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La protestation
I.
Nous sommes trente mille braves, Au képi sombre, au manteau bleu, Et nous voyons même les Zouaves Derrière nous courir au feu. Vous qui voulez qu’on nous supprime, Qu’avez-vous à nous reprocher ? En guerre, en paix, notre seul crime C’est d’avoir su trop bien marcher. Ne touchez pas au Corps d’Elite, Chasseurs, Chasseurs, pressons le pas, Qu’on nous fasse marcher plus vite, Mais qu’on ne nous supprime pas.
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II.
Essayez de nous suivre au pas, Voyez un peu notre démarche, C’est notre Bataillon qui marche. Allons, ne vous essoufflez pas ; C’est le clairon qui nous entraîne, Notre clairon, c’est notre amour. Fi du Biffin qui lent se traîne, Trébuchant derrière un tambour. Place aux Chasseurs, la route est large, La route qui mène au combat, Vous les verrez pousser la charge, Si vous ne les supprimez pas.
III.
Visez-vous à l’économie Des cinq milliards qu’on dût verser ? Nous vous offrons tous notre vie Pour vous les faire rembourser ! Si vous tenez au drap garance, Qui coûte autant sans valoir mieux, Notre sang versé pour la France Rougira nos pantalons bleus. A nous les coups de main dans l’ombre Qu’il faut exécuter tout bas, Notre tenue est assez sombre Pour qu’on ne la supprime pas.
IV.
Vous avez vu nos frères d’armes Tomber au loin pour leur pays ; Vous leur avez donné vos larmes, Épargnez donc leurs vieux débris. Serez-vous plus durs que la guerre ? Ne voulez-vous pas ménager, Aux Chasseurs dormant sous la pierre, Quelques Chasseurs pour les venger ? Que le canon Krupp nous décime, Il a sur nous droit de trépas ; Et, s’il le peut, qu’il nous supprime, Mais vous, ne nous supprimez pas.
V. (Strophe d’après la Grande Guerre) Vous avez vu la Grande Guerre Faire de nous des Diables Bleus. Ce nom, ceux qui nous le donnèrent, Allez, s’y connaissaient un peu... Sur tous les fronts, Verdun, la Somme, Plus de cent fois renouvelés, Nos Bataillons, comme un seul homme, Devant la Mort se sont dressés... Chez nous pas de paroles vaines, Les Chasseurs de Driant sont là, Qu’à leurs tombeaux on nous enchaîne, Mais qu’on ne nous supprime pas...
VI. (Dernière Strophe anti-Moutarde) Notre drap bleu, c’est le symbole Du dévouement de nos Aînés, Nous y tenons plus qu’une idole, Car il est leur linceul sacré. Pourquoi nous mettre en drap moutarde ? Les Chasseurs ne meurent qu’en Bleu, Voulez-vous perdre une avant-garde Qui fut toujours première au feu ? Si vous respectez la mémoire Des Chasseurs qui, par leur trépas, Ont couvert la France de Gloire, Vous ne nous supprimerez pas !
Encore un carreau d’ cassé... V’là l’ vitrier qui passe, Encore un carreau d’ cassé V’là l’ vitrier passé...