NUL NE CRAINS
N° 120 Juin 2019
La stèle de la France à Narvik BULLETIN DE LIAISON DE L'AMICALE NATIONALE Du 22ème B.C.A et des troupes de montagne ; SIDI-BRAHIM de CANNES, NICE, VILLEFRANCHE-SUR-MER.
SOMMAIRE
1. LE PRESIDENT
Page 1 Le mot du Président.
Page 4 Contribution de l’amicale au grand débat national
2. LA VIE DE L’AMICALE
Page 7 Assemblée générale ordinaire 2019
3. DEVOIR DE MEMOIRE
Page 18 Le 363e RI pendant la Grande Guerre (suite et fin)
Page 25 Commémoration de la bataille de Narvik à Nice
Page 28 L’esprit de Narvik
4. RESEAU NATIONAL
Page 31 Sélestat / AG des Diables Bleus d’Alsace
Page 33 Journée nationale des déportés
Page 34 Nos peines.
Page 34 Obsèques Yves Pellegrin
Page 36 Nos joies
Page 36 Félicitations
Page 36 Liste des donateurs
Page 37 Grand père disait…
Page 38 Courrier des lecteurs
Page 39 Changement d’adresses
Page 40 Nouveaux amicalistes
Page 40 Démissions
5. LE CARNET
Page 41 Il y a cent ans, le traité de Versailles ; une paix pour rien
Le mot du Président
Actualité de Saint Exupéry
En juillet 1943, un an avant sa mort, Antoine de Saint-Exupéry écrivait cette Lettre au général X1, puissante et ample réflexion, en pleine guerre, sur la marche des sociétés et de l’humanité. Son diagnostic est implacable. Si le combat contre les régimes totalitaires demeure une priorité, et il s’y emploie en risquant sa vie tous les jours, les sociétés occidentales, au-delà des slogans sur la « croisade des démocraties », n’ont rien de bien plus enviable à proposer à l’homme en terme de valeurs. Soixante-quinze ans après sa rédaction, cette lettre nous éclaire avec une étonnante prémonition sur notre propre destin. Il suffit de la réactualiser ici ou là, et c’est notre entreprise dans ces lignes, pour en mesurer la brûlante actualité. « Il n’y a qu’un problème, un seul de par le monde. Rendre aux hommes une signification spirituelle, des inquiétudes spirituelles. Faire pleurer sur eux quelque chose qui ressemble à un chant grégorien ; […] On ne peut plus vivre de frigidaires, de politique, de bilans et de mots croisés, voyezvous ! On ne peut plus. On ne peut plus vivre sans poésie, couleur ni amour. Rien qu’à entendre un chant villageois du XVe siècle, on mesure la pente descendue. Il ne reste rien que la voix du robot de la propagande […] Deux milliards d’hommes n’entendent plus que le robot, ne comprennent plus que le robot, se font robots. […] Il n’y a qu’un problème, un seul : redécouvrir qu’il est une vie de l’esprit plus haute encore que la vie de l’intelligence, la seule qui satisfasse l’homme. » Remplacez les frigidaires, devenus communs, par les iPhones, et les robots par la pensée dominante, et vous aurez une assez juste vision de nos sociétés. Lesquelles ont inventé l’intelligence artificielle pour nous épargner d’en avoir une en propre. Je hais mon époque de toutes mes forces. L’homme y meurt de soif. […] Tout lyrisme sonne ridicule et les hommes refusent d’être réveillés à une vie spirituelle quelconque. […] La civilisation est un bien invisible puisqu’elle porte non sur les choses, mais sur les invisibles liens qui les nouent l’une à l’autre, ainsi et non autrement.
À l’heure de la procréation médicalement assistée et de la gestation pour autrui, prônées par nos modernistes, et qui ne sont rien d’autre qu’une
1 Lettre écrite à La Marsa, près de Tunis, en juillet 1943, et parue dans le Figaro littéraire du 10 avril 1943. Recueillie dans Un sens à la vie, Gallimard, 1956.
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résurgence de l’eugénisme nazi tant la frontière est ténue avec la sélection des espèces, et faute de cadre moral et civilisationnel, les fondements même de l’humanisme occidental se trouvent remis en question.
De la tragédie grecque, l’humanité, dans sa décadence, est tombée jusqu’au théâtre de M. Louis Verneuil (on ne peut guère aller plus loin) On pense ici non plus au théâtre de Louis Verneuil, que personne ne joue plus, mais aux cuistres ignares qui occupent nos plateaux télé. Ah ! Quel étrange soir ce soir, quel étrange climat. Je vois de ma chambre s’allumer les fenêtres de ces bâtisses sans visage. J’entends les postes de radio divers débiter leur musique de mirliton à cette foule désœuvrée venue d’au-delà des mers et qui ne connaît même pas la nostalgie. Que diront les générations futures sur la production « musicale » actuelle ?
En cette époque de divorce, on divorce avec la même facilité d’avec les choses. Les frigidaires sont interchangeables. Et la maison aussi si elle n’est qu’un assemblage. Et la femme. Et la religion. Et le parti. On ne peut même pas être infidèle : à quoi serait-on infidèle ? Loin d’où et infidèle à quoi ? Désert de l’homme. De fait, si le mariage a été pendant des millénaires l’union d’un homme et d’une femme, consacrée par Dieu, il n’est plus aujourd’hui qu’un contrat précaire passé entre individus ayant des intérêts en commun. Relativisme, refus de tout engagement, individualisme forcené, effacement des règles du vivre-ensemble, si invoqué par ailleurs, autant de sapes creusées dans les fondations de notre civilisation.
L’homme d’aujourd’hui, on le fait tenir tranquille, selon le milieu, avec la belote ou avec le bridge. Nous sommes étonnamment bien châtrés. Ainsi sommes nous enfin libres. On nous a coupé les bras et les jambes, puis on nous a laissés libres de marcher. Mais je hais cette époque où l’homme devient, sous un totalitarisme universel, bétail doux, poli et tranquille. On nous fait prendre ça pour un progrès moral ! Il n’y a que quelques mots à modifier, puisque les réseaux sociaux ont tué le bridge et la belote. Réseaux sociaux par la grâce desquels on correspond avec un Guatémaltèque qu’on ne verra jamais, mais on se garde d’échanger un mot avec son voisin de palier.
