Le potentiel des espaces résiduels dans la ville de demain

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Auteur: Fanny Boereboom Promotrice : Cécile Vandernoot

Le potentiel des espaces résiduels dans la ville de demain Etude de cas selon l’évènement Parckdesign 2014

UCL - Faculté d’architecture, d’ingénierie arcitecturale, d’urbanisme (LOCI) - Architecture Saint-Luc Bruxelles Mémoire présenté en vue de l’obtention du diplôme de master en architecture. Année 2015-2016





Auteur: Fanny Boereboom Promotrice : Cécile Vandernoot

Le potentiel des espaces résiduels dans la ville de demain Etude de cas selon l’évènement Parckdesign 2014

UCL - Faculté d’architecture, d’ingénierie arcitecturale, d’urbanisme (LOCI) - Architecture Saint-Luc Bruxelles Mémoire présenté en vue de l’obtention du diplôme de master en architecture. Année 2015-2016


Un grand merci à ma promotrice pour l’aide apportée à la réalisation de ce mémoire et une pensée pour mes parents, John Boereboom, Christiane Schweitzer et mon frère Robin Boereboom pour leur soutien durant mes études d’architecture.


Avant-propos

En tant que future diplômée en architecture de la faculté SaintLuc, j’ai été particulièrement interpellée par l’approche urbanistique sensible et participative de « Parckfarm », l’édition 2014 de la biennale Parckdesign dédiée à l’expérimentation de nouveaux aménagements d’escapes publics à Bruxelles. Cette expérience urbaine m’a en effet motivée à me pencher sur la question des espaces résiduels qui touchent ici à tous les lieux vacants en ville, les délaissés ou « non-lieux » qui ont été consumés et marginalisés suite à un processus accéléré de transformation du territoire en constante évolution. Il est clair que les espaces résiduels touchent des questions très larges en terme de réhabilitation du territoire. Cependant, ce mémoire se limitera au champ d’action des espaces issus de la désindustrialisation dont principalement Parckfarm qui fut un moteur considérable dans ce travail lors des visites du site et de la rencontre avec les acteurs engagés de ce projet. Voilà donc deux années déjà que ces lieux « en pause » me travaillent et que je m’interroge sur leur intégration en ville. A mon sens, réactiver ces espaces est une question pertinente et actuelle puisque ces « curiosités » en ville influencent l’image que l’on se fait de notre environnement et impactent directement la dynamique de certains quartiers. Alors que mes années d’études m’ont conduite à réaliser de nombreux projets « en dur » et à répondre à des « commandes », des listes programmatiques définies ou projetées sur une étude du territoire très vaste, ma question aborde ici une toute autre

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démarche : celle qui précède l’attribution d’une fonction « rigide » à ces espaces « en transition ». Le terme en transition sous entend directement un entre deux, un changement d’usage et d’usagers et c’est bien cette question qui m’intéresse. Les solutions de référence qui seront abordées via Parckdesign 2014, ne sont pas dans l’ensemble des projections « en dur » mais se rapprochent sans aucun doute de l’expérimentation temporaire pour permettre la politique de « tous les possibles ». De tels projets ne relèvent donc plus de commandes que l’architecte se plie à bâtir pour un client. Ils se rattachent davantage à des processus complexes qui créent une approche différente du site ainsi qu’un dialogue entre une multitude de couches d’acteurs auxquels l’architecte doit apprendre à se questionner. C’est à juste titre la position de l’architecte, en tant que créateur et concepteur face à cette nouvelle dynamique urbaine de « faire la ville » aujourd’hui, qui me semblait intéressante à dégager suite à mon bagage architectural. Dans cette optique, l’exercice d’écriture du Mémoire a été un premier pas pour m’aider à exprimer ma curiosité pour les lieux dits résiduels et pour les nouveaux processus de création de la ville.

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Sommaire

MISE EN CONTEXTE 1/ EXPOSITION DU PROBLEME ET DES QUESTIONS D’UNE JEUNE ET FUTURE ARCHITECTE

p. 11

2/ LES ESPACES RESIDUELS

p.15

3/ PARENTHESE A L’ETRANGER

p.37

PARKDESIGN 2014 4/ EVOLUTION D’UNE JEUNE BIENNALE

p.55

5/ CONTEXTE DE PARCKDESIGN 2014

p.59

6/ OBSERVATION Rencontre avec les faiseurs de vie

p.67

7/ CONCEPTION

p.75

8/ REALISATION

p. 99

9/ PROJECTION

p.117

10/ CONCLUSION

p.125

11/ REPORTAGE PHOTOS

p.129

12/ BIBLIOGRAPHIE

p.131

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EXPOSITION DU PROBLEME ET DES QUESTIONS D’UNE JEUNE ET FUTURE ARCHITECTE Aujourd’hui, la grande majorité des villes contemporaines sont confrontées à un défi démographique important. Elles sont contraintes simultanément à gagner en densité et à croître inexorablement. Cette occupation irréfrénable du sol soustrait en périphérie toujours plus d’espaces à la campagne et engendre au sein même des agglomérations une pression sur les espaces publics qui participent à la coalition des quartiers et à la qualité de la vie urbaine. Cependant, le long de ce perpétuel et complexe processus d’occupation du territoire et de transformation, se créent des espaces marginalisés, indéterminés, immiscés entre les mailles du tissu urbain : les espaces résiduels. A ce jour, le potentiel de tels espaces inexploités est en grande majorité ignoré. La première partie de ce travail sera consacrée à l’approche d’une vision globale des espaces résiduels au vu de la complexité du sujet, en ciblant un intérêt particulier sur les délaissés en métropole en attente d’un projet. Selon moi, la question de ces espaces dans nos villes offre une réelle opportunité pour répondre à un besoin actuel d’espaces libres, ouverts, donnés aux acteurs de la ville. Ce sujet appelle ainsi à de nouvelles méthodes dans l’approche urbanistique qui seront développées en conséquence tels que l’expérimentation temporaire, la participation citoyenne ou encore l’utopie des communs. Si cette réflexion sera dans un premier temps illustrée par des interventions en Belgique, une parenthèse sera consacrée à des projets à l’étranger (Allemagne, France, Angleterre...) qui viendront compléter les différentes expériences de tous les possibles des résiduels qui ont déjà été testées.

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Dans un second temps, la deuxième partie de ce mémoire portera sur une analyse critique du défi qu’a été Parckfarm, un exemple coup de coeur dans ma ville natale, Bruxelles, qui inspira ce mémoire et qui semble répondre à cette nouvelle dynamique urbaine. J’aborderai les prémices de cette jeune biennale, son intérêt pour la thématique de l’agriculture urbaine dans l’édition 2014 ainsi que son contexte influencé par un schéma directeur d’un nouveau parc évolutif projeté sur le site de Tour & Taxis. Ensuite, différents chapitres approcheront les différentes phases qui ont rythmé ce projet dans son expérimentation telles que : - l’observation du contexte et la rencontre des faiseurs de vie ainsi que leur position adoptée en début de projet, - la conception du projet grâce au dialogue avec les habitants et l’analyse du choix des lots à réaliser qui ont fait l’objet d’un concours, - la réalisation de l’ensemble des interventions temporaires (implantations, programmes, accès, réseaux...) - et enfin, la projection dans le temps ou comment passer de l’éphémère à la durée dans ce type de projet et les clefs de réussite d’une telle expérience. Le processus de conception, la multidisciplinarité des acteurs et leurs différents degrés d’intervention tout au long du projet, sont ainsi autant de pistes à resituer dans leur contexte, à développer et à questionner: en particulier celle du rôle du concepteur qui doit se positionner sur ce que veut dire « faire de la conception dans ce type de processus » et « quelles démarches ces espaces invitent à réaliser ». Ce mémoire est ainsi une première réflexion personnelle sur le cas des espaces « en transition » en ville en s’appuyant sur les questions suivantes : - Quel est le potentiel de ces espaces dans la ville de demain ? - Quelles sont les interventions possibles dans ces lieux ambigus qui ne sont plus intégrés aujourd’hui dans l’espace urbain — ou — comment peuvent-ils être réactivés ? Quels sont les outils à la disposition des architectes/urbanistes/créateurs ? - Quid de l’évolution dans le temps de ces nouvelles occupations ?

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Avant tout, mon intention n’est pas d’établir des « recettes » à suivre au vu de la grande diversité de tels espaces, mais bien de saisir au mieux la qualité et l’intérêt de nouvelles expériences urbanistiques que nous offrent les résiduels à travers de multiples expériences dont en particulier la réponse de Parckdesign 2014.

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LES ESPACES RESIDUELS

Apprivoiser la notion d’espaces résiduels Il est difficile de définir de manière univoque la notion d’espace résiduel au vu de la multiplicité des termes utilisés dans la littérature. On parle de terrain-vague, d’in-between, de (micro-) friches, ou encore de Tiers Paysage1 abordé par Gilles Clément. Cette diversité d’appellation montre la difficulté d’identifier ces espaces en catégories solides. Cependant, ils peuvent clairement se distinguer des vides en ville. En effet, si les places, rues, ruelles cours intérieures, jardins publics/privés et autres patios, composent et structurent l’espace urbain (rassemblement, connexion, déambulation), les espaces résiduels sont quant à eux une fracture dans la ville, des espaces en excès, comme l’indique le terme résidu du latin residuus : qui reste.

1. Définition de Gilles clement dans son « Manifeste du Tiers Paysage » : « Fragment indécidé du jardin planétaire, le Tiers Paysage est constitué de l’ensemble des lieux délaissés par l’homme. Ces marges assemblent une diversité biologique qui n’est pas à ce jour répertoriée comme richesse. », p.1- en ligne : <http://www.gillesclement.com/ fichiers/_admin_13517_tierspaypublications_92045_manifeste_du_tiers_paysage.pdf>

Une multitude de dynamiques peuvent être responsables de l’apparition de ces espaces vacants. L’expansion des villes L’expansion des villes reste une des causes prépondérantes dans l’apparition des résidus. En effet, depuis l’évolution des réseaux d’infrastructure, de nouveaux quartiers résidentiels ont pu se développer dans des zones au-delà des anciens périmètres urbains habituels. Ce développement des réseaux a ainsi déplacé les activités principales en périphérie et a connecté de nouveaux lieux. Ceci, en dessinant de nouvelles trames qui, depuis l’ère post-industrielle, pose le problème de la réhabilitation de zones de production obsolète ainsi que des tracés routiers et

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ferroviaires mis hors d’usage. Par ailleurs, cette expansion sur un territoire toujours plus vaste a progressivement effacé les limites claires entre ville et campagne. Aujourd’hui, cette problématique renvoie aux notions de ville-diffuse, ville-campagne, ville-territoire qui affectent une grande partie des métropoles dans le monde. La destruction, les catastrophes Lors d’évènements tragiques du propre de l’homme (pillage, vandalisme, guerre) ou lors de catastrophes naturelles, la redynamisation urbaine est parfois lente et financièrement fort coûteuse. La réhabilitation de tels lieux est particulièrement douloureuse et invoque des processus d’urgence qui se distinguent de ceux employés dans la réhabilitation des « micro-friches ». L’abandon Dans le cas d’un événement violent/imprévu, certains propriétaires sont entrainés à fermer de force ou de manière délibérée un site qui continuera dans le temps à se définir par l’activité dont il est orphelin. En effet, il est courant dans nos villes de qualifier ces sites abandonnés par des noms qui évoquent leur usage disparu. Exemple : « l’ancienne friche de l’aciérie », « la caserne Niel », etc.

La Caserne Niel à Bordeaux - en ligne : <http://sophie-marie-inspirations.blogspot.be/search?updated-max=2013-0415T06:30:00%2B02:00&max-results=7&start=56&by-date=false>

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Ces processus de transformation du territoire ne doivent cependant pas être vus comme la mort de ces sites, mais comme une interruption de l’équilibre urbain qui engage ces espaces à adopter une nouvelle forme, un nouvel usage, et acquérir un nouvel équilibre. Cependant, la transition vers une nouvelle affectation prend parfois du temps à se mettre en place. Pour quelles raisons ? D’un côté, l’attente de valorisation immobilière et la programmation d’une fonction future qui doit encore être trouvée ou l’exercice de celle-ci qui se fait attendre (complications financières, difficultés techniques, imprévus dans le processus d’organisation) freinent principalement le processus d’intégration de ces espaces en ville. En effet, la réalisation de la majorité des projets d’aménagement est souvent précédée d’une longue phase de planification généralement imprévisible et incertaine. Entre-temps, les espaces de ces (re)développements restent vacants et semblent inutiles du point de vue du cycle économique, ce qui est difficilement acceptable étant donné les problèmes qu’entraine la pression démographique. D’autre part, il faut relever que la plupart des espaces résiduels sont victimes d’une pollution des sols importante. Ce problème souvent partagé, ralentit le processus de réactivation de tels espaces et reste un obstacle majeur pour les promoteurs. Les coûts considérables que certains sites demandent pour être nettoyés les rendent ainsi peu attrayants dans le business immobilier et ne font pas de ces sites une priorité dans leur politique d’investissement. La poétique des lieux en suspens : des espaces vivants Que ce soit des lieux publics, privés, étendus ou non, la plupart des espaces résiduels sont donc en veille, en attente : il sont dans une période de transition. Suspendus entre deux processus d’intégration, de leur formation à leur réhabilitation, ils sont caractérisés par une temporalité propre et unique, qui ne correspond plus aux rythmes des dynamiques urbaines. Au contraire, l’écoulement du temps se rapproche davantage nostalgique-

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ment à celui dicté par la nature qui reprend lentement ses droits. Après un long processus de métamorphose, on peut même y démarquer une étonnante biodiversité : de nouveaux types de vies végétales et animales s’y animent et viennent modifier progressivement les valeurs esthétiques de ces espaces.

Photos?

Chancre industriel, Charleroi, photo de l’étudiante [01.03.2016]

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D’autre part, ces lieux marginalisés sont souvent mal perçus par les riverains car ils subissent fréquemment des activités peu licites et indésirables. Ils peuvent dès lors être source d’insécurité, d’insalubrité pour cause d’actes de vandalisme, de contrebande, de pillage et de squatteurs peu scrupuleux. D’où une mauvaise perception dans l’imaginaire collectif de certaines collectivités locales, qui créée une frontière et accentue davantage une rupture à l’égard de ces espaces en marge de la société. Mais les espaces résiduels attirent aussi de nouvelles formes artistiques en réponse aux limites, à l’homogénéité oppressante et à la liberté sous contrôle qu’offre la ville. C’est en particulier parce qu’ils dégagent une sensation opposée à l’ordre et à la sécurité, que de nombreux graffeurs et autres artistes y viennent pour s’exprimer à l’abri des regards…En se détachant des règles classiques, ils éveillent donc bien souvent une atmosphère particulière, voire une dimension esthétique et poétique qui séduisent entre autres de nombreux écrivains, photographes, philosophes et architectes/urbanistes.

Projet artistique de l‘artiste français JR ‘The wrinkles of the city/Shanghai» (2010). Collages photographiques de portraits de seniors véhiculant comme message l’importance de ne pas oublier ce que les anciens ont à transmettre au plus jeunes - en ligne : <http://www.jr-art.net/fr/projets/the-wrinkles-of-the-city-shanghai>

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Projet d’aménagements utopique de chancres urbains à Bruxelles (1995): vision poétique de la rue des Alexiens selon Luc Schuiten - en ligne : <http://www.vegetalcity.net/topics/jardins-verticaux/>

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Vers une future réhabilitation Les espaces résiduels ne sont pas selon moi des lieux vides et inactifs, dépourvus d’usage, mais des ressources potentielles et poétiques capables de déclencher des modifications intéressantes d’un point de vue spatial, économique, culturel, social ou environnemental dans la planification de futurs espaces urbanistiques. De plus, leurs statuts uniques pourraient offrir la possibilité aux acteurs des paysages urbains de demain d’expérimenter de nouvelles affectations en ville, de nouvelles activités spontanées et créatives qu’ils inspirent. En Belgique par exemple, plusieurs expériences ont déjà été menées à bien et illustreront la suite de ce développement. Réaménagement planifié Une réponse à de nouveaux besoins actuels

2. La Charte d’Athènes a constitué l’aboutissement du IVe Congrès international d’architecture moderne (CIAM) en 1933 sous l’égide de Le Corbusier. Le thème en était « la ville fonctionnelle ». Urbanistes et architectes y ont débattu de nombreux concepts largement adoptés dans leurs efforts pour reconstruire les villes européennes après la Seconde Guerre Mondiale. Définition en ligne : <https://fr.wikipedia. org/wiki/Charte_d%27Athènes>

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Un besoin de bien être, de retour au vert, a grandi dans notre société comme remède face aux défis actuels que rencontrent les villes tels que la pollution, les inégalités sociales, la pression démographique et l’expansion des villes qui asphaltent les derniers terrains libres et empiètent sur les cultures agricoles. Si l’urbanisme des villes européennes a longtemps été influencé par la Charte d’Athènes2, qui a réduit tout un temps l’aménagement paysager des villes à des espaces « verdurisés » , la demande sociétale actuelle cherche à satisfaire un sentiment « écologique » et à disposer d’espaces échappant à la « fréPotager expérimental et collectif sur la terrasse de la Bibliothèque Royale de Belgique (2012) - en ligne : nésie et au chaos » <http://www.potage-toit.be/?page_id=274> de la métropole.


En effet, on constate un nouveau regain d’intérêt d’une majeure partie des citoyens des grandes métropoles à partager leur passion des jardins et des potagers, à revenir vers des espaces ouverts et respirants et à valoriser et conserver les parcs urbains. Ces besoins actuels poussent à repenser les aménagements et à tisser des liens entre le végétal et l’urbain. Ainsi, les espaces résiduels sont sans aucun doute une chance pour répondre à ce nouveau besoin « d’espace vert ». Réhabiliter ces espaces pour la collectivité permettrait de revaloriser ces « écrins » éparses dans les villes et de générer de nouvelles dynamiques entre quartiers et locaux. Ceci, bien évidemment en fonction des besoins et des demandes qui ne sont pas toujours les mêmes selon le contexte environnant. A Anvers par exemple, l’aménagement d’un ancien site ferroviaire à l’abandon3 qui était considéré comme une «zone de développement urbain» sur le plan régional, a transformé l’image et la dynamique de la ville et de tout un quartier. Une enquête auprès des locaux diagnostiqua dans un premier temps l’envie d’espaces libres, lumineux et verts. Aujourd’hui un parc permanent de plus de 11 hectares habite ce lieu dont le succès ravit tous La vaste friche ferroviaire qui isolait autrefois les quartiers nord-est d’Anvers - en ligne : <http://www. les acteurs qui y ont urbislemag.fr/anvers-un-parc-pour-changer-d-imageparticipé. billet-34-urbis-le-mag.html#sthash.A6K5IPto.dpuf>

3. Park Spoor Noord, site officiel - en ligne : <http:// cargozomerbar.be/cargo/parkspoor-noord/>

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Parc Spoor Noord Architectes et urbanistes Bernardo Secchi et Paola Vigano, Anvers, inauguration en 2008 prix Thuis in de Stad du gouvernement flamand pour les projets innovants en 2009 prix Bouwheer 2009 du Bouwmeester flamand prix UDiTE Knowledge sharing award européen dans la catégorie ‘Environmental WellBeing’ - en ligne : < https://www.facebook.com/Parknoord/photos/a.421275997917643.104231. 187455027966409/421276014584308/?type=3&theater>


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4. NEVEN, Rik, « Bernardo Secchi s’en est allé » - en ligne (16.09.2014) : <http://www. architectura.be/fr/newsdetail.asp?id_tekst=6762&content=Bernardo+Secchi+s’en+est+allé>

Voici comment feu Bernardo Secchi, l’un de ces concepteurs principaux, le voyait4 : Le Parc Spoor Noord voulait avoir un important effet urbain non seulement sur le terrain ferroviaire à l’abandon, mais aussi sur les quartiers autour du parc et sur la ville. Les différents rôles que peut jouer le parc se retrouvent dans le slogan : «villages et métropole» : un parc pour toute la ville, important pour la région métropolitaine et au-delà, un parc pour les activités quotidiennes du voisinage. Notre principale idée est que le parc constitue un espace social, un espace libre, qui donne aux habitants la possibilité d’être actifs et d’engranger des expériences. La réhabilitation planifiée des « résidus » ouvert au public est donc une chance de valoriser les zones urbaines qui y sont attachées. Ces espaces participent ainsi au facteur d’attractivité de l’espace vécu pour les habitants, visiteurs et autres usagers quotidiens. Ils rendent possible la réconciliation entre les citoyens attachés à leurs quartiers et les promoteurs en quête de rentabilité immobilière, puisque ils revalorisent l’image même de tout un contexte qui génère de nouvelles opportunités (densification grâce à de nouveaux acheteurs et investisseurs, rénovation des bâtiments en bordure, etc.). Cependant, cette nouvelle identité ne doit pas nuire, ni à l’essence-même de certains quartiers, ni aux habitants déjà présents, si ceux-ci ne nuisent pas à la collectivité. Il est trop courant en effet que des communes s’emploient à « redorer » certains arrondissements par des projets ambitieux et forts coûteux afin d’attirer une nouvelle population plus aisée à celle qui existe déjà sur place. Ici, la démarche souhaitée n’est donc pas l’embourgeoisement de la ville et l’augmentation des loyers mais plutôt la chance de répondre à des besoins qu’exprimeraient les locaux dans une politique de revalorisation des quartiers.

