Terre de rugby
Force & Fierté
LE MAGAZINE DU FC GRENOBLE RUGBY
ESPACE SERVICE
Dossier
PROCESSUS DE DÉTECTION CHEZ LES JEUNES JOUEURS Événement La saison des Reichel Agence de Communication, d'Image & de Gestion du Savoir
Intimité Rida Jahouer
2013
JUIN.2013
les partenaires de la formation
Grenoble 012 Numéro
Grenoble Terre de Rugby N˚ 12 Magazine de l’Association du FC Grenoble Rugby 2e trimestre 2013 Siège : Stade Lesdiguières Avenue Albert Reynier- 38100 Grenoble Tél. 04.76.44.09.63 - Fax 04.76.44.20.28 E-mail : fcgrenoble.asso@wanadoo.fr Site internet : www.fcgrugby.com Directeur de la publication :
ÉDITORIAL
CHAMPIONS !!!
E
n l’espace de 4 ans, le FCG vient d’engranger son troisième titre de champion de France (Espoirs 2, Pro D2 et Reichel). Signe s’il en est que le travail entrepris depuis 2005 par le Club est de qualité, au gré des apports complémentaires au fil des ans.
Daniel Jennepin, président de l’Association du FCG Rédacteur en Chef : Hervé Senebier Comité de rédaction : Daniel Jennepin – Yves Fornier – Christian Rizzi – David Dussert – Guillaume Cognard Rédaction : Isabelle Doucet-Sardin, Gérald Grattier, Thomas Bianchin / archives FCG llustration : Poupard Crédit photos : Thomas Bianchin / Archives FCG Éditeur : ©OPTICAT - 3C, rue Irène Joliot-Curie 38320 Eybens - Tél. 04.76.25.94.25 Maquette : Extrem-K Flashage, Impression, Façonnage, Routage : Esat Esthi St Martin d’Hères Dépôt légal à parution ISSN 2103-7930
Pour nous, ce titre résonne comme un formidable encouragement à persévérer sur le chemin que nous nous sommes tracé. Ce n’est qu’une étape, pas la fin d’un chapitre. Le grand livre d’histoire du FCG n’aura jamais de fin. Et c’est en cela que notre Club est grand. Merci au groupe Reichel pour cette superbe et inoubliable saison. Maintenant que le titre a bien été célébré, il est temps de revenir sur terre. La saison prochaine a déjà commencé. Et un magistral et grand merci à tous les supporters (partenaires, joueurs, salariés, supporter, dirigeants, anciens, média, etc.) qui ont rempli le stade de Romans en ce dimanche 2 juin 2013, d’une ferveur incroyable.
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Vous avez été le 16éme homme, celui qui a porté cette équipe à son sommet. Daniel Jennepin
Président de l’Association du FC Grenoble Rugby
SOMMAIRE BILLET D’HUMEUR................................................................................. 4
Poupard La Parole à................................................................................................... 4
Portrait..................................................................................................... p 17 INTIMITÉ................................................................................................. p 14/15
Rida Jaouher
événements ............................................................................................ 25
Romain Magellan
La tournée des – 13 ans en Écosse
ZOOM............................................................................................................................. 5
brèves .................................................................................................... 26/27
Jean Devaluez
Guillaume Gouze
Portrait..................................................................................................... 6/7
L’équipe des bénévoles Dossier................................................................................................. p 8 à 11
Processus de détection chez les jeunes joueurs
événements................................................................................. 20/23
Tournoi Georges Alberto Tournoi Guy Belletante
ÉVÉNEMENTS ......................................................................... p 16 à 19
La saison des Reichel
Billet d’humeur...
Zoom « ... d’un coup de crayon... »
Poupard... O
riginaire de Fontaine, Alexandre Mermin, alias Poupard, est le dessinateur de la bande dessinée à grand succès « Les Rugbymen ». Rencontre avec un artiste passionné par l’humour et le ballon ovale. Souvent, dès qu’il s’agit d’échanger sur le rugby, les passions se réveillent, et les mots viennent naturellement. Poupard est l’auteur à succès de la bande dessinée «Les Rugbymen», véritable bible de tous ceux qui apprécient l’humour décalé si propre au rugby. Né à Fontaine, « et exilé au centre-ville de Grenoble... » précise-t-il en souriant, Poupard a toujours été bercé par ce jeu. « C’est ma grand-mère qui m’a fait découvrir ce sport. Je me souviens des rencontres du tournoi des V Nations, les samedis après-midis. C’était les années 70-80, la belle époque, celle de
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Rives, Blanco et les autres. Je n’ai jamais pratiqué ce jeu, mais il m’a toujours inspiré. Et puis, il y a tellement de choses à faire autour» souligne encore le dessinateur grenoblois. Au départ, rien ne prédestinait réellement Poupard à jeter son dévolu et ses crayons pour refaire les traits de rugbymen. Il a suffi d’une rencontre. C’était en 2004. « Mes deux scénaristes (Bertrand et Caroline) sont originaires du sud-ouest, fans inconditionnels de rugby. Quand notre éditeur, Bamboo, nous a proposé de travailler sur le thème du sport, le rugby est venu naturellement. C’est vraiment un grand plaisir de collaborer sur des BD de rugby, car nous pouvons explorer plein de sujets différents », rapporte Poupard. Son inspiration naît de ce qu’il voit, ce qu’il entend, de toutes les rencontres qu’il peut faire autour du rugby. « Je viens le plus souvent possible à Lesdiguières ou au Stade des Alpes pour suivre le FCG. La saison dernière, je me suis
régalé. Il va falloir confirmer ! » C’est prévu... Auparavant, il avait tenu à suivre toutes les épopées du FCG lors de sa descente en Fédérale 1. « Cette époque avait quelque chose de rafraîchissant. C’est curieux de dire cela, mais j’ai aimé cette période. L’enthousiasme des joueurs et de tout l’environnement du club faisait plaisir à voir. Et cette saison, en Top 14, j’ai retrouvé les mêmes sensations. » Actuellement en train de finaliser le tome 12 (il faut compter environ 7 mois pour la réalisation d’un album), Poupard compte bien poursuivre encore longtemps cette aventure qui lui correspond totalement. Et promet de continuer à suivre l’évolution du FCG, le club de son cœur. Gérald GRATTIER
QUI EST POUPARD ?... Alexandre Mermin, dit Poupard, est né à Grenoble en 1969. En 1989, ses premières publications sont des dessins et des caricatures dans la presse grenobloise. C’est au salon BD de Charleroi en 1992 qu’il reçoit le premier prix d’un concours international qui lui permettra de publier ses premières planches. En 1998, Jacky Goupil lui offre l’occasion de publier chez Vents d’Ouest deux albums en noir et blanc et trois mini-livres. En 2003, il publie chez Bamboo « Les Brumes de Miroboland » puis la série des « Rugbymen ». C’est à partir de là qu’il prend le pseudonyme de Poupard en référence à Franck Poupard, personnage du film d’Alain Corneau « Série noire » interprété par Patrick Dewaere. La série « Les Rugbymen » connaît un franc succès en France, puisque près de 2.000.000 exemplaires ont été vendus en 11 tomes.