L’homme que l’on alimente en culture de confection, en culture standard comme on alimente les bœufs en foin. C’est cela, l’homme d’aujourd’hui. Si tant est que ce que l’on nous propose comme divertissement ait encore quelque chose à voir avec la culture… De ce que j’ai aimé, que restera-t-il ? Autant que des êtres, je parle des coutumes, des intonations irremplaçables, d’une certaine lumière
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spirituelle. Du déjeuner dans la ferme provençale sous les oliviers, mais aussi de Haendel. Les choses, je m’en fous, qui subsisteront. Ce qui vaut, c’est un certain arrangement des choses. Nous vivons des temps où tout ce qui fondait notre survie et une existence humaine sur notre planète est en péril ; les écosystèmes dévastés par la culture du seul profit, la déconstruction de l’héritage et de la transmission, le déni de nos identités, le relativisme considéré comme une valeur collective, le « modernisme » qui fait fi de tout ce qui nous fixait un horizon, donnait un sens à nos existences en nous reliant à la longue chaîne du passé. Et dans sa dernière lettre à son ami Pierre Dalloz, destinataire de ce même courrier au général X, il écrit cette phrase prémonitoire : « Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m’épouvante. Et je hais leur vertu de robots. Moi, j’étais fait pour être jardinier. »
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Contribution de l’AmiCAle nAtionAle du 22e bCA et des troupes de montagne au grand débat national
Mme Darrieussecq, secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Armées, a demandé aux associations patriotiques, nationales ou locales, d’apporter leur contribution au grand débat national. Et il est sain que les pouvoirs publics prennent le pouls de la nation à travers la représentation du monde combattant, qui aura des messages très spécifiques à délivrer. Le champ de compétence de nos associations ne peut s’inscrire dans des revendications catégorielles ni matérielles. D’autres organisations sont conçues pour cela. Notre discours propre ne peut que relever d’un domaine bien précis, celui des valeurs, qui constituent le terreau de la citoyenneté, et pour parler actuel, du vivre ensemble.
Or force est de constater que ce socle commun qui fonde les sociétés est actuellement mis à mal et largement contesté par des franges non négligeables de notre population. Les incivilités prospèrent, la malveillance se répand, de même que la désinformation, et pas que sur les réseaux dit sociaux.
Et si l’on recherche les causes profondes de cette désagrégation, on trouve souvent un phénomène récurrent, l’idéologisation de l’histoire. Cette science qui constitue l’un des socles de la citoyenneté est contestée, quand elle n’est pas récupérée, au service de causes qui ont peu à voir avec le patriotisme ou l’esprit civique. Il est triste de constater combien cette science historique sert parfois des intérêts qui vont à l’encontre du sentiment national, au profit de revendications communautaires ou identitaires. Et ces revendications mettent en permanence en accusation notre nation coupable de tous les maux. Intolérance religieuse, traite négrière, colonisation, nationalisme agressif, collaboration, torture en Algérie, la liste est interminable de ces récriminations victimaires qui réclament réparation à la France. En omettant au passage quelques véritables forfaitures, comme le génocide des Vendéens par les armées républicaines, ou le lâche abandon des Harkis en 1962. Or ces postures sont un ferment actif de dissolution du sentiment national, ce plébiscite permanent sur lequel peut seul reposer l’esprit civique.
Et parfois, malheureusement, l’exemple vient du plus haut de l’autorité publique. J’en prendrai deux exemples récents.
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Les commémorations du centenaire de l’armistice de 1918 ont donné lieu à un débat totalement idéologisé relatif à la contribution de nos chefs militaires à la victoire finale. Le fait que le maréchal Pétain, principal acteur de la victoire de nos armes, ait été ostracisé lors de ces commémorations, constitue un signal très inquiétant de cette réécriture de l’histoire, signe avant coureur des sociétés totalitaires.
Plus récemment, la ministre des armées s’est crue autorisée, sous la pression de certains lobbies, à débaptiser la promotion Loustaneau Lacau au prétexte que cet officier aurait ourdi des activités antisémites avantguerre ; cette décision est sans précédent dans l’histoire de l’École spéciale militaire. Or le commandant Loustaneau Lacau, héros de la campagne de France au cours de laquelle il a détruit vingt-deux chars allemands, fondateur du réseau Alliance, principale agence de renseignement en France occupée, torturé par la Gestapo et déporté à Mauthausen, est l’une des plus respectables figures de la France combattante. On observera au passage qu’on n’a pas fait le même procès au jeune étudiant en droit François Mitterrand, quand il manifestait en 1935 avec l’Action française contre les métèques et les Juifs. On pourrait également évoquer les propos du chef de l’État à propos des prétendus crimes contre l’humanité perpétrés par la France en Algérie. On pourrait, en remontant plus loin, rappeler que c’est le président Chirac qui avait refusé que soient inscrites dans le préambule du projet de constitution européenne en 2005 les racines chrétiennes de l’Occident. On pourrait enfin dénoncer ce postulat tendant à prétendre que notre histoire nationale débute en 1789, niant le lent et patient travail millénaire de la monarchie capétienne dans la construction de l’État et de la nation. La désinformation historique trouve donc des relais au plus haut niveau. En ce sens, les lois mémorielles qui prolifèrent sont un signe des temps, en interdisant l’objectivité et la libre opinion dans des secteurs de plus en plus larges de la recherche historique. Elles nous coupent de notre propre passé. Or, selon Elie Wiesel, « Un homme sans passé est plus pauvre qu'un homme sans avenir. » Cette attitude antinationale largement répandue dans les médias et dans nos élites tient pour beaucoup à l’ignorance, mais aussi dans une certaine mesure à une volonté délibérée d’ébranler les fondements du vivre ensemble, de cultiver la détestation de ce que nous sommes, sans doute pour pouvoir nous imposer d’autres cultures, quand ce n’est pas d’autres cultes.
Il s’agit donc aujourd’hui, et c’est le sens de notre contribution au grand débat national, de réhabiliter l’histoire française, de montrer tout
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particulièrement combien nous pouvons nous enorgueillir de notre passé, même s’il est vrai que nous avons également connu des défaillances et commis parfois bien des vilenies.
Il est temps que tous les acteurs de la transmission, éducation nationale, médias, monde de la culture, responsables politiques, prennent conscience de cet enjeu fondamental qui est de ne pas dénigrer systématiquement d’où nous venons, pour nous faire aimer ce que nous sommes, et rendre à nouveau possible une société fondée sur la civilité, la concorde et la solidarité. Le défi est immense. Il nous appartient à nous, associations patriotiques, de le relever.
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2. La vie de l’amicale.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
ORDINAIRE 2018
L’assemblée générale ordinaire annuelle de l’Amicale nationale du 22e BCA et des troupes de montagne pour l'année 2018 s’est tenue à Villefranche sur Mer, le samedi 2 mars 2019. Le président ouvre les débats d’une introduction dont le texte est diffusé par ailleurs. Il a été ensuite procédé au pointage des membres actifs présents (45) et des pouvoirs (72); le résultat étant supérieur au quorum fixé par les statuts (¼ des 177membres à jour de leur cotisation 2018), l’assemblée générale est déclarée ouverte à 10h. L'assemblée est présidée par M. Jean Pierre Martin en sa qualité de président.
Le Président remercie la municipalité pour son accueil et son soutien très conséquent à l'occasion de nos deux rassemblements annuels : prêt du chapiteau et de l'auditorium. Enfin, le président salue et remercie les personnalités présentes :
Maître Bezzina, 1er adjoint représentant le maire de Villefranche ;
Monsieur Robaut, représentant le maire de Nice;
Monsieur Philippe Rossini, vice président du Conseil départemental; Madame la colonelle Marie-Christine Fix, représentant le DMD;
- Monsieur le lieutenant-colonel Gérald Lacoste, représentant le maire d’Antibes Juan les Pins;
Monsieur le lieutenant-colonel (h) Daniel Favard, représentant le président fédéral de la FNAC;
Monsieur François Etienne, représentant le président régional FNAC Monsieur le général Morel, président départemental du Souvenir français; Monsieur le général Vouillemin, ancien président de l’Amicale;
- Monsieur l’adjudant-chef Pommier, président fondateur de l’Amicale du Mentonnais;
Monsieur Baroncini, président des Alpini de la Côte d’Azur;
- Messieurs les porte fanions des amicales chasseurs du département ; Tous les amicalistes présents, notamment ceux venus de l'extérieur du département et parfois de loin.
