Actualité
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C’est le tonnage de médicaments non utilisés (MNU) des ménages qui a été collecté en 2012 par les pharmacies françaises et regroupé par les grossistesrépartiteurs avant leur valorisation énergétique, selon Cyclamed.
à
Vignettes. L’UNPF s’élève contre la disparition des prix
l’issue d’une réunion relative à la suppression de la vignette pharmaceutique prévue au 1er juillet, les pouvoirs publics ont décidé qu’aucune mention de prix ne serait apposée sur les conditionnements. L’UNPF s’insurge contre cette mesure qui risque « de compliquer les relations entre les pharmaciens et leurs patients puisque ces derniers n’auront plus d’indication visible concernant le prix de base de leurs médicaments, la base du remboursement ou le taux de prise en charge. » Le syndicat craint également que des disparités entre médicaments prescrits et non prescrits apparaissent, et que cette mesure engendre une concurrence supplémentaire dont la profession n’a nul besoin en période de crise. •
5 raisons
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de lire ce numéro
On y explore le rayon bébé, secteur à fort potentiel et véritable levier de croissance pour l’officine (p. 30). « En recrutant autour de leur rayon bébé, les pharmacies bénéficient d’un triple effet : un rajeunissement de leur clientèle, une hausse de la fréquentation de leur point de vente et une augmentation des ventes additionnelles sur leur offre femmes. » On s’entraîne pour les entretiens pharmaceutiques grâce au cas concret d’un patient qui présente ses résultats d’INR (p. 48). « Le Crestor potentialise l’effet de l’AVK. Ce n’est pas un problème si les prises sont régulières, mais dans la mesure où ni le Crestor ni le Préviscan ne sont pris régulièrement par M. Maurin, le résultat de l’INR sera fréquemment en dehors de la zone cible. » On y fait le point sur la levure de riz rouge, complément alimentaire contenant une statine naturelle, qui fait polémique actuellement (p. 50). « La difficulté pour le consommateur vient de la grande variabilité de teneur en monacoline entre les produits commercialisés. D’autre part, la monacoline K ne représente que 50 % du total des monacolines. » On y prend une bonne bouffée de « girl power » à travers des articles dédiés aux femmes dans la pharmacie, devant ou derrière le comptoir (p. 19). « Le management est surtout une question de caractère, d’histoire personnelle. Finalement, les femmes ont toujours eu du pouvoir, mais souvent dans l’ombre. Aujourd’hui, elles sont moins cachées ; c’est ce qui change. » On y glane des astuces pour améliorer le quotidien des patients diabétiques, grâce à des technologies qui facilitent l’autosurveillance glycémique (p. 52). « Le capuchon Timesulin s’adapte sur les stylos injecteurs les plus courants et affiche le temps écoulé depuis la dernière injection. Ce système de décompte est également retrouvé sur le stylo Novopen Echo. »
télex Les médicaments sous surveillance renforcée identifiés à compter de cet automne, tout nouveau médicament autorisé dans les états membres de l’Union européenne et soumis à surveillance renforcée devra porter un triangle noir inversé, accompagné de la mention « Ce médicament fait l’objet d’une surveillance renforcée ». Ces signes caractéristiques seront présents dans la notice et le RCP. Pour ceux autorisés entre le 1er janvier 2011 et le 31 août 2013, les notices seront graduellement mises à jour d’ici à septembre 2013. Un nouveau site pour l’Anepf à l’occasion de son 45e anniversaire, l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf) s’offre un nouveau site Internet. Plus ergonomique et intuitif, il a été repensé pour répondre aux attentes des étudiants, avec newsletters, accès à des offres de stage ou d’emploi en France et à l’étranger, cursus, relais des campagnes de santé publique, actualité professionnelle… www.anepf.org Les médecins bientôt connectés au DP ? Dans son rapport Améliorer la pertinence des stratégies médicales, l’Académie de médecine recommande un accès facilité du médecin traitant au dossier pharmaceutique du patient. L’Académie milite aussi pour une épuration régulière par la Cnam de la nomenclature des actes remboursables. Quant au financement, elle se prononce en faveur d’une rémunération des activités médicales « privilégiant l’acte intellectuel versus l’acte technique, valorisant les primo-consultations, les consultations lourdes et l’expérience du praticien » (voir aussi le sondage Celtipharm-Pharma en page 4). Mobilisation en faveur de la substitution Pharmactiv et le laboratoire Mylan s’associent pour mobiliser leurs adhérents autour de la substitution au travers d’une campagne d’affichage. Un poster intitulé « Adopter la bonne attitude au comptoir » est à afficher dans le back-office. L’équipe y trouvera des recommandations sur l’attitude à adopter et les mots à éviter lors de la délivrance des génériques ou en cas de refus de la substitution.
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Actualité
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nominations C’est le pourcentage de médecins qui ont recours à Google pour trouver des informations sur les pathologies qu’ils rencontrent. C’est ce que démontre le premier baromètre « Web et santé » publié par l’institut d’études spécialisé dans la santé Listening Pharma et l’agence de communication Hopscotch Digital.
Santé publique. Les recommandations vaccinales changent
lus simple, avec moins d’injections… le calendrier vaccinal 2013 introduit de nombreuses modifications, autant pour les enfants et adolescents que pour les adultes. On note ainsi, pour la primovaccination diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite, Haemophilus influenza B (DTCaPHib), le passage d’un schéma « 3 + 1 » (trois injections à 1 mois d’intervalle et un rappel entre 16 et 18 mois) à « 2 + 1 ». Le rappel se fera alors à 11 mois, en même temps que celui contre l’hépatite B et le pneumocoque, qui est avancé (schéma de vaccination à 2, 4 et 11 mois). La vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) est, elle, recommandée chez les jeunes filles entre 11 et 14 ans. Chez les adultes, les rappels DTP se feront désormais à âge fixe et non plus tous les dix ans. Les injections sont
prévues à 25, 45 et 65 ans, puis tous les dix ans en raison de l’immunosénescence. IMS Health estime que cette simplification aboutira à une baisse des dépenses de vaccins de l’ordre de 66 millions d’euros (hors anti-HPV) d’ici à la fin de 2014, provenant essentiellement des vaccinations des nourrissons et des adultes. Pour le syndicat de généralistes MG France, ce nouveau calendrier vaccinal « complexifie paradoxalement le sujet ». Et de militer pour que le généraliste, seul acteur de santé « à même de restaurer la confiance des patients dans la vaccination », soit mis au cœur du dispositif. • Toutes les nouvelles recommandations sont en ligne sur le site www.sante.gouv.fr/ calendrier-vaccinal-2013.html
Un grand absent est à signaler : l’État. L’État qui, à lui seul, régule et continuera à réguler la grande majorité de notre rémunération par l’intermédiaire des marges. J’en appelle à Marisol Touraine : seul un arbitrage résolu de ses services permettra de finaliser cette grande réforme. Philippe Gaertner, président de la FSPF
Le sondage pharma/Celtipharm L’extension du dossier pharmaceutique et vous… • L’Académie nationale de médecine recommande de faciliter l’accès du médecin traitant au dossier pharmaceutique de ses patients. Y êtes-vous favorable ? • Oui • Non
94 % 6 %
• Souhaiteriez-vous voir le DP
élargi à l’ensemble des professionnels de santé ?
• Oui • Non
86 % 14 %
• Quel est l’intérêt principal
à étendre le DP ?
•M eilleure lutte contre les interactions médicamenteuses............................. 43 % •M eilleur suivi du patient et de son traitement.......................... 43 % •S écurisation et confidentialité des données médicales ........................6 % •G ain de temps lors d’un premier contact avec le patient......................... 2 % •M eilleur contrôle du remboursement des médicaments................................. 1 % •A utres ................................................5 %
Étude réalisée par le département gestion de call center de Celtipharm, sur un échantillon représentatif stratifié de 400 officines françaises sélectionnées dans sa base de données (du 17 au 25 avril 2013).
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Un nouveau président pour le GPIE Jean-Pierre Paccioni, pharmacien responsable de GlaxoSmithKline France et président de la section B de l’Ordre, a été élu président du Groupement européen des pharmaciens de l’industrie (GPIE) pour trois ans. Fondé en 1966, le GPIE regroupe vingt organisations professionnelles nationales, soit plus de 15 000 pharmaciens en Europe. Trésorier du GPIE depuis dix ans, Jean-Pierre Paccioni en fut également le président entre 1998 et 2002. Il succède à Luigi Martini. Changement à la tête d’UCB France Succédant à Michele Antonelli à la direction générale de l’entreprise biopharmaceutique UCB France, Anne de Cassini a occupé différentes fonctions au sein de la filiale française, notamment la direction de la Business unit système nerveux central. Depuis juillet 2008, elle était directrice générale des opérations UCB Canada Inc.
télex Chaîne du froid nouvelle génération Chambres froides, cellules de congélation, bac isotherme Ice Tag… Trente-deux agences de la Cerp Rouen ont mis en place la nouvelle chaîne du froid. Depuis le 29 avril, les clients du grossisterépartiteur peuvent bénéficier de ces nouveaux équipements, choisis pour leur garantir l’intégrité des produits de santé thermosensibles. Giropharm conjugue nutrition et santé Alimentation, micronutrition et conseils dédiés sont au cœur des 600 officines du groupement en mai et juin. En complément, un livret nutrition sera distribué. Au menu : les fondamentaux d’une alimentation équilibrée et un schéma de la pyramide alimentaire.
Actualité
ça se prépare ˕˕Mardi 11 juin 7e journée nationale de l’Utip Association Cette année, le thème sera « Le cancer, les cancers, quelle place pour mon pharmacien ? » Associations de patients, prescripteurs et pharmaciens pourront échanger ce jour-là à la maison de la Chimie à Paris. ˕˕Jusqu’au 30 juin Prix de l’Ordre et du Cespharm Il est encore temps de s’inscrire pour ces prix qui valorisent le travail de jeunes pharmaciens. Dotés respectivement de 4 000 et 2 000 €, ils récompensent des actions, ouvrages ou travaux effectués par des pharmaciens de moins de 45 ans dans le domaine des missions légales de l’Ordre ou de la prévention, l’éducation sanitaire et l’ETP. Plus d’infos sur www.cespharm.fr et www.ordre.pharmacien.fr ˕˕Jusqu’au 23 novembre La marche des lumières à 18h, à l’initiative de l’institut Curie, le champ de Mars, à Paris, s’illuminera de centaines de lumières, symboles de la mobilisation contre le cancer. Dans les sept mois précédents, les « porteurs de lumière » auront réuni au minimum 100 € via une page de collecte créée sur http://marchedeslumieres. alvarum.net. Objectif : lever 250 000 € pour la recherche contre le cancer.
Depuis quarante ans, l’approche psychanalytique est partout, et aujourd’hui elle concentre tous les moyens. Il est temps de laisser la place à d’autres méthodes, pour une raison simple : ce sont celles qui marchent, et qui sont recommandées par la HAS. Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux Personnes handicapées, au sujet du 3e plan autisme (2014-2017)
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Cursus. L’Anepf satisfaite de la réforme des études pharmaceutiques
rès attendu, l’arrêté relatif au régime des études en vue de l’obtention du diplôme d’état de docteur en pharmacie a été publié au Journal officiel du 26 avril. L’Association nationale des étudiants en pharmacie de France se réjouit de la parution de ce document auquel elle a contribué. L’Anepf va désormais « travailler à la mise en place de la future quatrième année, appelée désormais première année du DFSAP – diplôme de formation approfondie en sciences pharmaceutiques –, prévue pour la
rentrée 2013. » Le texte réorganise notamment les enseignements thérapeutiques sous forme d’unités transversales. Il prévoit également l’introduction de vingt heures d’éducation thérapeutique du patient au sein des enseignements communs, puis vingt heures supplémentaires pour les étudiants du parcours professionnel officinal. Si l’Anepf « salue la mise en place de cet examen valorisant la formation des étudiants en pharmacie, elle reste vigilante sur la façon dont il sera mis en place dans les facultés. » •
Numérique. Un livre blanc pour développer la télémédecine L ’année 2013 sera-t-elle celle de la télémédecine ? C’est en tout cas le souhait de Syntec numérique et du Snitem, qui publient leurs réflexions sur les modèles économiques de télésuivi pour les maladies chroniques. Inspiré de six expériences internationales, ce livre blanc intitulé Télémédecine 2020 propose des recommandations afin de faciliter le déploiement d’envergure de solutions et services de télémédecine en France. « Il faut une impulsion politique qui intègre dès le départ une vision stratégique nationale de santé et télésanté », observe ainsi Pierre
L’image du mois
Leurent, président du groupe de travail Télémédecine au sein du Syntec numérique. Le Snitem et Syntec, qui fédèrent 80 % des emplois de la filière médecine, militent également pour une meilleure implication des payeurs publics dans la structuration d’une filière leader en matière de télémédecine. Enfin, que ce soit dans l’écriture de protocoles, dans leur mise en œuvre sur le terrain ou dans la coordination des acteurs tout au long du parcours de vie du patient, les deux organisations préconisent une adhésion massive des professionnels de santé. •
Libre accès bien identifié
E
asy Shop Santé est le nouveau concept store proposé par Fahrenberger pour doper le rayon médicaments en libre accès. Véritable « shop in shop », l’espace est identifiable au premier coup d’œil : le nom et les phrases d’accroche sont explicites (« Je choisis mon médicament, mon pharmacien me conseille » ou « Servez-vous »), les bacs inclinés permettent un rangement facilité et invitent le client à se servir, et la couleur orange déclinée sur les meubles et sur un damier au sol ne passe pas inaperçue… Conscient du contexte économique, Fahrenberger a développé un mode de financement innovant : le pharmacien peut choisir entre un système de licence en location allant de 200 à 500 € par mois selon l’agencement choisi (réalisation sur mesure) et un système de rémunération basé sur les performances. Cette « clause de bonne fortune » permet une installation gratuite, le paiement se faisant par la suite sur le nombre de boîtes vendues (0,54 € par unité). 80 pharmacies sont équipées en France, et l’agenceur annonce des résultats enviables, avec un doublement de leur chiffre d’affaires sur le libre accès. Ce concept devrait bientôt être décliné dans d’autres univers tels que la phyto, l’homéo, la dermo ou le bébé. •
Techno Vu sur Android Ameli arrive sur les smartphones ! L’application de l’Assurance maladie, en version simplifiée, est désormais accessible gratuitement aux assurés via iTunes ou Android. à quand la version dédiée aux professionnels de santé ? Vu sur App Store iSommeil ou quand le mobile veille sur votre sommeil… Cette application gratuite permet d’analyser les ronflements et pauses respiratoires (écoute d’extraits sonores le matin au réveil), d’analyser les mouvements nocturnes, d’optimiser le réveil avec un programme de luminothérapie, mais également de tester la vigilance diurne. Un peu gadget mais instructif.
sur le Net @ Vu Lancée sur sa page Facebook, « Aaaaatchoum ! » est la nouvelle animation sur les allergies respiratoires de Biogaran. Conçue sous la forme d’un quiz, elle a pour but d’informer ou de compléter les connaissances des internautes sur ces allergies. Les plus jeunes peuvent aussi télécharger un jeu des 7 erreurs pour découvrir les principaux allergènes et les bons comportements à adopter. Vu sur Twitter Un pharmacien prévoit de faire le tour du monde à moto. Départ en septembre, à la découverte des officines du monde, et thèse en suivant sur ce sujet passionnant. Pour le suivre, @Phduboutdumonde et #SurlaRouteEn2013
à l’étranger Maroc
La convention liant les pharmaciens marocains à l’Assurance maladie a introduit pour la première fois le tiers payant. 19 molécules (29 médicaments concernés) prescrits dans le traitement de 32 maladies de longue durée seront accessibles aux patients en ALD (affections longue durée) ou ALC (affections longues et coûteuses), sous réserve d’avoir demandé une prise en charge auprès de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Cette attestation devra être présentée à une officine conventionnée et le patient n’aura à régler que le ticket modérateur. De leur côté, les pharmaciens devront envoyer un dossier à la CNSS, qui s’engage à rembourser dans un délai de 30 jours.
Tous aux 7es Rencontres de l’officine les 8, 9 et 10 février 2014 !
Organisé par Pharma, cet événement réunit chaque année près de 1 700 titulaires, adjoints, préparateurs et étudiants. Rendez-vous en février 2014 au Palais des Congrès de Paris pour cette nouvelle édition.
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26 Back-office Congés familiaux, comment s’y retrouver ?
formation
29 Transaction La baisse du prix des officines s’est poursuivie en 2012 30 Merchandising Les secrets pour faire grandir votre rayon bébé 34 Génération manager Quand le titulaire souhaite mettre en place des réunions avec l’équipe 58 Le jour où… … médecin russe, je suis devenue pharmacienne française
thérapeutique 35 Conseil associé « Je vais me faire opérer des seins »
anémies, de la carence martiale aux chimiothérapies actualité Directeur de la publication : Antoine Lolivier Directrice du développement et de la publicité : Valérie Belbenoit Directeur de la rédaction : Antoine Lolivier Rédactrice en chef : Amélie Baumann-Thiriez Rédacteur en chef adjoint : Olivier Valcke Conception graphique : Laurent Flin Secrétaire de rédaction : Vincent Béclin Rédacteurs pour ce numéro : Julie Baruffi, Marc Bismuth, Julien Boyer, Caroline Charles, Géraldine Dupuis, Anne Fellmann, Marie-Hélène Gauthey, Anne Prigent Directrice de production et de fabrication : Gracia Bejjani Assistante de production : Cécile Jeannin Publicité : Emmanuelle Annasse, Aurélie Barnier, Valérie Belbenoit, Catherine Colsenet, Philippe Fuzellier Service abonnements : Claire Lesaint Photogravure et impression : Imprimerie de Compiègne, 60205 Compiègne Pharma est une publication © Expressions Pharma 2, rue de la Roquette - Passage du Cheval-Blanc Cour de Mai - 75011 Paris Pour nous joindre : courrierpharma@expressiongroupe.fr Tél. : 01 49 29 29 29 - Fax : 01 49 29 29 19 RCS Paris B481 690 105 Commission paritaire : 0317 T 86202 ISSN : 2101-4752 - Mensuel Comité de rédaction et de lecture : Claude Arnoldi : pharmacien ; Irène Bakal : pharmacienne ; Anne Baron : pharmacienne ; Françoise Beaunier-Daligault : pharmacienne ; Catherine Boyer : pharmacienne ; Patricia Daligault : pharmacienne ; Damien Galtier : diététicien ; Emilie Lecorps : pharmacienne ; Aude Lepoutre : gastro-entérologue ; Philippe Lesieur : psychiatre ; Mme Maury : pharmacienne ; Marguerite Mouilleseaux : pharmacienne ; Elizabeth Muller : pharmacienne ; Pascal Poncelet : cardiologue ; Sylvie Rosenzweig : pharmacienne (réseau douleur-soins palliatifs) ; Gilles Traisnel : cardiologue ; Mr Vanpoulle : pharmacien.
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10 Entretien Lilia Bulteel, DG d’Ospharea : « La coopérative est le modèle le plus adapté aux difficultés actuelles » 14 L’observatoire des pharmaciens Ce que les femmes pensent de leur profession 16 Lu pour vous Sélection d’articles parus dans la presse scientifique internationale
socio-pro
36 Formation Anémies, de la carence martiale aux chimiothérapies 40 10 questions sur… La compression médicale 44 Au comptoir Maux de femmes en six cas expliqués 48 Ordonnance commentée Entretien du patient sous AVK : cas pratique autour d’un bilan sanguin 57 Doc patient Votre première pilule
Gammes 50 Nutrition Levure de riz rouge, utilité et controverses
19 Dossier Radiographie de la pharmacie au féminin
52 Matériel et soins Du neuf dans l’autosurveillance glycémique
24 Qualité Les génériques, c’est pas (encore) automatique…
54 Nouveaux produits Médicaments, conseil et parapharmacie, zoom sur les dernières innovations
Retrouvez le bulletin d’abonnement en page 12 Assemblés à cette publication : deux bulletins d’abonnement (2 et 4 pages). En couverture : © Mareen Fischinger/Corbis
édito Des souris et des femmes ?
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Par Amélie Baumann-Thiriez, rédactrice en chef
l y a des clichés qui ont la vie dure, et des incohérences auxquelles on ne songe même pas. Au rang des clichés, notons par exemple l’idée que les maladies cardio-vasculaires sont des maladies d’hommes. Dans les faits, aux états-Unis, elles tuent plus de femmes que d’hommes chaque année. Et davantage que le cancer du sein. Pourquoi ? Parce que, depuis les années 1950, les efforts de dépistage, de prévention et de prise en charge se sont concentrés sur les hommes. Leurs symptômes, leurs plaques d’athérome à l’imagerie médicale. Qui sont différents des symptômes et des plaques d’athérome des femmes. Eh oui, la femme a l’infarctus plus discret et des dépôts de graisse moins localisés. Modeste et harmonieuse jusque dans ses crises cardiaques, la femme… Du côté des incohérences méconnues, citons le délicat sujet des essais cliniques : les médicaments sont testés sur le rat et sur l’homme… surtout s’ils ont des testicules. La faute aux cycles hormonaux qui compliquent les choses, à la prise de pilule qui crée des interactions… Les femelles, mauvais cobayes ! On ne peut ensuite que supposer que les effets – désirables ou non – constatés chez les mâles seront transposables au beau sexe. Je vous laisse juge de la pertinence de cette hypothèse. En matière de santé, les femmes ne sont pas encore les égales de l’homme, même dans nos pays dits développés. En revanche, nous avons cette chance, nous pharmaciens, d’exercer un métier où les femmes sont présentes, et bien présentes. Vous le verrez dans notre sondage (p. 14) et dans notre dossier (p. 19) : elles sont heureuses, épanouies, et investies, les pharmaciennes. D’ailleurs, dégommons un dernier cliché : la pharmacienne, ce n’est pas la femme du pharmacien. C’est vous, c’est moi : docteure en pharmacie et fière de l’être.
Les médicaments sont testés sur le rat et sur l’homme… surtout s’ils ont des testicules.
Entretien
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Rencontre avec Lilia Bulteel…
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« La coopérative est le modèle le plus adapté aux difficultés actuelles » Pépinière d’idées innovantes, la coopérative Ospharea renforce sa palette de services à destination des pharmaciens. Lilia Bulteel, directrice générale d’Ospharea, nous en livre un avant-goût.
