Mémoire HMONP Encadré par Stéphanie Bourlis ENSA Paris-la-Villette 2021 - 2022
Architecte
qualités requises et pratiques en devenir Quelles nouvelles conditions et pratiques du métier face aux enjeux énergétiques actuels ?
Fanny Marcher En mise en situation professionnelle à l’atelier Vincen Cornu Architecture
Remerciements Je tiens à remercier dans un premier temps Vincen Cornu, de m’avoir offert l’opportunité de travailler dans son atelier, pour la confiance qu’il m’a d’emblée accordée, en me confiant des missions intéressantes. Pour ma première pratique professionnelle, Vincen Cornu et son équipe se sont attachés à m'intégrer comme un membre à part entière de l’équipe. Les relations de confiance établies avec chaque membre de l’équipe, la disponibilité de chacun, ont rendu possible les échanges et les questionnements. Cela a constitué pour moi un cadre privilégié d’apprentissage. Pour toutes ces raisons, je remercie l’ensemble de l’équipe d’avoir participé à cette intégration : George, Delphine, Isabelle, Olga, Gérald, Thomas, Rémi… Je tiens également à remercier ma directrice d’étude, Stéphanie Bourlis, pour son soutien et son accompagnement durant cette année de HMONP. Ses conseils pédagogiques se sont révélés très pertinents et m’ont aidée à orienter ma réflexion. Elle a été un précieux guide tout au long de la rédaction de ces écrits. Enfin, je tiens à remercier les différents intervenants de la formation HMONP, pour la qualité de leurs interventions : ils ont su éveiller en moi un intérêt sur de nouveaux sujets concernant la profession. -Et ce malgré les conditions difficiles liées à la crise sanitaire.- Enfin, merci également à ma famille, à la patience et la disponibilité de A.M Méglioli, qui a su être présente et me soutenir tout au long des mes études d’architecture.
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Sommaire Architecte, qualités requises et pratiques en devenir Quelles nouvelles conditions et pratiques du métier face aux enjeux énergétiques actuels ?
Introduction …..……………………………………………………………………………………………
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I. Être architecte, des qualités requises ……………………………………………………………… Des compétences et une boîte à outils nécessaires
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A) La culture ……………………………………………………………………………………..…… 1. Transversalité des savoirs et des domaines d’intervention ……………………………………. 2. Lecture du site ………………………………………………………………………………………
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B) La transmission du savoir, le positionnement en tant qu’architecte …………………….. 9 3. L’enseignement : depuis l’école jusqu’en agence d’architecture …………………………….. 10 4. L’affirmation d’un positionnement au sein de la profession ………………………………..…. 12 C) Le dialogue ………………………………………………………………………………………… 5. L’architecte médiateur ………………………………………………………………………….…. 6. Le langage du dessin …………………………………………………………………………..….
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II. Profession architecte, des pratiques en devenir ………………………………………………… 16 Une pratique du métier qui évolue face aux enjeux énergétiques A) Un métier qui se transforme face aux enjeux énergétiques : vers de nouvelles façons de faire ? ………………………………………………………………………………………………. 17 1. Transformations actuelles et impacts sur la profession …………………………………….….. 17 2. Les architectes, véritables acteurs de la rénovation énergétique ……………………….…… 20
B) La rénovation du patrimoine bâti : rénover, réhabiliter, restructurer, reconvertir ……. 21 3. Patrimoine bâti et projet: la richesse évidente de l’existant ………………………………….. 22 4. Changer nos paradigmes et se former à l’intervention sur l’existant ………………………… 24 Conclusion et projet professionnel ……………………………………………………………………
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Bibliographie ………………………………………………………………………………………………
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Introduction A la fin de mes études, j’avais choisi d’intégrer l’atelier de Vincen Cornu. Ayant suivi son enseignement à l’école de la licence jusqu’en PFE, j'avais apprécié sa façon de penser et de transmettre l’architecture. Il était important pour moi d’assurer une continuité entre l’apprentissage théorique enseigné à l’école et les savoirs-faire pratiqués en agence. J’étais convaincue que ses qualités d’enseignant en feraient un architecte auprès duquel je pourrais continuer à apprendre, par immersion dans la pratique, et comprendre les spécificités du métier. Ce qui m’intéressait également, c’était la triple identité de cet architecte: gérant d’agence et maître d'œuvre, enseignant à l’ENSA-Paris La Villette, mais aussi Architecte-Conseil de l'État pour la ville de Rennes. Ces différents champs d’intervention représentaient l’opportunité d’aborder des sujets variés, et d’apprécier la diversité des compétences à développer pour exercer la profession d’architecte. Après cette première année d’expérience, j’ai souhaité suivre la formation d'habilitation à la maîtrise d’œuvre dans cette même agence pour en comprendre le fonctionnement structurel. Je voyais en cette formation le tremplin nécessaire à la construction de mon projet professionnel, me permettant de soulever les questions suivantes : comment être architecte aujourd’hui? Quel type d’architecte je souhaite devenir? Pour répondre à ces problématiques, il s’agira de questionner les qualités requises d’un architecte. Dans la première partie de ce mémoire, je chercherai à mettre en évidence les compétences et les outils méthodologiques employés à l'agence, qui pourraient constituer, pour moi, la base de données indispensable à l’exercice du métier. Je soulignerai l’importance des données culturelles, de la transversalité des savoirs nécessaires à l'exercice des différentes facettes du métier. J’aborderai également la question de la transmission de ce savoir, en interrogeant les différents canaux de communication à la disposition de l’architecte. Par ailleurs, je voyais en la formation HMONP une possibilité de m’informer sur les enjeux actuels concernant la qualité de nos villes, la protection de l’environnement et celle du patrimoine bâti. La question de la rénovation de notre patrimoine existant, au cœur des débats actuels, m’intéresse particulièrement. J’ai eu l’occasion de travailler sur ce sujet à la fois passionnant et complexe, me donnant le désir d’approfondir dans cette voie. Dans la deuxième partie de ce mémoire, je tenterai de réfléchir aux évolutions possibles du métier, aux conditions de mise en œuvre des nouvelles pratiques correspondant aux préoccupations actuelles. Nous nous interrogerons sur les incidences de ces changements, aux situations de fragilité qu’ils peuvent engendrer chez les architectes.
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Nous tenterons d’en comprendre les complexités et les positionnements nécessaires à adopter : quelle place les architectes doivent-ils prendre face aux enjeux énergétiques actuels et aux rénovations architecturales nécessaires pour répondre à cette problématique? Enfin, je tenterai d’explorer ce que signifie la rénovation du patrimoine bâti -rénover, réhabiliter, restructurer, reconvertir-: qu’en est-il aujourd’hui des conditions d’une rénovation architecturale? Comment répondre au nombre croissant de demandes dans ce domaine? Dans ce mémoire, il ne s’agit pas de l’affirmation d’un savoir universel et intangible, mais d’un témoignage basé sur une expérience personnelle au sein d’une agence d’architecture ayant ses propres spécificités. Je pense que ce travail de rédaction du mémoire et les formations théoriques et pratiques dont j’ai bénéficié durant cette année de HMONP m’aideront à dessiner l’orientation de ma future pratique d’architecte.
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I. Être architecte, des qualités requises
Des compétences et une boîte à outils nécessaires
A) La culture Lors de mon expérience, j’ai réalisé que les fondements de notre travail s'appuient constamment sur un savoir approfondi et contextualisé des sujets étudiés : la connaissance représente les fondements de l’action. La connaissance d’un site, de son histoire, de son contexte géographique, mais aussi de la période dans laquelle s’inscrit le bâtiment étudié, - les conditions particulières politiques et économiques dans lesquelles il a été construit -, sont les éléments indispensables à une bonne compréhension du sujet. Lors d’une étude d’un campus universitaire à Rennes, il a été nécessaire, dans un premier temps, de se constituer un éventail de connaissances pour mettre en lumière la compréhension du site et des intentions architecturales. Construit dans un contexte particulier, dans les années 60, le travail de l’architecte Louis Arretche s’était basé sur une appropriation sensible du site et de ses caractéristiques historiques locales. Si les dimensions constructives et les techniques employées se réfèrent à l’époque d’après-guerre, cet ensemble bâti possède cependant des qualités architecturales, urbaines et paysagères qui lui permettent de se classer comme un patrimoine bâti d’intérêt local de la ville de Rennes. Au cours de l’élaboration d’une autre étude pour la ville de Rennes, notre travail portait sur l’amélioration du paysage qu'offrent les rues de faubourg. Il s’agissait alors, par la connaissance approfondie du site et de ses spécificités, d’identifier les qualités architecturales et de faire conjuguer les constructions issues de différentes époques, afin de mettre en valeur et de préserver les bâtiments qui participent à l'identité et à l 'histoire de la ville. Rappelons que l’architecture moderne des reconstructions d'après-guerre et des grands ensembles des Trente Glorieuses était largement rejetée par les Français. (70% selon un sondage de l’IFOP initié par le Conseil de l’Ordre). Dans les années 70, le président Pompidou souhaite moderniser les équipements et l’industrie de la France. Il mobilise les acteurs de la construction, de l’architecture et de l’environnement et initie une démarche de modernisation. Une attention particulière est alors portée sur l’environnement et le cadre de vie des citoyens, pour une politique de qualité architecturale et urbaine, qui aboutira à la loi sur l’architecture de 1977.1 « L’architecture est une expression de la culture. » 2 Le premier article de la loi sur l’architecture paraît le 3 janvier 1977. La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion dans le milieu environnant, le respect du paysage naturel et urbain, ainsi que le patrimoine sont, dorénavant, des éléments d’intérêt public.
