M. FILATRE présente les salutations de Gilles Blanc, Président d’une AFP et administrateur de l’Association des Ecoles Protestantes Evangéliques aux côtés de Luc Bussière (Gilles Blanc n'a pas pu être des nôtres). Membre du Comité directeur du Bureau National de l'AESPF et nous travaillons depuis de nombreuses années sur la création d'écoles dites chrétiennes. Je ferai un bref rappel de la vision sur le plan historique à savoir que les écoles chrétiennes ne sont pas une nouveauté, si on se réfère à une date, je parlerai de 1900 avant et après. Alors avant 1900, les églises historiques, luthériennes, réformées, en dehors des églises catholiques ont ouvert de nombreuses écoles, dans tout le pays et je citerai l'exemple d'une école de Paris, en 1840, créée par Louis Meyer, pasteur luthérien, qui a commencé des cours de mathématiques et de français dans un poulailler, la révolution sévissait et les enfants étaient livrés à eux-mêmes. L'église avec sa vision était partante pour donner une instruction scolaire. On a aussi sur l'Est avec les écoles de Reims, puis vers le Sud, Chambron, la Cause puis peu à peu, il y eut défection de ces écoles avec l'arrivée de la laïcité. Après 1900, la laïcité s'installe dans le pays, et on assiste à la presque disparition des écoles protestantes ; quelques-unes demeurent encore. Au 17ème siècle, nous avions 2000 écoles protestantes, au 19ème, 1300 au 20ème, il n'en restait qu'une dizaine. Un de nos anciens présidents de la république s'était adressé à la FPF en mai 1997 en disant ceci : "vous les protestants, vous avez eu tort de rendre vos écoles à l'Etat car il n'y a plus de valeurs transmises par l'école laïque". Concernant la vision elle-même, comment des protestants évangéliques ont pu en quelques années avoir l'idée de créer des écoles avec toutes les réserves que nous pouvions avoir dans la société, y compris dans les églises ? La bible nous dit en Jérémie 1 : 10 "Regarde, je t'établis aujourd'hui sur les nations et sur les royaumes, pour tu arraches et que abattes, pour que tu ruines et que tu détruises, pour que tu bâtisses et que tu plantes". Si on décide d'ouvrir une école chrétienne, il faut que cette mission soit pour la nation ou les nations. Il ne s'agit pas d'entretenir son propre petit cercle mais de dépasser les frontières de nos groupes de familles. Certains sont restés dans la perspective du "home schooling" l'enseignement à la maison, il y a là de très bonnes choses mais en même temps, l'idée de faire une école chrétienne c'était de ne pas rester sur soi, mais de s'installer dans les quartiers. Dans l'épitre de Jacques et aux Corinthiens, on a cette idée de sagesse, sagesse de Dieu, sagesse du monde, il y a des conceptions idéologiques bien faites qui vont être transmises à travers la laïcité à nos enfants et la laïcité n'est pas idéologiquement neutre. Même si certains, dans le cadre de cette laïcité sont courageux et essaient d'être neutres. En même temps, il y a une sagesse de Dieu qu'on pourrait enfermer dans nos propres schémas. Or, la seule chose qui puisse équilibrer cette sagesse, cet enseignement selon Dieu, c'est l'amour qui existe aussi dans les écoles laïques. Mais l'amour de Dieu est une vertu qui appartient aux chrétiens et qui leur appartient de mettre en pratique. Dans Deutéronome 6, on a une mission d'enseignement et de témoignage (en hébreu, le mot enseigner c'est tirer des flèches ! Je vais donc tirer des flèches qui se personnaliseront à travers les enfants qui seront formés et ensuite reporter le contenu de cette formation, le caractère qui sort de cette formation dans la société et ce sont comme des flèches qui vont atteindre un but fixé par le Seigneur. L'idée n'est pas de montrer une supériorité mais de transmettre une bénédiction, que l'on a reçue de Dieu à la nation à tous ceux autour de nous avec un objectif : contribuer à la guérison de notre pays. Notre monde a besoin d'être aidé, guéri, porté et c'est aussi notre rôle en tant que chrétiens et si les enfants que nous enseignons peuvent participer à cela par la suite....
