Actualité
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C’est le pourcentage de médicaments commandés chaque jour en officine qui ne sont pas livrés, selon l’Académie nationale de pharmacie. 50 % des ruptures de stock dépassent les quatre jours.
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Négociations. Une première piste écartée
es négociations conventionnelles ont repris le 19 mars. Premier point positif : les trois syndicats représentatifs de la profession – FSPF, USPO et UNPF – étaient présents. Deuxième source de satisfaction : les négociations avancent pour signer l’avenant conventionnel instaurant un nouveau mode de rémunération. En revanche, la proposition du directeur de la Cnam de convertir le forfait à la boîte de 0,53 € en honoraires de dispensation n’a pas convaincu. Pour Philippe Gaertner, président de la FSPF, « cette mesure ne permet en rien de déconnecter la rémunération des volumes de médicaments dispensés ». Autre interrogation : on ignore toujours à quel rythme sera mis en œuvre l’honoraire de dispensation (12,5 % la première année, 25 % d’ici 2017 ?). Les syndicats ont encore trois séances pour parvenir à un accord. •
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5 raisons
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de lire ce numéro
Vous voulez vous installer ? Et si votre groupement devenait votre meilleur allié ? Notre dossier fait le point sur les aides précieuses qu’ils proposent (p. 22). « Nous devenons le deuxième fournisseur de l’officine après le grossiste, ce qui permet à son titulaire de maintenir sa trésorerie et de redynamiser l’économie de son entreprise. » La mise en place des entretiens pharmaceutiques n’aura plus de secrets pour vous après la lecture de l’article qui leur est consacré (p. 33). « Pour recruter les patients, il faut leur donner envie, éveiller leur intérêt. Il faut donc leur parler d’eux avant tout. » Pour vous préparer au suivi des patients asthmatiques, rien ne vaut un dossier formation, accompagné d’une ordonnance commentée (p. 38). « Il a été prouvé dans plusieurs études que le rappel des techniques d’utilisation des dispositifs lors des renouvellements présente un réel bénéfice. » Que faire quand quelqu’un se présente au comptoir avec une brûlure ? Réponse avec un article et un arbre décisionnel à conserver dans le back-office (p. 52) « À l’officine, la prise en charge des brûlures se limitera aux brûlures thermiques de premier degré et second degré superficiel, dont la surface est inférieure à celle de la paume de la main et sans critère de gravité. » On y découvre un pharmacien audacieux, qui a choisi d’installer deux caisses automatiques en zone client. Et qui y a trouvé beaucoup d’avantages (p. 59). « L’agressivité au comptoir a nettement diminué. Les gens patientent moins, donc sont plus détendus. L’équipe est revenue aux fondamentaux du métier et passe plus de temps à prodiguer des conseils au comptoir. »
Contraceptif gratuit pour les mineures Les jeunes filles de 15 à 18 ans peuvent se faire délivrer gratuitement une méthode contraceptive à l’officine. La prise en charge à 100 % est possible sur les contraceptifs remboursables prescrits, sur présentation de la carte Vitale ou de l’attestation de droits. Si la jeune fille demande le secret – la délivrance n’apparaîtra pas sur le relevé de l’Assurance maladie –, vous devrez utiliser un NIR anonyme lors de la tarification. Ruptures de stock : les remèdes de l’Académie Anticancéreux, anticoagulants, vaccins… L’Académie nationale de pharmacie s’inquiète des difficultés d’approvisionnement rencontrées par les officines et formule plusieurs propositions : mise en place d’un répertoire européen recensant les sites de fabrication et de contrôle avec un historique des ruptures, établissement d’une liste de médicaments essentiels, relocalisation de certaines chaînes de production en Europe. Les entretiens pharmaceutiques version OCP Après les conférences « Convention et entretiens pharmaceutiques » menées dans toute la France, OCP continue à accompagner les pharmaciens en lançant une gamme de services complète. Le dispositif s’articule autour de quatre étapes : formation, accueil des patients, communication et réalisation des entretiens pharmaceutiques AVK. Deux outils dédiés à la contraception Un document de synthèse « Méthodes contraceptives, focus sur les méthodes les plus efficaces disponibles » et une fiche mémo « Contraception : prescription et conseils aux femmes » ont été diffusés par la HAS auprès des professionnels de santé. Disponibles sur le site www.has-sante.fr, ces documents doivent permettre le dialogue et un choix éclairé des femmes et des couples. 241 pharmacies Alphega certifiées ISO 9001 Le réseau Alphega Pharmacie poursuit son engagement lancé depuis plus de deux ans dans la démarche certifiée de professionnalisation et d’amélioration continue de la qualité ISO 9001-QMS Pharma. 241 pharmacies du réseau national sont certifiées à ce jour, avec un objectif de 80 % à trois ans.
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C’est le pourcentage de Français qui ne se voient pas acheter de médicaments sur Internet, selon un sondage réalisé par l’institut LH2 pour le journal gratuit Metro . 74 % des sondés craignent que les produits y soient de moins bonne qualité, voire contrefaits.
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C’est, en centimes d’euros, le forfait à la boîte que le directeur de la Cnam propose de transformer en honoraires de dispensation.
Pétition. L’USPO se mobilise pour sauver la pharmacie V
ente de médicaments sur Internet, prix en baisse, attaques répétées de Leclerc, désertification médicale, fragilité du réseau, suppression de la vignette… Pour alerter le grand public des dangers qui guettent la pharmacie française, l’USPO a lancé une campagne de communication dans les 23 000 officines de l’Hexagone. Pour l’occasion une affiche « Votre pharmacien, c’est beaucoup + qu’un diplôme en bouse blanche ! » a été distribuée. Elle est accompagnée d’une pétition « Je soutiens mon pharmacien », également disponible sur le site www.uspo.fr. « Nous sommes les laissés-pour-compte du système de soins français », tonne Gilles Bonnefond, président du syndicat, qui dénonce par ailleurs les « mesures destructrices du PLFSS 2013 pour la profession. » « On nous parle d’évolution du métier, de nouvelles missions, de compétences professionnelles élargies mais rien ne se passe. On a l’impression que le gouvernement a pris la profession en grippe. Aujourd’hui, notre dernier recours est de sensibiliser notre patientèle à la dégradation du réseau. » •
La gestion des pénuries et des ruptures de stocks de médicaments devient le quotidien du pharmacien d’officine. Cette situation rend l’exercice de plus en plus difficile, sachant que toute interruption de traitement pour un patient, même très momentanée, peut avoir des incidences graves. Philippe Liebermann, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF)
Le sondage pharma/Celtipharm Les campagnes de communication et vous… • Comment jugez-vous les campagnes visant à redorer l’image du pharmacien ? • Utiles • Insignifiantes • Courageuses • Inutiles • Déterminantes
66 % 12 % 11 % 8 % 3 %
• Peuvent-elles avoir un impact sur
le grand public ? • Oui • Non
4 • Pharma N°101 - avril 2013
71 % 29 %
• Quel est, selon vous, le plus grand danger pour la profession ? • Les offensives de Leclerc • La vente en ligne • La baisse des prix • La restructuration du réseau • Les déremboursements • La suppression de la vignette
34 % 32 % 15 % 9 % 9 % 1 %
Étude réalisée par le département gestion de call center de Celtipharm, sur un échantillon représentatif stratifié de 400 officines françaises sélectionnées dans sa base de données (du 13 au 22 mars 2013).
La campagne « Mensonges » de PHR Suite aux tentatives répétées de banalisation du médicament et de sa dispensation, le groupe PHR a vivement réagi en lançant une campagne intitulée « Mensonges ! » Après les 2 200 pharmaciens adhérents, c’est au tour de la presse de relayer cette campagne choc qui dément une série d’affirmations : « Un diplôme est suffisant pour être compétent » : FAUX ; « Toujours moins cher et sans risque, c’est possible » : FAUX. Phoenix Pharma renoue avec la croissance Malgré un environnement économique tendu pour l’ensemble de la répartition, Phoenix Pharma France a maintenu son cap de croissance en 2012. Le groupe annonce une stabilisation de son chiffre d’affaires autour de 16 milliards d’euros, soit un recul de seulement 0,5 % par rapport à 2011. Mieux, sa marge brute a atteint 94 millions d’euros, soit 2 % de plus qu’en 2011. Distribution : le guide de bonnes pratiques de l’UE Dans un réseau de plus en plus complexe, l’Union européenne vient de publier les nouvelles lignes directrices de la distribution en gros des médicaments à usage humain. Stockage, étiquetage, transport ou réception des médicaments, ce guide entend accompagner les acteurs de la distribution dans leur activité et empêcher l’arrivée de médicaments falsifiés. Le marché progresse grâce aux pays émergents Si le marché mondial pharmaceutique a progressé de 3 % en 2012, c’est essentiellement grâce aux marchés émergents (Chine, Brésil, Russie et Inde), qui ont grimpé de 10 %, selon l’étude Intelligence.360 réalisée par le cabinet IMS Health. À l’inverse, les pays dits « matures » (ÉtatsUnis, Europe de l’Ouest et Japon) affichent une croissance faible, voire sont en récession. En France, le marché de ville a subi une baisse historique de 2,3 % en valeur.
Actualité
Riposte. L’Ordre invite à garder les pieds sur terre L
télex Haro sur les laits végétaux C’est une mise en garde adressée aux parents : les enfants âgés de moins de 1 an ne doivent pas être nourris avec des boissons végétales à base de soja, d’amande ou de riz. Les troubles décrits chez les nourrissons ayant bu ces boissons sont d’autant plus graves que leur usage est exclusif et prolongé. Parmi eux, un état de malnutrition ou des désordres métaboliques sévères pouvant conduire à des complications infectieuses et aller jusqu’au décès de l’enfant.
Nominations Philippe Gaertner réélu à la tête de la FSPF Aux manettes de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France depuis 2007, Philippe Gaertner rempile pour un troisième mandat. Si l’évolution du mode de rémunération demeure sa grande priorité, d’autres actions seront menées comme la dématérialisation des échanges avec l’Assurance maladie, l’accompagnement des patients ou la mise en place d’un portail informatique pour sécuriser les données des patients et favoriser les échanges entre pharmaciens. Un nouveau président pour l’APR Albin Dumas, pharmacien à Lalevaded’Ardèche (07), succède à Benoît Thiébaut à la présidence de l’Association de pharmacie rurale. Secrétaire général de l’APR durant de nombreuses années, puis vice-président jusqu’en 2009, Albin Dumas a été l’initiateur des cartes démo-géographiques qui ont permis le vote de la loi qui allait supprimer les créations par dérogation.
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’ordre national des pharmaciens n’a pas tardé à réagir aux publicités de Leclerc réclamant le droit de vendre des médicaments dans ses centres commerciaux. Avec sa campagne d’information baptisée « Gardons les pieds sur terre ! », l’institution souhaite défendre le rôle de conseil du pharmacien. Pour Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre, « la population doit savoir qu’être docteur en pharmacie, c’est une preuve de connaissance, mais que cela ne suffit pas pour délivrer des médicaments. » Un kit composé d’affiches, de documents informatifs à destination des patients et d’une vidéo à télécharger sur le site de l’Ordre a été envoyé fin mars aux 23 000 officines françaises. Une adresse mail – gardonslespiedssurterre@ ordre.pharmacien.fr – a aussi été créée afin de permettre aux officinaux de faire part de leurs commentaires et de leurs retours d’expérience relatifs à cette opération d’information. •
Université. Une information judiciaire ouverte contre Pessoa P lusieurs centaines de professionnels de santé et d’étudiants ont défilé le 15 mars dans le Var contre l’université portugaise Fernando Pessoa. Installé depuis l’automne à Toulon, ce centre propose des formations en pharmacie, orthophonie et odontologie à une cinquantaine d’étudiants et permet de s’affranchir du numerus clausus. L’Anepf, qui a
pris part au cortège, demande la fermeture du CUPF, dont les frais de scolarité avoisinent les 9 500 € l’année. Le même jour, une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Toulon sous les chefs de « tromperie sur les qualités substantielles d’une prestation de service » et « d’infraction au code de l’éducation ». Les jours de l’université seraient-ils comptés ? •
L’image du mois
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e 28 mars, 480 pharmacies ont reçu leur certificat ISO 9001-QMS Pharma dans le grand amphithéâtre du Muséum national d’histoire naturelle de Paris. L’implication des officines concernées dans une démarche d’assurance qualité est ainsi couronnée par une double certification : ISO 9001, référentiel international
de management et d’organisation, et QMS Pharma, référentiel cœur de métier de l’officine pharmaceutique. Désormais, 1 710 pharmacies, indépendantes ou adhérentes à douze groupements, sont certifiées. • Plus d’informations sur le site www.pharmasystemequalite.com
Actualité
Contrairement à ce qu’affirment les autorités sanitaires et les pouvoirs publics, les médicaments génériques ne sont pas des médicaments comme les autres. Ils ne sont pas les copies conformes des molécules originales. Cliniquement, ils n’ont pas la même efficacité, la même tolérance et la même fiabilité. Leur promotion répond surtout à des impératifs économiques. Sauveur Boukris, dans son livre Médicaments génériques, la grande arnaque, éditions du Moment
« Il y a quand même des médicaments qui soignent ! ».
à l’étranger Inde
Dans la bataille des génériques, l’Inde vient de marquer un point. La Cour suprême indienne a en effet rejeté la demande de brevet de Novartis sur la formule améliorée de son anticancéreux Glivec, autorisant ainsi la possibilité de le génériquer. Côté industriel, on attendait beaucoup de cette décision, car la protection des brevets permet la recherche et l’innovation. Côté associations de patients, on se réjouit de cette victoire, l’obtention de plusieurs brevets sur un médicament freinant leur accessibilité aux plus démunis.
Marisol Touraine, ministre des Affaires Sociales et de la Santé
«Il faut laisser aux femmes le temps de se retourner».
Marisol Touraine, interrogée sur le manque d’intérêt que les femmes ont porté aux dangers de la pilule
Ces deux citations de notre ministre de tutelle ont été retenues lors des sélections du prix Press Club de France, humour et politique 2013 qui récompense les traits d’humour (volontaires ou involontaires) des femmes et hommes politiques.
Techno Vu sur Android Coagu est une application (8,99 e) destinée aux personnes sous traitement anticoagulant oral. Le patient, son médecin ou son pharmacien peut spécifier une zone thérapeutique, le traitement prescrit et sa posologie. Le patient rentre ses prises médicamenteuses, ses taux d’INR, l’application fournit un graphique et émet des alertes en cas de valeur sortant de la fenêtre thérapeutique. Vu sur App Store Alors que la France prend enfin la mesure de son retard dans la prise en charge de l’autisme, des applications apparaissent sur iPad pour stimuler et faire progresser les enfants atteints d’autisme ou de troubles envahissants du développement. Conçu par des spécialistes de la méthode ABA, Learn enjoy existe en trois versions gratuites, adaptées au niveau de l’enfant.
sur le Net @ Vu La Fedmed, fédération pharmaceutique méditerranéenne, a dévoilé cinq mini-films dans le cadre de sa campagne « Mon pharmacien, j’en ai besoin ». Proximité, expertise, disponibilité, sécurité… les qualités du pharmacien sont mises en relief dans ces courts métrages à l’humour décalé. À retrouver sur www.youtube ou sur www.jenaibesoin.fr Vu sur Twitter Des brèves de comptoir, on en trouve à foison sur le réseau Twitter. Et également quelques bonnes raisons de se mettre aux entretiens pharmaceutiques du patient sous AVK… @Dr_Stephane Un patient : « Je prends du Previscan et de la pravastatine depuis des années » Pourquoi ? « Aucune idée » Vous faites des prises de sang ? « Euh, jamais »…
Les campagnes de communication coûtent très cher, les effets pervers des dysfonctionnement peuvent amener des conséquences secondaires qui limitent, voire annulent, ces économies. Sans parler du risque sanitaire de certains génériques. Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L’Express, en préambule au dossier
Monde
Les bactéries auront-elles notre peau ? On peut se poser la question quand on observe l’inquiétante croissance des infections à germes résistants. Des tuberculoses ultra-résistantes arrivant des pays de l’Est aux infections multirésistantes du bassin méditerranéen, en passant par une recrudescence sans égale des staphylocoques dorés en Grande-Bretagne, les bactéries se sont peu ) peu adaptées aux traitements antibiotiques, administrés largement et souvent à tort. Parmi les pistes qui se dessinent, la phagothérapie dont nous vous parlons en page 46.
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C’est le pourcentage de Français qui déclarent avoir une bonne image des entreprises du médicament, selon un sondage Ipsos pour le Leem. En revanche, ils sont 90 % à estimer que ces entreprises ont pour objectif principal de faire des profits.
ça se prépare ˕˕Du 20 au 27 avril Semaine européenne de la vaccination Cette manifestation européenne sera l’occasion de sensibiliser le grand public à l’intérêt de la vaccination – « une protection efficace contre les maladies infectieuses » – et de mobiliser professionnels de santé et partenaires afin de réhabiliter une pratique qui perd du terrain. Plus d’infos sur le site www.semaine-vaccination.fr ˕˕7 mai Journée mondiale de l’asthme
Organisée par l’association Asthme et allergies, cette journée procure aux malades, à leur entourage et aux professionnels de santé, informations et soutien. Cette nouvelle édition aura pour thème « les nouveautés dans l’asthme ». Plus d’infos sur le site http://asthme-allergies.org
Médicaments génériques : le cri d’alarme des médecins (N° 3222 du 4 avril)
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N° 101 - AVRIL 2013 - Cahier 1 26 Rencontres de l’officine Substitution : lever les réticences des patients
au comptoir
30 Back-office Assurance multirisque professionnelle : êtes-vous bien couvert ? 32 Génération manager Quand le titulaire sanctionne un employé pour ses retards répétés 33 10 questions sur… La mise en place des entretiens pharmaceutiques 58 Sur le Net Uman life, le carnet de santé 2.0 59 Le jour où… … j’ai installé des caisses automatiques dans mon officine
thérapeutique 36 Mémo conseil La douleur aiguë au comptoir
« J’ai un petit souci bucco-dentaire… » actualité Directeur de la publication : Antoine Lolivier Directrice du développement et de la publicité : Valérie Belbenoit Directeur de la rédaction : Antoine Lolivier Rédactrice en chef : Amélie Baumann-Thiriez Rédacteur en chef adjoint : Olivier Valcke Conception graphique : Laurent Flin Secrétaire de rédaction : Vincent Béclin Rédacteurs pour ce numéro : Julien Boyer, Clémence Clerc, Géraldine Dupuis, Anne Fellmann, Marie-Hélène Gauthey, Laetitia Leclercq, Rose Perrier, Anne-Sophie Richard Directrice de production et de fabrication : Gracia Bejjani Assistante de production : Cécile Jeannin Publicité : Emmanuelle Annasse, Aurélie Barnier, Valérie Belbenoit, Catherine Colsenet, Philippe Fuzellier, élodie Leblond Service abonnements : Claire Lesaint Photogravure et impression : Imprimerie de Compiègne, 60205 Compiègne Pharma est une publication © Expressions Pharma 2, rue de la Roquette - Passage du Cheval-Blanc Cour de Mai - 75011 Paris Pour nous joindre : courrierpharma@expressiongroupe.fr Tél. : 01 49 29 29 29 - Fax : 01 49 29 29 19 RCS Paris B481 690 105 Commission paritaire : 0317 T 86202 ISSN : 2101-4752 - Mensuel Comité de rédaction et de lecture : Claude Arnoldi : pharmacien ; Irène Bakal : pharmacienne ; Anne Baron : pharmacienne ; Françoise Beaunier-Daligault : pharmacienne ; Catherine Boyer : pharmacienne ; Patricia Daligault : pharmacienne ; Damien Galtier : diététicien ; Emilie Lecorps : pharmacienne ; Aude Lepoutre : gastro-entérologue ; Philippe Lesieur : psychiatre ; Mme Maury : pharmacienne ; Marguerite Mouilleseaux : pharmacienne ; Elizabeth Muller : pharmacienne ; Pascal Poncelet : cardiologue ; Sylvie Rosenzweig : pharmacienne (réseau douleur-soins palliatifs) ; Gilles Traisnel : cardiologue ; Mr Vanpoulle : pharmacien.
8 • Pharma N°101 - Avril 2013
12 Entretien Hervé Gisserot, président du Leem : « Lever les soupçons qui pèsent sur l’industrie pharmaceutique » 14 L’observatoire des pharmaciens Vente de médicaments sans ordonnance sur Internet, ce que vous en pensez 16 Lu pour vous Sélection d’articles parus dans la presse scientifique internationale 18 Reportage Visite dans un ancien garage reconverti en pharmacie à Caudry, dans le Nord
socio-pro 22 Dossier Ce que les groupements proposent pour favoriser l’installation des pharmaciens
38 Formation Quels traitements pour les patients asthmatiques ? 41 Conseil associé « Mon arthrose me gâche la vie » 42 Au comptoir « J’ai un petit souci bucco-dentaire… » 46 Focus Les phages, une arme de destruction des bactéries 48 Molécule au microscope Le tramadol, antalgique opioïde de palier II 55 Doc pratique La prise en charge des brûlures
Gammes 49 Nutrition Abécédaire des laits infantiles 52 Dermo-cosmétique Brûlures : évaluer pour bien traiter 56 Nouveaux produits Médicaments, conseil et parapharmacie, zoom sur les dernières innovations
Retrouvez le bulletin d’abonnement ci-contre Cette publication comporte deux cahiers : cahier 1 (60 pages) et cahier 2 « Spécial transactions » (4 pages). Cette publication comporte un dossier central détachable (8 pages) : « La prise en charge du reflux gastro-œsophagien à l’officine ». Assemblés à cette publication : deux bulletins d’abonnement (2 et 4 pages). En couverture : © peepo - istockphoto.com
édito Mobilisation générale Par Olivier Valcke, rédacteur en chef adjoint
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n connaissait le « printemps arabe », qui, de l’égypte à la Tunisie, a renversé les principaux régimes totalitaires du Maghreb. Se pourrait-il que le printemps 2013 soit celui des pharmaciens ? Pas d’aspirations démocratiques en vue ici mais une prise de parole simultanée émanant des différentes instances représentatives de la profession. L’Ordre, l’USPO, PHR et la Fedmed ont choisi le retour des beaux jours pour lancer, presque en même temps, des campagnes d’information à destination du grand public. Si les messages et les motivations différent – réponse aux attaques répétées de Leclerc pour l’Ordre et PHR, vente sur
Internet et économie officinale pour l’USPO –, en cette période marquée par la baisse des prix et la fermeture de nombreuses officines, l’objectif est le même : redorer l’image du
Il n’y a plus qu’à espérer que ce « printemps des pharmaciens » passe l’été. pharmacien auprès du grand public. Avouons-le, le timing est parfait. Cette démonstration intervient en pleine reprise des négociations avec
l’Assurance maladie. En prenant soin de prendre les patients à témoin, la profession engage un rapport de force avec la Cnam sur la mise en place des entretiens pharmaceutiques et d’un nouveau mode de rémunération. La manœuvre est également subtile car elle rappelle la double nécessité de concilier l’équilibre économique des officines et l’accès de la population aux médicaments. Et d’alerter les patients des dangers qui les guettent. Premiers bénéficiaires d’un réseau de proximité, ils pourraient bien perdre cette notion de proximité avec la déstructuration du réseau et la vente en ligne. Il n’y a plus qu’à espérer que ce « printemps des pharmaciens » passe l’été…
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Information communiquée par les laboratoires MENARINI
Ejaculation précoce : un médicament approuvé D’après les données épidémiologiques disponibles (1), l’éjaculation précoce serait le trouble sexuel masculin le plus fréquent, devant la dysfonction érectile. indication PRILIGY est indiqué dans le traitement de l’éjaculation précoce (EP) chez les hommes âgés de 18 à 64 ans. PRILIGY doit uniquement être prescrit aux patients regroupant tous les critères suivants : • Mauvais contrôle de l’éjaculation ; • Temps de latence d’éjaculation intravaginale (IELT) inférieur à • Des antécédents d’éjaculation précoce dans la majorité des deux minutes ; rapports sexuels au cours des derniers 6 mois. • Ejaculation qui, de façon permanente ou récurrente, survient PRILIGY doit être administré uniquement comme traitement à la avec une stimulation sexuelle minimale, avant, pendant ou peu de demande avant une activité sexuelle prévue. temps après la pénétration et avant que le patient ne le souhaite ; PRILIGY ne doit pas être prescrit pour retarder l’éjaculation chez • Souffrance personnelle importante ou difficultés interpersonnelles les hommes qui n’ont pas été diagnostiqués avec une EP. comme conséquences de l’EP ;
PRILIGY, mécanisme d’action Le processus éjaculatoire provient d’un réflexe spinal central médié par le tronc cérébral initialement influencé par les noyaux préoptiques médian et paraventriculaire. Le mécanisme d’action de la dapoxétine dans l’éjaculation précoce est présumé lié à l’inhibition de la recapture neuronale de la sérotonine et à la potentialisation subséquente de l’action du neurotransmetteur au niveau des récepteurs pré- et post-synaptiques.
en pratique PRILIGY est uniquement disponible sur prescription médicale (Liste 1) et n’est pas pris en charge par l’Assurance Maladie. • PRILIGY doit être pris 1 à 3 heures avant un rapport sexuel prévu (sans dépasser un comprimé par 24 heures). PRILIGY n’est pas destiné à une utilisation quotidienne en continu. • La dose d’initiation recommandée est de 30 mg. Cependant, le médecin peut augmenter cette dose à 60 mg si la réponse du patient à 30 mg est insuffisante et si le patient n’a pas subi
d’effets indésirables modérés ou graves ou de symptômes précurseurs potentiels évocateurs d’une syncope. • Le comprimé doit être avalé entier avec un grand verre d’eau (son goût étant amer), avec ou sans nourriture. • Une évaluation minutieuse du bénéfice/ risque individuel de PRILIGY doit être effectuée par le médecin après les quatre premières semaines de traitement (ou au moins après 6 doses de traitement) pour déterminer si la poursuite du traitement par PRILIGY est appropriée.