La parole à... 1,90 m ,
des yeux d’un bleu perçant et toujours un bon mot à la bouche, Romain Magellan est un personnage pour le moins atypique du rugby français. Formé au FCG, ce combattant de première ligne, fait aujourd’hui les beaux jours de canal plus en tant que consultant trublion des bancs de touche. Mais dès qu’il revient à Lesdiguières, c’est son cœur qui parle. « Dès que je reviens à Lesdiguières, j’ai toujours un petit pincement au cœur, car le FCG c’est mon club. J’ai appris le rugby ici et j’ai une amitié toute particulière avec les coachs. J’ai eu la chance de jouer avec les trois. Je crois qu’ils ont impulsé un état d’esprit extraordinaire à toute l’équipe, il transpire sur le terrain et dans le vestiaire. On sent qu’il se passe quelque
Romain Magellan chose à Grenoble. Fabrice a apporté un supplément d’âme à l’équipe et au formidable travail technique de coco et sylvain. Je le connais bien et je sais ce qu’il veut mettre en place lorsqu’il emmène les joueurs faire du vélo a l’Alpe d’Huez, prendre des cours de cuisine ou en stage commando. Fabrice est comme moi, il place l’humain au centre de toutes les aventures. Je dois reconnaître qu’à part Rida Jaouher, je ne connaissais pas le reste de l’équipe avant de venir à Grenoble pour les Oscars du Midi Olympique. Mais j’ai vite senti ici une véritable ambiance de groupe monter. Il est toujours facile de dire à la fin d’une saison que l’on n’est pas étonné des résultats d’une équipe, mais la vérité de notre championnat c’est que même si les budgets sont indispensables à créer les grandes équipes au final les résultats viennent avant tout des hommes. Quand on voit l’envie des mecs sur le terrain, les matchs gagnés à
« Des souvenirs pour la vie »
l’arrache avec le cœur, sincèrement, et pardon d’être un peu cru, mais ça fait « bander ». Je suis vraiment fier de l’évolution incroyable du FCG ces dernières années. Il reste encore du travail, c’est sûr, notamment au niveau de la formation. Quand on voit tous les grands joueurs issus de la formation qui jouent dans les grands clubs de top14, il faudrait qu’ils restent plus longtemps à Grenoble. La formation reste la base de tout. Vous ne pouvez pas savoir l’émotion que je ressens quand je pense que les Reichel ont été sacrés champions de France cette année. J’en ai la chair de poule tellement cela me rappelle des souvenirs extraordinaires. Righetti, Feutrier, Jeff Martin Cullet, Begon, Frier, Mallier et Olivier Brouzet, mon ami pour la vie. Une bande pote, elle aussi championne de France avec le FCG, il y a 20 ans. Je pèse mes mots en disant ça, mais ce sont mes plus belles années de rugby. L’insouciance, les victoires avec les amis, l’envie de croire que tout est toujours possible. Ce sont des souvenirs gravés à vie dans mon être et ce ne sont pas des paroles de poète, ça te marque à vie. »
Terre de Rugby n˚ 12 - juin 2013
F.C.G. école de rugby, évolution et formation L’École de Rugby du FCG, placée sous la direction de Guillaume Cognard, fonctionne actuellement sur la base de deux missions : - préparer les futurs jeunes joueurs U7 / U9 / U11 / U13 à répondre aux exigences concernant les valeurs, les capacités physiques, psychologiques, tactiques et gestuelles des niveaux plus élevés, jusqu’au plus haut, - permettre à ceux qui ne pourront gravir tous les échelons, mais aussi à ceux qui le pourront, de vivre à l’École de Rugby les moments les plus formateurs, les plus enrichissants et agréables possible dans le cadre de valeurs qui nous paraissent essentielles comme le courage mental et physique, l’entre aide, l’amitié.
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n observe depuis quelques années, et notamment les trois dernières, des mutations extrêmement importantes dans le niveau atteint par les enfants des écoles de rugby, notamment la nôtre et celles que nous sommes amenés à rencontrer dans les tournois organisés par le Comité des Alpes et dans les tournois sur invitation qui opposent les meilleures équipes régionales et interrégionales (Toulon, Montpellier, Perpignan, Nice, Toulouse, Lyon, Bourgoin, etc.). Le niveau des équipes s’est considérablement amélioré sous l’influence de plusieurs facteurs qui sont : - la pression évolutive dans le cadre général du sport de compétition, - la place, l’image du rugby diffusée à l’occasion des grands événements, sur les écrans, qui engendre chez les enfants une passion pour ce sport collectif et des modèles gestuels ou tactiques que certains s’approprient, - le « bain » des enfants dans le milieu rugbystique (TV, discussions avec les amis, les parents, match de l’équipe 1ère et entraînements personnels ou entre amis), - l’augmentation, dans beaucoup de clubs, du nombre de séances d’entraînement et de conventions avec des collèges où sont regroupés les jeunes
joueurs du club qui de cette façon bénéficient d’un supplément de formation, - l’attrait et la confrontation des meilleures équipes dans les tournois sur invitation qui élèvent les exigences, - l’élévation du niveau des Éducateursentraîneurs. Cette évolution, constatée à tous les niveaux, mais surtout depuis les meilleurs U9 jusqu’aux meilleurs U13, pose cependant une question : quelle sera, à 19/20ans, la charge physique (énergétique, blessures), et psychologique de joueurs qui auront parcouru toutes les étapes (compétitions et entraînements) depuis les U7 jusqu’aux espoirs et plus ? Cette question impose, de notre part, une réflexion et des initiatives visant à l’atteinte de notre première mission qui réside dans la préparation des futurs joueurs de haut, voire très haut niveau. Cette évolution entraîne une autre conséquence, celle du niveau de compétences requis pour les éducateurs qui deviennent très tôt des éducateurs entraîneurs, disponibles, de plus en plus sollicités, ayant à répondre à des exigences déjà fortes à l’entraînement et pendant les tournois disputés à proximité ou dans des villes éloignées. À cette difficulté s’ajoute le fait que
certains d’entre eux aspirent à entraîner des équipes de niveau plus élevé, ce qui nuit à la continuité et à la stabilité de l’ensemble et nécessite le recrutement de nouveaux éducateurs. Un complément de formation à celle qui est dispensée par le Comité des Alpes pour l’obtention des diplômes FFR, a été mis en place et fonctionne, au sein même du club, pour tous les éducateurs. Ceux-ci sont suivis, conseillés sur le plan des contenus et des méthodes, par cycles, pendant les entraînements et au cours des différents tournois. Des bilans réalisés après les entraînements et les tournois permettent d’échanger, et de fixer des objectifs et des contenus leur permettant d’améliorer leur savoirfaire. Leur participation et leur intérêt pour le perfectionnement entrepris a suscité l’adhésion de tous, malgré la surcharge que celle-ci peut représenter.
Jean DEVALUEZ Professeur Agrégé Honoraire Université Grenoble I Formateur Comité, FFR, LNR Co auteur des Fondamentaux du Rugby Chargé du perfectionnement des Éducateurs de l’EdR du FCG
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Portrait
Bénévoles Bénévole, comment ça marche ?
L’équipe des bénévoles au grand complet : Henry Quenouille, Ramon Andres, Éric Barbe, Roland Pétrier, Aimé Mandaroux et Alain Berquet.
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C’est une équipe sur laquelle ont peut compter. Son secret ? Simple comme le verre de l’amitié : chacun de ses membres sait qu’il peut compter sur les autres. Alors ça roule.
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ne manifestation à organiser en moins de deux ? Ils répondent présents. Être bénévole, ce n’est pas un contrat, mais un engagement moral, une envie partagée. Ils s’appellent Alain, Aimé, Henry, Éric, Roland, Ramon ou José et ont chacun suivi leur propre voie pour étoffer les rangs de l’association sportive du FCG. Ces travailleurs de l’ombre, tous retraités, hormis un actif, Éric, le cadet de l’équipe, sont indispensables au fonctionnement du Club. « Toute la saison est ponctuée d’événements. À la Bodega, on oublie que l’on s’est fait mal sur le terrain. C’est un lieu festif, où tout le monde se rapproche et partage son attache autour du rugby », rappelle Yves Fornier, administrateur de l’association sportive. C’est pour cela qu’il faut que la machine tourne. « Par exemple, lors du championnat des Reichel. Les bénévoles n’étaient pas du déplacement à Romans, mais se tenaient disponibles pour la suite. On leur a passé un coup de fil. En une heure, tout était prêt. L’imprévu ne leur fait pas peur », insiste Yves Fornier. À pied d’œuvre le week-end et souvent dans le courant de la semaine, c’est ainsi que ces copains vivent leur passion du rugby, auprès des équipes jeunes qu’ils adorent.