Cela implique pour ceux qui gèrent ces écoles chrétiennes et qui y vivent un certain nombre de choses : d'abord transmettre à l'enfant l'espérance du royaume, le caractère divin et on peut partir sur l'idée que l'enfant, petit est accessible, son cœur est souple. L'enfant est malléable et il peut recevoir les influences positives de l'Evangile mais peut aussi recevoir les influences du mal. Un cœur jeune reçoit facilement l'espérance de l'évangile, et notre défi c'est de le lui transmettre. Cela donne un profil à une école chrétienne, cela va être différent d'une école laïque à cause de cela. On veut lui transmettre ces valeurs. Proverbes 22 : 6 "Instruis l'enfant selon la voie qu'il doit suivre, et quand il sera vieux, il ne s'en détournera pas". Nos écoles vont offrir à l'enfant des conditions d'apprentissage adaptées, cela ne veut pas dire que cela n'existe pas dans les écoles dites laïques mais il y a quelque chose de Dieu que l'on veut transmettre comme cette atmosphère joyeuse, paisible dans le cadre scolaire, une exigence de la vie de groupe, exigence dans le niveau scolaire, le travail bien fait, la liberté d'entreprendre surtout quand il y a des petits effectifs, c'est plus facile. Des partenariats pédagogiques voire médico-pédagogiques dont l'enfant aurait besoin. Du fait que ce sont des établissements à petits effectifs avec une vision de transmission des valeurs du caractère de Dieu, on va essayer de lui donner une pensée chrétienne, une connaissance des domaines scolaires, travailler sur la base des programmes qui sont demandés. Puis la transmission de ce programme se fera selon les valeurs bibliques. On voudrait aussi donner une formation à ces enfants, un regard sur sa société. Bien sûr, il y a le côté académique, moral, social, on dit souvent que l'enfant est un citoyen du monde, mais déjà si l'enfant peut prendre conscience qu'il habite un quartier, une commune et qu'il peut déjà comprendre son fonctionnement et qu'elle est sa place avec sa famille, on aura fait un grand pas sur le plan des sens des responsabilités : un enfant concerné par ce qui l'entoure. Ces écoles vont s'inscrire dans la vie d'un lieu, d'un quartier. L'AESPEF : Associations des Etablissements Scolaires Protestants Evangéliques Francophones. Ce réseau d'écoles existe depuis 30 ans, une première école a été créée à Aix-en-Provence puis 25 ans plus tard, deux autres. 3 écoles ont travaillé ensemble, les responsables de ces écoles ont développé une communion, un travail sur la pédagogie, le contenu des programmes, la pertinence d'un apport biblique dans ces programmes. Aujourd'hui, ce réseau compte 24 écoles en France. Pendant 25 ans, nous avons travaillé avec les relations fraternelles, les amitiés, le travail en commun. Le nombre des écoles augmentait, il fallait les fédérer. Cela s'est fait au sein de l'AESPEF pour affirmer la vision avec un fondement scripturaire, ancrer dans l'esprit de la Réforme mais aussi dans le respect des autorités actuelles. Il fallait aussi nous protéger des possibles dérives. Disséminé aux 4 coins de la France, nous nous rencontrions au cours d'un séminaire francophone "Mathurin Cordier" et là, enseignants, parents d'élèves, administrateurs, pasteurs, éducateurs se retrouvent sur des thèmes propres à l'éducation chrétienne, à la vie des établissements sur le plan juridique, administratif, relationnel, de l'enseignement.... Ces séminaires ont fait apparaître une soif de se rassembler, d'aller plus loin, de pouvoir donner aux enfants une meilleure qualité d'apprentissage, mais ont aussi mis en évidence des manques. Nous avons donc créé un institut de formation des maîtres sur la même vision, en septembre, un Institut Supérieur pour l'Enseignement (ISP), Centre de Formation Professionnelle des Enseignants Chrétiens, agréé dès septembre 2014. C'est un long travail, plusieurs années de réflexion, nous sommes à la mise en route mais nous avons beaucoup d'encouragements. Quel lien entre ces écoles chrétiennes et les associations familiales protestantes ? Certaines de ces écoles sont membres des AFP, le lien est donc établi et vécu, certains sont ici d'ailleurs. Sur quoi va-ton s'appuyer pour établir ce lien pour le vivre afin de s'apporter mutuellement, de travailler ensemble sur le monde de la famille? Sans famille, pas d'école, laïque ou chrétienne !