CONTRE-INDICATIONS • Hypersensibilité a la substance active ou à l’un des excipients. • Affections cardiaques pathologiques significatives • Antécédent de manie ou de dépression sévère. • Traitement concomitant par des IMAO ou dans les 14 jours suivant l’arrêt du traitement par un IMAO*. • Traitement concomitant par la thioridazine ou dans les 14 jours suivant l’arrêt du traitement par la thioridazine*.
• Traitement concomitant par des ISRS, IRSN, antidépresseurs tricycliques ou par d’autres médicaments/produits à base de plantes ayant des effets sérotoninergiques ou dans les 14 jours suivant l’arrêt du traitement par ces médicaments/produits à base de plantes*. • Traitement concomitant par des inhibiteurs puissants du CYP3A4. • Insuffisance hépatique modérée et sévère.
* Aucun IMAO, thioridazine ou médicaments et produits à base de plantes ayant des effets sérotoninergiques ne doit être administré dans les 7 jours suivant l’arrêt du traitement par PRILIGY.
• Autres formes de dysfonctionnement sexuel y compris la dysfonction érectile. • Hypotension orthostatique. Avant l’instauration du traitement, un examen médical approfondi, incluant les antécédents d’évènements orthostatiques, doit être effectué par le médecin. Un test orthostatique doit être
réalisé avant d’instaurer le traitement (tension artérielle et pouls, allongé et debout). •U tilisation de drogues récréatives/Ethanol •M édicaments ayant des propriétés vasodilatatrices • I nhibiteurs modérés du CYP3A4 • I nhibiteurs puissants du CYP2D6/ Métaboliseurs lents du CYP2D6
PRILIGY, Tolérance Comme tout médicament, PRILIGY peut provoquer des effets indésirables chez certains hommes. Les effets indésirables les plus fréquents sont (respectivement à la dose de 30 mg et de 60 mg) : nausées (11,0 % et 22,2 %), sensations vertigineuses (5,8 % et 10,9 %), céphalées (5,6 % et 8,8 %), diarrhées (3,5 % et 6,9 %), insomnies (2,1 % et 3,9 %) et fatigue (2,0 % et 4,1 %). Les événements indésirables les plus fréquents ayant entraîné un arrêt du traitement ont été les nausées (0,3 %, 1,0 %, et 2,6 % respectivement avec le placebo, Priligy 30 mg, et Priligy 60 mg). Parmi les effets indésirables « peu fréquents », les syncopes doivent faire l’objet d’une information particulière auprès du patient.
• Manie/Hypomanie/Troubles bipolaires • Crises d’épilepsie • Dépression et/ou troubles psychiatriques • Hémorragie • Insuffisance rénale • Effets du sevrage • Intolérance au lactose • Syncope • Patients avec facteurs de risque cardiovasculaire
La fréquence des syncopes, caractérisées comme une perte de conscience dans le programme de développement clinique de PRILIGY, oscillait entre 0,06 % (30 mg) et 0,23 % (60 mg) chez les sujets recrutés dans les essais cliniques de phase 3 contrôlés versus placebo. Néanmoins, afin de prévenir le risque d’évanouissement, les conseils suivants doivent être dispensés aux utilisateurs de PRILIGY. • Prendre le comprimé avec de l’eau. • Maintenir une hydratation suffisante. • Ne pas se lever trop rapidement après la prise. • E n cas de sensation d’évanouissement, il est conseillé de s’allonger ou de s’asseoir, la tête entre les genoux.
Lutte contre la contrefaçon Comme tout médicament soumis à prescription, la seule source sûre et légale de délivrance de PRILIGY est la pharmacie d’officine. Afin de s’assurer de l’authenticité du médicament, deux systèmes ont été mis en place. • La boîte est scellée par un sceau de sécurité qui, une fois enlevé, laisse un résidu adhésif avec une empreinte en forme d’échiquier. Si ce sceau est absent ou ouvert, le médicament ne doit pas être utilisé. • D’autre part, le site www.genuinePRILIGY.com permet de vérifier l’authenticité du traitement en entrant le numéro de série unique de 12 chiffres, commençant par SN, imprimé sur chaque boîte de PRILIGY au moment de la fabrication.
Pharmacovigilance En cas d’effet indésirable observé avec l’une des spécialités des laboratoires MENARINI et/ou pour toute autre demande d’information complémentaire urgente, le service d’information médicale et de pharmacovigilance des laboratoires MENARINI reste à votre disposition 24h/24h au numéro suivant : 01 45 60 77 20.
DENOMINATION DU MEDICAMENT •PRILIGY 30 mg, 60 mg, comprimé pelliculé COMPOSITION QUALITATIVE ET QUANTITATIVE* FORME PHARMACEUTIQUE* DONNEES CLINIQUES* Indications thérapeutiques PRILIGY est indiqué dans le traitement de l’éjaculation précoce (EP) chez les hommes âgés de 18 à 64 ans. PRILIGY doit uniquement être prescrit aux patients regroupant tous les critères suivants : Temps de latence d’éjaculation intravaginale (IELT) inférieur à deux minutes ; et Ejaculation qui, de façon permanente ou récurrente, survient avec une stimulation sexuelle minimale, avant, pendant ou peu de temps après la pénétration et avant que le patient ne le souhaite ; et Souffrance personnelle importante ou difficultés interpersonnelles comme conséquences de l’EP ; et Mauvais contrôle de l’éjaculation ; et Des antécédents d’éjaculation précoce dans la majorité des rapports sexuels au cours des derniers 6 mois. PRILIGY doit être administré uniquement comme traitement à la demande avant une activité sexuelle prévue. PRILIGY ne doit pas être prescrit pour retarder l’éjaculation chez les hommes qui n’ont pas été diagnostiqués avec une EP. Posologie et mode d’administration* Contre-indications Hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients. Affections cardiaques pathologiques significatives telles que : Insuffisance cardiaque (NYHA classe II-IV) ; Anomalies de la conduction telles que bloc auriculo-ventriculaire ou dysfonctionnement sinusal ; Cardiopathie ischémique significative ; Valvulopathie significative ; Un antécédent de syncope. Antécédent de manie ou de dépression sévère. Traitement concomitant par des inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO), ou dans les 14 jours suivant l’arrêt du traitement par un IMAO. De même, aucun IMAO ne doit être administré dans les 7 jours suivant l’arrêt du traitement par PRILIGY (voir rubrique « Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interactions »). Traitement concomitant par la thioridazine, ou dans les 14 jours suivant l’arrêt du traitement par la thioridazine. De même, la thioridazine ne doit être administrée dans les 7 jours suivant l’arrêt du traitement par PRILIGY (voir rubrique « Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interactions »). Traitement concomitant par des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine [inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN), antidépresseurs tricycliques (ATC)] ou par d’autres médicaments/produits à base de plantes ayant des effets sérotoninergiques [par exemple, L-tryptophane, triptans, tramadol, linézolide, lithium, millepertuis (Hypericum perforatum)] ou dans les 14 jours suivant l’arrêt du traitement par ces médicaments/produits à base de plantes. De même, ces médicaments/produits à base de plantes ne doivent pas être administrés dans les 7 jours suivant l’arrêt du traitement par PRILIGY (voir rubrique « Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interactions »). Traitement concomitant par des inhibiteurs puissants du CYP3A4 tels que le kétoconazole, l’itraconazole, le ritonavir, le saquinavir, la télithromycine, la néfazodone, le nelfinavir, l’atazanavir, etc. (voir rubrique « Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interactions »). Insuffisance hépatique modérée et sévère. Mises en gardes spéciales et précautions d’emploi* Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interactions* Fertilité, grossesse et allaitement* Effets sur l’aptitude à conduire des véhicules et à utiliser des machines* Effets indésirables* Surdosage* PROPRIETES PHARMACOLOGIQUES Propriétés pharmacodynamiques* Classe pharmacothérapeutique : Autres médicaments du système urologique, code ATC : G04BX14 Propriétés pharmacocinétiques* Données de sécurité préclinique* DONNEES PHARMACEUTIQUES* Liste des excipients* Durée de conservation* Nature et contenu de l’emballage extérieur* Précautions particulières d’élimination et de manipulation* TITULAIRE DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE MENARINI FRANCE 1-7 RUE DU JURA 91320 WISSOUS EXPLOITANT MENARINI FRANCE 1/7, RUE DU JURA ZONE SILIC-WISSOUS 94150 RUNGIS NUMERO(S) D’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE Comprimés sous plaquette thermoformée (PVC-PE-PVDC/Aluminium) •PRILIGY 30 mg Boîte de 3 : 222 692-6 ou 34009 222 692 6 9 Boîte de 6 : 222 693-2 ou 34009 222 693 2 0 •PRILIGY 60 mg Boîte de 3 : 222 696-1 ou 34009 222 696 1 0 Boîte de 6 : 222 697-8 ou 34009 222 697 8 8 DATE DE PREMIERE AUTORISATION/ DE RENOUVELLEMENT DE L’AUTORISATION 25 juillet 2012 DATE DE MISE A JOUR DU TEXTE 25 janvier 2013 V1A CONDITIONS DE PRESCRIPTION ET DE DELIVRANCE Liste I. Non remboursé et non agrée aux collectivités. *Pour une information complète, consulter le Résumé des Caractéristiques du Produit disponible sur le site internet de l’ANSM sur www.ansm.sante.fr. Bibliographie (1) Porst H et al. The Premature Ejaculation Prevalence and Attitudes (PEPA) Survey : Prevalence, Comorbidities, and Professional Help-Seeking. Eur Urol. 2007 ; 51(3):816-24.
2PRI04604/13/V1 - document réalisé en mars 2013 - 13/01/67428136/PM/006
précautions d’emploi et mises en garde
Entretien
Rencontre avec… Hervé Gisserot
« Lever les soupçons qui pèsent sur l’industrie pharmaceutique » Innovation thérapeutique, crise de confiance à l’égard du médicament, visite médicale, compétitivité des industries pharmaceutiques… le nouveau président du Leem revient sur les nombreux chantiers de son mandat. entre ce qui relève de véritables scandales sanitaires et d’événements liés à l’appréciation du rapport bénéfices/ risques du médicament ; confusion entre liens d’intérêt et conflits d’intérêt. Tout cela entame le dynamisme de la recherche et les formes de collaboration entre la communauté médicale et les industriels. Dans ce climat de suspicion générale, j’ai la conviction qu’il faut réintroduire dans le débat des éléments de clarté, de sérénité et de pédagogie.
Lors de votre premier discours, vous avez annoncé votre volonté de remettre la confiance au cœur du débat. Où en êtes-vous de cette démarche ? Nous sommes dans une période marquée par la confusion des genres : confusion entre lanceurs d’alerte et autorités sanitaires, les premiers disputant aux secondes le rôle d’évaluation et de contrôle qui leur est dévolu ; confusion
12 • Pharma N°101 - avril 2013
©© d.r.
Pharma. Depuis votre élection, en décembre 2012, vous avez multiplié les interventions publiques. Est-ce un moyen d’imprimer votre marque ou une volonté de communiquer en toute transparence sur l’activité du Leem ? Hervé Gisserot. Ce début d’année 2013 a été marqué par une actualité médiatique très riche pour Les entreprises du médicament. Cela n’a pas commencé avec mon élection. Le médicament est devenu, très logiquement, un vrai sujet de société. Nous avons été sollicités de toute part sur les thématiques qui nous concernent : j’ai tâché d’assumer ma fonction sur le plan public, en portant la voix des entreprises du médicament. D’autre part, il me semble important d’insuffler dès le début de mon mandat un nouvel élan au secteur et à notre organisation professionnelle. J’ai ainsi mis place un « plan des 100 jours » dès le lendemain de mon élection. De grands rendez-vous nous attendent. Je pense notamment au comité stratégique de filière et au Comité stratégique des industries de santé (CSIS) qui consacrent notre secteur comme activité stratégique pour la France.
Quels sont justement les éléments de clarté, de sérénité et de pédagogie qui font défaut ? On ne peut pas prôner le juste usage du médicament et l’observance thérapeutique si l’on ne travaille pas dans le même temps sur les ressorts les plus profonds de l’adhésion d’un malade à son traitement. Plus que jamais, nous devons nous placer dans un dialogue constant avec la société, pour mieux en comprendre les attentes, et tenter de réconcilier l’approche traditionnelle de nos activités avec la dimension émotionnelle du bien « médicament » que nous mettons à leur disposition. Lorsqu’un patient est victime d’un effet indésirable grave, il se moque du rapport bénéfice/risque ou de connaître le taux d’incidence de cet effet indésirable, il le vit à 100 % dans sa chair ! La confiance que les Français accordent à leurs professionnels de santé de proximité (médecins, pharmaciens…) est plus forte que leur confiance dans les industriels du médicament. J’aurai le sentiment que nous aurons atteint notre but le jour où chaque patient pourra se
Nous vivons dans un climat marqué par de fortes interrogations sur la sécurité du médicament, qui se transforment parfois en réquisitoire dire : « Je sais que je peux avoir confiance dans le système de santé et dans l’ensemble de ses acteurs. » Pour cela, il nous importe de développer proactivement, en collaboration avec les professionnels de santé et les associations de patients, et sous l’autorité des pouvoirs publics, une véritable pédagogie en continu sur le médicament. En 2012, alors que les innovations thérapeutiques se sont poursuivies à un rythme soutenu – 32 nouveaux produits sortis en 2012 –, jamais les critiques n’ont été aussi vives à l’égard des industriels du médicament. Comment expliquez-vous ce paradoxe ? Indépendamment du progrès thérapeutique, qui est la première mission de nos entreprises, nous vivons dans un climat marqué par de fortes interrogations sur la sécurité du médicament, qui se transforment parfois en réquisitoire contre le médicament. Notre pays entretient un rapport ambigu avec les risques sanitaires, c’est pourquoi notre objectif est de rappeler que tout médicament est un produit actif, qui procède d’un rapport bénéfices/risques qu’il est nécessaire de considérer. Au-delà de la « contradiction émotionnelle » d’un risque potentiel intrinsèque à un produit pourtant destiné à soigner, les entreprises du médicament sont activement engagées dans la détection d’effets indésirables. Notre secteur, qui figure parmi les acteurs majeurs de la recherche en France, avec plus de 5 milliards d’euros investis chaque année dans la R&D, doit retrouver sa place légitime non seulement dans le système de santé mais aussi et surtout dans la société : c’est l’ambition qui m’anime. Vous avez l’impression d’être le mal-aimé du système de santé ? Non, car je ne place pas ce débat sur le terrain de nos émotions ! D’ailleurs l’observatoire sociétal du médicament, dont nous venons de publier les résultats, montre que les Français ont une image à la fois positive et sans complaisance de nos entreprises. En outre, je fais le constat suivant : on admet
parfaitement que le pharmacien d’officine puisse être à la fois entrepreneur et professionnel de santé, mais on conteste cette double casquette chez les industriels du médicament. Il convient de lever le malentendu qui consiste à opposer notre rôle d’acteur de santé publique et nos logiques d’entreprise. Quels sont les chantiers mis en œuvre pour redorer l’image de marque de l’industrie pharmaceutique française ? Le Leem a engagé trois chantiers de réforme. Le premier concerne la poursuite de la modernisation de la visite médicale. Là encore, de nombreux soupçons de conflit entre l’activité promotionnelle des visiteurs médicaux et leurs responsabilités en termes d’information et de pharmacovigilance pèsent sur cette profession. C’est pourquoi le Leem propose que soit défini un cadre permettant aux professionnels de santé de signaler toute dérive ou manquement constaté dans cette activité. Cette dernière doit être associée, dans l’esprit de tous, à la promotion du bon usage du médicament auprès des acteurs de santé, sur la base d’une information médicale de qualité. Le deuxième chantier porte sur les relations avec les associations de patients. Le Leem souhaite être dans le dialogue permanent et dans la co-construction. Il me semble important que le Codeem, qui est notre instance indépendante de déontovigilance, entame une réflexion sur ce sujet et notamment sur la question des relations financières entre nos entreprises et les associations de patients, au regard des modifications législatives et réglementaires récentes et à venir. C’est à ce titre que, le 21 mai, le Leem organisera un forum sur la place de la recherche clinique dans le parcours de soins des patients, et sur le rôle particulier des associations de patients. Enfin, troisième chantier, la transparence des liens financiers entre les industriels et les professionnels de santé. C’est pour moi un principe essentiel qui permet, entre autres, d’assurer l’indépendance des acteurs de santé et de nourrir la confiance des Français dans leur traitement. Mais il est un autre
bio express
• 2005 Directeur général des opérations commerciales de la filiale allemande Sanofi-Aventis.
domaine, qui relève lui aussi de la transparence de nos pratiques, et sur lequel nous voulons avancer : le lobbying. Cette pratique doit répondre à des principes déontologiques stricts. C’est pourquoi, en association avec le Comité des parties prenantes du Leem (Coppem), nous réfléchissons à une charte de bonnes pratiques du lobbying, qui sera soumise à l’avis du Codeem.
Vous avez maintes fois fait allusion au Codeem, outil d’autorégulation des pratiques professionnelles des industriels du médicament. Après un an d’activité, le bilan est plutôt maigre avec une fonction sanction peu mobilisée. Comment accroître la visibilité de cet organe ? Il faut préciser les choses. Le Codeem Depuis a deux grandes missions : la fonction septembre 2012 d’initiateur de bonnes pratiques pour le Senior vicesecteur et un rôle d’investigateur et d’arprésident de bitre disciplinaire. Il faut commencer GlaxoSmithKline par le commencement et je rappellerai en charge que le Leem est, à ma connaissance, la d’une zone première organisation professionnelle européenne à se doter d’un tel comité de déontovicomprenant gilance composé majoritairement de quinze pays, personnalités extérieures au secteur. dont la France et À rebours de votre commentaire sur le Royaume-Uni un bilan soi-disant maigre, je crois au contraire, qu’en un an, il a su trouver sa 1er janvier 2013 place au sein du secteur, avec notamPrésident ment trois recommandations majeures du Leem et des chantiers importants initiés en 2012 et qui se poursuivront en 2013. J’ai ainsi souhaité que le Codeem lance, en 2013, une réflexion autour de la visite médicale et de son évolution vers toujours plus de qualité, autour des relations entre les associations de patients et les entreprises du médicament, et enfin qu’il prenne position sur la charte de bonnes pratiques du lobbying.
• 2008 Présidentdirecteur général du laboratoire GlaxoSmithKline France.
Les pharmaciens pourront-ils, comme c’est déjà le cas avec le dossier pharmaceutique, faire remonter des informations au Codeem ? Les pharmaciens peuvent tout à fait, à titre individuel, faire remonter des signalements ou des informations au Codeem. Au-delà, les statuts du comité prévoient que les organisations représentatives de professionnels de santé puissent officiellement saisir le Codeem, au même titre que les autres parties prenantes de notre industrie. Je les encourage d’ailleurs à user de ce droit et à contribuer ainsi de manière proactive à l’amélioration des pratiques au sein de notre secteur. Propos recueillis par Olivier Valcke
avril 2013 - Pharma N°101 • 13
L’observatoire des pharmaciens
>> Non à la vente en ligne !
TITULAIRES
La décision du Conseil d’État d’autoriser la vente de médicaments sans ordonnance sur Internet a jeté un pavé dans la mare officinale. S’agit-il d’une opportunité de croissance pour la profession ou d’un danger pour la santé publique ? À vous la parole. Par Olivier Valcke
ADJOINTS
PRÉPARATEURS
• Êtes-vous favorable à la vente de médicaments sans ordonnance sur le Net ? 87%
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• Avez-vous un site de vente en ligne ?
Témoignages
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« Le marché est là ! Si le pharmacien ne s’y met pas, d’autres intervenants moins compétents prendront sa place. » Titulaire dans le Pasde-Calais (62)
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Un refus catégorique Malgré la libéralisation du marché, les pharmaciens se montrent réticents au commerce électronique. 91 % des titulaires se déclarent ainsi défavorables à la vente en ligne de médicaments sans ordonnance. Pour l’instant, 96 % des pharmaciens sondés déclarent ne pas posséder de site de e-commerce.
14 • Pharma N°101 - avril 2013
« À quoi servent nos six années d’études si les médicaments sont autorisés partout ? » Adjoint dans la Vienne (86) « Attachons-nous à donner une image d’intégrité et de compétence de notre métier avant de nous lancer dans des activités uniquement axées sur le profit immédiat et la satisfaction de certains labos. » Titulaire dans l’Aisne (02) « Il faudrait que les pharmaciens se mettent en grève et refusent de délivrer des médicaments une journée pour que les politiciens comprennent qu’il faut arrêter de nous prendre
pour des imbéciles et nous soutiennent au lieu de nous tuer à petit feu ! » Titulaire dans le Maineet-Loire (49) « La seule raison de la vente de médicaments OTC par le biais d’Internet est la future ouverture du monopole pharmaceutique à la grande distribution. » Titulaire en Loire-Atlantique (44) « La vente en ligne est un réel danger pour la santé publique. Elle ouvre la voie à la vente de médicaments dans des circuits de distribution non contrôlés, avec tous les risques de mésusages, d’usages détournés, de trafics… » Titulaire dans l’Isère (38) « Si tu veux un conseil net, évite Internet ! » Adjoint en Gironde (33)
• D’un point de vue professionnel, la vente de médicaments en ligne vous paraît-elle… (plusieurs réponses possibles)
Inéluctable
Inéluctable
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À l’opposé du rôle de conseil et de proximité du pharmacien
83%
Un réel danger pour la santé des patients
9%
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Inéluctable
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À l’opposé du rôle de conseil et de proximité du pharmacien Un réel danger pour la santé des patients
70%
Un danger pour la pérennité du métier de pharmacien
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1%
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• Quelles pourraient être les actions menées ?
Davantage de contrôles sur les sites de pharmacie en ligne 37%
Réalisation d’une charte de bonnes pratiques
43%
Publication d’un guide de bonnes pratiques
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Davantage de contrôles sur les sites de pharmacie en ligne
80
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52%
Réalisation d’une charte de bonnes pratiques
56%
Publication d’un guide de bonnes pratiques
42%
Autres
3%
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Méthodologie : 174 titulaires, 92 adjoints et 89 préparateurs interrogés entre le 13 et le 22 mars 2013.
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100
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Publication d’un label de qualité
50%
Réalisation d’une charte de bonnes pratiques
49%
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0
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80
100
Des contrôles renforcés sur les sites de e-commerce À l’unisson, la profession demande davantage de contrôles sur les sites de pharmacie en ligne. Les autres doléances concernent la réalisation d’une charte de bonnes pratiques et la publication d’un label de qualité.
73%
Publication d’un label de qualité
60
(plusieurs réponses possibles)
Autres
10%
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Publication d’un guide de bonnes pratiques
30%
Autres
20
Davantage de contrôles sur les sites de pharmacie en ligne
70%
Publication d’un label de qualité
8%
Une pratique à l’encontre des missions du pharmacien À l’opposé du rôle de conseil et de proximité du pharmacien. C’est ainsi que la vente en ligne est jugée par une large majorité de pharmaciens. 75 % estiment en second lieu qu’elle constitue un réel danger pour la santé des patients et 62 % qu’elle va mener à la perte de la profession. 22 % des sondés jugent toutefois cette activité inéluctable.