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J. Giusti,“Pourquoi une loi sur l’architecture ?” (2017), sur le site de la FNCAUE, disponible à l’adresse : https:// www.fncaue.com/pourquoi-une-loi-sur-larchitecture/ 2
Extrait de l’article 1 de la loi n°77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture. !6
1. Transversalité des savoirs et des domaines d’intervention L’architecture, « le premier des arts », puise ses paradigmes aux confins des autres arts, sciences, métiers ou techniques. Dans l’introduction de De architectura, Vitruve démontre que « L’architecture est une science qui embrasse une grande variété d’études et de connaissances ; elle connaît et juge de toutes les productions des autres arts. Elle est le fruit de la pratique et de la théorie. » 3 La pratique et la théorie forment un tout indissociable. Celui qui la pratique, pour prétendre au titre d’architecte, doit acquérir des notions dans différents domaines tels que : la grammaire, le dessin, la géométrie, l’histoire, la philosophie, la musique. Aujourd’hui, j’ai pu constater que les connaissances et les intérêts de l’architecte doivent toujours être multiples. En concevant son projet, l’architecte doit prendre en compte des dimensions variées (politiques, juridiques, déontologiques, économiques, sociales et culturelles), et tenir compte des évolutions de la société. L’enseignement théorique, dispensé en grande partie en école d’architecture, est essentiel dans la mesure où l’on nous enseigne l’histoire et la théorie de l’architecture. La majorité de notre savoir se base sur ce que les anciens nous ont légué, ce que leur expérience durant leur vie d’architecte a pu nous apporter. Cette acquisition d’un savoir nécessaire à une pratique se poursuit en agence d’architecture, à travers les idéaux que défend l’agence dans laquelle nous exerçons. Dans son ouvrage Profession Architecte, Isabelle Chesneau part du principe que « la pensée architecturale n’est pas autonome mais articulée aux évolutions techniques, économiques et politiques des sociétés urbaines ».4 Pour réaliser un projet, l’architecte doit s’entourer d’un grand nombre d’acteurs aux compétences variées (élus, associations, maîtres d’ouvrage, ingénieurs, économistes, instructeurs, etc). Il doit savoir faire avec des moyens qui lui sont donnés, dans un contexte particulier. Au cours de nombreuses réunions avec différents acteurs de la ville de Rennes, j’ai pu constater ces particularités et les difficultés qu’elles peuvent engendrer. « Le projet naît toujours de configurations sociales particulières où l'économie l’emporte parfois sur la politique, le technique sur l’esthétique, le hasard sur la prévision. »5 Ainsi, un projet est le fruit de la rencontre d’individus divers aux désirs changeants selon l’évolution des modes de vie et les circonstances.
3
Vitruve, d’après l’introduction du traité d’architecture “De architectura”, (-25 avant J.C)
4
I. Chesneau, dans I. Chesneau (2020), Profession architecte, Editions Eyrolles, Paris, p. 13
5
Ibid, p. 14 !7
Aujourd’hui, nos sociétés réalisent l’importance de l’image de nos villes, de la conscience de leur histoire et surtout de la fragilité de leur avenir. Le travail des architectes valorise de plus en plus la préservation et la mise en valeur du patrimoine bâti et paysager, témoignant des nouvelles aspirations de nos sociétés. Les questions environnementales favorisent de nouveaux liens entre les patrimoines culturels ou naturels et les aménagements contemporains. Dans ce contexte, une connaissance et une compréhension du patrimoine est essentielle pour prévoir un travail de qualité et une valorisation de cet héritage. Ces questions concernent directement les architectes qui ont un rôle à jouer pour répondre à ces enjeux, améliorer la qualité de nos villes et la durabilité de nos environnement : «ce dont on hérite, et ce qu’on lèguera»6.
2. Lecture d’un site Le rapport au site, à sa topographie, et les vestiges anciens présents sur le terrain constituent les lignes directrices d’une approche architecturale. Le lien étroit entre le site et son patrimoine existant était une démarche fondamentale du travail en atelier d’architecture. Pour ma part, j’ai toujours été confrontée à ce type de préoccupations dès le début de l’élaboration d’un projet, quel qu'en soit le type, la taille, le programme. C’est ainsi que, lors d’une première approche d’un site en vue d’un concours de maîtrise d'œuvre, nous avions cherché à conjuguer des constructions neuves avec des fragments de murs de pierre que nous souhaitions préserver avec soin. C’est une façon de concilier l’empreinte historique et les nouveaux usages contemporains, et de ce fait, de faire perdurer l’histoire des lieux. L’histoire d’un site et sa morphologie conditionnent l’implantation d'un bâtiment. La géographie est un sujet très intéressant pour les architectes. L’architecture peut mettre en scène le paysage naturel, chercher à révéler la mouvance du sol. Cette géographie naturelle joue un rôle à l’échelle urbaine, elle est à l’origine des variations de la ville. La topographie en révèle les inflexions, les points hauts et les vues lointaines qu’elle génère. Elle dessine le cheminement de l’eau qui est à l’origine des systèmes boisés et du paysage végétal naturel. La lecture du site d’implantation d’un projet permet de révéler les éléments forts et les persistances du territoire à conserver et/ou mettre en valeur. C’est un travail que j’ai eu l’opportunité de réaliser dans les différentes études sur la ville de Rennes. Dans une démarche architecturale de qualité, la relation entre la topographie et l’architecture doit être évidente, donnant l’impression que le bâtiment est là depuis toujours. Cette sensation de permanence s’accentue généralement avec le traitement des boisements et jardins plantés, qui prolonge cette continuité avec le paysage naturel et rural. Cette permanence est particulièrement présente dans des situations urbaines qui témoignent d’une relation étroite entre bâti ancien et continuités paysagères, dimension à laquelle j’ai été confrontée lors d’un travail sur les rues de faubourg.
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B. Haumont, dans la revue internationale “Transmettre l’architecture” sur le site de la FNCAUE, disponible à l’adresse : https://www.fncaue.com/wp-content/uploads/2015/09/Sommaire_haumont_Fr.pdf !8
Aujourd’hui, l’intervention des architectes sur les villes consiste à faire perdurer une qualité urbaine à l’opposé de l’individualisme qui prédomine souvent, l’évolution d’une ville ne pouvant se cantonner à une accumulation d’individualités. Chaque bâtiment peut marquer - ou non - sa présence dans la ville selon sa situation, le projet «étant produit par la substance même du lieux où il est construit.»7 Le processus d’imprégnation d’un lieu passe nécessairement par une immersion à travers des visites de site, de regards attentifs et les ressentis qui s’en dégagent: il s’agit de rechercher les traits de caractères essentiels du site qui méritent d’être révélés afin de dresser un état des lieux. La ville n’a de cesse de s’écrire et de se réécrire au fur et à mesure des différentes époques, à l’instar du palimpseste, ce parchemin manuscrit dont on efface la première écriture pour pouvoir écrire un nouveau texte (Petit Robert). Cette première écriture laisse des traces palpables qui permet à la ville, dans le meilleur des cas, de conserver la mémoire vivante de sa fabrication. L’analyse des cartes anciennes (type carte d’Etat Major ou carte de Cassini) permet une première lecture de terrain d’étude, qui serait incomplète si elle n’était pas mise en regard avec la représentation du territoire actuel. Cette analyse comparative permet de révéler en finesse la topographie, la nature des sols, l’hydrographie, le paysage naturel qui en découle, les tracés des voies et les premiers établissements humains. Cette méthode s’est avérée très efficace à Rennes, pour convaincre les différents publics du bien fondé des futures interventions proposées. Ce travail analytique permet de formuler la question suivante : comment révéler aujourd’hui ce qui est encore là, à peine visible, persiste parfois de manière fragile ; comment mettre en évidence le paysage sous-jacent qui participe au génie du lieu ? 8
B) La transmission du savoir, le positionnement en tant qu’architecte Dans cette partie, nous aborderons la question de la transmission du savoir, depuis l’école et jusqu’en agence d’architecture. L’enseignement se poursuit lors de la pratique, et s’oriente inévitablement vers les approches singulières de l’agence dans laquelle on travaille. Cet enseignement conduit l’architecte qui le reçoit à réfléchir aux voies qu’il souhaite emprunter, au positionnement à adopter au sein de la profession, aux intérêts et aux préoccupations qu’il souhaite défendre.
