Intervention de François Fondard, Président de l'UDAF de Paris "Mes chers amis, Madame la Présidente, Chère Françoise, merci pour ton invitation à l'assemblée générales des Associations Familiales Protestantes, c'est la deuxième fois en tant que président de l'UNAF que j'ai l'honneur d'intervenir devant les militants familiaux protestants. PPK m'avait invité aux journées de Fontevraud, cela avait été pour moi l'opportunité de découvrir votre mouvement dynamique. C'est l'occasion pour moi de lui rendre hommage, aujourd'hui je garderai l'image d'un militant infatigable, défendant les valeurs de la famille, très engagé pour amener plus de transparence et d'égalité dans le fonctionnement des lieux d'engagement militants. Chacun se rappelle ses idées souvent novatrices qui venaient bousculer les idées reçues et enrichir les débats au Conseil d'administration de l'UNAF. Je l'ai côtoyé depuis les années 1993 et ensuite il avait laissé sa place à un certain nombre d'autres collègues et maintenant j'ai le plaisir de travailler avec Françoise Caron lors des conseils d'administration de notre institution. Je dirai simplement, PPK, il nous manque déjà. Mes chers amis, aujourd'hui, c'est aussi l'occasion de vous parler de notre grande institution, l'UNAF, vous faites partie de ce grand réseau constitué de 100 UDAF, maintenant c'est 101 UDAF, grâce au représentant de l'AFP de Mayotte que j'ai rencontré le 8 novembre lors de la constitution de cette 101 UDAF. Là aussi, j'ai été impressionné par le dynamisme des associations mahoraises, il y a un véritable défi à relever dans le domaine de la famille et l'ensemble de ces associations familiales mahoraises vont relever ce défi. 101 UDAF, 22 Unions Régionales des Associations Familiales regroupées au sein de l'UNAF, nous rassemblons près de 70 mouvements familiaux et vous faites partie de 7 mouvements à recrutement en général désignés au sein du Conseil d'Administration. Nous regroupons donc 7 000 associations familiales, 700.000 familles adhérentes et je tiens à souligner la progression importante des associations protestantes et puisque cela a été la progression la plus importante de tous les mouvements familiaux ces dernières années, c'est vrai qu'en l'espace de 15 ans, on est passé de 25 associations à 76 associations aujourd'hui agréées par l'ensemble des 101 UDAF pour 5025 adhérents. Nous avons constaté une diminution ces dernières années globalement du nombre d'associations au sein de l'UNAF, c'est pourquoi l'UNAF a engagé une action dans le domaine du développement associatif pour inciter les associations qui œuvrent dans le domaine familial à nous rejoindre, rejoignez-nous car vous n'êtes pas encore tous agréés au sein des UDAF. Sachez que l'institution vous est ouverte. C'est l'occasion pour moi de vous présenter également cette grande institution. L'UNAF et les UDAF ont été créées en 1945, par le Gouvernement provisoire de la République pour organiser la représentation des familles. C'est important de bien savoir que nous sommes le seul pays, moderne, industrialisé, démocratique où le gouvernement négocie avec 3 partenaires sociaux. Dans tous les autres grands pays, sur les questions politiques, de société, souvent les politiques, les gouvernements négocient avec 2 représentants, souvent les représentants des salariés et des employeurs. En France, il y a les représentants des familles. Ce gouvernement provisoire de la République qui nous avait confié et nous a confié 4 missions: 1. Représenter l'ensemble des familles françaises et étrangères 2. Donner avis aux pouvoirs publics sur toutes les questions de politique familiale 3. Gérer les services d'intérêt familial 4. Ester en justice lorsque nous considérerons qu'il y a discrimination pour les familles. Notre institution dans ces missions d'intérêt général est reconnue par son pluralisme et par son statut spécifique de représentant de l'ensemble des familles dans tous les lieux de décision qui concernent la vie quotidienne des familles. C'est une reconnaissance du travail et des 18.000 militants familiaux qui chaque jour représentent l'ensemble des familles dans toute la France.