Il est ensuite rendu hommage aux quatre amicalistes disparus en 2018, Michel Mailliet le 5 janvier, Marcel Calles le 10 janvier, Marcel Turrel le 27 août, et Yves Pellegrin le 27 janvier 2019. A l’issue de la minute de silence, le président demande à l’assemblée d’avoir une pensée pour tous les proches de nos disparus.
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Le président rappelle ensuite l’ordre du jour : rapport moral, rapport d’activité, rapport financier, rapport du vérificateur aux comptes, approbation du dernier conseil d’administration, prises de paroles des personnalités.
Puis il donne lecture de son rapport moral 2018 par rapport aux objectifs statutaires de l'amicale:
Il se félicite de la stabilité de nos effectifs, 11 arrivées pour 14 départs, soulignant notamment une meilleure adhésion au projet et participation en hausse à nos activités, ce dont témoigne la forte affluence à notre assemblée générale.
Le volet solidarité est globalement satisfaisant, avec la participation à la journée des blessés de la 27e BIM et les dons pour l’entraide montagne. Les anniversaires de nos adhérents sont régulièrement célébrés par notre dévoué 1er vice président Alain Barale.
Concernant les finances, à noter les subventions du département (1.000€), de la ville d’Antibes (350€) et de la ville de Nice (2.500€).
Le rapport moral étant adopté à l’unanimité, suit la lecture du rapport d’activité.
Le volet devoir de mémoire a été particulièrement fourni cette année, avec une participation à toutes les cérémonies patriotiques : 27 janvier : holocauste ; 8 mai : commémoration à Nice, Antibes et Villefranche ; 30 mai: commémoration de la victoire de Narvik à Nice ; 14 juillet : vallée de la Vésubie (Roquebillière, Belvédère, Saint Martin) ; 24 août: libération d’Antibes ; 28 août: libération de Nice ; 29 août: libération de Villefranche ; septembre: Sidi Brahim nationale à Vincennes ; 26 septembre : Sidi-Brahim au Jardin des chasseurs à Nice ; 5 octobre : 3e journée du monde combattant au fort de la Drette ; 21 octobre : Malmaison à Villefranche ; 2 novembre : hommage aux chasseurs tombés pour la France au cimetière de Caucade ; 7 et 8 novembre: journées de la mémoire de la Grande Guerre au CUMMAMAC ; 11 novembre : centenaire de la victoire à Nice, Villefranche, Antibes et Briançon ; 5 décembre : commémoration des combats d’Afrique du Nord. Le rayonnement de l’amicale a été lui aussi satisfaisant, notamment grâce aux deux bulletins de liaison annuels, ainsi qu’aux conférences tenues par son président pour le public azuréen, aux participations aux animations du parc départemental de la Grande Corniche, à celle de notre association
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ainsi que celle d’Alain Fine aux journées du patrimoine au fort de la Drette. Nous avons également pu présenter pendant deux mois (novembre et décembre) à la Gare du Sud l’exposition du musée des troupes de montagne : 130 ans de troupes alpines. Nous avons été présents les 8 et 9 septembre aux journées des associations.
- Dans le domaine des relations extérieures, il faut souligner la force des liens qui nous unissent aux Alpini de Mondovi, notamment à l’occasion de l’anniversaire du jumelage avec nos amis transalpins le 2 septembre dernier au col de Tende. Notre délégué Gianluca Ciceri nous a dignement représenté à la fête des Alpini au Gran Sasso les 17 et 18 février derniers. Notre section briançonnaise a quant à elle été présente à la 91e Adunata à Trente.
Pour ce qui est du volet convivialité, le rendez-vous au fort de la Drette le 22 juillet a été tout particulièrement apprécié de tous. Deux événements sont particulièrement emblématiques de cette convivialité, la remise de la Médaille d’argent de la FNAC à Roger Cadot, et celle de la Légion d’honneur à Serge Carpentier. En conclusion, le président présente les projets majeurs retenus pour 2019 par le conseil d’administration de décembre 2018: la commémoration du centenaire du traité de Versailles le 28 juin 1919 (des propositions sont déjà finalisées à Antibes le 6 mai, au CUM le 6 juin, à la bibliothèque Louis Nucera à l’automne) ; la poursuite du projet de partenariat avec la ville de Villefranche concernant la création d’un lieu de mémoire des chasseurs à la Citadelle. Enfin, le webmaster de l’amicale, André Avigdor, nous fait visiter en live le nouveau site : www.amicale22.fr, avec les différents liens renvoyant notamment à l’ancien site.
Le rapport est approuvé à l’unanimité.
La trésorière générale, Christine Trémoulet, prend ensuite la parole pour le rapport financier 2018:
- Le bilan de l’année écoulée est satisfaisant, avec un montant des dépenses de 14.771€ pour des recettes s’élevant à 15.200€, soit un excédent de 429€. L’avoir sur notre livret A s’élève à 18.876€. Le bilan détaillé figure en annexe. Par ailleurs des dons d’un montant de 1.148€ figurent dans nos actifs. Le foyer a généré un chiffre de 1.268€.
- L’examen du budget prévisionnel 2019 est équilibré; les subventions 2019 ont été demandées en temps utile.
La valeur du stock foyer s’établit à 2.643€.
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Le budget prévisionnel s’élève à 12.970€.
- Christine Trémoulet apporte ensuite quelques précisions. Le bilan du bénévolat s’établit à 4.564 heures, soit l’équivalent de 45.640€.
Mr Paul Bestozo, notre vérificateur aux comptes, rend son rapport (voir annexe jointe) qui montre que la comptabilité 2018 affiche une tenue sérieuse des comptes par Christine Trémoulet, la trésorerie 2018 étant rigoureusement exacte et conforme aux règles. En conclusion, Mr Paul Bestozo demande que le rapport financier soit approuvé et que quitus soit donné à la trésorerie. Approuvé à l'unanimité.
Conformément à l’ordre du jour, le président aborde le chapitre administratif avec le rappel de la liste des membres qui étaient chargés de l'Administration de l'amicale en 2018. À la date de l’assemblée générale, notre association compte 190 membres dont 177 à jour de cotisation.
COMPOSITION DU
CONSEIL D’ADMINISTRATION
- COMPOSITION DU BUREAU 2018 : 6
Président : Jean Pierre Martin
2018 : 17 dont :
1er vice président et délégué Vésubie : Alain Barale
2eme vice-président et chancelier : Georges Trémoulet
Trésorière générale et secrétaire adjointe : Christine Trémoulet Secrétaire générale et trésorière adjointe : Michelle Avigdor
Webmaster : André Avigdor
- CONSEILLERS : 6
Amision Marie co-responsable foyer Amision William responsable foyer Combe Franc délégué des anciens chasseurs du Mentonnais
Ghérardi Fabrice porte fanion de l’amicale du 24ème BCA Icardo Laurent conseiller BAF et porte-fanion Liebenguth Gérard conseiller région Grenobloise
- DÉLÉGUÉS RÉGIONAUX : 6
Alain Barale : Vésubie
Bernard Botéculet : Deux Savoies
Robert Haefélé : Alsace Gérard Hallé : Lorraine
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PRÉSIDENTS HONORAIRES :
Général Bertrand Vouillemin, Général Alfred Morel, Lieutenant-colonel Gérard Liebenguth.