Pharma. En quelques mots, comment résumer la philosophie d’Ospharea ? Lilia Bulteel. Ospharea, autrefois CIP – pour coopérative informatique pharmaceutique –, est une coopérative de pharmaciens qui développe des services d’accompagnement pour l’officine au quotidien. Sa filiale Ospharm articule son offre commerciale autour de trois axes de développement : Ospharm Datastat, une application informatique d’analyse décisionnelle en temps réel, simple et interactive ; Ospharm Formation, un programme de formation sur mesure, e-learning ou présentiel ; Ospharm FSE, une solution de gestion et de traitement du tiers payant pour gagner du temps et optimiser la trésorerie. Selon moi, le modèle coopératif est le mieux adapté pour faire face aux difficultés économiques que rencontre la profession. Son organisation repose sur trois principes : la mutualisation de moyens matériels et humains, la solidarité et le partage des compétences et une gouvernance qui consacre l’égalité dans la prise de décision. Nous ne sommes pas dans une financiarisation de l’officine, mais dans une démarche de partage et d’échange de bonnes pratiques en vue de l’amélioration de l’activité professionnelle. Le développement et la reconnaissance du pharmacien sont au cœur du système coopératif d’Ospharea. Une étude de la Fédération du commerce associé (FCA) montre d’ailleurs que ce modèle a le vent en poupe. Selon le baromètre des dirigeants de la FCA réalisé en janvier 2013, les réseaux
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projet professionnel. Un groupement fonctionnera différemment, avec des offres ciblées, des forfaits, en fonction du niveau d’adhésion des pharmaciens. On ne trouvera jamais des adhérents « premium » au sein d’une coopérative. Chez nous, tout le monde est logé à la même enseigne.
du commerce associé réalisent des performances supérieures à celles de leurs marchés pour 68 % d’entre eux. Un réseau sur cinq déclare même une croissance de chiffre d’affaires supérieure à 5 % en 2012. En quoi la coopérative se différenciet-elle d’un groupement ? Nous n’avons pas la même vocation. Une coopérative, c’est d’abord la mise en commun de moyens pour apporter de l’expertise aux pharmaciens. Si nous prônons une mutualisation des moyens matériels et humains, nos pharmaciens restent avant tout seuls maîtres de leur
©© d.r.
quelques chiffres • 1979 Date de création de la coopérative • 5 096 Nombre d’adhérents
Quelles sont vos nouveautés pour 2013 ? Cela n’aura échappé à personne, 2013 est marquée par l’évolution du métier de pharmacien. Après des années de théorie, les nouvelles missions deviennent réalité. Chez Ospharea, nous n’avons pas attendu la signature de la convention pour nous emparer des entretiens pharmaceutiques ou du suivi de patients chroniques. Aujourd’hui, nous sommes sur la finalisation de nos outils. Ainsi, nous travaillons sur un service qui contextualise davantage le pharmacien dans son marché. Il ressort en effet de nos expériences sur le terrain que celui-ci n’appréhende pas assez sa zone de chalandise. S’il a une bonne connaissance de ce qui se passe chez lui, via son logiciel officinal, il souffre d’un déficit d’informations sur ce qui se passe dans son secteur. Dans le même esprit, nous avons lancé, courant 2012, Datastat Expert, un service qui permet au pharmacien, en complément des prix du panel France, de connaître pour un produit le tarif moyen constaté sur son secteur, en comparant les vingt officines les plus proches ainsi que les pharmacies de centre commercial du département. Suite en page 12
Entretien
Si nous prônons une mutualisation des moyens matériels et humains, nos pharmaciens restent seuls maîtres de leur projet professionnel. Cet outil permet également au titulaire de consulter en temps réel son taux de substitution par dénomination de la liste de molécules retenues pour le suivi spécifique national et individuel des médicaments génériques.
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Les outils de géomarketing sont devenus en quelques années des incontournables de l’officine. Parleznous un peu plus d’Ospharm Datastat. Cette application informatique en temps réel prend de plus en plus de place au sein de notre stratégie commerciale. La mise à jour de données et l’analyse des performances en temps réel confèrent à ce service une réelle valeur ajoutée par rapport aux autres acteurs du marché. Plus de 5 000 pharmaciens nous font d’ailleurs confiance aujourd’hui, soit un doublement du nombre d’adhérents en à peine deux ans. Les titulaires adhèrent à Ospharm car ils savent que leurs données seront exploitées par une organisation créée par les pharmaciens pour les pharmaciens. L’évolution du métier nous oblige à dresser le constat suivant : le titulaire ne peut plus vivre en vase clos avec ses seuls chiffres, il a besoin
d’éléments de comparaison pour gagner en performance. Avec Datastat et Datastat Expert, nous lui fournissons un référentiel extérieur ciblé en temps réel. Cela permet d’être beaucoup plus précis sur les informations que l’on donne. D’ici juin, l’outil va subir une cure de jouvence avec une meilleure ergonomie, une navigation simplifiée et intuitive. Les tableaux de bord souffraient de leur complexité. On a simplifié le fonctionnement et la présentation de ces outils. Tout est conçu pour répondre aux besoins des pharmaciens et optimiser ses performances. Avec la mise en place du DPC, la formation est devenue une obligation. Quelles solutions proposez-vous pour transformer cette contrainte en atout ? En renforçant l’obligation de formation continue pour les pharmaciens et les préparateurs, le développement professionnel continu (DPC) sollicite davantage les organismes de formation. Dans ce cadre, nous proposons désormais des cycles de formation présentiels et des programmes e-learning agréés OPCA-PL. On s’est rendu compte que l’e-learning était la suite logique de
bio express
• 1996 Pharmacien, faculté de Lille • 1997 DESS Management et marketing à Lille • 2000 Directrice d’agences Cerp Rouen • 2006 Directrice commerciale France Cerp Rouen • 2010 DG adjointe Ospharea et Executive Master HEC en stratégie • Depuis octobre 2011 Directrice générale d’Ospharea
la formation présentielle. Tous deux sont complémentaires. En tant qu’organisme de formation, Ospharm Formation est candidat à l’agrément DPC auprès de l’Organisme gestionnaire du développement professionnel continu (OGDPC). Dans le même registre, on peut citer notre parcours MAD qui a été agréé. Dernière question en lien avec ce numéro « spécial femmes ». Lorsqu’on évoque les dirigeantes d’entreprise, on utilise souvent l’expression « management au féminin ». Confirmez-vous son existence ? Quelles sont ses spécificités ? Je ne sais pas si on peut parler de management au féminin. Je connais des femmes qui gèrent leurs équipes de manière bien plus dures que des hommes ! Ce que je sais, en revanche, c’est qu’il existe une intelligence émotionnelle qui fait parfois défaut à mes collègues masculins. Après, je voudrais que cessent les clichés qui font de la femme active un être revanchard parce que trop longtemps cantonnée aux fonctions subalternes, qui a soif de réussite… Ces clichés sont si éloignés de la réalité. À l’opposé de la femme arriviste, on entend souvent le refrain de la femme soumise, manquant de confiance en elle, qui n’ose pas s’affirmer, demander des responsabilités… Il faudrait savoir ! Et croyez-moi, j’ai beau évoluer dans un univers masculin, quand il s’agit de me faire entendre, je peux donner de la voix ! Propos recueillis par Olivier Valcke
Offre exceptionnelle d’abonnement à q M. q Mme Nom : ��������������������������������������������������������������������������������������������������������������� Prénom : ��������������������������������������������������������������������������������������������������������� Adresse d’expédition : ������������������������������������������������������������������������������������ �������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������
à nous retourner accompagné de votre règlement à : Expressions Pharma • 2, rue de la Roquette • Passage du Cheval-Blanc • Cour de mai • 75011 Paris • Tél. : 01 49 29 29 29 • Fax : 01 49 29 29 19 • E-mail : courrierpharma@expressiongroupe.fr
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pharma 102
4 Je m’abonne à pharma (10 n OS) q Abonnement ...................................................75 e TTC q Étudiant (joindre photocopie de la carte d’étudiant)...........50 e TTC q Abonnement à l’étranger (10 nOS) q DOM TOM & UE...................................................................... 88 e TTC q étranger Hors UE.................................................................. 98 e TTC
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L’observatoire des pharmaciens
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>> La pharmacie au féminin
TITULAIRES
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Coup de projecteur sur vous Mesdames. Quel regard portez-vous sur la profession ? Quelles sont vos attentes ? Vos relations avec vos collègues masculins ? À vous la parole. Par Olivier Valcke
ADJOINTES
PRÉPARATRICES
• Êtes-vous actuellement heureuse de votre travail ? 80
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•Q uelles sont vos principales sources de satisfaction professionnelle ? (plusieurs réponses possibles)
Reconnaissance de votre travail
Reconnaissance de votre travail Responsabilités
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Le bonheur est au comptoir Quelle que soit la position occupée à l’officine, les femmes s’épanouissent au travail. C’est auprès de leurs clients qu’elles éprouvent leur plus grande source de satisfaction professionnelle. Si les titulaires placent en deuxième position les responsabilités, les adjointes et préparatrices trouvent aussi leur motivation dans leur mission de santé publique.
• Selon vous, le fait d’être une femme constitue-t-il un avantage dans le milieu officinal ? 2%
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• Les relations de travail y sont-elles plus faciles avec… (plusieurs réponses possibles)
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C’est la même chose
Les femmes
Les hommes
Pas de distinction hommes/femmes Si la gent féminine est largement représentée dans le milieu officinal (voir notre dossier p. 19), les relations de travail tendent à être de plus en plus asexuées. Titulaires, adjointes et préparatrices estiment qu’exercer avec un homme ou une femme est la même chose. Idem pour ce qui est de travailler pour un homme ou une femme. Une petite nuance du côté des préparatrices, qui considèrent qu’être une femme constitue un avantage en officine.
Ne se prononcent pas
• Selon vous, quelles sont les qualités qui font défaut aux hommes au comptoir ? (plusieurs réponses possibles) L’écoute
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L’empathie
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La patience
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L’humilité
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Sans réponse
Tout vient à point qui sait attendre Messieurs, sachez apprécier à sa juste valeur ce conseil de vos consœurs : apprenez la patience au comptoir. Titulaires, adjointes et préparatrices évoquent également le manque de connaissances et d’implication sur les gammes dermo-cosmétiques.
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Témoignages « La mixité au sein d’une officine est toujours bénéfique. Chacun apporte son expérience et son conseil différent et personnalisé. L’idéal ? Au moins un homme au sein d’une équipe pour apporter plus d’équilibre. » Une titulaire dans l’Essonne (91)
« Il me semble assister à une régression, les femmes semblant penser que la réussite professionnelle n’est plus si importante et que leur épanouissement serait plus lié à leur vie privée qu’à un équilibre vie professionnelle-vie privée. » Une adjointe en Haute-Loire (43)
« Il serait temps que la convention collective prévoie des aménagements d’emploi du temps lors des grossesses et des jours enfant malade comme c’est le cas dans une majorité de conventions. » Une titulaire en Ille-et-Vilaine (35)
« Il serait appréciable de revoir le statut de la préparatrice qui, en 2013, n’est pas encore reconnue à sa juste valeur… Notre profession a évolué et certains patients ont encore du mal à nous faire confiance car le titre même de notre profession n’est
Méthodologie : 97 titulaires, 171 adjointes et 313 préparatrices interrogées entre le 9 et le 18 avril 2013.
plus à l’image de notre activité. Pourquoi pas utiliser le terme allemand : assistante technique du pharmacien qui, à mes yeux, serait plus valorisant ? La rémunération est également inadaptée par rapport aux responsabilités et aux connaissances requises. » Une préparatrice dans le Bas-Rhin (67) « Je dois dire que sans les hommes la pharmacie n’aurait pas le même visage. Grâce à eux, chaque jour est plus agréable. Merci les hommes ! » Une titulaire dans le Nord (59)
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Lu pour vous
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Revue de presse scientifique
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Chaque mois, nous vous proposons une synthèse des articles marquants parus Par Julien Boyer, pharmacien hospitalier dans la presse spécialisée du monde entier.
Hommes et femmes ne voient pas les mêmes choses… Sex and vision II : color appearance of monochromatic lights
A
près avoir démontré que les femmes avaient une oreille plus fine que les hommes, mais aussi un odorat plus développé, des chercheurs américains révèlent que les deux sexes ne voient pas de la même manière. Pour ce faire, ils ont recouru à des hommes et des femmes âgés d’au moins 16 ans, possédant une vision des couleurs normale et une acuité de 20/20 avec ou sans lunettes ou lentilles. Ils leur ont présenté différentes couleurs et leur ont demandé de les décrire, puis ont comparé les résultats. Ils ont ainsi constaté que les hommes avaient besoin d’une longueur d’onde de couleur légèrement plus longue pour percevoir la même chose que les femmes. Ils ont également observé qu’ils avaient plus de difficultés à déceler les nuances entre les teintes. Ensuite, des images faites de barres de lumière et de barres sombres, dont l’épaisseur et la couleur variaient, ont été montrées aux participants afin de mesurer leur sensibilité aux contrastes. Cette fois, les hommes ont été plus aptes à identifier les images faites de barres plus fines et qui changeaient plus rapidement. Au final, les hommes seraient plus sensibles aux détails, alors que les femmes distingueraient mieux les couleurs. Ces différences pourraient être liées à des neurones thalamiques situés dans le cortex primaire visuel, dont le développement est
Les femmes, plus intelligentes ? Are We Getting Smarter ? : Rising IQ in the Twenty-First Century
L
e psychologue James Flynn, chercheur du département Politics de l’université d’Otago (NouvelleZélande), a collecté des tests de quotient intellectuel en Europe occidentale, aux États-Unis, au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Argentine et en Estonie. Le test du QI est une mesure de l’intelligence dite abstraite, basée sur
16 • Pharma N°102 - mai 2013
contrôlé par les androgènes – des hormones sexuelles masculines – durant le développement de l’embryon, impliquant une plus grande quantité de ces neurones chez les hommes. • • Biology of Sex Differences, vol. 3, p. 21.
des examens psychologiques, permettant d’obtenir un indice chiffré. En 100 ans d’études, pour la première fois, les femmes – auparavant plus ou moins en retard de cinq points – auraient réussi à égaler le niveau masculin. Les psychologues ont longtemps suggéré que cet écart était « génétique ». Le fossé se serait réduit ces derniers temps et, cette année, les femmes ont même remporté la guerre des sexes. Cette évolution serait due au profil des femmes modernes, combinant de plus en plus éducation des enfants et vie professionnelle. D’autre part, le professeur estime que le QI des femmes n’aurait finalement jamais été inférieur mais simplement sous-exploité jusqu’à présent. Toutefois, si les scores sont quasiment identiques dans les pays occidentaux, les femmes arrivent en tête en Estonie, en Argentine et en Nouvelle-Zélande. James Flynn reste toutefois prudent. Pour ne pas tirer de conclusions hâtives, il précise qu’il manque quelques données avant d’établir un écart d’intelligence entre hommes et femmes. Une des étapes phares des recherches – controversées – sur le QI a été la découverte de l’effet Flynn dans les années 1980, selon lequel le QI de l’être humain moyen augmente de trois points par décennie. Il a également été prouvé qu’il n’était pas déterminé génétiquement et pouvait donc être amélioré. • • James R. Flynn, Edition Kindle, septembre 2012.
Suite en page 18
Lu pour vous
ȵȵLes hommes se voient plus minces
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ne étude américaine a réussi à constater que les hommes étaient plus drôles que les femmes. Des chercheurs ont montré vingt dessins à 32 étudiants, hommes et femmes, puis leur ont demandé d’écrire une légende sous les dessins, avant de leur poser deux questions : « à quel point pensez-vous que vos légendes sont drôles ? » et « Croyez-vous que les hommes sont plus drôles que les femmes ? » Un jury indépendant de 81 personnes a ensuite passé en revue les dessins légendés, avant de les noter en fonction de leur potentiel humoristique. Les résultats montrent que les hommes ont majoritairement considéré leurs légendes comme « drôles », et l’ensemble des participants estime que les hommes sont plus amusants. Les chercheurs ont ensuite demandé à 72 nouvelles personnes de mémoriser 80 images légendées, en précisant cette fois le genre de l’auteur. Les images les plus mémorisées avaient été réalisées par les hommes. En guise d’explication, les hommes seraient plus doués pour les tâches de créativité humoristique et auraient davantage confiance en eux. Ils se sentent plus drôles et se laissent donc plus facilement aller à la plaisanterie. Au final, cette différence ne serait pour déplaire à personne : la plupart du temps, les femmes cherchent un homme ayant le sens de l’humour et les hommes, des femmes qui rient… à leurs blagues. • • Psychonomic Bulletin and Review, vol .19(1):108-12
Hommes-femmes : y a-t-il vraiment une différence ? Men and women are from Earth : examining the latent structure of gender
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ette étude nous explique que les hommes ne viennent pas de Mars, ni les femmes, de Vénus, mais bien que nous sommes tous de la planète Terre. Elle tend à prouver que certains signes qu’on attribue à un sexe ou à un autre ne lui sont pas forcément réservés. Les auteurs
ont étudié les données de 13 000 personnes, sur 122 caractéristiques, des centres d’intérêt aux traits de personnalité, en passant par les attributs physiques, comparant ces données grâce à trois méthodes. Il existe certaines différences claires telles que les caractéristiques physiques par exemple. Mais, concernant les aspects plus psychologiques, c’est-à-dire les goûts, les intérêts, les traits de personnalité, il n’y a que des disparités individuelles. Les auteurs citent quelques impacts concrets, notamment dans le cadre de l’embauche, où il faut recruter la personne qui est la mieux qualifiée sans égard pour son sexe. Ou alors que les parents doivent éduquer leurs enfants sans les ranger dans une catégorie basée sur leur sexe, mais plutôt chercher à trouver ce par quoi ils sont intéressés, ce qu’ils ont envie de faire, là où ils réussissent et quelles sont leurs faiblesses. Et l’auteur de conclure que, non, « les hommes et les femmes ne sont pas fondamentalement différents », mais oui, « nous sommes tous fondamentalement différents ». • • Journal of Personnality and Social Psychology, 104(2):385-407.
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Une enquête réalisée sur 300 000 participants montre une nette différence : près d’un homme sur quatre (23 %) estime ainsi son poids au moins un cran en dessous de la réalité. à l’inverse, plus de 27 % des femmes surévaluent leur poids. Les femmes ont tendance à se voir plus grosses qu’elles ne le sont parce que la minceur est associée à la beauté féminine. Chez les hommes, un surpoids est perçu comme une force et la taille compte plus que la minceur. ȫȫ The Guardian, publication en ligne du 28 mars 2013
ȵȵPourquoi les femmes sont-elles plus bavardes ? C’est désormais « cliniquement prouvé », les femmes sont plus bavardes que les hommes. D’après des scientifiques américains, les femmes prononcent 20 000 mots en moyenne par jour, soit environ trois fois plus que les hommes. Elles le feraient même plus vite que ces messieurs ! Cette différence s’explique par la protéine Foxp2, appelée « protéine du langage » et présente dans le cortex gauche des femmes. Elle figurerait en plus grande concentration (+ 30 % en moyenne) chez les femmes. ȫȫ Journal of Neuroscience, vol.32(7), pp.2241-7
ȵȵLes fumeuses, égales des fumeurs Témoignant de la forte hausse de la consommation de tabac chez les femmes au cours des cinquante dernières années, le risque de cancer des poumons chez les femmes fumeuses a rejoint celui des hommes. Une femme fumeuse a dorénavant 50 % de risque supplémentaire de décéder que dans les années 1980. Ce résultat avait été prédit par des études épidémiologiques et très peu de choses ont été tentées pour l’inverser. ȫȫ New England Journal of Medicine, publication en ligne du 4 janvier 2013
©© I Blaj Gabriel, image hit International Ltd, bowie15, ihc – 123 RF
Who’s funny : gender stereotypes, humor production, and memory bias
en bref
Les hommes, plus drôles ?
Dossier Vive les femmes
©© DSGpro – istockphoto
Vive les femmes !
Si elles ont souvent plus de difficultés que les hommes à trouver un emploi, les femmes sont surreprésentées dans certains secteurs. Le « girl power » est ainsi une réalité en pharmacie. Et les chiffres confirment la tendance. Pourquoi une telle féminisation de la profession ? Quelles sont les évolutions ? Peut-on parler d’un management au féminin ? Dossier réalisé par Anne Fellmann
mai 2013 - Pharma N°102 • 19
Dossier Vive les femmes !
Radiographie de la pharmacie au féminin es
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Les enquêtes le démontrent : la pharmacie en général et l’officine en particulier sont des terreaux fertiles pour les femmes… qui restent pourtant sous-représentées dans les instances dirigeantes.
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es chiffres au 1er janvier 2012 sont éloquents : sur les 73 127 inscrits à l’ordre des pharmaciens toutes professions confondues, 66 % sont des femmes. Et c’est à l’officine qu’elles sont les plus nombreuses, avec 55 % des titulaires et 82 % des adjoints. « Le mouvement n’est pas récent, commente Marcelline Grillon, vice-présidente du conseil central A de l’Ordre et présidente du conseil régional du Centre. Depuis des années, on constate que les études scientifiques en général recueillent les suffrages des femmes. La faculté, plus que les grandes écoles qui leur sont moins accessibles, est probablement une forme d’investissement qui leur correspond. » La fibre féminine se manifeste plus précisément dans les métiers de
20 • Pharma N°102 - mai 2013
santé à grande composante humaine. Toutes les enquêtes l’indiquent, même si le taux de féminisation varie selon les métiers, celui de sage-femme arrivant en tête. « C’est vrai que, par nature, les femmes vont aisément vers les autres, analyse l’élue. Elles ont une envie peut-être plus marquée d’accompagner et de soigner. »
Par nature, les femmes vont aisément vers les autres. Elles ont une envie peut-être plus marquée d’accompagner et de soigner.
