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Lu pour vous

Revue de presse scientifique

Chaque mois, nous vous proposons une synthèse des articles marquants parus dans la presse spécialisée du monde entier. Par Julien Boyer, pharmacien hospitalier

Le dépistage du diabète est-il efficace ? Screening for type 2 diabetes and population mortality over 10 years (ADDITION-Cambridge): a cluster-randomised controlled trial e dépistage organisé du diabète de type 2 peut permettre un traitement précoce et contrer la prévalence croissante de cette pathologie. Toutefois, des incertitudes persistent quant à ses effets bénéfiques. Dans cette étude, des cabinets anglais de médecine générale ont été randomisés dans l’un des groupes suivants : sélection + traitement multifactoriel intensif pour les personnes dont le diabète a été dépisté, sélection + soins de routine du diabète conformément aux directives nationales et groupe témoin sans dépistage. La population étudiée était composée de 20 184 individus âgés de 40 à 69 ans (moyenne : 58 ans), avec un risque élevé de diabète prévalent non diagnostiqué. Dans les cabinets pratiquant le dépistage, les individus ont été invités à participer à un programme par étapes incluant des dosages au hasard de glycémie capillaire et d’hémoglobine glyquée (HbA1c), des dosages de glycémie capillaire à jeun et une épreuve d’hyperglycémie provoquée par voie orale (HGPO) de confirmation. Le critère d’évaluation principal était la mortalité toutes causes confondues. Sur les 16 047 individus à haut risque des cabinets pratiquant le dépistage, 94 % ont été sollicités pour un dépistage entre 2001 et 2006, 73 % l’ont effectué et 3 % ont été diagnostiqués comme diabétiques. Pendant les 184 057 personnes-années de suivi, les auteurs n’ont noté aucune diminution significative de la mortalité d’origine

cardio-vasculaire, cancéreuse ou diabétique associée à l’invitation au dépistage. Selon cette étude à grande échelle, le dépistage n’a donc pas permis de réduire la mortalité toutes causes confondues en dix ans chez les patients diabétiques de type 2. • • The Lancet, vol. 380, Issue 9855, pp. 1 741-8

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Limiter la télévision chez les jeunes enfants Early childhood television viewing and kindergarten entry readiness

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excès de télévision est en général considéré comme néfaste pour les enfants en âge d’aller à l’école maternelle. Des chercheurs canadiens ont tenté de déterminer précisément dans quelle mesure la durée passée devant le petit écran affecte leur

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développement. Pour cela, ils ont analysé les habitudes d’environ 2 000 enfants (âgés de 29 mois au début de l’étude et de 5 ans à la fin) et leur développement. À 29 mois, la durée quotidienne moyenne était de 105 minutes. L’association American Academy of Pediatrics recommande que les enfants de plus de 2 ans ne passent pas plus de deux heures par jour devant la télé. L’écart type associé à la durée quotidienne moyenne était de 72 minutes. Il apparaît que le temps passé devant l’écran avant 3 ans a de réelles répercussions sur les capacités cognitives et motrices au moment de l’entrée à l’école élémentaire. Plus les très jeunes enfants regardent la télé, et plus leurs compétences dans l’acquisition du vocabulaire et en mathématiques diminuent. Ils sont moins éveillés en classe, moins agiles et davantage susceptibles d’être victimisés par les autres. Ces résultats sont importants car la maternelle s’avère souvent décisive pour le développement à venir des capacités de l’enfant. Une sensibilisation accrue des parents est nécessaire. En effet, il semble que chaque heure supplémentaire au-delà des limites définies ait un impact extrêmement négatif. • • Pediatric Research, vol. 74(3), pp. 350-5.


ȵȵManque de sommeil et… prise de poids

Flavonoid apigenin modified gene expression associated with inflammation and cancer and induced apoptosis in human pancreatic cancer cells through inhibition of GSK-3/ NF-B signaling cascade e cancer du pancréas est la quatrième plus importante cause de décès liée au cancer, avec un taux de survie à cinq ans de seulement 6 %. Le but des chercheurs est de découvrir un traitement, mais prolonger la vie des patients est déjà un développement important. Ils ont étudié les effets de deux flavonoïdes – l’apigénine et la lutéoline –, contenus dans le céleri, l’artichaut et certaines herbes comme l’origan mexicain, vis-à-vis des cellules tumorales pancréatiques. Ils ont découvert que l’apigénine inhibait une enzyme diminuant la production de gènes anti-apoptotiques (qui inhibent la mort des cellules) au niveau des cellules cancéreuses du pancréas. Dans l’une des lignées cellulaires cancéreuses, la mort cellulaire programmée est ainsi passée de 8,4 % en l’absence de traitement à 43,8 % à la suite de l’administration d’un traitement à base de flavonoïdes. Le traitement a également modifié l’expression génique. Certains gènes associés aux cytokines pro-inflammatoires ont subi une forte rétro-régulation positive. Bien que l’apigénine ait suffi à provoquer la mort cellulaire, les chercheurs ont obtenu de meilleurs résultats en pré-traitant les cellules cancéreuses pendant 24 heures avec l’apigénine, avant de les exposer à un cytostatique pendant 36 heures. En effet, les flavonoïdes peuvent agir comme

