Un sondage exclusif montre un protestantisme pluriel Libéralisme contre conservatisme. Les tendances font rage jusque chez les protestants. Les luthéro-réformés et les sensibilités dites émergentes (évangéliques, pentecôtistes, charismatiques) s’opposent sur des sujets éthiques et de société actuels. Cette fracture est ostensible concernant l’homosexualité, l’homoparentalité et la place de l’islam en France. Voilà ce qui ressort d’un sondage IFOP commandé par les Associations familiales protestantes (AFP), diffusé mi-octobre à l’occasion de leur colloque biennal et
Christianisme Aujourd’hui | Novembre 2012
20 22 42
74% des sensibilités émergentes se rendent au culte chaque semaine, contre 24% des luthéroréformés. Les Eglises protestantes, notamment issues des sensibilités émergentes, continuent d’attirer des convertis : ceux-ci représentent 25% des protestants et ont une participation remarquée non seulement le dimanche à l’Eglise, mais aussi dans le domaine associatif, dans lequel s’investit un protestant sur deux : «La conversion engendre la pratique, laquelle se traduit par une implication dans la cité et développe une confiance qui permet au croyant de se positionner, même à contre-courant, notamment en affirmant ses valeurs sur le plan éthique et social», explique Françoise Caron. Un engagement marqué dans le domaine de l’humanitaire, de l’enfance et de la famille chez les nouveaux convertis et les moins de 35 ans.
Fracture éthique et sociétale
dont les chiffres ont été présentés par Jérôme Fourquet, directeur-adjoint du département opinion et stratégies de l’IFOP. Décryptage.
Fracture démographique et sociale
Les luthéro-réformés représentent globalement 59% des protestants et forment une population vieillissante. Un chiffre en légère augmentation par rapport à 2010. 78% des réformés ont plus de 65 ans. A contrario, les sensibilités émergentes, soit un quart des protestants, voient la moitié de leur population âgée de moins de 35 ans. Si plus de la moitié des luthéro-réformés sont des retraités et des intellectuels, les sensibilités émergentes sont, elles, issues de classes sociales nettement inférieures, majoritairement composées d’ouvriers et d’employés. 6% d’entre eux appartiennent d’ailleurs aux catégories les plus défavorisées. Et pourtant, les évangéliques apparaissent comme les plus investis au sein de leur communauté, constate Françoise Caron, vice-présidente des AFP : «Bien que faisant partie des catégories les plus modestes, ce sont eux qui donnent le plus de temps et d'argent.»
Fracture ecclésiale
Le sondage révèle que les sensibilités émergentes sont les plus assidues et les plus engagés :
Engagés, actifs hors des murs, les protestants se divisent aussi sur des questions d’éthique et sociétales : d’un côté, le luthéro-réformé est plutôt libéral ; de l’autre, l'évangélique est clairement conservateur. 75% des sensibilités émergentes s’opposent au mariage homosexuel, alors que 54% de luthéro-réformés y sont favorables. Autre constant : «Plus les protestants sont pratiquants, plus ils s’engagent sur le terrain et plus ils affichent leur opposition au démantèlement de la famille. Les AFP ont d’ailleurs voté à l’unanimité un “non” massif face au projet gouvernemental. Les chiffres prouvent l’évolution actuelle des mentalités», constate Françoise Caron. Même analyse concernant l’euthanasie : si 86% des protestants y sont favorables, ce chiffre diminue en même temps que la pratique augmente. En politique étrangère aussi, les sensibilités émergentes se montrent plus fermes que les luthéro-réformés, notamment au sujet du vote des étrangers aux élections locales. Sur la question de l’islam, 61% des protestants déclarent que l’islam pose de vrais problèmes d’incompatibilité entre les traditions musulmanes et françaises. Une opinion partagée par 69% de convertis et 64% de sympathisants de droite, pour beaucoup issus des sensibilités émergentes. Parmi les raisons invoquées : le statut de la femme et les modalités cultuelles.
CHRISTELLE BANKOLÉ
Première radio évangélique à Paris
inédit dans l’univers Funeaitduautorisation paysage radio parisien, a été délivrée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) à un projet de radio évangélique. C’est Phare FM, connue pour son réseau de radio sur ondes courtes, qui a décroché la concession. La décision a été officialisée le 2 octobre. Par ticularité de cette concession, elle concerne des émissions diffusées sur la RNT, entendez par là la radio numérique terrestre ou DAB+. Les premières émissions des 68 chaînes de radio numérique retenues par le CSA sont attendues pour le premier semestre 2013. Plusieurs bouquets numériques devraient faire leur apparition, comme nous y ont déjà habitué les bouquets télévisuels. Claude Greder, directeur de Phare FM, se réjouit de cette bonne nouvelle, qui permet au réseau Phare FM d’étendre d’un coup l’audience potentielle et donc l’annonce de l’Evangile à un cinquième de la population française. CHRISTIAN WILLI
PHOTOS : DR - DR - JÉRÔME CORBEAU
FOI EN ACTION
FRANCE