81%
Autres
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Une opportunité pour diversifier ses compétences Un moyen de toucher une plus large clientèle
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Autres
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65%
Une opportunité pour diversifier ses compétences Un moyen de toucher une plus large clientèle
3%
Autres
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Un danger pour la pérennité du métier de pharmacien
62%
Une opportunité pour diversifier ses compétences Un moyen de toucher une plus large clientèle
78%
Un réel danger pour la santé des patients
75%
Un danger pour la pérennité du métier de pharmacien
27%
À l’opposé du rôle de conseil et de proximité du pharmacien
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En partenariat avec
Lu pour vous
Revue de presse scientifique
Chaque mois, nous vous proposons une synthèse des articles marquants parus dans la presse spécialisée du monde entier. Par Julien Boyer, pharmacien hospitalier
L’abeille vole à l’attaque du sida Cytolytic nanoparticles attenuate HIV-1 infectivity
D
es chercheurs américains seraient parvenus à utiliser une toxine, appelée « mélittine », présente dans le venin des abeilles, pour détruire le VIH. Le principal intérêt de cette approche est de s’attaquer à une propriété physique inhérente du VIH, à une partie importante de sa structure car, théoriquement, le virus est incapable de s’y adapter. Les auteurs expliquent que de grandes quantités de mélittine circulant librement pourraient provoquer d’importants dégâts dans l’organisme. Ils ont donc utilisé une technique basée sur les nanoparticules infusées à la mélittine. Celles-ci sont plus petites que les cellules normales mais plus grandes que le VIH. Par ailleurs, outre la mélittine, les scientifiques ont ajouté de petites protections à la surface des nanoparticules pour les empêcher de s’attaquer aux cellules normales. Lorsque les nanoparticules entrent en contact avec les cellules saines, ces dernières ne font que rebondir. En revanche, le VIH, plus petit, peut se faufiler entre les protections et entrer en contact avec la surface de la nanoparticule, où l’attend la toxine du venin d’abeille. Ainsi, la mélittine des nanoparticules fusionne avec l’enveloppe virale et forme des pointes poreuses qui rompent l’enveloppe, laissant le virus mourir. Cette découverte représente une importante avancée dans le développement potentiel d’un gel vaginal qui pourrait permettre d’éviter la contamination par le VIH. Mais ces travaux pourraient aussi conduire à la mise au point d’un traitement pour les malades déjà contaminés, en particulier ceux qui montrent une résistance aux autres thérapies. • • Antiviral Therapy, vol. 18(1), pp. 95-103
Mortalité neurodégénérative pour les footballeurs américains Neurodegenerative causes of death among retired National Football League players
L
es traumatismes crâniens sont fréquents lors de la pratique de certains sports. Cette étude rétrospective, portant sur 3 439 sportifs ayant effectué au moins cinq saisons entre 1959 à 1988, montre une augmentation de la mortalité liée à des pathologies neurodégénératives chez les retraités de la NFL (Ligue nationale de football américain). Les données de survie ont été obtenues jusqu’en 2007. Les auteurs ont effectué leur analyse statistique en tenant compte des spécificités du jeu de football américain : joueurs non rapides et rapides. Les résultats ont été comparés avec ceux de la population américaine en utilisant des ratios standardisés de mortalité (RSM). L’analyse statistique a montré une diminution de la mortalité globale par rapport à celle de la population générale
16 • Pharma N°101 - avril 2013
(RSM = 0,53). Par contre, on observe trois fois plus de mortalité liée aux maladies neurodégénératives (RSM = 3,26). Elle était environ quatre fois plus importante pour celle due à la sclérose latérale amyotrophique et la maladie d’Alzheimer (RSM = 4,31 et 3,86). Cet excès de mortalité était influencé par la position et le style de jeu puisque le risque était environ trois fois supérieur chez les joueurs rapides, plus exposés à des impacts (ratio de risque = 3,29). En conclusion, les auteurs précisent que leur étude ne permet pas d’établir une relation de causalité. Ils suggèrent d’évaluer le niveau de commotion cérébrale dans les études ultérieures afin de préciser le mécanisme de cette surmortalité neurodégénérative. • • Neurology, vol. 6 ; 79(19), pp. 1 970-4
S
elon des chercheurs de l’Inserm, la consommation de boissons « light » augmenterait le risque de diabète de type 2, et ce, plus fortement encore que les boissons sucrées « classiques ». L’étude a porté sur 66 118 femmes françaises de la cohorte E3N, qui ont été suivies pendant quatorze ans. Les résultats montrent que le risque de développer un diabète est plus important si les sujets consomment des boissons light plutôt que des boissons sucrées (+ 15 %
pour 0,5 L par semaine et + 59 % pour 1,5 L). De plus, il s’avère que les boissons « light » sont bues en plus grande quantité : en moyenne 2,8 verres par semaine contre 1,6 verre pour les amatrices de boissons sucrées. Pour les auteurs, les consommatrices de boissons « light », qui contiennent des édulcorants, auraient une appétence plus forte pour le sucre, ce qui les conduirait à utiliser plus de sucre dans le reste de leur alimentation. Et les boissons « light » ne favorisent pas autant la sensation de satiété. Enfin, l’aspartame compris dans ce type de boissons induirait une hausse de la glycémie et, de ce fait, une augmentation du taux d’insuline, comparable à celle engendrée par le sucrose. L’Association internationale pour les édulcorants n’a pas tardé à réagir en s’étonnant des conclusions de l’étude, qui vont à l’encontre du corpus scientifique disponible sur la consommation de boissons avec édulcorants et leurs bénéfices. Les chercheurs estiment que des études complémentaires doivent être menées, en s’intéressant plus globalement à l’alimentation des sujets. • • American Journal of Clinical Nutrition, vol. 97(3):517-23
Les UV bénéfiques pour éviter le cancer de l’œsophage Association between ambient ultraviolet radiation and risk of esophageal cancer
L
’exposition à la lumière du soleil et aux ultraviolets est habituellement considérée comme un facteur de risque pour la plupart des formes de cancer. Toutefois, une étude révèle que cette hypothèse générale n’est pas toujours vérifiée. Des scientifiques australiens ont étudié le rapport existant entre les grains de beauté, les taches de rousseur et l’exposition à la lumière du soleil et aux ultraviolets durant toute une vie, d’une part, et le risque de contracter un cancer de l’œsophage, d’autre part. Pour ce faire, les chercheurs ont comparé la dose estimative de rayons ultraviolets absorbés lors d’une vie humaine par environ 1 000 patients atteints du cancer de l’œsophage, à un groupe de contrôle de 1 500 personnes. Ils ont trouvé un rapport inverse entre la durée d’exposition à la lumière du soleil/aux ultraviolets qu’une personne reçoit au cours de son existence et le risque de contracter un cancer de l’œsophage. Il est également intéressant de noter que cette étude a été réalisée en Australie, pays où l’exposition accrue aux rayons ultraviolets, due
au trou dans la couche d’ozone, est considérée comme très dangereuse pour la santé humaine. Or l’étude fait apparaître que la mauvaise réputation des ultraviolets, qu’ils proviennent de la lumière du soleil ou d’un solarium, est souvent injustifiée puisqu’ils possèdent des effets positifs sur la santé humaine, en particulier sur le taux de vitamine D. • • American Journal of Gastroenterology, vol. 107(12), pp. 1803-13.
Le sperme serait de meilleure qualité à la fin de l’hiver. Les spermatozoïdes seraient en effet plus nombreux et surtout plus mobiles durant la saison froide. Cette constatation ne vaut que pour les hommes fertiles. Cette étude permettrait donc d’expliquer pourquoi on recense plus de naissances entre les mois de mai et de septembre. ȫȫ American Journal of Obstetrics & Gynecology, publication en ligne du 11 février 2013.
ȵȵDe l’espoir dans l’éradication du VIH Une fillette contaminée par le virus du sida par sa mère séropositive non traitée a été guérie grâce à une trithérapie inédite administrée moins de trente heures après sa naissance. La formation des réservoirs viraux aurait ainsi été bloquée, arrêtant la progression de l’infection. Ce qui est exceptionnel, c’est que l’enfant a cessé son traitement à l’âge de 18 mois et même si le virus n’a pas été complètement supprimé, elle est actuellement considérée en rémission de longue durée. ȫȫ 20e conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI), Atlanta, 3-6 mars 2013
ȵȵLes pipis nocturnes, mauvais pour notre productivité Les personnes qui se lèvent la nuit pour aller uriner sont, en moyenne, 24 % moins performantes au travail que celles qui dorment comme des bébés ! Trop souvent pris à la légère, ces réveils nocturnes affectent environ un adulte sur trois. Ils nécessitent de consulter un médecin, qui recherchera d’éventuelles pathologies associées (un début de diabète par exemple). ȫȫ 28e congrès de l’Association européenne d’urologie, Milan, 15-19 mars 2013
avril 2013 - Pharma N°101 • 17
©© Antagain, Alberto Ferreira Chagas, esolla – istockphoto, pf30 – fotolia
Consumption of artificially and sugar-sweetened beverages and incident type 2 diabetes in the étude épidemiologique auprès des femmes de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale-European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition cohort
ȵȵUn meilleur sperme en hiver !
en bref
Les boissons light plus « diabétogènes » que les boissons sucrées
©© photos : TH Kohl
Reportage
Ma pharmacie fait dans la dentelle !
Associer architecture avant-gardiste, patrimoine industriel et centre de santé multifonctionnel, c’est le pari relevé par Séverine Renard, jeune titulaire à Caudry, dans le Nord. Visite guidée.
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etite devinette : quel est le point commun entre Kate Middleton et la pharmacie de la Dentelle à Caudry (59) ? Apparemment aucun. La duchesse de Cambridge et la pharmacie flambant neuve de cette commune de 15 000 habitants ont pourtant un destin analogue… cousu de fil de dentelle. L’épouse du prince William a en effet choisi pour sa robe de mariée l’expertise des dentelliers (appelés ici
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Chiffres clés Surface de vente 200 m2 (90 m2 dans l’ancienne pharmacie) Fréquentation Entre 150 et 160 actes par jour (+ 15 %)
tullistes) de Caudry, qui fabriquent depuis 150 ans une dentelle haut de gamme. Composée de fleurs et d’arabesques, la robe a fait sensation lors du mariage, le 29 avril 2011… et offert à Caudry un joli coup de projecteur. À l’époque, ce n’est pas un mariage que préparait Séverine Renard, installée depuis trois ans en ville, mais le transfert de son officine. « Je ne sais pas qui du mariage ou du transfert nécessite le plus de temps et d’organisation, observe avec humour la jeune
pharmacienne, qui évoque les raisons de ce changement. « J’avais hérité d’une belle pharmacie de centre-ville, idéalement située mais je n’en étais que locataire. Après trois ans, je ne me sentais toujours pas chez moi. Et puis avec l’arrivée des nouvelles missions, je manquais clairement de place. »
Un ancien garage reconverti
Un jour de 2011, on lui fait signe qu’un local est à vendre… en face de sa pharmacie ! Le local en question est un
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• Séverine Renard, la titulaire (à droite), et son équipe de choc.
ancien garage. Pas de quoi décourager Séverine Renard, qui fait appel au cabinet TH. Kohl pour rénover une surface commerciale de 230 m2 : « L’idée était de transformer le lieu en une pharmacie non conventionnelle, tout en conservant l’aspect industriel du garage. Je voulais personnaliser cet espace, en faire un lieu contemporain mais chaleureux, aérien et fluide. Le cabinet Kohl a pris en considération mes envies pour concevoir une pharmacie à mon image. » Les travaux révèlent bientôt la nouvelle identité de l’officine. Exit les formes linéaires classiques. Place à une large zone circulaire emmenée par une rampe à 5 % afin de favoriser l’accès aux personnes à mobilité réduite. « Je ne voulais pas d’une pharmacie ‘‘grande surface’’ avec des mètres de linéaires froids et impersonnels, explique la titulaire. Il s’agissait de proposer un espace chaleureux, une sorte de cocon, pour que les patients oublient quelques instants leur maladie. » Au centre de cet espace et délimitée par des structures métalliques, une zone commerciale baptisée Shop-inShop permet d’être en contact direct avec les produits. La pharmacie de la
• Le mélange de modernité et de tradition présent dès la façade interpelle les patients.
Chiffres clés Ouverture Septembre 2012 Effectif 1 titulaire, 2 adjointes (dont une à mi-temps) et 2 préparatrices
Dentelle est d’ailleurs la première en France à proposer un tel concept. « Le Shop-in-Shop, c’est littéralement ‘‘le magasin dans le magasin’’. L’objectif était de créer une zone avec une mise en scène optimale des produits saisonniers. Les patients évoluent au sein d’un univers ouvert, uniquement encadré par des mâts en acier qui confèrent à l’ensemble légèreté et élégance. » La pharmacienne a également opté pour un jeu de pictogrammes pour une meilleure orientation dans les univers de l’officine. Pour les comptoirs, Séverine Renard s’est rendue en Italie pour sélectionner le mobilier au sein
de l’usine de production. Son choix s’est porté sur des modèles aux lignes futuristes surmontés de verre.
Des motifs de dentelle du sol au plafond
Comble du raffinement, les motifs de la robe de Kate Middleton ont été repris pour la porte d’entrée et les rideaux. « C’est la société Solstiss, créatrice des modèles, qui nous a autorisés à utiliser les dessins originaux, explique Séverine Renard. En baptisant l’officine Pharmacie de la Dentelle, j’ai choisi de l’inscrire dans la tradition dentellière de Caudry. Tradition qui fait la fierté de la
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commune. » De la dentelle, la pharmacie en est imprégnée… du sol au plafond. Luminaires, chaises, sacs en plastique, chaque objet en comporte un motif : « Quitte à jouer sur le patrimoine de la ville, autant y aller jusqu’au bout ! » Le 17 septembre 2012, l’inauguration fut l’occasion de réunir les clients, mais aussi les professionnels de santé de la commune. « Pour moi, il était normal de communiquer autour de mon projet, d’en préciser les enjeux, d’avancer en toute transparence. C’est une marque de respect vis-à-vis de mes confrères. » Côté patients, ces derniers ont pu suivre l’avancée des travaux en temps réel. Des photos, des plans, des maquettes en 3D étaient régulièrement affichés dans l’ancienne officine. La titulaire se tenait également à leur disposition pour répondre à leurs questions, dissiper les inquiétudes et accompagner les changements. « Globalement, la transition s’est déroulée en douceur. Si certaines personnes âgées ont été un peu déroutées par l’aspect contemporain, dans l’ensemble, la patientèle a adhéré au projet », savoure Séverine Renard.
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Reportage
• Les comptoirs aux lignes futuristes ont été directement choisis en Italie sur le site de production.
Table de massage et douche
L’architecture contemporaine n’est pas le seul élément à interpeller une fois à l’intérieur. La pharmacie de la Dentelle a en effet profité des travaux pour se doter de nouveaux espaces. Élément plutôt rare, une cabine esthétique – avec table de massage et douche – a ainsi pris place dans un angle du bâtiment. Composée d’une large baie vitrée, la cabine de soins s’ouvre sur un patio entouré d’un mur de briques rouges, symbole du Nord. L’officine a également gagné une zone dédiée à l’orthopédie, un espace de confidentialité, un préparatoire et un back-office agrandi. Pour Séverine Renard, ces espaces étaient une nécessité pour intégrer les missions de la loi HPST formalisées par la convention nationale : « Quitte à prévoir de l’espace pour les nouvelles missions, autant voir grand ! S’il est vrai qu’une cabine de soins peut surprendre, elle répond à une demande. La délocalisation de la pharmacie a fait émerger une clientèle plus jeune, davantage intéressée par des offres de bien-être et de relaxation. Je préfère anticiper plutôt que, d’ici deux ou trois ans, me replonger dans des travaux conséquents. » Même si elle admet une certaine « frustration » à ne pas voir les entretiens pharmaceutiques entrer dans leur phase opérationnelle, elle reste confiante : « C’est une question de semaines, au pire de mois. De toute façon,
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• La pharmacie a profité des travaux pour se doter d’un espace orthopédie et d’une cabine esthétique.
• Entamés en 2011 et achevés à l’été 2012, les travaux révèlent bientôt la nouvelle identité de la pharmacie. La forme circulaire de l’ancien garage a été conservée et procure à l’officine légèreté et élégance. L’accent a également été mis sur les luminaires pour plus de clarté.
l’arrivée des nouveaux modes de prise en charge du patient est inéluctable. Que ce soit pour les AVK, l’asthme ou le diabète, nous sommes prêts. » L’espace gagné permet également des scénarios pour le moins inattendus. La vitrine a ainsi récemment accueilli un lit médicalisé pour promouvoir l’offre de MAD. Pour la jeune titulaire,
c’est surtout un moyen de contrer les attaques de la grande distribution : « Diversifier l’offre de services nous permet d’exister face à Leclerc et compagnie. Et puis, contrairement aux grandes surfaces, derrière le service, il y a, à chaque fois, un professionnel de santé compétent et à l’écoute. » Olivier Valcke
Dossier Groupements et installation
Les groupements, facilitateurs d’installation
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n sixième année de pharmacie, Anne Cathalifaud s’interroge : « S’installer est toujours un risque qui doit être sérieusement mesuré. Il est moins facile aujourd’hui de trouver une officine que l’on pourra faire vivre, d’autant que les façons d’exercer sont très différentes. De ce point de vue, une reprise en association avec un titulaire proche de la retraite est probablement le montage le plus adapté. » Car, de la faculté à l’officine, la marche est haute : « La gestion, la comptabilité, les achats, le merchandising, la communication, la qualité, la délégation des tâches, le management sont autant de thématiques auxquelles nous ne sommes pas préparés, relève la jeune étudiante. Sur ces sujets, les groupements sont sûrement les meilleurs relais. » En sa qualité de vice-présidente de l’Anepf chargée des relations professionnelles, Anna Cathalifaud a en effet appris à connaître le fonctionnement de « ces entités a priori floues lorsqu’on ne les côtoie pas ». « Or la plupart d’entre elles développent des services destinés à donner aux jeunes diplômés des clés pour accéder à la titularisation, poursuit-elle. C’est une chance pour nous ». D’autant que ces services, dans leur grande majorité, ont été conçus pour les accompagner sur le court, le moyen et le long terme.
• Propulsé dans un univers complexe et codifié, le jeune installé peut compter sur les outils mis à sa disposition par les groupements pour booster son officine.
>> Une trésorerie maintenue et une économie redynamisée
C’est le cas chez Évolupharm, qui a placé ses prestations sous le signe de l’assistance. « À court terme, cette assistance relève du domaine économique, indique Jean-Pierre Juguet, directeur
marketing et communication du groupement. L’investissement de départ étant conséquent, il est impératif que l’acquéreur revête rapidement les habits de chef d’entreprise, notamment lors de ses négociations avec les grossistes et les fournisseurs. » Pour l’y aider,
L’installation est une étape décisive dans la vie d’un pharmacien. Toutefois, depuis quelques années, elle relève du parcours du combattant : déficit d’attractivité de la filière, frilosité des banques, trésorerie dans le rouge… Dans ce contexte, quelle peut être l’utilité des groupements ? Quels sont les outils et services qu’ils mettent à votre disposition ? Le point sur leurs offres. Dossier réalisé par Anne Fellmann
Évolupharm lui procure les avantages de sa plate-forme produits et la possibilité de déléguer ses achats sur certains de ceux qui ne nécessitent pas sa maîtrise totale : génériques, gammes blanches, MAD ou MDD. « Ce faisant, nous devenons le deuxième fournisseur de l’officine après le grossiste, ce qui permet au titulaire de maintenir sa trésorerie et de redynamiser l’économie de son entreprise », explique Jean-Pierre Juguet. Après le « mieux acheter », Évolupharm vise à moyen terme le « mieux vendre » autour de trois axes : la formation, l’optimisation du point de vente et la communication consommateur. « En ce qui concerne nos produits à la marque, notre stratégie commerciale est maintenant bien rodée, confie JeanPierre Juguet. C’est l’un des points forts de notre offre : redonner du pouvoir au pharmacien vis-à-vis des agressions de la grande distribution. » Sur le long terme, enfin, le groupement a développé deux concepts susceptibles de donner au titulaire des perspectives à son investissement : le programme VIP (visibilité et indépendance du pharmacien), qui lui permet d’être reconnu du grand public grâce à une charte graphique identifiable et, depuis novembre dernier, le programme Enseigne, testé avec succès dans une officine pilote de Beauvais, dans l’Oise.
>> Des prêts participatifs et des conditions privilégiées
De son côté, Giropharm a pris la judicieuse initiative de s’emparer du nerf de la guerre : les impératifs financiers qui contraignent l’acquéreur. « Dans cette optique, nous avons intégré dans nos services un prestataire externe qui établit pour lui une étude financière et l’accompagne dans ses démarches pour obtenir son prêt, indique Franck Vanneste, le président du groupement. Parallèlement, nous sommes en cours d’adhésion à la Socorec, une société qui permet d’obtenir des prêts participatifs – considérés comme de quasi fonds propres – et qui viennent en complément de prêts classiques. Par ailleurs, notre accord avec CSO/Co-Opt offre à nos adhérents des prestations de type L’investissement croissance externe, des préconisations de départ étant en matière de montages, de sécurisaconséquent, tion de zones de chalandise… » il faut que Le nouvel adhérent Giropharm bénél’acquéreur ficie, en tant que jeune installé, de revête au plus conditions privilégiées durant sa previte les habits de mière année d’exercice. Soit six jours chef d’entreprise, et demi d’interventions physiques sur notamment son point de vente, dont une demilors de ses journée d’intégration dans le groupenégociations ment, deux journées d’audit et quatre avec grossistes journées – une par trimestre – avec et fournisseurs. un conseiller dédié qui va le familiaJean-Pierre Juguet, riser avec l’exploitation quotidienne évolupharm d’une officine. « C’est un suivi et un
accompagnement véritablement personnalisés, précise Franck Vanneste. Le jeune titulaire peut joindre son conseiller quand il en a besoin, et il dispose en outre d’un ‘‘parrain’’, un confrère Giropharm capable de lui apporter des conseils et de lui fournir des réponses à ses questions. L’objectif est de mettre de l’humain dans l’adhésion. » Pour parfaire son offre, le groupement élabore actuellement un guide pratique du jeune installé.
>> Un agencement idéal et un équipement complet
Pour intervenir le plus en amont possible, le groupe PHR s’est, lui, offert les services d’un « chasseur d’emplacement de pharmacies ». « Pour faciliter la mise en relation entre acheteurs et vendeurs, nous avons passé un contrat avec un cabinet spécialisé, confirme son président, Lucien Bennatan. Grâce à sa parfaite connaissance du marché, celuici peut, en fonction des besoins et des envies exprimés, proposer des visites prévisionnelles avec étude des perspectives économiques du lieu ou conseiller une création si l’environnement le permet. » PHR, qui participe au montage des dossiers des futurs installés, a en parallèle conclu des accords avec deux établissements bancaires qui apportent des solutions concrètes et pragmatiques pour les aider à faire l’acquisition d’un fonds.
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Dossier Groupements et installation
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patients chroniques, préconisation de conseils adaptés et personnalisés…), et formé au management, à la politique de prix, aux achats et aux entretiens pharmaceutiques. Cet ensemble de services et d’accompagnement personnalisé est proposé par le groupe à titre gracieux. « Notre soutien est professionnel et permanent, résume Lucien Bennatan. Nous intervenons en effet quatre mois avant la signature de la transaction, pendant dix jours lors de l’ouverture de l’officine puis, comme nous le faisons pour tous nos adhérents, une fois toutes les six semaines. » • Merchandising, stratégie commerciale, animation du point de vente, politique de prix... Le titulaire reçoit du groupement des services adaptés à la typologie de son officine.
Au moment de son installation, le désormais titulaire reçoit in situ la visite de cinq collaborateurs du groupe qui le conseillent sur la stratégie commerciale, le merchandising, la communication ou encore l’animation du point de vente. En ce qui concerne l’agencement, PHR est également moteur et force de proposition : le groupe fournit le « plan
idéal » à ses deux agenceurs partenaires qui iront le décliner sur place. Enfin, dès le début de l’exploitation de son officine, le titulaire reçoit les matériels lui permettant de mettre en place de nouveaux services au sein de son espace de vente (identification et prévention des facteurs de risque, accompagnement et éducation des
Et du côté des répartiteurs… Avec sa solution « Objectif installation », Astera a réuni dans un même parcours six offres existantes : une formation sur les différentes facettes du métier, l’analyse de l’environnement et du potentiel du point de vente via des études de géomarketing, le plan de financement et le budget prévisionnel, l’équipement informatique, le développement d’activités annexes, l’animation commerciale, l’appui et le soutien des confrères grâce au réseau Les Pharmaciens associés ou les clubs conseil du groupe coopératif. « Le chef d’orchestre de ce parcours est un conseiller commercial, indique Kareen Mazeau, directrice marketing répartition. Chaque situation et chaque individualité sont ainsi prises en compte à toutes les étapes du projet. » L’offre Installation OCP accompagne le futur titulaire à chaque étape de son projet. Elle débute par un stage intitulé « Demain, je m’installe », puis se poursuit avec l’étude géomarketing de l’environnement géographique et concurrentiel, l’analyse des aspects financiers et juridiques, la proposition commerciale et le plan de formation. « Tout a été conçu pour que le pharmacien soit véritablement prêt le jour J, explique Alexandra Celhay, responsable marketing services. Mais notre prestation se poursuit après l’installation. Durant les six premiers mois, le titulaire bénéficie d’un suivi spécifique qui l’aide à adapter ses produits et services. L’objectif est de créer une relation de
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confiance et de proximité sur le long terme. » Le 1er avril, Alliance Healthcare France a, lui, présenté la solution « Programme Installation », qui se décline en trois volets : la recherche de l’officine, son ouverture, puis son exploitation. Au titre du premier, le groupe met en contact le futur accédant avec des transactionnaires, l’aide à élaborer son plan de financement et le prépare à l’entretien avec le banquier. « En appui, détaille Jacky Brondin, le directeur marketing et commercial, nous lui remettons un document intitulé Le carnet de route de votre installation, un outil pratique conçu et rédigé par des experts du marché ». Une fois le projet abouti, le nouveau titulaire bénéficie de conseils pour sélectionner et optimiser son assortiment de produits, dynamiser son point de vente, mettre en place son merchandising, définir sa politique de prix, gérer son entreprise. « À partir de là, nous sommes dans un suivi opérationnel », commente Jacky Brondin. Dans le cadre de son intégration progressive au réseau Alphega Pharmacie, le jeune installé va disposer de services – visite trimestrielle d’un conseiller point de vente, planogrammes, audit social de son équipe, support juridique en ligne, mesures de performance –, accéder aux conditions commerciales du réseau et à une offre d’achats mutualisée. Et pendant un an, il sera placé sous le parrainage d’un titulaire plus aguerri.