Marcelline Grillon, ordre des pharmaciens
Un métier « adaptable »
La plupart des études montrent aussi que les femmes sont plus attirées par le domaine du salariat non hospitalier, comme la PMI (protection maternelle et infantile), le planning familial, les services de santé scolaire, les Ehpad… et l’officine. Car exercer comme adjointe facilite la vie de famille. « Aujourd’hui, la période probatoire avant l’installation se situe entre cinq et dix ans, relève
Marcelline Grillon. Les adjoints retardent la décision de devenir titulaires pour des motifs financiers mais également, pour les femmes, à cause des avantages que leur procure ce statut. Il leur est souvent possible d’adapter leurs horaires ou de travailler à temps partiel. » L’attirance des femmes pour la pharmacie d’officine est visible dès la faculté. « Depuis des années, les filles sont largement majoritaires dans les promos, confirme Anne Cathalifaud, étudiante en sixième année et viceprésidente de l’Anepf, en charge des relations professionnelles. L’officine est un métier qui n’est ni physique, ni contraignant. Mieux : on peut l’organiser sans pénaliser sa vie de mère. Il est donc formaté pour la gent féminine… Même la titularisation, qui réclame tout de même un investissement en temps
conséquent, reste compatible avec les obligations familiales. » La féminisation de la profession semble toutefois montrer quelques signes d’essoufflement. « Nous sommes arrivés à un maximum, estime Marcelline Grillon. La parité a tendance à se rééquilibrer ». C’est aussi l’avis du Pr Virginie Ferré, doyen de la faculté de pharmacie de Nantes (Loire-Atlantique) : « Si l’on s’en réfère aux sortants de sixième année, tous métiers confondus, la mixité se rétablit doucement. C’est notamment vrai depuis la mise en place de la première année commune aux études de santé (Paces) en 2009. On dit que certains étudiants ont choisi la pharmacie par défaut – parce qu’ils ont loupé médecine par exemple –, c’est possible. En tout cas, ils n’en sont pas tous forcément malheureux ! » Mais ces débuts de rééquilibrage restent timides. Les filles, qui restent très majoritaires en section officinale, commencent à investir d’autres secteurs d’activité. « Il est de moins en moins rare d’en voir se diriger vers des métiers traditionnellement masculins comme la distribution en gros et la répartition, note Virginie Ferré. De nombreuses jeunes femmes s’orientent aussi vers des profils de marketing ou de management, en complétant leur cursus avec un diplôme d’école de commerce de type HEC ou Essec. La biologie devient elle aussi de plus en plus mixte, à l’exception de l’exercice libéral qui reste dominé par les hommes. »
Une « ségrégation verticale »
À ces nouveaux indicateurs s’en ajoute un dernier : la mobilité des jeunes diplômés. « Plus du quart des étudiants qui sortent de la faculté ne s’inscrivent pas à l’Ordre, rappelle ainsi le Pr Ferré. En d’autres termes, ils n’utilisent pas leur diplôme ou, plus exactement, l’exploitent dans des domaines – l’industrie agroalimentaire par exemple – gros consommateurs en termes de qualité et de réglementaire, des matières enseignées en pharmacie. C’est un phénomène qui s’accentue et qui concerne probablement davantage les hommes. Ce qui profite à la féminisation de la profession… » Ce « taux d’évaporation », selon la terminologie de l’Ordre, c’est-à-dire le rapport entre le nombre de nouveaux inscrits diplômés depuis moins de trois ans et celui de postes ouverts au concours six ans plus tôt, était, en 2011, de 26,2 %, soit 681 diplômes « évaporés ». En dépit de leur prédominance dans
L’officine est un métier qui n’est ni physique, ni contraignant. Mieux : on peut l’organiser sans pénaliser sa vie de mère. Il est donc formaté pour la gent féminine…
Anne Cathalifaud, Anepf
l’exercice pharmaceutique, officinal notamment, les femmes restent victimes de ce que l’on appelle la « ségrégation verticale » : elles n’accèdent ni aux positions les plus élevées dans la hiérarchie, ni aux positions d’autorité. C’est dire, si en matière de responsabilités, la marche vers la parité reste longue. Ainsi, il aura fallu attendre l’année 2009 pour que l’Ordre élise à sa tête une femme, en l’occurrence Isabelle Adenot. Cette dernière, qui a été réélue pour un second mandat en juin 2012, a, la même année, assuré la présidence du Groupement pharmaceutique de l’Union européenne (GPUE) et, depuis juillet 2012, préside aussi le Comité de liaison des institutions ordinales (Clio). Un parcours d’autant plus remarquable qu’il est quasiment unique. Au plus haut niveau syndical, on ne trouve que deux femmes dirigeantes : Françoise Daligault, présidente de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), et Brigitte Bouzige, vice-présidente de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « C’est à l’image de la société civile, sourit Marcelline Grillon. Mais c’est un faux sujet : les femmes dirigent leurs officines avec un investissement moins visible qu’un mandat et sont très présentes sur le terrain. »
Une ouverture lente
Anne Cathalifaud, elle, s’est livrée à un petit calcul : l’Anepf a été créée en 1968 par quatre hommes ; ce n’est que dix ans plus tard qu’une femme a accédé au secrétariat général. Aujourd’hui, le bureau compte six femmes sur treize membres. « Ça progresse lentement, en tout cas pas aussi vite que dans la profession », conclut-elle avec malice. Le monde universitaire, lui, commence à s’ouvrir tout doucement. Virginie Ferré fait partie des cinq ou six doyennes de fac de pharmacie, contre une seule élue en médecine. Mais les femmes professeures restent rares, encore plus sous le statut de PU-PH (professeur des universités-praticien hospitalier). « Le cursus est long, l’investissement lourd, et la mobilité contraignante, reconnaît-elle. Le temps n’est malheureusement pas élastique pour une mère de famille. De plus, le taux de mariages interprofessionnels est très élevé dans nos professions. Du coup, pousser deux carrières en même temps, c’est compliqué… » Une chose est sûre : celles qui accèdent aux plus hautes responsabilités jouissent d’une vraie reconnaissance. ♦
Panorama de la pharmacie au 1er janvier 2012
• 73 127
pharmaciens inscrits à l’Ordre en 2011 (– 0,2 % par rapport en 2010)
• 2 166
inscriptions nouvelles
• 46,1 ans
est l’âge moyen (46,2 en 2006)
• 3 095
Numerus clausus universitaire au concours d’entrée en pharmacie
• 66 % de femmes et 34 % d’hommes
travaillent à l’officine
• 45 % d’hommes et 55 % de femmes inscrits à la section A titulaires
• 18 % d’hommes et 82 % de femmes inscrits à la section D adjoints
La prédominance des femmes dans l’exercice pharmaceutique est donc confirmée. Les sections les plus concernées sont les adjoints d’officine et les pharmaciens des établissements de santé : respectivement 82 % et 76 %. Dans le secteur de la distribution en gros, la mixité est quasi paritaire, les femmes représentant 49 % des inscrits. Source : ordre des pharmaciens
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Dossier Vive les femmes !
Quand le beau sexe prend les commandes
Guidées par le goût de l’accomplissement de soi et l’envie de se réaliser, pratiques et pragmatiques, par nature plus sensibles à leur entourage, les femmes sont souvent mues par un moteur bien à elles.
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tratégie gagnante pour les laboratoires d’ophtalmologie Horus Pharma : le Dr Martine Claret, présidente, cumule les succès et les bons résultats. Après avoir reçu le prix du Manager de l’année (2009) et avoir été nommée dans le trio de tête de la catégorie Industrie du Women Trophy 2012, elle a eu la fierté de voir sa société classée 39e parmi les 50 entreprises de croissance dirigées par des femmes (classement Women Equity For Growth 2012). « J’en suis flattée, confie-t-elle. C’est encourageant, surtout pour nos équipes. » D’expérience, le Dr Claret sait que, pour diriger une entreprise, les femmes sont obligées d’être très organisées : « La vie familiale rend les choses obligatoirement plus compliquées. C’est vrai qu’aujourd’hui, dans les foyers, la répartition des tâches entre époux est plus équitable. Avec tout de même une limite de taille : ce sont les femmes qui font les enfants… »
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• Gestion. Existe-t-il un management au féminin ? S’il s’agit plus d’une affaire de personne que de sexe, nos expertes reconnaissent volontiers un talent naturel aux femmes dans ce domaine.
Un talent naturel
C’est un premier constat aussi classique qu’unanime : vie professionnelle et vie familiale ne sont pas toujours facilement conciliables. Mener les deux de front peut pourtant se révéler bénéfique. « Les femmes ont un talent naturel : elles sont multitâches, résume en souriant Marie-Hélène Gauthey, directrice associée d’Atoopharm. Elles sont capables de gérer différents projets et situations de façon concomitante. Cette polyvalence oblige à une rigueur, un sens du détail, un respect des délais que n’ont pas toujours les hommes, mais qui est un atout ». « Les femmes ont l’habitude d’avoir plusieurs vies, relève aussi LaureEmmanuelle Foreau-Coffin, consultante et fondatrice de Praxipharm. « Les ‘‘nouveaux pères’’ viennent un
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Les femmes savent gérer différents projets et situations de façon concomitante. Cela les oblige à une rigueur, un sens du détail, un respect des délais que n’ont pas toujours les hommes. Marie-Hélène Gauthey, Atoopharm
peu – très légèrement – bousculer cette réalité, mais elle reste dans nos gènes. Je le vois dans les officines : les femmes sont moins désorientées devant la multitude de situations à gérer, surtout lorsqu’elles se placent dans l’affectif. C’est un avantage qui a néanmoins ses limites. Ce peut être à son détriment de trop materner ». Une analyse partagée par Brigitte Bouzige, ancienne présidente du groupement Giphar, aujourd’hui vice-présidente de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), qui pense aussi qu’à poste égal, une femme ne dirige pas comme un homme : « La femme est plus proche de la vraie vie. Elle prend en considération ceux qui l’entourent, est plus sensible aux difficultés que peuvent avoir certains collaborateurs. Cette sensibilité est une qualité ; elle peut aussi être un défaut : il ne faut pas tomber dans l’angélisme ».
Car c’est un second constat, ancré dans l’inconscient collectif : la femme manager se situe davantage dans l’écoute, la compréhension, le compromis. « Cette posture se remarque surtout lors de tensions ou à des moments critiques : l’homme fait preuve de moins d’écoute, est moins dans la discussion, prend des décisions plus rapides et plus tranchées, observe Laure-Emmanuelle ForeauCoffin. Ce faisant, il en arrive plus facilement au conflit ».
Une certaine liberté
« Le management n’est plus l’apanage des hommes, il n’est pas non plus celui des femmes, fait observer pour sa part Laurence Bouton, directrice d’Alphega Pharmacie France, dont le groupe, Alliance Boots, compte un nombre enviable de femmes dirigeantes. Qui que l’on soit, il faut être visionnaire et décideur. Mais je pense aussi que
la femme a une approche davantage axée sur la communication, la conviction, l’accompagnement. Elle persuade, convainc, prend son temps. L’homme, lui, est effectivement plus un guerrier, un stratège ». C’est aussi ce que retient Marie-Hélène Gauthey : « Les femmes sont peut-être parfois un peu trop dans la réactivité, mais elles ont l’habitude du collectif. Les hommes, eux, sont plus centrés sur les jeux de pouvoir, les territoires. Comme on dit, les hommes à la guerre, les femmes à leurs besognes ! » « L’homme a besoin de pouvoir, d’être mis en avant, confirme Laurence Bouton. La femme a moins besoin de briller : ce qui l’intéresse, c’est de créer, de se réaliser. En accédant à des postes à responsabilité, elle aspire à une certaine liberté. C’est une richesse d’être libre, mais ce n’est pas toujours facilement conciliable avec une vie familiale. Cette liberté, je la dois en partie au soutien de mon époux, qui m’a toujours permis de m’épanouir dans ma vie professionnelle ».
Du caractère et de la volonté
Pour la directrice d’Alphega Pharmacie France, la capacité d’écoute est probablement ce qui différencie le plus les deux sexes : « Nous sommes dans la construction solide, dans la tolérance, dans la reconnaissance des équipes. Nous sommes surtout capables de gérer plusieurs situations de front. Pour la plupart, nous gérons en même temps une micro-entreprise – la maison – et une entreprise. Cela dit, le
management est surtout une question de caractère, d’histoire personnelle. Finalement, les femmes ont toujours eu du pouvoir, mais souvent dans l’ombre. Aujourd’hui, elles sont moins cachées ; c’est ce qui change ». « En tout cas, celles qui accèdent à de hautes responsabilités sont déterminées, assure le Dr Martine Claret. Quand on veut, on a fait 50 % du chemin ». « Pour y arriver, il faut avoir du caractère, de la volonté et croire en ce que l’on fait, ajoute Brigitte Bouzige. Mais c’est parfois difficile : la ‘‘dominante’’ masculine reste présente. Il existe une part d’ego chez les hommes qui se manifeste de façon plus flagrante que chez les femmes. Nous devons faire nos preuves ». La pharmacie, et singulièrement l’officine, affiche de ce point de vue un curieux paradoxe : alors que la profession se féminise chaque année un peu plus, le nombre de femmes tenant des postes à responsabilité se compte sur les doigts d’une main (voir pages précédentes). « On est loin de la parité, confirme Brigitte Bouzige. Pour autant, ce n’est pas la faute des hommes. Beaucoup de femmes titulaires n’ont pas forcément envie de prendre du temps au détriment de leur famille et de l’entreprise qu’elles dirigent. Je les comprends : ma vie est un perpétuel jeu d’équilibre physique et moral qui exige une organisation et une santé sans faille ». Mais c’est pour la bonne cause : « J’essaie juste de participer à l’évolution de notre métier, d’apporter
Celles qui accèdent à de hautes responsabilités sont déterminées. Quand on veut, on a fait 50 % du chemin.
Dr Martine Claret, Horus Pharma
ma pierre à l’édifice, confie-t-elle. Je ne suis pas carriériste ; d’ailleurs, peu de femmes le sont. Le titre m’importe peu, l’essentiel est d’avancer ». C’est aussi le moteur de Françoise Daligault, seule femme à présider un syndicat représentatif des pharmaciens – l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) : « Mon investissement est tout entier au service de la profession, explique-t-elle. Les grands sujets qui préoccupent les pharmaciens sont asexués. C’est vrai que, dans notre domaine, les hommes ont peu l’habitude de voir des femmes à de telles responsabilités, mais ils vous reconnaissent grâce à votre professionnalisme et à votre connaissance des dossiers. Je ne prétends pas tout savoir, mais rien n’est pire que l’incompétence ! » « Des mauvais managers, il y en a partout, ce n’est pas une question de sexe », acquiesce Marie-Hélène Gauthey. « Chaque individu possède une part de féminité et de masculinité », conclut LaureEmmanuelle Foreau-Coffin, en faisant référence à l’anima et l’animus de Jung. « On peut donc retrouver de la douceur, du rêve et de la séduction chez l’homme, et une pluralité virile qui s’exprime chez la femme. C’est d’ailleurs de cette façon que de nombreux couples s’équilibrent, grâce à un dosage subtil, les figures masculines de la catégorie de l’animus jouant le même rôle chez la femme que celle de l’anima chez l’homme ». Plus ou moins subtil : comment oublier le cultissime « Madame porte la culotte » ? ♦
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mai 2013 - Pharma N°102 • 23
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Qualité
Les génériques, c’est pas (encore) automatique…
©© B. BOISSONNET / BSIP
la généralisation de cette mesure, on note dans un premier temps une forte progression du marché. Mais elle sera suivie d’une décroissance car les patients ne sont pas pour autant convaincus », prédit Érick Roche, président de Teva. Il rappelle que, jusqu’en 2009, ce marché se développait progressivement, avec un taux de substitution de 50 %. Instaurée par la loi de 2006, la première vague de tiers payant contre générique avait émergée trois ans plus tard et agi comme un électrochoc. Le taux de substitution avait alors atteint 75 %… pour ensuite retomber autour de 67 %. Aujourd’hui, le marché a subi un deuxième électrochoc. Un effet ressenti tous les jours au comptoir. « Les Grenoblois sont très attachés à la marque. Jusqu’à l’obligation de tiers payant contre générique, nous ne dépassions pas les 64 à 65 % de taux de substitution, confie Nicolas Baudon, titulaire de la pharmacie Jeanne d’Arc. Depuis, le taux a bondi. Seul l’argument économique a été décisif ». Sans toutefois emporter l’adhésion des Français.
Les génériques peinent à convaincre les Français, qui les acceptent surtout sous la contrainte économique. Communiquer est plus que jamais nécessaire pour redonner confiance dans ces médicaments.
E
n panne, le médicament générique ? Difficile d’y croire quand on observe la très belle performance de ses ventes en 2012. Après une année 2011 poussive, ce marché a en effet retrouvé des couleurs et bondi de 9,5 % pour atteindre les 675 millions
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de boîtes vendues, selon les chiffres du Gemme, l’association des professionnels du médicament générique. Cette embellie n’a cependant rien à voir avec une marque ou un regain de confiance, elle est due au choix purement financier des Français, qui optent pour un générique en contrepartie du tiers payant. « Comme en 2009, lors de
Une atteinte à la liberté des patients
Pour preuve, alors qu’ils étaient 62 % en 2011 à accepter systématiquement la substitution d’un médicament d’origine, les Français n’étaient plus que 57 % à se dire prêts à l’accepter en 2012, selon un sondage Ifop publié en décembre dernier pour le groupe de pharmaciens PHR. Ils sont également plus réservés quant à l’efficacité des génériques, 72 % la jugeant similaire à celle des médicaments d’origine, contre 77 % en 2011. Quant à la perception de la sécurité des génériques, elle chute de dix points, avec 61 % des Français se déclarant convaincus que ces médicaments sont
« aussi sûrs » que ceux d’origine, contre 71 % en 2011. Les personnes interrogées sont par ailleurs très critiques vis-à-vis de la mesure « tiers payant contre générique », estimant, à 46 %, qu’elle porte atteinte à leur liberté. Les patients âgés de 35 à 49 ans sont même majoritaires (51 %) à la remettre en cause. Autant de chiffres qui montrent que la confiance n’est pas au rendez vous. « Il faut définitivement installer le médicament générique, faire en sorte qu’il soit adopté alors qu’il est aujourd’hui encore trop subi », plaide Rafael Grosjean, président du groupement Pharmodel. La solution pour redorer leur blason passe par la mise en place d’une campagne de promotion par le ministère de la Santé, comme le préconisait le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) à la fin de 2012. Une recommandation qui est restée lettre morte.
D’autres mesures pour rassurer
« Le tiers payant contre générique a exacerbé les conflits entre patients et pharmaciens. D’où importance de travailler sur une approche de confiance. » Laurence Bouton, Alphega
Promouvoir sous toutes les formes
Pour palier cette absence de réaction politique, les initiatives se sont multipliées sur le terrain. Les groupements, puis, plus récemment, le Gemme se sont emparés de la question. L’association des professionnels du médicament générique a lancé une campagne pour rappeler quelques fondamentaux de façon humoristique. Les slogans ont fleuri dans le métro, la presse, sur le Web, à la radio pour rappeler que le générique est similaire au médicament d’origine. Mais les laboratoires reconnaissent que cette action a ses limites. « Cette campagne n’est pas suffisante pour rétablir la confiance. Pour cela, il faudrait le relais d’une campagne institutionnelle de plus grande ampleur », souligne Catherine Bourrienne-Bautista, déléguée générale du Gemme. Par ailleurs, comme elle émane d’acteurs ayant des intérêts économiques au développement de ce marché, elle peut être entachée de soupçons. « C’est compliqué d’apporter une caution lorsque vous ne représentez que les laboratoires de génériques », constate Franck Le Meur, directeur des opérations de Zentiva France. Cependant, chacun le reconnaît, cette campagne a le mérite d’exister et de venir appuyer celle des groupements qui, tout au long de l’année 2012, se sont employés à redorer l’image des génériques et ont accompagné leurs adhérents pour former les équipes. Le Collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO)
« Il faut définitivement installer le médicament générique, faire en sorte qu’il soit adopté alors qu’il est aujourd’hui encore trop subi. » Rafael Grosjean, Pharmodel
Fin décembre 2012, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a publié un rapport sur les génériques. Il proposait notamment, pour rassurer les patients, que le lieu de fabrication et de conditionnement des médicaments soit noté sur le boîtage et que, pour les princeps et les génériques, la dénomination commerciale internationale du principe actif soit notée en plus gros caractères que le nom de marque.
avait ouvert le feu en mars dernier avec un affichage dans les officines des douze groupements adhérents pour remettre le générique « à sa juste place ». Ensuite, en juin, il avait adressé aux pharmaciens un dossier expliquant les nouvelles règles de la convention et leur donnant des éléments pour répondre aux patients. « L’argumentaire était assez technique. Mais de plus en plus, on nous demande d’endosser notre rôle de scientifique. C’était la bonne occasion de le faire », rappelle Pascal Louis, président du CNGPO. Outre cette initiative collective, des groupements ont communiqué au sein de leurs pharmacies adhérentes, sur leur site et dans leurs magazines. Ainsi, Alphega a lancé une campagne sur le thème « Ce qui est important est à l’intérieur », mais a également travaillé sur la confiance accordée au pharmacien. « Le tiers payant contre génériques a exacerbé les conflits entre patients et pharmaciens. D’où importance de travailler cette approche de confiance », explique Laurence Bouton, directrice du groupement.
S’attaquer aux idées reçues
Il est vrai que cette approche économique engendre parfois des malentendus. « Nous sommes moins dans le travail de conviction, de persuasion, d’adoption qu’il y a quelques mois ou quelques années, explique
Olivier Denonain, titulaire installé à Paris. C’est à la fois plus simple et plus compliqué car cette situation génère davantage de conflits ». « Le pharmacien n’est pas toujours très à l’aise. Or s’il a confiance dans son discours, cela se passera mieux », insiste Laurence Bouton. Le réseau Pharmodel s’est également attaqué aux idées reçues sur le générique en le rendant sympathique pour renforcer l’impact du message. « Nous avons opté pour un traité cartoon. Les génériques sont une famille de gélules et chaque membre de la famille revient sur certaines contre-vérités », explique Rafael Grosjean. Pharma Référence a, de son côté, opté pour l’éducation. Depuis fin janvier, 500 pharmacies distribuent une bande dessinée destinée aux enfants et adolescents intitulée Le médicament générique, ça s’explique ? Une façon ludique de mettre fin aux idées reçues sur le générique dès le plus jeune âge. Toutes ces actions vont-elles rassurer les Français ? La question est loin d’être tranchée. Car, aujourd’hui, la problématique de la sécurité et de l’efficacité du générique est balayée par le soupçon plus global qui pèse sur le médicament. Depuis l’affaire du Mediator, les campagnes médiatiques qui se sont succédé ont en effet ébranlé la confiance des Français dans le médicament, qu’il soit générique ou pas. Anne Prigent
La marque peut-elle apaiser les craintes ? Biogaran a été le premier laboratoire de génériques à communiquer sur son nom auprès du public. Avec, comme résultat, un gain en termes de notoriété puisque, selon un sondage réalisé en 2010 par GFK Healthcare, 63 % des Français le connaissaient. Mais est-ce un véritable avantage ? « Une marque notoire rassure. Mais elle n’est pas pour autant demandée par le patient », souligne Érick Roche, président de Teva. Certes, mais les pharmaciens sont souvent sensibles à cette notoriété et choisissent des marques connues des clients. À l’heure où la confiance dans le générique et sa provenance est ébranlée, la marque peut devenir un enjeu de communication.