Les AFP ont une prérogative et si les écoles chrétiennes se rapprochent des AFP, elles vont travailler dans l'esprit qui existe déjà. Il me semble qu'on ne peut pas faire sans la famille en tant qu'école puisque ce sont les familles qui confient leurs enfants mais on ne peut faire sans l'église qui est dépositaire de quelque chose de Dieu. Parce que nous sommes déjà actifs dans les églises locales, il s'agit pour nous de nous inscrire dans cette relation famille église école sans pour autant négliger ce qui existe autour ce "triangle". Il faut que ce triangle soit ouvert, dans les communes où le Maire a un droit de regard sur ce qui se passe dans nos écoles, tout comme l'Education Nationale ne serait-ce concernant l'obligation scolaire. Il doit y avoir des terrains communs même d'entente possibles. En tant qu'association familiale, je pense que vous êtes aussi sensible au cadre spirituel qui est donné. C'est transmettre la relation que nous avons avec Dieu et pendant toute une journée à l'école, l'enfant voit la vie, le témoignage. Il nous faut veiller à ce que ces écoles restent dans un cadre spirituel équilibré, saint, et une école chrétienne attendra cela des familles, qu'elles osent dire car c'est quand même le parent qui est dépositaire de la valeur qu'il donne à l'éducation de son enfant, la famille doit être prépondérante dans les établissements scolaires. Un conseil d'administration, un conseil éducatif ne peuvent pas dire, la bonne éducation c'est cela, les parents sont omniprésents dans la vie de ces écoles. Cela fait partie des projets éducatifs des écoles chrétiennes. Les écoles chrétiennes aujourd'hui ne sont pas des écoles isolées, mais ce sont des écoles qui travaillent ensemble, qui développent des partenariats, certaines ont déjà développé le partenariat avec les AFP et pour nous en tant qu'école chrétienne c'est un réel encouragement. Gilles Leblanc me disait au téléphone que le cadre des AFP était fondateur dans sa pratique de l'école chrétienne, parce que les familles sont les plus importantes dans l'éducation des enfants. Après chaque parent fait le choix qu'il pense juste pour son enfant. Là où la famille peut ne pas réussir, les associations peuvent être une aide et couvrir même ce qui manque, apporter ce qui manque aux écoles. On attend cela aussi des familles. Pour les écoles qui sont membres des AFP, ce sont des écoles heureuses et l'AESPEF a développé dans son comité, a décidé il y a quelques temps de promouvoir l'adhésion pour toutes les écoles membres (environ 50), et souhaite que ces écoles adhèrent aux AFP pour s'intégrer dans le paysage des associations familiales. On est loin des 2000 écoles d'une certaine époque mais on n'est pas en compétition, on se sent petit et pour nous, il s'agit de rentrer dans un réveil au sujet de l'enseignement scolaire et du mandat que Dieu nous a confié en tant que chrétien, église, famille, enseignant, mais nous dépendons tous, et c'est notre point commun, de la grâce de Celui qui est le chef de l'église dans tous les domaines."
Précisions de Françoise Caron, Présidente des AFP : "Les écoles n'adhèrent pas aux AFP, c'est l'AFP qui dans le cadre de son objet va répondre aux besoins des familles en créant un établissement. C'est important de le préciser. Pour ne pas nous méprendre, ce n'est pas l'école qui adhère à l'AFP c'est bien une AFP en lien avec son objet, sa dynamique d'association familiale protestante en accord avec la charte, la convention des AFP qui va apporter une réponse aux problèmes de l'éducation, non seulement pour les familles qui adhèrent à l'AFP mais aussi pour toutes celles qu'elle rejoint, c'est pour cela que la plupart des écoles qui sont nées d'une association familiale protestante accueillent des
enfants dans leur environnement, non seulement les enfants des familles de la paroisse mais aussi les enfants des familles qui viennent et qui disent "est-ce que vous ne voulez pas prendre soin de nos enfants" ? Il était important de préciser cela sinon nous sortons de la vocation des AFP et à moyen terme cela pourrait être dommageable tant pour les AFP que pour les écoles. Ces échanges sont donc importants car au départ, nous n'étions pas sur les mêmes terrains d'actions, et à mesure où nous avançons, on finit par se rejoindre et s'enrichir, c'est à dire que les écoles sont une vraie réponse aujourd'hui avec leurs expériences, leurs outils développés avec les personnes
ressources, maintenant avec l'institut de formation sont une vraie réponse à des AFP qui se penchaient elles-mêmes sur le problème de l'éducation et c'était un chantier ouvert depuis plusieurs années. Maintenant, il faut arriver à travailler de façon plus soutenue, ensemble, afin qu'il n'y ait aucune méprise et qu'un directeur d'école, le président d'une association qui gère une école ne choisisse pas la forme juridique AFP sans avoir bien mesuré ce à quoi il
****
s'engageait ; cela engage bien au-delà uniquement de la gestion d'un établissement scolaire. Au même titre qu'une AFP qui ne voudrait avoir comme action que la création d'une école se méprendrait aussi parce qu'elle rassemble, elle fait avec et pour les familles dans une vision bien plus large et l'établissement scolaire est une réponse à un problème d'éducation".