>> Des emprunts flash et des axes de développement
De son côté, Pharmactiv a élaboré son « business plan » à partir de deux facteurs : le géomarketing pris dans son ensemble (études de la zone de chalandise, de la localisation commerciale, de la concurrence, de la clientèle…) et les potentialités de développement du point de vente. « Notre méthode a consisté à déterminer d’abord des objectifs, puis à définir les moyens à déployer pour y répondre », résume Serge Carrier, le président du label. Parmi ces derniers, un accord passé avec Interfimo permet aux primo-accédants de bénéficier à titre personnel, en complément de leur apport, d’un prêt pouvant aller jusqu’à 100 000 €, avec remboursement des seuls intérêts pendant quatre ans. « C’est une façon de leur mettre le pied à l’étrier, d’augmenter leur apport initial et, à terme, de leur permettre de devenir de vrais actionnaires de leur structure », explique Serge Carrier. De leur côté, les adhérents dont les projets de travaux ont été cautionnés en amont peuvent contracter sans délai, grâce à un second accord signé avec le même organisme, un emprunt « flash » de 160 000 €. Le point de vente fait ensuite l’objet d’un audit visant à identifier les axes prioritaires de développement ; en outre, le titulaire dispose de l’offre Pharmactiv en matière d’achats via ses plates-formes et les conditions performantes de ses laboratoires partenaires. Toutes les solutions du label – plans d’animation, outils de dynamisation, suivi et coaching, accès à l’école de formation… – leur sont aussi proposées d’emblée. L’an dernier, Pharmactiv a enregistré 190 adhésions. « Il ne faut plus laisser les jeunes déserter la profession pour des questions financières, commente Serge Carrier. Nous devons au contraire attirer les talents et faciliter leur installation. »
Le prix, seul élément régulateur
Sous le triple effet des départs à la retraite, des ventes dictées par les difficultés financières et des regroupements, le marché devrait offrir des opportunités dans les deux ans à venir.
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n 2011, 1 250 cessions de fonds ont été recensées et plus de 1 550 changements de titulaires via des cessions de parts sociales ont été comptabilisés. Des chiffres en trompe-l’œil, qui ne doivent pas masquer une autre réalité : la même année, le nombre de primo-inscrits en section A avait, certes, légèrement augmenté (62 contre 52 en 2010), mais demeurait à un niveau faible, confirmant les tendances observées ces dernières années et signant, pour certains, une moindre attractivité de l’exercice libéral en général, officinal en particulier. « On l’entend souvent, concède Alain Delgutte, président de la section A de l’Ordre. C’est probablement exact, mais je vois une autre raison à cette frilosité ambiante : le manque de lisibilité sur l’avenir. Les candidats à l’installation, et spécialement les adjoints, ont tendance à retarder leur décision à cause de l’incertitude économique qui entoure la pharmacie d’officine et du déficit chronique de prescripteurs. »
Si l’acquéreur achète trop cher, il ne s’en sortira pas car le marché ne peut aujourd’hui qu’amplifier les erreurs ; il ne les corrige plus. Philippe Becker,
expert-comptable
Philippe Becker, expert-comptable et directeur du département pharmacie de Fiducial Expertise, évoque, lui, « un malaise lié à une surinformation anxiogène ». « Que ce soit la profession, les pouvoirs publics ou les médias, tout le monde communique négativement sur l’officine, constate-t-il. Ajouté à une croissance en berne, à la crise des déficits sociaux et du pouvoir d’achat, cela ne peut que contribuer à la frilosité. Or, la frilosité, c’est comme les virus : ça se transmet, notamment aux banquiers, qui se montrent effectivement de plus en plus sélectifs. »
L’association, la meilleure réponse
Il existe pourtant des facteurs positifs qui devraient convaincre à franchir le pas, à commencer par la bonne image du pharmacien, les besoins croissants d’une population qui vieillit ou, plus globalement, la santé hissée comme priorité par les Français. « À lui seul, Michel-Édouard Leclerc est la preuve
vivante que l’officine est un marché qui a encore de l’avenir, résume en souriant Philippe Becker. Simplement, il fait une pause… » En fait, le seul élément régulateur est le prix. « Si l’acquéreur achète trop cher, il ne s’en sortira pas car le marché ne peut aujourd’hui qu’amplifier les erreurs ; il ne les corrige plus, explique l’expert-comptable. Alors que le prix de vente moyen en France s’établit à 84 % du chiffre d’affaires TTC, il doit donc essayer de gagner 5 ou 10 % selon les régions. » Le candidat à l’installation est également aidé par des taux d’intérêt exceptionnellement bas. Reste un élément récurrent : le manque d’apport personnel. « De ce point de vue, l’association est sûrement la meilleure réponse, indique Philippe Becker. Elle permet en outre d’acquérir des surfaces de taille enviable, de développer des activités annexes, de remplir au mieux les nouvelles missions inscrites dans la convention, et de préserver la qualité de vie des titulaires. » Un argument que partage Alain Delgutte : « La peur de l’avenir que j’évoquais précédemment, conjuguée à la féminisation de la profession, ne peuvent que favoriser les associations. D’ailleurs, les statistiques en attestent : l’écart entre la forme d’exploitation associative, qui est désormais clairement une préférence, et l’exploitation en nom propre ne cesse de se creuser. » L’élu ordinal voit en tout cas avec bienveillance l’idée avancée par la Cnam qui, pour maintenir le maillage officinal, propose de garantir un niveau de revenu minimal à ceux qui s’installent dans les zones sous-dotées. Car, explique-t-il, « il ne faudrait pas ajouter aux déserts médicaux des déserts pharmaceutiques ». Philippe Becker, lui, se veut plus optimiste : les départs à la retraite restant la principale cause de transmission, il y aura, dans les deux prochaines années, de belles opportunités « à bon prix », prédit-il.
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6es Rencontres de l’officine
©© photos : Expressions pharma
Déjeuner-débat organisé avec le soutien de Biogaran
Substitution :
lever les réticences Réunis autour d’un déjeuner-débat organisé par le laboratoire Biogaran lors des 6es Rencontres de l’officine, experts et professionnels de santé ont tenté d’identifier les derniers freins liés à la substitution.
A
près une période de croissance ininterrompue de 1998 à 2008, une stagnation de 2008 à 2010 et un recul sans précédent en 2011, l’année 2012 sonnait comme un moment de vérité pour le médicament générique. « L’année 2012 ne ressemble en rien à l’année 2011, a ainsi
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indiqué dans son introduction François Tharaux, directeur marketing Biogaran. 2012 a été marquée par un très net regain de l’activité des génériques. En valeur, ce marché représentait, fin 2012, 16 % du marché du médicament remboursable, contre 13,5 % en 2011. » Un constat corroboré par les chiffres des caisses d’assurance maladie. Le taux national de substitution a fait un
83,9 C’est le pourcentage national de substitution atteint en décembre 2012.
bond à 83,9 % en décembre dernier contre 71 % début 2012, soit 12 points gagnés en à peine 6 mois, permettant une économie supplémentaire de 200 millions d’euros pour l’assurance maladie. Principal moteur de cette dynamique : le renforcement de la politique du tiers payant contre générique, décidé dans le cadre de l’accord signé en mai dernier entre les syndicats de pharmaciens et l’Assurance maladie. « Cette mesure est-elle pérenne ?, s’est interrogé François Tharaux. Car si 2012 marque une embellie, c’est également une année où la défiance des patients vis-à-vis des génériques s’est fait le plus sentir. »
Le patient, un électron libre difficile à convaincre
« La politique tiers payant contre générique est un dispositif forcé, subi par les patients, a renchéri Gaël Granet, pharmacien titulaire dans la Sarthe. J’irai même plus loin : cette politique a ravivé des tensions qui commencent seulement à s’estomper aujourd’hui. C’est d’ailleurs là tout l’enjeu de ce débat : comment renouveler la confiance chez nos patients ? » Si les médicaments
génériques sont similaires aux médicaments princeps, ils peuvent leur être dissemblables par leur nom, leur emballage (couleur, forme), leur forme galénique (un comprimé peut remplacer une gélule ou de la poudre), voire par leurs excipients. Pour certains patients, ces dissemblances peuvent
être à l’origine de doutes sur la qualité des génériques et, plus généralement, peuvent être interprétées par les patients comme autant de signes de « moindre qualité ». Pour Gaël Granet, c’est là le cœur du problème : « Pour vous donner un aperçu de ce que l’on vit quotidiennement dans nos officines, le patient considère le générique non pas avec son regard de malade mais avec celui de consommateur. Or, pour un consommateur, un produit moins cher est un produit moins efficace. C’est une conviction profonde que nous avons le plus grand mal à faire évoluer. Pourquoi accepterait-il ce médicament alors qu’il n’a pas la même boîte, le même nom, la même forme et qu’il change d’une pharmacie à une autre ? » C’est là tout le paradoxe. Alors que les chiffres de la substitution décollent, la réticence des patients augmente. Pour autant, cette réticence n’entame pas la coopération entre professionnels de santé. Bien au contraire. Pour Gaël Granet, « le dialogue est permanent avec les médecins car ils subissent comme nous la multiplication des questions, des inquiétudes, des demandes de ‘‘non substituable’’ sur les ordonnances… Désormais, nous faisons front commun pour lever les doutes. ». Entre comportement consumériste et acte civique, les Français n’ont toujours pas tranché dans l’attitude à adopter face aux génériques. Devant le succès limité des campagnes de communication de l’Assurance maladie, les pouvoirs publics ont donc choisi de sanctionner financièrement les patients avec la mesure tiers payant contre générique. Celle-ci marque un basculement de la politique du médicament générique
Ils ont dit...
Stéphane Mouly, médecin hospitalier à Paris « Les informations doivent être apportées par les pouvoirs publics, avec comme relais sur le terrain les professionnels de santé. Le meilleur exemple c’est la campagne sur les antibiotiques en 2002 “Les antibiotiques, c’est pas automatique.” »
+ 15 François Tharaux, directeur marketing Biogaran « Si 2012 marque une embellie pour les génériques, c’est également une année où la défiance des patients vis-à-vis des génériques s’est fait le plus sentir. »
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C’est la progression en pourcentage du marché des génériques en 2012, avec un taux de substitution pour certaines molécules atteignant 85 %.
Ils ont dit...
6es Rencontres de l’officine Déjeuner-débat Biogaran
Karen Kraeuter, psycho-clinicienne à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP)
« En s’opposant à la substitution, les patients défendent une relation singulière à leur médicament. Une relation dont les contours sont non seulement matériels mais surtout symboliques. » d’un « appel au civisme » à une « sanction par le portefeuille ». « Le patient réagit à cette contrainte du générique en adoptant un nouveau comportement vis-à-vis du duo médecin-pharmacien, a constaté pour sa part Christian Ghasarossian, médecin généraliste à Palaiseau (91). Le patient essaie de nous positionner par rapport aux génériques, de nous liguer les uns contre les autres. J’ai ainsi eu un malade qui me demandait de ne plus écrire ‘‘NS’’ mais ‘‘non substituable’’ en toutes lettres pour que le pharmacien ne lui délivre surtout pas le générique. En devenant de plus en plus acteur de sa santé, le patient exerce une pression sur les professionnels de santé. » « La situation s’est réellement dégradée ces dernières années au niveau de la relation médecin-patient et pharmacien-patient, a poursuivi Stéphane Mouly, médecin hospitalier à Paris (75). On se retrouve dans des situations de très vives tensions où le patient nous indique qu’il ne supporte pas le générique, qu’il menace d’arrêter son traitement si nous ne prescrivons pas le princeps. »
Un système vicié ?
À en croire Christian Ghasarossian, cette situation serait la conséquence en premier lieu « d’un refus politique d’harmoniser le prix du médicament sur
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le produit princeps le moins cher. S’il y avait eu à un moment donné une décision politique d’obliger les industriels pharmaceutiques à aligner leurs prix, nous n’en serions pas là aujourd’hui. » Quant au patient, il se retrouve au cœur d’un système vicié. Les mesures incitatives et les sanctions qui en découlent lui donnent l’impression d’être otage de ce dispositif et non pas de participer aux économies de l’Assurance maladie. « Le ‘‘geste citoyen’’ du patient permettant de sauvegarder les comptes de la Sécurité sociale est une chimère, a observé Christian Ghasarossian. Dans l’esprit du patient, le pharmacien paraît corrompu parce qu’il a une marge bénéficiaire plus importante sur le médicament générique, tout comme le médecin peut bénéficier de certains intérêts à prescrire en générique. Le patient voit tout cela et n’est pas dupe. C’est le système de la carotte et du bâton. » Cette vision pragmatique de la situation est partagée par Stéphane Mouly, pour qui l’une des solutions à ce blocage réside dans le dialogue entre professionnels de santé. « J’ai la chance d’appartenir à un réseau de santé qui
organise de nombreuses formations initiales et continues entre professionnels de santé. Le dialogue est pour ainsi dire permanent entre le médecin hospitalier, le médecin de ville, le pharmacien hospitalier et le pharmacien d’officine. Cela nous permet de gérer des situations difficiles liées au non substituable ou à la réclamation du patient. Nous comparons nos expériences respectives et tentons d’identifier des solutions. »
Ne pas occulter la relation du patient avec son médicament
Invitée à s’exprimer à son tour, Karen Kraeuter, psycho-clinicienne à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP), a critiqué l’aspect économique de la mesure tiers-payant contre génériques. « Une mesure économique, ce n’est pas un projet thérapeutique. Une mesure économique, ce n’est pas un projet d’organisation des soins, ce n’est pas un projet de réseau réunissant des professionnels de santé. Certes, on atteint des objectifs mais cela ne satisfait personne. À force de parler de données chiffrées, de résultats, on nie totalement la relation affective qu’entretient le patient
avec son médicament. Occulter cette dimension émotionnelle est à mon sens une grave erreur. » Contrairement à ce que pensent les promoteurs des médicaments génériques, l’équivalence entre les génériques et les princeps ne va pas de soi. « C’est pourquoi Biogaran a réalisé une websérie », a précisé François Tharaux. Au contraire, les conflits entre pharmaciens et patients, entre médecins et patients révèlent un très fort attachement de ces derniers à leur médicament habituel. Karen Kraeuter va même plus loin : « En s’opposant à la substitution, les patients défendent une relation singulière à leur médicament. Une relation dont les contours sont non seulement matériels mais surtout symboliques. » Pour la psychoclinicienne, le niveau de confiance du patient et de son entourage vis-à-vis du pharmacien a été extrêmement valorisé ces dernières années. Toutefois, face aux difficultés psychologiques liées à la substitution on assiste à un phénomène inverse : « On a l’impression qu’on perd le terrain qu’on avait gagné, a ainsi constaté Karen Kraeuter pour qui « passer en force avec la substitution est considéré comme suspect par le patient. Passer en force, c’est un aveu de faiblesse, cela donne à penser qu’on n’a pas réussi à convaincre, que l’on n’a pas obtenu l’adhésion des différents acteurs. Cela donne raison à toutes les connotations négatives que l’on peut avoir sur le médicament. Alors
oui, on peut se féliciter du taux de substitution, des objectifs atteints mais c’est sans compter les réticences, les résistances que l’on a créées. »
L’information au comptoir : un subtile dosage
« Lorsque nous amenons des informations au patient, il se pose légitimement la question de savoir pourquoi le pharmacien lui adresse toutes ces informations, a témoigné Gaël Granet. Il
57 % Des Français acceptent systématiquement la substitution d’un médicament d’origine selon un sondage Ifop publié en décembre 2012. Ils étaient 62 % un an plus tôt.
peut alors supposer que nous sommes intéressés par le générique. Passer en force, c’est une erreur mais inonder le patient d’informations, ce n’est pas la solution non plus. L’équilibre est difficile à trouver. » Si passer en force est générateur de tensions, quelle serait alors la méthode à adopter pour « éduquer » ou « responsabiliser » les patients au comptoir ? Pour Stéphane Mouly, « les informations doivent être apportées par les pouvoirs publics avec comme relais sur le terrain les professionnels de santé. Le meilleur exemple, c’est la campagne sur les antibiotiques en 2002 ‘‘Les antibiotiques, c’est pas automatique’’. » Cette campagne d’information, élaborée par les pouvoirs publics et relayée par les professionnels de santé, a porté ses fruits. Les prescriptions d’antibiotiques ont baissé de 7 % entre 2002 et 2009. Pour obtenir ces résultats, il a fallu cinq ans. À partir de 2008, l’impact de cette campagne a commencé à stagner, les prescriptions d’antibiotiques ont légèrement augmenté. Du coup, en 2010, les pouvoirs publics ont relancé une campagne en modifiant la cible et l’information délivrée au patient. « Si les effets positifs ou négatifs de cette campagne ne seront perceptibles que dans deux-trois ans, ce qui importe dans ce processus c’est l’implication des professionnels de santé et la bonne circulation de l’information, a souligné Stéphane Mouly. Il doit en être de même avec le générique. »
STAR a pour vocation d’accompagner les pharmaciens et leurs équipes dans l’évolution de l’exercice pharmaceutique, en les aidant à restaurer la confiance et la satisfaction de leurs patients. 3 000 pharmacies ont bénéficié de ce programme depuis son démarrage, au mois de mars 2012. Les atouts de STAR • STAR pour l’équipe : la solution professionnelle pour amener l’équipe à fidéliser toujours plus de
patients en développant et améliorant la qualité de la dispensation du médicament générique et l’accompagnement du patient. • STAR programme de qualité, le seul à aborder la relation patient-pharmacien et pharmacienmédecin en y apportant des solutions concrètes d’experts de la santé : pharmacien, médecin, psychologue. • Star pour le titulaire : un outil de management pour développer ses collaborateurs Pour chaque officine, c’est un accès Internet à la plate-forme STAR qui permet de suivre, à la demande, les experts présenter et échanger sur chacun des cinq sujets abordés : • Les génériques de A à Z : c’est revenir sur
les définitions, la bioéquivalence, les chiffres clés, etc. • Les bonnes pratiques des médicaments génériques : c’est apprendre à bien gérer les génériques (achat, stockage, délivrance, substitution, etc.). • La maîtrise de l’offre générique : c’est savoir gérer les nouveautés, les pathologies sensibles, les faibles rotations. • Dialoguer avec ses patients : c’est apprendre à analyser les attitudes de ses patients et savoir réagir dans toutes les situations. • La liaison médecin-pharmacien : c’est faciliter le dialogue entre professionnels de santé, lever les freins et limiter la mention NS (non substituable).
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STAR BIOGARAN « SubsTituer pour Augmenter votre Rentabilité »
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Back-office
Assurance multirisque professionnelle : êtes-vous bien couvert ? L’assurance multirisque professionnelle brille par la diversité de son offre et l’étendue de ses garanties. Comment bien la choisir ? Quels sont les pièges à éviter ? Voici quelques éléments de réponse.
V
ous êtes locataire ou propriétaire des murs de votre officine ? Pensez à souscrire une assurance multirisque professionnelle afin de garantir les risques immatériels et matériels qui pourraient survenir. Un incendie, un dégât des eaux, un vol, un bris de glace… peuvent ralentir ou stopper votre activité, avec des conséquences immédiates : diminution de vos revenus et perte de clientèle. À la différence d’autres assurances, la multirisque
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Certaines compagnies proposent un bonus pour le nombre d’années sans sinistre. Une question à ne pas omettre.
professionnelle s’accompagne d’appréciables garanties et balaie un large spectre. Elle couvre ainsi le local, les équipements médicaux, les matériels et marchandises contre les risques standard (incendie, dégât des eaux, tempête, explosion, vol, bris, dommage électrique…). On distingue trois volets majeurs qui constituent l’intérêt de cette assurance : – des garanties dommages ; – des garanties financières en cas de perte d’exploitation suite à un sinistre réduisant ou stoppant toute l’activité de l’officine ;
– une garantie responsabilité civile couvrant les dommages causés à un tiers par la faute de l’entreprise ou de l’un de ses employés. Les dommages pris en charge peuvent être corporels, matériels, immatériels, et concerner des dommages directs ou indirects, éventuellement sur des biens prêtés. La Médicale, MACSF, MADP, Pharmassur, Unim, AGF, Maaf, ils sont nombreux à proposer des assurances qui recouvrent à la fois la responsabilité civile professionnelle, la sécurité du personnel et des clients ou la protection juridique.
De nombreuses garanties proposées L’assurance multirisque professionnelle propose de nombreuses garanties adaptées aux besoins de votre officine et pouvant être choisies sur mesure : locaux professionnels ; responsabilité civile professionnelle ; informatique (matériel et données) ; protection financière ; perte d’exploitation ; caution financière ; assurance crédit ;
Des propositions à lire attentivement
S’il faut veiller à analyser la pertinence des garanties, les exclusions qui figurent au contrat ainsi que les tarifs, la souscription d’une assurance multirisque professionnelle impose également une lecture détaillée. Autre interrogation importante : l’inclusion de l’assurance perte d’exploitation qui vous couvre contre les risques financiers d’un sinistre affectant votre outil de travail. Cette assurance vous permet de toucher une indemnité qui correspond à la perte de marge brute liée. Vérifiez qu’elle figure bien dans l’assurance multirisque. Si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à la souscrire puisqu’elle vous permettra de bénéficier d’un complément de revenus si votre production et votre chiffre d’affaires se trouvent affectés. Un exemple parmi tant d’autres : vérifiez qu’en cas d’incendie, le contrat mentionne bien que tous les médicaments seront remboursés et pas seulement les boîtes noircies et brûlées car, exposé à une forte chaleur, le reste du stock aura certainement été endommagé. Il en est de même pour les vaccins stockés au réfrigérateur, qui peuvent être altérés lors d’un changement brutal de température. Une autre prestation appréciable est la reconstitution de fichiers informatiques en cas d’erreur de manipulation, de panne électrique ou de détérioration du matériel. Quid enfin des délais de paiement ? Une fois votre outil ou votre lieu de travail endommagé, la question peut vite se révéler cruciale. Vérifiez que votre assureur s’engage à mettre rapidement à votre disposition les moyens financiers pour faire face à un sinistre. Vous n’avez pas eu d’incident depuis de nombreuses années ? Pourquoi ne pas en être récompensé ? Certaines compagnies proposent un bonus pour le nombre d’années sans
protection juridique ; période de surcroît d’activité, qui permet d’augmenter les indemnités journalières, la valeur des biens assurés, les espèces détenues pendant ces périodes ; l’assurance pour les activités exercées en dehors des locaux ; l’assistance en cas de sinistre avec le dépannage d’urgence, la recherche de prestataires…
sinistre. La Maaf, avec Multipro, vous fait par exemple bénéficier jusqu’à 7,5 % de réduction selon la date de création de votre entreprise.
Gare aux clauses exclusives de responsabilité
Une fois votre outil ou votre lieu de travail endommagé, la question des délais de paiement est cruciale. Vérifiez que votre assureur s’engage à mettre rapidement à disposition les moyens financiers pour faire face à un sinistre.
En prêtant attention à votre contrat, vous remarquerez peut-être la présence de plusieurs clauses exclusives qui obligent à mettre en place certains équipements de sécurité comme des alarmes, des portes coupe-feu, des extincteurs… Il est vivement conseillé de ne pas prendre ces clauses à la légère car, en cas de sinistre, vous ne pourrez pas compter sur votre assureur faute d’avoir fait installer ces équipements dans votre officine. Il est à noter que de tels équipements peuvent avoir une influence sur le coût global de l’assurance. Ainsi, plus vos locaux sont sûrs, moins le risque est important, et moins les primes sont élevées. Une assurance multirisque professionnelle peut également, par souhait d’éviter la coassurance, indiquer la non couverture de certains risques déjà couverts par ailleurs. C’est par exemple le cas de ceux afférents aux véhicules à moteur déjà pris en charge par votre assurance auto.
• La consultation de sites comparatifs spécialisés permet de se faire une idée des prix pratiqués sur le marché et de faire jouer la concurrence entre assureurs.
Ne pas oublier la responsabilité civile professionnelle
L’assurance multirisque professionnelle est l’un des éléments à ne pas négliger lors de l’achat, ceci afin d’éviter les contrats non spécifiques aux pharmacies qui peuvent s’avérer très dommageables lors d’un sinistre. L’assurance multirisque garantit les risques liés à votre profession ainsi que l’activité de vos employés, avec la garantie « responsabilité civile professionnelle » (RC). En tant que chef d’entreprise, vous êtes en effet responsable des dommages causés par vous-même, mais aussi par votre personnel, vos locaux et votre matériel. Mais n’étant pas obligatoire pour tous, il arrive souvent que les professionnels oublient de s’assurer, ce qui fait courir un risque important à la société. Rassurez-vous, les pharmaciens, en tant que professionnels libéraux, sont naturellement couverts par l’assurance de l’officine. Vérifiez toutefois où se trouvent les garanties RC. Elles peuvent être intégrées à votre contrat multirisque pro ou souscrites au sein d’un contrat de responsabilité civile professionnelle spécifique.