HORS CONSEIL ADMINISTRATION : 1 Paul Bestozo, vérificateur aux comptes
Le président demande ensuite à l’assemblée générale de voter pour : - valider le renouvellement du 1/3 sortant: 4 conseillers : Alain Barale, Laurent Icardo, André Avigdor, Michelle Avigdor, - valider les décisions statutaires (nouveaux adhérents, démissions, radiations, suspensions bulletin) prises lors des 2 réunions annuelles du conseil d'administration au cours de l'année 2018 (juin et décembre), - donner mandat au nouveau conseiller, Jean Pagès et au nouveau délégué régional de l’Hérault Daniel Thiéry, ce qui portera à 19 le nombre des membres du conseil d’administration pour 2019.
Toutes ces propositions sont entérinées par l’assemblée générale à l’unanimité.
L’assemblée
de 11 nouveaux amicalistes:
L’assemblée prend acte des dix démissions enregistrées : - 43 - Bernard Pierre - 1023 - Bouchara Guy 1012 Decarlis Roger
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Daniel Rocher : Briançonnais
Jean Luc Touzeau : Vendée
entérine également l'adhésion
- 1801 – Albertini Jean-Louis 1802 Livaldi Charles - 1803 Mangé Dominique - 1804 – Cavasso André 1805 Lebouteiller Laurent - 1806 Jean-Faure Bruno - 1807 – Gras Jean-Michel 1808 Venturi Sylvain - 1809 - Gastaud Bernard Dr - 1810 - Zaccure Pascal 1811 Blouet Yves
- 1606 - Kuleyan Jean-Pierre
1717 Lisbona Jean Jacques
- 1011 - Lorenzi Jean-Louis
- 917 - Raybaud Guy
914 Turbier Robert
- 67 – Turrel Marcel
- 73 - Verdun Emmanuel
Ainsi qu’une radiation : 1402 - Brial Jean-Georges
Toutes ces propositions sont approuvées à l’unanimité
La liste des personnes chargées de l'administration pour l'année 2019 figure dans le formulaire CERFA n° 13971*03 joint en annexe.
Pour terminer, il faut également mentionner les nombreuses distinctions dont la FNAC a honoré certains de nos amicalistes très méritants :
I /PORTE-FANION CHASSEUR
MÉDAILLE DE BRONZE DEUX PALMES
GHERARDI Fabrice ICARDO Laurent
DALMASSO Jacques
Mme DAVRAINVILLE Maguy
Mme FANTOLA Josette
FIGHIERA Jean
FINE Alain
GAZZANO Gianpiero
Mme MERGY Marylène
Mme PELI Christiane
Mme PIGNARD Jeanine
POURCHIER Jean-Charles
ROCCA Roger
ROSSINI Philippe
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II /LETTRES DE RECONNAISSANCE ET DIPLÔMES D’HONNEUR FÉDÉRAUX
- LETTRE DE RECONNAISSANCE FÉDÉRALE (POUR LES SYMPATHISANTS)
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- DIPLÔME D’HONNEUR FÉDÉRAL (POUR LES CHASSEURS)
AMMIRATI Claude
BAYSANG Pierre
BELARDI Jean-Marc
CARLE Roger
CARPENTIER Jacques CROSERA Bruno
De LAVAREILLE Jacques
MATHIEU Jean-Claude NARDINI ROUX Christian
PIGUET Robert
PLUMEAU Louis
LCL PONTET André
RAMO François
ROBAUT Olivier RUSSO Frédéric
SERENI Augustin
SILLI Raoul Frédéric
II /MÉDAILLES
MÉDAILLE D’ARGENT SYMPATHISANT (>12 ans à l’amicale)
ZULIANI Renato
MÉDAILLES DE BRONZE CHASSEUR (>6ans à l’amicale)
Général AVON Pierre
BAUYSSONNADE Roger
Général CHATENOUD Philippe
GRISON Paul
HERISSON Georges
Général MOREL Alfred
PLACE Michel
Colonel POGLIO Louis
LCL ROSSI Jean-Pierre
TORITI André
LCL TREMOULET Frédéric
- MÉDAILLES D’ARGENT CHASSEUR (>12ans à l’amicale)
BONSIGNORI Maurice
CAMILLA Pierre
MÉDAILLES D’ARGENT AVEC ROSETTE CHASSEUR (>17ans à l’amicale- (Quota de 10/an pour toute la France)
LCL TREMOULET Georges
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Toutes les questions de l’ordre du jour ayant été abordées, le président donne la parole aux personnalités présentes pour clôturer l’assemblée générale.
- Maître André Bezzina, 1er adjoint et représentant le maire de Villefranche nous confirme que l’intégration d’un lieu de mémoire des chasseurs alpins maralpins est considéré comme une priorité par la municipalité.
La colonelle Marie Christine Fix, représentant le DMD/06, présente l’état de nos armées.
- Le général Bertrand Vouillemin exprime sa satisfaction pour le dynamisme de l’association.
Son propos est prolongé par celui de Daniel Favard au nom de la FNAC.
La parole est ensuite donnée à Philippe Rossini, représentant le président du conseil départemental.
La séance est levée à 12h30, après l’exécution de la Sidi Brahim et des hymnes nationaux italiens et français.
A Nice, le 22 mars 2019
La secrétaire
La trésorière Michelle Avigdor Christine Trémoulet
Le président Jean Pierre Martin
Au cours de notre Assemblée Générale, Monsieur Claude Négrié, président de l’Association Nationale P.T.T Anciens Combattants V.G, est intervenu pour faire don à notre association du fanion de la Sidi Brahim de Nice qui était présidée par le général Robert Bayle.
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3. Devoir de mémoire.
Le 363E RI pendant la Grande Guerre Suite et fin
Occupation du secteur de Pierremande Quoiqu’il fût présumé que le saillant occupé par le régiment serait d’un moment à l’autre l’objet d’une attaque allemande, ce n’est que le 5 avril que l’ennemi nous en laisse entrevoir les indices matériels. Un ordre de bataille reçu de la division mentionne la présence dans le secteur de plus de deux divisions allemandes. Sur la demande du colonel Pichot-Duclos, l’artillerie française exécute des tirs de destruction. Le 6 avril à 3h45, un violent tir de contre batterie est déclenché par l’artillerie ennemie, faisant prévoir une attaque en force. Celle-ci se déclenche à l’aube.
À 7 heures, Chasny Sud est pris, après une lutte désespérée de la 19e compagnie dont le chef, le capitaine Raffaelly, est tué en pointant luimême une mitrailleuse.