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L’activation temporaire : Les clefs d’une nouvelle approche urbaine Position de l’architecte La singularité des lieux en suspens en ville peut faire naître différentes émotions. Certains éprouvent une sorte de nostalgie de l’usage qui n’est plus, voire un sentiment d’empathie et romantique pour des sites désaffectés où le temps semble s’être figé. Cependant, ils restent comme des étrangetés inscrites dans un environnement urbain rationnalisé. En tant qu’architecte, la position qu’un « créateur » adopte face à ces lieux diffère de l’approche poétique de « garder sous cloche » de telles traces du passé. Certes, un architecte doit rester sensible à l’histoire d’un lieu, à son contexte, aux personnes y attachées, mais cette sensibilité ne doit pas empêcher toute action qui tenterait d’aller plus loin que la poétique des lieux en friche pour espérer voir ces espaces s’adapter et évoluer vers une nouvelle manière de faire la ville. Quelles positions devraient alors prendre l’architecte face à ces espaces en suspens? Dans son essai bref mais souvent référencié Terrain Vague en 1995, l’architecte espagnol SolàMorales mentionne à ce sujet que5 : Aujourd’hui, toute intervention dans les espaces résiduels, dans les interstices des villes actuelles n’est plus commode ou suffisamment efficace si celle-ci suit la méthode prônée par le modèle du mouvement moderne traditionnel. Comment l’architecture peut être exécutée dans les terrains vagues sans devenir un instrument agressif de pouvoir et de raison abstraite ? Sans aucun doute, en portant attention à la continuité de tels espaces : pas la continuité de la ville planifiée, efficace et légitimée, mais bien la continuité des flux, des dynamiques, des rythmes créés par le temps qui passe et la perte des limites… Nous devrions traiter la ville résiduelle avec une complicité contradictoire qui ne nuira pas à ses spécificités soutenant sa continuité dans le temps et l’espace. 5

5. SOLÀR-MORALES, Ignasi, extrait de l’essai « Terrain Vague », 1995, p.9 (traduction de l’anglais au français par l’étudiante) - en ligne : <http://indexofpotential. net/uploads/1130/Terrain%20 Vague%20low%20res..pdf>

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6. DE SMET, Aurélie, « Le rôle de l’usage temporaire dans le (re)développement urbain : exemples bruxellois », Bussels Studies, Numéro 72, 12 novembre 2013 - en ligne : <www.brusselsstudies.be>

L’enjeu principal serait donc de réussir à s’inscrire dans un processus d’évolution complexe en imaginant un mode de développement de l’espace plus spontané, flexible et actuel.6 L’architecte/urbaniste devra sans doute utiliser un autre langage, de nouveaux outils pour éviter de rationaliser à tout va et d’imposer dans le paysage urbain des utilisations trop définies, « rigides » qui s’opposeraient à la poétique de tous les possibles que dégagent de tels sites dans le temps. L’expérience du temporaire – de l’éphémère à la durée ? Pour ce faire, il existe une démarche urbanistique inédite et inspirante qui invite à repenser la réhabilitation des espaces résiduels à long ou moyen terme : l’activation temporaire. Les « résidus » en ville sont une chance pour élaborer les projets temporaires car ils peuvent inciter des usages « non-planifiés » à se développer qui favorisent la régénération de tels espaces. Cette nouvelle manière d’expérimenter la ville est née du besoin actuel d’améliorer dès demain notre environnement pour nous, acteurs, usagers, et habitants, et non pour nos potentiels futurs enfants. Suite à une frustration souvent partagée face au modèle de production de la ville standard, la tendance se détourne peu à peu des grands Master Plans qui promettent de résoudre tous nos problèmes dans 20 ans, en rendant la ville plus belle, plus verte, plus agréable… Si ces méthodes d’aménagement de l’espace sont souvent trop longues et compliquées, d’autres processus d’activations éphémères de plus petites échelles semblent être une bonne solution, pour rendre vivant, de manière très flexible, des espaces fragiles mais aussi pour réhabiliter des espaces dans un futur bien plus proche.

7. ANDRES, Lauren, « Les usages temporaires des friches urbaines, enjeux pour l’aménagement » - en ligne (11.05.2011) : <http://www.metropolitiques. eu/Les-usages-temporaires-desfriches.html>

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Aujourd’hui, les usages temporaires sont un des outils de cette flexibilité. Ils sont une forme d’anticipation et de pari sur le renouvellement des espaces en déshérence. Deux cas de figure d’usages temporaires peuvent être adoptés7: - Soit l’usage temporaire est vu comme une alternative à une remise immédiate et irréalisable sur le marché. Dans le cas d’une fonction future qui se fait attendre, ils peuvent ainsi influencer la valeur marchande d’un espace vacant et encourager son


redéveloppement à court ou moyen terme. - Soit, les projets élaborés durant le « temps de veille » jettent les bases innovantes quant à l’approche du renouvellement de l’espace à long terme. Le test devient alors usage transitoire, fondé sur une stratégie de régénération urbaine, culturelle et économique qui inspire ou s’adapte à la nouvelle fonction initialement projetée. Pour la première situation, différentes formes d’aménagement sont envisageables. De nombreux designers, architectes urbanistes et paysagistes se sont déjà employés à créer des projets réinventant l’espace vécu en ville. Des solutions nouvelles voient ainsi le jour telles que l’occupation temporaire d’immeubles vacants, la création d’évènements artistiques et musicaux, le montage de cinémas éphémères ou encore la création collaborative et écologique de nouveaux jardins collectifs. En général, toute intervention éphémère invite les créateurs à concevoir différemment l’espace vécu en véhiculant d’autres manières de faire comme la mise en œuvre privilégiée de matériaux recyclables ou de procédés de construction participatifs et facilement démontables.

Projet RDF18, Espace de bureau temporaire, Bruxelles, 2007, Architecte ROTOR - en ligne : <http://www.wbarchitectures.be/fr/architects/Rotor/RDF181/524/>

Grâce à la grande flexibilité des usages temporaires, l’environnement créatif et propice aux liens sociaux et les coûts de location et de maintenance peu élevés, les délaissés sont donc

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une chance pour faire expérimenter la ville. En contrepartie de toutes ces occupations temporaires, les propriétaires peuvent profiter d’une sécurisation de leur site à moindre coût et d’une maintenance « low-cost » du terrain dans l’attente d’un contexte plus prometteur (vente, projet de régénération…). Dans certaines situations, les usages temporaires ont aidé à révéler un espace oublié, à revaloriser symboliquement et à améliorer son image, ce qui a participé à accélérer la mutation de tels espaces. La deuxième option est toutefois plus parlante en terme de réactivation de l’espace car elle émet la possibilité de dépasser l’expérience, d’aller plus loin que le test. On dépasse ici la mise en lumière d’une friche par un événement « festif ». Particulièrement dans le cas où des projets temporaires participent au succès de la réintégration de ces lieux inédits en ville, ils montrent alors qu’ils possèdent les outils clefs pour déclencher des dynamiques porteuses et revaloriser définitivement des sites délaissés. Si ils sont suffisamment forts, ils sont alors capables de devenir pérenne jusqu’à ce que les besoins des usagers changent. C’est bien là le grand avantage de tels interventions : soit elles s’intègrent parfaitement à leur environnent et sont un véritable succès – on peut alors imaginer prolonger l’expérience – soit, le test ne répond pas à toutes les attentes et celui-ci peut être adapté en conséquence, déconstruit ou exploité ailleurs car il est toujours possible de faire machine arrière. A contrario, je déplore en tant que bruxelloise et future architecte le projet du piétonnier à Bruxelles en 2015. Même si celui-ci ne correspond pas au thème des « résidus », il illustre la difficulté de mise en place des stratégies de planification traditionnelle. Ce projet, qui transforma du jour au lendemain le principal axe de transit automobile nord-sud de la capitale en piétonnier, a largement été controversé et s’oppose à la politique d’expérimentation précédemment énoncée. Bien que l’ambition du maïeur de Bruxelles est louable, rendre Bruxelles plus verte et plus propre en limitant l’impact des voitures, le modèle du piétonnier copié de celui d’autres grande métropoles

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voisines ne correspond pas à la dynamique bruxelloise du centre-ville. Pour preuve, de multiples problèmes sont à recenser aujourd’hui : l’encombrement des voies de transit, la colère de nombreux commerçants, l’insalubrité, la délinquance… Bien que des corrections vont être apportées quant au tracé de ce nouvel axe piétonnier, nous sommes ici loin de l’expérience temporaire. Sur ce point, le bourgmestre Yvan Mayeur reste ferme : « on ne reculera pas sur le tracé du piétonnier »8. Cette manière de lancer un projet « à l’aveugle » sans dialogue avec les acteurs des zones affectées et de corriger des mois plus tard les difficultés rencontrées est sans doute une procédure à condamner. Non seulement à cause de l’équilibre précaire qu’elle met en place mais aussi à cause de l’impact désastreux

8. BERKENBAUM, Philippe, « On ne reculera pas sur le tracé », dans : Le Vif 33ème année n°46, L’Express n°3358, du 13 au 19 novembre 2015, pp. 91.

Photo du piétonnier à Bruxelles (29.06.2015) - en ligne : <http://www.moustique.be/13128/ pietonnier-bruxelles-personne-n-est-pret>

qu’elle génère sur la vie de tout un quartier et de ses habitants. Toutes interventions éphémères n’impliquent cependant pas nécessairement de « remplir le vide » des espaces résiduels par de quelconques activités. Plutôt que d’aménager systématiquement l’espace vacant, l’idée est d’induire ou de préserver une dynamique sur place suite à une étude approfondie du site et des principaux acteurs. En effet, une lecture du site sur ses lignes de force (chemins, zones, types d’usages, identité, ambiance), ses activités déjà existantes peut indiquer ce que la collectivité souhaite et guider les interventions. À cet effet,

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un site où des citoyens ont décidé de jeter leurs déchets recèle autant de renseignements utiles pour l’analyse d’une zone urbaine qu’un site occupé en tant que jardin collectif. La participation citoyenne : la ville pour les citoyens et par les citoyens Si les usages temporaires sont un premier pas vers la réhabilitation des espaces en transition, il ne faut pas seulement viser « l’embellissement » d’un site désaffecté par des activités passagères, mais bien son activation dans son environnement proche. Un outil clef pour mettre en place une activation de qualité est alors intrinsèquement lié à la participation citoyenne. En effet, de nombreuses collectivités locales désirent vivre autrement leur expérience de la ville. De nouveaux modèles ont déjà été sensibles face à l’engagement de certaines associations de quartiers qui appellent à juste titre à la participation des habitants dans le processus des projets et ce, dès sa conception. Grâce à ce nouveau dialogue avec les principaux utilisateurs, toutes les chances sont données aux projets d’être réappropriés par la communauté qu’ils visent, et d’être rendu pérenne. L’espace résiduel devient donc un catalyseur d’appartenance bénéfique pour la ville : la possibilité d’agir sur l’espace incite les citoyens à en prendre soin sans reléguer cette responsabilité aux services municipaux. Actuellement, la participation citoyenne est encore une approche très récente et à développer. Un exemple à Bruxelles est celui de la création des « contrats de quartier » institués en 1994 par la Région, en réponse aux ambitions architecturales de l’espace public et à l’envie de générer des espaces facteurs de cohésion sociale. Ce nouveau modèle de conception s’avère être un dispositif de projet précurseur et efficace dans la revitalisation des espaces urbains. En revendiquant la participation citoyenne sur le processus de définition programmatique en amont du projet, il met au cœur du sujet les différents acteurs et les sensibilise aux enjeux d’aménagement de l’espace public. Un nouvel outil de conception donc qui motive de nouveaux acteurs à participer à la création de leur espace vécu.

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Autres pistes : la naissance de nouveaux réseaux et l’utopie des communs Le potentiel des projets ponctuels par l’acupuncture urbaine On peut questionner l’impact qu’auront toutes ces intégrations de ces zones « en pause » à l’échelle du territoire. Si certaines questions du résiduel semblent particulièrement ciblées et déconnectées les unes par rapport aux autres, on peut imaginer que chacune des interventions constituera un réseau. Les microprocessus qu’elles génèrent fabriqueront une sorte d’acupuncture urbaine qui est une approche qui redynamise un territoire défini par l’association de projets ponctuels à différents niveaux d’échelles de temps et d’espace. Cette approche offrirait une solution face à la réalité opérationnelle de la mise en oeuvre des projets des Master Plan. En effet, elle peut devenir un moyen novateur pour convaincre de la faisabilité de nouvelles typologies paysagères. Elle a davantage de facilités à débloquer des petits budgets pour l’aménagement d’interventions minimalistes et soigneusement intégrées dans leur contexte qui remanient les habitudes sociales et locales. L’enjeu de l’acupuncture urbaine est de créer un vrai projet territorial à travers une multitude d’interventions ciblées pour atteindre une réelle cohérence de l’ensemble et non une simple addition d’interventions pointillistes. Un premier pas vers le paysage des communs A notre époque, le concept des communs connaît une vrai recrudescence : pourquoi ne pas l’adopter pour les espaces résiduels ? Cet idéal renvoie à l’idée de la participation citoyenne. C’est une autre réponse critique à notre société qui se relève peu à peu de la crise des subprimes, sans parler de l’épuisement des ressources naturelles, de la crise écologique et de la menace terroriste sans précédant que nous traversons. Le paysage des communs est une nouvelle manière de produire la ville qui n’est plus du domaine de la seule décision de l’exécutif politique et d’une expertise technique. Cette nouvelle

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9. NALPAS, Dominique, « Petit périple dans le paysage des communs », dans : Bruxelles en mouvement (périodique édité par Inter-EnvironnementBruxelles), n°279, novembre/ décembre 2015, p.2-11.

10. Josaphat en commun, « D’une réserve foncière à un quartier en bien commun » - en ligne (12.09.2015) : <https://commonsjosaphat. files.wordpress.com/2015/11/ commons-josaphat_josaphaten-commun01light.pdf>

capacité d’agir sur son environnement tend à dépasser les formes de gestions pyramidales et non démocratiques vers des modes de gestion plus horizontaux pour répondre à notre nécessité d’habiter, de circuler, de subvenir à nos besoins et de nous rencontrer.9 C’est une sorte d’« empowerement » des citoyens. Ce mouvement invite ainsi à se tourner vers de nouvelles pratiques de faire la ville dans une période où l’on ne fait plus confiance au monde politique. L’« utopie » des communs a une résonance à Bruxelles dans le projet défendu par Commons Josaphat. A Bruxelles, la friche Josaphat de plus de 24 hectares s’est imposée pour commencer à construire la ville en bien commun.10 Il s’agit d’une des dernières réserves foncières du Nord de Bruxelles sur laquelle on projette un schéma de développement conséquent d’un projet de quartiers publics et privés. A cela, Common Josaphat propose de changer les codes et de dépasser la simple enquête publique ou l’avis critique. Cette association de citoyens autonome et libre de toute appartenance politique souhaite la réalisation d’un quartier « en commun » qui s’inspirerait en partie des nouveaux éco-quartiers : logements passifs et adaptés à la demande (cohousing, etc.), soin apporté aux espaces publics, aux espaces verts et aux équipements collectifs... Un projet qui ouvre une voie inspirante à encourager dans le futur.

La friche Josaphat - en ligne : <http://www.ezelstad.be/2014/05/26/commons-josaphat-unappel-idees-pour-une-autre-ville/>

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Autres exemples des possibles des communs Camp de cebada – Madrid (ES) Un terrain désaffecté́ au milieu de la ville de Madrid a été́ revalorisé par des citoyens locaux. De ce groupe citoyen, toute une communauté́ organisée de manière ouverte et non hiérarchisée s’est créée. Dix règles de base aident les résidents et les intervenants dans la programmation et la gestion du lieu. Les décisions sont prises sur base d’un consensus. <https://www.facebook. com/pages/El-campo-deCebada/180735625274126?fref=ts>

Kalkbreite – Zurich (CH) Le projet Kalkbreite à Genève est né grâce à l’initiative de résidents locaux qui ont fondé une coopérative. Tout un complexe d’habitat autour d’un jardin public se développe sur le site d’un ancien terminus de tram. Celuici se décline comme suit : 88 logements, de l’horeca, des magasins, des ateliers et un cinéma. 256 personnes de toute origine y vivent. 200 personnes y travaillent. Les habitats sont relativement petits, mais ils sont complétés par des locaux collectifs spacieux Les statuts de la coopérative garantissent qu’il ne peut y avoir de spéculation lors de la vente d’une partie du bâtiment. <http://www.kalkbreite.net/>

L’école Gelsenkirchen – Gelsenkirche (DE) Une église locale dans cette ville du Nordouest de l’Allemagne, a voulu construire une école pour des enfants de cultures différentes, une école qui serait un lieu pour stimuler la prise de conscience environnementale. Enfants et enseignants ont été impliqués dans la conception de ce lieu. Ils ont même aidé à sa construction. Ainsi, la conception et la construction de l’école a été un projet éducatif et un projet communautaire. <http://designingwithchildren.net/db/ gelsenkirchen- bismarck-egg>

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Cette envie de « faire ensemble différemment » a notamment été célébrée dans le film DEMAIN de Cyril Dion et Mélanie Laurent sorti en décembre 2015. Une sorte d’apologie de la prise d’initiatives à l’échelle locale pour changer le monde. Ce film est une invitation positive à notre société civile à évoluer vers de nouveaux horizons, plus proches de la terre, plus humains : plutôt que de vouloir changer les choses au niveau global, une nouvelle génération d’acteurs pourrait le faire dans son environnement proche. Il invite ainsi les citoyens à se bouger et à s’engager concrètement pour faire changer les choses en plus de contester des modèles auxquels ils ne s’identifient plus. C’est donc un coup de poing à la morosité ambiante qui montre que d’autres voies sont possibles et que de nouveaux concepts ont déjà pris forme tels que : les monnaies complémentaires qui encouragent les citoyens à consommer local, les premiers pas des initiatives de transition (habitat groupé, potagers collectifs et « paniers bio »), etc. Ainsi, si ces nouvelles pratiques de faire la ville peuvent changer notre environnement, pourquoi ne pas les encourager ?

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PARENTHESE A L’ETRANGER

Avant d’aborder en profondeur l’expérience coup de cœur de Parckdesign 2014, développée ci-après, je tenais à faire un panorama de différentes expériences sur des espaces délaissés. Cette liste, tout à fait subjective, regroupe quelques projets de réaménagement planifiés ou d’usage transitoire. Chacun d’entre eux a apporté à mon sens une réponse intéressante à la question des résiduels, de la plus grande à la plus petite échelle. Cependant, ils restent un éventail assez large qui ne montre pas tous les possibles dans cette thématique et ne doit donc pas être limité comme seule et unique réponse étant donné la complexité du sujet selon son environnent propre.