Des personnalités différentes À sa retraite, Henry Quenouille se voyait mal rester à la maison, lui, le grand voyageur, qui a dormi plus de la moitié de sa vie professionnelle dans les hôtels. « J’ai commencé lorsque l’équipe était en Fédérale 1. Je n’y connaissais rien dans la limonade ! Gérard Commandeur et Alain Thomas m’ont proposé de donner un coup de main. J’ai rejoint Olivier Erhsam qui s’occupait du Club. Comme j’étais très introduit à Alpexpo, nous avons ouvert un stand pour le rugby pendant la foire d’automne. Ca a duré six ans. Puis je suis rentré à l’association sportive. » Ce passionné de tennis et de rugby a au moins vécu dix vies en une. Crooner, il ne se fait pas prier pour prendre le micro et interpréter le répertoire de Johnny, Sinatra, Dean Martin... Sa présence au club représente un bon mi-temps. « Nous avons réussi à créer une équipe avec des personnalités très différentes. Chacun sait ce qu’il a à faire et cela se passe très bien ». L’ancien manager met ainsi ses compétences au service du collectif. Il apprécie son équipe, son ambiance, « un noyau dur » qui fonctionne.
Les Copains d’abord... Terre de Rugby n˚ 12 - juin 2013
- Ils sont adhérents du FCG Rugby - Ils bénéficient de l’assurance de la FFR « Pass volontaire » - Ils bénéficient de places pour voir les matchs pros - Ils assurent la préparation, l’organisation et le rangement des réceptions, qui se déroulent deux à trois fois par semaine, à la Bodega, de septembre à avril
- Ils assurent une présence durant les manifestations - Bien que stable, l’équipe recrute des bénévoles en permanence et aimerait bien s’étoffer d’une touche féminine !
La plus grande fierté de ces bénévoles, ce sont les retours des clubs invités sur la qualité de l’accueil. « Nous servons de vrais repas. Des plats chauds que nous préparons avec l’aide de nos partenaires, Flunch et Promocash ». Henry égrène ses souvenirs. Les bons, comme la remontée en ProD2 : « Il y a eu une fête extraordinaire. Le bouclier, l’an passé contre La-Rochelle, c’était pas mal non plus. En revanche, le plus grand désastre demeurera, comme pour beaucoup de Grenoblois, le match contre Castres. Un hold-up. C’était à Paris et j’y étais ». No comment.
de main. Roland est dans le rugby depuis l’âge de 16 ans. Il a joué pendant 17 ans, a été arbitre durant 13 ans...Ce licencié du FCG est arrivé par l’intermédiaire d’Isabelle Pourcelot. En tant que président de l’amicale des arbitres, il connaissait bien les lieux. Fervents supporters du FCG, le club est leur racine. Heureux de se retrouver, ils ne comptent pas leur temps. Les jours de match, ils sont présents dès 9 h 30 et jusqu’à 19 h 30. Mais avant le coup de feu, ils ne manquent pas de partager un apéritif et un repas qu’ils se mitonnent. Charité bien ordonnée... Ramon prépare les meilleurs diots du Dauphiné. En juillet et août, ils assurent la restauration pour 90 enfants en stage d’été pendant une semaine. « On fait ça parce qu’on aime bien les petits. On les voit progresser. Cela fait plaisir de voir un jeune du club intégrer l’équipe professionnelle », déclarent-ils. Ils n’attendent rien en retour de leur engagement, partagent de bons souvenirs, entre eux et avec les jeunes.
« Club de cœur » Alain, boulanger à la retraite, apporte son aide au club depuis quatre ans. Il a recruté Aimé. Ramon, ancien de Merlin Gerin, était le manager d’Aimé, mais il est venu au club par l’intermédiaire d’Éric. Ils se sont parfois connus dans un environnement professionnel. Mais leurs rapports sont désormais placés sous le signe de la fraternité. « Un club de cœur », explique Éric, qui travaille dans la grande distribution et n’hésite pas à poser des vacances pour donner un coup
Yves Fornier, administrateur de l’association sportive et José Pacuta, du staff des bénévoles.
Isabelle Doucet
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Dossier#1
LE PROCESSUS DE DÉTECTION AU FCG Rassemblés au sein d’une cellule de détection, pilotée par Christian Rizzi, une grosse dizaine de dirigeants du FCG s’organise pour trouver les ressources nécessaires au bon développement du club. Dans un souci de cohérence, la démarche est volontairement transversale et transparente.
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e FCG fait sa mue, ses de pertinence. « La première nouvelles responsabilidétection est interne » rappelle tés et son nouveau positionà juste titre David Dussert, le Compétence, transparence et efficacité nement dans l’Élite du rugby directeur sportif en charge français lui ordonne une des équipes jeunes, au cœur organisation de plus en plus même de la cellule, « et nous pointue, à la recherche de l’excellence. nous attachons d’abord à Dans une course à l’armement qui transpire au sein de chaque club du connaître parfaitement les ressources dont nous disposons. Nous demandons à Championnat de France, avec des obligations de performances plus en chaque entraîneur des fiches d’évaluations sur les joueurs, qui nous permettront plus strictes, le FCG ne veut pas laisser passer le train. Comme il a rai- de savoir un peu mieux ceux qui seront capables d’appréhender et de franchir le son ! Du coup, il convient de s’organiser, de trouver les ressources et les très haut niveau. » Tout semble très bien organisé, ficelé pour que le FCG meilleures dispositions pour armer le FCG des plus belles pépites pour atteigne réellement ses objectifs en matière d’hommes. l’avenir. La cellule de détection a donc été créée et, sous le pilotage de Pour chaque catégorie de jeunes, notamment à partir des – 17 ans, le Christian Rizzi, un groupe s’active pour donner une nouvelle dimension FCG dresse un « plan de succession » qui va définir avec précision les à l’entité. L’idée de base, c’est bien entendu de renforcer la formation, de besoins d’un groupe d’une année sur l’autre. « Il peut arriver que sur l’année faire évoluer les joueurs et de leur permettre d’accéder à ce magnifique N le club ait besoin d’un pilier pour l’équipe des – 23 ans et d’un talonneur pour outil qu’est le centre de formation. Mais aussi répondre aux besoins de l’année N+2. Tout cela s’anticipe, et le but est tout d’abord d’établir une bonne Fabrice Landreau, qui chapeaute l’effectif professionnel. Les principes photo de nos différents effectifs. Et puis il existe des étapes fondamentales à fondamentaux de l’organisation de la cellule reposent sur trois grands franchir dans le processus de formation. Le passage du jeu à 12 au jeu à 15, thèmes majeurs : cohérence, transparence et efficacité. Dans l’ombre, l’étape également qui constitue les collectifs – 17 ans à – 19 ans sont très exion s’attache à faire preuve d’un regard le plus pertinent possible, tout geantes. Il faut être capable d’anticiper tout cela, d’être le plus pointilleux posen maintenant une communication étroite et sincère avec les dirigeants sible » précise encore David Dussert. Du coup, la logique pyramidale fait des clubs amis, de ceux de la région voire de tout le territoire national. Et, aussi son effet au FCG. « Le recrutement a pour but de renforcer la base donc, au bout de la chaîne, un désir et un objectif de performance, en étant le si nous ne sommes pas trop mauvais, plus on grimpe en catégorie d’âge moins plus efficace possible. on va devoir recruter », justifie encore l’ancien 2ème ligne grenoblois. Et le club a choisi de travailler dans la sagesse ! Fini le temps où les recrutements devenaient pléthoriques, où de nombreux clubs choisissaient Et, pour ne pas devoir faire face à un déficit d’image auprès des clubs de s’attacher les services du plus grand nombre de joueurs, dès les caté- voisins, le FCG s’attache à mettre en place une communication transparente. « Notre principe, c’est de dire que nous sommes un club ouvert. Le gories de jeunes. vrai travail de détection Si certaines formations de commence à partir des – 13 l’Hexagone poursuivent LES MEMBRES DE LA CELLULE DE DÉTECTION ans et il existe deux catégocette entreprise bouliIls sont onze à ouvrer dans l’ombre et à travailler sous la coupe de Christian Rizzi : ries de jeunes : ceux que l’on mique, le FCG a choisi de Jean-Pierre Henry, Jérome Vernay, David Dussert, David Nicaise, Richard cibler ses objectifs avec le désire faire venir chez nous et maximum de prudence et ceux qui se proposent à nous. Ravix, Christian Martin, Gilles Pichon-Martin, Laurent Lombardi, Arnaud Mauduit, Jean Garcia et Jean-Pierre Clerc.
