SFR participe à l’élaboration d’un Livre blanc de la Rhumatologie, destiné à remplacer le précédent qui a déjà 10 ans… C’est un lourd travail de recherche, d’enquête et de finalisation.

M.B. : Nous avions aussi parlé de la recherche… D.W. : Elle n’a pas été oubliée : au cours du présent exercice, auront été investis 670 000 euros. Les prix ont été remis au cours de ce congrès. Nous sommes particulièrement impliqués dans ce domaine et un nouvel appel d’offres pour l’attribution de bourses a eu lieu (la date limite de dépôt des dossiers était fixée au 15 janvier). M.B. : Nous devions aussi évoquer avec vous les nouveautés dans le domaine, qui vous est cher, des spondyloarthropathies. D.W. : Certainement, mais il y a beaucoup à dire et je vous propose d’en parler au cours d’un second entretien. n (À suivre…)

Mots-clés : Société française de rhumatologie, Congrès, Arthrose, Recherche

3


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.