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L’ex-aéroport de Tempelhof Berlin (Allemagne) 2010

11. LEMKE, Coralie, « L’exaéroport de Tempelhof, nouveau terrain de jeu titanesque des Berlinois » - en ligne (01.07.2013) : <http://rue89. nouvelobs.com/2013/07/01/ lex-aeroport-tempelhofnouveau-terrain-jeu-titanesqueberlinois-243831>

12. G, Yann, « Tempelhof : l’aéroport devenu parc » - en ligne (03.11.2014) <https:// labrecheurbaine.com/tempelhof-laeroport-devenu-parc/>

L’ancien aéroport de Tempelhof, situé en plein cœur de Berlin, fut progressivement délaissé suite à sa fermeture en 200811. Il fut seulement réouvert au public en 2010 pour devenir une base de loisirs berlinoise extrêmement populaire sur plus de 386 hectares, soit plus grand que Central Park à New York. Le choix de ce grand parc donné à la ville est une première approche d’un complexe processus de réhabilitation. Premièrement, la ville de Berlin a essayé d’écouter ses habitants qui réclamaient de nouveaux points d’entrée sur cette grande étendue et des aires de jeux. Un demi-hectare de terre a également été transformé en jardins partagés.12 Ces jardins communautaires ont pour but de créer du lien entre les riverains et restent un espace inédit : pour un euro le mètre carré, toute personne acquiert le droit de planter des légumes. Aujourd’hui les projets de cet immense potentiel d’investissement immobilier (unités de logement, centre culturel, stade sportif, cité universitaire, etc..) restent encore controversés.

Promenade à Tempelhof - en ligne : <http://www.crash-aerien.news/forum/nouvel-aeroport-de-berlin-berlin-brandenburginternational-t14955.html>

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Raw Temple Berlin (Allemagne) 1999

13. V, « RAW Tempel, haut lieu de l’art libre et urbain au coeur de Berlin » - en ligne (22.07.2013) : <http://www.street-art-avenue. com/2013/07/raw-tempel-lieude-lart-libre-urbain-coeur-deberlin-2557>

14. SOUTENET, Jean, « RAW TEMPEL - Vers un nouveau plan de construction après le rachat du site? » - en ligne (11.03.2015) : <http://www.lepetitjournal.com/ berlin/accueil/breves/209841raw-tempel-vers-un-nouveauplan-de-construction-apres-lerachat-du-site>

Situé dans le quartier de Friedrichshain, dans l’ancienne partie Est de la ville de Berlin, le RAW temple est une grande friche industrielle dont la taille est équivalente à celle de 14 terrains de football13. Ces anciens entrepôts de réparation des chemins de fer du Reich sont aujourd’hui reconvertis en haut lieu de la culture alternative berlinoise. C’est en 1999, que le RAW-Tempel e.V, une association à but non lucratif, a vu le jour avec pour objectif de créer et gérer des espaces culturels sans dogme particulier et ouverts à tous. Depuis sa création, cette association veille à créer et à entretenir une ruche culturelle communautaire, pour et avec les habitants. On retrouve sur le site de très nombreux lieux de loisirs : des galeries d’art, un skatepark, un site d’escalade sur un ancien château d’eau, une école de cirque et de danse, un cinéma en plein air, des ateliers d’artistes, un dojo ainsi que des restaurants, des bars et la fameuse boîte Cassiopeia, au style destroy typiquement berlinois. Aujourd’hui14, une société immobilière de Göttingen a racheté une grande partie du site. Si les plans de la société ne sont pas encore très clairs, on peut évidemment penser que des logements risquent d’y être construits dans l’avenir. Difficile à croire vu l’importance primordiale de ce site symbolique pour Berlin et l’écrasante majorité contre tout projet de construction. A suivre….

Entrée emblématique du Raw Temple sur le skatepark - en ligne : <http://kobiety.lodz.pl/ aliens/?p=235>

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Friche de la Belle de Mai ARM Architecture Marseille (France) 2001 15. Site officiel d’ARM ARCHITECTURES - en ligne : <http://divisare.com/ projects/222309-armarchitectures-olivier-amsellemfriche-la-belle-de-mai>

16. ANDRES, Lauren, « Les usages temporaires des friches urbaines, enjeux pour l’aménagement » - en ligne (11.05.2011) : <http://www.metropolitiques. eu/Les-usages-temporaires-desfriches.html>

La Friche la Belle de Mai15 est un des trois îlots du territoire de 12 hectares libéré en 1990 par la fermeture de la manufacture de la Seita (Société d’exploitation industrielle des tabacs et des allumettes). À Marseille, l’investissement par un projet artistique de cette friche a été le résultat de la volonté de l’élu à la Culture. Avant tout, il voulait soutenir la reconquête des friches urbaines par des activités culturelles pour limiter les nuisances liées à leur désuétude et parier sur d’éventuelles retombées positives qu’elles pourraient engendrer.16 Cet investissement a reposé aussi sur l’accord du propriétaire, la Seita, d’autoriser l’investissement des lieux en échange d’une part, d’une sécurisation du site et d’autre part, d’un potentiel d’achat par la collectivité dans le futur. Après quelques interventions ponctuelles à partir de 1998, ARM Architecture s’est chargée de mettre en œuvre la transformation de la Friche en 2001. Pendant douze ans, de 2001 à 2013, les travaux n’ont pas cessé avec une économie de moyens astreinte : le montant moyen du coût des travaux ne devant pas dépasser les 750 euros le m2. La Friche de la Belle de Mai est aujourd’hui un succès dans sa réhabilitation : elle forme un petit quartier (40 000 m2) au cœur de Marseille d’un type nouveau tels que : lieux d’expositions, lieux de vie, de loisirs, ateliers d’artistes, studios pour soixantedix structures de productions artistiques, espaces publics, librairies, restaurant et crèche qui viennent compléter les espaces des arts vivants.

Photo de la Friche de la Belle de Mai prise sur place par l’étudiante (24.10.2014)

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Open Lab Ebbinge (OLE) Groningen (Pays-Bas) 2010 - 2015 17. Site officiel Open Lab Ebbinge - en ligne : <http://www. openlabebbinge.nl/>

L’Open Lab Ebbinge17 est une réhabilitation transitoire, temporaire conçue comme une «micro-ville» dans le quartier de Ebbinge à Groningen occupant un ancien terrain vague d’un hectare vacant depuis la fin des années 1980. Ce projet financé par l’UE «Open Lab Ebbinge» (OLE) a tenté de rassembler un large éventail de partenaires publics et privés dans une expérience à long terme avec des bâtiments qui se voulaient nomades (toutes constructions devaient être facilement démontables). C’est donc à la fois un laboratoire pour entreprendre de nouvelles solutions architecturales durables dans le développement urbain (choix stratégique des méthodes de construction, choix des matériaux, etc.) mais aussi un test pour créer les conditions de base pour attirer les entreprises et permettre à une économie locale de prospérer en réponse aux problème des bâtiments commerciaux inoccupés du quartier. Ce projet permet ainsi non seulement le développement d’une zone dynamique et créative dans une zone urbaine défavorisée et inutilisée, mais aussi redonne une image attractive de la ville.

Interventions temporaires de l’Open Lab Ebbinge - en ligne : <http://stadsezaken.net/?tag=open-lab-ebbinge>

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Osthang Project Collectif Etc, Raumlabor, Orizzontale (IT), Atelier Bow wow (JAP), Construct Lab (EU) (co-membres Exyzt FR), Umschichten (DE), Martin Kaltwasser (DE), M7red (ARG), Atelier le Balto (DE/FR) Darmstadt (Allemagne) 2014

18. Site officiel de l’Osthang Project - en ligne : <http://www. collectifetc.com/realisation/ osthang-project/>

Invité au mois de juillet 2014 en Allemagne par le collectif berlinois Raumlabor et le festival d’architecture de la région Rhein-Main Architektursommer, le Collectif Etc a passé 3 semaines dans la ville de Darmstadt pour participer au projet Osthang18 aux côtés d’architectes, urbanistes, paysagistes et d’une soixantaine d’étudiants du monde entier. L’objectif de cette rencontre était de réinvestir un jardin en friche en plein cœur du quartier de Mathildenhöhe autour du thème symbolique du « vivre ensemble » par une approche collective et expérimentale de l’architecture. L’objectif était de questionner l’avenir d’un espace délaissé en construisant des équipements destinés à tous sur cet espace en devenir, pour affirmer son statut d’espace public. Un programme de conférences/débats et de présentations accompagnait la transformation du lieu pour alimenter les discussions. Une multitude de points de vue et d’approches se sont échangés autour des différentes pratiques à travers les pays représentés.

Construction temporaire de «l’école d’été» pendant l’évènement, site Johanna DEHIO en ligne : <http://johannadehio.de/projects/>

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Les grandes tables de l’île Seguin Pierre SCHNEIDER et François WUNSCHEL Paris (France) 2011 19. SANCEREAU, Cyril, «Les Grandes Tables de l’Île Seguin Une architecture éphémère.» en ligne (26.10.2011) : <http:// www.boumbang.com/lesgrandes-tables-de-l’ile-seguin/>

20. Site officiel 1024 architecture - en ligne : <http:// www.1024architecture.net/ fr/2010/05/les-grandes-tables/>

Depuis que les bâtiments des usines Renault ont été rasés en 200519, l’Île Seguin a fait l’objet de nombreux débats quant à l’avenir de son exploitation. Si le projet de Jean Nouvel d’une importante éco-cité culturelle (musique, spectacle, cinéma) a été adopté en 2010, la période de transition du site jusqu’au début du chantier a été investie par le projet temporaire des Grandes Tables. Il s’agit de l’élaboration d’un restaurant bio et éphémère qui renseigne les visiteurs sur le futur du site. Il consiste en une architecture démontable, une sorte d’hybride entre la péniche et la serre agricole, la plateforme pétrolière et la maison en bois. Une grande boite en fibre de bois suspendue dans une structure en échafaudage20. Ce restaurant éphémère vient s’implanter dans un jardin dit de « préfiguration » imaginé par Michel Desvigne, car celui-ci continuera son évolution jusqu’en 2018. Ce jardin a renoncé résolument au concept d’un jardin sophistiqué pour s’inspirer de son environnement, à savoir, le cœur d’un immense chantier (bancs en bois de coffrage, clôtures basses en plastique orange ajourée, éclairage sur des montants évoquant les échafaudages) dont les visiteurs observent l’évolution.

Restaurant temporaire «suspendu» dans son jardin en évolution - en ligne : <http://www. ileseguin-rivesdeseine.fr/fr/content/restaurant-les-grandes-tables-de-lile-seguin>

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La piscine écologique de Kings Cross Eva Pfannes et Sylvain Hartenberg (Ooze Architects) & l’artiste Marjetica Potrcc Londres (Angleterre) 2014 - 2016

21. LACOMBE, Sarah, « Une piscine écologique en plein cœur d’un chantier à Kings Cross à Londres » - en ligne (07.05.2015) : <http://lepamphlet. com/2015/07/15/une-piscineecologique-en-plein-coeurdun-chantier-a-kings-cross-alondres/>

22. LEVENSON , Claire, «Au centre de Londres, une nouvelle piscine-étang qui s’autonettoie avec des plantes» - en ligne (04.04.2015) : <http://www. slate.fr/story/99953/londres-piscine-etang-autonettoie-plantes>

Ce projet est situé au centre d’un des plus vastes chantiers de réhabilitation de Londres, transformant l’ancienne zone malfamée autour de King’s cross en haut lieu de créativité, avec notamment le nouveau campus de l’école de design Central Saint Martins, ainsi que King’s Place, un bâtiment avec salle de concert et salles d’expositions. La King’s Cross Pond est un projet temporaire inauguré à l’été 201421 et qui se prolongera jusqu’en 2016. Cette piscine écologique répond à une nouvelle tendance de la baignade naturelle en milieu urbain. Le bassin, non chauffé, est purifié par une sélection de plantes aquatiques sélectionnées selon leur capacité à filtrer les impuretés, ce qui permet de se passer de tout produit chimique. L’étang de King’s Cross mesure environ 40 mètres sur 10, et chaque jour un nombre limité de baigneurs sera autorisé à se baigner au milieu des roseaux et des fleurs sauvages, avec vue sur les immeubles en construction des alentours. L’étang est finalement imaginé comme une installation artistique qui invite à réfléchir sur les interactions entre nature et ville.22 Les visiteurs entrent dans un laboratoire vivant et prennent conscience de leur rapport à la nature, ce qui les encourage à prendre leurs responsabilités vis-à-vis de la nature. - Eva Pfannes

Baigneur dans la piscine de King’s Cross - en ligne : <https://www.kingscross.co.uk/media/P_KXC_AST_PRJ_020_N149_kxweb.jpg>

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L’ ilot d’Amaranthes Artiste paysagiste Emmanuel Louisgrand Lyon (France) 2007

23. Site officiel de Emmanuel Louisgrand - en ligne (14.11.2013): <http://www. dda-ra.org/fr/oeuvres/LOUISGRAND/Page-ilot-damaranthes> 24. CHAIRECOOP, entretien avec Emmanuel L., « Les jardins communs d’Amaranthes ou l’émergence de l’indispensable fonction critique dnas l’espace public local » - en ligne (10.10.2013) : <http://chairecoop.hypotheses. org/3332>

L’ilot d’Amaranthes est une ancienne friche d’une rénovation urbaine abandonnée qui a été réorganisée temporairement et progressivement en jardins potagers par Emmanuel Louisgrand. La réalisation de cet espace s’est organisée en plusieurs phases auxquelles ont participé une série d’acteurs locaux et invités.23 C’est en se posant la question de la ville en devenir avec les habitants du quartier, que ce jardin artistique - véritable bien commun - est devenu un lieu d’expérimentation, une sorte d’atelier à ciel ouvert. L’aspect évolutif est le propre de ce type de projet et ce qui me motive. Nous ne sommes pas dans un cadre figé, mais dans l’idée de créer des rencontres, des échanges, de confronter des approches, des idées pour que l’intervention trouve pleinement du sens.24 - Emmanuel Louisgrand

L’îlot d’Amarantes après réalisation - en ligne : < http://leblogdelaville.canalblog.com/archives/2009/02/15/12517717.html>

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La question du temporaire des espaces résiduels est donc une question assez nouvelle (début des années 2000). Si cette petite collection de projets peut être critiquable quant à la forme des solutions proposées, on peut toutefois relever des premiers outils intéressants comme réponses à une autre urbanité tels que : • La participation citoyenne, créant de nouvelles dynamiques au sein des quartiers. • Le partage des compétences où la réabilitation devient moteur à discussion pour croiser les savoir-faire entre des équipes pluridisciplinaires. • La flexibilité des usages selon les besoins : appropriation pour des évènements, des espaces verts, ... • L’architecture temporaire : nouveaux défis de construction, matériaux démontables et réutilisables, ... Finalement, si cette première partie s’est essentiellement concentrée sur une vision globale des espaces résiduels et leur possible réhabilitation, la question de l’usage transitoire vers une nouvelle fonction attire aujourd’hui mon intérêt. En particulier dans le cas de l’activation temporaire en voie de pérennisation, qui inspire une anticipation d’un programme envisageable et lance les bases essentielles pour fixer un projet dans le temps. Ce genre de test est à mon sens une piste importante d’une nouvelle manière d’élaborer un projet paysager et offre d’autres réponses quant au rôle à prendre des espaces résiduels.

25. DE SMET, Aurélie, « Le rôle de l’usage temporaire dans le (re)développement urbain : exemples bruxellois », Brussels Studies, Numéro 72, 12 novembre 2013 - en ligne : <www. brusselsstudies.be>

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Dans cette optique de nouvelle démarche urbaine et d’activation de zones « en pause » dans un territoire, c’est à Bruxelles, ma ville natale, qu’une intervention en particulier a répondu à mes attentes : l’édition 2014 du festival biennal Parckdesign. Cette expérience d’un espace résiduel en attente d’espace public a porté son attention sur la conception et l’élaboration d’un projet transitoire intégré au sein d’un quartier. Avant tout, elle a permis d’illustrer les méthodes clefs à mettre en place pour contribuer à une réhabilitation spontanée25, flexible et mieux adaptée aux attentes des citoyens et à la constante évolution des villes en donnant la chance au temporaire de prendre racine.


EVOLUTION BIENNALE

D’UNE

JEUNE

Parckdesign est un événement urbanistique initié par Bruxelles Environnement/IBGE26, qui avait de manière générale pour objectif de mettre en exergue le potentiel d’espaces verts/récréatifs dans les quartiers denses. Simultanément, il visait à améliorer l’image de ces espaces sous la forme d’évènements participatifs regroupant différents acteurs liés à l’espace urbain, à l’architecture, à la culture, à l’art et au design.

26. Institut bruxellois pour la gestion de l’environnement.

Les premières éditions de 2006, 2007 et 2008 se sont focalisées exclusivement sur l’aménagement des parcs et des jardins en ville par l’approche du design du mobilier urbain. L’édition 2012 de Parckdesign intitulée « Garden » représente quant à elle l’« édition 0 » d’une nouvelle orientation de la biennale. Ce changement de cap orchestré par Martine Cantillon, nouvelle responsable des Evénements Espaces Verts Bruxelles Environnement, visait cette fois-ci l’aménagement temporaire de terrains en friche dans certains quartiers du périmètre du canal à Anderlecht. Le but était de pouvoir ouvrir à nouveau ces délaissés à un large public et de rendre plus attractifs les quartiers environnants par l’installation de créations d’artistes internationaux et belges. L’ensemble de toutes les interventions inscrit le long d’un « fil vert » fut reconnu pour sa qualité paysagère. Cependant, au terme de l’événement « Garden» , l’expérience ne suscita que peu d’impact au sein des riverains. La principale critique fut que le processus de conception et de réalisation en-

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trepris par Parckdesign ne semblait pas adapté aux enjeux de ces sites en désuétude. En effet, le risque trop souvent encouru de ces projets axés davantage sur la forme et l’esthétique est qu’ils ne s’adressent finalement qu’à un public élitique de designers. Ainsi, les habitants quotidiennement exposés aux problématiques de ces terrains désaffectés étaient au final peu réceptifs à la démarche créative de « remise en forme » utilisée par Parckdesign. En somme, le manque d’écoute à l’intention des locaux a entraîné inéluctablement un désintérêt de la part de ceux-ci. Ils se sont donc montrés indifférents au design des artistes étrangers car la plupart n’offraient pas de solutions durables dans le remaniement de leur quartier. Bien que Parckdesign n’apportait pas de réponse pérenne quant à l’aménagement de ces chancres urbains et malgré les critiques, on peut toutefois féliciter son engagement à mettre en lumière ces espaces en demande d’identité pour rappeler le besoin de les réintégrer dans leur environnement. C’est en 2014 que Bruxelles Environnement a voulu rebondir sur les expériences antérieures de Parckdesign. Avant tout, son ambition était de continuer à mettre en œuvre une série d’interventions temporaires qui réinventeraient cette-fois le rôle des espaces résiduels. Les projets mis en place devaient être à la fois innovants et répondre à un nouvel objectif : la ville durable, verte, dense, multiple et conviviale.

Exemples de projets: Lettrage Garden sur la Seine Le Jardin de l’Eskylier, de Studio Basta & Wagon Le Curo Garden, de Raumlabor - en ligne : < http://www.architectureworkroom. eu/fr/work/g_a_r_d_e_n_parckdesign_2012/ images/#!449>

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Thématique : l’agriculture urbaine Une des thématiques principale imposée par Bruxelles Environnement dans cette nouvelle édition était le maraîchage urbain sous toutes ses formes qui encourageait de nouvelles manières d’aménager des potagers en ville. L’envie de pousser les bruxellois à renouer avec une production alimentaire propre était fondamentale et répondait à un besoin actuel de « retour au vert ». De plus, dans un contexte où nous consommons de plus en plus de produits venant parfois de l’autre bout de la planète, cette thématique invitait les citoyens à devenir des « consom’acteurs » responsables. L’agriculture urbaine s’imposait donc comme un axe stratégique de développement dans le cadre de l’édition Parckdesign 2014. Elle permettait non seulement la revalorisation des friches et des aménagements urbains mais aussi la création de nouveaux projets qui réconciliaient promoteurs immobiliers et citadins attachés aux espaces verts. De plus, toutes les installations qui s’en inspiraient devaient être un moteur pour activer le site et créer des échanges entre les locaux du quartier, les visiteurs, les usagers…

27. IBGE, « Article 6 – Objectifs du pouvoir adjudicateur pour la seconde édition de Park Design » - dans : Cahier des charges, P2505 Parckdesign – 2014 : La désignation d’un(e) commissaire et d’un bureau d’assistance technique et la production et mise en place des installations, p.6.