7
L. Beaudouin, dans “Siza : une question de mesure”, L. Beaudoin, D. Machabert, Le Moniteur, (2008) disponible à l’adresse : http://www.beaudouin-architectes.fr/2008/02/sizaune-question-de-mesure/ 8
D’après les propos de Vincen Cornu. !9
1. L’enseignement : depuis l’école jusqu’en agence d’architecture Depuis la loi de 2005, les écoles d’architecture appartiennent à des regroupements universitaires qui nous allient au travail des ingénieurs et des urbanistes. L’architecture rassemble une série de champs disciplinaires variés associée à l’enseignement du projet d’architecture. Contrairement aux autres disciplines dispensées, un projet ne s’enseigne pas. Nous est enseignée la manière de faire le projet, le chemin vers lequel nous pouvons nous orienter, en soulignant les points importants qui nous obligent à nous interroger, à nous remettre en question. 9 Par ailleurs, notre regard d’architecte sur la ville et l’urbanisme n’est pas le même que celui d’un urbaniste. C’est ce regard qui nous est propre que l’école tente de nous forger, à travers l’enseignement que l’on reçoit dans les ENSA.10 Lors de mon expérience, le gérant de l’agence employait des méthodes de travail qui lui étaient propres, en partant de l’hypothèse qu’il n'existe pas de modèle type de la pratique. J’ai suivi les principes méthodologiques mis en place au sein de cette agence : la manière de hiérarchiser des réflexions, les outils permettant de révéler les intentions du projet, et les moyens permettant de les exprimer, (le dessin, l’écriture, les présentations orales, etc). Ces approches singulières se sont avérées utiles pour élaborer un projet ou une étude. Nous pouvons cependant nous questionner sur l’évolution de la formation au regard des savoirs des disciplines dites « connexes ». Les cycles licence et master ont pour but de nous former à l’architecture, tandis que l’année d’habilitation (HMONP) cherche à nous apprendre « le reste comme le droit, les relations contractuelles, les logiques d’acteurs, l’économie, le fonctionnement d’une agence, la réglementation, les normes, etc. » Cette part importante de la réalité de la profession, ne fait pas partie de la « sphère de conception » lors de l’élaboration d’un projet d’étude.11 La mission principale du maître d’oeuvre se restreint souvent au « projet architectural » qui « définit par des plans et documents écrits l’implantation de bâtiments, leur composition, lors organisation, et l’expression de leur volume ainsi que le choix des matériaux et des couleurs » et qui « fait l’objet d’un permis de construire ».12 Les autres tâches du secteur de la construction peuvent être effectuées par d’autres prestataires (mise au point des documents d’exécution, direction de travaux, ordonnancement, pilotage et coordination du chantier, etc), ce qui conduit à la division du travail en plusieurs nouveaux métiers des études de conception (urbaniste, paysagiste, conducteur d’opération, programmiste, assistant à la maîtrise d’ouvrage, conseillers, maître d’oeuvre d’exécution, OPC, coordonnateur SSI et SPS, etc). « L’unité de la maîtrise d'œuvre s’est ainsi rompue au profit de multiples métiers de l’architecture ». 13 9
L. Beaudoin dans “Les grands entretiens sur l’architecture #1 : transmettre”, le Syndicat de l’Architecture, (2017) disponible à l’adresse : https://syndicatdelarchitecture.com/les-grands-entretiens/les-grands-entretiens-sur-larchitecture 10
A. Sellali dans “Les grands entretiens sur l’architecture #1 : transmettre”, le Syndicat de l’Architecture, (2017), Ibid
11
I. Chesneau, dans I. Chesneau (2020), Profession architecte, Editions Eyrolles, Paris, p. 13
12
Alinéa 2 de l’article 3 de la loi sur l’architecture du 3 janvier 1977.
13
I. Chesneau, dans I. Chesneau (2020), Profession architecte, Editions Eyrolles, Paris, p. 17 !10
Dans le cours de la formation, la réelle fonction de maître d'œuvre et la pluriactivité des missions qu’elle implique n'apparaît que lors d’une première pratique en agence: « Outre l’établissement du projet architectural, l’architecte peut participer notamment aux missions suivantes : aménagement et urbanisme, lotissement, élaboration de programme, préparation des missions nécessaires à l’exécution des avants-projets et des projets, consultation des entreprises, préparation des marchés d’entreprise, coordination et direction de travaux, assistance aux maîtres d’ouvrage, conseil et expertise, enseignement. » 14 Lors de cette première expérience en agence, nous prenons très vite conscience du rôle crucial du maître d'œuvre lorsqu’il exerce ces différentes missions. Il est évident que ses multiples fonctions lui permettent de se constituer une valise de savoirs et de compétences très variés, et le conduisent à exercer des responsabilités à différents niveaux. C’est ce qui fait la richesse de notre métier mais également sa grande complexité. Cela nous permet d’en élargir le champ d’intervention. Dans l’article 2 du Code de déontologie, le législateur rappelle que « La vocation de l’architecte est de participer à tout ce qui concerne l’acte de bâtir et l’aménagement de l’espace ; d’une manière générale, il exerce la fonction de maître d’oeuvre ». Autrement dit, nous pouvons dire qu’un architecte est en mesure de pouvoir travailler sur l’ensemble des domaines qui touchent de près ou de loin l’espace, son aménagement et ce qui est lié à sa construction. Lors de mon expérience au sein de l’agence, les domaines d’intervention étaient très variés, -urbanisme, architecture, du logement collectif à la maison individuelle, projets de scénographie, de mobilier….- ce qui augmente l’intérêt pour le travail. L’intervention de l’architecte sur un projet à échelle humaine -tel que la scénographie ou l’ameublement- peut nourrir une réflexion pour un projet de plus grande envergure, comme un bâtiment de logements par exemple, où les notions de déambulation, de cheminement, de temporalité des séquences spatiales, de vues lointaines, etc. seront également présentes. La confrontation à de multiples questions est davantage susceptible d’enrichir une démarche, notamment une démarche de projet. Cette pluridisciplinarité est un véritable atout : elle permet à l’architecte de progresser et, par ailleurs, d’élargir son champ d'intervention en multipliant ses chances d’accès à des commandes diversifiées. La formation HMONP dispensée en alternance, confronte continuellement les cours théoriques et la pratique en agence, nous apportant un savoir concret et contextualisé de notre métier où les enjeux, les responsabilités et les risques que l’on encoure sont exposés. Rappelons que la connaissance n’est jamais isolée de son contexte d’action, quels que soient les domaines d’intervention de l’architecte, cet enseignement nous aide à élaborer des liens entre des principes généraux (règles), et des cas réels et analogues.15 « Je connais seulement ce que je sais faire. Le faire est mon unique source de certitude. Je n’ai pas l’amour du savoir, je n’ai que l’amour du connaître. »16
14
Article 2 du code de déontologie des architectes
15
I. Chesneau, dans I. Chesneau (2020), Profession architecte, Editions Eyrolles, Paris, p. 21
16
L. Vacchini, extrait du dernier chapitre « le faire et la connaissance », dans Capolavori, Editions du Linteau, (2006) !11
2. L’affirmation d’un positionnement au sein de la profession L’architecte a le désir de faire une architecture qui lui correspond, en adéquation avec ses valeurs et les causes qu’il défend. Face aux différentes épreuves auxquelles il est confronté, il doit faire preuve de volonté, et s’engager avec ténacité dans un combat quotidien. L’architecture est un domaine traversé par beaucoup de considérations politiques, économiques, techniques, administratives, et réglementaires, lesquelles peuvent constituer un frein à la créativité.17 Lors de mon expérience en agence, j’ai pu fréquemment relever la solidité du positionnement que doit affirmer l’architecte face aux différents acteurs. Je pense aux rapports de force qui quelquefois peuvent s’instaurer. Les préoccupations des maîtres d’ouvrage, des élus, des ingénieurs qui nous accompagnent lors de l’élaboration d’un projet sont parfois éloignées des nôtres. Face à de telles situations, il est important de savoir communiquer avec les différents acteurs, de pouvoir affirmer une position et justifier ses choix. Pour ces raisons, il semble important de rétablir le lien entre la conception et la réalisation, deux temps complémentaires de l’exercice de l’architecture. La tendance actuelle, qui cherche à éloigner l’architecte de son chantier est préjudiciable à la cohérence de l’architecture, dans la mesure où le suivi architectural constitue une partie fondamentale du métier et de son apprentissage. Il faut rappeler que l’on ne construit pas seul, mais avec des entreprises, accompagnées de la maîtrise d’ouvrage, d’acteurs divers, et c’est grâce à la bonne cohésion d’une équipe que les intentions d’un projet pourront être portées et menées à bien. « Le résultat pratique est le seul en mesure de corriger la théorie, la préciser et l’amplifier. »18 A propos du choix des sujets d’étude, il est important de mesurer ce qui, selon nous, mérite d’être étudié, ce qui nous anime réellement en tant qu’architecte, en sachant que ce n’est pas la taille d’un projet qui en motive l’intérêt.19 Laurent Beaudouin parle de l'intégrité de l’architecte. Ce dernier peut refuser de nombreux projets prestigieux s’il trouve que les conditions ne sont pas réunies pour le mener à bien correctement; à l’inverse, il peut accorder un temps considérable à des projets de petite envergure, mais qui, à ses yeux, ont une importance culturelle ou sociale.20 Cette attitude : défendre les valeurs d’une démarche et rester inflexible face à ce qui peut corrompre son travail, est remarquable d’intégrité... Il est certainement difficile, pour tous les architectes aujourd’hui, d’adopter cette attitude en toutes circonstances au regard de la conjoncture actuelle. Néanmoins, il est de notre droit d’affirmer une position et de défendre nos valeurs, même si cela peut conduire à contredire la pensée dominante ou les concepts à la mode. Il s’agit, dans ce cas, d’être crédible, et en mesure de soutenir nos pensées et nos actes de façon cohérente.
17
P. Colombier dans “Les grands entretiens sur l’architecture #2 : quel(s) devenir(s) pour l’architecture ?”, le Syndicat de l’Architecture, (2017) disponible à l’adresse : https://syndicatdelarchitecture.com/les-grands-entretiens/les-grandsentretiens-sur-larchitecture-2 18
L. Vacchini, extrait du dernier chapitre « le faire et la connaissance », dans Capolavori, Editions du Linteau, (2006)
19
D’après les propos de Vincen Cornu.