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Dossier#2
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Et cela demande une grosse des hommes. communication ! Nous avons Pour être le plus efficace mis en place des régulations possible dans ce domaine, Tout paraît contrôlé, maîtrisé. Rien n’est d’effectif et nous cherchons le FCG a également conclu laissé au hasard, tout est programmé. toujours à mettre en avant des partenariats avec des passerelles avec les clubs Chambéry, le ROC, le amis. Pour schématiser, il comité Drôme-Ardèche existe deux possibilités quand et le club de Saint-Nazaire on recrute un jeune joueur : soit il perce au plus haut niveau et le (lire par ailleurs). « Mais ces conventions de partenariat doivent club qui l’a formé aura nécessairement des retombées ; soit il ne en appeler d’autres, car la volonté de travailler avec tous les clubs parvient pas à franchir l’écueil du monde pro et retourne majo- réunit chacun des membres de la cellule », rapporte encore Daritairement dans son club d’origine. Et, dans ce cas-là, le club re- vid Dussert. Au travers de la mise en place de journées de trouve un joueur qui a franchi toutes les filières de formation dans détection dans les clubs, le FCG a le loisir d’opérer des déun club professionnel et bénéficie donc d’un bagage technique, tections sur place. Et surtout, ces journées deviennent plus physique et tactique très intéressant. » denses sitôt que le club communique en mettant en avant le partenariat avec le FCG. « C’est évident, il y a de fait plus La cellule de détection est missionnée géographiquement de joueurs qui se déplacent dans le cadre de notre partenariat. » et s’attarde chaque week-end sur les bords de terrain pour Entre les catégories – 16 ans et – 19 ans, les jeunes ont ainsi la commencer à évaluer les potentiels chez les jeunes. « Plus on possibilité de se mettre en valeur. Comme ce fut le cas pour monte en catégorie d’âge, plus on peut s’éloigner géographique- Clément Mouraud, originaire de Saint-Nazaire aujourd’hui ment. Par exemple, on ne va pas détecter un – 13 ans à Perpignan, licencié au FCG (lire par ailleurs). Mais alors, pourquoi une cela serait absurde ! » souligne David Dussert. Cela pourrait convention avec Saint-Nazaire ? « C’est un bassin qui ne bénéparaître assez simple, finalement, si les règlements fédéraux ficie pas ou peu de structures professionnelles. Il existe un potenne venaient pas plomber un peu l’ambiance. Soucieux de tiel fort qui reste à exploiter », justifie David Dussert. contrôler les flux, la Fédération a mis en place les licences jaunes… « Sont considérés comme joueurs licence jaune ceux qui Le FCG, également, propose deux journées de détection ont muté dans les deux ans », justifie David Dussert. dans l’année. La première réunit les joueurs de – 15, - 16 et Le problème, c’est que les clubs ne peuvent pas aligner plus – 17 ans et la seconde s’adresse aux – 19, - 21 et – 23 ans. de 7 licences jaunes sur les feuilles de match, des catégories « Nous associons au maximum les dirigeants des clubs voisins, – 16 ans à – 19 ans. Et cela complique singulièrement la tâche dans un souci réel d’ouverture. Mais il existe également des temps des éducateurs, qui doivent se plier au règlement, mais qui de détection, qui offrent également la possibilité à certains jeunes se heurtent à de grosses difficultés de management. Les licenciés de la région de participer à plusieurs entraînements avec plus performants, avec cette règle, ne sont pas forcément les joueurs du FCG. » ceux qui jouent le plus. « Et cela influe sur la crédibilité des entraîneurs, qui doivent sans cesse jongler. Allez donc expliquer à Tout paraît contrôlé, maîtrisé. Rien n’est laissé au hasard, un jeune qui est assidu aux entraînements, qui est le meilleur à son tout est programmé. Pour dénicher les perles de demain, poste qu’il ne peut pas jouer à cause du nombre de licences jaunes… le FCG est monté dans le train de la performance. Celui qui Parfois, c’est très compliqué à gérer pour les coaches ! » assure fera que l’avenir du club s’écrira dans l’excellence durable ! encore David Dussert. Pas facile en effet, surtout qu’il faut aussi essayer d’être le plus pertinent dans le management Gérald GRATTIER
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LA JOURNÉE DE DÉTECTION À SAINT-NAZAIRE Les tests de détection du centre de formation de Saint-Nazaire ont eu lieu le mardi 23 avril 2013. Ceux-ci ont été organisés en partenariat avec le FCG dans le cadre des échanges entre les deux clubs. Du côté du FCG, une forte délégation grenobloise avait fait le déplacement puisque David Dussert, Christian Rizzi, Daniel Jennepin, Jerome Vernay et Yves Fornier s’étaient rendus dans le département de Loire-Atlantique. Du coté de Saint-Nazaire, les éducateurs s’étaient joints à Yvan Chevalier, Johan Fornier (fils de Yves Fornier) et Tanguy Kerdrain avec la présence de Thierry Gatineau, le CTR des Pays de Loire. La journée a commencé à 11h30 par une collation et s’est poursuivie dans l’après-midi par les tests et entretiens. Celle-ci s’est clôturée aux environs de 17h30. Les tests ont concerné les joueurs des catégories - 17 ans à - 21 ans. Le Centre de formation de Saint-Nazaire se révèle être un outil indispensable pour assurer le meilleur avenir possible à un club d’élite. Le FCG et Saint-Nazaire entretiennent des relations fortes entre eux, au même titre que de nombreuses autres structures, telles Chambéry, le ROC (Valence-La Voulte) ou encore le comité Drôme-Ardèche. Ces journées de détection permettent d’identifier et de sélectionner les joueurs possédant un potentiel sportif important et –pourquoi pas- de pouvoir leur permettre d’accéder dans les meilleures conditions possibles à l’équipe fanion et aux spécificités de son jeu. La finalité, c’est aussi permettre aux stagiaires de vivre des moments exceptionnels et de toucher du doigt l’esprit du club. Le Centre de formation de Saint-Nazaire met en oeuvre tous les moyens pour essayer de garantir aux jeunes stagiaires une parfaite cohérence entre une pratique sportive de haut niveau et une formation scolaire, universitaire et professionnelle. De plus, il leur permet d’approcher dans les meilleures conditions possibles, le tissu économique de la région. Enfin, pour les jeunes les plus talentueux, c’est la chance pour s’intégrer le mieux possible dans l’effectif senior du club et d’être capable d’accéder au rugby de l’élite Amateur (Fédérale 1). Clément Mouraud, originaire de Saint-Nazaire, a rejoint la saison dernière le FCG. Il poursuit son ascension qui lui a d’ailleurs permis d’accéder au plus haut niveau national. En effet, après un très bon début de saison à Grenoble et une sélection dans l’équipe régionale, il vient de jouer avec l’équipe de France des moins de 18 ans et a marqué un essai contre l’Angleterre. Une performance qui crédibilise encore davantage le partenariat établi entre les deux clubs.
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Reichel - Champions de France 2013
Grenoble 012
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Photo : ??????