La protection juridique, à ne pas négliger
C’est une option qui ne figure pas systématiquement dans les contrats de base. L’option protection juridique vous couvre lorsqu’il y a litige avec votre propriétaire, un salarié, un fournisseur ou un prestataire. Elle prend en charge les frais de procédure liés au conflit. Des assureurs mettent aussi à disposition des juristes pour vous conseiller dans les démarches à suivre.
Faites jouer la concurrence
Comme avec les banques, pour une demande de prêt immobilier, n’hésitez pas à faire jouer la concurrence. Lors d’un premier rendez-vous, pensez à amener un devis à un prix moins élevé pour voir si votre assureur s’alignera. Autre astuce, les comparateurs d’assurances en ligne permettent de confronter les formules proposées par les acteurs du secteur assurantiel. Par exemple, le site Assurlandpro (www.assurlandpro.com) vous offre la possibilité de comparer en détail les devis des assureurs spécialisés en fonction de vos besoins et de votre budget. Enfin, pour éviter les mauvaises surprises, rappelez-vous que l’idéal est de pouvoir consulter au préalable les conditions générales du contrat avant de vous engager. Olivier Valcke
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Génération Manager Chaque mois, Marie-Hélène Gauthey vous accompagne dans la mise en place de vos bonnes pratiques managériales à l’officine.
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Charlotte sanctionne Thomas pour ses retards
Description Depuis que Thomas est papa, il arrive cinq à quinze minutes en retard presque tous les matins. Lors de deux entretiens, Charlotte lui a expliqué les conséquences sur le service à la clientèle de l’officine et sur l’exemplarité qu’il devait avoir en tant qu’adjoint pour le reste de l’équipe. Malgré ces entrevues, où Thomas lui a dit qu’il allait « faire attention », Charlotte constate qu’il n’y a eu aucune amélioration. Après une longue hésitation et ne pouvant prendre le risque que toute l’équipe arrive en retard, elle décide de réagir. Sanctionner un collaborateur n’est jamais facile pour un manager mais ne pas le faire, c’est accepter la situation. Résultats attendus Charlotte attend que Thomas soit en poste pour accueillir les clients dès l’ouverture. L’objectif de l’avertissement est de lui faire prendre conscience que les retards ne sont pas acceptables et constituent une faute lorsqu’ils sont répétés. Dans la mesure où Charlotte a déjà réalisé deux entretiens informels sans résultat, elle souhaite, avec cet avertissement, que les retards cessent, et ainsi mettre un terme à cette dérive. Zoom méthodologique 1) Procédure préalable à respecter L’avertissement n’a pas d’incidence sur la présence du salarié dans l’officine, sa fonction ou sa rémunération. Charlotte n’est donc pas tenue de le convoquer à un entretien préalable.
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2) Notification de l’avertissement Charlotte va remettre à Thomas un avertissement par écrit lors d’un entretien, où elle va lui notifier les faits : malgré des rappels effectués les [elle précise ici les dates des entretiens], vous êtes arrivé à l’officine en retard les [dates et heures des jours concernés]. Charlotte doit également expliquer par écrit les conséquences sur le service à la clientèle et l’exemplarité nécessaire en tant qu’adjoint vis-à-vis de l’équipe officinale. En raison de la prescription existante pour ce type de faute, l’avertissement ne peut être prononcé au-delà de deux mois à compter du jour où Charlotte a eu connaissance des faits qu’elle reproche à Thomas. Le courrier devra être signé en deux exemplaires par Thomas avec la mention « Remis en main propre le date de l’entretien ». Charlotte conservera un exemplaire dans le dossier de Thomas. Source : article L 1332-2 du Code du travail. L’avis de l’équipe Thomas : « Je ne pensais pas que Charlotte irait jusqu’à l’avertissement. J’avais un peu l’espoir qu’elle laisserait couler, mais j’ai bien compris le message et vais donc faire en sorte d’être à l’heure le matin. » Diane : « Charlotte est une titulaire avec laquelle on peut discuter mais il y a des limites à ne pas dépasser. » Ketty : « Moi, je fais l’effort d’être à l’heure tous les matins. C’est normal que toute l’équipe soit en poste à l’ouverture, c’est le contraire qui serait injuste ! » Jeannette : « Au moins, je sais ce qu’exige Charlotte. » Clémentine : « Avec Charlotte, les règles du jeu sont claires et équitables pour tous. »
10 questions sur…
La mise en place des entretiens pharmaceutiques Sujet d’actualité, l’entretien pharmaceutique a fait l’objet de nombreuses sessions lors des 6es Rencontres de l’officine. Retour sur les interventions de nos experts, en dix points clés. Quelle est la marche à suivre ?
Les experts présents lors des 6es Rencontres de l’officine sont unanimes : la première étape pour réaliser de bons entretiens pharmaceutiques est la formation ! Se former et former son équipe sur la pathologie traitée est le prérequis essentiel, mais il est également nécessaire de comprendre les enjeux de l’entretien. Être parfaitement au point sur les AVK est donc indispensable… mais pas suffisant ! Le savoir-être et le savoir-faire sont aussi à prendre en compte. Tout comme le fait de déterminer qui, dans l’équipe, mènera les entretiens pharmaceutiques, afin de cibler précisément les formations suivies par chacun. Étape suivante : gérer le temps et l’espace. Où et comment installer la zone de confidentialité ? À quel moment prendre les rendez-vous pour perturber le moins possible le travail de l’équipe ? Ce dernier point passe par la recherche et le réaménagement des temps utiles. Il faut ensuite s’interroger sur le matériel nécessaire, acquérir les outils, les documents. Enfin, il va falloir se jeter à l’eau, car l’expérience seule apportera certaines réponses.
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Comment se former ?
Deux volets sont à prendre en compte : la formation scientifique et technique et la création de compétences. Concernant la première, de nombreuses formations sont disponibles, tant en présentiel qu’en e-learning. Sur ce volet, il est bon de former l’ensemble de l’équipe, afin d’assurer une dispensation optimale
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30 C’est le nombre moyen de patients sous AVK par officine en France.
et faciliter le recrutement de patients. Pour le second volet, il existe des formations dédiées à l’entretien pharmaceutique et à la façon de le mener, qui seront réservées aux titulaires ou adjoints, qui sont les seuls habilités à remplir cette mission. À noter : avec les formations éligibles au DPC, il est possible de faire d’une pierre deux coups, en se préparant à une nouvelle mission, et en remplissant son obligation de formation continue.
Comment organiser son espace de confidentialité ? 3
Si la convention ne prévoit pas de surface minimale ou d’aménagement obligatoire, elle précise que l’espace choisi doit permettre de recevoir les patients « isolément ». Une isolation visuelle et phonique est donc requise. Vous pouvez aussi opter pour le bureau ou l’espace orthopédie, s’ils permettent la confidentialité. Côté mobilier, prévoyez une table,
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10 questions sur…
trois chaises (le patient pourra être accompagné, notamment si ce n’est pas lui qui gère son traitement), un poste informatique et un endroit où ranger les documents nécessaires. Si vous disposez d’un espace spécifique ou voulez en aménager un, il peut être bon de prévoir un point d’eau et une table d’examen car vous serez peut-être amené plus tard à faire bien plus que du suivi de patients sous AVK ! Comme l’expliquait Sophie Toufflin-Rioli, titulaire, lors de sa session aux 6es Rencontres de l’officine, selon les services offerts à la clientèle, on doit également prévoir des aménagements particuliers. Dans son officine, elle propose des prises de tension artérielle, des mesures d’INR, de glycémie ou de cholestérol… mais aussi des bandelettes urinaires, ce qui oblige à mettre à disposition des toilettes réservées au public et accessibles aux handicapés.
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Quels supports vais-je utiliser ?
L’Assurance maladie fournit un guide de l’entretien pharmaceutique et une fiche de suivi. De son côté, le Comité pour la valorisation de l’acte officinal (www.cvao.org) met à disposition des pharmaciens trois protocoles : première dispensation d’un traitement par AVK, suivi du patient sous AVK, entretien pharmaceutique d’un patient sous AVK. Les deux premiers sont accessibles à tous les membres de l’équipe, le troisième est réservé au ou aux pharmaciens responsables de ces entretiens. Plusieurs laboratoires ou groupements ont également développé des outils, comme des lettres types à envoyer au médecin, des fiches de rendez-vous… Rien ne vous empêche de faire de même. Lors de sa session aux Rencontres, Yves Michiels, pharmacien, a par exemple mis en avant l’intérêt pour le patient des fiches posologiques, à la fois pour évaluer sa compréhension, mais aussi pour récapituler les schémas de prise. En effet, avec des quarts, des demis, des trois-quarts de comprimés, parfois à alterner, le patient peut avoir besoin d’un coup de pouce pour s’y retrouver. Enfin, le carnet d’information et de suivi du traitement par AVK est indispensable ; veillez à en avoir toujours en stock (disponible sur www.cespharm.fr). N’hésitez pas à vous familiariser en amont avec ce document, pour être pertinent dans vos explications.
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Peut-on proposer d’autres entretiens aux patients ? Au-delà du suivi de patients sous AVK, et bientôt des asthmatiques, rien ne vous empêche de mettre à profit votre espace de confidentialité… et vos compétences ! Suivi d’autres malades chroniques, dispensations particulières, dépistage, prévention ou éducation thérapeutique… tout est possible, à condition d’être motivé et créatif. Et la rémunération, direz-vous ? Là aussi, vous n’êtes pas obligé d’attendre un quelconque avenant, car il est tout à fait possible de proposer des services payants à vos clients. Pour Sophie Toufflin-Rioli, le cap a été franchi ; sa pharmacie propose par exemple
des entretiens d’accompagnement au sevrage tabagique incluant test de motivation, prise de tension, mesure du monoxyde de carbone dans l’air expiré et entretien personnalisé, le tout pour 23,50 €. Des entretiens de nutrition, des dépistages du risque cardio-vasculaire, des prises de tension sont également proposés, et toujours tarifiés. « Le plus dur, ça a été de faire payer les patients… mais pas pour eux, pour nous », rapporte la pharmacienne. Demander de l’argent à sa clientèle, même quand on a investi pour lui offrir des services, n’est pas encore un réflexe… mais le deviendra peut-être ?
L’entretien pharmaceutique est le premier moyen majeur de différenciation qualitative. Thierry Barthelmé, Utip
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Comment recruter les patients ?
Pour pouvoir mener des entretiens pharmaceutiques de suivi de patients sous AVK, il faut commencer par les trouver ! L’accompagnement s’adresse aux personnes qui suivent un traitement au long cours, soit supérieur ou égal à six mois. Un moyen facile consiste à placer, via le logiciel de gestion officinale, un commentaire sur les fiches des patients concernés. Ainsi, quel que soit le membre de l’équipe qui le servira, il pourra proposer le service. Attention, cela implique que chaque collègue soit informé du service, formé sur la pathologie, mais aussi sur la façon d’entamer le dialogue. Vous pouvez également vous appuyer sur la documentation, notamment le courrier d’information que les caisses d’assurance maladie envoient aux assurés pour les avertir. Une affiche en zone client peut être apposée, vous pouvez aussi créer des leaflets et, évidemment, parler spontanément de cette mission à vos clients, aux prescripteurs alentours… Quelques réflexes en matière de communication doivent être acquis, comme le soulignait Christine Caminade lors de sa session. Pour recruter les patients, il faut leur donner envie,
éveiller leur intérêt. Il faut donc leur parler d’eux avant tout, en évitant de dire par exemple « Je vous propose un nouveau service », et en disant plutôt « Vous pouvez bénéficier d’un nouveau service ». Connaître sa patientèle et les éléments qui la motivent est utile : tel client réagira plus si on met en avant le gain de sécurité que l’entretien lui apportera, tel autre sera davantage interpellé par le remboursement du service, tel autre par sa nouveauté ou sa commodité… Pour formaliser le recrutement du patient à un suivi par entretien pharmaceutique, celui-ci doit signer un bulletin d’adhésion.
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Comment se déroule l’entretien ?
Lors de l’entretien, le pharmacien – titulaire ou adjoint – va s’appuyer sur des documents (questionnaire ou grille de suivi) afin de proposer à chaque patient un suivi de même qualité, et ne rien oublier. Sont abordées en premier lieu les informations le concernant : nom, prénom, âge, prescripteur, médicaments, habitudes de vie, difficultés motrices… La connaissance des notions générales autour du traitement par AVK sera évaluée ensuite par le pharmacien, qui notera si elles sont acquises, partiellement acquises ou non acquises. Les principes du traitement, la surveillance biologique, les signes de surdosage, les interactions médicamenteuses, l’alimentation et l’information donnée aux autres professionnels de santé seront tour à tour abordés. La conclusion de l’entretien est l’occasion de noter les objectifs pour le suivant, d’en fixer la date avec
Évitez le jargon, utilisez des mots simples. Oubliez les ‘‘il faut’’… et impliquez le patient !
ChristineCaminade, formatrice
©© DR
à l’instauration du traitement, pour un montant de 40 € par an et par patient suivi. Le règlement aura lieu au premier semestre 2014 pour les entretiens réalisés en 2013, et c’est la pharmacie qui a initié le suivi qui devrait percevoir cette rémunération. À noter : cette dernière n’est pas soumise à la TVA.
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Les patients seront d’autant moins versatiles que vous les aurez convaincus de l’intérêt du suivi lors du premier entretien. Jean-Michel Mrozovski, CVAO
Comment prévenir les médecins ?
Par téléphone, par e-mail, par courrier ou lors d’une visite informelle… tous les moyens sont bons pour faire passer l’information, car la collaboration entre médecins et pharmaciens rendra le suivi du patient d’autant plus facile. Une fois vaincues les réticences, expliqués l’intérêt et les limites de l’entretien pharmaceutique, vos voisins médecins auront peutêtre à cœur de le « prescrire ». Le dialogue sera ainsi plus aisé par la suite, notamment si une adaptation posologique est nécessaire.
Comment tarifier ?
Après l’entretien, la tarification se fera par télétransmission, avec la carte Vitale de l’assuré, en entrant le code acte « entretien de suivi AVK ».
Cahier transactions Achat-vente d’officines Tous les mois de nouvelles offres
Quel est l’intérêt de l’entretien pharmaceutique pour l’officine ? 10
le patient, mais aussi de déterminer le nombre et la fréquence des entretiens ultérieurs. Si le minimum est de deux par an, il est possible d’en prévoir davantage. En cas de besoin, le pharmacien peut prévoir de joindre le médecin et de lui adresser le patient.
Pensez à archiver ou à scanner les documents, la CPAM ayant la possibilité de demander les justificatifs des actes transmis. Gardez également à l’esprit que les entretiens réalisés en 2013 ne seront rémunérés qu’au premier trimestre 2014.
Comment serai-je rémunéré pour cette mission ? 9
La rémunération de l’entretien est prévue dans la nouvelle convention qui lie les pharmaciens à l’Assurance maladie. Elle entre dans le chapitre concernant la rétribution des nouvelles activités et de la performance. Elle comprend le remboursement de deux entretiens de 20 minutes par an et d’un entretien
Pour Thierry Barthelmé, président de l’Utip association, et Jean-Michel Mrozovski, président du CVAO, qui présentaient la session « Comment réaliser un entretien pharmaceutique pour un patient sous AVK », l’avantage est notable, puisqu’il s’agit du « premier moyen majeur de différenciation qualitative » pour l’officine. L’entretien représente une « opportunité vers la constitution d’un nouveau métier », une « réponse intelligente au DPC » et contribue à l’amélioration de l’image d’acteur de soins du pharmacien. Cette évolution s’inscrit, pour les deux experts, de manière plus globale dans celle de la société, apportant une réponse concrète au vieillissement d’une population en attente de services et au retournement de l’économie de santé : « More care, less cure ». Au chapitre des points négatifs, les experts relevaient l’absence de business model et de rentabilité immédiate. À moyen terme, ils reconnaissaient même des investissements non productifs. Amélie Baumann-Thiriez, pharmacienne
Tous les mois, les transactionnaires vous proposent leurs meilleures offres d’achat ou de vente d’officines avec Vous êtes un professionnel et vous souhaitez annoncer dans ce hors-série, contactez Philippe Fuzellier au 01 49 29 29 avril 212013 - Pharma N°101 • 35
Mémo conseil
La douleur aiguë au comptoir Dans cette nouvelle rubrique, nous vous donnons de manière synthétique les informations nécessaires pour traiter une pathologie au comptoir : évaluation, solutions… Ce premier épisode s’intéresse aux douleurs aiguës.
Contexte
Nous traiterons ici de la douleur aiguë, qui se caractérise par un début soudain et une durée limitée, et plus particulièrement de la douleur par excès de nociception. Celle-ci résulte d’une agression tissulaire (blessure, brûlure…), d’un processus inflammatoire, ischémique, ou de stimulations mécaniques importantes. Tout patient se plaignant d’une douleur doit pouvoir être pris en charge afin d’être soulagé.
Évaluation
La première étape consiste à caractériser la douleur : localisation, type, rythme, conditions et moment de
survenue, signes associés. Son intensité peut être évaluée au moyen d’une échelle visuelle analogique ou d’une échelle verbale à cinq niveaux, avec 0 pour absence de douleur ; 1 pour douleur légère ; 2 pour douleur modérée ; 3 pour douleur intense ; 4 pour douleur sévère. Il faut ensuite rechercher la cause de la douleur. Dans la plupart des demandes spontanées au comptoir, le patient l’identifie spontanément : céphalée, migraine, blessure, brûlure, infection dentaire ou urinaire…
Solutions
La prise en charge va comprendre deux aspects : le traitement antalgique
et le traitement étiologique. Le pharmacien est en première place pour soulager rapidement la douleur ; il est d’ailleurs souhaitable de la traiter au plus vite, même quand la cause n’en a pas été déterminée. Le traitement étiologique concernera plus volonLes antalgiques tiers le médecin, avec par exemple la prescription d’un traitement de fond de palier II pour la migraine, le soin d’une dent cas’adressent aux douleurs riée, la prescription d’un anti-ulcéreux en cas de lésion gastro-duodénale… modérées à Les médicaments à conseiller sont sévères ou récapitulés dans le tableau ci-dessous ne répondant (n’y sont présentés que ceux qui ne pas à ceux sont pas soumis à prescription).
de palier I.
Adulte
Femme enceinte, allaitante
Enfant
Paracétamol 1 g par prise, maximum 4 g par jour, intervalle de 4 heures entre les prises
Paracétamol Idem patient adulte
Paracétamol : 60 mg/kg/j en 4 prises espacées de 6 heures, soit une dose-poids par prise 3 à 4 fois par jour
Antalgiques de palier I
Spécialités : Algodol, Claradol, Dafalgan, Doliprane, Dolko, Efferalgan, Géluprane, Paradol…
Spécialités : formes pédiatriques de Doliprane, Efferalgan, Dolko, Paralyoc
Aspirine 500 mg à 1 g par prise, 1 à 3 fois par 24 h
Aspirine Déconseillé jusqu’à 24 semaines d’aménorrhée, contre-indiqué ensuite
Spécialités : Aspégic, Aspirine Upsa, Aspro, Catalgine, Alka-Seltzer…
Déconseillé lors de l’allaitement
En association : antigrippine (avec caféine et vitamine C) Ibuprofène 200 à 400 mg par prise (aux repas), maximum 1 200 mg par jour en prises espacées de 4 à 6 heures Spécialités : Advil, AdvilCaps, Antarène, Nureflex, Nurofen, Upfen, Nuroflash, Spifen (avec arginine), Spedifen (avec arginine)…
Palier II
Rose Perrier, pharmacienne
Association paracétamol et codéine 1 à 2 comprimés, 1 à 3 fois par jour, prises espacées de 4 heures minimum Spécialités : Klipal-codéine, Claradol-Codéine, Codoliprane Avec caféine : Prontalgine
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Aspirine Déconseillé dans les viroses de l’enfant. 25 à 60 mg/kg/j en 3 à 4 prises, soit une dose adaptée au poids par prise, 3 à 4 fois par jour Spécialités : formes pédiatriques d’Aspégic, Catalgine
Ibuprofène Déconseillé les deux premiers trimestres, contre-indiqué au troisième trimestre À éviter lors de l’allaitement
L’utilisation d’AINS en pédiatrie nécessite la prudence, éviter le conseil spontané 20 à 30 mg/kg/j en 3 à 4 prises espacées de 6 à 8 heures, soit une dose-poids par prise 3 à 4 fois par jour Spécialités : formes pédiatriques d’Advil, Antarène, Nureflex
À éviter au premier trimestre ou à proximité du terme Contre-indiqué durant l’allaitement
Aucune forme pédiatrique sans ordonnance
Formation Asthme et traitements
Le patient asthmatique et ses traitements
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Les traitements disponibles permettent aujourd’hui une bonne maîtrise de l’asthme… à condition qu’ils soient bien suivis. Les prochains entretiens pharmaceutiques des asthmatiques viseront notamment à améliorer l’autogestion de cette maladie chronique.
L
’asthme se caractérise par une inflammation persistante des voies aériennes, responsable d’une aggravation de l’hyperréactivité bronchique. L’autre composante physiopathologique de l’asthme est un spasme du muscle lisse bronchique. Les épisodes de bronchoconstriction varient en intensité selon les crises et sont réversibles, spontanément ou sous l’influence de médicaments. Si la bronchoconstriction est un phénomène
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C’est, en semaines, la durée minimale pour voir apparaître les effets bénéfiques du traitement de fond.
musculaire rapide, l’inflammation de la muqueuse bronchique conduit, elle, progressivement à un rétrécissement du calibre des bronches. Et, en l’absence de traitement, l’hypersécrétion de mucus et l’œdème existant au niveau de la muqueuse engendrent une hypoxie.
Connaître les facteurs déclenchants
L’autogestion de la maladie respiratoire passe par la connaissance des facteurs qui la déclenchent ou l’aggravent. Il peut s’agir de facteurs irritants comme
des changements importants de température ou du taux d’humidité, l’air froid, l’exercice physique, des odeurs fortes ou un stress ; de facteurs pro-inflammatoires tels que les allergènes (acariens, pollens, moisissures, animaux), les produits industriels et les infections respiratoires (rhinite, grippe, otite) ; de facteurs irritants et pro-inflammatoires avec en particulier la fumée de cigarette, certains médicaments (aspirine, AINS, bêta-bloquants), les sulfites utilisés comme additifs alimentaires et certains polluants. Les facteurs
irritants peuvent provoquer une bronchoconstriction, alors que les facteurs pro-inflammatoires sont à l’origine d’une inflammation persistante des bronches. Dans la prise en charge de l’asthme, le sevrage tabagique est une priorité. Par ailleurs, il est important que les comorbidités associées à l’asthme, telles que la rhinite allergique, la sinusite et le reflux gastro-œsophagien, soient maîtrisées.
sévérité des exacerbations, ne sont pas immédiats. Une amélioration des symptômes peut être perçue après deux semaines de traitement. Un délai d’action plus long, pouvant aller jusqu’à trois mois, est parfois nécessaire. Il est important d’en informer le patient afin qu’il n’arrête pas prématurément son traitement. Candidose oropharyngée, dysphonie et toux sont les principaux effets indésirables. En cas de réponse insuffisante, un bêta-2 agoniste de longue durée d’action comme le salmétérol ou le formotérol peut être associé. L’objectif étant de réduire l’emploi de thérapies de secours ainsi que le nombre d’exacerbations. L’analyse de la fréquence de consommation des médicaments de secours et d’entretien est bien souvent révélatrice. Une surconsommation des bronchodilatateurs bêta-2 agonistes de courte durée d’action indique une mauvaise maîtrise de l’asthme, alors que la sous-consommation de corticoïdes inhalés penche en faveur d’une mauvaise adhésion au traitement. Pour situer le contrôle de l’asthme, le questionnaire ACT (Asthma Control Test, www.asthmacontroltest.com) est un outil de travail intéressant (cinq questions simples portant sur le vécu des quatre dernières semaines).
Thérapies de secours et traitement de fond
Ce sont les bronchodilatateurs à action rapide, qui sont utilisés en thérapie de secours pour traiter les symptômes aigus. Une corticothérapie orale de courte durée peut s’avérer nécessaire. En pratique, l’asthmatique doit toujours garder à proximité son inhalateur de secours et, en cas d’utilisation excessive, le traitement d’entretien devra être réévalué. Les bêta-2 agonistes de courte durée d’action (salbutamol, terbutaline) agissent en cinq à quinze minutes, pendant trois à six heures. Ils ne doivent être pris qu’en cas de besoin. Si l’on prend pour repère une consommation de salbutamol inférieure à quatre doses par semaine, cela correspond à un flacon de 200 doses par an, hors emploi préventif en cas d’asthme d’effort. En considérant le besoin d’avoir des flacons en différents lieux, une dispensation « normale » peut être estimée à trois flacons par an. Les effets indésirables les plus fréquents sont les palpitations, les tremblements des mains et les céphalées. L’ipratropium (Atrovent) peut être utilisé en complément d’un bêta-2 agoniste d’action rapide. Son délai d’action est de cinq à quinze minutes. Ses principaux effets secondaires sont une sécheresse buccale et des céphalées. Le traitement de fond vise, pour sa part, les deux composantes retrouvées dans l’asthme : l’inflammation et la bronchoconstriction. Les corticoïdes inhalés, inhibant la production des cytokines inflammatoires au niveau pulmonaire, s’utilisent en première intention dans le traitement d’entretien. Ces médicaments sont efficaces, mais leur fréquence d’administration doit rester régulière. À noter que les effets bénéfiques des corticoïdes inhalés, à savoir l’amélioration de la fonction pulmonaire, la diminution de l’hyperactivité bronchique et de l’inflammation des voies aériennes, l’augmentation de la qualité de vie et le recul de la fréquence et de la
Quelle place pour les anti-leucotriènes ?