Ainsi, Zentiva, marque générique de Sanofi, mise sur la notoriété de la maison mère. « Nous voulons dire que lorsque vous achetez une marque de Sanofi, vous pouvez avoir confiance, c’est une caution, une valeur », explique Franck Le Meur, directeur des opérations de Zentiva France. D’autres, comme Teva, font savoir qu’ils ne sont pas uniquement des fabricants de copies de médicaments. Mais, attention, prévient Érick Roche : « C’est exigeant de communiquer. Il faut que la marque tienne ses promesses. Il faut d’abord offrir les fondamentaux. Ensuite, vous pouvez vous différencier et, enfin, la communication est la cerise sur le gâteau. »
mai 2013 - Pharma N°102 • 25
Back-office
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©© Carlos Fierro – istockphoto
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Congés familiaux, comment s’y retrouver ? Congé maternité, paternité, d’accueil de l’enfant ou parental… les conditions et la prise en charge diffèrent selon les salariés de l’officine. De plus, la législation a élargi ces droits. Le point en sept cas. Cas n°1
Une salariée de l’officine est enceinte ˭˭ Démarches et formalité La salariée est libre d’annoncer sa grossesse à son employeur quand elle le souhaite. Toutefois, elle a intérêt à ne pas trop tarder afin de bénéficier au plus tôt des mesures protégeant les femmes enceintes au travail. Cela permet également d’anticiper son départ en congé maternité. Il faut dans tous les cas prévenir l’employeur avant ce départ, sinon il s’agirait d’une rupture du contrat de travail. Pour bénéficier du congé maternité, la salariée doit avoir effectué au moins 200 heures de travail lors d’une période précise de trois mois ou avoir
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cotisé un salaire d’au moins 1 015 fois le smic horaire lors d’une période précise de six mois (Code du travail, article L 1225). L’annonce du départ en congés maternité à son employeur peut se faire par lettre recommandée avec AR contenant un certificat médical attestant de l’état de grossesse ou ce papier peut être remis en main propre contre récépissé. De son côté, l’employeur doit adresser à la CPAM une attestation de salaire (formulaire S 3201) qui sera utilisée pour le calcul des indemnités journalières de maternité versées. ˭˭ Durée du congé maternité Il comprend un congé prénatal (avant l’accouchement) et un congé postnatal (après). Sa durée varie selon le nombre d’enfants attendus (grossesse
simple ou multiple) et le nombre d’enfants à charge. Les dates sont déterminées par la CPAM d’après la date présumée de début de grossesse (voir tableau 1). Sous certaines conditions, et avec l’avis favorable du médecin, les trois premières semaines du congé maternité peuvent être reportées sur le congé postnatal. Il faut alors adresser à la caisse un certificat médical au plus tard un jour avant la date initiale du congé maternité. Si la maman accouche avant la date prévue, mais après le début du congé maternité, cela ne modifie pas la durée totale du congé ni la date de reprise du travail. Si elle accouche après la date prévue, la durée du congé sera prolongée d’autant. La reprise du travail aura lieu plus tard. Si la grossesse
Tableau 1. Durée du congé maternité (salariée) Congé prénatal
Congé postnatal
Durée totale
Naissance unique, 1er ou 2e enfant
6 semaines
10 semaines
16 semaines
Naissance unique, dès le 3e enfant
8 semaines*
18 semaines
26 semaines
Naissances multiples, jumeaux
12 semaines**
22 semaines
34 semaines
Naissances multiples, triplés ou plus
24 semaines
22 semaines
46 semaines
État pathologique
+ 2 semaines maxi
+ 4 semaines maxi
+ 6 semaines maxi
(*) Le congé prénatal peut être avancé de deux semaines au maximum. Le congé postnatal est alors réduit d’autant. (**) Le congé prénatal peut être avancé de quatre semaines au maximum. Le congé postnatal est alors diminué d’autant.
se complique, un repos supplémentaire de deux semaines peut être attribué pour état pathologique attesté par un certificat médical. Ces deux semaines ne sont pas forcément accolées au congé prénatal. La salariée peut en bénéficier dès la déclaration de grossesse. Elles sont indemnisées au titre de la maternité. En cas d’accouchement difficile imposant un repos supplémentaire, le congé postnatal peut être prolongé de quatre semaines. Un certificat médical est également nécessaire. Ils sont indemnisés au titre de la maladie. Dans certaines situations, étant donné la pénibilité physique du métier au comptoir, certaines salariées enceintes peuvent bénéficier d’une interruption d’activité avant les dates de congé pour maternité ou pour pathologie en rapport avec la maternité. Dans ce cas, le médecin prescrit un arrêt de travail. ˭Contrat ˭ de travail et salaire Pendant la durée du congé, le contrat de travail est suspendu. La salariée continue à faire partie de l’effectif bien qu’elle soit absente. Elle bénéficie de la même ancienneté que si elle travaillait et continue à acquérir des congés
payés (2,5 jours ouvrables par mois) et d’une protection absolue pendant le congé. Aucun licenciement, même économique, ne peut prendre effet ou lui être notifié. Depuis le 1er janvier 2012, le congé maternité est désormais pris en compte dans le calcul des pensions de retraite. Les indemnités journalières de maternité sont versées par la CPAM dès le premier jour de congé maternité jusqu’à la reprise du travail, y compris samedis, dimanches et jours fériés. Elles s’élèvent à 80,21 % du salaire brut, dans la limite du plafond mensuel de la Sécurité sociale (3 086 € au 1er janvier 2013), soit une indemnité journalière de 81,49 € maximum (79,82 € en Alsace-Moselle). Dans le cas d’une cadre pharmacien, la convention collective prévoit un maintien total du salaire après une année de présence dans l’officine. Dans ce cas, l’employeur verse des indemnités complémentaires. Formalités au retour du congé maternité : l’employeur doit planifier une visite médicale de reprise. Obligatoire, elle doit avoir lieu dans les huit jours qui suivent le retour de la salariée. L’employeur peut également prévoir un entretien professionnel.
Cas n° 2
La titulaire est enceinte
La durée du congé maternité n’est pas formalisée ici comme dans le cas d’une salariée. Pour en bénéficier, il convient d’avoir réglé les cotisations obligatoires d’assurance maladie et maternité. L’organisme de prise en charge est la RSI. En tant que chef d’entreprise, elle peut bénéficier de deux types d’allocations. ˭ L’indemnité ˭ journalière forfaitaire d’interruption d’activité Pour y avoir droit, l’activité doit être interrompue au moins 44 jours de suite, dont 14 jours doivent immédiatement précéder la date présumée d’accouchement. Cet arrêt peut être prolongé par une ou deux périodes de quinze jours consécutifs (voir tableau 2). Formalités : envoyer à l’organisme conventionné un certificat médical d’arrêt de travail et une déclaration sur l’honneur attestant l’interruption d’activité. Cet arrêt, bénéfique pour la future maman et son bébé, oblige cependant la titulaire à organiser son remplacement et à en calculer le coût. ˭ L’allocation ˭ de repos maternel Quels que soient le déroulement de la grossesse et le choix de la maman (s’arrêter avant ou travailler jusqu’au jour J), une chef d’entreprise a droit à cette allocation. Elle est destinée à compenser la diminution d’activité et n’est pas soumise à une condition d’interruption d’activité. Son versement (3 086 € au 1er janvier 2013) est réalisé pour moitié à la fin du septième mois et pour moitié après l’accouchement. Formalités : adresser à l’organisme conventionné la feuille d’examen prénatal du septième mois pour obtenir le premier versement, puis le certificat de naissance pour percevoir le deuxième versement.
Cas n° 3
La conjointe collaboratrice est enceinte
Tableau 2. Montants de l’indemnité forfaitaire d’interruption d’activité (titulaire) Grossesse
Durée du congé
Montant de l’indemnisation
Simple
44 jours arrêt minimum
2 231,68 €
59 jours arrêt
2 992,48 €
74 jours arrêt
3 753,28 €
Multiple
104 jours maximum
5 274,88 €
Pathologique
104 jours maximum
5 274,88 €
Comme pour les titulaires, elle bénéficie de l’allocation de repos maternel. En cas de cessation d’activité, selon les durées du congé maternité (voir tableau salariée) et avec remplacement par une personne salariée, elle bénéficie d’une indemnité de remplacement. Son montant est égal au coût réel du remplacement, dans la limite d’un plafond de 51,08 € par jour.
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Back-office
Cas n° 4
La compagne d’un ou une employée est enceinte
C’est le congé paternité et d’accueil de l’enfant qui entre en jeu. Depuis le 1er janvier 2013, l’ancien congé paternité a été ainsi renommé, car il n’est plus réservé au seul père de l’enfant : il concerne désormais le conjoint, le concubin, mais également le partenaire de Pacs, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme. Ce congé, de onze jours consécutifs au maximum pour une naissance simple ou de dix-huit jours consécutifs en cas de naissance multiple, doit débuter dans les quatre mois suivant la naissance ou l’arrivée de l’enfant au foyer. Les jours sont décomptés en jours calendaires (donc y compris les samedis, dimanches et jours fériés). Tous les salariés (jeunes pères ou sans lien de filiation avec l’enfant : conjoint, concubin, partenaire de Pacs, homme ou femme) ont le droit à ce congé quelles que soient la nature de leur contrat de travail (CDI, CDD) et leur ancienneté dans l’entreprise. Le ou la salarié(e) doit informer son employeur de la date et de la durée du congé par lettre recommandée avec AR, un mois au moins avant la date choisie de début du congé. Ce congé s’ajoute aux trois jours accordés par l’employeur (congé de naissance) qui sont prévus par la convention collective nationale de la pharmacie d’officine pour les jeunes pères et décomptés en jours ouvrés. À noter : l’autorisation d’absence de trois jours, elle, n’a pas fait l’objet de modification au 1er janvier. Rappelons toutefois que le Code du travail prévoit qu’elle bénéficie au salarié « pour chaque naissance survenue à son foyer ». Le congé paternité et d’accueil de l’enfant peut être accolé à ce congé de naissance.
Depuis le 1er janvier 2013, une femme peut bénéficier du congé paternité, rebaptisé congé de paternité et d’accueil du jeune enfant. Avec le nouveau texte, le père de l’enfant et le conjoint ont les mêmes droits : chacun peut bénéficier de ce congé de onze jours.
Les démarches de la future mère Une fois la grossesse confirmée par un premier examen, un document en trois volets intitulé Premier examen médical prénatal est remis à la femme enceinte afin qu’elle déclare sa grossesse à sa caisse d’assurance maladie et à sa caisse d’allocations familiales (CAF). Cette démarche est à effectuer avant la fin du troisième mois de grossesse afin de bénéficier au plus vite de l’assurance maternité, que cela concerne une salariée ou une chef d’entreprise.
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Formalités : transmettre à la CPAM une copie intégrale de l’acte de naissance ou du livret de famille actualisé avec une attestation de salaire complétée par l’employeur (formulaire S 3201). Pendant la période du congé, le contrat de travail est suspendu et le bénéficiaire reçoit, sous conditions, des indemnités journalières de la Sécurité sociale. Elles sont versées à hauteur de 80,21 % du salaire brut, dans la limite de 81,49 € par jour (1er janvier 2013) et 79,82 € en Alsace-Moselle. La convention collective accorde un maintien de leur salaire aux cadres salariés ayant plus d’un an d’ancienneté.
Cas n° 5
La compagne du ou de la titulaire est enceinte
Pour bénéficier du congé, le ou la titulaire doit interrompre son activité et faire une demande à son organisme d’affiliation. L’indemnité est de 50,72 € par jour (au 1er janvier 2013), soit 557,92 € pour onze jours consécutifs et 912,96 € pour dix-huit jours. Formalités : adresser à l’organisme conventionné une déclaration sur l’honneur attestant l’interruption d’activité et joindre un extrait d’acte de naissance ou une photocopie du livret de famille à jour.
Cas n° 6
Et le conjoint collaborateur dans tout ça ?
Le père conjoint collaborateur ou la conjointe collaboratrice de la titulaire enceinte bénéficie de l’indemnité complémentaire citée au paragraphe précédent, sur demande et à condition de se faire remplacer par du personnel salarié dans les travaux effectués habituellement.
Cas n° 7
Un ou une salariée souhaite prendre un congé parental d’éducation
Suite à la naissance d’un enfant, le congé parental d’éducation permet à un ou une salarié(e) d’interrompre ou de réduire temporairement son activité professionnelle. Condition requise : avoir au moins un an d’ancienneté dans l’entreprise à la date de naissance de son enfant.
Ce congé n’est pas réservé aux jeunes mamans, les pères peuvent également en profiter. Le salarié peut choisir de suspendre son activité (congé à temps plein) ou de la réduire d’au moins 1/5e (congé à temps partiel). Dans le cas du temps partiel, il choisit librement sa durée de travail sans que celle-ci soit inférieure à 16 heures hebdomadaires. La répartition des horaires de la semaine est déterminée avec l’employeur. En cas de désaccord, le dernier mot revient à ce dernier. Formalités : le salarié doit informer son employeur par lettre recommandée avec AR ou par lettre remise en main propre contre décharge dans un délai d’un mois si le congé parental fait suite au congé maternité. Dans les autres cas, dans un délai de deux mois. Il précisera la forme de son congé (temps plein ou activité à temps partiel), sa date de départ et sa durée totale. De même, en cas de renouvellement, le salarié doit prévenir son employeur un mois avant le terme initialement prévu. Dans le cas d’un congé à temps plein, le contrat de travail est suspendu et l’employeur ne verse aucune rémunération. Pour un temps partiel, le contrat est provisoirement modifié par avenant et la rémunération sera calculée proportionnellement au temps de travail. Le salarié acquiert 2,5 jours de congés par mois. Durée du congé : le congé initial est d’un an au maximum avec deux renouvellements possibles. Le congé doit être pris avant le troisième anniversaire de l’enfant. Indemnisation : un complément libre choix d’activité est versé par la CAF, dont le montant varie selon la situation et le type de congé (temps plein ou partiel). Pour le premier enfant, le congé est indemnisé par la CAF pendant six mois. À partir du deuxième, le congé est indemnisé par la CAF jusqu’au troisième anniversaire de l’enfant. Fin du congé : le congé parental (initial puis éventuels renouvellements) prend fin au plus tard au troisième anniversaire de l’enfant. Le salarié retrouve son poste ou un emploi similaire sans devoir adresser une lettre de reprise de travail. Cependant, si le salarié souhaite démissionner, il doit avertir son employeur dans les conditions prévues pour toute démission. Géraldine Dupuis, pharmacienne
Transaction
La baisse des prix s’est poursuivie en 2012 L’étude Interfimo sur les transactions d’officine réalisées en 2012 confirme la tendance observée en 2011. à savoir des prix de vente qui continuent de reculer, entraînant l’attentisme des acheteurs.
Prix des cessions : le recul se confirme (fig. 1 et 2)
La mobilité à l’arrêt (fig. 3)
Après deux années d’évolution du chiffre d’affaires proche de 1 %, l’année 2012 a été marquée par une stagnation de l’activité officinale. Cela se ressent sur le nombre de transactions. Amorcée en 2009, la baisse des prix des cessions s’est poursuivie en 2012, avec un coût moyen qui s’établit à 84 % du CA HT (81 % du CA TTC), soit un recul de 3 points par rapport à 2011. Exprimé en multiple de l’EBE, le prix de cession moyen s’est fixé en 2012 à 7,4 fois l’EBE, soit 0,1 point de moins qu’en 2011.
1 100 cessions de fonds ont été identifiées en 2012, contre 1 250 en 2011, soit un taux de rotation de 49 pour 1 000 officines, contre 56 pour 1 000 en 2011. Ce faible turnover touche une grande majorité des régions françaises et plus particulièrement les régions de l’Est (Lorraine, Alsace et Franche-Comté) qui ont affiché, en 2012 comme en 2011, les taux de rotation les plus bas. Elles sont suivies de près par la zone Midi-Pyrénées, Limousin et Auvergne. A contrario, les quatre marchés les plus dynamiques se situent dans le quart nord-ouest (Bretagne, Basse-Normandie, Centre et Ile-de-France).
49 (62) 41 (55)
49 (41) 56 (54)
59 (56)
55 (63)
43 (60)
36 (48) 28 (48)
47 (59)
76 (59) 49 (48)
53 (50)
35 (48)
55 (63) 41 (56)
43 (56)
2012 (2011)
50 (59) 35 (55)
53 (64)
47 (50) Corse : 43 (22)
Plus de 54 mutations/1 000 officines
De 43 à 48 mutations/1 000 officines
De 49 à 54 mutations/1 000 officines
Moins de 43 mutations/1 000 officines
Figure 3. Mobilité des pharmaciens.
100
95
91 90
92
92
94
95
Les procédures collectives explosent (fig. 4 et 5)
95 92 89
90
87 84
85
80 2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Figure 1. La baisse des prix amorcée en 2009 se poursuit : en 2012, le prix de cession moyen est tombé à 84 % du CA HT (soit 81 % du CA TTC). Cela représente une baisse de 3 points par rapport à 2011. 8,7
9
7,7
8
8
8,2
80
Olivier Valcke 69
70
8,3
8,1 7,5
40 30
5 2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Figure 2. Exprimé en multiple de l’EBE, le prix de cession moyen s’est établi à 7,4 x l’EBE en 2012, soit 0,1 point de moins qu’en 2011.
26
Pour en savoir plus www.interfimo.fr/
0
8
6
14 9
13
2008
2009
Sauvegardes
2010
2011
Redressements
5 32
2 4
20
20 10
6 30
27
2
0
34
5,6 2004
6
63
46
44
7,4
6
2003
65
51
50
6,2
2002
66
64
60
6,9
7
Sauvegardes, redressements, liquidations… 158 ouvertures de procédures collectives ont été enregistrées en 2012, contre 138 en 2011, soit une progression de 14 %. Ces résultats traduisent la dégradation économique des officines. Pour rappel, l’année
2011 avait marqué un léger recul à 138 des procédures collectives ouvertes, contre 140 en 2010. À noter, la hausse conséquente des liquidations judiciaires (46 en 2011, 63 en 2012). Comme l’an dernier, trois régions concentrent le plus de procédures : L’Ilede-France (32 contre 42 en 2011), Paca (29 contre 20) et l’Aquitaine (13 contre 12). À elles seules, ces trois collectivités abritent près de 50 % des pharmacies en difficulté.
2
5
4
2
0
29
Liquidations
Figure 4. Les ouvertures de procédures collectives passent de 138 à 158, soit une hausse de 14 %.
1à5
6 à 10
2
6 9
2012
4
+ de 10
Corse : 1 DOM : 10
Figure 5. Ouvertures de procédures collectives par région.
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©© Cello Armstrong – fotolia
Merchandising
Faites grandir votre rayon bébé !
Marché en progression permanente et à fort potentiel, le rayon bébé semble l’un des plus prometteurs. Pourquoi et comment le développer dans votre pharmacie ? Réponses en chiffres et conseils d’experts.
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n milliard d’euros, c’est ce que pèse le marché de la puériculture en France tous circuits et tous segments confondus. Un secteur qui, depuis plusieurs années, « affiche une croissance rapide », relève Lionel Chénais, directeur général de MAM Baby France. L’officine n’est pas en reste avec, entre 2011 et 2012, une évolution des ventes en volume de 8,3 % pour les laits infantiles, de 8,1 % pour la dermo-cosmétique et de 5,1 % pour les
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maman sur trois achète plus d’une fois par mois un soin bébé.
accessoires. « Le rayon bébé est l’un des plus dynamiques de la pharmacie, et il ne cesse de progresser », confirme Sybille Foing, directrice du marketing de Mustela France. Certes, la majorité des ventes est encore réalisée en grande distribution, mais on commence à noter un léger recul : – 0,2 %. « Le contexte est favorable : le potentiel de transfert de consommatrices est bien réel, reprend Sybille Foing. Il existe une vraie clientèle à capter puisque 72 % des mamans vont à la fois en GMS et en pharmacie. On sait aussi qu’une maman sur trois achète plus
d’une fois par mois un soin bébé, ce qui démontre que les achats fréquents créent du trafic. Toutes ces données sont positives pour les officines qui, en recrutant autour de leurs rayons bébé, bénéficient d’un triple effet : le rajeunissement de leur clientèle, l’augmentation de la fréquentation de leur point de vente et la hausse des ventes additionnelles sur leur offre femmes. » Le président de Dodie, Alain Boutboul, se dit lui aussi convaincu que l’officine a les moyens de reprendre des parts de marché à la GMS : « Les mamans ont besoin d’être rassurées. Suite en page 32
Merchandising
Dodie/MAM : « la fin d’une exception française » C’est la formule utilisée par Lionel Chénais, directeur général de MAM Baby France, pour évoquer la fin du partenariat avec Dodie, soldé depuis le début de cette année. « Ce partenariat était effectivement une exception, sourit-il. La France était le seul pays où la société MAM ne commercialisait pas sous son seul label les produits qu’elle concevait et fabriquait, mais sous le double label Dodie/MAM. Les deux sociétés ont aujourd’hui cessé leur collaboration et chacune poursuit sa route en toute indépendance. Pour ce qui nous concerne, nous assurons la continuité de notre activité sous notre label. »
En 2010 déjà, l’interdiction de la vente de biberons contenant du bisphénol A a pénalisé la grande distribution et montré que les consommatrices étaient prêtes à privilégier le circuit pharmaceutique. » « Nous avons su répondre à leurs inquiétudes, ajoute Lionel Chénais. Lorsque les mamans sont désorientées, elles recherchent des experts, du conseil et de la qualité. »
Le réseau pharmaceutique a des atouts à faire valoir
De ce point de vue, l’officine a quelques avantages non négligeables. « Elle tire profit du fait qu’elle est perçue comme un commerce de proximité, ce qui renvoie à une tendance très actuelle », explique Lionel Chénais. « Les jeunes femmes, surtout lorsqu’elles sont primipares, sont très sensibles à la proximité, mais aussi à
la sécurité des produits, au conseil, à la confiance, au service, à l’accompagnement », renchérit Lila Ouagued, la responsable marketing/points de vente de Pharmactiv. Des propos qui font écho à un récent sondage Ipsos, selon lequel le pharmacien est le professionnel de santé qui influence le plus les choix des mamans. Une autre étude, menée par l’Institut des mamans, révèle que la pharmacie est le deuxième lieu d’achat fréquenté par les jeunes parents pour le biberon, juste après les magasins spécialisés mais devant les grandes surfaces. « Depuis cinq ou six ans, les pharmaciens font de vrais efforts à ce sujet, relève Lionel Chénais. Ils ont compris que le bébé était un enjeu important pour recruter de nouvelles consommatrices : quand on devient maman, on vient plusieurs fois par semaine
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C’est, en pourcentage, le nombre de mamans qui vont à la fois en GMS et en pharmacie.
à l’officine pour y acheter tout un ensemble de produits. Ils sont aussi portés par une dynamique de fond : le marché des sucettes par exemple n’a pas fait le plein en termes de pénétration, et celui des biberons a une puissance d’innovation intrinsèque. Avec, en plus, un taux de natalité exceptionnel en France, il y a toutes les raisons d’être optimiste ! » Les atouts du réseau pharmaceutique n’ont pas échappé à la marque Bébé confort qui, depuis le début de cette année, a choisi d’y implanter une offre complémentaire à celle existante dans les grandes surfaces. « L’officine répond à des attentes spécifiques en termes de conseil professionnel, d’expertise, de caution médicale, de proximité et de confort d’achat, confie Sandra Deslandes, chef de produit marché France. Elle a toute légitimité sur le marché de la petite puériculture. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de lui réserver une gamme spécifique, innovante, à des prix attractifs. Avec succès pour l’instant : ces produits sont en effet très bien accueillis. »
La mise en scène de l’offre ne doit pas être négligée
Sur les trois segments, ce sont les laits infantiles qui génèrent le plus de trafic. « La moitié des ventes s’effectue en officine », rappelle Delphine Rudman, chef de produit développement chez Physiolac. « Les laits ont longtemps
10 idées pour développer votre rayon bébé 1 Simplifiez votre offre, rendez-la pertinente : s’il est important de proposer plusieurs gammes, dont
©© maxime houyvet
les principales références, ne vous dispersez pas. De très nombreuses marques ont été lancées ces derniers temps, qui ne correspondent pas toujours aux attentes. Ne polluez pas votre rayon. 2 Pensez votre offre de telle sorte qu’elle puisse répondre à l’ensemble des besoins et des étapes de la vie du bébé, pour l’accompagner le plus loin possible et fidéliser les parents ; les âges doivent donc être bien distingués. 3 Accordez une part de linéaire en accord avec la part de marché de la marque. 4 L’univers bébé, qui constitue un marché de recrutement et d’appel, doit être visible dès l’entrée et présenté dans une zone chaude, au sein d’un espace unique et homogène. 5 Organisez votre rayon en utilisant des clés d’entrée immédiatement repérables : le change, le bain, le soin, les laits standard, les laits spécialisés, les accessoires… 6 Faites des mises en avant avec des produits « best of » accompagnés de ventes additionnelles (crèmes pour le change, lingettes…), sources de marge. 7 Impliquez votre équipe sur ces ventes additionnelles (les articles « best of » se vendent tout seuls). 8 Faites des promotions et des têtes de gondole trois à quatre fois par an. Pas davantage : la promotion toute l’année ne sert à rien. 9 Le conseil avant et après la maternité est essentiel : la jeune maman est captive, voire perturbée si elle est primipare. C’est une période charnière pour la fidéliser. Si la superficie de votre point de vente le permet, dédiez à l’univers bébé un espace à part, un lieu propice, joyeux, confortable avec, pourquoi pas, un « parking pour poussettes » marqué au sol : les parents se l’approprieront plus facilement.