20
L. Beaudouin, dans “Siza : une question de mesure”, L. Beaudoin, D. Machabert, Le Moniteur, (2008) disponible à l’adresse : http://www.beaudouin-architectes.fr/2008/02/sizaune-question-de-mesure/ !12
Enfin, en travaillant sur des études urbaines, j’ai réalisé que nous avions un devoir d’ingérence : nous sommes en mesure de jouer un rôle fondamental dans la transformation de nos villes, en dénonçant les pratiques nuisibles à l’espace urbain, les projets destructeurs, et en prenant position dans les débats de sociétés. 21 Pour prétendre devenir architecte, il est selon moi primordial de savoir tenir un cap et de pouvoir défendre ses convictions pour la réalisation de projets de qualité.
C) Le dialogue Cette partie questionne le rôle de la communication en architecture et la façon dont l’architecte l’utilise dans sa pratique. Le processus de la réalisation architecturale est complexe car il fait intervenir de nombreux acteurs aux intérêts divers, oeuvrant ensemble pour mener à bien un même projet architectural. De ce fait, la qualité de la communication est indispensable, car elle joue un rôle fédérateur entre les différents acteurs et leur permet d’échanger des informations nécessaires à leur action.22
1. L’architecte médiateur Un dialogue avec l’architecte Un projet architectural s’inscrit obligatoirement dans des relations humaines, regroupant autour d’un même sujet des acteurs dont les rôles et les connaissances sont différents. Expliquer un projet à des personnes qui ne connaissent pas l’architecture nécessite de savoir adapter son discours en fonction des différentes populations concernées. L’architecte doit alors faire preuve d’un sens de la pédagogie, être capable de justifier ses choix afin de gagner en crédibilité et captiver au mieux son auditoire. Je pense aux présentations auxquelles j’ai pu assister devant un grand nombre d’acteurs ; notre démarche de travail était basée sur la connaissance et l’analyse historique du site, et cela a largement séduit le public. En effet, lorsque les propos recueillis se justifient, le discours est digne d’être écouté et d’être pris au sérieux. L’architecte doit donc savoir établir une relation de confiance avec les différents acteurs.
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D’après la charte dans “Les grands entretiens sur l’architecture”, le Syndicat de l’Architecture, (2017) disponible à l’adresse : https://syndicatdelarchitecture.com/les-grands-entretiens/les-grands-entretiens-sur-larchitecture T. Tidafi dans “Moyens pour la communication en architecture”, (1996) Montréal, disponible à l’adresse : https:// www.collectionscanada.gc.ca/obj/s4/f2/dsk3/ftp04/nq26744.pdf 22
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Le sens et le devoir de conseil Au cours de sa carrière, l’architecte est très souvent sollicité pour donner forme aux intentions formulées par les clients, qu’ils soient publics ou privés, faisant appel à un professionnel pour définir concrètement leur projet. Au cours de mon expérience, j’ai assisté à plusieurs missions de préconisation attribuées à l’architecte conseil. Il s’agissait, à partir d’un diagnostic précis, de conseiller et d’orienter les projets du territoire d’étude, et de faire des propositions pour répondre aux problématiques posées. Je pense notamment au travail d’instructions architecturales qui exigeaient de contrôler chaque demande préalable et chaque permis de construire pour proposer les solutions les plus adaptées à chaque cas. Dans ce cadre, le rôle de l'architecte consistait également à favoriser les relations entre les commanditaires, les maîtres d’ouvrage, les acteurs politiques locaux et les populations concernées. L’architecte est également tenu au devoir de conseil, il doit informer le client et le conseiller sur l’ensemble des questions techniques, juridiques, financières qu’une opération de travaux peut poser. Il doit également signaler tous les risques encourus et les inconvénients que présente le projet de construction, voire de dissuader le client de mener son projet à terme en précisant toutes ces données par écrit.23
2. Le langage du dessin Les moyens d’expression en architecture sont divers. Nous avons relevé l’importance de l’expression orale, et allons maintenant aborder celle d’un moyen d’expression cher à l’architecte : le dessin. Pour lui, c’est avant tout un outil de réflexion, de pensée, de projection; pour certains, c’est même une manière d’être. Rappelons que ce n’est pas un hasard si le mot dessin partage son étymologie avec un autre, le dessein.24 Il existe bien des façons de représenter l’architecture et de s’y projeter, le dessin étant un moyen de représenter le projet au même titre que d’autres procédés comme la maquette, les outils numériques, les mots, etc. Lors de mon expérience, j’ai été confrontée à une méthode de travail très axée sur l'emploi du dessin à la main. Elle permet d’exprimer de façon rapide une intention ou une idée, et d’en justifier l’intérêt par le biais de représentations diverses comme le schéma, le dessin en perspectives, ou en axonométries par exemple. Le dessin rend nos idées accessibles au plus grand nombre quand les mots ne suffisent pas à se comprendre. Il est utile à plus d’un titre, de la conception à la réalisation, des premières esquisses jusqu'au chantier où il peut permettre de visualiser à grande échelle (voire échelle grandeur) des détails aux entreprises en charge de la construction. 23
D’après le site de l’Ordre des Architectes, disponible à l’adresse : https://www.architectes.org/le-devoir-de-conseil
24
D’après les propos de Vincen Cornu. !14
Nous pouvons dire que la pratique du dessin -le plus souvent informatisée de nos jours- occupe une place prédominante dans notre métier. Dans la plupart des agences, différents logiciels informatiques sont aussitôt sollicités, la pratique du dessin à la main se perd, ayant tendance à être supplantée par des bibliothèques « prêt à porter » de dessins informatisés. Le dessin permet aussi d’instaurer une forme de respect de la part des collaborateurs : l’idée, d’abord pensée, puis retranscrite sur le papier, trouve rapidement sa pertinence, et prend alors sa dimension à la fois esthétique et fonctionnelle, celle qui ouvre sur la compréhension de tous. La pratique du dessin permet aussi d’apprendre à voir. Selon Julie Cattant, « le dessin est en ce sens une « lecture » qui suppose de recueillir et de choisir ce qui servira au projet, de déceler le visible et l’invisible. »25 Le terme lecture (du paysage, de la ville), très souvent employé en agence, permettait d’aborder les dimensions historiques d’un territoire ou d’un lieu à travers les cartes anciennes. Nous pouvons également aborder les différents types de dessins, des premières esquisses aux détails techniques. Les premières intentions peuvent prendre forme avec un dessin à main levé aux lignes fluides et inexactes, tandis que le dessin technique de détail doit être rigoureux et permettre de mesurer, de dimensionner. De l’esquisse à la consultation des entreprises, le projet subit des modifications qui conduisent à une expression de plus en plus fidèle de l’architecture à venir. Les dessins sont davantage détaillés : les matériaux se précisent, les dimensions s’affinent, les détails se perfectionnent… Le passage d’une échelle à une autre est une méthode largement employée : elle permet de mesurer l’importance d’un détail au regard de sa répercussion à plus grande échelle. L’architecte est le seul garant de la fiabilité de la construction au regard de son projet initial. Le chantier représente donc une période décisive, où les dessins de l’architecte sont sans cesse remis en question. Il est alors de son devoir de produire de nouveaux plans, d’autres dessins explicatifs, pour montrer la marche à suivre aux entreprises et aux acteurs de la construction, et ainsi surmonter les obstacles.
Dans cette première partie, j’ai tenté de faire état de mes observations et des principes méthodologiques appris durant mon expérience en agence. Les différentes missions qui m’ont été confiées durant cette mise en situation professionnelle m’ont permis de mettre en pratique et d’approfondir l’enseignement et les savoirs acquis à l’école. Je me suis ainsi constitué une mallette de connaissances dont les différents outils me serviront à mettre en place, à guider et à orienter ma future pratique. Parmi ces connaissances, j’ai noté la fréquence des demandes concernant les enjeux énergétiques actuels, et l’impact que ces considérations ont sur notre travail en tant qu’architecte. Quelles nouvelles pratiques doivent être mises en œuvre pour répondre à ces nouveaux questionnements ? La deuxième partie de ce mémoire portera sur cette problématique.