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Dans l’intimité de... R
ida Jaouher est né à Bourg-en-Bresse de parents marocains arrivés en France au milieu des années 70. Le rugby ne fait pas partie de la tradition familiale, pourtant Rida tombe dans la marmite ovale tout petit. « Je suis arrivé au rugby par un concours de circonstances. L’école de rugby de quartier avait fait une intervention auprès de notre école pour recruter des gamins. Ils ont fait un très bon lobbying auprès de nos parents qui étaient, je pense, très contents de nous trouver une activité pour se débarrasser de nous les mercredis et samedis. On ne pense jamais, en commençant un sport à en faire son métier, ce sont des choses qui arrivent presque sans que l’on s’en rende compte. Au départ je n’étais vraiment pas terrible au rugby. J’y allais pour les copains, pour l’ambiance. Très honnêtement j’ai été embarqué dans le système pro très doucement. D’abord par les sélections départementales, puis régionales. Tu gouttes à la compétition et là... je me suis vraiment pris au jeu. Au départ quand tu joues il n’y a pas d’argent, pas de contrat, c’était tout pour l’amour du maillot sang et or burgiens. J’ai ensuite voulu rentrer en sport étude à Villefranche-sur-Saône, mais je n’avais pas le niveau scolaire. J’ai donc décidé de redoubler pour pouvoir revenir l’année suivante. J’ai été pris. J’ai ensuite été contacté par Bourgoin pour jouer en crabos, j’ai sauté l’étape Reichel et c’était parti avec un contrat espoir pro. Quand je vois les Reichel champions de France cette année, je me dis que c’est dommage de ne pas avoir goûté à cette catégorie. J’ai plein d’amis qui ont vécu des saisons magiques en Reichel. »
son intersaison. « Ma carrière est une histoire de hasard et de rencontres, rien n’a jamais été préétabli. Ce sont toujours les projets qui m’ont motivé. J’ai tout de suite adhéré au projet que l’on m’a présenté à Grenoble. J’ai senti un club structuré qui voulait grandir et avait des ambitions. L’objectif était clair, monter en top14. On n’y est pas arrivé tout de suite, mais c’est un truc de fou, on a été champion de France. On a vécu une aventure extraordinaire. Cette première saison de Top14 a été monstrueuse avec des émotions incroyables. Les copains me disaient que Lesdiguières était pour eux un stade mythique avec beaucoup de valeur. Je ne l’ai pas senti tout de suite, mais au fil du temps, l’ambiance est devenue énorme avec un soutien de toute une ville qui connaît et vibre pour le rugby. »
Joueur emblématique du FCG, mais aussi du rugby français, Rida Jaouher est atypique. Arrivé par hasard dans le monde du rugby il devient international à 7 et joue près de 250 matchs au plus haut niveau. Toujours avec un temps d’avance sur le terrain et dans la vie il s’apprête à relever de nouveaux défis.
La suite de sa carrière, Rida la voit en « Rouge et Bleu » bien sûr. « J’ai encore deux ans de contrat, j’espère terminer ici. J’aurais alors 35 ans et il sera l’heure pour moi de raccrocher les crampons ». Mais Rida n’est pas du genre à rester inactif. « J’ai toujours pensé à ma reconversion et elle se fera ici. Je suis d’ailleurs en plein dedans. J’ai toujours voulu créer quelque chose en étant en activité pour pouvoir m’appuyer sur le réseau du rugby pour faire la transition...
Rida Jaouher, le pirate du FCG
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La carrière de Rida était lancée. Bourgoin puis Dax et Mont-de-Marsan en TOP16 seront suivis de 2 ans à Pau et 5 ans à Montauban. En parallèle il « tâte » aux joies du 7. « J’ai fait deux Coupes du Monde avec l’équipe de France. J’ai même été dans la seule équipe qui a gagné un tournoi du circuit mondial. J’ai commencé le 7 très tôt, à 16 ans en partant avec l’équipe de Maroc pour un tournoi à Dubaï. À l’époque on pouvait jouer pour plusieurs équipes nationales. Ce circuit m’a permis de faire des voyages exceptionnels, la Malaisie, Tokyo, Singapour, Hong Kong, San Diego, Los Angeles, Wellington. Ce sont des souvenirs magiques avec une ambiance de fou à chaque fois dans les stades. Le 7 c’est un spectacle, les gens viennent voir un show. » L’aventure montalbanaise se termine en queue de poisson avec une descente administrative et l’explosion du club. Le FCG en fait alors une des recrues phares de
Il y a quelques mois, en discutant avec un ami d’enfance, Tony Testa, un Grenoblois pure souche issu du FCG, nous nous sommes retrouvés autour d’un projet commun, ouvrir un restaurant à thème avec un parc de jeux pour enfants. Nous avons tous les deux des enfants assez jeunes qui adorent ce type d’établissement et qui sont un peu nos testeurs. Ils nous ont d’une certaine façon motivés pour ce projet. « La table de pirates » et « La récré des moussaillons » ouvriront donc sur la zone commerciale de Comboire à la rentrée. Là, on est en plein chantier. C’est un gros challenge pour nous. Un parc et un restaurant sur le thème des pirates de plus de 1000 m2. Les parents pourront accompagner leurs enfants dans notre parc, manger dans un snack le midi ou au cœur de la coque d’un trois mats dans notre restaurant le soir. Ce projet est vraiment un projet rugby, on travaille avec beaucoup de partenaires du club. Ils nous ont aidés, ont été très conciliants et professionnels et nous les remercions sincèrement. On les remerciera encore plus lors de l’ouverture. Je n’oublie pas ma femme, Marina qui est aussi un des moteurs de cette histoire et de toute ma carrière. Mais surtout, je vous donne rendez-vous en septembre à la table des pirates et sur les pelouses de Lesdiguières. »
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Événements #1
LES JUNIORS REICHEL CHAMPIONS DE FRANCE - 2013 -
Admirables de courage et de détermination, incroyables de ténacité, les Reichel grenoblois, dirigés par Lionel Enselmoz et Jean-Marc Liprandi, ont inscrit leur nom au prestigieux palmarès, 20 ans après leurs glorieux aînés. Une performance majuscule, à la hauteur de leur talent et de l’état d’esprit remarquable qui les a animés tout au long de la saison. Immersion au cœur du groupe, un jour de finale.
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Pour toute leur vie. Il est à peine 9 heures, les futurs héros arrivent en ordre dispersé, le départ pour l’arène est pour bientôt. On plaisante, on revient sur la finale du Top 14 de la veille qui a vu l’avènement de Castres, 20 ans après son dernier titre controversé face au... FCG. Les jeunes grenoblois se mettent à rêver à pareille issue, trait d’union parfait entre la génération de 1993, qui était également devenue championne de France (avec Perpignan). Aimard, Begon, Magellan, Frier, Brouzet, Mallier, Goirand et consorts ont-ils trouvé leurs dignes héritiers ? La fin de journée donnera une majestueuse réponse. Vingt ans plus tôt, au printemps 1993, le FCG avait réussi la gageure d’emmener trois de ses équipes jusqu’en finale puisque hormis les Reichel et l’équipe fanion, les cadets avaient également disputé la finale de leur championnat au Parc des Princes en lever de rideau des séniors, mais avaient dû se résoudre à laisser le titre aux Narbonnais. Vingt ans d’attente. Une éternité.