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« Ainsi, les liens à la terre que relance Bruxelles Environnement, participent à la construction de villes durables. Une construction de son tissu urbain, qui mêle la nature au cœur des agglomérations, peut démontrer que la ville dense et la nature ne sont pas en opposition. La pratique du maraîchage dans un contexte urbain inclut les rythmes issus de la nature au sein de la ville elle-même. Mais les buts poursuivis dépassent souvent la culture alimentaire pour rencontrer les besoins de lien sociaux, de projet collectif, communautaire, partagé… Le but de ces jardins serait de devenir alors, en plus d’un lieu productif, accueillant pour la biodiversité et agréable à voir, un lieu de convivialité, de loisir actif et de vivre ensemble. »27


CONTEXTE DE PARCKDESIGN 2014

L’endroit où s’est effectuée la nouvelle édition de Parckdesign 2014 n’avait à première vue pas été fixé dans l’objet du concours. Aucune limite ne voulait être imposée aux participants quant aux choix des zones à traiter. Cependant, Bruxelles Environnement a orienté cette future implantation dans le site Tour & Taxi, défini dans le deuxième PRDD28 comme une des principales Zones-leviers à Bruxelles, un espace clef dont le potentiel a été reconnu pour contribuer à l’attractivité de la ville.

a.

28. Plan Régional de Développement Durable.

b.

a. pôles de développement b. axes stratégiques c. structuration des réseaux en commun d’ici 2020 d. densifications dans la ville d’ici 20120

c.

d.

Périmètre d’avis Tour & Taxis

Plan PRDD BRUXELLES (retravaillé par l’élève)- en ligne : <http://www.prdd.be>

59


Schéma directeur 29. Définition par les bureaux d’études ateliers LION+MSA, « Zone Levier n°5 Tour et Taxis: Schéma Directeur », juin 2008, p.16 - en ligne : <https://urbanisme.irisnet.be/pdf/SchemaDirecteur_TourTaxisFR.pdf> « Outil planologique qui trace le contour précis de chaque Zone-Levier et détermine les principales options d’interventions qui y seront développées, ainsi que les moyens requis. Son but est de donner les orientations stratégiques de manière prospective afin de définir grossièrement la réalisation des principaux objectifs dans le temps. »

Ainsi, Tour & Taxis était une réserve foncière stratégique qui demandait non seulement à être réhabilitée depuis la fin de l’activité ferroviaire dans les années 1980, mais elle avait également déjà été lancée dans une politique de revalorisation suite à un important Schéma Directeur29 (élaboré par l’équipe MS-A et Atelier Yves Lion) adopté par la Région en décembre 2008. Celui-ci a permis dès le début de fixer les ambitions des interventions projetées veillant à favoriser un développement harmonieux et mutuel du site et des quartiers environnants (réouverture de cet ancien site ferroviaire au public, amélioration des connexions, etc.). Dans le cas précis de Tour & Taxi, ce Schéma Directeur est un outil de négociations essentiel au vu de la multiplicité des acteurs concernés : la Région de Bruxelles-Capitale, la Ville de Bruxelles, la Commune de Molenbeek-Saint-Jean, le Port de Bruxelles, le BRAL - associations des habitants et des usagers-, etc.

30. Site officiel ADT-ATO, agence de développement territorial asbl, « Un des premiers schémas directeurs » - en ligne : <http://www.adt-ato.brussels/fr/ zones-stratégiques/tour-et-taxis/ cadre-stratégique-et-règlementaire>

Il privilégie les axes stratégiques suivants30 :

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• Créer un espace ouvert permettant de valoriser le site dans sa profondeur (parc urbain, place minérale, parc L28A et parc L28) ; • Mettre en valeur le patrimoine bâti (Gare maritime, Gare de service, château d’eau, Pavillon du signaleur, Halle aux huiles et aux poissons) et son patrimoine naturel (talus, etc.) ; • Désenclaver le site par la création de traversées NordSud et Est-Ouest (notamment par la création d’un lien entre la rue Vandenboogaerde et la rue de Molenbeek...) • Favoriser la mobilité douce et la desserte en transports en commun (création notamment d’une nouvelle ligne de tram devant emprunter une nouvelle passerelle au-dessus du Canal, dite «Passerelle Picard») ; • Soutenir le développement durable : intégrer aux quartiers environnants un quartier durable exemplaire, d’une grande mixité sociale et fonctionnelle*, nouvelle démarche HQE (Haute Qualité Environnemental).


PROGRAMME PROJETE: - Bureaux, - Commerces, - Logements mixtes (logements sociaux, conventionnés et libres, acquisitifs ou locatifs), accessibles à tous (pour personnes âgées, intergénérationnels, adaptés aux personnes à mobilité réduite ou pour étudiants) - Equipements d’intérêt collectif ou de service public (écoles, crèches/garderies, équipements sportifs couverts et non couverts, équipement(s) à vocation socio-éducative et socio-culturelle de quartier)

Vue sur le futur espace ouvert - côté Ligne 28A

Vue depuis l’intérieur du site vers l’avenue du Port

Images tirées du dossier des bureaux d’études ateliers LION+MSA, «Zone Levier n°5 Tour et Taxis: Schéma Directeur », juin 2008 - en ligne : <https://urbanisme.irisnet.be/ pdf/SchemaDirecteur_TourTaxisFR.pdf>

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Un parc évolutif L’idée principale de ce grand plan directeur reste la création d’un nouveau modèle de parc « en évolution », mené par Bruxelles Environnement en tant que Maître d’Ouvrage et Agent Conseil. Dans un contexte où les quartiers environnants sont très densément habités, il existe une vraie demande d’espaces verts. L’objectif a donc été assumé de créer un grand parc d’amplitude régionale à la place de l’ancienne friche actuelle qui servira de promenade de loisir, depuis le canal et l’avenue du port, au-delà du pont du jubilée jusqu’à la place Émile Bockstael et le boulevard Belgica. Ici, le pari est de miser sur les capacités de l’espace public à recréer une mixité et connecter les quartiers entre eux. Un projet d’envergure donc, qui espère influencer de manière conséquente le redéveloppement urbain à Bruxelles par un nouveau réseau d’espaces publics (minéral et végétal) de plus de 20 hectares - ce qui en fera l’un des plus grands parcs urbains créés à Bruxelles depuis Léopold II. Pour décrire brièvement cette notion de « parc évolutif », le projet entend la création d’espaces verts de grande qualité paysagère et environnementale suscitant, provoquant, testant une large variété d’usages, avec une flexibilité dans le temps et l’espace. La nouvelle coulée verte qui est alors imaginée conditionnerait et suivrait l’évolution et les demandes des quartiers qui l’encadrent. Les espaces ainsi créés ne devraient pas être à priori entièrement définis pour pouvoir mieux s’adapter aux besoins de demain. Ils promettraient une multiplicité d’aménagements possibles propices à l’appropriation des usagers quels qu’ils soient (détente, événements temporaires, promenades écologiques, sports et jeux, etc.). À terme, l’ensemble du parc serait constitué d’une chaîne continue de 4 grands espaces verts principaux, épousant l’ancienne vallée ferroviaire du site de Tour & Taxi. Ce nouveau parc devra être réalisé en plusieurs phases successives vu l’ampleur du projet et la nature particulière du sol à traiter (remise à niveau, sol pauvre en éléments nutritifs, etc.)

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Photos Google Earth (2013)

3

2

1

4

4 espaces verts principaux : 1) Parc Tour & Taxis (1ère phase: 2013-2014) 2) Coulée verte du Parc L28A (2013) 3) Parc Dubrucq L28 (2014) 4) Parc récréatif Béco (2015/2016) Accès: - accès de plein pieds - autres

Plan du Schéma Directeur (retravaillé par l’étudiante)- en ligne : <http://www.adt-ato. brussels/sites/default/files/ documents/MDP_TT_ATLAS_ fr_nl.pdf>

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31. MDP, MICHEL DESVIGNE PAYSAGISTE, « Marché d’études urbanistiques et paysagères : Développement des sites d’espaces publics dans la zone TOUR & TAXIS/ NOTE DE SYNTHÈSE », p. 3-9 - en ligne : <http://www.adt-ato.brussels/ sites/default/files/documents/ MDP_NOTE_DE_SYNTHESE-EV-TT_fr.pdf>

Vallée de Tour & Taxis : nature du sol et gestion des emprises constructibles (même source pour les images p. 65) en ligne : <http://www.adt-ato. brussels/sites/default/files/ documents/MDP_NOTE_DE_ SYNTHESE-EV-TT_fr.pdf>

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Pour s’assurer de la qualité et de la cohérence de ces futurs espaces verts développés par des instances différentes et à des moments différents, Bruxelles Environnement a confié le marché d’études urbanistiques et paysagères à l’atelier de Michel Desvigne Paysagiste, dont les principes fondamentaux31 ont été : • La mise en valeur des composantes naturelles et artificielles du paysage existant de Tour & Taxi. • Le respect de la topographie, de la faune, de la flore des talus ferroviaires pour préserver leur fonction de corridor écologique en adéquation avec l’idée de Maillage écologique vert. • La collecte et la gestion parcimonieuse des eaux. • Le soin des ouvertures visuelles et des perspectives depuis le grand parc central vers le canal et sur le quartier du little Manhattan. • La mise en valeur des différents ouvrages d’art surplombant la vallée tels que les ponts Jubilé (classé depuis 2006), Clesse, et Demeer. • L’attention particulière de conservation et de réutilisation du patrimoine portuaire (canal) et industriel présent sur le site (halles, cabines et ateliers) dans des programmes liés au parc.


« Corridors écologiques » des talus ferroviaires à conserver.

Perspective vers le little Manatthan après le pont du Jubilé.

Patrimoine industriel.

Coupe sur le Grand Parc.

pelouse, arbre

noue

pelouse

noue

pelouse, arbre

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OBSERVATION RENCONTRE AVEC LES FAISEURS DE VIE

Au vu de l’étendue du projet imaginé, de la complexité des acteurs concernés ainsi que des différentes phases de mise en œuvre, le temps de lancement du nouveau plan de développement prédestinait l’édition Parckdesign 2014 à s’implanter à Tour & Taxis et activer temporairement cet espace résiduel en attente d’espace public. Premièrement, la démarche de Parckdesign 2014 s’est basée sur une approche participative encouragée par Bruxelles Environnement qui désirait mettre en place un commissariat32 soutenant l’intervention des habitants et des associations du quartier (co-production, participation à l’usage et à l’entretien des interventions proposées). Un appel à projet a donc été lancé à destination d’équipes tant belges qu’internationales qui devaient fonctionner en duo afin de permettre un croisement de points de vue et d’interdisciplinarités (par exemple un artiste et une association, un concepteur et un utilisateur, un designer et un producteur). L’objectif du concours était d’assurer l’étude complète, la conception et la coordination de la mise en œuvre d’un «événement» qui requalifierait des terrains en friche mais dont la métamorphose devait créer cette fois-ci des espaces innovants liés à de nouvelles pratiques urbaines. En d’autres mots, les interventions devaient inventer une nouvelle typologie de parc productif et évolutif à Bruxelles en accord au thème coup de cœur de l’agriculturale urbaine et au contexte du futur parc projeté sur le site. Elles devaient avoir l’ambition de devenir un véritable moteur au développement futur des quartiers en tenant compte des aspects environnementaux, sociaux et économiques

32. Définition du Larousse 2012: personne ou groupe de personnes chargée(s) d’organiser, d’administrer un événement pour une durée limitée.

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de la vie urbaine des quartiers voisins. A la fois créatrice de sens et de liens, il s’agissait ici d’un vrai challenge pour changer l’identité d’un délaissé pour qu’il puisse devenir un nouveau lieu de rendez-vous dans la ville. Choix et position du commissariat Pour mener à bien ce projet, le commissariat de la nouvelle édition 2014 a été confié à Petra Pferdmenges de l’agence Alive Architecture (chargée de créer les liens sur le terrain et avec les acteurs principaux) et à Thierry Kandjee de l’agence Taktyk (responsable de l’organisation des workshops et du suivi de chaque projet jusqu’à l’aboutissement de leur construction). Leur travail s’est fait au sein d’une équipe pluridisciplinaire en association avec l’artiste Hidde van Schie, de Jacques Abelman (groundcondition, design paysager) et de Eric Dil (cultural project manager). 33. Interview avec Thierry Kandjee le 19.11.2015 à LOCI.

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Petra P.

Thierry K.

Thierry Kandjee nous explique33 : « Il faut savoir que ce projet aurait pu être totalement autre chose si un autre commissariat avait été désigné, avec une volonté plus forte de design par exemple. Le choix d’avoir un ancrage local était ici une ambition de départ. D’un autre coté, il y avait les aspirations de la Région qui cherchait à « réussir à faire tout avec une seule opération », répondre à tous les défis: afficher une vitrine régionale, tester un prototype, faire des liens sociaux, etc. A la fin, on finit avec une « liste des courses » qui n’en finit plus... Mais c’est souvent la réalité des cahiers des charges et nous architectes et urbanistes, on nous demande de réussir la prouesse de tout faire à la fois.» Tout s’est mis en place très vite : le commissariat Taktyk et Alive Architecture a fait offre en mars 2013 et fut sélectionné en juin. La position adoptée était de dire que beaucoup de gens


s’étaient déjà cassés la figure sur ce type de projet en arrivant avec du design qui n’était pas la bonne réponse sur un site avec autant d’enjeux. Trop souvent, on constate un rejet par les populations, ne serait-ce que par l’approche trop superficielle ce de type de projet. « Lors de la rencontre avec les locaux, il était clair pour eux qu’ils n’avaient pas besoin de Parckdesign… Ce festival ne voulait rien dire pour eux et l’idée de voir des bobos arriver dans leur quartier pour regarder un bel objet était massivement rejetée. Notre offre s’était donc inspirée du projet PS1 à NY. C’était un projet qui réhabilitait la ville suivant certaines thématiques, et une année, une équipe n’avait pas fait d’intervention sur la thématique proposée mais avait directement demandé aux habitants de Brooklyn ce dont ils avaient besoin en leur posant une question simple : « qu’est ce qu’il manque à Brooklyn ? ». Cette attitude impliquait dès le début que le projet persiste dans le quartier. C’est cet objectif que le commissariat voulait retrouver dans Parckdesign. Il fallait que Parckdesign devienne une ambition qui équipe le quartier de quelque chose qu’il n’avait pas encore. C’était une feuille de route assez claire et très spécifique qui engageait une question : que faut-il apporter au site ? » Implantation L’implantation de Parckfarm s’est faite stratégiquement entre le pont du Jubilé et le pont du Brucht à proximité immédiate de la station de métro Pannenhuis. Les 1ères visites sur place ont commencé en juillet 2013. En soi, le site offrait déjà des qualités paysagères remarquables : - l’effet de corridor encaissé, - la ponctuation par les deux ponts remarquables du Jubilée (patrimoine de la Région de Bruxelles-Capitale de 1905) et de Dubrucq, - la richesse du site entre une friche ferroviaire semi-boisée et le « tabula rasa » de Tour & Taxi en attente de reprogrammation, - la perspective unique à Bruxelles sur le « little Manatthan ».

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Plan d’implantation, présentation de l’événement Packdesign 2014 de l’IBGE - en ligne : <https://lirias.kuleuven. be/bitstream/123456789/52271 7/1STEUNPUNT+STRATENPARCKDESIGN.pdf>

1. partie du futur parc à l’étude (ouverture en 2018) 2-3-4-5. fin des chantiers et rendus accessibles au public en 2014 6. occupation temporaire en cours. Projet définitif à l’étude (ouverture en 2018)


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La parcelle en question avait cependant été trop longtemps délaissée depuis l’abandon des activités ferroviaires en 1980. Après l’enlèvement des rails en 2005, le site n’avait pu être réintégré dans une nouvelle politique de réhabilitation et servait de déchetteries publiques (accumulation de dépôts clandestins depuis les 2 ponts). Ce n’est qu’en 2013 qu’il fut enfin nettoyé avec l’aide d’une poignée d’habitants pour amorcer le projet Parckdesign 2014.

Site abandonné depuis la fin des activités ferroviaires en 1980 et grand nettoyage par une partie de bénévoles en 2013 - en ligne : <https://lirias.kuleuven.be/ bitstream/123456789/522717/1STEUNPUNT+STRATEN-PARCKDESIGN.pdf>

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Réflexions in situ Cultiver en ville, est d’abord une démarche individuelle, un moyen pour le jardinier de retrouver un lien avec la terre et son alimentation. L’espace public est par essence un espace « politique » dont l’aménagement reflète notre société. Le cultiver permet d’intégrer le citoyen au cœur des mutations spatiales et sociales. - Véronique Skorupinski, architecte « Avant tout, avance Petra Pferdmenges34, il fallait avoir une vision globale du site pour pouvoir comprendre comment s’y intégrer. Nous avons donc effectué de nombreuses visites, des promenades, et nous avons été à la rencontre des habitants… D’autre part, nous étions conscients que le futur parc évolutif était déjà prévu à cet endroit mais nous sommes partis sans faire de distinction entre celui-ci et le festival. »

34. Interview Petra Pferdmenges le 11.01.2016 à Saint-Gilles.

Thierry Kandjee réagit notamment sur les 1ères observations sur place. « Nous avions conscience que c’était un paysage atypique et exceptionnel à Bruxelles. Mais notre question était surtout celle du « vivre ensemble » ou comment est-ce que l’on pouvait rendre ce lieu plus appropriable et plus partageable. Or, on constata sur place, qu’il existait déjà des micros pratiques à l’échelle de quelques habitants qui utilisaient clandestinement le bord de ce terrain vague comme jardin collectif. Ces pratiques dévoilaient qu’il y avait déjà une attention par rapport à cet espace d’en faire son jardin. » Nous n’étions donc pas à proprement dit dans le cas d’un site délaissé. Un délaissé est un espace sur lequel il y a déjà une initiative générale qui s’exprime, une sorte de marginalité qui a sa vie, et dont un jour sa vie s’arrête pour toutes sortes de raisons (promotion immobilière, etc.). Ici, on était dans un contexte différent, qui est celui d’un espace déjà identifié par la Région comme étant un « futur parc ». Pour preuve, l’invitation à Michel Desvigne de se pencher sur la question de cet espace en ville.

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Il y a certes le préalable du délaissé. Cependant, cet espace restait un lieu qui a été pendant un certain temps donné vacant mais tout en restant habité. Et pendant ce temps les habitants étaient en attente d’un parc depuis 10 ans. Donc le processus à mettre en oeuvre était différent de celui des réhabilitations classiques des micro-friches. Les habitants avaient déjà pris des libertés, en cultivant une partie du terrain, qui étaient tolérées car cela ne contrariait personne. Mais le terrain appartenait à Tour & Taxis et tant que celui-ci ne se développait pas, il n’y avait pas d’enjeux. Ce n’est qu’à partir du moment où on mentionna le projet de parc public que de nombreux débats se sont ouverts et ont questionné le statut de cet espace : « qu’est ce qu’on en fait ? », « pour qui ? », « pour quoi ? ». Ainsi, les 1ères observations in situ (la présence de potagers clandestins, d’un poulailler et d’autres éléments qui pouvaient contribuer à faire marcher une ferme) ont redirigé l’événement sous l’appellation Parckfarm (parc + ferme) : du paysage à l‘assiette - une sorte d’hybride combinant les caractéristiques d’un parc à celles d’un espace de production alimentaire en réponse à la nouvelle typologie d’espace public dictée par Bruxelles Environnement. Ce projet était également perçu comme la 1ère phase du futur chapelet de parcs projeté à Tour & Taxis en s’inscrivant à la suite des premiers aménagements du parc L28A et du parc Dubrucq. En plus d’activer un site en attente d’espace public, le thème agro-urbain du projet encourageait également à tisser des liens au niveau régional avec d’autres projets agricoles pilotes déjà existants dans la Région de Bruxelles-Capitale, comme la ferme Nos Pilifs, non loin du site Tour & Taxis.