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Rotation, clarté, promotion sont les maîtres mots
La deuxième gamme qui balise par excellence l’univers bébé est celle des soins, « via une marque à forte notoriété », précise Lila Ouagued. « Dans ce domaine, les produits qui tirent la croissance du marché en volume – les lingettes, le physiobébé, les produits de bain – dégagent des marges relativement faibles, souligne Sybille Foing. D’où la nécessité de placer, à côté de ces locomotives, des produits complémentaires à plus forte marge, et d’utiliser à bon escient la promotion, qui doit être vue au bon moment par les mamans. C’est une technique de GMS. » Encore faut-il que le titulaire et son équipe aient le réflexe de proposer ces produits en officine. « En matière de soins, le produit pour bébé à peau saine se vend tout seul : c’est précisément l’écueil dans lequel il ne faut pas tomber, prévient Sybille Foing. Si l’on reste vigilant sur les ventes additionnelles, on peut faire exploser les ventes ! » Ce que les pharmaciens semblent avoir bien compris : en 2012, Mustela a ainsi vu ses parts de marché augmenter de 3 points en
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C’est la place occupée par le pharmacien, qui est le professionnel de santé qui influence le plus les choix des mamans.
volume, et son sell out de 14 % en unités. « Une performance exceptionnelle, qui prouve que notre marque est mature », souligne Sybille Foing. Le terrain des accessoires, lui, exige une sélection de marques expertes qui ont un savoir-faire en termes de recherche et développement et offrent des possibilités de suivre le bébé. Surtout, il requiert une organisation qui facilite la prise en main. « Il faut un maximum de clarté, souligne Lionel Chénais. Idéalement, nous recommandons de placer les biberons en partie basse, puis les tétines et les sucettes, qui sont des produits qui s’accrochent, respectivement au milieu et en partie haute. Le tout ‘‘enrobé’’ par un balisage pour bien identifier le rayon. » Pour faciliter le travail du pharmacien, MAM Baby France propose un meuble présentoir à trois faces qui se reconnaît aisément par sa forme en biberon. « C’est un bel objet qui permet une présence ordonnée des produits et une présentation de qualité, commente
Lionel Chénais. Il a été conçu pour développer les ventes d’au moins 30 %. » La marque prépare également un concept d’implantation verticale baptisé « Space MAM ». « La visibilité est essentielle, considère également Alain Boutboul. Les sucettes constituent par exemple un achat d’impulsion typique : si elles sont bien présentées, les mamans s’approvisionnent. » Pour répondre à un vrai besoin d’aide en merchandising, la marque Dodie a elle aussi développé des meubles en acier, ce qui permet de centraliser les accessoires au même endroit, et des présentoirs sur pied en carton, munis de broches.
Conseil et expertise font la valeur ajoutée
« Pour que le merchandising soit bien compris par la maman, il faut entrer dans sa tête, c’est-à-dire raisonner par moments de vie, explique pour sa part Yann Morice, responsable category management chez Bébé confort. Pour le reste, nous sommes parfaitement conscients de la forte contrainte qui différencie l’officine des autres réseaux de distribution en termes de surface de vente. Nous n’envisageons pas de révolutionner la stratégie des pharmaciens ; nous souhaitons plus modestement mettre à sa disposition des tactiques efficaces en avançant étape par étape. » La marque offre donc une réponse adaptée : un présentoir tourniquet sur roulettes pour les biberons, tétines et sucettes, dont l’avantage est qu’il peut être déplacé facilement ; et un petit présentoir tourniquet occupant un minimum de place sur le comptoir pour les achats d’impulsion. « Pour autant, c’est dans sa manière d’exécuter l’offre que le pharmacien va se distinguer, ajoute Yann Morice. Il va non seulement apporter du conseil, de l’expertise, de la technicité, mais il va également assurer une présence physique, de l’écoute, de la disponibilité. » Anne Fellmann
La France toujours aussi féconde Comme l’a révélé un récent rapport de l’Insee, le nombre de naissances en France métropolitaine est resté stable en 2012, avec 792 000 nouveau-nés (823 000 avec les territoires ultra-marins), contre 793 000 l’année précédente. L’indicateur de fécondité n’a pas bougé, se maintenant à deux enfants par femme. « Une surprise au regard de la conjoncture actuelle, a relevé l’institut. On aurait pu s’attendre à ce que l’incertitude suscitée par la crise économique et la montée du chômage fasse chuter la fécondité. » Ce qui s’est d’ailleurs produit dans certains pays européens, tout comme aux États-Unis. Le rayon bébé a donc encore de beaux jours devant lui.
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©© Oscar Scotellaro – istockphoto
déserté la pharmacie au profit des grandes surfaces et de leur politique de prix, complète Lila Ouagued. Aujourd’hui, la tendance s’inverse : les pharmaciens ont reçu le message et travaillent leurs prix sur ces produits à grosse rotation. Désormais, ils mettent en scène leur offre. » « Sur le premier âge, la maman achète du lait au minimum une fois par semaine, reprend Delphine Rudman. C’est l’accroche qu’il faut mettre en valeur dans un linéaire afin de favoriser les ventes additionnelles – la petite puériculture, la cosmétique et l’hygiène du bébé –, des achats d’impulsion qui sont sources de chiffre d’affaires considérable. » Pour encourager le retour du lait à l’officine, Physiolac a enrichi sa gamme de trois références bio, dont les ventes ont doublé depuis un an. Le succès des produits naturels fabriqués en France va d’ailleurs au-delà : depuis quelque temps, certaines officines proposent aussi des petits pots bio. « C’est un marché qui fonctionne bien et qui prospère, observe Lila Ouagued. Mais tout dépend de la zone de chalandise. Nous recommandons vivement de tester avant d’implanter, voire de mener une petite enquête auprès des jeunes mamans. »
Génération Manager
Charlotte souhaite mettre en place des réunions avec l’équipe Description Charlotte désire renforcer la communication avec ses collaborateurs lors de réunions mensuelles. Elle considère qu’il est nécessaire de créer des conditions favorables aux échanges avec elle et entre tous les employés. Elle a besoin d’investir du temps pour mobiliser l’équipe autour des résultats de l’officine et améliorer la diffusion des informations nécessaires.
Construire un ordre du jour « type ». Charlotte prévoit qu’il comprenne toujours les items suivants : les résultats du mois, le point sur les objectifs, le bilan des animations, les animations du mois, l’avancement du plan de formation et un point formation/divers. Le planning et l’ordre du jour des réunions seront affichés dans le back-office.
Résultats attendus Charlotte a mis en place un management par objectifs collectifs et souhaite pouvoir échanger avec l’équipe sur les résultats. Elle attend également des réunions que ses collaborateurs lui fassent part de leurs éventuelles difficultés. Elle en profitera également pour faire le point sur le plan de formation et communiquer sur le plan d’animation de l’officine. Elle pourra même terminer la réunion par une « mini-formation » sur des produits ou des rappels sur les conseils à apporter aux clients/patients.
2) Côté animation La conduite de réunion est un outil de management. Charlotte doit profiter de ces moments pour donner du sens, pour mobiliser l’équipe sur les résultats de l’officine et l’atteinte des objectifs. Elles servent également à impliquer les collaborateurs sur l’animation du point de vente et doivent permettre un échange constructif. Ne pas oublier de féliciter l’équipe lorsque les résultats sont au rendez-vous et reconnaître les efforts fournis. Les réunions ne doivent pas seulement servir à parler de ce qui ne va pas et à recadrer les dérapages. Charlotte doit les animer de manière à solliciter l’expression de l’équipe, tout en ayant une attitude de leadership et d’écoute.
Zoom méthodologique 1) Côté organisation Établir un planning annuel des réunions : Charlotte les programme la première semaine de chaque mois (sauf juillet-août). Elles auront lieu entre 13 heures et 14 heures (pharmacie fermée) et s’inscriront dans le planning de l’équipe. Elle changera le jour de la semaine chaque mois pour ne pas pénaliser toujours le même collaborateur qui ne travaillerait pas le jour prévu. Comme l’officine est fermée le lundi de Pentecôte, sept heures seront comptabilisées au titre de la journée de solidarité.
L’avis de l’équipe – Thomas : « C’est bien que nous puissions nous retrouver pour échanger pharmacie fermée. » – Diane : « J’apprécie beaucoup que Charlotte communique sur les résultats de l’officine. » – Ketty : « Au moins, nous prenons le temps de discuter au calme. » – Jeannette : « Je comprends que l’organisation n’est pas simple mais je trouve ces réunions très utiles. » – Clémentine : « Cela me plaît que nous puissions donner notre avis lors des réunions. »
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©© illustration antoine Orry
Chaque mois, Marie-Hélène Gauthey vous accompagne dans la mise en place de vos bonnes pratiques managériales à l’officine.
Conseil associé
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« Je vais me faire opérer des seins »
l’apparition d’une nécrose est possible. Or celle-ci est favorisée par la prise de tabac. Il est donc recommandé d’arrêter de fumer au moins quatre semaines avant et après l’intervention… ce qui est plus facile à dire qu’à faire, surtout si la patiente est angoissée. Votre aide sera précieuse dans ce sevrage, et nécessitera une écoute attentive et des solutions adaptées. Les substituts nicotiniques peuvent tout à fait être conseillés. Insistez sur les bénéfices attendus du sevrage pour l’opération (diminution du risque de nécrose, mais aussi du risque infectieux) et à plus long terme pour l’état de santé général de votre cliente.
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˭˭Des probiotiques en cas d’antibiothérapie
Si cette patiente se présente avec une ordonnance comportant une antibiothérapie, ayez le réflexe probiotiques. Au-delà des spécialités visant à minimiser les troubles digestifs induits par les antibiotiques, vous pouvez proposer des produits plus spécialement destinés à rétablir la flore vaginale. Car qui dit antibiotique chez une femme, dit aussi risque de mycose… N’hésitez pas à interroger la cliente sur ses antécédents en la matière ; elle vous sera reconnaissante de lui suggérer une solution naturelle en prévention.
©© B. BOISSONNET – BSIP
˭˭L’homéopathie dans les suites opératoires
Reconstruction, augmentation ou réduction mammaire, les suites opératoires peuvent être douloureuses. Trouvez le bon conseil pour soulager votre patiente… et doper vos ventes ! ˭˭Un soin pour aider à la cicatrisation
Dans les premiers temps (dix à quinze jours environ), les cicatrices seront protégées par des pansements, à refaire selon les instructions du chirurgien. Il est possible qu’un drain ait été mis en place, nécessitant un soin particulier. L’utilisation de crèmes cicatrisantes pourra débuter après
cette période et pour environ quinze jours également. Ensuite, et durant au moins trois mois, on peut conseiller l’application biquotidienne d’une crème siliconée.
˭˭Une aide au sevrage tabagique
Suite à une chirurgie mammaire, notamment en cas de reconstruction,
Arnica montana est une souche à conseiller dans tous les états post-opératoires pour son action sur les tissus et son aide à la cicatrisation. China peut aussi être employée car c’est la souche par excellence des pertes de liquides biologiques accompagnées de fatigue. On conseillera de prendre cinq granules trois fois par jour, en 9 CH.
˭˭Un solaire à l’arrivée des beaux jours
Le soleil revient, soyez donc vigilant avec les patients qui ont récemment subi des interventions chirurgicales car il ne faut jamais exposer une cicatrice au soleil durant la première année, sous peine de garder des traces disgracieuses à vie. Vous conseillerez donc aux patientes ayant subi une intervention sur un ou les deux seins de se couvrir efficacement et, à défaut, d’appliquer un solaire d’indice 50, 30 minutes avant de s’exposer et à renouveler toutes les deux heures. Amélie Baumann-Thiriez, pharmacienne
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©© SPL/S. GSCHMEISSNER – BSIP
Formation Anémie, anémies…
Anémie, anémies… de la carence martiale aux chimiothérapies
Si l’anémie ferriprive reste la plus fréquente en France, de nombreux autres types d’anémie existent, dont certaines iatrogènes. Voici de quoi expliquer les traitements, parfois lourds, de cette maladie répandue.
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anémie est définie par la diminution de l’hémoglobine totale sanguine, qui varie selon l’âge et le sexe. On observe fréquemment, en parallèle à l’anémie, une baisse du nombre d’hématies circulantes.
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Le symptôme le plus courant est l’asthénie, conséquence d’un apport en oxygène insuffisant vers les tissus et dL, le taux organes. Une anémie prononcée peut d’hémoglobine se traduire sur le plan physique (perte sanguin de poids, myasthénie, dyspnées), mais « normal » chez aussi mental (manque d’appétit, paun homme. tient ralenti), et altérer l’autonomie du
13 C’est, en g/
patient et son état général. On parle d’anémie si le taux d’hémoglobine sanguin est inférieur à 13 g/dl pour un homme ; 12 g/dl pour une femme ou un enfant ; 11 g/dl pour un enfant de moins de 1 an ; 14 g/dl pour un nouveau-né ; 10,5 g/dl pour une femme au troisième trimestre de grossesse.
Le diagnostic de l’anémie repose essentiellement sur la numération de la formule sanguine (NFS), à compléter éventuellement par un dosage des réticulocytes (précurseurs des hématies). La cause de l’anémie pourra être déterminée par des examens biologiques complémentaires (bilan martial, vitamine B12 sérique, profil protéique et biochimie…).
Classification et étiologie des anémies
Les anémies peuvent être centrales, lors d’une insuffisance de production des globules rouges (érythropoïèse), ou périphériques, lors d’une perte par hémorragie ou destruction (hémolyse). Le volume globulaire moyen (VGM) des hématies et le taux de réticulocytes vont déterminer trois grandes familles.
• Les microcytaires
VGM < 80 fl – L’anémie par carence martiale : un déficit en fer, élément indispensable de la synthèse d’hémoglobine par la moelle osseuse, est la cause la plus fréquente. Un apport insuffisant en fer dans l’alimentation est la cause principale de cette carence, mais elle peut être due à une malabsorption digestive ou à des pertes gynécologiques abondantes. 3 à 5 % des Européens présentent une carence martiale ; les femmes, les nourrissons et les personnes âgées sont les plus touchés. 15 % des femmes en âge de procréer sont carencées en fer. – L’anémie inflammatoire : lors de l’hémolyse due à des inflammations (lupus, maladie de Crohn) ou à des infections (tuberculose, sida) chroniques, le fer contenu dans les hématies est libéré et capturé par les macrophages ; l’érythropoïèse est limitée, ce qui provoque une anémie.
Cancers et anémie chimio-induite La chimiothérapie à base de sels de platine et la radiothérapie peuvent générer une myélosuppression : cette toxicité intervient en détruisant les cellules souches hématopoïétiques, principalement la lignée neutrophile mais aussi la lignée érythrocytaire. Elle exerce également une toxicité sur les cellules rénales responsables de la production d’EPO : cette hormone, facteur de croissance des cellules souches des hématies, n’est pas synthétisée en quantité suffisante, ce qui déclenche une anémie hypoplasique. L’hématotoxicité de la chimiothérapie est réversible et dose-dépendante, et intervient entre une et trois semaines après le début de la cure. Les patients atteints de cancer peuvent également présenter un envahissement médullaire (cancers hématologiques ou contexte métastatique) entravant la production des lignées sanguines,
5 Jusqu’à 5 % de la population européenne présente une carence martiale.
dont la fabrication de réticulocytes. L’anémie peut être aggravée par le contexte inflammatoire : en effet, lors d’un cancer, une production excessive de cytokines pro-inflammatoires entraîne une hémolyse et la séquestration du fer libéré. Ces patients présentent fréquemment des comorbidités, des saignements chroniques et des carences martiales et/ou vitaminiques contribuant à l’altération de l’état général. Environ 75 % des patients cancéreux sont anémiques (données 2009). Il est essentiel de prendre en charge l’anémie dans un contexte oncologique, car c’est un facteur pronostique défavorable : le risque moyen relatif de décès pour un patient anémique atteint de cancer est de 1,65 (indépendamment des autres facteurs).
– Les thalassémies : ce sont des maladies génétiques rares se caractérisant par la synthèse de chaînes d’hémoglobines anormales.
Les normocytaires ou macrocytaires régénératives
VGM compris entre 80 et 100 fl (normocytaire) ou> 100 fl (macrocytaire), taux de réticulocytes > 120 000/mm3 Elles sont essentiellement dues à trois facteurs. – Des pertes de sang aigües : une hémorragie peut être la cause d’une anémie, l’hypovolémie entraînant secondairement une érythropoïèse responsable d’un taux de réticulocytes élevé. Ces hémorragies peuvent être extériorisées ou non (ulcères, fibroscopies, hémorragies internes). – Une hyperhémolyse : une hémolyse marquée peut résulter d’une infection bactérienne (Clostridium perfringens, E. coli) ou d’une atteinte toxique
Agents stimulants de l’érythropoïèse Classe
Molécule
Érythropoïétines Époétine humaines alpha Époétine bêta
Spécialité
Posologie usuelle
Eprex
450 UI/kg/semaine ou 150 UI/kg 3 fois par semaine
Neorecormon
Érythropoïétines Darbepoétine retard
Aranesp
2,25 μg/kg/semaine ou 6,75 μg/kg toutes les 3 semaines
Biosimilaires
Époétine zêta
Retacrit
Époétine thêta
Eporatio
450 UI/kg/semaine ou 150 UI/ kg 3 fois par semaine
Époétine alpha
Binocrit
(médicaments, produits chimiques ou industriels). Les médicaments en cause sont, entre autres, la ceftriaxone, la lévodopa, la méthyldopa, la quinidine et certains AINS. – La sphérocytose : cette maladie génétique se caractérise par des malformations des protéines de la membrane des globules rouges qui prennent une forme sphérique et présentent une fragilité ; ils sont détruits par la rate, ce qui provoque une anémie chronique.
Les normocytaires ou macrocytaires arégénératives (d’origine centrale ou carencielle)
VGM compris entre 80 et 100 fl (normocytaires) ou > 100 fl (macrocytaires), taux de réticulocytes < 120 000/mm3 Elles ont principalement pour cause divers facteurs. – Les carences vitaminiques en acide folique et/ou en vitamine B12 surviennent chez les personnes dénutries, malnutries, ayant subi une gastrectomie, souffrant de la maladie de Crohn ou d’infections parasitaires. Ces carences sont à l’origine de la diminution de la synthèse d’ADN et, par conséquent, de la baisse de production de réticulocytes. – L’alcoolisme chronique bloque l’action des folates ; dans un contexte d’hépatopathie sévère ou de cirrhose, les hémorragies gastro-intestinales sont associées aux cytopénies de séquestration de l’hypersplénisme et peuvent être à l’origine d’anémies sévères.
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Formation Anémie, anémies…
en vitamine B12 et deux à trois mois pour une carence en folates.
Thalassémies
Le traitement repose ici sur des transfusions régulières, l’administration d’un chélateur du fer et, pour les cas d’hypersplénisme, la splénectomie.
©© ursule – fotolia
Insuffisance médullaire
NFS. Le diagnostic de l’anémie repose essentiellement sur la numération de la formule sanguine (NFS), à compléter éventuellement par un dosage des réticulocytes (précurseurs des hématies).
– Les leucémies et hémopathies malignes peuvent comporter un envahissement médullaire entravant la fabrication de globules rouges. – L’insuffisance rénale chronique entraîne une diminution de la synthèse d’EPO par le rein et l’inhibition de l’érythropoïèse par les toxines urémiques. – Les insuffisances médullaires peuvent être secondaires à l’exposition à des toxiques (pesticides, benzène) ou iatrogènes. En effet, les rayonnements ionisants, les barbituriques, certains agents de chimiothérapie (sels de platine), les immunosuppresseurs ou encore les sulfamides et le chloramphénicol présentent une cytotoxicité directe pour la plupart des lignées sanguines.
Les traitements des anémies
Comme les causes des anémies sont multiples, les traitements sont nombreux et peuvent agir sur la cause ou demeurer symptomatiques (exemple : transfusion sanguine).
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Traitement de la carence martiale
L’essentiel du traitement des anémies liées à une carence martiale repose sur la complémentation en fer, par le biais d’une correction des habitudes alimentaires lorsque que c’est possible. En outre, une supplémentation en fer (100 à 200 mg par jour pour un adulte) peut être prescrite en continu ou par intermittence dans certaines situations (règles très abondantes par exemple). Lors d’une anémie inflammatoire, le traitement repose sur la prise en charge de la pathologie infectieuse.
Carences en vitamines ou en folates
Comme pour la carence martiale, les anémies arégénératives carencielles peuvent être compensées par une supplémentation en vitamine B12 (cyanocobalamine ou hydroxocobalamine, 1 000 μg par jour pendant sept jours) ou en acide folique (5 à 15 mg par jour). La normalisation apparaît en général au bout de sept jours pour une carence
75 C’est le
pourcentage de patients cancéreux présentant une anémie, qui est un facteur pronostique défavorable.
La plupart sont dues à une toxicité médicamenteuse : l’arrêt temporaire ou définitif du médicament en cause semble approprié dans la majorité des cas mais n’est pas toujours évident lors d’une chimiothérapie. Ainsi, l’utilisation d’agents stimulants de l’érythropoïèse (ASE : voir tableau) permet de contrôler l’impact de l’anémie sur l’état général et les complications et d’éviter des transfusions systématiques comportant certains risques. Ce traitement peut également être complété par une supplémentation en fer si le patient présente une carence martiale. Lorsque la plupart des lignées sont atteintes, la gestion de la neutropénie et des facteurs de risque d’infection et/ou d’hémorragie est essentielle, en parallèle de la prise en charge de l’anémie. Chez l’insuffisant rénal chronique, un traitement par agents stimulant l’érythropoïèse est fréquemment instauré pour diminuer le nombre de transfusions et éviter l’altération de l’état général. Le traitement par ASE est instauré lorsque l’hémoglobinémie est située entre 9 et 12 g/dl mais doit se poursuivre en traitement d’entretien lorsque la cible de 12 g/dl est atteinte, pour, par la suite, être arrêté si le taux dépasse les 13 g/dl. L’administration des ASE se fait par voie intra-veineuse ou sous-cutanée après adaptation individuelle de la posologie selon le poids du patient. Les ASE sont disponibles en prescription initiale hospitalière annuelle, renouvelable par tout médecin, et sont des médicaments d’exception. Les effets indésirables les plus courants sont l’hypertension artérielle, le syndrome pseudo-grippal et les thromboses veineuses profondes. Un bilan martial devra être réalisé avant et pendant le traitement pour pallier d’éventuels besoins en fer (souvent augmentés en cas de traitement par EPO). Si l’anémie est plus sévère, sous 8 g/dl, ou quand le patient présente certains facteurs de gravité, une transfusion de globules rouges peut être proposée. Caroline Charles, pharmacienne
Traitement d’une anémie chimio-induite l’injection ; la seringue ne doit pas être agitée et l’infirmière devra s’assurer que la solution est limpide et ne contient pas de particules. Si l’Aranesp doit être transporté (trajet en voiture), l’utilisation d’une pochette isotherme sera recommandée. Toutefois, il peut être sorti du réfrigérateur et résister à une température inférieure à 25 °C pendant sept jours, une seule fois. Lorsque la seringue a été sortie du réfrigérateur et a atteint la température ambiante, elle doit être employée dans les sept jours ou jetée.