9h13, le bus démarre enfin, en route pour le bonheur. La journée sera celle de la consécration, du plaisir partagé, des émotions retrouvées. Le trajet sera court, jusqu’à Romans et son stade Marcel Guillermoz qui affiche fièrement un portrait de Philippe Saint-André sur la façade d’une de ses tribunes, hommage à l’enfant du pays qui dirige actuellement le XV de France. À peine une heure à partager le chemin jusqu’à l’antre de leur futur exploit commun, entre éclats de rire et première projection sur le redoutable adversaire du jour. Lyon et son statut de favori, capable d’avoir littéralement écrasé ses adversaires successifs lors des phases finales. Les Grenoblois s’avanceront, c’est sur, dans le costume d’outsider. « Mais nous aussi, nous avons des arguments » justifie avant l’heure Lionel Enselmoz. Comme un signe prémonitoire. Six des vingt-deux éléments qui constituent le groupe évolueront presque à domicile, puisqu’un peu moins d’un quart des finalistes grenoblois est originaire de Drôme-Ardèche. Ceci aura son impor-
tance. Dans le bus, chacun occupe ses pensées comme il le peut. Sur une tablette tactile, quelques-uns s’amusent à percer les énigmes de « Qui veut gagner des millions », célèbre jeu animé par Jean-Pierre Foucault. « Qui était Haroun Tazieff ? », interroge l’écran froid. « Un biologiste ? Un océanographe ? Un vulcanologue ? » Les esprits chauffent, chacun y va de sa propre interprétation. Quand le célèbre vulcanologue décéda en 1998, la plupart d’entre eux avaient 5 ou 6 ans... Difficile de savoir. Pour les pensionnaires des places avant du bus, pourtant, plutôt quadragénaires que jeune adulte, la réponse ne fait aucun doute. Instants de vie partagés entre des générations différentes qui se côtoient, travaillent ensemble et unissent leur force vers un même but. On s’occupe avec plaisir, le match n’est pas pour tout de suite. À peine perçoit-on que cette joyeuse bande de potes, qui apparaît comme particulièrement détendue, jouera une finale de championnat de France dans une poignée d’heures. « C’est fini l’époque où on se mettait une pression inutile sur les épaules trop
longtemps avant l’échéance. Cette génération de joueurs semble détachée, mais elle rentre dans son match au moment où elle pénètre dans les vestiaires. Elle a toujours fonctionné comme cela... » résume fort justement Jean-Marc Liprandi. Il est vrai que les attitudes peuvent paraître surprenantes, à mille lieues des habitudes d’un autre âge, qui conduisaient parfois les joueurs d’une autre époque à des débordements dépassés. Et qui leur procuraient une pression inutile au moment d’affronter l’adversaire. Une certaine approche à la mode anglo-saxonne, en occultant au maximum et le plus longtemps possible la pression qui entoure les matches de ce calibre, plane outrageusement sur le groupe grenoblois. Aujourd’hui, dans les rangs de ce groupe de sales gosses, c’est la bonne humeur qui transpire, la joie simple et le sentiment d’appartenir à des privilégiés qui dominent. Ils sont combien, de France et de Navarre, à rêver de disputer une finale de championnat de France. Surtout dans une catégorie de jeunes, où l’insouciance, mêlée à l’absence pure de résultat, génère des émotions uniques. On n’oublie jamais un titre de champion de France juniors, on est toujours lié, quoi qu’il arrive, avec les joueurs avec qui on a touché le Graal. « Même vingt ans après, quand on se croise, on parle souvent de notre titre de 93 », souligne Sylvain Begon, qui fut de l’épopée victorieuse de l’époque. Alors, on met un peu de côté la confrontation, on sera prêt à l’heure. Tout juste le réveil musculaire, entre 10h30 et 11h15, disputé sous forme ludique, rappelle à tous que le défi approche à grands pas. L’ensemble des joueurs, sous la conduite de Lionel Laporte, le préparateur physique si proche des joueurs, s’applique à suivre les consignes, dans le but de trouver peu à peu ses marques. Et de réveiller doucement ses muscles et son corps. Marion Catalano, la jeune kinésithérapeute, n’est jamais bien loin pour observer les éventuelles réticences, soigner quelques petits bobos sans gravité. À ce moment-là de la journée, chacun a besoin de se sentir entouré, encouragé, protégé. La détermination doit être totale, c’est tout un staff qui s’applique à préparer les joueurs à ce sommet de la saison. Parce qu’après, durant 80 minutes, ils seront seuls à conduire le jeu, prendre des décisions, orienter leur choix. À combattre pour vaincre. Il est maintenant 11h30, l’heure de rejoindre le lieu du repas. C’est l’aérodrome de Romans et son environnement bucolique qui serviront de décor aux agapes. Les joueurs prennent place et se sacrifient au sacro-saint poulets-pâtes, ingurgité après les inévitables crudités, véritable passeport alimentaire pour la réussite. La pression est encore bien loin, le groupe s’agite un
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Événements #1
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peu moins, mais les éclats de rire fusent tout de même dans le restaurant. Sous le regard ébahi des clients anonymes, Marion Catalano entreprend la longue série de strapping. Comme un besoin de se rassurer. Tout va très bien, mais se recouvrir le corps de bandes blanches a, depuis toujours, eut son effet psychologique. Le son crispant des élastiques qu’on déchire, la douce mélodie des ciseaux viennent interrompre le ballet des serveuses peu habituées à pareille clientèle. Le groupe se resserre et personne ne s’inquiète de la proximité des clients endimanchés qui ne s’attendaient certainement pas à l’ambiance chaleureuse d’un tel voisinage. Tout doucement, mais pas complètement, le groupe entre dans sa bulle. La traditionnelle ballade entre joueurs et staff accompagne la montée en puissance vers la rencontre. Tout est minutieusement programmé, et Patrick et Alain veillent scrupuleusement au respect des horaires. La ronde des cafés est terminée, tout le monde monte à bord du bus. L’échéance approche. Les joueurs poursuivent leur discussion, mais le ton se fait moins soutenu. On se parle pour se rassurer, on écoute pour se resserrer. Le stade Marcel Guillermoz, théâtre de l’empoignade, est tout proche et ils sont déjà quelques-uns à scruter l’arrivée des Grenoblois. Les regards deviennent plus graves, la tension est clairement montée d’un cran. Lentement, les joueurs traversent la pelouse, direction les vestiaires. La tenue de combat sera remise par Sylvain Begon, le capitaine des Reichel champions de France en 1993. Tout un symbole... Le moment sera empreint d’une grande émotion, teintée d’une détermination et d’une confiance désormais perceptibles. Avec des mots simples et sincères, avec beaucoup d’émotion dans la voix, le coach des avants s’adresse à des hommes qu’il veut accompagner jusqu’à la victoire. « C’est vraiment une chance pour moi de partager l’intimité de votre vestiaire. Je suis fier de vous. J’étais là aussi il y a 20 ans et je veux vous dire de penser à vous, de prendre du plaisir. Je suis ému d’être ici avec vous et, faites-moi plaisir, ne pensez qu’au match. Faites abstraction du public, de l’environnement. Ce moment n’appartient qu’à vous, profitez-en au maximum. Dépouillez-vous, et je sais qu’on se retrouvera tout à l’heure avec le bouclier » dira Sylvain Begon. Assurément, ses mots pesèrent sur le sort du match. Les visages se sont fermés, la pression venait d’atteindre son paroxysme. 14 heures, les buteurs et les lanceurs sont partis s’échauffer, au moment où le stade Guillermoz commençait sérieusement à se remplir. Dans les tribunes, l’ambiance typique des phases finales, mélée à la réelle rivalité régionale avec les voisins lyonnais, ajoutait au contexte une certaine dramaturgie. Personne ne lâcherait rien, à commencer par les Grenoblois, certains de leurs forces, intimement persuadés
que les montagnes, aussi, peuvent être renversées. Parce que les Lyonnais, peut-être, avaient cru avant l’heure que le sacre ne leur tomberait dans les bras avant même d’avoir croisé le fer avec quinze Grenoblois héroïques, sans faille, qui ne laisseraient pas un pouce de terrain à l’opposant. L’heure enfin arriva. 15 heures, le moment de tout lâcher, de mordre dans le match et les hommes avec gourmandise. Une foule bigarrée avait tenu à soutenir les siens. Près de 5000 personnes avaient accouru jusqu’aux portes du stade qui ne s’attendait pas à un tel envahissement. Quelques soubresauts dans l’organisation n’allaient en rien faire faiblir la densité des Isérois. Grenoble n’allait pas décevoir et les visages, à la sortie du vestiaire, donnaient déjà le ton de l’empoignade. Encouragés par les parents, les amis, la foule, les Reichel grenoblois se jetèrent comme des morts de faim dans la partie. Rien ne pourrait leur arriver. Même pas le pire quand les Lyonnais, en début de rencontre, dominaient les débats. Ils avaient appris dans la difficulté. Mieux se courber pour accueillir le défi. Mais personne n’allait rompre. Michallet, excellent avec son compère de la charnière, Henry, offrait au contraire les premiers points pour les siens. Grenoble s’arc-boutait, mais la générosité et la férocité de sa défense permettaient d’envisager des lendemains chantants. Chabaud, Martin et Lepage, unis comme un seul homme, éteignaient les moindres velléités lyonnaises, pendant que tout le groupe, déterminé à vaincre, repoussait la plus petite des opportunités lyonnaises. Et malgré un passage délicat durant les vingt dernières minutes du premier acte, les Reichel ne fléchissaient pas. Au contraire, ils allaient encore par deux fois porter l’estocade sur les perches adverses, par l’inévitable Michallet, pour prendre définitivement le meilleur. Unis, solidaires, déterminés, et courageux en diable, les Grenoblois pouvaient laisser exploser leur joie, sur un dernier et magistral timbre de Chabaud sur le malheureux ouvreur lyonnais, comme pour lui signifier la fin de son calvaire. Tout un peuple rouge et bleu envahissait alors la pelouse, pour un moment de communion spontané et terriblement rafraîchissant. Grenoble était champion de France et c’était une juste récompense à tous les efforts fournis. La liesse s’emparait de tout le groupe, qui s’octroyait le droit d’entamer la plus belle fête de sa jeune vie. Rien ne pourrait freiner personne. Comme sur le terrain, l’excès pouvait s’inviter à la fête. Elle allait durer la nuit, des jours, des mois, des années. Parce que c’est sûr, ceux-là ne se quitteront jamais. Le rugby est le seul sport dans lequel les hommes se rencontrent. Dans les autres, ils ne font que se croiser. Gérald GRATTIER
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Événements
Alberto, la grande fête de l’école de rugby Chaque année, alors que les prémices du printemps reviennent sur Grenoble, le FCG prépare son traditionnel challenge Georges Alberto. Un tournoi qui réunit plus de 1200 jeunes rugbymens pour une grande fête de l’école de Rugby grenobloise.