Le capitaine Gineste, commandant toutes les troupes opérant dans la forêt de Coucy, se replie devant des forces supérieures sur la voie ferrée Rond d’Orléans − Sinceny, qu’il est obligé de quitter peu après, étant tourné par sa gauche au pont de la voie ferrée, sur le ruisseau de Grêve. À 11 heures, les Allemands prennent Aurigny-Rouy, parviennent jusqu’à la station de Barisis et la route d’Amigny à Sinceny. À 15 heures, la situation devient critique ; les Boches sont précédés de cinq avions volant bas, mitraillant nos lignes, jetant des grenades et fléchettes, et jalonnant notre front au moyen de fusées. Une concentration de feux d’artillerie est exécutée à l’est de la ligne Pierremande – Autreville – ruisseau de Grêve. Plusieurs petits détachements arrivent en renfort. Une cinquantaine de permissionnaires équipés et armés, sous les ordres du lieutenant Chapeaublanc, viennent former une dernière réserve sur la crête à l’ouest de Pierremande.
La situation paraît enfin calée, lorsqu’un message téléphoné du commandant Poulet fait connaître que les Allemands ont pris Bichencourt. Un puissant barrage est instantanément concentré sur ce point, interdisant à l’ennemi de déboucher du village.
Un ordre du général de division parvenu le 7 vers 1 heure du matin prescrit le repli du 363e RI sur la rive gauche de l’Ailette, qui s’effectue dans de bonnes conditions, vers 7 heures, couvert par le barrage d’artillerie française exécuté avec une précision impeccable.
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Pendant ce temps, la compagnie Ortel dont on était sans nouvelles et qui avait été attaquée de flanc et à revers par des forces supérieures, exécute un repli méthodique, couvert sur son flanc par le 14e chasseurs, dont les mitrailleuses ont tiré 60.000 cartouches. Elle est recueillie par le 246e RI (55e DI), avec lequel nous étions toujours en liaison, et va rejoindre à Selens, le 8 avril, le 363e RI qui est retiré de la bataille. Pendant 27 heures, le régiment a soutenu une lutte inégale avec une énergie farouche, infligeant à l’ennemi des pertes considérables, dont nous avons par des récits qui ont été faits des preuves multiples. La plus palpable est l’aisance avec laquelle le régiment s’est décalé. Le bataillon Martin, le meilleur de tous, a été détruit, mais il a péri glorieusement, personne de ceux qui le connaissait n’en doute. Il est à signaler spécialement l’habileté manœuvrière du capitaine Massoni et du capitaine Gineste, la fermeté du commandant Poulet qui a donné ses faibles réserves aux voisins et a tenu avec un cordon de troupes, la splendide attitude du capitaine Ortel et de l’aspirant Nallet. L’artillerie a donné, dans des circonstances difficiles, un appui précieux. Pertes subies pendant la période du 2 au 8 avril : officiers, 21 ; troupe, 1061.
Le 363e RI dans les combats de Champagne (8 avril-16 octobre 1918)
Le régiment fait mouvement et, après plusieurs étapes, arrive aux cantonnements deDampierre-le-Château, Dommartin-sur-Yèvre, Rapsécourt (Champagne). Un détachement du 66e RI vient le renforcer, et le 6e bataillon du 334e RI dissous reforme le bataillon Martin, détruit lors de l’attaque allemande du 6 avril.
Le régiment relève, dans la nuit du 24 au 25 avril, le 256e RI dans le sous secteur Crochet, en liaison à droite avec le 163e et à gauche avec le 215e . Le 14 mai nous repoussons un coup de main ennemi, qui utilise des obus à gaz.
En général le secteur est calme, l’activité de l’artillerie ennemie presque nulle, la nôtre exécutant souvent des tirs de harcèlement et de réglage. Le 28 mai, l’ennemi effectue un violent et long bombardement par obus à gaz de tous calibres à l’est du PC Wilson ; l’artillerie française riposte énergiquement. Après cette préparation, les Allemands tentent, le 1er juin, un coup de main sur le PA Éperon, et laisse entre nos mains six prisonniers dont deux blessés, ainsi que quatre tués.
Le 363e RI s’installe dans le sous secteur de Courtine, en liaison à droite avec le 215e et à gauche avec le 158e (43e DI). Dès les premiers jours de juillet, des renseignements nous permettent de savoir qu’une attaque ennemie est imminente ; le dispositif est alors
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adapté comme suit : Les trois bataillons sont répartis sur la position intermédiaire, à l’exception de fractions peu nombreuses laissées dans les groupes de combat et sur la ligne des réduits (première position), qui ont pour mission de retarder l’ennemi le plus possible, tout en se repliant et en évitant le corps à corps, et de signaler sa présence. Trois postes d’observations sont établis. Dans la nuit du 14 au 15 juillet, à 23 heures, on apprend par téléphone de l’ID (infanterie divisionnaire) que quatre Boches faits prisonniers ont déclaré que l’attaque doit se déclencher le 15 juillet, la préparation à minuit. L’ordre de se replier est aussitôt transmis aux éléments de la première position. En effet, à minuit dix, un violent bombardement ennemi se déclenche, par obus de tous calibres, de Minenwerfer, qui bouleversent nos premières lignes ; une grande quantité d’obus toxiques et lacrymogènes s’abat sur notre position intermédiaire et les emplacements de batterie. À 4h15, le bombardement redouble de violence. Le sergent Bourdier, laissé sur la première position au poste d’observation B, aperçoit l’ennemi qui s’avance en deux vagues précédées par de petits groupes progressant dans les boyaux. Conformément aux ordres reçus, il lance deux fusées à chenille (artifice de signalisation) et, accompagné des soldats Barel et Simoney, réussit à traverser les deux barrages et à regagner sa compagnie. À 9 heures, la position intermédiaire est violemment bombardée, mais ne peut être atteinte par l’ennemi qui se voit arrêté par nos tirs de barrage sur la première position. Il s’installe sur la ligne des réduits, essaye, mais en vain, de pénétrer nos lignes. L’attaque allemande a complètement échoué.
Le sergent Bourdier, les soldats Barel et Simoney, tous trois volontaires pour cette délicate mission, restent le seul groupe d’observateurs rescapé, les deux autres ayant été submergés par les vagues allemandes de tête, sans avoir eu le temps d’envoyer leurs fusées. Ces trois militaires « n’ignoraient pas qu’ils allaient à une mort à peu près certaine, car les boches ne les auraient pas eu vivants », comme ils le disaient sans aucune forfanterie.