25
J. Cattant, dans Dessiner l’ouverture. L’architecte, entre maîtrise et incertitude, Hall Archives Ouvertes, (2018) disponible à l’adresse : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02114808/document
!15
II. Profession architecte, des pratiques en devenir Une pratique qui évolue face aux enjeux énergétiques Depuis 1900, onze des plus chaudes années répertoriées appartiennent au 21ème siècle, 2020 étant la plus chaude. L’Europe se doit d’agir pour réduire d’au moins 55% les émissions de gaz à effet de serre en 2030 et devenir « neutre » d’ici 2050. La politique et les financements européens ont bénéficié aux bâtiments neufs qui ne consomment que la moitié de l’énergie des bâtiments anciens. Pourtant, 80% des bâtiments ont été construits il y a plus de 20 ans. Chaque année, seulement 1% du parc immobilier fait l’objet d’une rénovation, celle-ci doit donc être au centre de l'action en faveur du climat.26 En 2020, la commission Européenne a élaboré une « stratégie pour une vague de rénovation »: dans les dix prochaines années, elle souhaite doubler les taux de rénovation énergétique. Pour ce faire, 35 millions de bâtiments pourraient être rénovés, ce qui générerait 160 000 emplois dans le secteur de la construction.27 Aujourd’hui, 40% des gaz à effet de serre en France sont issus du secteur du bâtiment : de la construction au fonctionnement, en passant par la production des matériaux et leur transport. Les matériaux utilisés dans la construction possèdent deux inconvénients : les matières premières deviennent de plus en plus rares, leur mode de production et de transport sont très énergivores.28 Nous connaissons les points faibles de nos bâtiments: surfaces restreintes des logements, mauvaise qualité de l’air, bruit, etc. Ces conditions de vie agissent sur la santé des habitants. Face à l’urgence, il est nécessaire de changer nos façons de concevoir et de faire dans le secteur du bâtiment. L’urgence est donc de réduire l’impact écologique de cet habitat. Pour penser et construire différemment, Alain Bornarel expose des solutions concrètes : améliorer le travail en équipe de divers intervenants ; prioriser au maximum la réhabilitation plutôt que les constructions neuves ; et enfin, construire avec des matériaux différents.29
26
V. Flicoteaux dans « Réduire l’impact écologique du cadre bâti », (2021), site de l’Ordre des Architectes, disponible à l’adresse : https://www.architectes.org/sites/default/files/atoms/files/note_voeux2021_transition_ecologiquedocx.pdf 27
D’après le communiqué de presse de la commission européenne « Vague de rénovations: doubler le taux de rénovation pour réduire les émissions, stimuler la reprise et faire reculer la précarité énergétique », (2020), disponible à l’adresse : https://www.architectes.org/sites/default/files/atoms/files/cp_cme_vague_de_renovation_0.pdf 28
D’après un article de l’ICEB, “Cap vers la frugalité heureuse et créative des bâtiments “, (2021) disponible à l’adresse : https://www.houzz.fr/magazine/cap-vers-la-frugalite-heureuse-et-creative-des-batiments 29
Ibid. !16
A) Un métier qui se transforme face aux enjeux énergétiques : vers de nouvelles façons de faire ? « Si l’architecture est permanente dans son essence, son expression change, les conditions de son exercice aussi, impactant fortement notre profession. » 30 Aujourd'hui, le monde du bâtiment change. L’architecture et l’urbanisme ont donc un rôle fondamental à jouer dans les enjeux de la transition écologique : baisse des émissions de carbone et des consommations énergétiques, préservation des ressources, réponse face aux catastrophes climatiques extrêmes et à celles liées au contexte sanitaire. Le principal objectif est donc celui de la rénovation énergétique qu’il faut massifier ; par ailleurs, il est nécessaire de valoriser les nouvelles façons de faire, en prenant en compte la santé et le confort des habitants, la diversité des usages de nos modes de vie, et leurs évolutions qu’il est important d’anticiper.31
1. Transformations actuelles et impacts sur la profession Débats et transformations actuels
Lors de la troisième édition des Universités d’été de l’Architecture en 2017, Catherine Jacquot revient sur les débats et réflexions actuels sur l’architecture de notre époque, soumise aux évolutions rapides des leviers politiques, économiques, techniques et environnementaux. Des enjeux récurrents apparaissent lors de débats et contributions sur l’avenir de notre profession. La réhabilitation écologique du cadre bâti existant est l’élément central de la loi sur la transition énergétique (loi TECV) dont les objectifs exposés par l’ancien ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot étaient très ambitieux. 20 milliards d’euros devaient être investis pour la rénovation de maisons individuelles. Il s’agissait là d’un réel changement de société où il était important de militer pour une architecture soucieuse de son avenir et de la qualité de son cycle de vie. En France, selon les chiffres de l’INSEE, 60% du parc des résidences principales ont été construits avant 1975. Le besoin de rénovation est donc énorme, et concerne particulièrement les logements bâtis avec les premières techniques industrielles durant les Trente glorieuses, à l’époque où la réglementation thermique n’existait pas encore. Les chiffres concernant le bilan d’avancement de la transition bas-carbone sont mauvais et témoignent que des millions de ménages sont concernés et souffrent du mal logement. Des objectifs pour le secteur du bâtiment avaient déjà été fixés à plusieurs reprises par les gouvernements mais sans grands résultats. Le Haut Conseil pour le Climat (HCC) a fixé les objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) qui semblent une nouvelle fois difficiles à atteindre… 30
C. Jacquot, (présidente de l’Ordre des Architectes) dans “Les université d’été de l’architecture”, (2017), Paris, p. 66 disponible à l’adresse : https://www.architectes.org/sites/default/files/atoms/files/actes2017_170110_themeplanche.pdf 31
D’après l’introduction du Livre Blanc 2.0 du site de l’Ordre des Architectes, disponible à l’adresse suivante : https:// www.architectes.org/sommaire-et-introduction-du-livre-blanc-20 !17
Il est donc urgent d’augmenter significativement le nombre de rénovations globales, aussi bien pour les logements individuels et collectifs que pour les équipements publics.32 Des projets de production d’énergie renouvelable, locale et participative se développent. De nombreux architectes favorisent des savoirs-faire et des matériaux qui tiennent compte de nos ressources dans leur construction (matériaux biosourcés, géosourcés, ou recyclés, réemployés). La conception bioclimatique permet de réduire au minimum les consommations d’énergie grâce à la ventilation naturelle, le rafraîchissement passif et le recours à l’inertie thermique. 33 La construction en bois est aujourd’hui largement répandue, et va au-delà des constructions de maisons individuelles. On la trouve mise en œuvre dans des équipements publics et des logements collectifs de plus de 20 étages. Par ailleurs, les isolants biosourcés représentent près de 10% du marché actuel et augmentent de 10% chaque année. La terre crue, « matière de nos patrimoine », refait surface dans les constructions. Toutes ces avancées participent au développement de filières et de savoir-faire locaux.34 Le réemploi est considéré comme une piste d’avenir de notre métier, comme l’affirme l’architecte Franklin Azzi qui participe à la réhabilitation de la tour Montparnasse à Paris : « Le vitrage noir d’origine va être démonté et servira de parement dans les 30 cages d’ascenseurs […] L’architecte a un rôle d’ambassadeur et de pédagogue sur ces questions de recyclage. Il en va de sa responsabilité civique. »35
Une profession mise à mal ?
La troisième édition des Universités d’été de l’Architecture a mis en exergue les évolutions du cadre d’exercice de la profession d’architecte et des difficultés qu’elles peuvent provoquer, comme la dégradation de nos missions au mépris de la qualité architecturale. En effet, la place de l’architecte dans le processus de fabrication de la ville est souvent remise en question par des élus qui préfèrent faire appel à des acteurs privés - aménageurs, promoteurs, constructeurs-, pour la conception et la réalisation de quartiers entiers. Les années de crise ont accentué les fractures sociales et le mal logement. Les élus sont en mesure de les réduire à condition qu’ils soient capables de définir « ce qu’est le bien public dans la production de la ville ». Les échanges avec les élus sont toujours à prendre avec beaucoup de délicatesse. J’ai eu l’occasion de constater qu’il peut être difficile de se faire entendre auprès d’eux, tant nos préoccupations peuvent parfois être différentes. Concernant les réglementation d’urbanisme (PLU, PLUi, etc), les architectes et paysagistes ne participent que très peu à l’élaboration des documents, pourtant responsables de la qualité urbaine et territoriale.36
32
D. Dessus, dans “Les architectes, acteurs indispensables de la rénovation énergétique”, (2020), Paris, sur le site de l’Ordre des Architectes: https://www.architectes.org/les-architectes-acteurs-indispensables-de-la-renovationenergetique 33
A. Bornarel, D. Gauzin-Muller, P. Madec dans Manifeste pour une frugalité heureuse et créative, (2018) disponible à l’adresse : https://www.frugalite.org/fr/le-manifeste.html 34
Ibid.
35
F. Azzi dans un article de l’ICEB, “Cap vers la frugalité heureuse et créative des bâtiments “, (2021) disponible à l’adresse : https://www.houzz.fr/magazine/cap-vers-la-frugalite-heureuse-et-creative-des-batiments 36
C. Jacquot, (présidente de l’Ordre des Architectes) dans “Les université d’été de l’architecture”, (2017), Paris, p. 67 disponible à l’adresse : https://www.architectes.org/sites/default/files/atoms/files/actes2017_170110_themeplanche.pdf !18
Nous pouvons cependant parvenir à convaincre les publics concernés : lors d’études de faisabilité réalisées pour la ville de Rennes, nous avons été chargés de concevoir des documents graphiques permettant d’illustrer des propos sur des situations précises. La qualité et la pertinence de nos documents ont été largement reconnus auprès des différents collaborateurs, qui ont alors décidé d’intégrer notre travail au nouveau PLUi de la ville. Notre regard d’architecte et ce qu’il peut apporter à la transformation d’une ville peut donc être reconnu et validé. C’est le résultat d’une synergie et d’échanges positifs qui permettent aux multiples acteurs de la ville de mener un projet à bien dans de bonnes conditions. Depuis plus de 40 ans, la loi de 1977 sur l’architecture garantit l’intérêt public de notre cadre bâti et naturel. Pourtant, selon la Fédération Française des Bâtiments, 40% de notre environnement bâti serait construit sans architectes, ce qui pousse notre profession à évoluer et à se spécialiser dans certains domaines de la profession. Aujourd’hui, il en existe deux dans lesquels les architectes sont peu présents : la réhabilitation et la maison individuelle.37 Récemment, le rapport Sichel, « Rapport pour une réhabilitation énergétique massive, simple et inclusive des logements privés » a été rédigé par le directeur de la banque des territoires, Olivier Sichel. Il pose les bases d’une politique de rénovation globale des ménages et d’une réflexion sur son financement.38 Il propose la création d’acteurs globaux d’accompagnement, intitulés mon accompagnateur rénov, qui accompagnerait le particulier du début à la fin dans la rénovation de son bien. Ce tiers de confiance doit pouvoir leur proposer les travaux adaptés à leur logement, les assister et les informer sur le parcours administratif et financier du projet, opérer le suivi des travaux, et même dans certains cas, porter la responsabilité d’un projet.39 Autrement dit, toutes les missions qui font partie des compétences des architectes. Ceci interroge la place qui accordée aux architectes par les pouvoirs publics de tutelle, dans l’élaboration des stratégies publiques nationales sur les questions qui relèvent de leurs domaines de compétences, en l’occurrence, l’accompagnement de la transition écologique dans le bâtiment. En mai 2021, un Collectif Architectes d’Occitanie a adressé une lettre ouverte au Premier ministre: « Nous sommes consternés de constater que le ministère du Logement ignore encore une fois l’existence des architectes, professionnels indépendants formés dans les écoles d’architecture, pour accomplir exactement ses missions indispensables de maîtrise d’œuvre, dans le cadre d’une profession réglementée et ayant prêté le serment de respecter un Code de déontologie. »40 Cette lettre ouverte fait l’objet d’une pétition. Le marché de la rénovation représente une part considérable du travail pouvant être confié à l’architecte. Cependant, les budgets alloués pour les aides financières à apporter aux ménages sont bien trop bas, et ne sont pas en mesure de couvrir les honoraires d’un architecte. La question alerte : qu’en est-il de notre avenir, -déjà fragile- si l’on nous retire une part considérable de notre travail, à savoir le marché de la rénovation ?