Les effets indésirables
• le Cas
Madame Bouvier, 56 ans, souffre d’un cancer colorectal depuis un an et reçoit une chimiothérapie d’oxaliplatine en hôpital de jour. Les saignements digestifs et les cures de chimiothérapie ont entraîné une anémie : son taux d’hémoglobine est de 10,5 g/dl. Son oncologue a donc pris la décision d’enrayer l’anémie par une prescription d’EPO. La sœur de Madame Bouvier se présente au comptoir avec cette ordonnance d’exception et vous demande la marche à suivre pour ce traitement et les précautions à prendre. Conformité
La prescription est rédigée sur un feuillet à quatre volets (ordonnance de médicaments d’exception) et il s’agit d’une prescription initiale hospitalière conforme. Le renouvellement pourra être assuré par le médecin traitant.
Prescription
La posologie est correcte, il n’y a pas d’interactions.
L’administration
En sous-cutané, elle sera réalisée par une infirmière qui viendra au domicile de la patiente. Vous expliquerez à sa sœur que, par la suite, si Madame Bouvier s’en sent capable et qu’elle est formée à cela, elle pourra s’injecter elle-même l’Aranesp. En effet, il
Vous pourrez au besoin discuter de l’impact de l’anémie sur la qualité de vie de la patiente, et des stratégies de gestion de la fatigue.
existe une version en stylo injecteur (Aranesp Sureclick) que l’oncologue pourra prescrire, sans modifier la posologie ni le schéma thérapeutique. Cela simplifiera l’injection pour la patiente car il comporte un système de sécurité : l’aiguille est toujours protégée lors de la manipulation. Lors de la délivrance, pensez à donner un conteneur de déchets d’activités de soins à risques infectieux (Dasri) pour que l’infirmière puisse se débarrasser convenablement des aiguilles et autres déchets liés à cette injection.
La conservation
L’Aranesp se conserve au réfrigérateur (entre 2 et 8 °C), à l’abri de la lumière et dans son emballage d’origine. Il doit être sorti 30 minutes avant
L’Aranesp en comporte peu, mais il peut survenir une hypertension artérielle qui devra être surveillée. L’apparition d’arthralgies transitoires est également possible, ainsi que des réactions au site d’injection. Madame Bouvier devra respecter les rendezvous de suivi clinique et biologique qui seront instaurés, surtout lors des premières semaines de traitement. Elle pourra ainsi signaler tout événement indésirable et faire régulièrement le point avec son médecin sur sa qualité de vie et la gestion de sa fatigue liée à l’anémie.
La supplémentation en fer
L’Aranesp prescrit à Madame Bouvier va stimuler l’érythropoïèse, et les besoins en fer vont augmenter : une supplémentation (200 mg par jour généralement) devra être instaurée dès que le coefficient de saturation de la transferrine sera inférieur à 20 %, et ce afin de permettre une bonne réponse érythrocytaire et une correction de l’anémie. La supplémentation en fer pourra être complétée par de la vitamine C, qui favorise l’absorption du fer.
L’asthénie
Vous pourrez éventuellement discuter de l’impact de l’anémie sur la qualité de vie de la patiente, et des stratégies de gestion de la fatigue : fractionner les activités, recourir à une aide-ménagère… L’alimentation devra être équilibrée, les besoins nutritionnels étant élevés lors d’une chimiothérapie.
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10 questions sur…
La compression médicale Les thérapeutiques par contention/compression sont très efficaces sur nombre de pathologies, mais l’observance en est l’un des problèmes majeurs. C’est pourquoi le pharmacien a un vrai rôle de conseil à jouer. Quelle différence y a-t-il entre contention et compression ? 1
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©© CHASSENET – BSIP
La contention désigne les effets induits sur une jambe par un textile non élastique ou à allongement court. Ce textile, au repos, exerce une pression nulle ou faible, dite de « repos ». À l’effort, le textile contre l’augmentation de volume des muscles en exerçant une pression dite de « travail ». Ainsi, la jambe est contenue au repos et la pression croît à l’effort. Les articles exerçant cette force sont soit les bandes inélastiques ou faiblement élastiques, soit les bas de « maintien » ou « antifatigue ». Pour ces derniers, la force de contention est exprimée en deniers (70 ou 140 D). La compression caractérise, elle, les effets induits sur une jambe par un tissu élastique. Elle agit aussi bien au repos qu’à l’effort. La pression est dégressive tout au long de la jambe. Les articles exerçant cette force sont soit les bandes élastiques, soit les bas de compression (appelés à tort bas de contention). Ces derniers sont divisés en quatre classes (voir tableau).
Quels sont les types de bandes qui existent ?
On distingue les bandes non élastiques, dites de « contention pure », qui exercent une pression nulle et permettent d’avoir une pression de travail lorsque la personne marche et que le muscle se contracte (exemples : Somos, Medica 315, Flexideal), et les bandes élastiques. Les bandes élastiques dites de « compression » se caractérisent par une pression dégressive, au repos comme à l’effort, dont la force varie selon la manière de poser la bande. La technique de pose doit être maîtrisée afin d’arriver à la pression souhaitée. Parmi ces bandes, il existe des bandes « sèches » type Biflex, Dupraflex et Biflex Plus. Elles sont disponibles en
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différentes forces de compression (légère, moyenne, forte) et possèdent des repères sous forme de rectangles ou d’ovales qui, par leur déformation en carrés ou ronds et leur superposition, permettent d’obtenir une force donnée. On trouve aussi des bandes « adhésives », type Elastoplast, Tensoplast, Veinopress A, et des bandes « cohésives », type Coheban, Coban et Veinopress C. Plus le tissu de la bande est élastique, moins la pression exercée durant la contraction musculaire est forte, donc plus la contre-pression au repos est importante et inversement lorsque le tissu de la bande est inélastique.
Quand et comment recourir aux bandes de compression ? 3
On les prescrit pour de courtes durées (quelques jours à quelques semaines), le temps que la pathologie soit stabilisée (ulcère cicatrisé, œdème diminué…). Elles constituent donc le traitement d’attaque, car elles permettent de s’adapter à la pathologie par leur diversité de propriétés élastiques et de matières. Elles sont mises en place par un professionnel (médecin, infirmière) ou dans certains cas par le patient, mais après un certain apprentissage. Il convient de respecter certaines règles pour leur pose : Suite en page 42
10 questions sur…
– toujours mettre les bandes en position couchée (au réveil ou suite à un repos de 30 minutes) ; – adapter la force de la compression et les caractéristiques des bandes à la sévérité de la maladie et au patient ; – respecter la dégressivité de la pression du bas en haut ; – effectuer une compression régulière ; – bien s’adapter à la morphologie du membre ; – les porter sur 24 heures si le patient est alité en continu ; du matin au soir si le patient déambule librement. En relais, les bas de compression seront prescrits dès que le volume des membres sera stable et leur morphologie harmonieuse, ou pour les pathologies de longue durée. Ils sont plus faciles d’emploi car ils délivrent automatiquement une pression dégressive définie selon la classe choisie.
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Indications et contre-indications de la compression Les indications indispensables • Thrombose veineuse profonde (TVP) ou superficielle (TVS) aux stades aigus, avant la mobilisation. • Maladie post-phlébitique, avant la mobilisation • Ulcère veineux de jambe, hypodermite • Cure de varices • Brûlures graves • Lymphœdème Les indications préventives Sclérothérapie, thrombose, chirurgie diverse, varicosités, grossesse, insuffisance
Le choix s’effectue d’abord selon la localisation et les nécessités de la pathologie (ulcère à la cheville, varices au creux poplité, ensemble du membre inférieur œdémateux…) et selon la prescription du médecin (bas cuisses lors des hospitalisations, par exemple). Après, étant donné que l’efficacité des dispositifs est jugée similaire, pour un homme, on optera plutôt pour des chaussettes et, pour une femme, selon sa préférence, pour des bas jarrets ou bas cuisses ou des collants. L’âge et les difficultés rencontrées lors de la pose sont également à prendre en compte pour optimiser l’observance, sachant qu’un bas jarret est plus facile à installer qu’un bas cuisse ou qu’un collant. Pour ce qui est de la prise de mesures, elle s’effectue de préférence le matin avant que la jambe ne soit trop enflée.
Les modifications hormonales, l’augmentation de la volémie, la compression de la veine cave et des vaisseaux iliaques entraînent fréquemment des problèmes circulatoires chez les femmes enceintes. Ces différents facteurs sont responsables de varices, œdèmes, lourdeurs diffuses au niveau des jambes. De même, la grossesse multiplie par cinq le risque de thrombose veineuse profonde (TVP). D’autant plus que d’autres facteurs sont associés (âge > 35 ans, poids > 80 kg
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Les contre-indications Artériopathie sévère stades III et IV (indice de pression systolique à la cheville < 0,55 mmHg) • Érysipèle, lymphangite et eczéma aigu : les risques sont aggravation de l’artérite, nécrose, ulcération • Fistule artério-veineuse • Allergie au latex si le dispositif en contient
ou IMC > 30, antécédents familiaux ou personnels de TVP, longs trajets en avion ou en voiture) ou que des facteurs liés à la grossesse sont combinés (stimulation ovarienne, alitement prolongé, pré-éclampsie, grossesse multiple, césarienne, hémorragie de délivrance). La compression veineuse est ainsi recommandée par la Haute autorité de santé en prévention chez les femmes enceintes durant toute la grossesse et six semaines après l’accouchement (six mois en cas de césarienne). En présence d’une affection veineuse chronique, une classe III – voire IV – est préconisée sans différence d’efficacité entre chaussettes, bas cuisses ou collants.
Bas, chaussette, collant : comment choisir ?
Quelles sont les 5 recommandations durant la grossesse ?
veineuse fonctionnelle, professions à risque, personnes avec antécédents familiaux de varices, voyages aériens, sportifs de haut niveau
Les personnes sous 6 anticoagulants doiventelles porter une compression ?
Les anticoagulants sont indiqués dans la prévention ou le traitement
de la maladie thromboembolique veineuse ou dans les pathologies à risque de thrombose. La compression est utile en complément de ce traitement ou seule lorsqu’il existe des contre-indications à ce traitement. En effet, elle augmente la vitesse circulatoire, réduit l’extension du caillot, l’œdème, et aurait une action fibrinolytique. Ces effets sont d’autant plus marqués qu’elle est associée à la déambulation. En postthrombose, elle diminue le risque de formation de varices post-phlébitiques et atténue l’œdème.
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Quelles « options » proposer aux patients ?
Il en existe plusieurs pour les bas de compression : – le pied ouvert : il a l’avantage de permettre la surveillance de la coloration et la chaleur des téguments des orteils dans certaines pathologies. Il est plus
Classes des bas en France et indications ClasseS
PressionS
IndicationS
I
10-15 mmHg
• Insuffisance veineuse fonctionnelle • Varices débutantes • Prévention chez le personnel à risque
II
16-20 mmHg
• Insuffisance veineuse superficielle • Varices de petit calibre • Prévention des phlébites • Grossesse et post-partum en prévention • Vols en avion > 4 heures continues
III
20-25 mmHg
• Insuffisance veineuse sévère • Présence de troubles trophiques cutanés • Thrombose veineuse profonde • Maladie post-phlébitique
IV
> 36 mmHg
• Lymphœdème
– Mettre des gants, enlever les bagues et les bracelets pour ne pas filer les bas. – Ne pas appliquer de crème sur la peau avant la pose. En cas de sécheresse des jambes, appliquer la crème la veille au soir. – Poser un pansement protecteur en cas de lésion cutanée. – Si la compression est douloureuse, c’est qu’elle est mal adaptée (pose défectueuse avec effet garrot, force de compression mal choisie, taille inadaptée).
Comment réaliser une classe III ou IV quand le patient a du mal à enfiler son bas ?
©© sigvaris
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Tricotage. Le métier à tricoter est programmé en fonction du type de produit et de la compression voulue.
facile à enfiler, mais peut parfois former un bourrelet ; – le pied fermé peut être réalisé plus long ou plus court ; – la mesure adaptée : lorsque la morphologie du membre ne correspond pas au modèle de série, il est possible de l’adapter ; – le sur-mesure : en cas de morphologie plus particulière (mollets et cuisses larges ou très fins par rapport à la cheville, pied déformé arthrosique…) ; – le collant maternité : la culotte extensible s’adapte à l’évolution du tour de ventre ; – le bas ATH, prescrit lors des hospitalisations (immobilisation, chirurgie à risque de thrombose, cancer…). Il s’agit d’un bas blanc, pied ouvert, dont
la force de compression au niveau de la cheville est de 15-20 mmHg ; – le choix de la matière, de la transparence et de la couleur.
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Comment utiliser la compression ?
– Elle doit être portée tous les jours dès le lever, jour et nuit dans certains cas (patient immobilisé). – La force de compression doit être adaptée à la sévérité de la maladie et au patient. – Bien sécher la jambe avant d’enfiler le bas. – Pour faciliter la pose, talquer le pied et le talon (notamment en cas de transpiration) ; au besoin utiliser un enfile-bas.
Les classes III et IV sont difficiles à enfiler. On peut réaliser une classe III avec une classe I superposée d’une classe II, dans ce sens d’enfilage, et en évitant les matières en coton afin de permettre à la classe II de glisser plus facilement. La superposition de deux bas de même classe thérapeutique ou de classe différente permet d’obtenir une sommation des pressions.
Comment entretenir les matériels de compression ? 10
Laver quotidiennement afin de restaurer la force de compression, à la main avec de l’eau froide et du savon ou en machine à 30 ou 40° avec un programme textile délicat (selon la notice du fabricant). Ne pas essorer, ne pas tordre. Laisser sécher à plat, loin de toute source de chaleur. Pour les bandes autofixantes, nettoyer la silicone avec de l’alcool dilué. La durée de vie du bas est de quatre à six mois. Géraldine Dupuis, pharmacienne
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Au comptoir
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Cystites, mycoses, règles douloureuses… à chaque âge de la vie des femmes ses petits soucis. Et à chaque pharmacien ses conseils et ses traitements. La preuve en six cas. « Ça me brûle quand j’urine »
La cystite, plus communément appelée infection urinaire, est une inflammation de la vessie liée à une infection bactérienne (le plus souvent Escherichia coli), entraînant plusieurs symptômes caractéristiques de type pollakiurie, brûlures urinaires et impériosités mictionnelles. Avant toute chose, il est indispensable de vous assurer que la patiente ne présente ni fièvre, ni lombalgie, ni facteurs de comorbidité tels que le diabète, un rein unique ou une cystite récidivante, qui nécessitent une consultation immédiate chez un généraliste. En cas de cystite aiguë simple, une antibiothérapie courte (sur prescription médicale) et des conseils hygiéno-diététiques sont les plus efficaces pour soulager la
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patiente et éviter les récidives. Il sera ainsi rappelé de boire plus de 1,5 litre d’eau par jour, d’uriner après chaque rapport sexuel, de faire sa toilette périnéale d’avant en arrière (pour éviter la contamination des germes du tube digestif), d’éviter les douches vaginales, de lutter contre les troubles du transit, de porter des sous-vêtements en coton et d’éviter les vêtements serrés. Certains préconisent également de prendre 1 gramme de vitamine C le matin pour acidifier les urines, et ainsi lutter contre la prolifération bactérienne. Si la patiente se plaint de douleurs dans le basventre, un antalgique type paracétamol ou un antispasmodique type phloroglucinol (Spasfon) pourra être proposé. En prévention ou en cas de récidive, la phytothérapie – busserole et bruyère, canneberge (Cys-control, Cystirégul,
Urell, Urisanol…) – ou l’aromathérapie (Oleocaps 5, Aromadoses confort urinaire…) peut se révéler intéressante.
« J’ai des règles douloureuses »
90 C’est, en pourcentage, le nombre de femmes enceintes souffrant de nausées.
Appelées dysménorrhées, ces douleurs abdomino-pelviennes sont le plus souvent causées par l’augmentation du taux de prostaglandine (PGE2, PGF2) responsable de contractions douloureuses du myomètre. Elles sont très fréquentes – une femme sur deux serait touchée, 80 % à l’adolescence – et surviennent en général aux premières heures des règles (avec une intensité maximale au premier ou au deuxième jour) puis s’estompent au troisième jour. Dans certains cas, elles peuvent s’accompagner de migraines, nausées, cystalgie, et diarrhées.
©© tbel – fotolia
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Maux de femmes
mais ils présentent l’avantage d’être très bien tolérés. Si malgré cela, les douleurs sont toujours aussi gênantes, orienter la patiente vers son médecin traitant qui pourra lui proposer diverses solutions : contraception orale si inexistante, prescription de progestatif, changement d’AINS… Enfin, il est utile de savoir que d’autres thérapeutiques existent mais n’ont pas été validées par des études suffisamment robustes ou récentes. Elles peuvent cependant représenter des traitements d’appoint : acupuncture, règles hygiéno-diététiques (alimentation riche en calcium, magnésium et oméga 3, pauvre en protéines animales, absorption modérée d’alcool pendant la période prémenstruelle, suppléments vitaminiques), exercice, relaxation ou prise en charge psychologique. Attention : les dysménorrhées survenant après plusieurs années de cycles indolores ne doivent pas être traitées par le pharmacien mais nécessitent une consultation médicale.
50 C’est, en pourcentage, le nombre de femmes souffrant de bouffées de chaleur à la ménopause.
« Enceinte, je vomis tous les matins »
La cause des nausées et vomissements pendant la grossesse n’est pas connue, mais l’élévation de l’hormone gonadotrophine chorionique est l’une des hypothèses retenues en raison de l’association plus fréquente en cas de grossesse multiple. Les vomissements surviennent en général après le premier mois, atteignent
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À l’officine, dans un premier temps, rassurez la patiente et insistez sur le caractère bénin de ce trouble qui, bien que gênant, ne traduit pas de maladie grave et a de grandes chances de s’améliorer avec le temps. Si la personne désire se soigner par des méthodes naturelles, on peut lui suggérer des traitements à base de plantes : phytothérapie (exemples : la grande camomille, pour son action sur les contractions des vaisseaux sanguins, et l’huile d’onagre, qui favoriserait l’équilibre entre les prostaglandines), aromathérapie (exemple : l’huile essentielle de Petitgrain Bigarade, pour son action antispasmodique) ou homéopathie, (exemple : Belladonna 9 CH). Sinon, deux types de traitements peuvent lui être proposés : – les AINS (ibuprofène par exemple, en vente libre) agissent en inhibant la synthèse de prostaglandine et doivent être conseillés après vérification de l’absence de contre-indications (ulcère notamment). Ils seront pris dès le premier jour des règles et jusqu’au troisième jour. Leur effet ne s’épuise pas au cours des cycles ; aussi, si la patiente observe un échec, mieux vaut lui recommander de changer d’AINS que d’augmenter la posologie. Si les symptômes ne sont pas soulagés par le traitement symptomatique, il faudra demander un avis médical ; – les antispasmodiques (le plus utilisé : le phloroglucinol, Spasfon) agissent en levant le spasme des fibres musculaires lisses. Leur efficacité est souvent insuffisante s’ils sont employés seuls
Dysménorrhée. Les règles douloureuses toucheraient 80 % des adolescentes. Sachez rassurer ces jeunes patientes et conseiller l’antalgique adapté.
leur apogée à la sixième semaine, puis s’estompent spontanément entre 16 et 20 semaines d’aménorrhée (90 % des femmes enceintes ont des nausées mais seuls 20 % des symptômes persistent à la fin du troisième mois). En l’absence de signes de gravité (vomissement incoercible, déshydratation, perte de poids), vous pouvez rassurer la patiente et lui conseiller des règles hygiéno-diététiques simples telles que fractionner les repas (froids de préférence), éviter les boissons en dehors des repas, favoriser les repas pauvres en graisse ainsi que les féculents, mais surtout exclure ceux à odeurs fortes. Sur le plan thérapeutique, si une femme demande ou envisage un traitement, les mesures suivantes peuvent s’avérer efficaces et réduire les symptômes. – Méthodes naturelles : acupuncture, phytothérapie (gélules à base de gingembre), homéopathie (Ipeca 5 CH, Nux vomica 5 CH, Sépia 9 CH… à raison de 3 granules 3 fois par jour). – Médicaments : les antihistaminiques sont une alternative possible (doxylamine, Donormyl). Si malgré cela, les nausées ne s’atténuent pas et altèrent la qualité de vie de la patiente, l’orienter vers son médecin qui pourra, si besoin, lui prescrire un traitement sur ordonnance (exemple : Primpéran).
« Je crois que j’ai une mycose vaginale »
Cette infection fréquente – 75 % des femmes en développent au moins une fois durant leur vie – se caractérise par des leucorrhées blanchâtres grumeleuses (aspect de lait caillé) associées à un prurit et des brûlures vulvovaginales. Elle est liée, le plus souvent, à la prolifération excessive d’un champignon naturellement présent dans le vagin, Candida albicans. Les modifications hormonales (grossesse, ménopause, période prémenstruelle, contraception…), la prise de certains médicaments (antibiotiques, corticoïdes…), certaines pathologies (immunodépression, diabète…), ainsi que la macération (vêtements trop serrés ou synthétiques) ou une hygiène insuffisante, ou à l’inverse excessive, sont des facteurs favorisants. Afin de prévenir cette prolifération excessive, certaines conseils d’hygiène sont importants à transmettre : privilégier les vêtements amples et les sous-vêtements en coton, préférer les douches aux bains, proscrire les
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Au comptoir
« J’ai les jambes lourdes »
Outre la sensation de jambes lourdes et/ou douloureuses, la patiente peut ressentir des impatiences nocturnes, un engourdissement, des œdèmes au niveau des mollets et des chevilles et voir apparaître des varicosités. Ces symptômes sont typiques d’une insuffisance veineuse des membres inférieurs, pathologie chronique très courante chez la femme, causée par un dysfonctionnement des valvules qui ne jouent plus leur rôle, entraînant ainsi une stase veineuse. Le traitement de base est le port de collants ou bas de compression, qui vont diminuer la dilatation des veines, augmenter la vitesse circulatoire, empêcher la stase veineuse et, par conséquent, soulager les douleurs. D’autres produits ne représentent que des traitements d’appoint. C’est le cas des veinotoniques, dont l’action serait d’accroître le tonus veineux et la résistance capillaire, ainsi que de diminuer la perméabilité capillaire (Ginkor fort, Cyclo 3 fort, Daflon, Endotelon…) à
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« Les bouffées de chaleur me rendent folle ! »
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douches vaginales, éviter les endroits humides et chauds (sauna, hammam, piscine), ne pas garder son maillot de bain après avoir nagé, utiliser pendant les règles des serviettes hygiéniques ou des tampons contenant des probiotiques (Florgynal) à changer toutes les 4 heures. Le traitement de référence est local et associe un ovule et une crème. L’ovule s’introduit au fond du vagin en position allongée : en prise unique (GynoPevaryl LP, Lomexin, Monazol) ou trois soirs de suite avant le coucher (Gyno-Pevaryl, Terlomexin, Fazol G, Mycohydralin). Il est parfois nécessaire de renouveler les administrations. La crème (Pevaryl, Lomexin, Monazol, Fazol, Mycohydralin) s’applique sur les lésions vulvaires et leur périphérie durant sept à dix jours. Pour la toilette intime, il est conseillé d’employer un savon à pH alcalin ou physiologique durant quinze jours maximum (Gyn Hydralin, Saforelle, Saugella antiseptique, Myleuca, Monagyn…). Les récidives étant possibles (5 % des cas), la prévention peut être nécessaire. Il existe des probiotiques par voie orale permettant de restaurer et de protéger la flore vaginale (Femibion flore intime, Lactibiane Candisis 5 et 10 M, Orogyn…) ou par voie vaginale (Gynophilus, Mycoress, Bactigyn, Medigyn, Hydralin Flora…).