Nous sommes l'interlocuteur privilégié du Gouvernement sur tous les sujets qui concernent la famille, la politique familiale, sociale, le droit de la famille. Voici quelques dossiers de l'actualité comme exemples : A la rentrée, nous avons eu à faire face à des projets d'économie sévère pour la branche famille et à nouveau le débat a été relancé sous la mise sous condition de ressources des allocations familiales. A croire que c'est un éternel recommencement. Pourtant ces deux dernières années, la politique familiale avait déjà subi des réductions massives avec les baisses successives du plafond du quotient familial, la fiscalisation des majorations de pensions, la suppression totale de la demi-part des personnes seules ayant élevé un enfant. On a vu ce que cette demi-part de suppression pour les veuves a occasionné comme augmentation donc des impôts sur le revenu en posant de véritables problèmes pour une catégorie de ces femmes, bien souvent majoritairement. Tous ces efforts représentent plus de 4 milliards d'euros, c'est considérable, si la branche famille a déjà connu dans le passé des révisions à la baisse des prestations familiales, elle n'a jamais subi des plans d'une telle intensité. Et pourtant ce n'est pas fini, puisque dans le cadre de la préparation du PLFSS, le Gouvernement a annoncé puisque c'est voté depuis cette semaine, une économie qui sera de 400 millions pour l'année 2015 mais qui sera d'un montant d'environ de 800 millions en année pleine à partir de 2016 donc c'est bien entendu la modulation des allocations familiales. Malheureusement le choix s'est porté sur la modulation des allocations familiales : pour l'UNAF c'est une remise en cause de l'universalité de la politique familiale à laquelle nous sommes attachés. A terme, c'est la disparition de la politique familiale qui deviendra une politique sociale. Nous l'avons dit et redit au gouvernement, ce qui est malheureusement dans ce genre de situation, étonnant, l'ensemble des partenaires sociaux, familiaux pour une fois, unanimement était opposé à cette mise sous condition de ressources, mais le Gouvernement a jugé bon de prendre cette mesure sous prétexte qu'à travers un sondage, 66 % de la population est pour cette modulation. Un gouvernement qui commence à prendre des décisions par sondage nous inquiète particulièrement. Deuxième erreur, c'est la réduction du congé parental : l'assemblée nationale avait voté la loi pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes qui transforme le congé parental en prestations partagées d'éducation de l'enfant, le 4 août, dans cette loi, il était prévu une réduction de 6 mois. Qu'elle ne fut pas notre surprise une fois encore à la rentrée, lorsque on a parlé de 18 mois de réduction et pour finalement être une réduction de 12 mois. Pour nous, ce n'est pas une mesure d'égalité c'est une mesure d'économie, nous avons immédiatement à nouveau alerté sur les situations le Gouvernement où le partage obligatoire du congé parental sera impossible pour un certain nombre de familles, nous avons milité pour le maintien d'un congé parental à taux partiel jusqu'à l'entrée à l'école pour faciliter l'organisation des familles. Nous avons demandé un rapport de suivi de la mise en oeuvre de cette réforme pour en mesurer l'impact. Malheureusement toutes ces demandes d'assouplissement ont été rejetées, chacun sait que les solutions d'accueil de la petite enfance seront largement insuffisantes pour répondre aux demandes des familles. Cette réforme ne fera qu'aggraver le déficit en places d'accueil et ne fera qu'ennuyer, embarrasser les jeunes familles pour trouver le mode de garder adapté entre 2 et 3 ans pour leur enfant avant intégration à l'école maternelle. Le fort taux de natalité de la France couplé à son fort taux d'activité féminine a montré l'efficacité de notre politique familiale, nous tirons à nouveau la sonnette d'alarme sur les risques que l'on fait porter sur les politiques de conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle, il n'est pas trop tard pour réagir. Les familles sont déjà fortement mises à contribution, et voilà qu'on parle d'ajouter de nouvelles mesures d'économie en matière de politique familiale ; jusqu'où va-t-on enfin s'arrêter?