37
C. Jacquot, (présidente de l’Ordre des Architectes) dans “Les université d’été de l’architecture”, (2017), Paris, p. 68 disponible à l’adresse : https://www.architectes.org/sites/default/files/atoms/files/actes2017_170110_themeplanche.pdf 38
J. Arnault, “Rapport Sichel, les architectes absents : une erreur ?”, (2021), disponible sur le site des Chroniques d’architecture: https://chroniques-architecture.com/rapport-sichel-les-architectes-absents-une-erreur/ 39
X. Soule, “Olivier Sichel, le banquier qui n’a jamais entendu parler des archtitectes”, Paris, (2021), disponible sur le site des Chroniques d’architecture: https://chroniques-architecture.com/rapport-olivier-sichel-xavier-soule-abventtribune/ 40
Lettre adressée à la Ministre E. Wargon et à notre Ministre de Tutelle Mme. R Bachelot, écrite par le collectif d’architectes Une rénovation, un architecte, Paris, (mai 2021) disponible à l’adresse : www.defenseprofessionarchitecte.fr !19
2. Les architectes, acteurs indispensables de la rénovation énergétique L’architecte, un professionnel compétent L’Agence de la transition écologique (ancienne ADEME) a récemment réalisé une étude concernant les travaux de rénovation énergétique en maisons individuelles: les ménages estiment que les architectes effectuent des travaux de rénovation énergétique de qualité. Il y a deux ans, une enquête de l’UFC-Que Choisir précisait que, faire appel à un maître d'œuvre était la meilleure garantie pour des rénovations globales, cohérentes et performantes. « Faire appel à un architecte, qui maîtrise toutes les données du projet, (usage, santé, performances environnementales, patrimoniales, financières …), c’est s’associer les compétences de l’intervenant capable de faire les propositions d’aménagement pertinentes, de trouver des solutions techniques cohérentes, d’organiser la passation des marchés d’entreprises, puis d’organiser et vérifier la bonne exécution des travaux. » 41 Rénover est l’intervention sur un bâtiment existant, qui devra par la suite être entretenu pour de nombreuses années. C’est à travers son regard d’expert et son diagnostic architectural et constructif que l’architecte va pouvoir apporter les solutions les plus adaptées à la bâtisse existante. Concevoir une rénovation exige au préalable une compréhension du bâtiment et de ses usages existants. Il s’agit d’une restructuration des espaces intérieurs pour en améliorer les qualités -en augmentant la surface habitable par exemple- ou pour répondre à de nouveaux besoins familiaux ou professionnels. Il faut pouvoir assumer ses choix, savoir les expliquer aux usagers et leur laisser le temps de les comprendre.
Rénover, un acte professionnel
C’est un acte professionnel qui fait appel aux différentes compétences des architectes. Il faut d’abord établir le diagnostic, et proposer les aménagements pertinents et les solutions techniques adaptées à chaque cas particulier. Un projet de rénovation architectural doit s’imprégner de l’âme des lieux ; une ré-appropriation de l’espace doit être au premier plan pour élaborer un projet de transformation. Par ailleurs, dans les cas qui le permettent, il peut être judicieux de laisser entrevoir différentes façons d’intervenir sur le bâti, et de permettre aux utilisateurs de connaître les différentes voies envisageables. Lors de mon expérience en agence, nous avons souvent travaillé dans ce sens. Les diagnostics approfondis au cas par cas nous ont souvent permis de proposer des solutions offrant des usages différenciés. Par exemple, la rénovation énergétique cherchant à isoler un bâtiment par son enveloppe, peut, en plus de sa performance énergétique, proposer une valorisation des usages visant à créer une «extension utile». 41
D. Dessus, dans “Les architectes, acteurs indispensables de la rénovation énergétique”, (2020), Paris, sur le site de l’Ordre des Architectes: https://www.architectes.org/les-architectes-acteurs-indispensables-de-la-renovationenergetique !20
C’est-à-dire une extension de la surface intérieure d’un bâtiment qui allie utile (augmentation des surfaces pouvant permettre d’en requalifier les usages) et dimension énergétique (isolation de la façade, de la toiture, etc). Il faut aussi faire appel à des entreprises compétentes capables d’assurer le bon déroulement des travaux, afin de mettre le bâtiment au normes en vigueur : installation des équipements nécessaires pour le chauffage, la ventilation, la production d’énergies renouvelables, dans le but d’atteindre le niveau de performance énergétique fixé. Toutes ces interventions ne sont pas anodines et laissent imaginer les dégâts qu’elles pourraient engendrer si elles sont mal réalisées. Dans le cas de malfaçons, ces lourds bouleversements peuvent être à l’origine de pathologies et de graves problèmes de santé pour les occupants du bâtiment en raison d’un mauvais traitement de l’air. Les financements des travaux du plan de relance doivent être conditionnés par une exigence architecturale, sociologique, écologique et fonctionnelle. Les architectes et leurs maîtres d'ouvrage sont des acteurs incontournables de la rénovation environnementale capables de proposer des préconisations architecturales adaptées : elles garantissent un meilleur confort pour les habitant et une augmentation de la valeur patrimoniale de leur bien.
B) La rénovation du patrimoine bâti existant : rénover, réhabiliter, restructurer, reconvertir… Dans un article « Construire dans l’existant » re-publié sur le site de l’Ordre des Architectes, Mireille Guignard (Architecte des bâtiments de France) constate que nous possédons des milliers de sites et de bâtiments existants, souvent jugés insalubres, obsolescents, et non adaptés à l‘accessibilité aux personnes à mobilité réduite ou vieillissantes, de non conformes aux normes récentes, etc. 42 Cependant, il s’avère que l’alternative à la démolition n’est pas non plus la solution la plus adaptée. Cette partie interrogera ce que signifie l’acte de construire en milieu existant, en considérant que chaque territoire possède un déjà là ayant une valeur patrimoniale, qu’elle soit bâtie, végétale, ou paysagère.
42
M. Guignard, “Construire dans l’existant”, Paris, (2020), disponible sur le site de l’Ordre des Architectes : https:// www.architectes.org/construire-dans-l-existant !21
1. Patrimoine bâti et projet : la richesse évidente de l’existant
Vers une démarche « bas carbone » et respectueuse des ressources
Aujourd’hui, la rénovation du parc existant induit de façon évidente une limitation des démolitions: c’est ce que préconisent le Plan Bâtiment Durable, le Plan Biodiversité (qui cherche à limiter l’artificialisation des sols), et la loi récente relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire; de même, la Cour des Comptes pousse à valoriser, muter et réhabiliter plutôt que de construire du neuf. Le bilan environnemental d’un bâtiment se définit au regard de sa consommation énergétique et de son émission de CO2. L’impact de la construction sur ce bilan carbone est considérable : ainsi, « casser pour reconstruire » conduirait à émettre bien davantage de CO2 que la construction d’un bâtiment neuf sur un terrain vierge. De plus, 42 millions de tonnes de déchets sont produits chaque année dans le secteur du bâtiment, et plus des trois quarts proviennent des travaux de démolition.43 La préservation des ressources, bâties et naturelles, représente donc un enjeu majeur, où les objectifs visent donc à « rénover, réhabiliter, restructurer ou reconvertir notre patrimoine existant plutôt que de démolir et reconstruire en neuf. »44 Partant du principe que ce qui est déjà là représente un matériau économique, il devient intéressant de considérer nos constructions existantes comme des ressources, qu’il convient de conserver, réutiliser et de transformer à d’autres fins.45 Réhabiliter : une valeur ajoutée Dans la plupart des cas, la durée de vie moyenne d’un bâtiment tourne autour de 50 ans selon sa dimension structurelle. Il est donc dénué de sens, en termes d’amortissement, d’envisager de démolir un bâtiment au profit d’une nouvelle construction. La démarche de réhabilitation possède de nombreuses vertus qui vont au delà d’une mise à jour d’une simple obsolescence : elle permet de valoriser le bâti et ses qualités architecturales existantes, d’en améliorer les usages et d’atteindre des performances de confort énergétique (isolation, chauffage, ventilation, etc). Notons qu’il est souvent « plus facile » d’intervenir sur un bâtiment existant en termes de conformité réglementaire : prospects, hauteur, densité, gabarit, enveloppe, etc. Ceci représente un avantage considérable par rapport aux constructions neuves.46
43
A. Renaud, « Plus que jamais : rénover, réhabiliter, restructurer, reconvertir… », (2020) disponible sur le site du pavillon de l’arsenal : https://www.pavillon-arsenal.com/fr/et-demain/11650-plus-que-jamais-renover-rehabiliter-restructurer reconvertir.html 44
Ibid.