Jambes lourdes. Surélever les jambes permet d’améliorer le retour veineux. à conseiller en plus d’une compression médicale.
prendre en cure de vingt jours, de gels frais (Jouvence de l’Abbé Soury, Antistax, Pédi Relax, Akiléïne jambes lourdes) qui, appliqués en massant de bas en haut (sans oublier les pieds), permettent de stimuler le retour veineux. On peut également conseiller certains traitements homéopathiques (Aesculus complexe n° 103, L 28, Hamamelis composé, Climaxol…) ou de la phytothérapie (Arkogélules vigne rouge, Arkogélules marronnier d’Inde, Elusanes Fragon gel…) En complément de ces traitements, insistez sur le fait que l’exposition prolongée à toute source de chaleur (soleil, douches ou bains trop chauds, sauna, épilation à la cire chaude…) peut contribuer à la sensation de jambes lourdes et est donc déconseillée. Recommandez aussi d’éviter la station allongée ou debout de façon prolongée et immobile, mais plutôt de faire des activités renforçant la musculature des membres inférieurs telles que la marche à pied, la natation… Au quotidien, ne pas porter de vêtements trop serrés et trop chauds ainsi que des chaussures ayant trop de talons ou trop plates. Surpoids et tabac doivent aussi être évités. Enfin, suggérez de surélever les jambes après les avoir légèrement massées sous l’eau froide.
Une femme sur deux serait gênée par des bouffées de chaleur lors de la ménopause, période durant laquelle la production de progestérone et d’œstrogène diminue de façon importante. Ce phénomène est souvent associé à d’autres symptômes d’intensité variable, appelés troubles du climatère : sudation nocturne, sécheresse et atrophie vaginales, dysurie. Leur fréquence et leur sévérité régressent avec le temps, mais sont encore présentes chez environ 25 % des femmes plus de dix ans après la ménopause. Ces symptômes, bien que fréquents, ne doivent pas être négligés car ils affectent la qualité de vie de la personne au quotidien. Plusieurs produits peuvent être proposés pour réduire les effets des bouffées de chaleur mais leur efficacité est inconstante et non prouvée. C’est le cas notamment de compléments alimentaires à base d’acide aminé (bêtaalanine, Abufène), à prendre à raison de 1 à 3 comprimés par jour pendant cinq à dix jours, ou de phytoestrogènes (notamment ceux à base d’isoflavone de soja, Evestrel, Phyto Soya). Ces derniers ne seront suggérés que dans le cas où la patiente ne présenterait pas d’antécédents de cancer du sein. Sinon, lui conseiller des compléments alimentaires sans phytoestrogènes (Manhaé, Sérélys) qui agissent en plus sur d’autres troubles présents lors de la ménopause. Contre les bouffées de chaleur, il peut également être suggéré des traitements homéopathiques (Acthéane, Lachesis 9 CH), phytothérapiques (houblon par exemple), aromathérapiques (huile essentielle de sauge sclarée) ou encore de l’oligothérapie (exemple : oligosol zinc-cuivre). Les conseils hygiéno-diététiques restent toutefois indispensables : se rafraîchir à l’aide d’un brumisateur ou en prenant une douche, pratiquer la relaxation pour gérer sa respiration, ne pas trop se couvrir, préférer les vêtements en coton… Certains facteurs tels que les boissons chaudes, les aliments épicés, l’alcool… mais également un fort stress peuvent favoriser la survenue de bouffées de chaleur. Si les symptômes persistent malgré tout, orienter vers le médecin pour la mise en place éventuelle d’un traitement hormonal substitutif. Julie Baruffi, pharmacienne
Ordonnance commentée Entretient du patien sous
AVK
Cas pratique autour d’un bilan sanguin
L’entretien pharmaceutique a pour principaux objectifs de sécuriser la prise des traitements et favoriser leur compréhension par le patient. Toutefois, il doit s’appuyer sur le vécu du malade. Exemple pratique. Présentation du cas M. Maurin a 55 ans et montre un certain embonpoint (94 kg pour 1,77 m : IMC de 30). Il a été hospitalisé il y a six mois pour un début d’infarctus. Suite à cet événement, une prescription de Préviscan (fluindione, trois quarts de comprimé par jour) a été mise en place, et ses autres traitements ont été reconduits : Crestor 10 mg (rosuvastatine, 1 par jour) et Glucophage 500 mg (metformine, 3 par jour). Lors d’une précédente dispensation, vous lui avez parlé de l’entretien pharmaceutique et il s’est montré intéressé. Il a signé le bulletin d’adhésion et un rendez-vous a été fixé. Le jour dit, il vous montre les résultats d’analyse de sang qu’il vient de récupérer. >>
L’entretien pharmaceutique
N’ayant pas encore revu son médecin, le patient vous interroge sur ses résultats car il est un peu inquiet. Une partie de l’entretien sera donc consacrée à ses analyses, qui constituent une bonne base pour un dialogue constructif et une meilleure compréhension du traitement. Trois résultats sont en dehors des valeurs normales : • L’INR est de 3,2 alors que l’INR cible pour son indication – prévention des complications thromboemboliques – est de 2,5 (entre 2 et 3). • Le taux de glycémie à jeun est de 1,32 g/l, ce qui correspond à un diabète. • Le bilan lipidique (cholestérol total, HDL et rapport cholestérol/HDL) est anormal et évocateur d’une dyslipidémie. En association avec une glycémie à jeun élevée, il semblerait que le patient présente un syndrome métabolique (à confirmer selon la tension
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Laboratoire de l’Adour 23 rue des Cordeliers 64100 Bayonne
Prescripteur : Dr Julien Cros 15, rue du Carlit 64100 Bayonne
Patient : Arnaud Maurin Né le 04/08/1957 Le vendredi 5 avril 2013 HÉMATOLOGIE Hémogramme Hématies Hémoglobine Hématocrite VGM TCMH CCMH
Valeurs patient
Valeurs de référence
4 800 000/mm3 15,1 g/dl 44,2 % 85 fl 29,1 pg 34,2 %
4 500 000 à 5 500 000 13 à 17,7 40 à 54 80 à 100 27 à 32 32 à 36
Éléments nucléés Polynucléaires neutrophiles Polynucléaires éosinophiles Polynucléaires basophiles Lymphocytes Monocytes
7 100/mm3 3 692/mm3 (52 %) 213/mm3 (3 %) 0/mm3 (0 %) 2 627/mm3 (37 %) 568/mm3 (8 %)
4 000 à 10 000 2 000 à 7 500 40 à 800 0 à 200 1 000 à 4 000 200 à 1 000
Plaquettes
192 000/mm3
150 000 à 400 000
Hémostase Temps de prothrombine Temps du témoin (ISI 1,25) INR
32,2 s 12,7 s 3,2
(2 à 3)
45
(28-40) 34 1,32
26 UI/l 26 UI/l 31 UI/l
10 à 37 9 à 43 11 à 49
Créatinine Clairance de la créatinine Acide urique Aspect du sérum
1,32 g/l 7,32 mmol/l 9,3 mg/l 72,5 ml/mn 48 mg/l Limpide
0,70 à 1,10 3,50 à 6,10 7 à 14 > 60 30 à 70
Cholestérol total Cholestérol HDL Rapport cholestérol total / HDL Triglycérides Calcul du cholestérol LDL
2,5 g/l 0,30 g/l 8,33 3,5 g/l 1,5 g/l
1,50 à 2 0,40 à 0,80 <5 0,60 à 1,50
PROTÉINES Protéine C réactive Ferritine Protéines totales plasmatiques
1 mg/l 173 ng/ml 75 g/l
<6 30 à 300 67 à 85
TCA patient TCA témoin Ratio ENZYMOLOGIE Transaminases SGOT Transaminases SGPT Gamma-glutamyl transférase BIOCHIMIE Glycémie à jeun
©© mangostock – fotolia
INR du matin était anormal. De plus, le Crestor potentialise l’effet de l’AVK. Ce n’est pas un problème si les prises sont régulières, puisque sa posologie sera adaptée selon cette interaction, mais dans la mesure où ni le Crestor ni le Préviscan ne sont pris correctement par M. Maurin, le résultat de l’INR sera fréquemment en dehors de la zone cible. Il faut également lui indiquer qu’aucune prise de médicaments, même OTC, ne devra se faire sans l’avis d’un médecin ou d’un pharmacien, les interactions médicamenteuses avec le Préviscan étant nombreuses.
Pédagogie. L’entretien pharmaceutique doit permettre au patient de comprendre son traitement. Le choix des mots est primordial. Des documents peuvent servir de supports.
artérielle ; ces valeurs nous sont ici inconnues). Le TCA est élevé, et ce en raison de la présence d’un produit anticoagulant (ici le Préviscan). >>
Mesures hygiéno-diététiques
Après l’avoir interrogé sur son alimentation et son mode de vie, vous vous rendez compte qu’il n’a en rien modifié ses habitudes depuis l’événement cardio-vasculaire : charcuterie et fromage à presque tous les repas, sédentarité… De plus, il n’est pas très observant et vous confie qu’il oublie parfois de prendre son traitement. Dans un premier temps, vous lui rappelez que certaines mesures doivent être suivies et constituent la base de son traitement. Une activité modérée et régulière lui ferait le plus grand bien : marche, vélo… Certains aliments doivent être consommés avec modération, tels que ceux riches en lipides (charcuterie, fromage…), en sucre (gâteaux, sodas…) ou en sel (produits industriels…), dans le but de contrôler son poids. La consommation d’alcool devra aussi être diminuée. L’apport en fibres contenues dans les fruits ou les légumes pourra être augmenté, aidant ainsi à compenser la sensation de faim tout en lui apportant des vitamines. >>
Observance du traitement
Le patient a du mal à prendre son traitement par AVK. Vous pouvez lui conseiller de mettre plusieurs alarmes sur son téléphone (ou un Post-it sur le réfrigérateur) jusqu’à ce qu’il acquière le réflexe. Par ailleurs, si M. Maurin a bien reçu le carnet de suivi de traitement anticoagulant (édité par l’ANSM) lors de sa première délivrance d’AVK, il ne s’en est jamais servi. Cet entretien est donc l’occasion de le familiariser avec cet outil, pour l’aider à consigner ses résultats INR et les modifications
>>
Adhésion thérapeutique
Vous lui indiquez que le Préviscan lui a été prescrit suite à son infarctus, dans le but de fluidifier son sang, et ainsi prévenir une récidive. Il a bien compris l’intérêt du Préviscan, mais ne saisit pas l’utilité de faire régulièrement des analyses, et pourquoi le nombre de comprimés change tout le temps. Il désirerait prendre un comprimé entier par jour pour éviter toute erreur. Il est important de lui préciser que la prise de sang permet de mesurer son INR, valeur qui permet d’évaluer la fluidité de son sang. Cet examen devra être réalisé au moins une fois par mois, mais plus fréquemment dans son cas tant que son INR n’est pas compris dans sa valeur cible. Vous lui expliquez qu’elle doit être comprise entre 2 et 3. Si son sang est trop épais (INR < 2), il risque un nouvel accident thromboembolique. S’il est trop fluide, (INR > 3), il peut y avoir des saignements, des hématomes, voire une hémorragie. Vous lui indiquez enfin qu’il est préférable de faire évaluer son INR dans le même laboratoire, car les résultats peuvent varier selon le réactif employé. Son INR, et par conséquent la posologie de Préviscan, changent régulièrement : vous lui expliquez que c’est probablement dû à son manque d’observance. En effet, la prise de Préviscan doit avoir lieu tous les jours à heure fixe, de préférence le soir, afin d’ajuster la posologie le jour suivant si le résultat
>>
Que faire si… ?
>>
Bilan
Monsieur Maurin a compris l’intérêt de l’observance de son traitement, mais vous questionne à propos d’un oubli exceptionnel de Préviscan. Il faut lui répondre que s’il date de moins de 8 heures, il peut prendre sa dose journalière. Au-delà, il faudra qu’il saute la prise et aille faire mesurer son INR dans les jours suivants, afin de vérifier le retour à la normale de son temps de coagulation. Dans tous les cas, ne jamais doubler la dose ! Il vous demande ensuite quels sont les signes évocateurs d’un INR trop élevé, car il sait que certains aliments comme les choux, les asperges ou les tomates peuvent modifier son INR, et il adore la choucroute… Vous lui dites qu’il ne faut pas bannir ces aliments, mais qu’il suffit juste de ne pas faire d’excès et de bien les répartir. Ensuite, vous lui indiquez que les principaux signes d’un INR trop élevé sont des saignements des gencives ou du nez, un œil rouge ou un hématome cutané, la présence de sang dans les urines ou les selles (coloration noire), avec aussi une fatigue inhabituelle ou un malaise inexpliqué possiblement évocateur d’un saignement interne.
de posologie. Il vous répond qu’il va essayer de suivre vos recommandations et de contrôler ses excès. Il souhaiterait maintenant mieux comprendre son traitement anticoagulant, car il avoue ne pas avoir été très attentif aux explications de son médecin, ni à celles données au comptoir lors des précédentes dispensations.
Alimentation
Parmi les aliments les plus riches en vitamine K, on trouve le brocolis, le chou vert ou de Bruxelles, la choucroute, les épinards ou le fenouil. Ils peuvent conduire à une baisse de l’INR.
À la fin de l’entrevue, vous remplissez le questionnaire de la grille d’entretien et complétez le dossier patient. M. Maurin est déterminé à changer ses habitudes de vie et la prise de son traitement, dont il a bien compris l’intérêt ; vous pouvez donc le féliciter pour son implication. Vous pouvez prévoir de vous revoir d’ici quelques mois, et lui rappeler que vous êtes toujours disponible pour répondre à ses questions. Par ailleurs, M. Maurin se rend immédiatement chez son médecin car la posologie de Préviscan doit être ajustée. Caroline Charles, pharmacienne
mai 2013 - Pharma N°102 • 49
Nutrition
Levure de riz rouge, utilité et controverses Très réputée auprès des patients, commercialisée en pharmacie mais également sur Internet comme complément alimentaire, la levure de riz rouge a récemment été montrée du doigt. À tort ou à raison ?
L
Un statut variable selon les pays
La levure de riz rouge contient une substance, la monacoline K ou lovastatine, définie et commercialisée comme médicament dans certains pays, notamment aux États-Unis. Ce statut impose de répondre à certaines exigences, dont un dosage minimal actif, un contrôle de l’efficacité, le signalement des effets indésirables, les interactions médicamenteuses, les contre-indications et les précautions d’emploi. Or, en Europe, la levure de riz rouge est considérée comme un complément alimentaire. Les spécialités qui en contiennent ne sont donc pas soumises à ces obligations. Un flou persiste ainsi entre les produits existants : ils ne sont pas tous équivalents en composition. Par ailleurs, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) autorise l’allégation « contribue au maintien d’un taux normal de cholestérol » pour les compléments alimentaires
50 • Pharma N°102 - mai 2013
©© Claude Calcagno – fotolia
a polémique a débuté avec le signalement d’effets indésirables potentiels à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) en septembre 2012. Puis, en décembre 2012, le magazine Que choisir Santé éveillait l’inquiétude des patients via un article sur les compléments alimentaires à base de levure de riz rouge. En février 2013, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) publiait à son tour des mises en garde, notamment à l’égard des patients suivant un traitement hypocholestérolémiant. Dans ces conditions, est-il sûr de délivrer de la levure de riz rouge à la clientèle ? Réponses. contenant une dose minimale de 10 mg de monacoline K par jour… mais encore faut-il que le consommateur connaisse la composition de ce qu’il avale ! La levure de riz rouge est obtenue à partir d’un champignon microscopique appelé Monascus purpureus que l’on retrouve sur la culture de riz. Après deux semaines de fermentation du riz par la levure, l’ensemble est broyé puis mis en gélules. C’est grâce au pigment rouge produit par ce micro-organisme que l’on obtient la couleur finale. Dès 800 avant Jésus-Christ, les Chinois y recouraient pour des usages culinaires (conservateur, colorant, épice) et lui attribuaient la propriété de favoriser une bonne circulation du sang, de soulager l’indigestion et la diarrhée. En Asie, elle est actuellement utilisée comme colorant et rehausseur de goût dans diverses préparations et est toujours employée en médecine traditionnelle. La levure de riz rouge contient comme principaux actifs neuf
monacolines ou statines naturelles (de 0,3 à 3 %), dont la principale est la monacoline K, également connue sous le nom de mévinoline ou de lovastatine. La lovastatine a été la première statine approuvée comme médicament aux États-Unis. La levure de riz rouge renferme aussi des phytostérols, des isoflavones et des acides gras mono-inIl est préférable saturés. Par contre, elle peut contenir d’associer du de la citrinine, substance fabriquée par coenzyme Q10 à des moisissures dans certaines condila prise de levure tions de fermentation des céréales de riz rouge (dont le riz). Sa présence est à contrôler pour limiter en raison de sa toxicité rénale.
les raideurs musculaires liées à la prise de statines. Cellesci diminuent la synthèse tissulaire, hépatique et cardiaque du coenzyme Q10.
Une efficacité réelle sur certaines pathologies
Les monacolines ou statines naturelles sont, comme les statines de synthèse, des inhibiteurs de l’HMG-Co-A-réductase, l’enzyme responsable de la fabrication du cholestérol endogène dans le foie. Les autres actifs – phytostérols, isoflavones et acides gras – contribuent
à rééquilibrer les niveaux lipidiques sanguins, en particulier les triglycérides. Hypocholestérolémiante et hypolipidémiante, la levure de riz rouge améliore le ratio HDL/LDL. Selon des essais cliniques menés sur les médicaments à base de levure de riz rouge commercialisés en Asie, elle a aussi une action sur le système cardio-vasculaire, en réduisant les événements coronariens chez le diabétique de type II, le risque cardio-vasculaire chez les hypertendus et l’adipogénèse. La posologie recommandée varie de 600 à 2 400 mg de levure en 1 à 2 fois par jour, à prendre pendant le repas, ceci en raison de la variabilité de teneur en monacoline K. Cette posologie a été estimée à partir d’essais cliniques qui ont comparé la levure de riz rouge sous forme d’extrait normalisé en monacoline (4 % de monacolines, dont 2 % de monacoline K) à d’autres statines de synthèse : 1,2 g de cet extrait s’est révélé aussi efficace que 10 mg de simvastatine et 2,4 g d’extrait ont montré la même efficacité que 20 mg de pravastatine, sans ses effets indésirables. En Chine, les essais ont porté sur le produit Xuezhikang, dont le dosage contient 10 mg de monacoline K, avec des durées de quatre à vingt-quatre semaines.
Une consommation à surveiller de près
Les éventuels effets indésirables décrits sont similaires à ceux des statines : troubles digestifs, maux de tête, fatigue, vertiges, crampes, douleurs musculaires, sensibilité ou faiblesse musculaire inexpliquée au niveau des bras ou des cuisses, augmentation des enzymes hépatiques avec parfois des signes d’ictère. Au rang des contre-indications, on note la grossesse et l’allaitement, l’âge en dessous de 18 ans, les maladies hépatiques ou rénales, la dépendance à l’alcool, les troubles hémostatiques et les problèmes musculaires. Quant aux interactions médicamenteuses, elles concernent les autres traitements hypocholestérolémiants (statines, fibrates), les anticoagulants, le millepertuis et le jus de pamplemousse. La levure de riz rouge pourrait également interagir avec les médicaments diminuant son métabolisme : dérivés azolés (kétoconazole, itraconazole), ciclosporine, certains antibiotiques (macrolides), inhibiteurs de protéases. En Europe, la difficulté pour le consommateur vient de la grande variabilité de teneur en monacoline entre les produits commercialisés (voir tableau). Par
Exemple de spécialités Nom
Dosage LRR
Posologie Dosage Monacoline K
Citrinine
Autres composants
Levure de riz rouge Santé verte
600 mg/cp.
1 cp./j
2,6 mg/j
Non détectée
Coenzyme Q10, policosanol*, vitamine E, artichaut
Levure de riz rouge Solgar
600 mg/gél.
2 gél./j
Volontairement Non détectée non indiqué**
–
Levure de riz rouge Arkopharma
Extrait obtenu à partir de 3,1 g de levure
1 gél. /j
2,6 mg/j
Résultat non communiqué
–
Levure de riz rouge EA Pharma
750 mg/gel.
2 gél./j
3 mg/j
Résultat non communiqué
–
Levure de riz rouge Superdiet
200 mg/gel.
1 gél./j
3 mg/j
Résultat non communiqué
–
Cholestil Ineldea
312 mg/gel.
2 gél./j
10 mg/j
Résultat non communiqué
Extrait de grenade d’ajurna
Cholexpert Natural nutrition
187,5 mg d’extrait à 1,6 % de MK
1 gél./j
3 mg/j
Résultat non communiqué
30 mg de coenzyme Q10
(*) Actif hypocholestérolémiant issu de la canne à sucre. (**) Le laboratoire Solgar commercialise ses produits aux États-unis. Pour rester en dehors de la loi sur les médicaments, il ne peut indiquer le dosage en monacoline K.
ailleurs, sur l’ensemble de ces monacolines, la monacoline K ne représente que 50 % du total. Nombre d’auteurs s’accordent à dire que les effets hypocholestérolémiants et préventifs seraient additifs pour le totum (l’ensemble) des monacolines, voire synergique avec d’autres composants du produit comme par exemple les stérols… On comprend donc que le consommateur français ait du mal à s’y retrouver. Les compléments alimentaires à base de levure de riz rouge ne sont pas dosés de manière standard en monacolines.