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C’est le nombre approximatif de flacons de traitement de secours dont a besoin chaque année un patient dont l’asthme est maîtrisé.
présentant des allergies. La présence d’une housse de matelas et le changement fréquent du linge de lit sont indispensables. Moquettes et tapis sont à proscrire. Les contacts avec les animaux doivent être évités. En cas d’allergie aux pollens, l’emploi d’un antihistaminique peut être recommandé. Lors de la saison pollinique, il est déconseillé de sortir en cas de vent important. Il est préférable de ne pas ouvrir les fenêtres et de ne pas faire sécher le linge à l’extérieur. Enfin, un taux d’humidité trop élevé dans une habitation favorise le développement de moisissures et peut être néfaste. La bonne adhésion au traitement pharmacologique Le traitement chronique est essentiel, même en l’absence de symptômes. La non-adhésion au traitement concernerait 40 à 60 % des asthmatiques. Plusieurs raisons sont en cause : l’incompréhension du traitement prescrit ou sa méconnaissance, l’oubli de la prise des médicaments, la crainte des effets indésirables, la croyance en la non-efficacité des molécules et le caractère redondant du traitement chronique. L’acceptation par le patient du caractère chronique de la pathologie respiratoire, nécessitant la prise régulière d’une thérapie d’entretien, constitue le point de départ du traitement.
Dans la prise en charge d’un asthme léger, le montélukast (Singulair) peut être prescrit en alternative lorsqu’il existe un problème d’adhésion ou de difficulté de prise des médicaments à inhaler. Les anti-leucotriènes peuvent aussi être employés en combinaison avec un corticoïde, voire avec un bêta-2 agoniste de longue durée d’action selon le stade de l’asthme. Quant à la théophylline, il s’agit d’un traitement de troisième intention pouvant être associé aux autres médicaments d’entretien. Son utilisation est limitée par son index thérapeutique étroit. Elle impose un suivi rigoureux des effets indésirables et des interactions médicamenteuses.
La maîtrise des techniques d’inhalation des médicaments à inhaler Une utilisation correcte des dispositifs (aérosol-doseur, Autohaler, Diskus, Turbuhaler) garantit en partie l’adhésion de l’asthmatique à son traitement. Après explication du mode d’emploi, il est intéressant de demander au patient de répéter les étapes d’administration afin de s’assurer de sa bonne compréhension. Il a été prouvé dans plusieurs études que le rappel des techniques d’utilisation lors des renouvellements présente un réel bénéfice. Quel que soit le dispositif, après une inspiration profonde du médicament, il est important de retenir l’inspiration pendant 10 secondes avant d’expirer.
Des points importants à respecter
La reconnaissance des signes et des symptômes d’exacerbation Les indicateurs d’une détérioration de l’asthme sont une intensification de la dyspnée, la toux, une sensation d’oppression thoracique ainsi que des sifflements.
L’application des mesures d’assainissement de l’environnement Grâce à quelques conseils, le recours aux thérapies de secours en cas de crise d’asthme peut être limité. Ces mesures sont primordiales chez l’asthmatique
Laetitia Leclercq, pharmacienne
Ordonnance commentée en page suivante avril 2013 - Pharma N°101 • 39
Formation Asthme et traitements
La prise en charge d’un asthme persistant
s)
on de 120 dose Innovair 100/6 µg (flac 1 bouffée matin et soir
mbre d’une AGA. Règlem
L’importance du traitement de fond
QSP 3 mois
• le Cas
Cela fait plusieurs mois que Mathilde, 27 ans, est traitée pour de l’asthme persistant. Depuis quelques semaines, elle respire mieux et utilise moins fréquemment son inhalateur de secours. Aujourd’hui, à l’occasion de son renouvellement, Mathilde vous demande si elle peut prendre son traitement d’entretien qu’un jour sur deux car elle a entendu dire que les corticoïdes entraînaient des effets secondaires importants.
– L’association béclométasone et formotérol (Innovair) est indiquée dans le traitement continu de l’asthme persistant, en particulier chez les patients insuffisamment contrôlés par une corticothérapie inhalée et la prise d’un bronchodilatateur bêta-2 agoniste de courte durée d’action « à la demande » ou chez ceux contrôlés par l’administration d’une corticothérapie inhalée associée à un traitement continu par bêta-2 agoniste d’action prolongée par voie inhalée. À noter que ce médicament ne s’utilise pas en première intention pour l’initiation d’un traitement de l’asthme. La posologie recommandée chez l’adulte est d’une à deux inhalations deux fois
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Au-dessus de ce pourcentage de DEP, l’asthme est considéré comme intermittent.
par jour (maximum quatre par jour). Les principaux effets indésirables sont les pharyngites, les dysphonies et les céphalées. La béclométasone en inhalation expose à un risque de mycose buccale et d’irritation de la gorge. Aussi, un rinçage de la bouche à l’eau doit-il être effectué après chaque inhalation. Par ailleurs, l’usage des bêta-bloquants doit être évité chez l’asthmatique ; sinon, il faut prendre en compte la réduction de l’effet du bronchodilatateur bêta-2 agoniste. Après sa délivrance, Innovair doit être conservé à température ambiante (pas plus de 25 °C toutefois), pendant cinq mois au maximum. – Le salbutamol (Airomir) est indiqué dans le traitement symptomatique de
La réduction de la fréquence d’administration du traitement d’entretien, souhaitée par la patiente, est tout à fait déconseillée. C’est en effet l’administration quotidienne, associée à un contrôle de l’environnement, qui est responsable de l’amélioration de sa fonction respiratoire. Cette patiente peut d’ailleurs le constater par la réduction de l’utilisation de son inhalateur de secours Airomir. Rassurez-la quant aux effets indésirables : l’administration du corticoïde en inhalation permet une action localisée au niveau des poumons et limite les effets secondaires généraux. Des effets systémiques peuvent apparaître seulement en cas d’emploi prolongé de fortes doses. 4H2072386054890 - Me
µg Airomir Autohaler 100 in so 1 bouffée en cas de be
La prescription
é
Mathilde N., 27 ans 1er mars 2013
ent par chèque accept
Dr Boutand A. Médecine générale 49000 Angers
la crise d’asthme, mais aussi en prévention de l’asthme d’effort. Après l’inhalation d’une à deux bouffées dès les premiers symptômes, une autre administration est possible quelques minutes plus tard en cas de réponse insuffisante. Le dispositif Autohaler délivre de lui-même une dose de principe actif lorsque le patient inspire par l’embout buccal. Un surdosage peut engendrer palpitations, crampes musculaires et tremblements des extrémités.
Asthme intermittent ou persistant ?
En plus de la présence de symptômes respiratoires récidivants (toux, dyspnée, sifflements, oppression thoracique, expectoration), l’asthme peut être évalué grâce à la mesure du débit expiratoire de pointe (DEP), ou peak flow, qui estime le degré d’obstruction des voies aériennes. L’asthme est dit intermittent lorsque les symptômes diurnes surviennent moins d’une fois par semaine, les symptômes nocturnes moins de deux fois par mois et que le DEP est supérieur ou égal à 80 % de sa valeur théorique. Sinon, il s’agit d’un asthme persistant. La prise en charge concerne tout patient asthmatique. Le diagnostic d’un asthme persistant implique la mise en place d’un traitement de fond.
Conseil associé
« Mon arthrose me gâche la vie… »
huiles de poisson ou de krill. Un médicament à base d’insaponifiable d’avocat et de soja est aussi disponible, le Piascledine (sans ordonnance).
˭˭Des plantes à la rescousse
L’harpagophytum est au premier plan de la prise en charge de l’arthrose en phytothérapie. Cette plante peut s’utiliser en extrait fluide, en tisane, mais on préconisera plutôt les gélules de poudre de plante : 6 à 8 gélules dosées à 400 mg par jour. Plusieurs plantes présentent une action anti-inflammatoire : le bouleau et le frêne (feuilles), la reine-des-prés…
˭˭Une aide pour perdre du poids
Le poids du patient est à prendre en compte en cas d’arthrose, car toute surcharge augmente la sollicitation des articulations, notamment au niveau des genoux. La perte de quelques kilos peut amener une amélioration appréciable et accroître la qualité de vie, sans compter les bénéfices sur le plan cardio-vasculaire ou métabolique. Une discussion peut s’engager sur les habitudes alimentaires du patient, et selon son profil et son alimentation, une aide peut lui être proposée (phytothérapie, homéopathie, compléments alimentaires, en-cas hypocaloriques…).
˭˭La chaleur, bienfaisante
©© giorgiomtb – fotolia
Plusieurs moyens sont disponibles afin de tenir au chaud l’articulation concernée, et ainsi soulager la douleur : de la classique bouillotte, peu pratique, aux orthèses thermiques (de genou par exemple), en passant par les patchs chauffants ou les packs à réchauffer au bain-marie.
Lorsque l’un de vos clients présente une ordonnance pour traiter son arthrose, ayez le réflexe conseil associé pour mieux le soulager… et doper vos ventes ! ˭˭Une canne pour soulager hanche ou genou
En cas de crise touchant le genou ou la hanche, une aide à la marche peut être utile. Une canne ou un bâton de marche peut être proposé afin de limiter le poids portant sur l’articulation atteinte. Attention à bien expliquer la façon de s’en servir : on porte la canne du côté le moins douloureux, en prenant appui dessus en même temps que le côté qui souffre. Pensez également à
préciser qu’un temps d’adaptation est nécessaire pour être tout à fait à l’aise avec et que les embouts doivent être changés quand ils sont usés.
˭˭Des compléments alimentaires en renfort
Sur ce plan, l’offre est assez large. Les compositions dédiées aux articulations peuvent associer plantes, oligoéléments, minéraux, mais également oméga 3, chondroïtine, glucosamine,
˭˭Proposer un oligo-élément adapté
Plusieurs oligo-éléments peuvent être employés pour soulager la douleur, mais également pour tenter de ralentir la progression de cette maladie évolutive. On pourra ainsi conseiller le cuivre, utile à la synthèse du collagène, qui possède en outre un effet de modulation des processus inflammatoires. L’association au soufre et au silicium s’avérera synergique : le premier a un rôle important pour le cartilage, le second est nécessaire à la bonne qualité du collagène. Conseiller deux à trois traitements par an, d’une durée d’un mois environ. Amélie Baumann-Thiriez, pharmacienne
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©© Paul Prescott – 123 RF
Au comptoir
« J’ai un petit souci bucco-dentaire… » Dents sensibles, gencives qui saignent, aphtes… la bouche et la denture ne sont pas épargnées par les maux quotidiens. Le pharmacien est au premier rang pour soulager ces tracas, et redonner le sourire à sa patientèle. « Aïe ! J’ai un aphte »
La cause des aphtes n’est pas élucidée mais coïncide souvent avec l’absorption de certains aliments tels que les noix, les amandes, le chocolat, certains fromages… Ils guérissent spontanément en cinq à dix jours mais plusieurs formes galéniques peuvent être proposées par le pharmacien pour en diminuer la symptomatologie. C’est le cas de certains gels (à appliquer sur
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l’aphte), tels que Pansoral, déconseillé aux personnes allergiques aux salicylés, ou Flogencyl, de films permettant de protéger l’aphte contre les agressions extérieures (Urgo aphtes…), de tablettes, de comprimés à sucer (Lyso 6, Homeoaftyl…) ou encore de solutions à appliquer (Pyralvex) ou de bains de bouche (Hextril, Eludril…). Le choix étant large, le pharmacien sélectionnera le produit en fonction des
8 à 10 C’est, en jours, le temps qu’il faut aux aphtes pour guérir spontanément.
préférences et des caractéristiques du patient. Toutefois, si l’aphte ne disparaît pas ou en cas d’aphtes multiples (au-delà de quatre), on orientera le patient vers son médecin traitant. • Le saviez-vous ? En cas d’aphte, il faut éviter d’utiliser les dentifrices contenant du laurylsulfate de sodium, qui fragilise la muqueuse et accroît le risque de récidive. Par exemple, Elmex Sensitive, Protection caries ou
Protection érosion et la gamme Méridol ne renferment pas de laurylsulfate de sodium, alors que les gammes Elgydium (Blancheur, Protection caries, Dents sensibles, Gingivites) ou encore Homéodent en contiennent.
« Je suis gênée, j’ai mauvaise haleine »
Vous pouvez rassurer votre cliente, l’halitose est, dans 90 % des cas, d’origine buccale, et donc curable par de simples conseils d’hygiène (les 10 % restants peuvent être dus à une infection, un reflux…). L’halitose d’origine buccale est causée par l’accumulation puis la dégradation, par les bactéries de la plaque dentaire, des composés organiques présents sur les surfaces dentaire et linguale. Ces composés sont surtout des débris alimentaires, des cellules épithéliales desquamées, de la salive et du sang. Plusieurs types de solutions peuvent être envisagés. Pour diminuer mécaniquement plaque dentaire, biofilm et débris, recommandez d’effectuer un nettoyage interdentaire (brossettes ou fil dentaire), de brosser ses dents après chaque repas et de nettoyer sa langue (pour retirer l’enduit lingual) avec du dentifrice et un gratte-langue (ou le dos de la tête de sa brosse à dents). Il est aussi préconisé de se rincer le palais et les joues (par exemple, avec le bain de bouche Méridol Halitosis qui neutralise les composés malodorants présents sur la langue et dans la cavité buccale).
Il est possible de parfumer l’haleine à l’aide de produits à odeur agréable et à forte volatilité (exemples : spray Fluocaril, Alibi). Ils n’agissent pas sur la cause mais ont une action symptomatique de quelques minutes. Il est également conseillé de sucer des pastilles ou de mâcher un chewing-gum (sans sucre) qui, en plus d’avoir une odeur agréable, permettent d’augmenter la salivation, et donc de limiter la mauvaise haleine. Enfin, on peut détecter les facteurs favorisant l’halitose pour mieux les évincer. Outre les facteurs tels que le tabac, le café, l’ail, bien connus par la population et à éviter, d’autres causes peuvent l’expliquer. Une diminution du flux salivaire (hyposialie causée par le stress ou d’origine iatrogène) prive la bouche de son lubrifiant antiseptique naturel et peut entraîner l’halitose. Lorsque l’hyposialie est d’origine iatrogène, préconiser des sprays (Artisial, Aequasyal) ou des comprimés (Sulfarlem S 25) pour la limiter. La respiration buccale peut être une autre cause ; en cas de rhume, ou même au quotidien, il peut être intéressant de bien laver les fosses nasales avec des solutions salines isotoniques ou hypertoniques (Physiomer, Stérimar…). Enfin, il est recommandé aux porteurs de prothèse ou de piercings de les nettoyer régulièrement. Quelle que soit la cause, il sera préconisé de l’évincer ou de la traiter, tout en suivant les conseils suivants : boire régulièrement de petites quantités d’eau,
se brosser les dents après chaque repas (pendant trois minutes) ou, si cela est impossible, mâcher un chewing-gum sans sucre pour accroître le flux salivaire. Si ces mesures ne suffisaient pas, orienter le patient vers son dentiste. • Le saviez-vous ? Le mot halitose est issu du latin halitus, signifiant haleine, et du suffixe grec -ôsis, signifiant maladie.
« J’ai mal aux dents quand je bois mon café »
90 C’est le pourcentage de cas d’halitose dont l’origine est buccale.
L’hypersensibilité dentinaire provoque une douleur brève, incommodante, parfois intense voire handicapante, et fait suite à un stimulus thermique (chaud/froid), tactile (exemple : contact avec une fourchette), mécanique… Voulant éviter la douleur, le patient en vient parfois à négliger l’hygiène dentaire au niveau de la zone concernée, ce qui a pour conséquence une accumulation de plaque dentaire. Il s’ensuit une inflammation, puis une récession gingivale, dénudant la dentine, et entraînant une hypersensibilité accrue à cet endroit, ainsi qu’un risque accentué de caries du collet et d’abrasion de la dentine. Face à ce cercle vicieux, l’hypersensibilité doit être prise en charge rapidement. Concernant le cas de ce client, même si le pharmacien a de nombreuses cartes en main pour y répondre, l’orientation vers un chirurgien-dentiste demeure capitale pour écarter d’autres causes de sensibilité. Dans un premier temps, le pharmacien
L’érosion dentaire, un mal insidieux Environ un tiers de la population occidentale montre des signes d’érosion, un chiffre en hausse constante. L’érosion est une dissolution irréversible des tissus dentaires durs par un processus chimique faisant intervenir des acides (et/ou des chélateurs du calcium) d’origine endogène ou exogène mais non produits à l’intérieur de la cavité buccale, c’est-à-dire n’impliquant pas des bactéries. Ces attaques acides répétées et rapprochées peuvent causer un ramollissement (déminéralisation partielle de la surface dentaire), puis une destruction irréversible de la surface dentaire. La salive tient un rôle majeur dans la prévention de l’érosion en neutralisant les attaques acides. L’érosion est donc la conséquence le plus souvent : • d’un contact des surfaces dentaires avec des acides endogènes (vomissements, reflux gastro-œsophagien…) ou exogènes
(sodas, citron, vinaigre, vin… mais également abus de produits blanchissants) ; • d’une hyposialie pouvant être d’origine diverses : iatrogène, activité sportive importante (qui provoque une ventilation buccale importante et restreint le volume salivaire), angoisse ; • d’un brossage excessif et trop brutal des dents. Les premières lésions d’érosion ne sont pas forcément remarquées car le patient ne ressent pas de douleur. Pour le pharmacien, il est donc important d’avoir une idée de ces signes afin d’anticiper un diagnostic qui se fera surtout sur la recherche et l’analyse de facteurs comportementaux. • Signes précoces d’érosion. L’émail est touché : disparition du relief de surface offrant des zones lisses et polies. Il n’y a pas de variation de teinte au niveau des lésions et la personne ne ressent pas de douleur. • Signes d’érosion plus avancé. L’émail
présente une usure plus prononcée, la dentine est touchée et exposée, ce qui confère aux dents une coloration jaunâtre (couleur de la dentine). C’est une pathologie difficile à aborder puisque peu symptomatique dans ses premières formes cliniques. Le pharmacien peut la détecter par la connaissance du mode de vie ou de l’historique médicamenteux du patient, ou encore par les plaintes de ce dernier (hypersensibilité dentinaire). Il pourra dès lors conseiller une brosse à dents manuelle souple ou électrique adaptée et un dentifrice fluoré, peu abrasif, offrant une protection efficace contre l’érosion ou une solution antiérosion en cas de lésions érosives ou d’existence de facteurs de risque (Elmex protection érosion). En cas d’impossibilité de se brosser les dents après un repas acide, ou même après un repas normal, se rincer la bouche avec de l’eau (ou du bicarbonate de sodium) et mâcher un chewinggum sans sucre pour augmenter le flux salivaire.
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Au comptoir
• Le saviez-vous ? Pour nettoyer les appareils amovibles, conseiller de les mettre quelques minutes dans un bain de bouche antiseptique dilué.
©© Sandor Kacso – fotolia
« Je suis enceinte et je saigne des gencives »
Détartrage. Ce geste effectué par le dentiste au moins une fois par an est indispensable pour éliminer le tartre, responsable à terme de récession gingivale.
recherchera, via un interrogatoire, les causes éventuelles de dénudation de la dentine : brossage trop intense ? hygiène buccale insuffisante ? En effet, une bonne hygiène buccale est primordiale pour limiter la formation de plaque et de tartre, et donc empêcher la récession gingivale. Il ne faut toutefois pas tomber dans l’excès d’hygiène (risque d’érosion/abrasion). Il sera ainsi recommandé d’utiliser une brosse souple ou extra-souple ayant l’extrémité des brins arrondie, associée à un dentifrice fluoré, peu abrasif, en petite quantité. Certains dentifrices soulagement efficacement la douleur en obturant les canalicules dentinaires exposés conduisant aux nerfs dentaires (par exemple, Elmex Sensitive Professional). Le brossage sera effectué en exerçant une pression faible, et pas plus de deux fois par jour. Dans les cas les plus sévères, il sera réalisé à distance des repas, au moins deux à trois heures après le repas en cas d’ingestion de boissons ou d’aliments acides, afin de permettre le durcissement de la dentine ramollie.
« À 6 mois, Jules fait ses premières dents »
Les premières dents de lait apparaissent en général à l’âge de 6 mois. Le bébé a, le plus souvent, les joues rouges, est grognon et/ou présente une hypersalivation ainsi que des selles molles. En pharmacie, pour soulager bébé, le pharmacien peut proposer un traitement d’action générale : paracétamol (dose-poids toutes les six heures) ou homéopathie (formule arnica + chamomilla + hypericum 9 CH, en tube granule, à diluer dans l’eau, ou une composition homéopathique toute faite telle que Camilia ou encore les suppositoires Chamomilla vulgaris 9 CH). Un traitement d’action locale est aussi possible : des gels à appliquer en massant les gencives de bébé (Pansoral premières dents, Dolodent…) ou
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un anneau de dentition à réfrigérer pour plus d’efficacité. • Pour rappel, la première denture (de lait) est composée de vingt dents : huit incisives, quatre canines et huit molaires. Le dosage recommandé en fluor dès la première dent de lait est de 500 ppm.
« Ma fille vient de se faire poser un appareil dentaire »
L’utilisation de ces appareils est courante en France mais la pose est souvent source d’irritations et de douleur. Dans un premier temps, le pharmacien rappellera la nécessité de nettoyer correctement et régulièrement son appareil dentaire (ce qui permet de réduire le risque d’halitose, de gingivite…). Pour ce faire, il conseillera une brosse à dents orthodontique à poils souples et petite tête (plusieurs marques telles qu’Inava, Gum…), ainsi que des brossettes interdentaires de faible diamètre qui permettent d’atteindre les zones situées sous le fil de l’appareil dentaire. Dans un second temps, indiquer à la patiente qu’en cas d’ulcération il existe des solutions. C’est le cas de la cire orthodontique (Gum…). Il suffit d’en prendre un morceau entre le pouce et l’index et de constituer une boule de la taille d’un petit pois à poser sur l’endroit à l’origine de l’irritation. Un gel peut également être appliqué sur la lésion pour apaiser la douleur (exemple : Pansoral junior & orthodontie). Un bain de bouche pourra être proposé. L’antiseptique le plus employé est la chlorhexidine, dont l’efficacité sur les bactéries buccales, et en particulier sur les bactéries parodontopathogènes, n’est plus à démontrer. Attention, les bains de bouche à base d’antiseptique ne sont pas indiqués sur le long terme. Les autres peuvent être utilisés quotidiennement (Méridol Protection gencives, Elmex Protection caries…).
1 C’est en millimètres, l’épaisseur d’émail que peut perdre en deux à vingt ans un buveur de boissons acides.
La gingivite (simple) est une maladie parodontale très fréquente, le plus souvent d’origine bactérienne, causée par une accumulation de plaque dentaire. Elle se caractérise par des saignements (lors du brossage ou spontanés), des œdèmes au niveau des gencives (elles-même lisses et brillantes). Les femmes enceintes sont particulièrement touchées pendant leur grossesse, à cause des changements hormonaux (gingivite gravidique). En plus des modifications hormonales, une hygiène buccale inadaptée (trop peu fréquente ou excessive), le tabac, le stress, l’âge, des pathologies comme le diabète ou le VIH ou certains médicaments, en augmentent le risque. À l’officine, de nombreux conseils peuvent être apportés. Si la gingivite persiste malgré tout, le pharmacien se devra d’orienter la patiente vers son dentiste. Dans un premier temps, rappeler les conseils de base : se brosser les dents après chaque repas (ou au moins deux fois par jour), durant au moins 3 minutes, en effectuant des mouvements verticaux et modérés, de la gencive vers le bas de la dent (du rouge vers le blanc). Puis, insister sur la nécessité d’utiliser une brosse manuelle souple ou une brosse à dents électrique associée à un dentifrice adapté pour prévenir les problèmes de gencives, fluoré, antibactérien et non abrasif (Méridol Protection gencives…). Lui conseiller également de se servir de brossettes ou de fil interdentaire pour atteindre les zones interdentaires. Enfin, lui indiquer qu’il est possible d’employer un révélateur de plaque dentaire, pour améliorer le brossage en ciblant les zones sur lesquelles insister (Dentoplaque Inava…). Les mesures d’hygiène peuvent éradiquer la plaque dentaire mais ne suffisent pas à éliminer le tartre une fois qu’il s’est formé. Il est donc indispensable, pour une bonne santé parodontale, que le dentiste procède à un détartrage au moins une fois par an. • Remarque : vous pouvez profiter de cet échange pour demander si cette cliente fume. Auquel cas, pensez à lui recommander un programme de sevrage tabagique. Anne-Sophie Richard, pharmacienne
Focus
Les phages, une arme de destruction des bactéries Face à l’inquiétante multiplication de souches bactériennes résistantes aux antibiotiques, la recherche se tourne vers d’autres voies thérapeutiques pour traiter les maladies infectieuses. Parmi elles, la phagothérapie, qui utilise des prédateurs naturels des bactéries. » Qu’est-ce que
la phagothérapie ?