45
Ibid.
46
Ibid. !22
Du point de vue de la qualité architecturale, notons aussi que les édifices construits avant la standardisation des normes de constructions offrent un panel des qualités architecturales que l’on peine parfois à retrouver dans le neuf : des hauteurs sous plafond bien supérieures aux 2,50 m imposés; l’utilisation de matériaux pérennes; des espaces généreux dans leur volume et dans leur apport en lumière naturelle; une diversité des détails constructifs, etc.47 Il est alors de notre devoir d’architecte de militer vers une démarche de projet qui cherche à faire perdurer ces nombreuses qualités. L’intervention sur un bâtiment existant, sa « remise aux normes » actuelles par exemple, peuvent très vite porter atteinte au projet d’origine. Il s’agit de ne pas défigurer le bâtiment par l’apport de nouvelles données (isolation, ventilation, chauffage) en établissant la liste de principes fondamentaux à conserver. Ces principes permettent de justifier certains choix de rénovations : je pense par exemple aux oppositions entre ITI (isolation thermique par l’intérieur) et ITE (isolation thermique par l’extérieur). Certaines caractéristiques du bâtiment étudié (percements, modénature) devraient permettre d’orienter naturellement ces choix. Intervenir sur un état existant enrichit considérablement la démarche de projet, et constitue un potentiel de créativité que la conception de bâtiments neufs ne peut égaler. C’est un travail complexe, qui nécessite de tenir compte des contraintes existantes, des imprévus, des obstacles pouvant se transformer en atout, etc. L’architecte développe un regard attentif sur ce qui est déjà-là, cherchant à révéler, prolonger l’esprit d’un lieu, et trouver le « subtil équilibre entre mémoire et modernité ».48 La construction d’un bâtiment neuf est certes plus aisée, partant d’une page blanche… Elle est néanmoins à l’origine d’architectures « standardisées » et « dupliquées » qui normalisent trop souvent le paysage de nos villes et de nos environnements. La réutilisation et la transformation de l’existant apparaît comme une réelle valeur ajoutée dans la conception architecturale, permettant d’en justifier le poids économique, souvent source d’inquiétude pour de nombreux acteurs. Actuellement, concilier l’ancien et le moderne devient la norme dans bon nombre de politiques des villes qui mettent à l’honneur la réhabilitation du patrimoine : la reconquête des sites industriels, la revalorisation et préservation des centres bourg, les halles qui ont renouvelé leurs usages; les équipements publics qui subissent aussi de lourdes restructurations, etc. « Paradoxalement, conserver n’aura jamais été aussi moderne ! »49
47
M. Guignard, “Construire dans l’existant”, Paris, (2020), disponible sur le site de l’Ordre des Architectes : https:// www.architectes.org/construire-dans-l-existant 48
A. Renaud, « Plus que jamais : rénover, réhabiliter, restructurer, reconvertir… », (2020) disponible sur le site du pavillon de l’arsenal : https://www.pavillon-arsenal.com/fr/et-demain/11650-plus-que-jamais-renover-rehabiliter-restructurer 49
Ibid, A. Renaud !23
2. Changer nos paradigmes et se former à l’intervention sur l’existant Afin de réintroduire dans le débat public les questions qui portent sur la valorisation du patrimoine existant et de ses qualités, il est nécessaire de sensibiliser les nouvelles générations de concepteurs à leur histoire, aux dimensions sociales et anthropologiques, et à la préservation des savoirs-faire. Selon Mireille Guignard, il semble urgent de démocratiser la transformation du patrimoine bâti et d’impliquer les étudiants en architecture et les professionnels vers une « intelligence collective ». Il s’agirait de développer les idées collégiales, les savoirs-faire, le réemploi et le recyclage, l’autoconstruction, et les stratégies d’économies en carbone. Selon elle, ces questionnements pourraient être bénéfiques pour les dynamiques de projet qui seraient alors converties au « goût du patrimoine ».50 Selon les chiffres de 2017, les travaux sur l’existant représentent 55% du marché total du bâtiment. Or, la part des honoraires des agences d’architecture pour les chantiers de rénovation était de seulement 30% par rapport aux constructions neuves. Ceci s’explique par l’absence structurelle des architectes sur les opérations de réhabilitation. Nous pouvons alors interroger la pertinence des opérations réalisées, et ce au regard des enjeux culturels et écologiques contemporains.51 Au cours de mon expérience en agence d’architecture, j’ai beaucoup travaillé sur des études urbaines et des diagnostics architecturaux, lesquels ont souvent témoigné du manque de qualité des rénovations réalisées par des particuliers… Certaines missions de conseil en architecture auxquelles j’ai pu participer cherchaient à instaurer des guides de préconisations précis, dans le but d’établir une aide détaillée à la réalisation de rénovations pour les particuliers. La question de la formation initiale des architectes au sujet de la réhabilitation est à ré-interroger. Une étude réalisée par l’ENSA de Normandie pour le compte du PUCA (Plan Urbanisme Construction Architecture) témoigne que la plupart des écoles introduisent la réhabilitation dans leur formation, mais de façon optionnelle dans la majeure partie des cas. Selon ce rapport, seulement 25% des étudiants en architecture seraient formés à la réhabilitation. Depuis, plusieurs dynamiques se sont développées, dont celles du ministère de la Culture qui a instauré depuis novembre 2017 « l’obligation de formation des architectes, dès la licence, aux enjeux de réutilisation du patrimoine bâti ».52 « L’enseignement dans l’existant est avant tout une opportunité sans égal pour développer la pluridisciplinarité, au croisement de l’histoire, de la construction, de la représentation et de la conception architecturale. »53
50
M. Guignard, “Construire dans l’existant”, Paris, (2020), disponible sur le site de l’Ordre des Architectes : https:// www.architectes.org/construire-dans-l-existant 51
R. Labrunye, “Former les architectes à l’intervention dans l’existant”, (2019), disponible dans le magazine de l’ANABF : https://anabf.org/pierredangle/dossiers/construire-dans-l-existant/former-les-architectes-a-lintervention-dans-l-existant 52
Ibid.
53
Ibid. !24
Raphaël Labrunye insiste sur les différentes missions relatives à l’intervention sur une édifice existant, comme le travail de relevé, de représentation de l’existant, la compréhension des échelles et les rapports de proportion, des dimensionnements, les systèmes constructifs, les différentes géométries et formes, les modénatures et détails. Selon lui, travailler sur l’existant est l’occasion d’allier la pédagogie et l’expérience, -la théorie et la pratique- en expérimentant l’espace à l’échelle 1.54 L’étude de l’existant permet également aux jeunes architectes de se constituer un panel de références variées, tant les édifices des siècles précédents nous offrent des conceptions architecturales et constructives diversifiées. Elle permet également de réviser nos modèles contemporains. Par exemple, la quasi-totalité des bâtiments construits avant 1970 fonctionnent en ventilation naturelle, et ont été construits avec des matériaux recyclés et pérennes, issus souvent de circuits courts. « Enseigner dans l’existant, c’est former les futurs architectes au maintien de la «bâti-diversité», pour produire les œuvres contemporaines novatrices. »55 L’intervention dans l’existant nécessite des recherches scientifiques, à savoir historiques, sociologiques ou patrimoniales qui permettront d’évaluer la valeur de cet héritage. Ces recherches ne peuvent se faire sans l’utilisation de nouvelles pratiques et de nouveaux outils numériques spécialisés, pour estimer la masse des constructions par exemple. Il en est de même pour les sciences de l’ingénieur où les mesures réglementaires et financières favorisent une approche thermique globale. Des calculs normalisés relatifs aux constructions neuves sont transférés sur l’existant, l’isolation par l’extérieur devenant souvent la solution la plus courante et facile à appliquer, au détriment de la qualité architecturale. Pourtant, le bilan carbone ne peut se réduire à de simples économies de chauffage, mais doit comprendre le chantier, les matériaux et la santé des usagers. La recherche dans ce domaine doit permettre de combiner les caractéristiques de l’existant et les innovations contemporaines en faisant émerger de nouveaux modèles environnementaux.56
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R. Labrunye, “Former les architectes à l’intervention dans l’existant”, (2019), disponible dans le magazine de l’ANABF : https://anabf.org/pierredangle/dossiers/construire-dans-l-existant/former-les-architectes-a-lintervention-dans-l-existant 55
Ibid.