« Ils ont rempli leur mission jusqu’au bout, au milieu d’un effroyable bombardement ; ils ont envoyé leurs fusées à chenille, les seules qui aient été vues, au moment précis où ils devaient les envoyer. Ils se sont repliés en marchant entre le barrage allemand et la première vague d’assaut, c’est-à-dire à 80 mètres au plus de l’ennemi. Ils ont ensuite traversé ce barrage et sont rentrés en se faufilant parmi les obus de tous calibres. » (Extrait du rapport du lieutenant colonel de Franchessin). Le sergent
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Bourdier s’est vu décoré de la Légion d’honneur, les soldats Barel et Simoney de la Médaille militaire, en récompense de leur bravoure. Le 16 juillet, l’ennemi est encore sur nos lignes de réduits qu’il aménage, et semble vouloir conserver cette position. Le 18 juillet, en liaison avec le 215e RI, le 363e reprend le réduit de Beauséjour. La 22e compagnie, après un brillant assaut, s’empare du réduit du Crochet en capturant 28 prisonniers, dont un Feldwebel du 160e IR, et trois mitrailleuses. Le 19 juillet, après une violente préparation d’artillerie, la 19e compagnie s’empare du réduit de la Truie, que l’ennemi a pu évacuer avant l’arrivée de nos troupes d’assaut. Le 20 juillet, la 15e compagnie reprend le réduit Lupia, après une lutte acharnée et une vive résistance de l’ennemi, dont ses deux contre-attaques n’obtiennent aucun résultat. Pertes éprouvées pendant cette période : officiers, 11 ; troupe, 443.
Occupation du secteur de Massiges (26 juillet-24 septembre 1918)
Le 363e est relevé du sous secteur Balcon par le 23e BCP (bataillon grassois), et va occuper le sous-secteur de Massiges, encadré à droite par le 4e cuirassiers et à gauche par le 163e RI. Secteur peu tranquille : nombreux coups de main de part et d’autre et activité des deux artilleries, bombardement de la part de l’ennemi par projectors (lanceurs d’obus chimiques).
En prévision de la prochaine attaque, le 363e est relevé le 23 septembre par le 299e RI, une compagnie du 230e RI et le 5e régiment de tirailleurs, et occupe le 25 septembre le secteur Fer de Lance Signal de la cote 171 – CR de Sapin-Signal. Pertes : 6 officiers, 185 hommes de troupe. Attaque du 26 septembre 1918 Le dispositif d’attaque pour le régiment est le suivant : en tête le bataillon Brisbarre (5e), en arrière le bataillon Moreteaux (6e) ; le bataillon Poulet est mis à la disposition du général commandant la 161e DI. Le 25 à 23 heures, la préparation d’artillerie française commence avec une grande violence ; l’ennemi ne réagit d’abord que faiblement. À 5 heures 25, l’attaque d’infanterie est lancée ; un brouillard très dense, augmenté par la fumée des obus, gêne la marche, mais permet d’arriver sur la rive sud de la Dormoise, de franchir cette rivière bordée de marécages avant que l’ennemi ne se soit rendu compte de notre progression. La marche sur la gauche est plus difficile. Le 369e RIVS et le 163e RI progressent péniblement sur la cote 188 où de nombreuses mitrailleuses sont fortement installées. Le 28 septembre le 363e se porte, à la pointe du jour, à l’assaut de la position ennemie Kunpen Nass, qu’il enlève rapidement. Les jours
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suivants il occupe successivement le Mont-Cuvelet, le Château des Rosiers, la Ferme Joyeuse, la voie ferrée de Challerange. Le 6 octobre, le régiment est retiré de la bataille. Pendant onze jours, il a soutenu de durs combats, et contraint l’ennemi à reculer, malgré les défenses accessoires accumulées depuis plusieurs années, les obstacles matériels et accidents du terrain défendus par l’ennemi avec un grand acharnement au moyen de très nombreuses mitrailleuses. Le 363e a réussi à progresser de douze kilomètres, capturant à l’ennemi de nombreux prisonniers, une grande quantité de mitrailleuses et de matériels de toutes sortes, 4 Minenwerfer, 5 canons de 105, 4 canons de 150 et 3 canons de 77. Pertes subies pendant l’attaque de Champagne du 26 septembre au 6 octobre : 11 officiers et 424 hommes de troupe. Le régiment est cité à l’ordre de la IVe armée avec le motif suivant : « Brave régiment ; sous le commandement d’un chef estimé de tous, d’une bravoure et d’une conscience remarquable, le lieutenant colonel de Franchessin, a, au cours des opérations du 26 septembre au 6 octobre 1918, enlevé dans un élan splendide des positions formidablement organisées par l’ennemi depuis quatre ans, franchi d’un seul bond, sous le feu des mitrailleuses allemandes, un ruisseau à bords marécageux d’une largeur de 5 à 600 mètres, et conquis ensuite pied à pied une zone de terrain d’une profondeur de douze kilomètres. A fait plus de 500 prisonniers, capturé 16 canons de tous calibres, plus de 100 mitrailleuses et un matériel considérable. »
Le sous-lieutenant Tamineau est fait chevalier de la Légion d’honneur, les adjudants Thibert et Champion, les sergents Bruno et Viotti, le caporal Lesieur reçurent la Médaille militaire, l’adjudant Horte, le sergent Arago, le caporal Glou, les soldats Vallier et Briault reçoivent la Croix de guerre avec palme ; le caporal Silvestre, les soldats Charles et Andrieu la Croix de guerre avec étoile vermeille.
Tous ceux qui connaissent leur héroïque conduite et les services qu’ils ont rendus à la cause commune se réjouissent avec le colonel de ces récompenses si bien méritées.
Marche du régiment vers l’Alsace. Occupation du secteur de l’Hartmannswillerkopf
Le 363e RI quitte la Champagne, arrive en Alsace le 16 octobre 1918, et occupe le secteur de Hartmannswillerkopf, où il séjourne jusqu’au jour de l’armistice. Il perd quatre hommes durant cette période. Le 11 novembre, une grande agitation règne chez l’ennemi qui chante, crie, agite des banderoles blanches en criant « Vive la paix ! » Beaucoup
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de prisonniers italiens rentrent dans nos lignes, ainsi que des soldats alsaciens.
Le 17 novembre, le régiment fait une entrée triomphale à Soultz (Alsace), vivement acclamé par la population aux cris de « Vive la France ! » et au milieu des maisons pavoisées. Il défile successivement à Ensiheim, Munchhouse, où il cantonne jusqu’au 17 décembre. Il fait mouvement et, après plusieurs étapes, arrive à Strasbourg le 4 janvier, où il est à la disposition du gouverneur militaire.
Le 363e est dissous le 31 mars 1919
Ce jour là, le drapeau est présenté une dernière fois au régiment rassemblé. Le colonel de Franchessin prononce l’allocution qui suit : « Officiers, sous officiers, caporaux et soldats du 363e !
Par ordre du maréchal de France, commandant en chef, le 363e RI sera dissous aujourd’hui. Pour la dernière fois, nous venons de rendre les honneurs à notre drapeau.
Ce drapeau que la France nous avait confié au mois d’août 1914, nous le lui rendons auréolé de gloire. Dans les Vosges, sur la Somme, dans l’Aisne, en Champagne, partout où il a combattu, le régiment a moissonné des lauriers. Il a noblement rempli sa tâche.
Ces lauriers, nous les avons chèrement payés, hélas ! Trop nombreux sont nos braves camarades tombés au champ d’honneur, sans avoir eu la joie de voir la victoire que leur sacrifice a préparée. Levons nos cœurs vers eux, et saluons bien bas leur mémoire ! Sa carrière glorieuse, le 363e l’a terminée dans une apothéose : ce fut l’offensive victorieuse de septembre 1918, puis la victoire, l’entrée en Alsace reconquise, le séjour à Strasbourg sa capitale. Et maintenant, c’est la démobilisation, la rentrée prochaine dans leurs foyers du plus grand nombre d’entre vous, le bonheur de retrouver leurs familles, de jouir enfin des bienfaits de la paix, qu’ils ont si vaillamment gagnée.