C’est le traitement des infections bactériennes avec des bactériophages, des virus naturels qui possèdent la particularité de n’infecter que les bactéries. Les phages ne reconnaissent en effet que certains récepteurs présents à la surface de celles-ci. Une caractéristique qui les empêche d’infecter les autres formes de cellules – humaines, animales, végétales. De plus, chacun d’entre eux ne reconnaît et n’infecte qu’un sous-groupe donné au sein d’une espèce bactérienne. Les phages sont aussi capables de s’adapter aux bactéries : de nouveaux phages apparaissent quasiment en même temps que de nouvelles souches bactériennes émergent. Ils forment ainsi des sources inépuisables de lutte contre les infections.
» Où trouve-t-on les phages ?
Ils sont omniprésents dans notre environnement. On en trouve par exemple 106/ml d’eau de mer. On en distingue deux types : les lytiques et les tempérés. Les premiers provoquent la destruction rapide de la bactérie infectée lorsqu’ils en sortent – ils détruisent son ADN et cassent sa membrane. Ils entraînent parallèlement la libération de nouveaux phages opérationnels. Quant aux seconds, ils ont la capacité d’insérer leur matériel génétique dans celui de leur hôte. Une propriété qui les rend inadaptés à la phagothérapie en raison notamment du risque de transmission de gènes de toxine ou de virulence.
» Leur découverte est-elle récente ? ©© FRAUD – BSIP
La phagothérapie a été utilisée pour la première fois en France en 1919 pour traiter des infections bactériennes.
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– selon des standards conformes aux normes européennes de sécurité et d’efficacité – pour évaluer son potentiel thérapeutique, démontrer son innocuité. La mise en œuvre d’essais se heurte cependant au manque de financement. D’autre part, des réflexions sont en cours pour lui apporter un cadre réglementaire adapté. À l’heure actuelle, en effet, cette forme de traitement, qui doit pouvoir associer la case « antibiotique » à celle de « vaccin » (pour une adaptation à l’évolution de l’infection), ne rentre dans aucune catégorie de produits. Solution envisagée : l’homologation du process et l’adaptation des cocktails sans devoir repasser par la procédure réglementaire de mise sur le marché. Pour le moment, aucun produit de phagothérapie n’a été autorisé pour un usage chez l’homme. Des demandes exceptionnelles peuvent toutefois être effectuées par des cliniciens auprès de l’ANSM, pour des traitements de dernier recours, mais sans garantie de réponse favorable. Pourtant, l’apparition de bactéries multirésistantes insensibles à la plupart des antibiotiques montre qu’il y a urgence à trouver des solutions pour lutter contre ce phénomène. Et la phagothérapie en fait aujourd’hui partie. L’étude de son potentiel comme complément aux antibiotiques et solution pour les impasses thérapeutiques figure notamment parmi les propositions du Centre d’analyse stratégique, organisme dépendant du Premier ministre, dans sa note de novembre 2012, Les bactéries résistantes aux antibiotiques.
« Pas assez d’éléments pour l’heure » Jérôme Gabard, dirigeant de Pherecydes Pharma* Pharma. Où en sont les études chez l’homme actuellement ? Jérôme Gabard : Nous avons soumis en septembre 2012 un gros projet de collaboration européenne pour répondre à un appel de la Communauté destiné à identifier des médicaments et vaccins contre les infections résistantes. Le projet Phagoburn vise à évaluer deux de nos premiers produits sur des brûlures du troisième degré infectées par des souches pathogènes, y compris les germes multirésistants. Si ce projet est retenu, nous pourrons lancer le premier essai international multicentrique mondial avec des médicaments à base de phages dès la fin de l’année 2013. Comment préparez-vous les phages à un usage thérapeutique ? Après vérification du spectre d’action, nous réalisons des criblages ou sélections de phages efficaces dans un certain nombre d’infections. Puis, nous séparons les phages tempérés des lytiques (les
Par la suite, l’avènement des antibiotiques, la controverse sur l’efficacité de cette thérapie – en raison, entre autres, du manque de connaissances scientifiques et d’indications inadaptées – ont conduit à son abandon en Europe de l’Ouest. En revanche, elle n’a jamais cessé d’être employée en Europe de l’Est. L’institut George
seuls qui nous intéressent). Ensuite, différents phages sont assemblés selon leurs spectres d’efficacité. Cet assemblage a pour but d’obtenir une couverture la plus large possible contre une espèce bactérienne donnée et une efficacité multiple contre les souches résistantes aux antibiotiques. Un cocktail est composé en moyenne d’une quinzaine de phages pour couvrir plus de 90 % de la diversité génétique d’une espèce bactérienne. Quelles pourraient être leurs premières indications sur le terrain ? Dans un premier temps, ils seront vraisemblablement utilisés chez les malades sous trithérapie antibiotique, en échec de troisième ou quatrième traitement avec plusieurs molécules aux modes d’action différents. On peut, par la suite, imaginer les employer en seconde ou première ligne de traitement, suite à un diagnostic compagnon préalable permettant de mesurer l’efficacité de la thérapie.
(*) Seule société en France à développer des cocktails de bactériophages destinés aux traitements d’infections bactériennes pathogènes chez l’homme.
Eliava en Géorgie et la société Microgene en Russie sont ainsi des producteurs historiques de phages.
» Que manque-t-il à la phagothérapie pour se développer ?
Son essor nécessite de mener davantage d’études cliniques solides chez l’homme
Clémence Clerc, pharmacienne
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avril 2013 - Pharma N°101 • 47
Une molécule au microscope
Le tramadol, analgésique opioïde de palier II Alors que les génériques d’Ixprim arrivent sur le marché, retour sur une molécule antalgique incontournable, qu’elle soit seule ou en association. OCH 3
Princeps
Topalgic, Contramal, Zamudol, Orozamudol, Biodalgic, Monoalgic LP, Monocrixo LP… En association avec le paracétamol dans Ixprim, Zaldiar Dosages
– Comprimés à 50 ou 100 mg pour les formes à libération immédiate – Comprimés à 100, 150, 200 ou 300 mg pour les formes à libération prolongée – Solutions buvables à 100 mg/ml – Comprimés à 37,5 mg de tramadol associé à 325 mg de paracétamol
HO
Présentations en officine
Boîtes de 15, 20 ou 30 comprimés ou gélules, flacons de 10 ml
CH 3 H CH 2
SMR important
Liste I, remboursement 65 % Prix De 5,30 à 19,03 €
CH 3
1 Indications
Le tramadol, seul ou associé au paracétamol, est indiqué dans le traitement des douleurs modérées à intenses.
formes associant tramadol et paracétamol, la posologie est de 2 comprimés par prise, renouvelable au besoin, sans dépasser 8 comprimés par jour.
2 Mode
4 Effets
d’action
Cet analgésique opioïde faible se fixe aux récepteurs opioïdes de type μ. Ceci combiné à un effet monoaminergique central (inhibition de la recapture de la noradrénaline et de la sérotonine) explique son efficacité aux doses thérapeutiques. La demi-vie est de cinq à sept heures, le pic sérique est obtenu en deux heures par voie orale. La métabolisation est hépatique et l’élimination rénale. 3 Posologie
Elle doit être adaptée à l’intensité de la douleur et à la réponse du patient. Pour l’adulte, et concernant les formes à libération immédiate, la dose d’attaque est de 50 à 100 mg, à renouveler toutes les quatre à six heures sans dépasser 400 mg par jour. Pour les formes à libération prolongée, la prise est de 100, 150 ou 200 mg, deux fois par jour. Chez l’enfant de plus de 3 ans, la posologie est de 1 ou 2 mg/kg par prise, trois à quatre fois par jour. Le dose maximale est de 8 mg/kg/jour, et sans dépasser 400 mg/jour. Enfin, pour les
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N
65
C’est, en pourcentage, l’objectif de substitution retenu pour le tramadol en 2012.
indésirables
Les plus fréquemment rapportés sont nausées, vomissements, somnolence, céphalées, étourdissements, vertiges, constipation et sécheresse buccale. Il existe un risque d’usage abusif, ainsi que des cas de dépendance avec syndrome de sevrage à l’arrêt. En cas de surdosage, on observe un tableau d’intoxication morphinique avec myosis, vomissements, troubles de la conscience, convulsions, collapsus cardio-vasculaire et dépression respiratoire pouvant aller jusqu’à l’arrêt respiratoire, le coma et les convulsions. Dans ce cas, maintenir les fonctions respiratoires et cardio-vasculaires et transférer à l’hôpital en urgence. La naloxone peut être utilisée pour la dépression respiratoire et le diazépam contre les convulsions. 5 Interactions
médicamenteuses
L’association au tramadol est déconseillée avec les médicaments abaissant le seuil épileptogène, les antidépresseurs
sérotoninergiques, l’alcool, la carbamazépine, les autres inducteurs enzymatiques. La prise d’antivitamines K, de digoxine, d’anti-acides, d’autres morphiniques et antitussifs opiacés, de dépresseurs du SNC, est à prendre en compte. 6 Contre-indications
Le tramadol est contre-indiqué chez l’enfant de moins de 3 ans (ou 12 pour certaines formes), en cas d’insuffisance respiratoire sévère, d’insuffisance hépatique grave, d’épilepsie non contrôlée, d’intoxication aiguë ou de surdosage avec des substances dépresseurs du SNC ou l’alcool, ainsi qu’en association avec des agonistes-antagonistes morphiniques ou des IMAO. Les contre-indications du paracétamol s’appliquent lorsque le tramadol lui est associé. À noter : la contre-indication des formes effervescentes en cas de phénylcétonurie en raison de la présence d’aspartame. 7 Grossesse
et allaitement
Le tramadol passant la barrière placentaire et dans le lait maternel, il est contre-indiqué durant la grossesse et l’allaitement. Rose Perrier, pharmacienne
Nutrition
A
B
É
C
É
D
A
I
R
E
des laits infantiles De « A comme allergie » à « V comme végétal », parcourons les mots clés du conseil officinal en matière de lait infantile…
©© isabelle Limbach – istockphoto
A comme allergie
Chez 2 à 3 % des nourrissons, une allergie aux protéines de lait de vache (APLV) apparaît entre 3 et 5 mois. L’ingestion de lait déclenche une réponse immunitaire à l’encontre des protéines contenues dans le lait infantile. Près de 85 % des enfants atteints d’APLV guérissent après l’âge de 3 ans. Le traitement consiste en l’éviction de ces protéines sous toutes leurs formes. Les bébés consomment alors un lait sous forme d’hydrolysat de protéines de lait de vache (HPLV), souvent prescrit par le pédiatre. Il se caractérise par une hydrolyse poussée des protéines de lait de vache du lait afin de réduire leur pouvoir allergénique, par la quasi-absence de lactose et par un taux plus élevé de triglycérides à chaîne moyenne par rapport à ceux à longue chaîne, afin d’améliorer la digestibilité. Exemples : Novalac Allernova et Allernova AR, Nutribén APLV, Pepti-junior, Nutramigen 1 et 2… La plupart sont remboursés au tarif LPPR lorsqu’ils sont prescrits pour les APLV ou pour les bébés souffrant de pathologies intestinales sévères. Les enfants dont les symptômes allergiques ne s’améliorent pas sous HPLV doivent consommer du Néocate ou du Nutramigen AA (prescrits en seconde intention). Composés d’acides aminés libres, ces deux laits sont dépourvus de pouvoir antigénique et leur fraction glucidique ne contient ni lactose, ni saccharose, ni amidon. À dire aux parents : les selles des bébés sous HPLV sont souvent plus liquides qu’avec d’autres laits. Le goût du lait est également notablement différent.
B comme bio
La certification « AB » garantit que 95 % des ingrédients du lait sont issus de l’agriculture biologique. Notamment qu’il est fabriqué à partir de lait de vaches élevées selon les règles de l’agriculture biologique labellisée (nourries avec une alimentation AB et garantie sans OGM). Certains de ces laits ne contiennent pas d’huile de palme ni de coprah (Physiolac). Exemples : Picot Bio, Physiolac Bio, Milumel Bio…
C comme coliques
2à3 C’est le pourcentage de bébés qui présentent une allergie aux protéines de lait de vache.
Ces douleurs abdominales sont induites par des ballonnements, mais leur origine est mal connue (immaturité intestinale). Elles sont fréquentes chez les nourrissons, avec un pic à 6 semaines, et disparaissent, en général, vers le quatrième mois. Le plus souvent bénignes, elles se manifestent par des pleurs, des douleurs, avec agitation et contraction du bébé. Le lait habituel doit alors être remplacé par un lait adapté, appauvri en lactose,
avril 2013 - Pharma N°101 • 49
Nutrition
Les laits AR sont vendus en pharmacie alors que les laits Confort peuvent aussi l’être en grande surface. Ils sont épaissis à l’amidon de riz (Enfamil AR, Picot AR), à l’amidon de maïs (Guigoz confort, Modilac confort, Nidal AR, Novalac AR) ou à l’aide de pectine issue de la caroube (Gallia AR, Nutrilon AR, Novalac AR Digest, Blédilait Confort Premium…). Au sein d’une même marque, le lait « Confort » est moins épais que le « AR ». Pour un bébé ayant tendance à être constipé, on choisira un lait épaissi à la caroube, et pour ralentir le transit un modèle épaissi à l’amidon.
4 C’est, en mois, l’âge à partir duquel on peut proposer à l’enfant des céréales sans gluten.
F comme farine
D comme diarrhée
Le premier geste consiste à réhydrater l’enfant (le plus souvent avec des solutés de réhydratation type GES45, Adiaril, Picolite…). Si la diarrhée est modérée, le lait habituel est conservé. En cas de diarrhée sévère persistant plus de trois à quatre jours, un lait spécifique est conseillé pour une durée de huit jours. Ces laits sont sans lactose car la muqueuse intestinale est alors fragilisée et la flore locale, mal en point, ne possède plus d’activité lactasique, d’où une intolérance au lactose. Chez certaines marques, le taux de protéines est modifié à 100 % de caséine pour ralentir le transit (Diargal). Chez d’autres, un ajout de sucres lents épaissit le contenu digestif (crème de riz et pectines de fruits chez Novalac, banane, riz, pomme et maïs dans HN25 de Milupa). Exemples : Nestlé AL110, Diargal, HN25, Enfamil O-lac, Modilac expert SL, Novalac Diarinova, Picot Action diarrhées…
E comme épaissi
Les laits épaissis se dénomment « AR » pour anti-régurgitation ou anti-reflux ou « Confort ». Ils sont destinés aux bébés qui souffrent de reflux ou régurgitations physiologiques liées à l’immaturité digestive du clapet supérieur de l’estomac.
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Ce sont les épaississants en tant que tels, ou les céréales. Les premiers permettent d’épaissir un lait classique en ajoutant 2 g pour 100 mL de lait. Les préparations à base d’amidon (maïs, riz) n’épaississent qu’au contact de l’acidité gastrique. Celles à base de caroube épaississent dans le biberon, ce qui est utile en cas de troubles de la déglutition, mais nécessite des tétines adaptées. Exemples d’épaississants : Gumilk (caroube), Magic mix (amidon de maïs), Gélopectose (pectine)… Les céréales, elles, se donnent à partir de 4 mois (pour celles sans gluten). Elles visent à augmenter la ration
calorique du biberon ou à caler les bébés gloutons. Certaines sont parfumées (légumes, fruits, vanille, chocolat) et permettent d’introduire de nouveaux goûts afin d’aiguiser le palais de bébé. Exemples : Gallia Diase, Picot Diastase, gamme Picot…
G comme gaz
Les bébés souffrent de gaz pour plusieurs raisons : au moment des coliques (voir « C »), parce qu’ils sont intolérants au lactose (voir « I ») ou parce que leur flore intestinale est perturbée. Dans ce cas, le lait habituel pourra être remplacé par un lait « digest », un lait acidifié (protéines prédigérées) ou enrichi en probiotiques (possédant une activité lactasique). Exemples : Gallia Lactofidus et D igest, Nidal Pelargon…
H comme hypoallergénique
Les laits « HA » sont destinés aux bébés pour lesquels il existe un risque familial d’allergie (manifestation allergique chez au moins un des parents ou dans la fratrie), ou si ces enfants présentent un terrain atopique. Ces laits ont un pouvoir antigénique diminué
Comprendre la formule des laits • Nature des protéines, ratio protéines solubles/caséine : 70/30 pour le lait maternel, 60/40 ou 70/30 pour le lait pour prématuré, 40/60 pour les laits premier âge et deuxième âge classiques, 20/80 pour le lait de vache. • La caséine ralentit la vidange gastrique et améliore la sensation de satiété. En contrepartie, elle favorise la constipation. • Les protéines solubles permettent un transit plus fluide, mais elles rassasient moins et encouragent les régurgitations. • Les laits à haute teneur en protéines solubles sont plus proches de la composition du lait maternel et mieux adaptés aux capacités physiologiques du nourrisson. • Certaines formules proposent une caséine acidifiée afin d’accélérer la vidange gastrique et d’améliorer le transit
©© B. BOISSONNET – BSIP
un glucide qui n’est pas toujours absorbé par les nourrissons et fermente dans les intestins. De plus, les protéines du lait sont hydrolysées (soit prédigérées) afin d’accélérer la vidange gastrique. Certaines formules contiennent en plus des probiotiques (Nidal) ou des ferments lactiques avec de la lactase (Gallia), une enzyme qui aide à la digestion du lactose. Exemples : Novalac AC, Guigoz expert AC, Nidal Pelargon, Gallia Lactofidus, Picot AC, Nutribén AC… À dire aux parents : massez légèrement le ventre de bébé dans le sens des aiguilles d’une montre lors des crises de pleurs ou une demi-heure après les tétées. Utilisez des tétines et des biberons anticoliques. Bien faire faire le rot pendant et après la tétée.
par rapport aux laits classiques grâce à une hydrolyse partielle des protéines de lait de vache. Ces protéines censées provoquer l’allergie sont transformées en peptides de faible poids moléculaire et acides aminés libres. Exemples : Novalac HA, Gallia HA, Picot HA, Enfamil HA… À dire aux parents : ces laits, plus fluides, se digèrent plus vite qu’un lait classique et peuvent donner des selles plus molles.
I comme intolérance au lactose
Cette intolérance provoque des troubles digestifs chez les bébés, tels que ballonnements, diarrhées, gaz. Le lait habituel sera remplacé par un autre sans lactose ou végétal (voir rubrique « V »).
3 C’est l’âge jusqu’auquel le lait infantile est recommandé..
P comme prématuré
Pour un bébé né avant terme ou présentant un faible poids, le pédiatre prescrit un lait spécifique. Plus énergétiques, ces laits sont enrichis en acides gras polyinsaturés à chaîne moyenne et en acides gras essentiels (acides linoléique et alpha-linolénique, DHA). Leur teneur en protéines est plus élevée que les préparations pour nourrissons, avec un rapport protéines solubles/caséines plus proche du lait maternel (70/30 ou 60/40). Leur teneur en électrolytes est adaptée à l’immaturité rénale du prématuré. Exemples : Pré-Nidal, Pré-Gallia, Pré-Modilac, Pré-Guigoz…
R comme relais de l’allaitement
J comme junior
Certains laboratoires commercialisent à présent des laits « 4 » destinés aux enfants âgés de 2 à 3 ans. En effet, il est recommandé de continuer le lait infantile jusqu’à 3 ans car celui-ci est plus riche en fer, en vitamines et possède un profil protéo-lipidique plus adapté que le lait de vache (moins de protéines, plus d’acides gras essentiels). Par rapport aux laits « croissance ou 3 », les « 4 » revendiquent un goût mieux accepté par les enfants de cet âge. Exemple : Gallia 4.
Pour les bébés qui ont été allaités quelques semaines ou quelques mois après la sortie de la maternité, et sans soucis digestifs, on conseillera un lait « Relais ». Ceux-ci ont une composition plus proche du lait maternel que les laits « 1 » ou « 2 » « classiques », soit par la composition qualitative en protéines (plus de protéines solubles que de caséine), soit par l’ajout de probiotiques, prébiotiques ou ferments lactiques, qui miment les effets du lait maternel sur la flore intestinale, soit par un enrichissement en acide gras essentiels. Exemples : Nidal Novaïa, Gallia Calisma, Guigoz Evolia Relais, Picot Relais…
N comme nouveau-né
Les bébés nés à terme et sans troubles digestifs pour lesquels les mamans n’ont pas choisi l’allaitement (ou si elles ne l’ont fait que quelques jours) consomment un lait premier âge classique. Ces formules standard sont élaborées pour apporter les nutriments nécessaires à la croissance du bébé de la naissance à 6 mois minimum, ou dès que la diversification alimentaire a commencé. En relais, on conseillera un lait deuxième âge classique. Exemples : Gallia 1, Guigoz Evolia 1, Novalac 1, Physiolac 1…
S comme satiété
Les laits « satiété » sont destinés aux bébés « gloutons », qui semblent avoir faim une à deux heures après la prise du biberon, qui pleurent, réclament et se réveillent souvent. Pour retarder la sensation de faim, ces laits associent des glucides complexes ayant une assimilation lente et un goût non sucré afin d’éviter une surcharge calorique. Certains possèdent un rapport caséine/ protéines solubles plus élevé que les
laits classiques (la caséine étant plus difficile à digérer). Exemples : Novalac Satiété, Modilac satiété, Milupa Lémiel, Physiolac Grand appétit… À noter : les laits « Confort », moins épais que les « AR », peuvent également être utilisés pour les petits gloutons car ceux-ci présentent parfois des régurgitations de trop-plein.
T comme transit
Les laits « transit » sont destinés aux bébés constipés (moins d’une selle par jour à moins de trois par semaine), dont les selles sont dures, ce qui nécessite des efforts à la défécation. Ces laits sont plus riches en lactose (dont le pouvoir osmotique accroît le volume des selles et les ramollit). La teneur en lactose peut aller jusqu’à 100 % des glucides. Certaines marques ajoutent des probiotiques (bifidobacterium chez Picot, L. reuteri chez Guigoz) ou du magnésium (Novalac), connu pour ses propriétés sur le transit. D’autres agissent grâce à un taux de protéines solubles plus élevé et une caséine acidifiée, ce qui favorise la digestion et le transit. Exemples : Novalac Transit, Modilac Expert Transit, Guigoz Transit, Picot Action Transit, Milupa Conformil…
V comme végétal
Certains laits ne sont pas fabriqués à partir de lait de vache, mais à partir de laits végétaux. C’est le cas des laits de soja (Gallia soja, Modilac soja…) ou à base de protéines de riz (Modilac expert riz). Ces types de préparations sont dépourvus de lactose. Les laits à base de soja ne sont pas recommandés en cas d’APLV car il existe un risque d’allergie croisée entre les protéines de lait de vache et celles de soja. De plus, y recourir régulièrement est déconseillé du fait de la présence d’isoflavones, susceptibles de provoquer des troubles du développement endocrinien. Les laits à base de protéines de riz peuvent, pour leur part, être employés en cas d’APLV ou d’intolérance au lactose. Géraldine Dupuis, pharmacienne
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Dermo
©© LEMOINE – BSIP
Brûlures : évaluer pour bien traiter
Parmi les urgences à l’officine, le cas du patient qui se présente avec une brûlure est très fréquent. Dans quels cas assurer les soins, dans quels cas orienter vers d’autres professionnels de santé ? Analysons !