« Alberto
c’est vraiment la fête de tout un club » C’est par ces mots que Guillaume Cognard, le responsable de l’école de rugby, défini ce tournoi qui fêtait cette année ses 20 ans. Comme chaque année, ce sont plus de 1200 enfants qui se sont retrouvés sur l’annexe de Lesdiguières et au parc Bachelard pour partager leur amour du rugby. 1200 jeunes et plus de 200 éducateurs n’ayant qu’une envie, soulever le bouclier « Alberto ». « Le tournoi prend chaque année plus d’ampleur. Nous avons eu le plaisir sur cette édition d’accueillir une équipe de Prague grâce aux Six Roses qui ont réalisé une tournée en République tchèque. On espère vraiment développer l’Alberto à l’international, c’est une ambition forte que l’on a. Permettre à de jeunes joueurs d’affronter des équipes venues de toute l’Europe est un vrai challenge, » précise Guillaume.
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Aujourd’hui Alberto est le tournoi phare de toute une région, un tournoi de haut niveau « jeune ». Mais aussi une occasion de découvrir le FCG et ses infrastructures. « Pour nous ce tournoi est une véritable vitrine. Il permet aux équipes de la région de découvrir le haut niveau de leur catégorie. Jouer contre des équipes comme Nice, Perpignan ou le Lou est un vrai défi. Mais c’est aussi pour nous l’occasion de faire découvrir nos installations. Jouer sur le terrain d’honneur de Lesdiguières est pour les jeunes un véritable honneur. Ils viennent voir ici s’affronter les pros et rêvent de les imiter. Malheureusement cette année, avec les travaux de réfection de la pelouse, les finales se sont jouées sur l’annexe, mais ce sont toujours des instants très forts pour les jeunes. Ce tournoi est aussi très important, car il véhicule l’image de l’école de rugby au niveau national. Il valorise la bonne organisation du club et la vitalité du FCG.» Explique Guillaume.
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Mais, au-delà du côté sportif de l’événement, Alberto c’est surtout une grande fête. Un moment de partage et de découverte entre jeunes joueurs, entraîneurs, bénévoles et parents autour du ballon ovale. Pour cette édition 2013, c’est le LOU Rugby qui a remporté le bouclier tant convoité en étant le club le plus régulier sur l’ensemble des catégories -9, -11 et -13. Le FCG a, lui, terminé en tête de la catégorie des -9 ans. Une nouvelle fois, malgré un soleil plutôt timide, le tournoi a été un formidable succès. Nous tenons à remercier les partenaires qui nous soutiennent dans l’organisation de cet événement. Un grand merci à la Boucherie Orjollet à Gières, la SAMSE, André Cros Location, ISP à Seyssinet (tout corps d’état), Rugbystore Grenoble, Mercedes Grenoble et Saint-Egrève et Flunch Comboire. Merci également à tous les clubs d’avoir participé à l’édition 2013. Nous espérons vous revoir nombreux l’année prochaine.
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Événements #3
Challenge Guy Belletante, petit rouge et bleu deviendra grand. Le 3ème challenge Guy Belletante, en hommage à l’emblématique capitaine des « Rouge et Bleu » champions de France 1954, s’est tenu le 5 mai dernier. Une véritable compétition qui a opposé 16 équipes de jeunes de moins de 15 ans, toutes venus à Lesdiguières avec la ferme intention de soulever le bouclier.
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e Challenge Guy Belletante est un tournoi encore jeune. Un challenge, qui au fil des ans, affine ses formes pour s’inscrire comme une étape incontournable dans un calendrier pourtant très chargé des effectifs moins de 15 ans. L’objectif du FCG est de faire « du Belletante », comme on l’appelle affectueusement, un tournoi à l’envergure nationale qui aurait pour ambition d’opposer les plus belles équipes de jeunes de TOP14 et ProD2, associées à quelques grosses écuries de la région. Bien sûr, la route est encore longue avant que les Toulouse, Clermont, et autres Bayonne ou Montpellier ne viennent en découdre à Lesdiguières. Mais ce tournoi prend résolument de l’ampleur. Guillaume Cognard précise les objectifs du FCG. « Nous n’avons pas encore complètement défini la formule idéale de ce challenge,
mais nous avons l’ambition de placer le Belletante dans l’élite du championnat, en faire une référence en moins de 15 ans de niveau A. Cette catégorie d’âge est pour nous une étape charnière dans la formation des jeunes rugbymen. C’est une catégorie où l’on commence à voir les jeunes qui ont les aptitudes pour le haut niveau. On passe d’une certaine façon du sport loisir à la compétition et il est important pour nous d’avoir à la fois une équipe compétitive dans cette catégorie et un tournoi de référence. Pour le moment nous n’avons pas encore atteint ces objectifs et nous devons retravailler la date et la formule de ce challenge pour être plus attractif pour les gros clubs. Nous avons de très bons retours des autres équipes et de leurs éducateurs, mais nous avons encore un peu de mal à nous faire une place dans un calendrier très chargé. »
Pourtant, ce Belletante 2013 aura été une réussite complète pour le FCG puisque les « Rouge et Bleu » se sont imposés contre le RO Chambéry en finale. Un instant magique pour nos moins de 15 qui pouvaient lever devant la tribune Liénard d’un stade Lesdiguières tout acquis à leur cause le bouclier comme l’avaient fait un an plus tôt les joueurs de l’équipe première en gagnant leur ticket pour le TOP14. Une réussite remarquable pour tous les éducateurs de l’école de rugby qui valident ainsi leur travail quotidien. Toute l’équipe organisatrice remercie les clubs pour leur participation et nous remercions Rugbystore pour son soutien et son implication dans l’organisation du challenge Guy Belletante.
Le classement du challenge Guy Belletante 1 - FCG 2 - Rhone Ovalie Club 3 - La Seyne 4 - CD 74 5 - CD 38 6 - FCG 2 7 - Chambéry
8 - Montmélian 9 - Nice 10 - Villefranche 11 - Bourgoin 12 - Les Angles
13 - Montélimar 14 - Hyères 15 - Romans 16 - GUC
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Événements #4
Le FCG paie sa tournée Chaque année, à la fin de la saison de rugby, les benjamins -13 du FCG partent pour une tournée d’une semaine à l’étranger. Un projet original qui allie solidarité, sport, découverte et apprentissage de la vie en groupe qui est en train de devenir une étape obligatoire de l’apprentissage de nos jeunes joueurs.