De fait, leur posologie et leur activité thérapeutique sont peu précises et soumises à des effets de synergie entre les actifs. Les effets indésirables et les contre-indications sont non contrôlés, car ces produits sont le plus souvent en vente libre, ce qui rend encore plus indispensable le conseil et la vigilance des professionnels de santé. Un suivi médical est indispensable avec un contrôle régulier de l’état du foie (dosages des transaminases et autres marqueurs hépatiques). Géraldine Dupuis, pharmacienne
Ce que l’ANSM recommande Suite au signalement d’effets indésirables susceptibles d’être liés à l’utilisation de ces compléments alimentaires, l’ANSM s’est autosaisie en septembre 2012 de l’analyse des risques éventuels liés à leur consommation. Dans l’attente des résultats et en raison de la similarité de leurs effets avec ceux des médicaments de la classe des statines, l’ANSM recommande aux patients : • de ne pas considérer les compléments alimentaires à base de levure de riz rouge comme une alternative à la prise en charge médicale de l’hypercholestérolémie. Il est recommandé aux personnes qui en souffrent de consulter leur
médecin traitant avant d’utiliser un tel complément alimentaire ; • de ne pas consommer de produits à base de levure de riz rouge s’ils bénéficient déjà d’un traitement par statine, du fait d’un risque de surdosage ; • de ne pas prendre le relais par un complément alimentaire à base de levure de riz rouge s’ils ont dû arrêter un traitement par statine, du fait de leurs effets indésirables identiques ; • de ne pas consommer ce complément alimentaire s’ils prennent d’autres médicaments qui peuvent interagir avec les statines, notamment ceux de la famille des fibrates.
mai 2013 - Pharma N°102 • 51
Matériel et soins
Du neuf dans l’autosurveillance glycémique Quand on doit surveiller sa glycémie plusieurs fois par jour et se traiter à vie, toute aide est la bienvenue. Voici quelques pistes pour faciliter le quotidien de vos patients. » Le stylo intelligent
Les diabétiques traités par insuline acquièrent rapidement la technique pour procéder à l’injection et, en règle générale, ce geste fait partie de leur routine quotidienne. Le problème, c’est que le geste devient si habituel qu’il finit par ne plus être marquant… si bien que les patients peuvent oublier qu’ils ont procédé à leur injection. Pour remédier à cet inconvénient, le capuchon Timesulin s’adapte sur les stylos injecteurs les plus courants et affiche le temps écoulé depuis la dernière injection. Ce système de décompte se retrouve également sur le stylo Novopen Echo (Novo Nordisk). Celui-ci présente par ailleurs l’avantage d’indiquer, en plus du temps écoulé, la dernière dose administrée et le réglage peut se faire à la demi-unité. Conçu pour les enfants (le stylo peut être personnalisé au moyen d’autocollants), ce modèle est aussi à conseiller aux adolescents, adultes, voire seniors, qui ont besoin d’un petit aide-mémoire pour s’y retrouver dans leurs injections.
» La télémédecine sur iPhone
Attention, cette application est un dispositif médical ! Un logiciel en cours d’évaluation, non encore marqué CE, mais qui doit faire l’objet d’une prescription médicale et être activé par un professionnel de santé habilité. Diabeo 1 , disponible sur iTunes et compatible avec les smartphones Apple, est issu de la collaboration entre le Ceritd (centre d’études et de recherches pour l’intensification du traitement du diabète), Voluntis (fabricant du dispositif médical) et Sanofi. Le système s’adresse aux patients diabétiques de type 1 et 2 traités par insuline qui suivent un schéma basal-bolus. Il permet de disposer, d’une part, d’un carnet de surveillance électronique avec
52 • Pharma N°102 - mai 2013
1
3
toujours dans le but d’accompagner les diabétiques au quotidien. Les internautes peuvent ainsi se rendre dans la cuisine virtuelle 2 (www.cuisinevirtuelle.fr), un site interactif où l’on explore réfrigérateur et placards, compose son menu, calcule l’apport en glucides et obtient en retour une évaluation nutritionnelle personnalisée. Plus de 250 aliments sont proposés afin que les patients diabétiques de type 1, de type 2, mais aussi les personnes non diabétiques acquièrent de façon ludique des connaissances nutritionnelles. Les accros aux smartphones pourront se tourner vers l’application Gluci-Chek 3 , développée pour les patients traités par insuline. Disponible sur App Store et Android, cette appli permet d’évaluer la valeur nutritionnelle d’un repas et d’enregistrer les événements influençant la glycémie.
» Les résultats qualifiés
2 aide au calcul et à l’adaptation des doses d’insuline lente et rapide selon un algorithme personnalisé prescrit par le médecin ; d’autre part, de télétransmettre automatiquement les données vers l’ordinateur du soignant, avec la possibilité de consultations téléphoniques. Après avoir fait l’objet de deux études (TeleDiab-1 et 2) qui ont démontré de meilleurs résultats métaboliques pour les patients suivis via Diabeo, l’application propose une version validée pour l’étude de grande échelle Telesage.
» Le site et l’appli éducatifs
Côté alimentation, deux nouveautés sont proposées par Roche Diagnostics,
Surveiller sa glycémie lorsque l’on est diabétique est indispensable, mais la mesure seule n’est pas suffisante : elle doit être replacée dans son contexte, 4 notamment les repas et activités physiques. C’est ce qu’on appelle « qualifier Applications la glycémie », et c’est ce que propose pour 4 smartphones, le système d’ASG Contour Next i (Bayer). Ce lecteur de glycémie propose lecteurs hightech, conseils, au patient de spécifier si la mesure se fait à jeun, avant ou après le repas pour coaching, obtenir une glycémie qualifiée. Autre tout est bon pour améliorer avantage : si la quantité de sang dépol’observance. sée sur la bandelette est insuffisante, le patient a 30 secondes pour réappliquer du sang sur la même bandelette. La quantité de sang nécessaire est toutefois minime (0,6 µl). L’appareil calcule en outre les moyennes et les résultats comparés aux objectifs glycémiques sur les 7, 14, 30 et 90 derniers jours. Marc Bismuth, pharmacien
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Nouveaux produits
>> Zoom sur…
////////////////////////
˕˕Arrow Risédronate 75 mg Boîtes de 2 et 6 comprimés pelliculés Princeps : Actonel
Pylera
˕˕Biogaran Montélukast 5 et 10 mg Boîtes de 28 comprimés Princeps : Singulair Tramadol/paracétamol 37,5/325 mg Boîte de 20 comprimés Princeps : Ixprim
• Association fixe dans l’éradication d’Helicobacter pylori • Sous-citrate de bismuth potassique, métronidazole, chlorhydrate de tétracycline •F lacons de 120 gélules dosées à 140 mg/125 mg/125 mg •L iste I emboursable à 65 % •R •P rix public TTC : 60 € • Laboratoire Aptalis Pharma
Thérapie bismuthée de l’ulcère Pylera est une association fixe de trois molécules,
Les gélules doivent être avalées entières avec un
indiquée en association à l’oméprazole dans
grand verre d’eau, en particulier au moment du
l’éradication d’Helicobacter pylori et la prévention
coucher, afin de réduire les risques d’ulcération
des récidives d’ulcères gastroduodénaux chez
œsophagienne dus à la tétracycline. Pylera fait l’objet
les patients ayant un ulcère actif ou un antécédent
d’un plan de gestion des risques afin de surveiller
d’ulcère associé à cette bactérie.
les effets indésirables potentiels liés au bismuth.
Cette nouveauté constitue une alternative au schéma
En effet, celui-ci a été retiré du marché en 1975
habituel de trithérapie comprenant deux antibiotiques
en raison d’une toxicité neurologique avec risque
parmi amoxicilline, clarithromycine et imidazolé
d’encéphalopathies. Bien que le sel de bismuth
(métronidazole, tinidazole). L’ajout du sous-citrate
soit différent de ceux incriminés, à faible dose et
de bismuth potassique semble améliorer l’efficacité
pour une durée de prise courte, un programme
antimicrobienne bien que son mécanisme d’action
national de surveillance renforcée a été mis en
exact ne soit pas connu. Il s’agit donc ici d’une
place. La survenue de signes neurologiques au
quadrithérapie sans bêta-lactamine, permettant
cours du traitement impose par ailleurs un arrêt
une administration aux personnes allergiques à cette
immédiat de Pylera. Parmi les effets indésirables très
famille d’antibiotiques. Quatre prises quotidiennes
fréquents, on relève une dysgueusie notamment,
sont nécessaires : prise de 3 gélules après le petit
avec goût métallique, des troubles digestifs tels
déjeuner (accompagnée d’une gélule d’oméprazole
que diarrhées, nausées, selles anormales, dont selles
20 mg), de 3 gélules après le déjeuner, de 3 gélules
noires. Au titre des effets indésirables fréquents,
après le dîner (à nouveau avec oméprazole 20 mg)
on note des infections vaginales, une diminution de
et de 3 gélules au coucher, de préférence avec une
l’appétit, des céphalées, des sensations vertigineuses,
collation. Le traitement dure dix jours, soit un
des vomissements, des flatulences ou encore des
total de 120 gélules, correspondant à un flacon.
éruptions cutanées.
54 • Pharma N°102 - mai 2013
L’info des génériques
˕˕KRKA Mémantine HCS 10 mg Boîte de 56 comprimés pelliculés sécables Mémantine HCS 20 mg Boîte de 28 comprimés pelliculés sécables Princeps : Ebixa ˕˕Teva Éthinylestradiol/ levonorgestrel 30/150 µg Boîte de 63 comprimés pelliculés Princeps : Minidril Paracétamol 500 mg Boîte de 16 comprimés.
en bref… ////////////////////////
Desopop est un nouveau contraceptif progestatif, à 75 µg de désogestrel, à prendre en continu (laboratoire Effik) • Cayston, aztréonam en poudre pour solution pour inhalation par nébuliseur, indiqué dans le traitement des infections pulmonaires chez les patients atteints de mucoviscidose, est désormais disponible en ville • Majorelle propose deux contraceptifs de seconde génération (éthinylestradiol/ levonorgestrel) en schéma continu : Optidril 30/150 µg et Optilova 20/100 µg •
Nouveaux produits
Mylife Unio
Bébé confort
Karité nuit capillaire
Autosurveillance glycémique so smart
Nouvelle marque bébé en pharmacie
Bienfaits nocturnes
Mylife Unio associe dans son étui « SmartCase » lecteur, autopiqueur, bandelettes et lancettes, le tout pouvant être utilisé sans rien sortir de l’étui. Le flacon de bandelettes est plat et permet un gain de place et un compartiment a été prévu à l’arrière pour recueillir les bandelettes usagées. La mémoire peut aller jusqu’à 1 000 mesures, le raccordement PC se fait via le port USB, quatre alarmes sont programmables et le patient peut ajouter quatre marqueurs (pré- ou post-prandial, sport, maladie, spécial) pour chaque mesure.
Avec 95 % de notoriété sur le marché de la puériculture, c’est un poids lourd qui débarque à l’officine. Bébé Confort y propose désormais tétines et biberons Natural Comfort (tétine physiologique avec double valve et biberon verre ou plastique éco-designé), biberons Easy Clip (biberon qui se ferme en un clip) ou sucettes Dental Safe (forme réduisant la pression sur les mâchoires). Côté merchandising, un présentoir tourniquet sur roulettes et un présentoir de comptoir tourniquet sont prévus afin de montrer les produits de façon claire sans occuper trop d’espace.
Coffret initiation, prix pharmacien HT : 46,20 €, prix client Orkyn : 23,10 €, LPP : 73,22 € Ypsomed
Bébé Confort
Pour compléter sa gamme karité destinée aux cheveux secs ou abîmés, René Furterer propose Nuit capillaire, un soin nocturne sans rinçage riche de phospholipides, d’un complexe restructurant et d’un complexe anti-casse. Il associe par ailleurs l’huile et le beurre de karité, toujours issus d’une filière éthique. À conseiller en application deux à trois fois par semaine : répartir une noisette de crème dans le creux de la main, appliquer sur cheveux secs ou essorés, masser les longueurs et les pointes et laisser poser toute la nuit.
Tube de 100 ml Ppc : 21,90 € Pierre Fabre
Topicrem Apaisant
Hydralin Flora
Clarelux
Ligne pour peaux intolérantes
Probiotique in situ
Clobétasol en mousse
Topicrem étoffe sa ligne dédiée aux peaux hypersensibles. Quatre nouveautés arrivent sur ce segment : une crème apaisante déclinée en textures riche et légère, un fluide apaisant et une eau nettoyante. Toutes les formules sont enrichies en allantoïne (action apaisante) et glycérine (hydratation, préservation de la barrière cutanée).
Hydralin propose un probiotique visant à restaurer l’équilibre naturel de la flore vaginale et à prévenir la survenue de mycoses. Choisie pour sa capacité d’adhésion à la muqueuse vaginale, la souche Lactobacillus plantarum P17630 est présente à l’état naturel dans le vagin. À conseiller après un traitement de mycose, ou en prévention lors d’une prise d’antibiotique : une capsule vaginale par jour pendant six jours, puis une par semaine durant quatre semaines, le soir au coucher.
Mousse contenant du propionate de clobétasol, corticoïde topique d’activité très forte, Clarelux 500 µg/g est adaptée au traitement des dermatoses du cuir chevelu nécessitant un traitement corticoïde, tel le psoriasis. La mousse permet une apposition sur la zone affectée et ne réclame pas de rinçage. La durée de traitement est limitée à deux semaines consécutives, à raison d’une ou deux applications par jour.
Crème apaisante riche, légère et fluide apaisant : tube de 40 ml, ppc : 12 € Eau nettoyante visage et yeux, flacon de 200 ml, ppc : 9 € Topicrem
Boîte de 10 capsules vaginales Ppc : 16,90 € Bayer Healthcare
Flacon pressurisé de 100 g Liste I, remboursable à 65 % par la Sécurité sociale, prix public TTC : 14,67 € Pierre Fabre dermatologie
mai 2013 - Pharma N°102 • 55
Nouveaux produits
Chronobiane (PiLeJe), complément alimentaire à base de mélatonine pour réduire le temps d’endormissement et atténuer les effets du jet-lag.
Pour ses 175 ans, la marque Ricqlès habille d’un coffret collector son célèbre alcool de menthe.
Nouveau design pour les bracelets anti-insectes naturels de Pharmavoyage (Katadyn).
Lancement de Clarix Toux sèche à prédominance nocturne, associant dextrométhorphane et mépyramine (Cooper).
ne &breefn
Nouvelle charte graphique et look tonique pour la gamme antiseptique de Gifrer (28 références) qui fête ses 100 ans en couleurs.
s e g a im
Vetoform soin des yeux et des oreilles, boîtes de 12 unidoses pour chiens et chats, disponibles en présentoirs de comptoir.
Nouvelle sonde urinaire Colopast : SpeediCath Compact Set, pour auto- ou hétérosondage simple, hygiénique et discret.
Nouveau coloris Nude sur la gamme Voile invisible de Radiante. À noter également : un système inédit de taillage sur les produits de série. Vichy lance sa BB crème Idéalia déclinée en deux teintes et agrémentée d’un filtre UV SPF 25.
Cooper lance sa marque d’aromathérapie, Sencia. Dix-sept références d’huiles essentielles chémotypées pures et naturelles rassemblées en un présentoir et accompagnées de brochures explicatives. La BB Cream Aquasource de Biotherm promet hydratation, protection et couvrance, même aux peaux sensibles.
56 • Pharma N°102 - mai 2013
Le RS3 d’Omron, plus fin et plus compact, est équipé d’un indicateur d’installation correcte, d’un indicateur d’arythmie, et calcule la valeur moyenne de trois mesures prises en dix minutes.
Caudalie marie les ceps et le figuier dans une eau fraîche, figue de vigne, sur fond d’agrumes et de bois blond.
Dr. Comfort (DJO Global) s’enrichit d’une ligne de chaussures « haute couture » de 88 à 100 €. Ici, modèle Élise, talons de 6 cm, cuir pleine fleur orné d’éléments Swarovski.
Doc patient
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Votre première pilule
Vous débutez une contraception par pilule ? Pour compléter les informations données par votre médecin et votre pharmacien, cette fiche récapitule les points essentiels. plaquette, prévoir un autre mode de contraception pendant sept jours et recourir en plus à une contraception d’urgence, ou « pilule du lendemain ». Celle-ci est disponible sans ordonnance en pharmacie et peut même être délivrée gratuitement aux mineures. N’hésitez pas à en parler avec votre pharmacien.
˕˕Comment fonctionne-t-elle ? Chez la femme « en âge de procréer » (c’està-dire entre les premières règles et la ménopause), la vie est rythmée par les règles. Tous les 28 jours environ, un cycle démarre pour préparer le corps de la femme ou de la jeune fille à une éventuelle grossesse. Des modifications ont lieu au niveau de l’utérus et des ovaires, et aboutissent à la libération d’un ovule. Si cet ovule rencontre un spermatozoïde, il y a fécondation et une grossesse peut démarrer. Si ce n’est pas le cas, c’est le retour des règles et le début d’un nouveau cycle. Toutes ces modifications sont sous l’influence des hormones féminines, l’œstrogène et la progestérone. Le fonctionnement de la pilule contraceptive est très simple : elle apporte tous les jours une quantité précise d’hormones qui vont empêcher ce cycle de se mettre en route. La pilule va ainsi bloquer l’ovulation et créer un environnement défavorable pour les spermatozoïdes. ˕˕Comment la prendre ? La pilule contraceptive est un médicament qui doit être pris quotidiennement, au même moment de la journée. Cette régularité est importante car c’est elle qui garantit l’efficacité de la contraception. En pratique, le plus simple est de choisir un moment de la journée ou une heure précise, et de se créer un rituel qui permettra de penser à la prendre tous les jours. Par exemple, le matin après le petit déjeuner et avant de se brosser les dents, ou le soir avant de passer à table… N’hésitez pas à mettre une alarme sur votre téléphone car si vous l’oubliez, elle risque de ne pas être efficace ! Selon la pilule prescrite, la prise se fait durant 21 jours, avec un arrêt d’une semaine entre deux plaquettes, ou en continu. ˕˕Que faire en cas d’oubli ? Omettre sa pilule, c’est s’exposer à un risque de grossesse non désirée, il ne faut donc pas le prendre à la légère. Heureusement, il y a des solutions pour toutes les situations ! Il faut d’abord connaître le délai au cours duquel vous pouvez « rattraper » la prise de pilule oubliée. La plupart du temps, c’est un délai de 12 heures, mais parfois c’est moins ; mieux vaut donc se renseigner avant.
˕˕Pilule et infections
sexuellement transmissibles
La pilule est un moyen de contraception, mais elle ne protège pas des infections sexuellement transmissibles (IST), dont le sida. La seule méthode efficace pour se protéger des IST, c’est le préservatif ! Associer préservatif et pilule contraceptive est donc un bon moyen de ne prendre aucun risque, pour que la sexualité reste un plaisir et non une source d’inquiétude.
˕˕Les autres modes de contraception
D’autres méthodes que la pilule sont disponibles et l’essentiel est que chaque femme trouve celle qui lui convienne. On pourra par exemple citer l’implant, l’anneau vaginal, le patch, les dispositifs intra-utérins (« stérilets »), les préservatifs masculin et féminin, les spermicides, le diaphragme…
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Cette fiche vous est offerte par la revue pharma • à photocopier et à distribuer à vos patientes
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Si l’oubli date de moins de 12 heures (ou moins selon votre pilule), il faut prendre immédiatement le comprimé oublié et poursuivre la plaquette normalement. Si le délai de 12 heures est dépassé (ou moins selon votre pilule), la contraception n’est plus garantie. Il faut prendre tout de suite le comprimé omis, continuer la plaquette normalement, et prévoir en plus un autre moyen de contraception pendant sept jours (préservatif par exemple). Si le délai est dépassé et que vous avez eu des relations sexuelles dans les jours précédents ou le jour même, il faut prendre le comprimé oublié immédiatement, poursuivre la
˕˕Votre suivi médical Comme tous les médicaments, la pilule contraceptive peut avoir des effets indésirables. Des rendez-vous réguliers avec le médecin permettent de faire le point et de s’assurer que vous tolérez bien votre pilule. Si c’est le cas et que vous en êtes satisfaite, ce sera l’occasion de faire renouveler l’ordonnance. Sinon, vous pourrez envisager ensemble une autre pilule ou une autre méthode. Pensez à reprendre rendez-vous avant d’avoir fini votre dernière plaquette !
Pour plus d’infos • www.contraceptions.org • www.choisirsacontraception.fr • www.mapremierepilule.com
« … médecin russe, je suis devenue pharmacienne française » es
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e suis arrivée en France en 2006. Titulaire d’un diplôme d’ophtalmologie médicale, j’exerçais depuis près d’un an en Russie mais le salaire était si bas que j’ai décidé de venir tenter ma chance dans l’Hexagone. Il faut savoir que les médecins russes, à l’exception notable de Moscou, ne gagnent que 200 € par mois. J’ai commencé comme fille au pair dans plusieurs familles de la région parisienne. J’avais pour ambition d’économiser pendant quelque temps avant de reprendre mon activité médicale. Le destin en a décidé autrement… Je me suis en effet rendue compte qu’il était très difficile de faire valider mon diplôme de médecin ophtalmologiste. La Russie n’étant pas membre de l’Union européenne, on me proposait pour seule équivalence le bac. Un peu léger pour six ans d’études ! Faute de papiers, je suis restée trois mois en situation irrégulière. Dès 5 heures du matin, je faisais le pied de grue devant la préfecture pour obtenir des papiers. Par chance, j’ai rencontré pendant mes années de fille au pair mon compagnon, qui est pharmacien. C’est lui qui m’a poussée à m’inscrire en première année de pharmacie. Là encore, ce ne fut pas simple. Le doyen ne validait mon inscription qu’à condition que mon visa soit renouvelé par la préfecture… qui, de son côté, acceptait de refaire mon visa uniquement si la faculté m’autorisait à m’inscrire ! Finalement, le doyen s’est montré conciliant en acceptant une pré-inscription, qui a permis à la préfecture de transformer mon visa touristique en visa étudiant. Une première victoire mais le dur combat de l’intégration n’était pas terminé pour autant. La première année a été un cauchemar. Je parlais à peine le français, je devais enregistrer les cours et les traduire mot à mot le soir pour parvenir à les comprendre. Pour ne rien arranger, les méthodes de travail et d’apprentissage sont radicalement différentes de celles en vigueur en Russie. J’ai logiquement redoublé la première année. J’en ai pleuré de rage. À force de travail et d’abnégation, j’ai eu ma première année. La poursuite des études n’a pas été plus facile puisque j’ai accouché de mon premier enfant à quinze jours d’un examen ! J’ai également dû apprendre l’anglais que je
58 • Pharma N°102 - mai 2013
©© D.R.
le jour où…
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Olga Romanova, médecin en Russie, est repartie de zéro en France. Malgré les obstacles administratifs et la barrière de la langue, elle est devenue française et pharmacienne. Récit d’une intégration réussie.
n’avais jamais pratiqué auparavant. Dernier obstacle à franchir pour être pharmacienne : obtenir la nationalité française. Là encore, ce fut un véritable parcours du combattant. J’ai dû effectuer de nombreux allers-retours en Russie pour y récupérer des papiers, prouver la véracité de mes diplômes. Malgré la complexité de l’administration française, j’ai finalement obtenu le précieux sésame. Il ne me restait plus qu’à effectuer mon stage de dernière année. J’ai frappé à beaucoup de portes mais peu de pharmaciens m’ont accepté. Il faut dire qu’une Russe blonde de 1,80 m véhicule beaucoup de clichés ! C’est finalement dans l’Oise que j’ai trouvé une pharmacie. Autre défi de taille : avec mon compagnon, nous avons signé le compromis de vente de ma future officine alors que je n’étais pas encore diplômée. J’ai travaillé jour et nuit pour soutenir ma thèse en mai et passer mon examen en juin… avant de m’installer le 1er octobre 2012. Je suis sans doute la première de ma promo à l’avoir fait ! Aujourd’hui, je suis fière de tout ce que j’ai accompli. J’aime mon nouveau métier et j’entretiens de très bons rapports avec mon équipe et ma patientèle. Et lorsque je regarde mon parcours universitaire français, je trouve complètement fou d’avoir accompli toutes ces années d’études sans savoir si un jour je pourrais travailler dans ce pays ! »