U
ne brûlure est une lésion tissulaire liée à une augmentation de la température de la peau. Elle peut être d’origine thermique. Dans ce cas, la gravité dépend de la température de l’agent externe, de la durée d’exposition et de la localisation de l’atteinte. L’origine peut aussi être électrique, ce qui provoque, en plus des lésions locales, des lésions
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à distance, imprévisibles et souvent associées à des brûlures thermiques. Enfin, la cause peut être chimique, résultant de l’effet direct du produit sur la paroi cellulaire et son contenu. Les plus graves sont provoquées par des agents caustiques basiques. >> Une évaluation selon
plusieurs critères
Une brûlure s’apprécie en fonction de sa cause, de son étendue et de sa
profondeur. La prise en charge, les pronostics vital, fonctionnel et esthétique en découlent directement. Afin d’évaluer la surface atteinte, on utilise la règle de Wallace (règle des 9), qui divise les unités du corps humain en pourcentages de la surface corporelle totale ou BSA (Body Surface Area). La tête représente ainsi 9 % BSA, le tronc antérieur 18 %, un membre supérieur 9 % et un membre inférieur 18 %. Cette règle doit être
Profondeur, caractéristiques et évolution de la brûlure Profondeur
Histologie
Aspect clinique
1 degré
Atteinte superficielle de l’épiderme
– Rougeur et douleur – Guérison en importante 4 à 5 jours après desquamation – Sans cicatrices
Pommade ou crème sans antibactérien type Biafine ou pommade à la vitamine A
2e degré
Atteinte totale de l’épiderme, de la membrane basale et du derme superficiel
– Vésicules ou phlyctènes +/- importants – Si rupture des phlyctènes, fond de plaie rouge, humide et très sensible au toucher – Douleurs – Les poils tiennent bien
– Guérison spontanée en 12 à 15 jours sauf si aggravation secondaire (type infection) – Séquelles minimes (irrégularité de la peau et dyschromies possibles)
– Pansements hydrocolloïdes, hydrocellulaires – Tulles vaselinés ou siliconés ou avec hydrocolloïdes – Si brûlure étendue avec risque d’infection, pansement avec produit antibactérien (crème, pommade type Flammazine, Ialuset Plus…), pansement antibactérien (Urgotul SAg, Ialuset Plus compresses, Aquacel Ag)
2e degré profond
Atteinte du derme profond
– Phlyctènes rompus – Fond de la plaie sec rosé ou blanc – Les poils ne tiennent plus – Peu ou pas de douleur
– Cicatrisation spontanée impossible – En l’absence d’infection, guérison lente en 21 à 35 jours avec cicatrices – Risque important de troubles fonctionnels et esthétiques
3e degré
Atteinte de toutes les couches de la peau et même parfois des structures sous-jacentes (hypoderme)
– Peau cartonnée blanche, sèche ou carbonisée – Lésion sèche, aspect de cuir avec vaisseaux apparents sous la nécrose – Pas de douleur ou de saignement
– Cicatrisation spontanée impossible – Suivi des cicatrices à long terme
Le risque infectieux est toujours présent dans ce type de brûlures : pansement avec produit antibactérien (crème, pommade type Flammazine, Ialuset Plus...), pansement antibactérien (Urgotul Sag, Orientation vers Ialuset Plus compresses, un médecin ou un Aquacel Ag). centre de grands Traitement chirurgical brûlés (détersion, greffe de peau) puis compression 15 jours à 3 semaines après épithélisation à l’aide de vêtements pour brûlés (LPPR), masques et attelles et jusqu’à maturation cicatricielle (soit 9 à 18 mois)
er
adaptée chez l’enfant, dont la tête et le tronc sont plus importants que les membres. L’évaluation des brûlures peut également se faire en utilisant la surface de la main du patient, qui équivaut à 1 % BSA. La profondeur de la brûlure s’évalue, elle, avec l’aspect de la brûlure (voir tableau ci-contre). Un critère indirect supplémentaire est la présence ou l’absence de douleur : une brûlure superficielle fait très mal, alors que la brûlure profonde est insensible car les terminaisons nerveuses ont été détruites. D’autres critères sont en prendre en compte, comme la localisation de la brûlure et les zones à risque. La localisation peut mettre en jeu le pronostic vital (voies aériennes supérieures). Le pronostic fonctionnel peut être
Évolution
menacé par l’atteinte de tous les organes des sens (œil, nez, oreilles…). La localisation aux plis de flexion (main, membres, cou…) est invalidante et l’atteinte des organes génitaux externes et du périnée est également délicate (risque de colostomie, sondes urinaires…). Enfin, le terrain du patient est à prendre en compte. Les âges extrêmes de la vie (nourrissons et moins de 3 ans, plus de 60 ans) et les comorbidités (insuffisances chroniques cardiaques, rénales, respiratoires, diabète) aggravent le pronostic. >> Savoir reconnaître
la gravité d’une brûlure
– Les brûlures sont dites « limitées » quand leur étendue est inférieure à 10 % BSA, qu’elles sont de premier et
Traitement
Prise en charge
Prise en charge à l’officine possible si surface inférieure à celle de la paume de la main et absence de critère de gravité
de deuxième degré superficiel, qu’elles ne touchent pas de zones à risque, que les patients ne souffrent pas de comorbidité et qu’ils sont d’âge moyen. Elles sont alors traitées en ambulatoire et il faut conseiller à ces personnes de boire plus qu’à l’accoutumée pour compenser les pertes hydriques. – Les brûlures sont dites « intermédiaires » entre 10 et 20 % BSA, si le patient ne présente aucune atteinte de la face, de la sphère ORL, des mains, des pieds et du périnée. L’hospitalisation devient généralement nécessaire, surtout si des zones critiques sont touchées, que la brûlure est profonde et que la personne est dans une tranche d’âge à risque. Un accès veineux devient nécessaire dès 5-10 % de BSA profonde. – Les brûlures sont dites « graves » dès 20 % BSA pour un adulte et 10 %
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©© SCOTT CAMAZINE – BSIP
©© PHOTOTAKE/CAROLINABI – BSIP
Dermo
Critères de gravité. Le terrain du patient et la localisation de la brûlure contiditionnent sa prise en charge (ici, la main d’un enfant de 4 ans).
BSA chez les enfants et les personnes âgées. De même, en cas de localisation à risque, de syndrome d’inhalation, de brûlures électriques ou de certaines brûlures chimiques et dans le cas de polytraumatismes associés. La prise en charge par un centre de brûlés spécialisé est alors nécessaire. >> La prise en charge
à l’officine
– Elle se limitera aux brûlures thermiques de premier degré et deuxième degré superficiel, dont la surface est inférieure à celle de la paume de la main et sans critère de gravité (localisation à risque, terrain du patient). – En pratique, les premiers secours et soins locaux comprennent l’estimation de la surface brûlée totale ainsi que la profondeur de la brûlure. Si celle-ci est mineure et vient de se produire, refroidir avec de l’eau à 15-20 °C pendant une durée maximale de dix minutes. Penser également à noter l’heure et les circonstances de l’accident. – Les soins de suite varient selon la gravité de la brûlure. – Les crèmes et pommades ont comme objectif de calmer et de favoriser la cicatrisation. – Le pansement doit être changé quotidiennement, la plaie rincée à l’eau et une nouvelle couche épaisse de pommade (1 cm) doit être appliquée. – Les crèmes hydratantes (Biafine, Osmo Soft brûlures) permettent de maintenir
54 • Pharma N°101 - avril 2013
Phlyctère. La présence de vésicules caractérise les brûlures de second degré superficiel.
une surface humide et fraîche. Sans agent antibactérien, elles sont réservées aux brûlures du premier degré. – Les crèmes avec agents antibactériens sont le plus souvent à base de sulfadiazine d’argent, qui possède un large spectre antibactérien, une excellente tolérance et une action antalgique. Néanmoins, les sels d’argent ont été accusés de retarder la cicatrisation en cas d’application prolongée. C’est pourquoi la mis en œuvre de ces crèmes doit être limitée à 48-72 heures. Elles sont principalement employées pour les brûlures du deuxième degré superficiel pour lesquelles un risque infectieux existe. Au bout de deux à trois jours, la crème sera remplacée par un pansement. >> Les pansements
à conseiller
Ils couvrent la brûlure, la protègent, absorbent éventuellement les exsudats et maintiennent un milieu humide favorable à la cicatrisation. – Les hydrocolloïdes, à base de carboxyméthylcellulose, conviennent aux brûlures du premier degré et deuxième degré superficiel localisées sur une surface plane. Ils se renouvellent tous les trois à quatre jours. Exemple : Urgomed – Les lipidocolloïdes, association d’un corps gras (vaseline) et d’un colloïde (carboxyméthylcellulose), soulagent la douleur et favorisent une cicatrisation totale en cinq à six jours, avec un
renouvellement du pansement tous les deux jours. Ils existent sous forme de tulle ou de pansements (Urgo). – Les tulles sont des pansements gras. Sous forme de plaques à découper selon la taille de la plaie, ils s’appliquent sur la brûlure et se recouvrent d’une compresse stérile puis d’un bandage. Le pansement est à renouveler tous les deux à trois jours. Exemples : Biogaze, Tulle gras Lumière, Jelonet. – Les pansements en polyuréthanne, souples et fins, sont intéressants pour les brûlures d’un site de flexion ou des plis. Ils peuvent rester en place de un à sept jours. Exemples : Lumiderm 6000, Opsite, Tegaderm. – Les pansements imprégnés d’antiseptiques : à base d’argent, ils ont une action préventive et éventuellement curative sur l’infection des brûlures. – En cas de retard de cicatrisation, il convient de consulter un spécialiste. – L’application de crème grasse avec massage de la cicatrice est importante pendant les premiers mois. – Dans le cas des brûlures de premier et de deuxième degré superficiel, les douleurs sont au premier plan car les terminaisons nerveuses ne sont pas détruites. Penser à conseiller un antalgique par voie orale, en plus des soins locaux. Géraldine Dupuis, pharmacienne Voir aussi notre doc+ ci-contre
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Doc pratique
Prise en charge des brûlures à l’officine Cause de la brûlure ? Thermique
Chimique
Électrique
Étendue de la brûlure ? Surface inférieure à la surface de la paume de la main
Surface supérieure à la surface de la paume de la main
Localisation ou zone à risque ?
Pas de zone à risque
Voies aériennes supérieures, organes des sens, plis de flexion, organes génitaux externes ou périnée
Terrain du patient ? Âge moyen, absence de comorbidité
Nouveau-né, nourrisson, enfant de moins de 3 ans, personne de plus de 60 ans ou souffrant d’insuffisances chroniques cardiaques, rénales, respiratoires, diabète
Profondeur de la brûlure ? Rougeur et douleur importante
Vésicules ou phlyctènes plus ou moins importantes. Si rupture des phlyctènes, fond de plaie rouge, humide et très sensible au toucher. Les poils tiennent bien
Phlyctènes rompus. Fond de la plaie sec rosé ou blanc. Les poils ne tiennent plus. Peu ou pas de douleur
Peau cartonnée blanche, sèche ou carbonisée. Lésion sèche, aspect de cuir avec vaisseaux apparents sous la nécrose. Pas de douleur ou de saignement
2nd degré profond 1er degré
3e degré
2nd degré superficiel
Traitement possible à l’officine
• Refroidissement sous un filet d’eau à 15-20 °C pendant 10 minutes • Noter date, heure et circonstances de la brûlure • Crèmes hydratantes en couche épaisse sous un pansement, changé quotidiennement, durant deux à trois jours. Pour le second degré, possibilité de suggérer une crème avec un agent antibactérien
• Proposer un antalgique pour soulager la douleur • Les jours suivants, pansement hydrocolloïde à renouveler tous les trois à quatre jours, tulle gras à remplacer tous les deux ou trois jours ou à changer tous les deux jours
• Continuer les pansements jusqu’à guérison • Celle-ci survient en quatre à cinq jours pour une brûlure du premier degré, après desquamation, et en douze à quinze jours pour une brûlure du second degré superficiel
• Si retard de cicatrisation ou aggravation secondaire type infection, orienter vers une consultation médicale • Ensuite, massage de la cicatrice avec une crème grasse durant les premiers mois • Ne pas exposer la cicatrice au soleil ou aux UV durant au moins un an. Orientation vers une consultation médicale ou spécialisée.
Nouveaux produits
>> Zoom sur…
L’info des génériques
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˕˕Cristers Montelukast 5 mg et 10 mg Boîtes de 30 comprimés à croquer Princeps : Singulair
Priligy
• Traitement de l’éjaculation précoce • Dapoxétine, inhibiteur sélectif de la capture de la sérotonine • Boîtes de 3 ou 6 comprimés dosés à 30 ou 60 mg • Liste I • Non remboursable • Prix public d’un comprimé à 30 mg : 8 € environ • Laboratoire Menarini France
Premier traitement de l’éjaculation précoce La dapoxétine, principe actif de Priligy, est un
souffrance et de difficultés liées), Priligy sera pris
inhibiteur sélectif de la capture de la sérotonine
à la demande une à trois heures avant l’activité
(ISRS) à demi-vie courte. Il ne possède pas d’effet
sexuelle. La dose initiale recommandée est de 30 mg,
antidépresseur et ne présente pas les effets
prise au maximum une fois par 24 heures, et pourra
indésirables habituellement trouvés dans cette classe,
être accrue au besoin par le prescripteur. Parmi les
ni n’entraîne de syndrome de sevrage. En augmentant
effets indésirables : nausées, céphalées, vertiges,
le taux de sérotonine dans la fente synaptique, la
diarrhée, insomnie et fatigue, ainsi que des cas de
dapoxétine permet de retarder l’éjaculation (délai
syncopes vasovagales. Ce type de médicament
multiplié par trois ou quatre). Indiqué chez l’homme
étant très touché par la contrefaçon, le site Internet
de 18 à 64 ans souffrant d’éjaculation précoce (délai
www.genuinepriligy.com permet de vérifier en ligne
éjaculatoire inférieur à deux minutes intravaginales,
l’authenticité du traitement grâce au numéro de série
mauvais contrôle de l’éjaculation, présence de
imprimé sur la boîte.
En bref… Moviprep, solution pour préparation colique, est désormais remboursé – Fixorinox, spray nasal à 50 mµg de fluticasone par dose, dans la rhinite allergique saisonnière – Printemps coloré chez Innoxa avec douze couleurs intenses pour les vernis à ongles haute tolérance – Stimul’cils promet de renforcer et densifier les cils, avec un mascara décliné en cinq teintes – La gamme Ixxi s’enrichit de trois démaquillants : une eau micellaire, un lait velours et un baume soyeux, toujours enrichis de polyphénols de pin – Parasidose change de formule et propose un tube-canule, pour une application facilitée, et une charlotte de protection – Compeed propose une édition limitée de son pansement ampoules talon, en collaboration avec le designer Jordi Labanda.
56 • Pharma N°101 - avril 2013
˕˕KRKA Venlafaxine LP 37,5 et 75 mg Boîtes de 30 gélules à libération prolongée Princeps : Effexor Lansoprazole 15 et 30 mg Boîtes de 14, 28 et 30 gélules gastrorésistantes Princeps : Lanzor Ifirmasta (irbesartan) 75, 150 et 300 mg Boîtes de 30 et 90 comprimés pelliculés Princeps : Aprovel ˕˕Mylan Losartan/ hydrochlorothiazide 100 mg/12,5 mg Boîtes de 28 et 90 comprimés pelliculés Princeps : Fortzaar Tramadol/ paracétamol 37,5 mg/325 mg Boîte de 20 comprimés pelliculés Princeps : Ixprim ˕˕Teva Acétylcystéine 200 mg sans sucre Boîte de 18 sachets-dose Princeps : Fluimucil Montelukast 4 mg Boîte de 28 sachets-dose de granulés Princeps : Singulair Montelukast 5 mg Boîte de 28 comprimés à croquer Montelukast 100 mg Boîte de 28 comprimés pelliculés Tramadol/paracétamol 37,5 mg/325 mg Boîte de 20 comprimés pelliculés Princeps : Ixprim
Nouveaux produits
Mustela Bébé Formules nouvelle génération
Darphin soins du corps
Dodie Des collections en nom propre
Abricot double action
Fort de dix ans de recherche sur le développement de la peau des bébés, Mustela intègre aux formulations de sa gamme bébé le perséose d’avocat, actif biomimétique breveté issu d’une filière pharmaceutique respectueuse de l’environnement. Les produits de soins sont donc reformulés pour intégrer le perséose d’avocat, tout en maintenant un haut niveau de sensorialité et 92 % d’ingrédients d’origine naturelle. Les packagings sont également revus et une campagne de communication à 360° est prévue jusqu’au printemps 2014, ainsi que de nombreuses nouveautés.
Avec ces produits, Darphin propose de faire peau neuve avant les beaux jours. L’exfoliant parfait corps aux éclats de noyaux d’abricot et extraits de feuilles de pêche peut être appliqué sur peau humide ou sèche. Le massage, appuyé sur les zones les plus rêches, permet d’éliminer les cellules mortes et prépare la peau à recevoir le lait soyeux hydratant à l’huile d’abricot, enrichi d’urée, d’acide hyaluronique, d’extraits de salicorne et de lavande papillon pour une hydratation longue durée.
Tire-lait B to B
Iso-Urea MD
Dermazero
Expression en toute discrétion
Soulager le psoriasis
Crèmes lavantes revisitées
Une attention particulière a été portée à la discrétion avec ce tire-lait électrique peu encombrant et silencieux. La coquille peut être placée sous les vêtements, ce qui rend la pratique moins visible et libère les mains. La pompe démarre en mode « réflexe d’expulsion » puis passe en mode tirage, qui peut être réglé selon huit niveaux de puissance de succion. L’appareil fonctionne à piles ou sur secteur, la coquille intérieure existe en trois tailles. À utiliser avec les biberons S étroits de la marque.
L’eau thermale de la Roche-Posay, déjà mise à profit dans la station thermale pour le traitement des patients psoriasiques, est ici accompagnée du Procerad, une molécule brevetée reconstituant la barrière cutanée. Le résultat est un baume à l’action desquamante, dont l’efficacité est renforcée par un complexe kératolytique à base d’urée et d’activating protease factor (APF). Pour favoriser l’observance, la texture et le pouvoir émollient ont été particulièrement travaillés.
Dermazero, comme 0 % tensio-actif agressif, colorant, phtalate, alcool, silicone, paraben, phénoxyéthanol et savon. Avec ces formules favorisant la tolérance cutanée, Rogé Cavaillès propose quatre soins lavants visage et corps : la crème lavante surgras extra-douce pour les peaux sensibles, dermo-apaisante pour les peaux réactives, hydratante pour les peaux sèches et surgras bébé pour les tout-petits.
Mustela
Ppc : 189 € Difrax
Exfoliant, tube de 200 ml, ppc : 28 € Lait soyeux, tube de 200 ml, ppc : 24 € Darphin
Tube de 100 ml Ppc : 17,50 € La Roche-Posay
Suite à la fin du partenariat qui liait MAM à Dodie, chacun des laboratoires vend ses produits en son nom propre. Dodie a ainsi développé sa collection de biberonnerie, mettant à l’honneur la forme triangulaire proposée depuis 1958. Initiation+ et Evolution+ présentent des tétines à trois vitesses, à valve brevetée Easy Air et texture siliconée souple avec embout arrondi. Trois tailles, six couleurs et trois décors sont disponibles ainsi que le micro-biberon de 50 ml. Côté sucettes, la gamme a été revue avec trois formes de téterelles, trois tranches d’âge (dont une dédiée aux plus de 18 mois) et des décors ludiques et colorés.
Dodie
Flacons-pompe de 300 ml, ppc : 7,90 € (surgras extra-douce et hydratante) ; 500 ml, ppc : 10,90 à 12,90 € Rogé Cavaillès
avril 2013 - Pharma N°101 • 57
Sur le net
Umanlife,
le carnet de santé 2.0
Centraliser toutes les données médicales sur un carnet de santé en ligne, c’est le concept développé par Umanlife. Un outil également doté d’une application coaching pour prendre sa santé en main.
D
ernier venu sur un marché déjà bien fourni, Umanlife entend révolutionner la gestion et le traitement des données de santé. Le concept ? Un carnet de santé virtuel sur lequel le patient/inter naute centralise ses données médicales et celles de ses proches. Rendez-vous chez le médecin, suivi des vaccinations, stockage des examens médicaux, des radios… le carnet de santé 2.0 gère l’ensemble du patrimoine santé avec, en prime, des outils de coaching pour mesurer la consommation d’alcool ou de tabac. Une fois le compte Umanlife activé, l’utilisateur peut accéder aux services proposés en ligne : noter les vaccins, les rappels et les rendez- vous médicaux de la famille. Des alertes mail sont régulièrement envoyées pour ne pas oublier ses
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rendez-vous. Le profil concerne tous les membres de la famille, animaux et plantes compris !
Un tableau de bord interactif…
Plus qu’un simple carnet de santé, le site Umanlife joue la carte de l’interactivité, avec un tableau de bord et des applications permettant de mesurer tension artérielle, activité physique, consommation d’alcool ou de tabac. Le site se décrit comme un coach ou un guide médical personnalisé qui, dans le cadre d’un régime ou d’un arrêt du tabac, établit des objectifs et donne des clés pour les atteindre. Les applications sont téléchargeables sur un téléphone portable. Ainsi, l’application tabac propose en premier lieu de remplir un questionnaire pour établir le niveau d’addiction (« À quelle cigarette renonceriez-vous le plus difficilement ? »
« Fumez-vous lorsque vous êtes malade et alité ? »). Un objectif est ensuite choisi : essayer de réduire en fumant par exemple moins de X cigarettes par jour dans 92 jours. Umanlife accompagne ensuite le patient via l’envoi de conseils sur mesure et de messages choc tels que « le tabagisme passif tue 6 000 personnes chaque année », « un fumeur sur deux meurt prématurément ». Pour cette application « tabac », l’internaute peut recevoir jusqu’à trois alertes par jour lui proposant de noter le nombre de cigarettes fumées. Il peut également visualiser sa consommation globale depuis sa toute première cigarette ainsi que le montant correspondant en euros. Enfin, Umanlife propose un forum qui permet à l’internaute de dialoguer et de partager ses expériences avec d’autres membres.
… et commercial
S’il est difficile d’appréhender le modèle économique du site, une chose est sûre : pour suivre sa santé au quotidien, il faut payer. Umanlife fonctionne avec une monnaie propre : les UCrédits. Ceux-ci sont nécessaires pour s’abonner
aux diverses applications, qui permettent ensuite de suivre et sauvegarder tout ce qui concerne la santé et le bien-être. L’achat de ces crédits se fait en ligne avec un taux de change propre : 12 UC = 5,99 €, 36 UC = 11,99 €… Toutes les applications (nutrition, tabac, alcool, sport, jeux, animaux de compagnie…) coûtent 1 UC par mois. Le site propose également une vitrine commerciale présentant des balances Wifi ou des tensiomètres compatibles avec un iPhone/iPad. Par exemple, lorsque vous prenez votre tension à l’aide d’un tensiomètre, vos données sont instantanément transférées au site, qui les sauvegarde et les analyse. Comme souvent avec ce type de plateforme communautaire se pose la question de la sécurisation et du respect des données personnelles des membres. Le site fait état d’une connexion sécurisée par un chiffrement 256 bits. Le site rappelle enfin que les services offerts sur Umanlife ne remplacent en aucun cas un conseil médical, et ne se substituent en rien à une consultation auprès des professionnels de santé compétents. Olivier Valcke
Située près de la gare Saint-Lazare à Paris, la pharmacie Bailly s’est récemment dotée de caisses automatiques. Une première en France que nous relate Jean Tissandier, l’un des titulaires.
C
ela faisait plusieurs mois que je réfléchissais à un dispositif permettant de désengorger nos comptoirs. Située en plein cœur de Paris, face à la gare SaintLazare, notre pharmacie connaît des pics d’activité difficiles à gérer, notamment aux heures de sortie des bureaux ou entre midi et quatorze heures. Nous sommes également confrontés aux clients de passage, qui viennent quelques minutes avant leur train acheter deux ou trois produits de para et n’ont pas de temps à perdre dans les files d’attente. C’est un phénomène naturel : nous détestons attendre ! Il nous fallait donc trouver une solution innovante afin d’endiguer l’agressivité au comptoir et satisfaire pleinement notre clientèle. Avec Pavel Pardo, gérant et directeur opérationnel de la société Itiav, spécialisée dans les logiciels et applications intuitives d’aide à la vente conseil, nous avons conçu un système de caisses automatiques adapté aux pharmacies. Au mois de janvier, deux bornes d’encaissement en libre accès ont été installées. Facilement repérables avec leur panneau ‘‘caisse rapide’’, elles ont été placées au cœur de la zone parapharmacie. Comme dans un centre commercial, les clients viennent scanner et payer leurs produits par carte bancaire. C’est simple (passage du produit devant le scanner), intuitif et cela libère de la file d’attente au comptoir. Ces caisses automatiques ont également été réalisées pour favoriser l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Cela permet enfin à l’équipe officinale de se concentrer sur le conseil. Les premiers résultats sont très encourageants. Une centaine de clients les utilisent au quotidien, ce qui représente 1 200 € de chiffre d’affaires en moyenne. C’est le seul point de vente permettant une hausse du CA sans alourdir les charges salariales. Côté installation, là encore, le système est avantageux. En une journée, les deux caisses étaient opérationnelles. Toutes les connexions électriques passent par un mât qui rejoint le faux plafond. Pas besoin non plus de ressaisir la base de données dans le logiciel de la caisse. Ce dernier possède une interface avec celui de l’officine, qui rafraîchit en temps réel les prix des articles. De même, la clôture de caisse est transmise
Itiav conçoit et commercialise des caisses automatiques dédiées aux pharmacies.
©© D.R.
le jour où…
… j’ai fait installer des caisses automatiques dans ma pharmacie
automatiquement en fin de journée, tout comme le listing des ventes en code-barres. Au niveau de la clientèle, ces caisses font l’unanimité. C’est devenu un réflexe pour celles et ceux qui n’ont pas besoin de conseils et souhaitent uniquement acheter un soin de visage ou un tube de dentifrice. Mieux, on a constaté que l’agressivité au comptoir avait nettement diminué. Les gens patientent moins, donc sont plus détendus. L’équipe officinale est revenue aux fondamentaux du métier et passe ainsi plus de temps à prodiguer des conseils. Au final, malgré l’investissement de départ plutôt conséquent (15 000 € la caisse), les retours sont positifs. Je ne compte d’ailleurs pas en rester là. De nouvelles caisses feront sans doute leur apparition dans un futur proche… »