Mais si grande que soit la joie de l’heure présente, ce n’est pas sans un serrement de cœur que je me sépare des braves compagnons d’armes à la tête desquels j’ai eu l’honneur d’être placé. À tous, je souhaite le bonheur qu’ils ont si bien mérité ; à tous, je dis du fond du cœur : « les dangers, les épreuves et les joies que nous avons partagés pendant ces années de guerre ont créé entre nous tous les liens d’estime, de confiance réciproque et d’affection que la séparation brutale ne saurait détruire. Quelles que soient les circonstances dans lesquelles le sort nous aura placés, je resterai pour vous l’ami paternel et dévoué que je me suis toujours efforcé d’être. »
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Le 4 avril 1919, le drapeau du 363e RI est ramené au dépôt de Nice, sous la conduite du lieutenant Chapeaublanc, et placé dans la salle d’honneur de la caserne Rusca.
Au cours de la Grande Guerre, le régiment de réserve du 163e RI aura perdu, selon l’historique du régiment, 91 officiers, 51 sous officiers et 532 soldats. Ces chiffres sont certainement à revoir à la hausse, du fait de nombreuses lacunes dans le JMO ici retranscrit.
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COMMÉMORATION DE LA BATAILLE DE NARVIK À NICE
Encore une belle cérémonie en ce mercredi 29 mai 2019 pour la 79ème commémoration de la bataille de Narvik. La bataille de Narvik fut la première victoire alliée du début de la guerre, le 28 mai 1940, dans laquelle notre bataillon, le 22e, n'a pas eu l'honneur d’être engagée. Ce fut l'affaire du 6e BCA qui était le bataillon de tradition de la ville de Nice jusqu'à la Grande Guerre, mais aussi des 12e et 14e BCA.
Après le lever des couleurs par notre amicaliste André Claude Bélardi, Jean-Pierre Martin, président de l'Amicale nationale du 22e BCA, nous fit le récit des combats en citant celui qui en fut l'acteur le plus important, le général Antoine Béthouart. (Vous trouverez l’intégralité de son discours ci joint). Jean-Marc Giaume, adjoint au maire de Nice, délégué à l'éducation, lui succéda pour remercier les nombreux participants à cette cérémonie. Trois gerbes ont ensuite été déposées : la première, commune aux chasseurs alpins, aux légionnaires et aux marins, par le LCL Jean-Pierre Martin, le major Claude Bruno, représentant le colonel Jean Pierre Languin, président de l'Amicale des Anciens de la Légion étrangère et par Claude Bridon, président de l'AMMAC, suivie de celle du Conseil départemental des Alpes Maritimes par Philippe Rossini, conseiller départemental représentant le président Charles-Ange Ginesy accompagné du général Jean-Luc Janin et pour terminer celle du maire de Nice, Christian Estrosi et de son conseil municipal, représentés par messieurs Jean-Marc Giaume, Olivier Robaut, délégué aux anciens combattants, Maurice Alberti, délégué à la vie associative, aux œuvres caritatives et aux relations avec les armées, François Rabut, responsable de la mission du centenaire de la Grande Guerre, accompagnés du capitaine Daniel Pensa, représentant le DMD 06 et du capitaine Nicolas, responsable du recrutement des forces armées, bureau «Terre» à la caserne Filley. Etait aussi présent Monsieur Gérard Matelot, président départemental des Médaillés Militaires. Après la sonnerie aux Morts et la minute de silence, la musique des Sapeurs pompiers de Nice, dirigée par le commandant Romain Mussault, joua La Marseille, suivie de la Sidi-Brahim pour les chasseurs alpins, du Boudin, la marche de la Légion étrangère, et de l'hymne de l'infanterie de Marine.
Les personnalités remercièrent chaleureusement la vingtaine de portedrapeaux et porte-fanions présents ainsi que les musiciens.
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Les amicales chasseurs des A-M étaient représentées avec leurs fanions respectifs portés par Alain Barale, Fabrice Gherardi et Jacques Bonavita et celle de la Sidi Brahim de Toulon et du Var par François Etienne, représentant Alain Theuret, président régional de la FNAC (Fédération Nationale des Amicales de Chasseurs) venu tout spécialement de Toulon. Ensuite la municipalité invita la nombreuse assistance à partager le verre de l’amitié, entre les anciens bâtiments de l'officier de permanence et du poste de police.
Et pour ceux qui l'avaient souhaité, un déjeuner convivial réunit une trentaine de participants au Caffé d'Angely. Il n'y avait qu'à traverser l'avenue des Diables bleus…
Christine TREMOULET
Lien pour l’album photo de Georges TREMOULET: https://photos.app.goo.gl/RcyqwLKtVxfA39cq8
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l’eSPRIT DE NARVIK
Pour évoquer cette bataille de Narvik, quoi de mieux que de donner la parole à celui qui en fut l’acteur le plus important, et le plus déterminé, le général Antoine Béthouart : « Nos soldats ont écrit à Narvik l'histoire d'une épopée dont le nom, à la fois dur comme le fer, clair comme la gloire, et mystérieux comme le grand Nord, Narvik, devait jaillir comme lueur de joie et de confiance aux jours sombres de mai 1940 et laisser au cœur des 10.000 garçons qui l'ont vécue un souvenir prestigieux. C'était aussi un objet de fierté nationale. C'était donc une raison d'espérer.
C'était aussi l'épopée héroïque de quelques milliers de Français qui, partis sur mer à des centaines de kilomètres, jetés sur des côtes enneigées au nord du cercle polaire, avaient su y combattre et y vaincre et dans quelles conditions.
Un ennemi, coupé certes de ses communications maritimes, mais renforcé de tout le matériel pris par lui dans les dépôts de l'armée norvégienne, soutenu et ravitaillé par une puissante aviation et qui portait bientôt ses effectifs à dix bataillons contre les neuf du Corps expéditionnaire franco polonais et les bataillons norvégiens du général Fleischer.
Un terrain extraordinairement difficile, fait de montagnes abruptes, rocheuses, découpées par des fjords profonds, couvert jusqu'à la mer d'une neige fondant rapidement, transformant en cloaques chemins et vallées.
Un climat rude, au ciel sans nuits, ces nuits tant attendues ailleurs pour échapper aux coups de l'aviation.
C'est dans ces conditions que, après des combats très durs et menés en pleine neige, par les 6e, 12e et 14e bataillons de chasseurs, la 13e Demibrigade de Légion Etrangère, transportée et magnifiquement appuyée par la marine royale britannique, réussissait, le 13 mai, à Bjerkvik, le premier débarquement de vive force de cette guerre.
Un débarquement de vive force, face à la puissance des armes modernes, beaucoup, Français ou Alliés, n'y croyaient pas et pourtant, celui de Bjerkvik fut un magnifique succès.
Qui sait si ce " précédent" n'a pas incité les états majors alliés à développer l'étude des procédés et des matériels spéciaux grâce auxquels, finalement, la guerre a été gagnée.