SCHEMAS Parck + Farm, présentation de l’événement Packdesign 2014 de l’IBGE- en ligne : <https://lirias.kuleuven. be/bitstream/123456789/52271 7/1STEUNPUNT+STRATENPARCKDESIGN.pdf>

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CONCEPTION

Un processus participatif : Dialogue entre local et invité On avait donc un site approprié par les habitants riverains avec une question particulière qui se posait : comment dépasse-t-on la logique d’un jardin particulier pour le transformer en un espace partagé et public – ou – comment passer à un bien collectif ? Avant tout, ce qui était primordial, relève Thierry Kandjee, « c’était que cette transformation se fasse avec les mêmes personnes. En effet, ce qui se passe trop souvent c’est qu’on dépense une énergie folle à mettre en place une dynamique et que les pouvoirs publics veulent par la suite passer à autre chose, comme ici en créant un parc. A contrario, nous voulions prolonger notre intervention dans le temps et intégrer dans la démarche les gens qui seraient acteurs, moteurs jusqu’au bout.» Comment impliquer dès lors les habitants dans le projet pour qu’il soit adopté ? « C’est en septembre 2013 que nous avons rencontré pas mal d’acteurs qui sont devenus nos partenaires lors de la fête de quartier « Embarquement immédiat », rue Picard, organisée par l’école du cirque. Ces personnes sont devenues nos référents sans qui le projet n’aurait jamais pu être réalisé. Ensemble, nous avons pu fonder un véritable réseau qui nous a fait rencontrer encore bien d’autres individus motivés dans le quartier. Les habitants étaient fatigués de cette déchetterie, de cette poubelle à ciel ouvert (c’est environ 10T de déchets qui ont été enlevés sur le site). Ils avaient besoin de passer à autre chose et de revaloriser cet espace. C’est en partie cette « envie de faire » qui a été ressentie à ce moment-là sur place : un potentiel fort d’habitants ayant des attentes et des ambitions

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pour leur quartier. Ce qui n’est finalement pas toujours le cas car on aurait pu arriver sur un site sans dynamique, sans acteur potentiel… ce qui aurait été relativement dur car il aurait fallu alors créer cette dynamique sur place mais ici, elle existait déjà, ce qui fut à mon sens la chance du site et de ce projet. » Il était donc de prime abord essentiel de considérer la conception du projet comme un processus « co-créatif » qui impliquait un dialogue et de donner la parole aux habitants qui voulaient changer les choses. Dialoguer avec l’habitant, c’était se donner les moyens de fixer ensemble les besoins élémentaires du quartier vers un nouvel usage du site et d’inscrire une nouvelle dynamique d’animation participative. Pour activer cette idée de nouveau parc imaginé par Bruxelles Environnement, il était indispensable de faire participer l’habitant car un projet ne peut fonctionner que si les personnes directement concernées s’y investissent, du moins, si ceux-ci sont prêts à relever le challenge. Ces échanges se sont réalisés localement, au cours de réunions mensuelles dans le Café Pannenhuis « chez Momo ». Dès la conception des projets et ce durant tout l’événement du festival, ils ont voulu faciliter les rencontres entre voisins, concepteurs, fermiers, associations et bénévoles, ce qui a permis une collaboration étroite pour assurer l’appropriation locale du

Réunion chez Momo, présentation de l’événement Packdesign 2014 de l’IBGE - en ligne : <https://lirias.kuleuven. be/bitstream/123456789/52271 7/1STEUNPUNT+STRATENPARCKDESIGN.pdf>

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projet. Cet événement était une excuse pour rencontrer les personnes actives dans le quartier et créer une dynamique entre habitants autour d’un projet commun. Le projet ne voulait pas seulement être de type « participatif » mais visait à croiser des connaissances, des savoir-faire, des expertises, et forcer les équipes, à se parler, à rencontrer d’autres personnes pour débattre collectivement du futur du lieu. Ce dialogue constructif a finalement monopolisé un très grand nombre de personnes et a été fondateur dans le processus de conception, de réalisation et du devenir de la Parckfarm. Comment s’est passé cet échange avec les habitants? « Tout passe par beaucoup d’écoute, insiste Thierry Kandjee. Nous avons pris la peine d’organiser toutes les réunions sur le site, et non chez l’architecte urbaniste ou à l’IBGE. C’était essentiel de montrer que quelque chose se passait sur place. Et au final, le pari du bouche à oreille a fonctionné à merveille : pour 5 personnes, au début dans le café de Momo, nous sommes arrivés à plus de 60 personnes en fin de festival. Durant ces échanges, la direction à prendre n’était pas tracée d’avance : le dialogue avec les habitants était un processus mouvant pendant lequel peu à peu des opportunités se sont présentées. A priori, ce qui a été déterminant, c’était à la fois conserver un budget pour lancer un appel d’offres et réaliser toutes les interventions imaginées mais aussi de laisser de l’argent de côté pour encourager les gens à réaliser leurs désirs. Thierry Kandjee relève que, « le but de ces micro budgets était de donner les moyens à une personne motivée de s’investir dans une idée comme par exemple réaliser un stand lors d’un événement spécial durant le festival. Notre point d’honneur était bien d’ « aider » et non de « financer » car ce n’est pas ainsi que l’on met en marche une dynamique de micro-initiatives solidaires (atelier de cuisine, etc). On ne voulait pas donner simplement ce que les gens réclamaient mais bien stimuler leur envie. De plus, l’objectif ici n’était pas de faire croire que Parckdesign ou Parckfarm ferait gagner de l’argent à qui que ce soit mais bien qu’il servirait de plateforme avec la mise en place d’infrastructures adéquates. »

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Petra Pferdmenges, médiatrice dans Parckdesign 2014 insiste notamment sur l’importance du rôle du médiateur dans ce processus. « Lors de l’édition Parckdesign 2014, nous n’étions pas du tout dans une optique d’organiser un événement quelconque pour ensuite repartir comme le ferait n’importe quel « event manager ». Personnellement, mon parcours et mon travail dans Alive Architecture sont axés sur l’espace vécu et non l’espace construit qui est propre aux architectes. C’est la liaison entre l’espace et les gens, l’appropriation des espaces publics qui me passionne en particulier et qu’on essaya de mettre en oeuvre à travers ce commissariat en cherchant les moyens à mettre en place pour générer un espace vécu. Pour y arriver, il était essentiel de donner une place aux habitants. J’ai donc joué le rôle de médiatrice entre toutes les expériences différentes des acteurs en invitant les habitants, les artistes et tous les individus des installations, à se réunir tous les 2ème mardi du mois chez Momo. L’objectif était avant tout de démarrer des initiatives locales en demandant aux habitants ce qu’ils désiraient voir se réaliser dans leur quartier et non simplement entendre leur avis sur des projets « fixés » à l’avance. Ce fut au final un grand succès qui rassembla à chaque nouvelle réunion de plus en plus de monde. » Concours

35. Informations tirées du Dossier « Analyse des projets Parckdesign 2014 », reçu de la part de Mme Cantillon (21.12.2015)

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Suite aux échanges avec les citoyens et les visites du site, le commissariat a pu fixer six lots triés sur le volet et motivés par les habitants eux-mêmes selon leurs besoins et leur expérience du quartier. Ces interventions ont été strictement discutées avec ces derniers ainsi qu’avec le client (programmes et budgets fixés, mode de réalisation et relations à l’échelle locale et régionale) pour lancer en 2013 un concours sur le marché public. Ces six lots étaient les suivants35 : 1) La Farmhouse 2) Le potager expérimental (concours étudiant) 3) Les déchets comme ressource 4) Le parcours de l’eau* 5) la ferme des animaux 6) L’apiculture urbaine


* Si le concours avait fait l’étude de ces 6 projets, seulement 5 lots sur les 6 prévus ont été au final conservé pour qu’une partie du budget attribué au commissariat puisse servir partiellement à mettre sur pied d’autres projets « fédérateurs de liens » (voir p.X : le Farmtruck, l’éclairage sous le pont, la table paysage…). Seul le parcours de l’eau n’a donc pu être réalisé pour des raisons budgétaires. Pour cause, je ne le développerai pas dans ce travail au même titre que les projets non recevables qui ont été proposés puisqu’ils ne respectaient pas le canevas dicté par le concours.


Données générales du concours La Farmhouse

Le potager expérimental

Programme

- Stockage des outils de jardinage, des

- Potager expérimental - Serre innovante - 3 repas à partir de la production issue de l’intervention dont 1 avec débat sur le thème du maraîchage urbain - 3 Actions urbaines, dont au moins une à l’échelle du quartier et une à l’échelle régionale

Réalisation

- Co-construction - Participation aux ateliers et évènements)

- Co-construction de l’installation - Jardinage, arrosage, récolte - Organisation et participation aux (ateliers) repas - Participation et organisation de débats liés au maraîchage urbain

Relations à l’échelle locale et régionale

outils de cuisine, des aliments, réfrigérateur - Cuisine équipée (6 feux minimum) et aménagée pour pouvoir accueillir des ateliers de cuisine - Emplacement d’un bar - Point électrique - Arrivée d’eau (extérieure et intérieure) - 2 Toilettes sèches - Point information - Espace pour ateliers et séminaire (100 chaises à prévoir) - Espace pour garer le FARMTRUCK (voir p.106) pendant la nuit (+/-6,50m x 2,50m) - Dispositif soundsystem pour conférences et projections (min 2 enceintes 80w, connectique et micro)

- A l’échelle du quartier : Atelier cuisine, atelier jardinage, échange de connaissances et produits de récolte avec les habitants du quartier, - A l’échelle régionale: Echange de connaissance de production de récolte avec d’autres potagers de Bruxelles, partage d’outils avec les réseaux de potagers et fermes urbaines à Bruxelles,

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Les déchets comme ressource

La ferme des animaux

L’apiculture urbaine

- Système de compostage innovant pour le Parckfarm et le quartier - Recyclage et transformation des déchets organiques et animaux - 3 repas à partir de la production issue de l’intervention dont 1 repas-débat sur le thème des déchets comme ressources - 3 Actions urbaines, dont au moins une à l’échelle du quartier et une à l’échelle régionale

- Production d’aliments d’origine animale - Abri - Enclos - 3 repas à partir de la production issue de l’intervention dont 1 avec débat sur le thème de l’animalité en ville, l’élevage et la production alimentaire d’origine animale - 3 Actions urbaines, dont au moins une à l’échelle du quartier et une à l’échelle régionale

- Production de miel - Rucher - Jardins d’insectes polinisateurs - 3 repas-débat à partir de la production issue de l’intervention dont 1 débat sur le thème de l’apiculture urbaine - 3 Actions urbaines, dont au moins une à l’échelle du quartier et une à l’échelle régionale

- Co-construction de l’installation - Entretien et alimentation des installations - Organisation et participation aux (ateliers) repas - Participation et organisation de débats liés au recyclage des déchets

- Co-construction de l’installation - Implication d’un fermier local - Responsabilité à nourrir les animaux - Mise en place de systèmes d’échanges - Organisation et participation aux (atelier) repas - Participation et organisation de débats liés à l’animalité en ville, l’élevage et la production alimentaire d’origine animale

- Production de miel pour les visiteurs, ateliers participatifs - Organisation et participation aux (ateliers) repas - Participation et organisation de débats liés à l’apiculture urbaine

- A l’échelle du quartier : Atelier création de repas par des déchets, atelier collecte de déchets urbains, échange des connaissances, cinéma repas, …

- A l’échelle du quartier : Atelier ‘production de fromage’, atelier cuisine à base de la production issue de l’intervention, échange de produits, évènements pédagogiques, cinéma repas, …

- A l’échelle du quartier : Atelier créatif, atelier repas au miel, atelier plantes mellifères, atelier nichoir à polinisateur, actions urbaines didactiques et pédagogiques, cinéma repas…

- A l’échelle régionale : Echange de connaissances par la mise en place d’ateliers, de collecte de déchets urbains, diffusion des productions et outils de l’intervention, projection sur le thème, repas-débat,…

- A l’échelle régionale : Actions urbaines didactiques et pédagogiques, diffusion et échanges de connaissances avec d’autres éleveurs, fermes urbaines, échanges et transports d’animaux, repas-débat, projection sur le thème,

- A l’échelle régionale : Actions urbaines didactiques et pédagogiques, diffusion et échanges de connaissances avec d’autres apiculteurs, échanges de miel, mise en place d’une «banque de miel », repas-débat …

Informations tirées du Dossier « Analyse des projets Parckdesign 2014 », reçu de la part de Mme Cantillon (21.12.2015)

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Marché public: P2505 Parckdesign - 2014 Pouvoir adjudicateur: IBGE (Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement)

Lieu de la prestation du service

Région Bruxelloise

N° du CSCH

2013_004_019 (ID: 122)

Type de marché

services

Estimation

160.249,97 € (TVAC)

* Lot 1 - FARMHOUSE

50.000,00 € (TVAC)

* Lot 2 (Potager expérimental (concours étudiants))

10.000,00 € (TVAC)

* Lot 3 (Les déchets comme ressource)

30.250,00 € (TVAC)

* Lot 4 (Parcours de l’eau)

24.999,99 € (TVAC)

* Lot 5 (La Ferme des Animaux) 24.999,99 € (TVAC)

Informations tirées du Dossier « Analyse des projets Parckdesign 2014 », reçu de la part de Mme Cantillon (21.12.2015)

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* Lot 6 (Apiculture urbaine)

19.999,99 € (TVAC)

Mode de passation

Procédure négociée directe avec publicité, justification: l’article 26, § 2, 1° d (montant du marché HTVA n’atteint pas le seuil de 200.000,00 €; catégorie de services 26) - loi du 15 juin 2006

Approbation des conditions et du mode de passation

3 octobre 2013 (Inspecteur des Finances)

Date d’envoi de la publication

3 octobre 2013

Date limite pour l’introduction des offres

7 novembre 2013 à 12.00 h

Fin du délai de validité de l’offre

5 février 2014


Rapport d’examen des offres Si le programme, le budget et les enjeux étaient fixés, la forme était encore à inventer. En effet, comment concevoir un projet paysager/architectural temporaire sur un site résiduel ? Quelle méthode appliquer pour l’activer ? Un Jury de professionnel36 s’est tenu le jeudi 28 novembre 2013 pour choisir les lots intéressants à réaliser. Ce jury a comparé les offres suivant trois critères d’attribution, jugés essentiels par le commissariat dans ce type de projet37: - Critère d’attribution N°. 1: Qualité
 Qualité et cohérence du concept, en ce qui concerne : la note d’intention et de positionnement de la proposition, l’esquisse de l’intervention fixe (spatialisation) et l’esquisse de l’intervention mobile à l’échelle du quartier et de la région. - Critère d’attribution N°. 2: Méthodologie
 Méthode proposée (processus, planning), en ce qui concerne : le calendrier des évènements sur le site et actions de médiations (au delà du site) et la ventilation du budget détaillant la répartition dans le temps et par membre de l’équipe. - Critère d’attribution N°. 3: Originalité
 Le projet devra tenir compte des éléments suivants : la durabilité de la proposition, la flexibilité d’usage (atelier enfants, atelier cuisine, séminaires de capacité variable), la relation au parc par la transparence, la réinterprétation du caractère de ferme, de bâtiment agricole, l’approche économe de l’utilisation des matériaux/des consommations d’eau et d’énergie, le principe de fermeture et de protection des espaces sensibles et le respect des budgets et maitrise du processus de construction. Il est intéressant de survoler les différentes approches des acteurs de différentes professions38 (sans être des designers professionnels) dans l’objet de ce concours. Sur base des notes émises du Jury Parckdesign 2014 et sans rentrer dans les détails de chacune des propositions, je tenais ici à synthétiser leurs avantages et leurs faiblesses en fonction des 3 critères imposés par le commissariat. Ceci, pour permettre une comparaison facile et comprendre l’intérêt des lots choisis en regard des autres.

36. Membres du Jury : Chantal Vanoeteren (Cabinet) Serge Kempeneers (IBGE) Martine Cantillon (IBGE) Ann De Cannière (ADT) Jeanne Van Heeswijk (Artiste Parckdesign 2012) Thierry Kandjee (Commissariat Parckdesign 2014) Petra Pferdmenges (Commissariat Parckdesign 2014) Jacques Abelman (Commissariat Parckdesign 2014) Eric Dill (Commissariat Parckdesign2014) Hidde Van Schie (commissariat Parckdesign 2014)

37. Informations tirées du « Rapport d’examen des offres » du 29 novembre 2013, reçu de la part de Mme Cantillon (21.12.2015)

38. Informations tirées des notes du jury Parckdesign 2014 du 28 novembre 2013, reçu de Mme Cantillon (21.12.2015)

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LOT 1 FARMHOUSE 1 – Tijdelijk renovatie en uitbreiding Seinwachterhuisje, Eenmanszaak - Ce projet comprend entre autre une rénovation de la guérite qui offre une vue spéciale depuis le toit sur le futur parc Tour & Taxis. - Les meubles en bois contreplaqué pourraient éventuellement être réalisés au cours d’un atelier local.

Qualité

+ Projet intéressant d’un point de vue architectural* mais pas intégré au parc. - Distance énorme par rapport aux jardins collectifs.

Méthodologie

+ Dossier précis. - Mauvaise estimation du budget pour une telle rénovation (pas assez détaillé).

Originalité

+ Revalorisation d’un bâtiment en ruine existant sur le site

*Références: - Cascooland Heiloo, mobiel restaurant voor GGZ Noord Holland te Heiloo, i.s.m. Cascoland (2013) - Guerrilla Gardening, paviljoen op het Lowlands Festival voor Premsela om guerilla gardening te promoten (2011)

2 – La forêt Agraire, Studio Michelle Girelli -

- La proposition est modulaire ce qui laisse le choix à une large variété de combinaisons.

Qualité Méthodologie

- Projet trop dispersé : ne correspond pas à la demande d’un lieu centralisé.

Originalité

- Ne répond pas aux objectifs du cahier des charges.

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- Très théorique : la présence et la participation au projet de l’équipe sur le site n’est pas claire. - Caractère modulaire du projet est difficile à comprendre dans son contexte.


Sélectionné 3 – Refuge Maritime, Team Refuge Maritime - La Farmhouse est conçue comme un refuge, un lieu serein et rassembleur. - Une réflexion est menée sur un programme d’activation dès le premier jour : l’activation des acteurs locaux (écoles, associations, actions de jeunesse, etc.) est envisagée dès la phase préparatoire et il leur est possible de développer leurs propres activités avec le soutien et la supervision adéquate de l’équipe mise en place. - Grande souplesse d’utilisation de la Farmhouse. - Activités possibles après la réalisation du projet.

Qualité

+ S’intègre avec légèreté dans la thématique proposée : intégration locale forte (transparence). + Approche positive par rapport aux enjeux du vandalisme. - Le jury proscrit l’utilisation de verre et impose un matériau de type polycarbonate.

Méthodologie

+ Bonne équipe : composition variée et niveaux d‘expérience différents. + Connexions locales fortes (bonne connaissance du site et des zones voisines). + Approche réaliste qui intègre la réutilisation possible d’un équipement au-delà du festival. + Description détaillée du budget.

Originalité

+ Flexibilité de l’arrangement intérieur de la serre (plan libre) - Les ballots de paille posent question

4 – New Farm house, Zuloark

-« Rapidité » de la mise en œuvre : « Toutes les pièces pourront se transporter dans un camion avec une remorque de 6m (de préférence avec une grue). Cela facilite le montage/démontage, en 1 ou 2 jours. » - Réponse à certaines activités majeures demandées dans le cahier des charges (3 actions avec le FARMTRUCK, etc.).

Qualité

+ Tous les programmes demandés sont présents. - Proposition peu réaliste, la durabilité de l’installation pose également question. - Les liens spécifiques avec les acteurs locaux ne sont pas assez clairs.

Méthodologie

- Le budget semble limité si on pense à la viabilité à long terme de la structure.

Originalité

- Visuellement très proche de l’architecture classique d’une ferme.

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5 – Farmblocks, ICI Architectes SPR

- Durabilité de la proposition : réutilisation + solidité. - Flexibilité des usages : indépendance des fonctions. - Relation au parc : implantation + « perméabilité » + vues + contraste. - Réinterprétation de la ferme : définition concept ferme urbaine - Approche économe : 90% des matériaux sont récupérés. - Principe de fermeture et de sécurisation : conteneur + concierge. - Maîtrise du budget : préfabrication à l’aide de conteneur.

