Congrès de la Société Française d’Ophtalmologie
DOSSIER
5 CRSC aiguës et chroniques Innovations thérapeutiques Dr Guillaume Leroux Les Jardins*
Introduction Le Pr Francine Behar Cohen (groupe hospitalier Cochin-Hôtel-Dieu, unité INSERM UMRS 872) a présenté ses travaux expérimentaux et cliniques originaux et innovants sur la choriorétinite séreuse centrale (CRSC) : ils permettent d’établir un lien entre les corticoïdes et la CRSC via l’activation du récepteur minéralocorticoïde. Ces travaux ont fait l’objet de plusieurs communications (1, 2) et de communications orales à la Macular Society, à l’ARVO et à l’American Academy of Ophthalmology.
Physiologie des stéroïdes et implication rétinienne
Elle a d’abord fait quelques rappels sur la physiologie des stéroïdes et leur implication au niveau rétinien. Les corticoïdes sont des hormones synthétisées par la glande surrénale à partir du cholestérol. On distingue classiquement les glucocorticoïdes (chef de file : cor*Hôpital Hôtel-Dieu, groupe hospitalier Cochin-Hôtel-Dieu, Paris
tisol) et les minéralocorticoïdes (chef de file : aldostérone). Ces hormones agissent en se liant aux récepteurs glucocorticoïdes (GR) et minéralocorticoïdes (MR). Chez l’animal, le MR est présent au niveau de la neurorétine, de l’épithélium pigmentaire rétinien et de la choroïde. L’activation du MR au niveau des vaisseaux choroïdiens par une injection intravitréenne d’aldostérone ou de fortes doses de glucocorticoïdes entraîne une dilatation des vaisseaux choroïdiens et une hyperperméabilité de ces vaisseaux. La CRSC pourrait être secondaire à une activation anormale du MR des vaisseaux choroïdiens par les corticoïdes (1).
Traitement par un antagoniste du récepteur MR
Le Pr Behar-Cohen a ensuite présenté les résultats d’une étude clinique préliminaire réalisée sur treize patients atteints de CRSC chronique, traités par un antagoniste du récepteur MR (éplérénone ; INSPRA®) par voie orale à la dose de 50 mg/j. L’éplérénone est utilisé en cardiologie dans les insuffisances cardiaques. Une sur-
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2013 • vol. 7 • numéro 65
veillance de la kaliémie est nécessaire au démarrage du traitement. Le traitement a permis une résolution du décollement séreux rétinien dans 69 % des cas après trois mois. Trois patients n’ont pas répondu au traitement. La dose et la durée du traitement restent à définir. Aucun patient n’a présenté d’effet secondaire avec notamment une kaliémie qui est restée normale dans tous les cas (2). Une étude randomisée et contrôlée est actuellement en cours pour permettre d’évaluer l’efficacité des antagonistes du récepteur minéralocorticoïde, qui pourraient alors compléter l’arsenal thérapeutique n des CRSC chroniques.
Mots-clés : CRSC, Corticoïdes, Récepteur minéralocorticoïde, Antagoniste
Bibliographie 1. Zhao M, Célérier I, Bousquet E et al. Mineralocorticoid receptor is involved in rat and human ocular chorioretinopathy. J Clin Invest 2012 ; 122 : 2672-9. 2. Bousquet E, Beydoun T, Zhao M et al. Mineralocorticoid receptor antagonism in the treatment of chronic central serous chorioretinopathy: a pilot study. Retina 2013.
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