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Ibid. !25
Conclusion et projet professionnel
La formation HMONP A travers ce mémoire, j’ai cherché à témoigner de mon parcours professionnel depuis que j’ai quitté l’école, tout en m’interrogeant sur la manière dont je souhaite orienter ma future pratique en tant qu’architecte. Ma formation initiale, dispensée à l’ENSA Paris-la-Villette, m’a inculqué un premier apport théorique grâce à l’enseignement de la représentation, de la conception, et de la réflexion spatiale. La formation HMONP, quant à elle, m’a apporté les dimensions à la fois théoriques et pratiques, me permettant de sans cesse confronter ces principes généraux avec les cas réels de l’exercice en agence. Au cours de cette période de mise en situation professionnelle, j'ai prêté davantage d’attention aux règles de fonctionnement d’une agence : le management et la dimension économique, la réglementation, les relations avec les différents acteurs, le chantier et l’importance de son suivi, l’économie d’un projet, et bien d’autres règles. Durant ces deux années de pratique, j’ai pu observer et aborder différentes facettes de la profession d’architecte, saisir l’étendue des compétences nécessaires à son exercice, et mesurer le rôle et les responsabilités qui doivent être celles d’un architecte maître d'œuvre. Ce travail d’écriture du mémoire m’a aidée à centrer ma réflexion sur les éléments forts de cette année de HMONP, me permettant d’affiner mon regard sur la pratique architecturale. J’ai pu extraire de celle-ci des outils méthodologiques qui seront les miens dans mes futures approches professionnelles. J’ai conscience que cette boîte à outils pourra s’enrichir au cours de prochaines réalisations: un architecte se nourrit et se construit au travers de ses diverses expériences. La pratique de l’architecture n’est pas un long fleuve tranquille, nous sommes parfois confrontés à des tâches difficiles et parfois ingrates, à la merci de temporalités souvent difficiles à maîtriser, pris dans l’étau de relations compliquées avec la maîtrise d’ouvrage et les différents acteurs impliqués dans les projets. J’ai apprécié les qualités des architectes qui m’ont accompagné durant ces deux années, dans la pratique du dessin, dans la réflexion et la conception architecturale. Par ailleurs, j’ai pu estimer leur remarquable capacité à suivre et à accompagner un chantier, à orchestrer les différentes équipes, à faire face aux imprévus et à s’adapter pour répondre à la demande souhaitée. Ils ont souvent dû affirmer leurs convictions, et assumer des positionnements clairs et solides pour soutenir leurs orientations et leurs actes avec cohérence. Dans cet esprit, le suivi de chantier a toujours été l’expérience indispensable pour garantir une bonne réalisation : dans ce contexte, la cohésion de l'équipe, les échanges de qualité avec les entreprises et les maîtres d’ouvrage, la possibilité de préciser les détails et les solutions techniques de mise en œuvre, sont des éléments riches d’enseignement. Ainsi, j’ai pu participer à des décisions, faire des choix et agir en fonction de ces choix. Cette première pratique professionnelle m’a permis d’amorcer la construction d’une autonomie et celle de mon identité d’architecte. « FAIRE, non pas devenir, mais faire, et en faisant, SE FAIRE. » 57
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J. Lequier, « La recherche d’une première vérité », fragments posthumes, recueillis par Charles Renouvier, Paris, A. Colin, 1924 (1865) p 143 (les majuscules sont de Lequier) !26
Affirmation d’un positionnement : l’urgence de la rénovation L’année de formation HMONP offre une vision contextualisée de la profession et permet d’aborder les enjeux actuels du métier. Elle nous permet, en tant qu’ADE, de nous situer et d’entamer une réflexion personnelle sur notre avenir professionnel. Personnellement, elle m’a permis de confirmer l’intérêt que je porte à la rénovation de notre patrimoine existant, sujet que j’avais abordé lors de mon projet de fin d’études. Ce projet de diplôme m’avait permis de mesurer la grande complexité que représente l’intervention sur un bâtiment existant; il avait également soulevé chez moi cette passion et cette volonté de faire perdurer les éléments d’histoire à notre disposition, que l’on peut transformer, re-qualifier, valoriser et adapter aux demandes contemporaines. À ces données patrimoniales, s’ajoute l’urgence de réduire l’impact écologique de notre cadre bâti: l’architecture et l’urbanisme jouent un rôle fondamental dans les enjeux de la transition écologique. Les nouvelles réglementations en faveur des performances énergétiques -la loi sur la transition énergétique (loi TECV), l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) des bâtiments en calculant leur empreinte carbone, la prise en compte le confort d’été, le label Bâtiment Durable - poussent les architectes à évoluer et proposer des solutions à la hauteur des ambitions au regard des défis climatiques. Actuellement, la profession doit s’orienter vers une architecture soucieuse de son avenir et de la qualité de son cycle de vie. De nombreux architectes favorisent déjà dans leur construction des savoirs-faire et des matériaux soucieux de nos ressources (matériaux biosourcés, géosourcés, recyclés, réemployés) ou ont recours à des conceptions dites bioclimatiques. Malheureusement, comme nous l’avons évoqué, l’architecte est très peu présent sur les opérations de réhabilitation, qui représentent pourtant 55% du marché total du bâtiment (selon les chiffres de 2017). Notre crainte ne peut que se confirmer quand l’on voit émerger la création d’un nouvel acteur global d’accompagnement, intitulé accompagnateur rénov, qui vise à guider les particuliers dans la rénovation de leur bien. Rénover est un acte professionnel, qui fait appel aux multiples compétences des architectes pour accomplir ces missions indispensables de maîtrise d'œuvre : expertiser un bâtiment, ses qualités et ses usages, maîtriser toutes ses données (usage, santé, performances environnementales, patrimoniales, financières) et enfin, être en capacité de faire les propositions de projets cohérents. La démarche de réhabilitation apparaît comme une réelle valeur ajoutée dans la conception, car elle permet de valoriser le bâti et ses qualités architecturales existantes, d’en améliorer les usages et d’atteindre des performances de confort énergétiques (isolation, chauffage, ventilation). Il me paraît important de militer pour défendre les valeurs de notre métier, qui nous place au premier plan des acteurs essentiels de la réhabilitation de notre patrimoine. Pour ce faire, la transformation du patrimoine bâti pourrait se démocratiser davantage dans les écoles d’architecture afin d’initier les étudiants au « goût du patrimoine », où il s’agirait de développer des idées collégiales, les savoirs-faire, de valoriser des méthodes de construction (réemploi, recyclage, autoconstruction) et les stratégies d’économies de carbone. L’intervention dans l’existant fait intervenir des champs disciplinaires propres à l’exercice de l’architecture, à savoir l’histoire, les savoirs constructifs, la représentation et à la conception architecturale.
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Perspectives d’avenir
L'enjeu de la conservation du patrimoine existant, de sa valorisation et de son amélioration au travers de sa rénovation énergétique, me conduit à la volonté de relever ce défi et à me positionner comme architecte désirant être actrice de ces évolutions. J’aimerais donc m’orienter vers une agence d'architecture dont les préoccupations seront portées sur la valorisation d’une intervention sur notre patrimoine, qu’il soit bâti, urbain, ou végétal. L’école de Chaillot et son diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA) en architecture et patrimoine est un parcours que je souhaite envisager plus tard. J’aimerais d’abord poursuivre un apprentissage à travers la pratique dans une agence soucieuse des ces questions avant d’entreprendre une pratique libérale en mon nom propre. Afin de me préparer à l’exercice de la profession et de pouvoir répondre à des commandes obtenues grâce à des relations de travail antérieures- j’ai depuis plus d’un an créé une micro entreprise. Celle-ci m’a permis de me tester en tant que cheffe d’entreprise -comme titulaire du diplôme d’état d’architecture-, et de m'atteler seule à l’ensemble des étapes qui constituent l’élaboration de projets en missions complètes : réalisation d’une petite exposition permanente aux Invalides pour le ministère de la culture, interventions sur des maisons individuelles extensions-, et projets d’aménagements en architecture d’intérieur. Ces différents projets en auto-entreprenariat me permettent de tisser des liens avec des clients souvent attirés par mon approche sensible de l’existant. La parole mais aussi et surtout l’écoute des clients et de leurs désirs sont les clés d’une relation de confiance entre maître d’ouvrage, entreprise, et architecte. J’ai par ailleurs déjà créé des liens avec des artisans sérieux, ayant réalisé un travail de qualité, avec lesquels je souhaite collaborer à nouveau dans le futur. La validation de mon HMONP me permettrait de m’inscrire à l’Ordre des Architectes, et de répondre légitimement et en toute indépendance, aux futurs projets qui pourraient se présenter. J’ai bien sûr conscience qu’il me reste beaucoup à apprendre avant de devenir une architecte maître d'œuvre techniquement autonome. L’année d’HMONP m’a ouvert la voie des savoirs et des savoirs-faire architecturaux, mais je garde en tête que l’apprentissage, l’acquisition de connaissances restent un exercice permanent et quotidien. C’est pourquoi j’envisage de poursuivre une pratique en agence et, parallèlement, dans la mesure où je dispose du temps nécessaire, poursuivre dans la voie de l’auto-entreprenariat afin de développer l’autonomie nécessaire à l’exercice d’une pratique indépendante. A mon sens, ces deux expériences peuvent être complémentaires, et devraient me permettre d’atteindre mon objectif professionnel, celui d'ouvrir une agence d’architecture en pratique libérale en mon nom propre.
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• Soule Xavier, « Olivier Sichel, le banquier qui n’a jamais entendu parler des architectes », site des Chroniques d’architecture, Paris, (2021), disponible à l’adresse : https://chroniques-architecture.com/rapport-oliviersichel-xavier-soule-abvent-tribune/
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