Qualité

+ Lien intéressant entre les activités portuaires et celles de l’ancienne friche ferroviaire. + Création d’un nouvel accès au pont Dubrucq. - Peu d’intérêt architectural. - Implantation différente de celle proposée.

Méthodologie

- Equipe partiellement incomplète. - Approche simpliste.

Originalité

- Projet peu original : utilisation conventionnelle des conteneurs.

6 – Séquences Stratégiques, Karbon - Le programme de la FarmHouse est éclaté et dispersé sur l’entièreté du site. On distingue deux grandes unités, les ateliers et la « canopée », et différentes interventions, dites «folies», tels que des gradins ou le garage du Farmtruck. - Les fonds alloués à la Farmhouse servent à tracer des accès au site ainsi qu’à développer un mobilier urbain pérenne sur le site qui pourra faire l’objet d’un workshop avec les habitants. Qualité Méthodologie

- Projet trop dispersé : ne correspond pas à la demande d’un lieu centralisé.

Originalité

+ Intégration globale du site. + Eléments non prévus mais intéressants dessinés (chemins, accès, etc.) : les anciennes voies ferroviaires sont retracées.

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- Ne répond pas à la demande du cahier des charges.


LOT 2 POTAGER EXPERIMENTAL 1 – Food tower, Laurent Bolts - Construction et extensibilité d’une thématique, dans ce cas-ci la tour. - La population locale est en partie responsable de la culture des légumes et du choix des semences parmi une gamme sélectionnée. - La structure est construite avec des échafaudages, en particulier des échafaudages de façade, couramment utilisés dans les travaux de rénovation. Qualité

- La proposition ne répond pas à toutes les demandes du rapport. Il manque des éléments importants. - Réponse qui se focalise plus sur l’offre d’une structure que la création d’un jardin potager. - Proposition irréaliste.

Méthodologie

- La proposition reste trop succincte. L’implantation du projet dans le temps n’est pas garantie. - Budget : données incorrectes ou manquantes.

Originalité

- Approche inventive mais non réaliste pour créer du lien entre la ville et le parc.

2 – Pallet urban Garden, Alec Bouten - Un chemin semi-enterré permet au potager de se retrouver à hauteur de table. - Plusieurs points de distribution seront prévus pour les équipements de jardinage, les graines/tubercules (aucune information sur l’emplacement de ces lieux de distribution). - L’utilisation de palettes en bois permet de diminuer le coût et le nombre de travailleurs.

Qualité

- Proposition ne répond pas à toutes les demandes du rapport : il manque des éléments importants. - Réponse qui se focalise plus sur l’offre d’une structure que la création d’un jardin potager.

Méthodologie

- Proposition trop succincte. L’implantation du projet dans le temps n’est pas garantie. - Aucune information sur le budget.

Originalité

- Approche inventive mais non réaliste quant au lien entre ville et parc.

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3 – STOEMP, Stoemp

- La structure proposée est compacte. - Le projet est accessible à tous, mais est davantage axé sur les enfants et l’éducation. - Différentes activités peuvent se déployer dans/sur/à côté de la structure. La circulation se veut ludique grâce à un toboggan. - Structure flexible, à faible impact sur l’environnement et matériau réutilisable. - Des pommes de terre et divers légumes régionaux et saisonniers ont été sélectionnés dans des bacs pour le projet.

Qualité

+ Structure très claire avec différentes possibilités d’usage et différents types de circulation (escalier, toboggan) qui diversifie les connexions entre le pont et le futur parc. - Réponse qui se focalise plus sur l’offre d’une structure que la création d’un jardin potager. - Problème de sécurité.

Méthodologie

+ Richesse de la composition des équipes, grande multidisciplinarité. - La proposition reste trop succincte. L’implantation du projet dans le temps n’est pas garantie.

Originalité

- Approche inventive mais non réaliste quant au lien entre ville et parc.

Co sélectionné

4 – Food Garden, Valerie Fryns

- Les bénévoles pourront consommer une partie des légumes. Le reste sera vendu dans la Farmhouse. - Des portions de terrain sont destinées à un projet d’« école verte » (potager d’expérimentation avec des élèves). Un atelier cuisine est également prévu sur le site par des chefs amateurs du quartier ou des organisations spécialisées à Bruxelles. - Des espaces dans le Food Garden sont prévus pour partager et consommer les biens produits sur place (entre participants et visiteurs du parc). Qualité Méthodologie

+ Approche didactique et sculpturale intéressante.

Originalité

- Approche de la production alimentaire banale.

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+ Projet intéressant dans sa méthode de co-fabrication d’éléments de support de production : les propositions de workshop sont très détaillées. + Différentes suggestions sur des repas partagés.


5 – FooDESIGN, Mylène Boutelier

Co sélectionné - Production particulière de légumes oubliés, de fleurs et d’insectes comestibles. - Production et vente du « Panais de PARCKDESIGN », export grâce au FoodTruck. - Des ateliers éducatifs avec les habitants sont prévus (réalisation de mobilier, bouturage, etc.)

Qualité

+ Portée très pédagogique du propos - Spatialisation peu convaincante. - Aucune relation avec la question du jardinage urbain.

Méthodologie

+ Approche pragmatique des micro-constructions + Proposition très enthousiaste mais peut-être trop expérimentale. - Aucune mention concernant le caractère temporaire du projet et de son évolution.

Originalité

+ Approche de la nourriture diversifiée et intéressante

6 - Stairway to common, Maarten Moonens - Terrasses en escalier et utilisation multifonctionnelle. - Des légumes de saison peuvent être récoltés pendant le festival pour les repas partagés. - Le projet est facilement aménageable dans le parc, les cultures en terrasse et les escaliers peuvent servir de lieux de pique-nique et s’ouvrir sur la Farmhouse ou fonctionner comme des estrades (conférences et spectacles). Qualité

+ Projet redondant mais pertinent dans la mise en œuvre actuelle du parc. - Proposition ne répond pas à toutes les demandes du rapport : il manque des éléments importants.

Méthodologie

- Ne répond pas spécifiquement à la question du cahier des charges. - Aucune information sur le budget.

Originalité

- Travail de nivellement pertinent mais aucune approche innovante du sujet n’est proposée

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LOT 3 LES DECHETS COMME RESSOURCE 1 – Les Mycorhizières, Les Saprophytes + T-Time - Workshops de construction et suivi hebdomadaire. - Création d’un paysage sensible et comestible, production immédiate (champignons, cucurbitacées, orties, consoude en abondance...) - Aménagement léger qui vise à améliorer le sol du site : les silos à compost réalisés sur place pourront être déplacés et réutilisés pour d’autres jardins collectifs de Bruxelles. - Peu de construction et matériaux de récupération. Le budget est réservé aux actions sur place Qualité

- Spatialisation peu convaincante : l’implantation demande une trop grande surface (qui changerait l’image du parc) et les interventions ne sont pas assez claires (le projet se limite à la production d’un système de compostage rapide).

Méthodologie

+ Bon ancrage local, activation et suivi des installations.

Originalité

- L’approche didactique pose question. - Projet « nomade » difficile à croire réalisable.

2 – Le café du compost, Rirbaucout + Worms - Présence des équipes en alternance pour l’activation du four, lave vaisselle, entretien, discussions... (Permanences hebdomadaires). - Démonstration d’un autre potentiel productif du compost: la chaleur avec un module de production adaptable sur diverses situations de dénivelé (infrastructure légère).

Qualité

- Système d’échange intéressant mais trop aléatoire pour qu’il fonctionne avec certitude. - Installation à première vue très petite et peut être trop simple pour de grands enjeux.

Méthodologie

+ Equipe multidisciplinaire, associée de plus à un expert local en compostage. + Programme d’activation détaillé et intéressant. + Mention d’un système d’échange avec la ville.

Originalité

+ Accroche innovante au pont et objet compact et lisible. + Question sur la production de chaleur intéressante.

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3 – The Temple of Holy Shit, Collective disaster

Sélectionné

- Système de traitement des déchets voulant faire partie intégrante de l’ensemble de la ferme: visibilité sur le site. - Excréments, restes de légumes/fruits du parc/des ménages voisins sont collectés sur place et transformés en compost (distribué dans d’autres jardins urbains en fin de festival). Tout ce que le projet aide à produire est partagé lors des dîners entre les participants, les visiteurs et sympathisants. - Tentative d’intégrer des jeunes dans la réalisation (étudiants de St Lucas Architecture, Bruxelles et Gand et/ou les jeunes de l’organisation Foyer). - Equipe de designers de différentes nationalités, de formations différentes intéressée par la conception et la réalisation d’installations temporaires. - Eléments industriels recyclés et dégradables

Qualité

+ Ouverture vers des possibles très créatifs. + Bonne intégration. + Ambition est très forte qui devra être mesurée en regard de sa mise en œuvre et de son utilisation concrète.

Méthodologie

+ Equipe pluridisciplinaire, inventive et qui combine le local avec l’international. + Budget très précis. + Volet artistique intéressant. - Pas de proposition concrète sur l’implication des étudiants (sauf la proposition du thème au concours ).

Originalité

+ Propos décalé, pertinent et qui ouvre au débat. + Le projet offre de multiples modes d’interaction avec des publics différents.

LOT 4 LE PARCOURS DE L’EAU (non traité dans ce travail)

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LOT 5 LA FERME DES ANIMAUX 1 – There will be blood, POP

- Question et débat ouvert sur l’abattage des animaux : l’équipe est consciente des difficultés à organiser ce qu’elle projette (aucune autorisation d’une exécution animale ne serait à priori accordée par l’Afsca). - L’espace proposé pour l’installation est un espace extérieur, un « théâtre » (« transe » collective) réutilisable par les autres lots du festival pour leurs activités extérieures. - L’installation pourrait s’intégrer au futur parc.

Qualité

+/- Proposition est assez provoquante : elle pourrait animer un débat intéressant mais elle reste occultée par le coté très théâtral.

Méthodologie

- Composition de l’équipe est finement réfléchie mais reste incomplète dans le dossier. + Processus bien décris.

Originalité

+/- Le jury reconnait et apprécie la prise de risque mais est freiné par le propos trop caricatural. L’animal est uniquement considéré comme un produit fini. De plus, la proposition vise à engager un débat sur un plan régional, local et pédagogique sur la question de l’abattage des animaux. Est-ce vraiment le bon endroit pour soulever cette question?

2 – Boerenbruggen, Sannah Belzer et Ester van de Wie - Proposition intéressante de créer un pont connectant le Goats Bridge avec le Feeder Bridge. - Réflexion sur les routines de consommation des utilisateurs. - Schéma sur le réseau des échanges entre personnes, le réseau des ruisseaux, etc. Qualité

+ Projet très fort d’un point de vue iconographique. - Construction irréaliste par rapport au budget.

Méthodologie

+ Equipe expérimentée. + Proposition d’activités après la réalisation du projet. - Approche globale mais peu détaillée. - Budget donné insuffisant pour formuler tous les objectifs posés par ce projet.

Originalité

+ Beau geste.

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3 – Gans in the stad, Ruth Plaizier

Sélectionné - Petite intervention simple, réaliste et réalisable avec les habitants. - L’intention de départ est que ce projet soit (re)travaillé et affiné par des experts (architectes, écologistes et vétérinaires). La population locale pourra également participer au processus d’élaboration du projet. - Les déjections des oies sont recueillies pour fertiliser le jardin potager (les oies sont une alternative aux chiens de garde et leurs œufs sont comestibles)

Qualité

+ Engagement fort par une équipe locale sur le site pour la gestion des animaux. +/- La spatialisation et l’effet festival restent à faire. - Approche naïve et peu innovante.

Méthodologie

+ Dissémination intéressante du projet dans le quartier. - Manque d’informations concernant l’intervention architecturale : une piste de travail de l’évolution du projet pourrait porter sur les possibilités de mobilité des animaux dans le parc et la question des enclos.

Originalité

+ Idée d’une collaboration entre habitants locaux.

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LOT 6 APICULTURE URBAINE Sélectionné

1 – Bee car, Jacques Dujardin + Scrabe

- Rucher transportable et observation libre d’une colonie d’abeilles.

Qualité

+ Intégration d’abeilles sauvages et réflexion sur la flore riveraine. + Approche innovante sur la mobilité et le transport des abeilles. + Potentiel didactique fort et approche double du rapport au sauvage. - Manque de design.

Méthodologie

+ Equipe compétente en apiculture (+suivi). + Au niveau local : deux apiculteurs riverains du parc s’occuperont régulièrement de l’entretien des colonies. - Le jury met en doute la ventilation du budget et un accompagnement créatif avec le commissariat.

Originalité

+ Colonie d’abeilles qui peut construire librement ses rayons (vision naturelle de la colonie). - Transcription spatiale à revoir.

2 – Ruche cheminée, Claude Rener + Scrabe - Création d’un jardin type mellifère. - Participation et workshop avec des étudiants.

Qualité

+ Jardin mellifère est intéressant mais hors budget (à la charge de l’IBGE). - Design est pragmatique, mais peu innovant.

Méthodologie

+ Equipe compétente en apiculture (expérience sur le terrain). + Création d’une cheminée et certaines constructions déléguées à des étudiants? - Aucune activité n’est mentionnée au niveau local ou régional. - Budget incomplet (ne couvre pas l’aménagement paysager).

Originalité

- Proposition peu innovante.

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Classement final des offres régulières (classées d’après le score total et le prix tvac)39

39. Montant d’attribution total : 132.387,17 € hors TVA ou 160.188,48 €, 21% TVA comprise.

Proposition d’attribution du marché Sur base de la sélection qualitative des soumissionnaires, de l’examen administratif et technique des offres et de la comparaison de celles-ci (recherche des offres régulières économiques les plus avantageuses), les choix des lots ont finalement été attribués aux équipes suivantes : Lot 1 : Refuge Maritim Lot 2 : Food Garden & FooDESIGN Lot 3 : The temple of Holy Shit Lot 4 : AquaponicParck Lot 5 : Gans-in-the-stad Lot 6 : Bee Car

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Avant tout, on peut retenir que le Cahier des Charges de l’IBGE lors de l’appel à projet mentionnait que l’événement n’était qu’un prétexte à la mobilisation d’un processus, à l’activation du parc. On demandait donc beaucoup plus que pour les biennales précédentes et une installation qui n’était pas activée n’était évidemment pas intéressante. Ceci était devenu un critère d’évaluation primordial du Jury qui écarta certaines offres peu convaincantes pour sélectionner les six lots gagnants (projets participatifs, mais également économiquement intéressants, démontables/réutilisables, réalistes, etc). Au final, seulement une trentaine d’offres furent reçues dont beaucoup pour la Farmhouse qui offrait davantage une opportunité pour certains architectes de créer une « folie » de par son budget de plus de 50.000€. Note sur l’engagement du commissariat A ce stade, on peut dénoter trois attitudes clefs que le commissariat (Taktyk et Alive Architecture) a engagées dans ce projet comme réponse à l’ébauche d’un projet temporaire dans un site en désuétude: 1/ L’importance des acteurs locaux En s’appuyant sur l’expérience du 1er test en 2012, Parckdesign 2014 voulait révéler les talents des acteurs locaux et donner la parole aux bruxellois, ou toutes personnes actives à Bruxelles. 2/ L’expérimentation : les premiers pas vers une possible pérennisation Tout ce qui se faisait sur Parckdesign devait avoir la chance en cas de succès de devenir pérenne. Ils n’étaient donc pas dans une posture de l’éphémère mais dans une posture de test, en donnant les chances si possible, à ce test de se concrétiser. Pour cela, une partie du budget du commissariat a été comptabilisée pour développer toutes les installations avec une moyenne de 25.000€ par projet. La feuille de route était donc très claire : « Faire moins mais mieux, avec plus d’argent ». A titre de

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comparaison, Parckdesign 2012 comprenait beaucoup plus de projets avec des niveaux d’interventions différents (budgets variant de 1000€ à plus). Ce qui est intéressant pour Parckdesign 2014, c’est que les interventions se voulaient plus limitées en nombre mais avec suffisamment de moyens pour les construire correctement et donner la chance aux équipes d’avoir du temps pour faire du lien social. Ce désir de mieux « asseoir ces projets avec moins » est une réponse face à certaines démarches urbanistiques où des artistes arrivent sur le lieu de leur commande, font leur concept et s’en vont pour au final fabriquer des choses assez fragiles, qui n’ont aucune pérennité. Cette situation est assez inconfortable, autant pour les locaux que pour les artistes qui travaillent dans des situations « ric-rac ». 3/ Une équipe pluridisciplinaire et collaborative Le dernier point essentiel mais très contraignant pour les équipes a été dès le début la volonté d’un tripode entre les concepteurs, les associations locales et les experts. En effet, le commissariat insistait sur le fait qu’il n’y ait pas un auteur par projet mais bien une équipe pluridisciplinaire.

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REALISATION

Cinq lots gagnants ont donc finalement été implantés dans la 1ère entrée du futur parc de Tour & Taxis qui est celle de la coulée verte du parc L28A. Cependant, grâce aux économies budgétaires réalisées par le commissariat dans sa politique de conception, des projets complémentaires ont pu être réalisés par l’initiative de certains habitants du quartier (création d’un four à pain pour le festival) et celle du commissariat. Ces interventions ponctuelles sont les suivantes : la Table Paysage, l’Electric Rainbow Farmfair et le Farmtruck (développés ci-après). Au final, chacune des interventions est une organisation à part entière avec sa propre équipe et ses outils pour activer l’espace, que ce soit de manière poétique via l’installation « lumineuse » de l’artiste Hidde Van Schie ou de manière pragmatique suivant les réflexions des étudiants d’architecture pour créer un nouveau type de potager.

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Implantation

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1. Farmhouse 2. Cubious 3. Usine du Trésor Noir 4. KotKot 5. Bee Car 6. Jardin des recettes 7. Table paysage 8. Electric Rainbow Farmfair 9. Farmtruck Accès

Implantation des lots et connexion aux réseaux (plans retravaillés par l’étudiante), présentation de l’événement Packdesign 2014 de l’IBGE - en ligne : <https://lirias.kuleuven.be/ bitstream/123456789/522717/1/ STEUNPUNT+STRATEN-PARCKDESIGN.pdf>

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Photos et informations tirées du Dossier de presse reçu par Mme Cantillon (04.05.2015)

Description succincte des projets 1. Farmhouse TEAM - 1010 a+u | Bert Gellynck, Nadia Casabella met Ruta Valiunaite (architecture) - JES stadslabo voor jongeren & YOTA (participation des jeunes) - Nourdin Ben Abbou (ateliers circuits alimentaires) - Prof. Michiel Dehaene (personne éminente du milieu universitaire) - Caroline Claus (environnement sonore) - Stijn Beeckman (photographie)

La Farmhouse est un espace pionnier au cœur de l’événement Parckfarm. Cette serre revisitée est ouverte à toutes et tous pour tous types d’évènements (point info, sélection de boissons, paniers pique-nique bio, ateliers cuisine, workshops, débats et rencontres). Elle fonctionne comme une cafétéria de quartier : on y achète principalement des produits locaux pour encourager l’économie locale. 2. Cubious

TEAM - Etudiants de la Faculté de paysage de Gembloux: Claire Dauchy, Mylene Boutelier, Vrain Dupont. - KU Leuven (Sint-Lucas Architectuur): Anton Leonov, Celia Tesseur, Valérie Fryns

Sous forme d’un cube de deux mètres d’envergure, le potager ludique Cubious produit en étroite relation grillons, champignons, et fleurs pour étonner et régaler les papilles.

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3. Usine du Trésor Noir ou « The Temple Of Holly Shit » TEAM - Andrea Sollazzo (architecte et enseignant) - Valentina Karga (artiste) - Pieterjan Grandry (graphiste) - Louisa Vermoere (architecte & designer )

L’Usine du Trésor Noir est une usine de traitement des déchets conçu pour le festival dans un objectif: transformer les déchets biologiques du parc en «terra-preta» (terre d’une fertilité exceptionnelle, d’origine humaine) pour le parc et ses alentours. Plusieurs rituels sont notamment prévus pour initier les participants pendant le festival à ce miracle de la vie. 4. KotKot

TEAM - Ruth, Tessa, Jamal, Abdel, Charly, Mohammed, Nadine, Christina, Kwame, Line, … (riverains) - Ewoud Saey en Alba Oriano Bufo (architecture) - Maya Langenaekens (vétérinaire) Construction de la maquette du projet avec les enfants du quartier.