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e projet de tournée du FCG est né il y a Mardi 24 avril au matin. Départ du centre Vendredi 27 avril, jour de match. La deux saisons. L’idée de départ était de de formation pour l’aéroport de Genève. journée est un long rituel qui doit nous créer autour d’un objectif commun la solida- Chacun prend sa place habituelle dans le bus mener à notre premier test-match contre rité de toute l’école de rugby que ce soit les comme pour aller jouer un simple tournoi, le Currie RFC. Les jeunes se referment, ils se jeunes joueurs, les encadrants et bénévoles mais l’ambiance est différente, l’excitation concentrent, comme les grands, chacun se et les parents. palpable. Certains vont prendre l’avion et sor- recentre sur leur match. Même s’il n’y a pas Le principe de ce voyage est simple. Pendant tir de France pour la première fois. Quelques d’enjeu, cette rencontre est bien pour eux un un an, toute l’école de rugby se mobilise pour heures plus tard, nous faisons nos premiers France/Écosse. Avec une équipe remaniée inrécolter des dons. Cela passe par des tombo- pas sur le sol écossais sous un soleil de prin- tégrant quelques -14, le FCG s’incline 6 essais las, des ventes de gâteaux lors d’événements, temps très anglo-saxon. Nous prenons à 4 dans un match très ouvert. Après le match les bourriches réalisées lors des matchs de nos quartiers à l’auberge de jeunesse, mais il est temps de faire la fête et de profiter de la l’équipe une au Stade des Alpes, les dindes de très vite la belle Édimbourg nous appelle. 3ème mi-temps, dans une belle célébration de Noël et une partie des recettes de buvette. Nous ne résistons pas longtemps et c’est en l’amitié Franco-Écossaise ! Le fruit de ce travail bénéficie aux benjamins groupe que nous partons à la découverte de -13 deuxièmes années qui ont le privilège de la cité médiévale. Après une soirée de décou- Après une journée partagée entre séances de partir en tournée pour clôturer leur cycle verte, mais surtout de rires et de partage, il shopping, souvenirs aux parents obligent, et à à l’école de rugby, avant de passer au haut est temps de rentrer se reposer, demain le un débriefing technique et vidéo du premier niveau jeune. Nos benjamins sont donc partis temple du rugby écossais nous attend. match, il est temps pour notre petite troupe l’année dernière en Irlande et c e t t e L’heure du rassemblement n’a pas encore de rejoindre la verdoyante campagne du année c’est l’Écosse qui était Perthire écossais. Ici les kilts et à l’honneur. Le projet est les cornemuses ne sont pas essentiel à de nombreux simplement des spectacles Une tournée qui devient une étape obligatoire et que niveaux. Il permet de créer offerts par l’office du toutous les enfants des catégories inférieures attendent une solidarité sur toutes les risme, l’Écosse dévoile son avec impatience. catégories qui, pendant des vrai visage. Entre vallées et années, travaillent pour les rivières, pierres et ciel de -13 ans avant de pouvoir eux ausplomb, on sent transpirer si bénéficier de ce voyage. Il permet aussi de sonné que toutes les troupes sont déjà prêtes l ’ â m e de ce pays si attaché à sa terre. sortir les jeunes de leur quotidien, et de leur à décoller. Ce matin nous partons visiter Mur- Nous posons nos paquetages à Dundee pour offrir une ouverture sur le monde avec une rayfield, le mythique stade du XV au chardon. notre deuxième match contre les Eagles. Une expérience culturelle enrichissante, dans des Nous visitons les vestiaires et posons fière- fois encore les locaux auront le dernier mot. pays où les valeurs du rugby et la convivialité ment devant les casiers des internationaux Nous nous inclinons 5 essais à 1 sans malheusont très fortes. écossais. Viens enfin de temps de fouler la reusement avoir vraiment pu rivaliser. Mais le Enfin le projet est aussi sportif, car c’est la pelouse... même vide on sent une sorte de plaisir est ailleurs. Dans les sourires échangés, première fois où les jeunes jouent à 15 sur un ferveur monter des tribunes. C’est comme si dans les tentatives de discussion dans un angrand terrain. Cette tournée s’ancre de plus les fantômes des supporters écossais enton- glais pour le moins approximatif. Et surtout, ce sont des souvenirs que les jeunes se créent en plus dans la saison du FCG comme un ins- naient le célèbre « Flower of Scotland ». tant majeur. Au fil des ans elle se développe et Quel moment magique. Surtout que nos pour la vie. Un groupe qui se soude dans la nous n’excluons pas un jour de pouvoir em- guides, pour cette visite, sont le deuxième difficulté lors des rencontres et dans la joie le mener nos jeunes « Rouge et Bleu » défendre ligne international Richie Gray et le demi de reste du voyage. les couleurs de Grenoble dans l’Hémisphère mêlée Greig David Laidlaw... un pur bonheur. Sud, mais c’est une histoire qui reste à écrire. Mais le rugby dans tout ça ? Nous n’oublions pas que nous sommes aussi ici pour affronter deux équipes écossaises. Il est donc temps de s’entraîner.
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Portrait « Lorsque j’ai découvert la fiche de poste, je me suis demandé si le FCG l’avait écrite avant ou après avoir reçu mon CV ! Le profil répondait à toutes mes envies », affirme le nouveau directeur administratif du FCG. EXPERT ES STADES Entre Guillaume Gouze et le FCG, les choses se sont passées très rapidement. Toulousain d’origine, le nouveau directeur administratif du club, diplômé de Sciences Po et d’un master de droit et économie du sport, a débuté sa carrière professionnelle dans le staff du centre de formation du Stade Toulousain. Il a ensuite rejoint le Stade Français en tant que directeur administratif et financier pour l’association sportive, où il rencontre un certain... Fabrice Landreau. Il cosigne ensuite une étude sur l’exploitation des enceintes sportives. Fort de cette expérience, il rejoint Sportfive, une filiale du groupe Lagardère, en tant que consultant pour le développement de stades. Il apporte ainsi son conseil pour la création ou l’exploitation des stades de Valence, de Lens, la rénovation de Geoffroy Guichard à Saint-Étienne et réalise différentes missions à l’étranger.
expérience de faiseur de stades. Et depuis quelques mois, les choses ont avancé du côté de la construction de la nouvelle tribune ouest. Celle-ci proposera 4 300 places assises et couvertes en lieu des 722 places de la tribune Finet. La nouvelle infrastructure accueillera en ses niveaux N et N+1 un centre de performance et d’entraînement de plus de 1 500 m² pour les professionnels et le centre de formation. Elle abritera aussi les bureaux de l’association sportive et du centre de formation, disposera d’un espace VIP de 300 places et de trois salons. Montant du projet : 8 M€.
Guillaume Gouze, le nouveau directeur administratif du FCG est aussi un sportif accompli qui a trouvé à Grenoble une vraie terre d’accueil.
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Il est également consultant à la Ligue nationale du rugby pour la mise en place du Label stade. Ils ne sont qu’une poignée en France à maîtriser cette expertise du fonctionnement des enceintes sportives. Mais après presque dix ans de vie parisienne, Guillaume Gouze souhaitait retourner en province, tout en restant dans le sport, dans une grande ville, rugbystique si possible. Faiseur de stades Grenoble, sa reconquête du Top14, ses projets sportifs et structurels l’interpellent. Il envoie un mail à Marc Chérèque qui le recontacte aussitôt, lui proposant le poste de directeur administratif pour assurer le suivi administratif de l’équipe professionnelle, la coordination entre les services les jours de matches, le lien entre le club, l’association sportive, le centre de formation, les collectivités et l’opérateur privé du stade des Alpes, Carilis et enfin, pour porter le projet de redéveloppement de Lesdiguières. Un dernier volet sur lequel il peut mettre à profit sa très riche
Alors que l’instruction du permis de construire et le BEA avancent, le montage financier demande encore à s’affiner. La livraison est prévue en 2014. « Les stades peuvent générer des revenus s’ils sont bien pensés », rappelle Guillaume Gouze, qui voit à Grenoble « un projet cohérent », en lien avec le projet de ville, qui à terme, offrira 15 000 places à Lesdiguières dans les meilleures conditions pour les partenaires et les spectateurs.
Adrénaline Avec la coordination des jours de match, le directeur administratif retrouve l’adrénaline qui accompagne la vie d’une équipe capable, comme elle l’a prouvé à deux reprises, de marquer l’essai à la dernière seconde. Mais Guillaume Gouze apprécie également de pouvoir prendre de la hauteur, « de sortir du sprint », pour mener des réflexions sur la sécurité, les médias, l’accueil VIP. « Lorsque j’étais consultant, je pensais que je ne reviendrais jamais en club. Trop de stress. Mais cette adrénaline des jours de matches me manquait. Et puis Grenoble a eu de bons résultats sportifs rapidement même si je ne connaissais que peu de joueurs. Il n’y a pas de stars, mais des joueurs humbles et déterminés. J’ai surtout été surpris de trouver un club aussi bien structuré et organisé, qui se positionne comme une start-up avec une stratégie de développement », estime Guillaume Gouze qui a trouvé sa nouvelle terre d’accueil. Isabelle Doucet
Guillaume Gouze
Terre de Rugby n˚ 12 - juin 2013