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Michèle Tribalat, démographe à l'Institut National d'Etudes Démographiques

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'ai connu Pierre Patrick Kaltenbach en 1986, puisqu'il a été président du conseil d'Administration de l'INED, entre 1986 et 1989. J'étais à l'INED depuis 10 ans seulement. Dès son arrivée, il a remarqué le défaut d'investissement institutionnel sur le sujet de l'émigration. A cette époque, j'étais déjà lancée dans un projet d'enquête qui allait se réaliser en 1992 sous l'appellation "enquête mobilité géographique et insertion sociale". J'avais encore la plus grande difficulté à obtenir une évolution de la production statistique, l'INSEE par exemple ne devait intégrer officiellement la notion d'immigrés dans ses statistiques que dans le recensement de 1999 et il a fallu encore attendre quelques années pour des données relatives à l'origine des parents entrent dans les grandes enquêtes de l'INSEE. PPK avait vite saisi l'importance qu'il y avait à disposer de concepts pertinents pour élaborer des outils de collecte utiles à la connaissance. Pour compter il faut d'abord définir, c'était le leitmotiv bien connu de PPK, et au fond nous avons été d'accord là-dessus tout de suite, tous les deux. Il avait la passion de la vérité des comptes -qui finance qui ?- et moi je souhaitais me rapprocher au plus près de la vérité des faits dans un autre domaine. C'est cela qui nous a donné, je pense, une certaine proximité. Pour l'anecdote, je me souviens notamment d'un conseil scientifique consacré aux migrations que j'avais dû organiser à l'époque à l'INED et qui avait été particulièrement "chaud". PPK y assistait et une présentation pirate a été faite, sans inscription à l'ordre du jour, qui proposait un projet sensé faire capoter celui que je présentais par la même occasion. PPK était là, il a tout de suite senti l'atmosphère et voici le commentaire qu'il a fait à ce propos :"Oh, il n'y a pas d'amour "! Aucun participant n'avait jamais entendu "ramasser" en si peu de mots les rivalités dissimulées derrière la vitrine scientifique ! PPK m'a ensuite invitée à déjeuner pour un débriefing d'après conseil scientifique. Cela a été le début d'une longue amitié fondée sur l'estime réciproque et ce qui m'a sauté aux yeux à l'époque et notamment tout particulièrement lors d'un colloque organisé à la Mutualité par le Fonds d'Action Sociale, dont PPK était au Président du Conseil d'Administration, c'était sa grande liberté. Il n'hésitait pas à dire ce qu'il pensait même dans des réunions protocolaires. Il n'hésitait pas non plus à "mouiller sa chemise" quand c'était nécessaire. Par exemple, quand le Nouvel Observateur a monté à l'instigation d'Hervé le Bras un dossier à charge suggérant que je travaillais en sous-main pour le Front National, 2 personnes ont écrit au Nouvel Observateur à l'époque et ont obtenu la publication de leur courrier, PPK et Anicet Lepors. PPK n'était jamais impoli, mais il pouvait être impertinent et cela me plaisait beaucoup, moi il m'arrivait de paraître les deux par maladresse plus que par intention, chez PPK cette impertinence avait un certain raffinement. J'ai aussi eu l'honneur de participer à quelques-uns de vos colloques dans lesquels régnait la même liberté de ton, notamment à Fontevraud. C'est là que j'y ai découvert un autre Michel Lévy que celui que j'avais l'habitude de fréquenter d'ordinaire et c'est sans doute là aussi que j'ai fait la connaissance de Jeannette, son épouse. Je dois donc à PPK cette rencontre, je lui dois aussi la rencontre avec sa famille, ses enfants et avec vous".

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