antioxydants. Or, l’un des mécanismes d’action des médicaments chimiothérapeutiques est basé sur leur activité pro-oxydante, ce qui signifie que les flavonoïdes et les médicaments pourraient entrer en compétition lorsqu’ils sont utilisés en même temps. Les gens souffrant d’un cancer du pancréas ne seront probablement pas en mesure de manger assez d’aliments riches en flavonoïdes pour faire en sorte que ce composé soit efficace à l’état naturel. Les chercheurs devront donc concevoir des médicaments pour atteindre les concentrations nécessaires. • • Molecular Nutrition and Food Research, publication en ligne du 14 août 2013

ȫȫ Nature Communications, vol. 4, p. 2 259

ȵȵManque de sommeil et… migraine

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Fumer moins ne réduit pas la mortalité Does Smoking Reduction in Midlife Reduce Mortality Risk? Results of 2 Long-Term Prospective Cohort Studies of Men and Women in Scotland

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Des chercheurs de l’université de Californie ont étudié l’activité cérébrale de 23 participants par le biais de deux examens IRM : le premier après une nuit de sommeil et le deuxième, après une nuit blanche. Dans le second cas, les patients présentaient une diminution de l’activité cérébrale responsable de la satiété et une augmentation de l’activité dans la région associée aux impulsions alimentaires. Ces résultats pourraient expliquer le lien entre manque de sommeil, prise de poids et obésité.

en bref

Céleri et artichaut contre le cancer du pancréas ?

es chercheurs ont analysé les données de deux cohortes de fumeurs écossais : l’une portait sur 1 524 hommes et femmes âgés de 40 à 65 ans, et la seconde, sur 3 730 hommes et femmes âgés de 45 à 64 ans. Tous les participants ont été évalués une deuxième fois quatre ans plus tard. Ils ont été suivis jusqu’en 2010 et répartis selon l’intensité de leur tabagisme (0, 1-10, 11-20, ou ≥ 21 cigarettes par jour). L’évolution de leur tabagisme a été prise en compte entre la première et la seconde évaluation. Au final, aucune différence significative de risque de décès entre le groupe de fumeurs ayant réduit leur consommation et ceux l’ayant maintenue n’a été observée, hormis dans le groupe des très gros fumeurs (> 20 cigarettes par jour) de la première étude, où ils ont noté une réduction du risque de décès en cas de baisse du tabagisme. Par contre, le taux de mortalité s’avère bien plus faible chez les personnes ayant arrêté de fumer, à la fois dans la première (HR : 0,66) et la seconde (HR : 0,75) études, en comparaison des fumeurs. Selon les auteurs, « diminuer sa consommation de tabac n’aurait pas d’impact significatif sur les risques de mortalité ». Ces résultats nous confirment qu’il faut avoir comme objectif l’arrêt total du tabac, plutôt que la simple réduction du nombre de cigarettes fumées chaque jour. • •American Journal of Epidemiology, publication en ligne du 3 juillet 2013

292 étudiants migraineux (parmi lesquels 70 % de filles) ont accepté de servir de cobayes pour cette étude. Les chercheurs se sont aperçus que les étudiants qui souffraient de régulières crises de migraine étaient aussi ceux dont le sommeil était de mauvaise qualité ou dont les nuits étaient trop courtes. Un sommeil de mauvaise qualité empêche de plonger dans des phases de sommeil profond, nécessaires pour produire la sérotonine et la dopamine, deux neurotransmetteurs qui envoient des signaux de bienêtre au cerveau. ȫȫ International Headache Congress, Boston, 27-30 juin 2013

ȵȵL’IVG n’efface pas tout Selon une méta-analyse, on constate que, par rapport aux femmes ayant poursuivi une grossesse non désirée, l’interruption volontaire de la grossesse n’est pas associée à une réduction des taux de difficultés psychiatriques. Elle est, en revanche, liée à des augmentations faibles à modérées des risques d’anxiété, de mésusage de l’alcool et de comportement suicidaire. ȫȫ Australian & New Zealand Journal of Psychiatry, vol. 47, pp. 819–27

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