KotKot est la ferme animalière du projet : un logement durable pour les animaux en ville conçu grâce à une approche collective initiée par deux riverains. Avec l’aide d’un architecte, d’un vétérinaire et d’une équipe de bénévoles, ils ont élaboré ensemble le mode de construction des abris. Par la suite, ils se sont organisés ensemble pendant le festival pour gérer les soins à apporter à dix poules, deux oies et deux moutons.

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5. Bee Car

TEAM - Yves van Parys, Anne Van Eeckhout, Céline Isorez, Christine Baetens, Isabelle Coppée, Nathalie da Costa Maya, ... - Jacques Dujardin (apiculteur & artiste) - Alain Collet (menuisier, apiculteur)

Le projet Bee Car est un rucher mobile qui abrite cinq colonies d’abeilles : chacune sera déplacée à vélo dans le quartier et dans la ville. Les abeilles butineront les fleurs du parc et des jardins voisins pour produire le miel de Parckfarm, commercialisé dans la Farmhouse. Le projet vise également à sensibiliser les communautés sur les insectes pollinisateurs en rendant accessible l’observation de l’intérieur d’un rucher sauvage. 6. Jardin des recettes TEAM - Taktyk: Aline Gayou (paysagistes) - Abdelali, Abdelghani, Aziz, Christina, Imane, Jorgue, Guillermo, Mohamed, Moustafa, Nadine, Phedra, Sennouni, Tessa, ... et les enfants de écoles de Tivoli et Bruxelles 2. (Les Potagistes) - Laurent Trierweiler (accompagnateur & spécialiste en permaculture)

Dans la continuité des jardins potagers existants, ce nouveau potager teste à l’aide de «buttes sandwich» un moyen de jardiner la pente et de produire des aliments avec une économie de moyens. Ce potager est fait par et pour les habitants et les écoliers potagistes du quartier, avec l’aide de la ferme Nos Pilifs.

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7. Table Paysage TEAM - groundcondition: Jacques Abelman (design & architecture du paysage) - Eric Dil (Manager de projet culturel)

La Table Paysage est une plate-forme de cuisine, de cuisson et de partage de la nourriture. Insérées au milieu de la table, des plantes comestibles et médicinales invitent le public à se rencontrer et à manger en contact direct avec un environnement fructueux pour les sens (la vue, l’odorat, le toucher, et surtout les papilles). 8. Electric Rainbow Farmfair TEAM - Hidde Van Schie (plasticien et chanteur-compositeur)

L’Electric Rainbow Farmfair est une sculpture lumineuse colorée, de 1000 lampes leds qui a été créée spécialement pour le pont du Jubilée. La sculpture s’inspire de l’atmosphère d’une foire agricole et tente de créer de nouvelles connexions entre les gens (salle de danse en plein air, espace de restauration possible, bar).

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9. Farmtruck

TEAM - Alive Architecture: Petra Pferdmenges (urbanisme social & recherche par le projet) - Rirbaucout : Hans Eelens, Grégoire Fettweis et Raquel Santana de Morais (bureau de situation)

Le projet représente la partie mobile du Parckfarm : une camionnette qui se transforme en cuisine, atelier, cinéma, scène et autre. Il permet de visiter différents lieux de productions agricoles dans la région, de partager les récoltes du Parckfarm dans la ville et de rencontrer ses multiples invités.

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Dans l’ensemble, on peut soulever la force d’ancrage du Jardin des recettes, de la Farmhouse et du projet KotKot puisqu’ils ont sollicité une vraie participation des habitants non seulement lors de leur conception mais également dans leur réalisation. De mars à avril, de nombreux habitants et citoyens ont répondu aux appels à participation. Ensemble, ils ont pu réaliser de multiples ateliers de construction aux côtés des équipes déléguées et sous la surveillance du commissariat, ceci avant l‘ouverture du parc en mai 2014.

Construction de la Farmhouse par des bénévoles - en ligne : <https://lirias.kuleuven.be/ bitstream/123456789/522717/1/STEUNPUNT+STRATEN-PARCKDESIGN.pdf>

Accessibilité L’ensemble des lots a été dispersé dans le site ce qui invite à la promenade. L’entrée du festival se fait grâce à deux accès principaux, de part et d’autre du pont Dubrucq et du Jubilée, qui serviront également d’entrée au futur parc de Tour & Taxis. Le premier accès est un sentier depuis le pont Dubrucq aménagé en même temps que les allées principales de la coulée verte du parc L28A (mars 2014). Cette allée descend en pente douce sur le parc en côtoyant les arrières d’habitations dont les façades, souvent négligées et délavées, rompent quelque peu avec l’esprit neuf du nouveau parc régional projeté.

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Création de l’accès depuis le pont Dubrucq, photos issues du Dossier de presse reçu par Mme Cantillon (04.05.2015)

Photos de la passerelle du pont du Jubilée prises par l’étudiante (08.05.2015)

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La deuxième entrée quant à elle a fait l’objet d’un projet architectural en soi : il s’agit d’une passerelle dessinée par B. Lemmens GS&L Archi dont le caractère contemporain très affirmé vient contraster volontairement avec un élément du patrimoine de la Région de Bruxelles-Capitale, le pont du Jubilée (datant de 1905 et classé en 2006). L’ensemble se voulait léger et entièrement démontable: la structure a été conçue à l’aide d’échafaudages rythmés par une structure bois. Ici, c’est avant tout l’installation temporaire du projet qui a motivé le choix de la matérialité, le bois étant un matériau brut avec très peu de traitement et facile à monter. Le résultat est finalement assez séduisant et la rythmique serrée du bardage bois prend toute sa force puisqu’elle s’étend sur plus de 90m de long. On peut facilement imaginer à l’avenir cette structure faire sens dans le futur parc où elle se fondra dans un bandeau végétal lorsque les arbres environnants auront poussés.


Réseaux et collection de projets

Schémas des réseaux générés par Parckdesign 2014 - en ligne : <https://lirias.kuleuven. be/bitstream/123456789/522717/1/STEUNPUNT+STRATEN-PARCKDESIGN.pdf>

Grâce à la multiplicité des équipes, des intervenants, des habitants et des bénévoles, Parckdesign 2014 a finalement pu s’ancrer dans un vaste territoire et toucher de nombreux acteurs en tissant un véritable chapelets de réseaux connectant chaque intervention locale à un niveau régional. C’est à juste titre cet ensemble de projets qui au final fut le vrai challenge - ou - comment un choix éclectique de plusieurs interventions qui n’avaient pas de langage commun ou n’avaient pas le même mode de « faire » allait se mettre en place. Cette option de ne pas suivre une « ligne rouge »

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en ayant une collection de choses différentes avait été délibérément choisie et assumée. Ce qui était un risque mais en définitive une force du projet, selon Thierry Kandjee. « Certes, la biennale aurait pu tourner au vinaigre en étant une collection de choses différentes qui ne parlent pas ensemble : les interventions auraient « juste été là ». Mais ce fut une force car elle a permis à un large public de s’identifier. » En effet, qu’il s’agisse des enfants du quartier qui ont adoré Bee Car, des amoureux des animaux qui ont été séduit par KotKot ou encore des designers qui ont pu se poser la question de la beauté d’un objet (cf. la table paysage)… L’ensemble du festival a ainsi touché plusieurs couches sociales de visiteurs et d’acteurs. Les réactions ont été en majeure partie positive face à ce projet « incongru, étonnant » et les gens ont été enthousiastes par cette nouvelle manière de faire à Bruxelles.

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TEMOIGNAGES DES HABITANTS40 - Momo - Mohamed Amayak, propriétaire du salon de thé « chez Momo » « Ca fait 5 ans que je suis ici et j’aimerais que ça reste comme ça, et je pense que tout le monde pense la même chose ! J’aimerais que chacun puisse continuer à venir partager un verre de thé en plein air, profiter de ma terrasse et parler avec tout le monde.» - Ruth Plaizier, habitante du quartier, gagnante du projet KOTKOT « Ce projet était une si bonne initiative que j’ai voulu y participer en tant qu’habitante du quartier. J’avais déjà un poulailler dans la friche donc pourquoi je ne me serais pas lancée ? J’avais déjà remarqué dans le quartier que ça vivait et que beaucoup de gens aimaient les potagers dont ils s’occupaient… Ce projet avait pour moi toutes les chances de marcher. J’avais donc envie d’apporter mon aide pour renforcer cette image, cette envie de partager et de construire ensemble. C’est surtout l’idée de Taktyk du projet de « fermes des animaux » que je trouvais super et qui m’a motivée à m’impliquer. L’idée de construire un poulailler pour le quartier et d’amener des animaux plus grands (moutons, ânes, etc.) a créé un engouement chez les habitants et davantage de cohésion dans l’esprit des gens. C’était dur avant, le quartier subissait des actes de vandalisme, mais maintenant qu’on a construit ensemble quelque chose, et quelque chose de beau, ça a permis de rapprocher les habitants et la vision qu’ils se faisaient du quartier a changé je crois. » - Abdel Sennouni, homme à tout faire « maître » du four à pain « L’idée de « faire du pain » avait été mentionnée au cours des réunions chez Momo et j’ai moi-même proposé l’idée de construire un four à pain pour les habitants du quartier le temps du festival. En vrai je suis diplômé en apiculture ! Mai je l’ai fait moi-même, je suis assez polyvalent je dois dire car j’aime toucher à tout, chipoter, fabriquer. J’ai aussi participé à la construction du projet KOTKOT, super expérience ! On peut tout y cuire, du pain des tagines, du poisson, des pizzas.» - Charlotte, future habitante « Oui future habitante dans une co-housing pas loin avec des amis. J’ai déjà participé à des ateliers pour fabriquer mon pain ! C’est ce que j’aime ici, c’est cette notion de partage entre habitants, de faire ensemble plein de bonne volonté et sans prétention et… ça marche ! Personnellement, je n’ai jamais vu ça ailleurs. Le projet est beau car Thierry et Petra ont su faire confiance aux gens et à leurs désirs et ils ont eu l’audace de les rendre possible ! C’est vrai que ça devait paraître complètement utopique, quand j’ai entendu parler du projet j’étais assez sceptique mais aujourd’hui je suis assez convaincue, et prête à faire en sorte que ça dure ! »

40. Interviews de l’étudiante et interviews retranscrites du reportage réalisé par Mister Emma - en ligne : <http://www.archiurbain. be/?p=5118> <http://www.archiurbain. be/?p=5121>

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2014 Situation avant et après intervention de la biennale Parckdesign 2014, photos issues du Dossier de presse reçu par Mme Cantillon (04.05.2015)

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2014


Méthode : les clefs de la réussite Quelles sont les clefs de la réussite dans ce type de projet ? Thierry Kandjee nous répond. « Avant tout, il faut que les gens aient confiance dans ce qu’on est en train de faire, ce qui n’est pas toujours évident surtout en tant que personne venant de l’extérieur, « non invitée ». A première vue, il était clair pour les habitants qu’ils n’avaient pas besoin d’un festival puisqu’ils attendaient un parc ! La difficulté a été donc de leur faire comprendre qu’on leur donnait la possibilité de « faire le parc » en questionnant ce qu’ils y projetaient, ce qui les intéressaient. Nous ne disions pas qu’ils allaient faire les projets eux-mêmes mais que leurs avis étaient essentiels dans le cadre de l’appel à projets pour aider les concepteurs à comprendre sous quel angle aborder le site, comment s’y greffer et quoi y apporter. Donc le principal succès d’une telle entreprise est de créer une confiance dès le début de la démarche sinon les gens ne comprennent pas ce que nous venons faire chez eux. Dans ce genre de situation, il faut également éviter de parler d’argent, source de tension, et plutôt aborder d’autres formes d’économie (système d’échange, etc.). Au même titre, parler d’ « interventions éphémères » dans ce milieu ne les intéressent pas du tout puisque cela revient à du « gaspillage d’argent » ce qui reste intolérable pour certains locaux ayant des soucis économiques. » Cet engagement vers les locaux a ainsi permis de mettre en lumière des talents, de les rassembler et de croiser les savoir-faire. Tout le monde a pu ainsi avoir la chance de participer et certaines petites mains présentes sur tous les fronts comme Abdel sont devenues de fait les gardiens du projet. L’avantage d’avoir une volonté de faire grâce à des locaux généreux, prêts à s’investir, et sensibles au devenir de ce parc a été un atout indéniable. Cependant, cette réussite ne relève pas seulement que de la volonté des habitants sur place, insiste Petra Pferdmenges. « En effet, il existe aujourd’hui pas mal de projets participatifs et de nombreuses mobilisations d’habitants qui réalisent des petites interventions à gauche à droite à Bruxelles et ailleurs.

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Mais nous, nous sommes des designers, des architectes qui agissent et collaborent avec des paysagistes, des urbanistes, et en tant que « créateurs», notre attention n’est pas seulement dirigée sur l’espace vécu mais aussi sur l’esthétique de nos projets. La Beauté des interventions est donc un de nos objectifs fondamentaux. Cette question vaste du « design » ne renvoie pas seulement aux objets mais aussi au design de l’espace vécu, à l’ « esthétique du faire ». » A contrario, il existe aujourd’hui de trop nombreux architectes et designers qui visent seulement à créer des bâtiments High Tech, de plus en plus performants, hyper techniques mais sans porter intérêt à l’esthétique de leur bâtiment et leur impact sur leur contexte. La grande force de la Parckfarm, en plus de l’implication des habitants dans le processus de création et des attentes du projet, est d’assurer des interventions soignées d’un point de vue esthétique au sein d’une équipe multidisciplinaire. Dans le cas de projets seulement réalisés par les habitants, on est en général loin d’un résultat plastique et cohérent. D’où le réel besoin d’architectes et de designers qui donnent des lignes directrices pour « faire du beau ». C’est donc bien la collaboration, l’échange entre urbaniste/architecte et habitants qui a fait le succès du projet Parckdesign 2014 même si ce dialogue n’est pas toujours évident. Si nous revenons sur le rôle du médiateur dans ce cadre, il est essentiel mais difficile puisqu’il faut parvenir à coordonner l’entente entre les artistes avec leurs idées conceptuelles et les habitants, attachés à leur quartier préoccupés par d’autres problèmes qu’ils ne pensent pas pouvoir résoudre avec de l’ « art ». Une personne qui n’est pas designer/artiste/architecte – en soi sensible au « beau » - n’aura donc pas toujours tous les outils en main pour pouvoir apprécier les qualités et créer une belle architecture. Petra relève notamment que « cette difficulté se retrouve partout ailleurs. J’ai pu personnellement le constater dans mes nombreuses expériences à l’étranger. Cependant, que ce soit les habitants, les artistes ou les politiciens, tous peuvent très bien contribuer à changer la ville, mais ja-

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mais tout seul. Si tous ces acteurs se retrouvent donc autour d’une table en se respectant, et collaborant pour « faire la ville » ensemble, c’est la clef de la réussite. Mais pour cela, il faut que chacun arrête de s’opposer à l’autre, que ce soient les européens face aux américains, les flamands et les francophones, etc. »

Discussion pendant le festival entre les acteurs principaux et le commissariat, présentation de l’événement Packdesign 2014 de l’IBGE - en ligne : <https://lirias.kuleuven.be/bitstream/123456789/522717/1/STEUNPUNT+STRATEN-PARCKDESIGN. pdf>

Ainsi, Le fait d’arriver à mettre ensemble des idées et d’échanger entre acteurs a créé des intentions claires sur le site. Cette envie de partager s’illustre bien dans un des projets créés pour l’évènement, le Farmtruck, un projet multifonctionnel (frigo, four, cuisine, projection films, évènements) et accessible à tous, même aux personnes hors du quartier puisqu’il se déplace dans l’espace public. Sa portée dépasse donc celle du site Tour & Taxis pour sensibiliser des acteurs différents. Il reconnecte l’économie globale à une échelle locale en créant une production coopérative viable entre producteurs globaux/agriculteurs et habitants du quartier. Dans cette édition de Parckdesign, c’est également le thème de la nourriture qui a été un élément « rassembleur » important car il renvoie à un moment très social qui génère facilement des échanges. La nourriture marque un moment important pour tout le monde où clients, habitants et designers peuvent se retrouver autour d’une table et créer plus facilement des contacts.

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Ligne du temps

- Ligne du temps issue du livret Parckdesign 2014 créé pour la biennale (retravaillée par l’étudiante)

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PROJECTION

Au final, la réussite de Parckdesign 2014 repose sur l’importance de l’investissement humain et affectif dans la conception de l’ensemble des projets. La clef de cette démarche reste avant tout la confiance et la reconnaissance des savoir-faire entre participants qui ont pu, grâce à la qualité des échanges, réussir à proposer concrètement un test d’une pratique agricole dans un parc. La forme innovante des projets a pour la grande majorité participé à l’intégration de ces derniers dans le site, contrairement à une intervention qui a été sujette à des actes de vandalisme. Il s’agit de la maison du gardien (au dessus près du parc pour enfants), construite en dur, qui rompait sans doute avec les interventions au sein même du parc et du site « transparent, très fréquenté, aménagé» qui n’en a lui jamais souffert. Mais le réel succès de Parckfarm a été l’appropriation de tout ce qui avait été produit en association avec les habitants qui étaient fiers et heureux de ce qui avait été entrepris dans leur quartier: du succès des jardins collectifs jusqu’à la bonne cohabitation entre riverains. L’atmosphère participative ainsi créée mêlant travail et loisir, offrait de nouvelles activités ludiques au sein du quartier (apéro à la Farmhouse, présence d’animaux, cuisson de pizzas dans le four à pain, etc.). Mais quel avenir pouvait-on imaginer pour ces installations temporaires? Au terme de Parckdesign, l’attachement des riverains investis depuis les prémices du projet avait motivé l’ensemble du quartier à soutenir l’existence du parc, qui a finalement été prolongé en 2015.

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Une réussite donc pour Parckdesign, continuant aujourd’hui l’expérimentation au-delà de la période du festival d’une nouvelle typologie de parc. Cette situation a posé néanmoins de nouveaux challenges au niveau humain et financier, pour construire une « résilience » économique en multipliant les sources de financement. En effet, aujourd’hui, si le succès de Parckfarm a permis la « survie » de ce projet au-delà de la biennale comment imaginer la suite pour que cette dynamique persiste ? « Il faut savoir que cette nouvelle manière de faire la ville, tester les limites d’une expérience et voir si ce test pouvait être dépassé, n’a pas été une évidence pour tout le monde, explique tout d’abord Thierry Kandjee. En effet, il y eut des tensions avec l’IBGE pour qui Parckfarm n’était pas forcément estimé à sa juste valeur, voire même catégorisé et cloisonné en festival « d’artistes ». Le propos tenu pendant quelques mois a été jusqu’à affirmer que nous avions carte blanche sur ce que nous voulions mettre en place mais qu’à la fin du festival tout disparaitrait pour devenir un parc comme il était prévu à l’origine. Parckdesign n’offrait qu’une bonne solution pour rendre visible le projet, lancer le mouvement de réinvestir cet espace et gagner du temps pour avoir les accords nécessaires: toute intervention devait donc rester éphémère.» Cette confrontation quant au caractère temporaire attendu par l’IBGE suscita quelques frictions. Si cette expérience était la 1ère avec un vrai budget pour Petra Pferdmenges, la contrainte d’avoir un vrai client et les désaccords rencontrés le long du projet avaient poussé à un moment donné à rendre le commissariat activiste pour défendre ses idées. « Il est vrai que le projet se voulait être au-delà du temporaire alors que Parckdesign est à la base un projet évènementiel qui est prévu, par définition, pour être éphémère. Cependant, la vision dans mon travail via Alive Architecture, c’est de réaliser des expériences dans la ville par le biais de petites interventions et de donner la chance à celles-ci d’aller plus loin si elles sont porteuses de sens.

