Pathologies du nerf périphérique
« La recherche sur les maladies rares du nerf périphérique avance, avec la jeune Société Francophone du Nerf Périphérique. » Jean-Philippe Camdessanché
Centre Référent Maladies Neuromusculaires Rares Rhône-Alpes
a-t-il eu une évolution des concepts, au cours des toutes dernières Y années, dans votre domaine ? Il est difficile de dire que tel ou tel concept précis a évolué au cours des dernières années dans le monde du périphérique. Par contre, il est apparu évident à notre communauté qu’il n’y avait pas d’autres solutions que de tra-
vailler ensemble pour avancer en recherche concernant les maladies rares du nerf périphérique. Ainsi, différents travaux en cours sont venus s’appuyer sur la jeune Société Francophone du Nerf Périphérique et d’autres sont nés en son sein.
Ainsi, prenant l’exemple des neuropathies dysimmunes, les temps du diagnostic et de la thérapeutique se trouvent entourés de différents travaux de recherche clinique qui permettront à terme de simplifier ou d’optimiser les prises en charge.
Quels ont été les grands changements dans votre pratique au cours des dernières années ? La mise en place des centres référents a certainement permis d’améliorer la prise en charge de nos patients. Les acteurs de soins ont pu se rencontrer et uniformiser leurs pratiques en s’enrichissant de toutes les expériences. Cliniciens, généticiens, anatomopathologistes et bien d’autres acteurs ont ainsi pu coordonner leurs efforts au service du diagnostic et de la prise en charge des malades. La volonté
d’apporter une information de qualité aux patients a permis la réalisation de documents dédiés. Même si les essais thérapeutiques restent trop peu nombreux dans le domaine du nerf périphérique, le fonctionnement en centre expert ne peut que favoriser les inclusions. Les réunions de concertations pluridisciplinaires ont pu encore une fois donner raison à
Albert Einstein qui disait « On n’est intelligent qu’à plusieurs ». Elles permettent au quotidien à nos équipes d’avancer dans la compréhension de dossiers difficiles. Elles sont des moments clés pour faire les meilleurs choix thérapeutiques pour nos patients. Ces choix d’experts auront aussi une valeur en cas d’indication hors AMM face à des tutelles qui ne raisonnent souvent qu’économiquement…
Quelles sont, pour vous, les avancées attendues pour les 2 ou 3 prochaines années dans votre domaine ? Faire le diagnostic précoce d’une neuropathie rare et mettre en place un traitement adapté est difficile. Neurologies • Janvier 2014 • vol. 17 • numéro 164
Depuis quelques années, de nombreux travaux s’attèlent à essayer d’identifier des biomarqueurs diagnostiques, d’évolution ou de
réponse au traitement. Ces biomarqueurs, qu’ils proviennent de la génomique ou de la protéomique, permettront pour 49
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un patient donné porteur d’une neuropathie rare, de proposer un meilleur typage de son affection et de pouvoir réfléchir sur le mode évolutif de sa neuropathie, de pouvoir proposer d’emblée le
bon traitement parmi différents traitements par exemple immunomodulateurs ou immunosuppresseurs lourds ou non dénués d’effets indésirables. Dans l’hypothèse d’essais théra-
peutiques, le “profilage” des patients permettra méthodologiquement de travailler sur des groupes de patients plus homogènes et ainsi de répondre à plus de questions plus vite.
Quels sont les problèmes qui vous semblent encore non résolus et les grands enjeux pour les années futures ? Si les spécialistes des pathologies du nerf périphérique ont fait beaucoup d’efforts pour diagnostiquer, comprendre la physiopathologie et traiter des neuropathies rares comme les neuropathies dysimmunes, des neuropathies très fréquentes comme la neuropathie diabétique font l’objet de trop peu d’études alors qu’elles ont une
répercussion socio-économique lourde dans nos sociétés. Dans cette lignée, les travaux sur la neuroprotection ou la réparation du nerf périphérique n’ont pas dépassé le stade des balbutiements. Une dynamique est à créer pour progresser dans ces champs-là. l
Correspondance Pr Jean-Philippe Camdessanché Service de Neurologie Hôpital Nord – CHU de Saint-Etienne 42055 Saint-Etienne Cedex 2 E-mail : j.philippe.camdessanche@chu-st-etienne.fr
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« Les travaux sur la neuroprotection ou la réparation du nerf périphérique n’ont pas dépassé le stade des balbutiements. »
Mots-clés : Nerf périphérique, Neuropathies rares, Neuropathies dysimmunes, Diagnostic, Thérapeutique, Biomarqueurs
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