Tel est le sentiment aujourd'hui des familles, faudra-t-il chaque année revenir sur des décisions prises ? Repasser le rabot, supprimer des prestations, les efforts seront-ils donc sans fin ? Si l'on veut vraiment redonner confiance, il faut donner de la lisibilité aux efforts demandés et tenir des engagements une fois les décisions prises, ce qui n'a pas été fait sur la mise sous condition de ressources. A défaut, le sentiment d'incompréhension et d'injustice ne va pas cesser d'augmenter a fortiori des gestes sont faits aux entreprises sans garantie de résultats. Autre dossier important : l'avenir du projet de loi d'orientation et de programmation d'adaptation de la société au vieillissement. Ce projet de loi tourné vers le maintien à domicile sera suivi d'un second projet de textes axé sur les établissements pour personnes âgées. Il apporte des réponses importantes comme la revalorisation de l'aide personnalisée à l'autonomie ou le droit de répit des aidants mais il reste insuffisant sur la question des financements. Nous avons alerté le Gouvernement notamment Madame Touraine sur la situation extrêmement grave du secteur de l'aide et de l'accompagnement à domicile des personnes âgées dépendantes qui pour l'UNAF, nécessite des mesures urgentes. En effet, le secteur se heurte à la réduction des capacités financières de ses contributeurs et plus particulièrement des conseils généraux, alors même que les besoins d'aide à domicile sont croissants. Aujourd'hui, ce que nous constatons et ce que nous disons au Gouvernement, c'est que l'Allocation Personnalisée à l'Autonomie devait être une allocation universelle pour toutes les personnes âgées dépendantes ; le constat sur le terrain c'est qu'aujourd'hui, une fois encore, cette prestation n'est plus universelle et qu'en fonction du département où vous habitez, l'aide sera plus ou moins inférieur avec un reste à charge qui peut aller jusqu'à 3 euros/heure ; reste à charge insupportable pour les familles qui se retrouvent en situation de bénéficiaires du fonds national de solidarité et si les familles peuvent bien entendu aider dans ces autres cas, ces personnes âgées ne seront pas aidées à la hauteur où elles pourraient le prétendre dans d'autres départements. Nous recensons et mesurons une inégalité territoriale flagrante, il faut impérativement que cela soit corrigé par cette loi de l'adaptation à la société au vieillissement. Voilà 3 exemples en matière de politique de loi sur lesquels nous essayons d'influer, de faire évoluer le Gouvernement à travers des concertations que nous considérons insuffisantes et nous arrivons à faire évoluer quelques mesures dans l'ensemble de ces projets de loi. Pour terminer enfin, j'évoquerai pour l'UNAF la question de la famille dans notre société car c'est important de se poser la question en tant que représentant des familles. Comment va-t-elle ? Quand on regarde la famille aujourd'hui, on peut dire qu'elle ne va pas aussi mal qu'un certain nombre veulent bien le dire. Il est souvent dit que la famille est éclatée, explosée, décomposée, recomposée, c'est méconnaître la situation conjugale des familles dans notre pays. A l'UNAF, nous avons voulu savoir. C'est important d'avoir en tête ce chiffre que 75 % des enfants mineurs vivent avec leurs 2 parents, chiffre important car souvent quand on échange avec des gens, ils diront rapidement 50 % des familles sont divorcées, 50 % des enfants sont dispersés. Ce n'est pas aussi catastrophique qu'on peut l'entendre, qu'on veut bien le dire. 18 % des enfants mineurs vivent dans une famille monoparentale et enfin 7 % des enfants vivent dans une famille recomposée. Cela permet de bien resituer le débat puisque bien souvent à travers des discussions autour de la famille et de projets de loi, on a l'impression que les familles monoparentales et les familles recomposées sont majoritaires dans notre pays sont. Ces chiffres nous permettent de démontrer le contraire et de travailler sur une politique familiale globale qui prenne en compte toutes les situations. Certes, un certain nombre de familles sont confrontées à des difficultés d'assumer leur rôle de parents, d'autorité, de transmission des valeurs, mais la très grande majorité de ces parents y réussissent heureusement et n'ont de cesse de vouloir la réussite de leurs enfants. Pour les familles en difficultés, bien entendu, on connaît le rôle des associations familiales à travers toutes les actions dans le domaine de la parentalité. C'est une action essentielle pour l'ensemble de nos associations familiales et nous devons continuer à investir dans ce type de dispositifs et d'actions car il est vrai, on ne naît pas parent mais on le devient et un certain nombre de ces parents ont besoin d'être aidés.
Voilà quelques dossiers sur lesquels l'UNAF est vigilante et soutient les actions engagées par toutes les associations familiales. La réussite de ces politiques, nous le devons à tous les militants familiaux comme vous, qui êtes actifs dans notre institution et à l'action de l'ensemble des mouvements familiaux tels que les vôtres. Les familles y ont besoin de vous, rejoignez-nous". ****