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Dans le cas contraire, un test pourra toujours être mis à terme si le succès n’est pas au rendez-vous. Pour ce festival, il eut la chance de remporter un tel succès que tout le monde a finalement été satisfait du résultat malgré les frictions de départ. L’IBGE est aujourd’hui enchanté de cette expérience car elle a apporté une pub non négligeable sur cet espace et le futur parc évolutif et ils sont évidemment très fiers d’avoir remporté le prix du meilleur espace public 2015.» Ainsi, lorsque la question s’est posée quant à la pérennisation du projet, une certaine structure devait être mise en place. C’est Petra Pferdmenges qui a aidé les mobilisations des habitants et des acteurs locaux à continuer le projet au delà du temporaire. Cependant, continuer cette dynamique à cet endroit rencontrait quelques difficultés: des difficultés financières notamment, mais qui ne sont pas un problème majeur puisque les habitants peuvent toujours continuer leurs activités potagères sans qu’il y ait nécessairement de l’argent en jeu. En soi, le site a déjà engendré une nouvelle rentrée d’argent grâce à la Farmhouse en vendant des petits snacks, des bières et en organisant des ateliers participatifs. C’est davantage la question de la motivation des gens qui posait question quant au futur du site, car cela demandait toujours beaucoup d’énergie de trouver sans cesse des personnes motivées qui vont continuer à activer le lieu et à participer à la vie de la Parckfarm. Cela nécessitait pour les habitants un investissement personnel considérable sur le long terme qui n’est pas toujours possible pour tous. La recherche constante de nouveaux bénévoles posait donc question avec également les temps morts que le site connaitrait en hiver, où beaucoup moins d’activités seraient prévues puisque la Farmhouse, non chauffée, serait fermée.

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Un moment charnière se déroula en juillet lors de la grande tablée en septembre 2014 qui réunit des invités tels que : le directeur des espaces verts de Nantes, la grande majorité des acteurs sur place et les associations liées au projet. C’est lors de cette réunion pour fixer ensemble ce qu’il se passerait dans les mois à venir qu’il y eut un déclic.

La grande tablée: discussions des acteurs principaux sur l’afterlife de Parckdesign 2014 - en ligne : <https://lirias.kuleuven.be/bitstream/123456789/522717/1/STEUNPUNT+STRATEN-PARCKDESIGN.pdf>

Pas mal de gens ont pris conscience à ce moment-là du potentiel de cet endroit et de l’envie de continuer de faire. De là, certaines personnes de l’IBGE ont finalement compris l’intérêt de garder une partie des installations. La plupart ont donc été conservées sauf : - Cubius, le projet d’étudiants qui au final était une intervention trop fragile qui ne marchait pas bien et qui s’était dégradée, - et l’Usine du Trésor Noir (difficile à entretenir). Thierry Kandjee nous explique qu’« à la base le commissariat voulait garder cette dernière intervention mais qu’elle posait énormément de problèmes. L’IBGE quant à elle ne se sentait pas assez confiante pour la garder. On y craignait des débordements (viol, personne qui s’enfermerait dans les toilettes pour y faire on ne sait quoi?) ce qui créait des tensions avec la police

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locale». De plus, ce projet avait eu un majeur souci d’acceptation avec la population locale suite à sa précédente appellation : « The Temple of Holy Shit ». La communauté musulmane avait entamé des recherches avec ce nom sur Google et avait fini par trouver des images sataniques. Ils ont du coup fait un amalgame en concluant que cette installation était une provocation dans ce parc. Ils l’ont à ce point mal pris que des flyers dans les mosquées de Molenbeek circulaient. Tout ceci aurait pu aller plus loin au vu de la fragilité de ces sites qui peuvent facilement basculer. A titre d’exemple, le chantier voisin pour le parc L28 subissait des actes de vandalisme fréquents : presque chaque semaine un container était brûlé. « Nous n’étions donc pas dans un contexte où tout était gagné d’avance, relance Thierry Kandjee. Au contraire, le site de Parckdesign était confronté à des problèmes d’insécurité et de délinquance. Le jour, seuls les hommes s’y rendaient tandis que les femmes n’y allaient pas car elles avaient peur, surtout la nuit lorsqu’il fallait passer sous les ponts car il n’y avait pas d’éclairage publique (d’où le projet d’éclairer les ponts). Des bandes de jeunes s’appropriaient également ces friches comme « leur terrains à eux » et y tiraient au pistolet. C’était la réalité du site et notre proposition de rendre ces espaces publics générait évidemment beaucoup de frictions.» Aujourd’hui, si beaucoup de personnes parlent de Parckfarm comme « un succès », on ne parle donc sans doute pas assez des éléments moteurs de cette réussite. Ces témoignages des hauts et des bas rencontrés durant le projet montrent un long travail pour cartographier convenablement l’état des lieux, l’ambiance du site, l’attente des locaux et faire le lien avec des habitants moteurs clefs telle que Ruth, l’actrice principale qui avait son poulailler et qui a inspiré le projet Kotkot. L’avenir de ce projet a finalement été assuré par Petra qui, fin juillet, a structuré les acteurs en une ASBL (ce qui était plus simple à première vue que de créer une coopérative) pour que ce ne soit plus une collection de personnes mais bien une entité avec une voix. Grâce à l’ASBL, l’idée était d’aller chercher des

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subsides, de devenir une vitrine/avoir une visibilité ou encore de faire partie des réseaux des associations de quartiers. Par exemple, une association du quartier Bockstael a rapidement fait une demande pour utiliser la Farmhouse pour certains évènements, etc. Cette démarche a ainsi aidé à commencer à passer du test à quelque chose qui s’organise et à se poser les bonnes questions : comment les installations mises en place vont se pérenniser, sous quelle forme d’organisation, quelle philosophie, comment cela va-t-il évoluer. Depuis ce premier pas vers la pérennisation, on constate aujourd’hui qu’il y a un réseau d’acteurs qui persiste et que l’Asbl prend de plus en plus la main. Les designers se sont retirés et le commissariat donne petit à petit l’autonomie à cette structure et à ces acteurs. Ce qui est d’autant plus encourageant, c’est de voir qu’il y a des nouveaux bénévoles, ce ne sont plus les mêmes. Les gens peuvent donc changer mais les dynamiques restent. Même si il y a toujours quelques personnes « relais » du début, d’autres se sont fatiguées par ce don de soi et c’est pour ça qu’il y a ce tour de rôle. Il y a encore toujours des gens qui viennent tous les 2-3 mois aux réunions et qui demandent à participer car ils sont intéressés de s’investir dans quelques chose, d’aider. Je le répète mais c’est une vraie chance d’avoir des gens qui ont du temps à donner, des stagiaires qui font partie de nouvelles associations, de nouveaux médiateurs, etc. Au final, on peut dire qu’on a réussi à mettre en place une infrastructure, en mettant les gens qu’il faut ensemble pour espérer pérenniser le projet. Le seul problème persistant reste l’économie du projet. Certes le volontariat c’est « sympa » mais ça ne marche que pour des petits coups de main. A un moment donné, une association doit se structurer, s’encadrer et a un besoin d’expertises. C’est pour cela que des subsides de l’IBGE ont permis de contractualiser un mi-temps pour un encadrant, qui avait déjà de l’expérience dans le domaine du bio et dans les commerces équitables. L’intérêt de cet intervenant extérieur, recruté par l’ASBL pour

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professionnaliser cette nouvelle association d’habitants, c’est à juste titre qu’il ne vienne pas du quartier. Il apporte ainsi un regard neuf mais surtout adopte une certaine distance, une neutralité par rapport au projet : il peut donc plus facilement arbitrer les conflits. Le défi pour la suite reste cependant que l’ASBL trouve son autonomie et ne vive plus de subsides, ou pas uniquement de subsides ; qu’elle arrive à diversifier ses ressources pour avoir une vraie indépendance par rapport à l’IBGE. Pour se faire, l’action citoyenne pourrait jouer un rôle important car elle reste un nouvel espoir pour permettre de nouvelles dynamiques et de nouveaux possibles en ville.

Réseaux de bénévoles de Parckdesign 2014 issu du Dossier de presse reçu par Mme Cantillon (04.05.2015)

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La suite 2016 : les Jardins Essentiels

41. IBGE, « Nature et culture au « Jardin essentiel » : le cocktail estival du festival Parckdesign » - en ligne : <http://www. environnement.brussels/news/ nature-et-culture-au-jardin-essentiel-le-cocktail-estival-dufestival-parckdesign>

Si l’événement Parckdesign avait changé de direction ces deux dernières années, on peut toutefois parler de son édition 2016 qui a choisi pour thème le jardin essentiel.41 L’objectif est de faire découvrir les habitudes médicinales, gastronomiques et rituelles que tiennent les plantes dans les nombreuses cultures présentes à Bruxelles. Le point central de cet événement a pris place au parc Duden, pour réaliser l’ensemble des activités et des workshops de cette nouvelle biennale. D’autres parcs de la ville, dits « sites satellites », moins connus ou sous-utilisés ont également été investis successivement grâce à certaines infrastructures modulaires et autonomes pour toucher une audience plus large.

Ouverture de l’évènement Parcdesign 2016 au parc Duden - en ligne : <https://www. facebook.com/Parckdesign/photos/a.420972154580534.103896.366866636657753/1213 160432028365/?type=1&theater>

Un édition donc radicalement différente que l’on peut regretter face aux expériences précédentes : les lots ont fait place aux pavillons « labo des sens » qui veulent encourager les « bouillons de culture » par le biais d’ateliers sur l’aromathérapie des plantes médicinales et d’autres workshops créatifs. Ce retour aux parcs et jardins et non plus aux friches est sans aucun doute moins fort même si le festival promulgue la « diffusion du savoir » qui rejoint en partie l’idée du Farmtruck, lui-même « recyclé » à cette tâche pour l’occasion.

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CONCLUSION

Pour clôturer ce travail, je reviens aux questions précédemment posées dans l’introduction : - Quel est le potentiel de ces espaces dans la ville de demain ? - Quelles sont les interventions possibles dans ces lieux ambigus qui ne sont plus intégrés aujourd’hui dans l’espace urbain — ou — comment peuvent-ils être réactivés ? Quels sont les outils à la disposition des architectes/urbanistes/créateurs ? - Quid de l’évolution dans le temps de ces nouvelles occupations ? Si différentes réponses intéressantes existent à l’étranger - utilisation de chancres industriels, grands espaces verts donnés à la ville, usage transitoire qui active un espace en attente d’une nouvelle fonction - en plus de celle de Parckfarm à Bruxelles, les espaces résiduels montrent depuis quelques années que de nouvelles pistes sont possibles pour créer de nouveaux usages. Ils sont dès lors à mon sens une chance et non une menace dans le processus complexe de transformation des villes. Ils permettent d’échanger des savoir-faire, de tester une nouvelle architecture éphémère, légère et sensible à son environnement (matériaux réutilisables, démontables), en somme de chercher de nouvelles solutions face à une manière de faire traditionnelle de planification qui ne séduit plus ou ne répond pas à tous les enjeux. Les acteurs urbains de demain devraient donc prendre conscience du potentiel de ces lieux de « tous les possibles » et se risquer à créer des « laboratoires urbains » plus écologiques, sociaux, et multiculturels pour réactiver et non requalifier ces espaces. En effet, qui annonce vouloir « requalifier » de tels

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espaces suppose le caractère préalablement disqualifié de ce dernier alors que cette vision est démentie frontalement par les locaux luttant souvent pour la préservation et la redynamisation de liens sociaux fragiles, ou de petites pratiques éphémères qui existent déjà sur place grâce à ces espaces. Ainsi, si les espaces résiduels fascinent, inquiètent ou rompent avec leur contexte, ils ne sont certainement pas vides de sens ou de vie : toute intervention temporaire projetée devrait donc faire confiance à la ville et assister/faire exister les potentiels déjà existants sur place.

42. L’hétérotopie (du grec topos, « lieu », et hétéro, « autre », « lieu autre ») est un concept forgé par Michel Foucault dans une conférence de 1967 intitulée « Des espaces autres ». Il y définit les hétérotopies comme une localisation physique de l’utopie - en ligne : <https://fr.wikipedia.org/wiki/ Hétérotopie>

Dans l’esprit actuel de sociétés individualistes, ces expériences peuvent être considérées comme hétérotopiques, selon l’appellation du philosophe Foucault42, ou « d’utopie tangible » car elles tranchent avec les procédés classiques d’urbanisation. Elles montrent pourtant la réalité d’alternatives possibles à la création d’espaces d’expérience urbaine, offrant des solutions plus viables pour les quartiers et la ville en général. Certaines de ces démarches se révèlent être de nouvelles approches urbaines qui méritent aujourd’hui toute notre attention et notre respect. Nouvelles, pas seulement par leur intelligence dans le processus de conception attentif à la parole des citoyens, mais également par l’envie de célébrer l’esprit « melting pot »/ la multi culturalité de nos sociétés actuelles et la transition de ces espaces vers des affectations plus diversifiées et flexibles pour répondre aux besoins des citoyens dans le temps. A ce titre, sans parler de modèle à suivre puisque toute réhabilitation sera différente d’un cas à un autre, la réussite de Parckfarm et son intégration dans la vie des locaux est certainement éclairante et inspirante pour le futur parc linéaire de Tour & Taxis. Ce fut un grand intérêt pour ma part de pouvoir assister aux phases d’expérimentation d’un tel projet (de sa conception jusqu’à son « afterlife »), d’analyser les différentes clefs d’un jury dans un marché public qui ont dicté les types d’intervention à réaliser ainsi que de rencontrer les concepteurs, les bénévoles et toutes personnes actives dans la prolongation de ce projet.

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Dès lors, même si le temporaire invite une approche très différente selon le contexte et qu’il est difficile d’ordonner/de définir les règles d’un phénomène éphémère et flexible, nous pourrions émettre la stratégie suivante quant à la démarche à adopter en tant que créateur et concepteur pour réintégrer de tels espaces : Stratégie 1) Observation : les potentiels existants sur place Il est essentiel d’avoir une vision globale d’un site pour comprendre comment s’y implanter. Cela s’applique bien évidemment aux espaces résiduels suivant les réseaux entre habitants, les pratiques (il)légales à contrôler ou à protéger, etc. 2) Conception : créer un dialogue et favoriser la multidisciplinarité Toutes interventions devraient être une excuse pour créer des relations entre les voisins et les acteurs du quartier. Un projet devrait ainsi regrouper toutes les connaissances et les compétences adéquates (connaissance du contexte par les locaux et savoir du « beau » des designers) pour trouver la bonne réponse aux besoins d’un site. La participation ouverte au public concerné est par ailleurs fortement conseillée dès la genèse du projet et devient la condition sine qua non de son acceptation, de son appropriation et de son respect. 3) Réalisation : participation des personnes actives et enthousiastes Grâce à des procédés de construction facilement transmissibles et ludiques, la participation citoyenne dans la réalisation des projets (workshop, ateliers, etc.) incite les personnes à suivre le projet jusqu’au bout et à s’impliquer davantage après son exécution. 4) Projection : pouvoir ancrer un projet et tisser un réseau Après le test du temporaire, le projet devrait avoir expérimenté l’ « envie de faire » d’une communauté dans les quartiers auparavant fragilisés pour créer/activer de nouveaux réseaux et assurer ainsi la pérennité d’un projet dans le temps.

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Ainsi, l’objectif serait davantage pour le designer/architecte/urbaniste de créer non pas un objet mais bien un processus motivé par les échanges et le bon vouloir de tous les acteurs impliqués dans le projet. Tout aménagement détenant une dimension sociale et encadré par des créateurs arriverait donc à créer une dynamique entre le programme projeté et l’appropriation par les utilisateurs (habitants, visiteurs). Finalement, il serait intéressant d’imaginer dans le futur que tout espace laissé vacant serve d’espace d’expérience, disponible à un usage temporaire. En soi, que le temporaire devienne une partie intégrante du processus d’établissement de futurs projets d’aménagement urbain comme usage transitoire. Nous verrons, je l’espère, se développer à l’avenir de telles pratiques qui enrichissent très certainement les espaces résiduels et encouragent à oser de nouvelles pratiques d’expériences urbaines en donnant la possibilité aux citoyens de prendre part à la création de la ville. Des projets sans aucun doute mieux intégrés, plus vivants, qui prouvent que l’on peut encore faire confiance aux gens et changer les choses avec de la bonne volonté.

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REPORTAGE PHOTOS

Réalisé par l’étudiante (08.04.2015)

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BIBLIOGRAPHIE

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- Vallée de Tour & Taxis : nature du sol et gestion des emprises constructibles (même source pour les images p. 65) - en ligne : <http://www.adt-ato.brussels/sites/default/files/ documents/MDP_NOTE_DE_SYNTHESE-EV-TT_fr.pdf> - Plan d’implantation, présentation de l’événement Packdesign 2014 de l’IBGE - en ligne : <https://lirias.kuleuven.be/bitstream/123456789/522717/1STEUNPUNT+STRATEN-PARCKDESIGN.pdf> - Site abandonné depuis la fin des activités ferroviaires en 1980 et grand nettoyage par une partie de bénévoles en 2013 - en ligne : <https://lirias.kuleuven.be/ bitstream/123456789/522717/1STEUNPUNT+STRATEN-PARCKDESIGN.pdf> - SCHEMAS Parck + Farm, présentation de l’événement Packdesign 2014 de l’IBGEen ligne : <https://lirias.kuleuven.be/bitstream/123456789/522717/1STEUNPUNT+STRATEN-PARCKDESIGN.pdf> - Réunion chez Momo, présentation de l’événement Packdesign 2014 de l’IBGE - en ligne : <https://lirias.kuleuven.be/bitstream/123456789/522717/1STEUNPUNT+STRATEN-PARCKDESIGN.pdf> - Photos des lots proposés au concours Parckdesign 2014 issues du dossier « Analyse des projets Parckdesign 2014 », reçu de la part de Mme Cantillon (21.12.2015) - Implantation des lots et connexion aux réseaux (plans retravaillés par l’étudiante), présentation de l’événement Packdesign 2014 de l’IBGE – en ligne : <https://lirias.kuleuven. be/bitstream/123456789/522717/1/STEUNPUNT+STRATEN-PARCKDESIGN.pdf> - Photos des lots gagnants tirées du Dossier de presse reçu par Mme Cantillon (04.05.2015) - Construction de la Farmhouse par des bénévoles - en ligne : <https://lirias.kuleuven.be/ bitstream/123456789/522717/1/STEUNPUNT+STRATEN-PARCKDESIGN.pdf> - Création de l’accès depuis le pont Dubrucq, photos issues du Dossier de presse reçu par Mme Cantillon (04.05.2015) - Photos de la passerelle du pont du Jubilée prises par l’étudiante (08.05.2015) - Schémas des réseaux générés par Parckdesign 2014 - en ligne : <https://lirias.kuleuven. be/bitstream/123456789/522717/1/STEUNPUNT+STRATEN-PARCKDESIGN.pdf> - Situation avant et après intervention de la biennale Parckdesign 2014, photos issues du Dossier de presse reçu par Mme Cantillon (04.05.2015) - Discussion pendant le festival entre les acteurs principaux et le commissariat, présentation de l’événement Packdesign 2014 de l’IBGE – en ligne: <https://lirias.kuleuven.be/ bitstream/123456789/522717/1/STEUNPUNT+STRATEN-PARCKDESIGN.pdf> - Ligne du temps issue du livret Parckdesign 2014 créé pour la biennale (retravaillée par l’étudiante) - La grande tablée: discussions des acteurs principaux sur l’afterlife de Parckdesign 2014 - en ligne : <https://lirias.kuleuven.be/bitstream/123456789/522717/1/STEUNPUNT+STRATEN-PARCKDESIGN.pdf> - Réseaux de bénévoles de Parckdesign 2014 issu du Dossier de presse reçu par Mme Cantillon (04.05.2015) - Ouverture de l’évènement Parcdesign 2016 au parc Duden - en ligne : <https://www. facebook.com/Parckdesign/photos/a.420972154580534.103896.366866636657753/1213 160432028365/?type=1&theater> - Reportages photographiques Réalisés par l’étudiante (08.04.2015)

Contacts - Responsable Evénements Espaces Verts BRUXELLES ENVIRONNEMENT à l’IBGE, Martine CANTILLON CUILLIER <mcantillon@environnement.irisnet.be> - ParckFarmTT asbl, Tessa <parckfarmtt@gmail.com> - Interview des habitants

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- Taktyk, Thierry KANDJEE <office@taktyk.net> Interview avec Thierry Kandjee le 19.11.2015 à LOCI. - Alive Architecture, Petra PFERDMENGES <info@alivearchitecture.eu> Interview Petra Pferdmenges le 11.01.2016 à Saint-Gilles.

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