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Ce dont je suis certain, par contre, c'est que bien des hommes, au récit de cet exploit se sont laissé gagner par l'espoir d'autres débarquements. Treize jours après Bjerkvik, l'amiral lord Cork and Orrery, commandant en chef, et le général Auchinleck me communiquaient l'ordre d'évacuation de la Norvège, rendue nécessaire par les graves événements de France. Narvik était étroitement enserrée. L'attaque était prévue pour le 28. Embarquer sous les yeux de l'ennemi installé à Narvik, à cette époque sans nuit, du soleil de minuit, c'était courir le risque certain de voir nos troupes, nos plages d'embarquement, nos bateaux assaillis par toute l'aviation allemande ; c'était aller au-devant des pires catastrophes.
« Dans ces conditions, général, maintenez-vous votre attaque du 28 ? Oui, amiral. Général, je vous appuierai » Nous avons attaqué et pris Narvik avec l'ordre d'évacuation en poche, puis, tout en commençant l'évacuation, nous avons poursuivi l'ennemi et nous l'avons laissé, acculé à la frontière suédoise, dans une situation d'où il ne voyait plus rien, qui ne lui laissait plus d'espoir. Après quoi, sans qu'il s'en aperçoive, nous sommes partis, emmenant avec nous, en Angleterre, tous nos blessés et plus de trois cents prisonniers.
Au cours de ces opérations, nous avions infligé à l'ennemi des pertes infiniment plus fortes que les nôtres et lui avions pris 150 mitrailleuses, 10 canons et 8 avions.
Aussi, dans les jours sombres qui ont suivi, le nom de Narvik devenait il un symbole, celui de la vaillance française, la preuve que l'armée, écrasée en France par le nombre et le matériel, n'avait pourtant pas dégénéré, et, qu'à égalité, elle savait encore vaincre.
Dans le désastre du moment, c'était une lueur d'espoir, l'assurance de la victoire future.
La France a laissé sous la terre norvégienne, 250 des siens. Depuis, les anciens de Narvik ont jalonné de leur sang les étapes de la Libération : campagnes de la France Libre, El Alamein, Bir Hakeim, campagnes de Tunisie, d'Italie, de France et d'Allemagne, combats obscurs de la Résistance et des maquis où les vainqueurs de Narvik se trouvaient tout naturellement attirés.
Ainsi sont ils restés fidèles jusqu'au bout, au symbole d'espoir et de victoire que représente, depuis 1940, le nom de leur épopée, Narvik. »
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Et voilà ce qu’écrivait le 18 mai 1941 le commandant Célerier, chef de corps du 6e BCA, futur héros de la Résistance et mort au combat en 1945 :
« Après la débâcle de l’année dernière, beaucoup ont cru que cette foule désordonnée, qui fuyait vers le sud, était l’armée française. Trop vite, certains ont conclu que les Français avaient perdu les qualités de leur race. […] Le Français, encadré, vivant dans un milieu où subsistent le culte de l’honneur et de l’esprit de corps, reste égal à lui-même. »
Cette victoire oubliée, obtenue dans les conditions les plus difficiles, a su galvaniser ceux de ses acteurs pour qui la guerre ne serait jamais terminée, et qui ont puisé dans ces souffrances et cet honneur préservé la force de combattre encore. Comme l’affirmait Ernest Renan :
« Oui, la souffrance en commun unit plus que la joie. En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que les triomphes, car ils imposent des devoirs. »
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4. Réseau National.
SELESTAT
/ AG DES DIABLES BLEUS D'ALSACE
La fraternité et le patriotisme à sauvegarder
La onzième assemblée générale statutaire des Diables Bleus d'Alsace qui regroupe huit amicales d'anciens chasseurs à pied, alpins et mécanisés des deux départements, s'est déroulée ce samedi 23 mars 2019 au quartier Cambours de Sélestat.
Dans son allocution de bienvenue, le président Gilbert Dollé a remercié de leur présence à cette assemblée, qu'il préside pour la septième fois consécutive, les présidents et les membres des différentes amicales. Il a également salué les personnalités invitées, dont le président fédéral de la FNAC (Fédération nationale des amicales de chasseurs) René Watrin, le député Antoine Herth et le maire de Sélestat, Marcel Bauer. Une minute de silence en hommage aux camarades disparus au cours de l'exercice a précédé l'ordre du jour.
Le secrétaire général Jean Robert Haefélé a procédé à la lecture du procès-verbal de l'AG 2018 qui a été approuvé à l'unanimité. Dans son rapport moral, le président a rendu hommage à ses prédécesseurs à l'origine de la fondation de l'Amicale régionale. Il a également mis à l'honneur les membres du bureau qui tout au long de l'année l'ont secondé en toutes circonstances. Il a particulièrement félicité les porte fanions René Greiner(67) et Robert Bouillon(68), pour leur disponibilité aux différentes cérémonies mémorielles.
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Il a également remercié tous les participants chasseurs à la belle SidiBrahim régionale qui s'est déroulée au monument aux Morts de Sélestat et dans la salle Sainte-barbe.
Concernant la baisse inéluctable des effectifs, il a rappelé "Nous continuerons à être unis et groupés dans le respect de nos valeurs et de l'esprit chasseur, fiers de notre tenue bleue et de nos traditions". Faisant référence à l'actualité, le président a livré quelques réflexions inspirées par le contexte international, et surtout la situation conflictuelle qui perdure en France. Parmi les inquiétudes exprimées, la mondialisation qui fragilise l'économie et le tissu social, un chômage endémique et une immigration non maîtrisée. Il a rappelé: "Nous vivons dans une société dans laquelle on n'hésite pas à souiller des tombes et à vandaliser des symboles de notre histoire et de la République, où l'on met en cause nos institutions en oubliant les notions de fraternité, de patrie et de patriotisme".
Le rapport des activités 2018 par le vice président Alain Finel a précédé le rapport financier du trésorier Roland Hoffmann. Un bilan confirmé par les vérificateurs aux comptes Michel Cornet et Jean-Pierre Vogt, qui ont demandé quitus pour la trésorerie et décharge au bureau. A l'élection statutaire, tous les membres qui se sont représentés ont été confirmés dans leurs fonctions.
La remise de la médaille de bronze des sympathisants par le président fédéral René Watrin à Christiane Dollé a été suivie d'un dépôt de gerbes devant le monument aux Morts du quartier et le traditionnel repas de cohésion.
JR. HAEFELE
Délégué régional Alsace de l’Amicale nationale du 22e BCA
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Journée Nationale des Déportés
Le dimanche 28 avril dernier s'est déroulée à Lunel une cérémonie commémorant la Journée Nationale du Souvenir des Déportés. A cet hommage ont également participé d'anciens chasseurs à pied et alpin demeurant à Lunel. Sont représentés les 6e, 11e, 15e, 16e, 22e et 25e bataillons.
Le cortège s'est d'abord rendu devant la stèle dédiée à Jean Moulin, avec dépôt d'une gerbe et chant des Partisans, puis au monument aux Morts. Après lecture du message de madame le ministre des Anciens combattants, un hommage solennel (dépôt de gerbe, sonnerie aux Morts suivie d'une minute de silence, Marseillaise chantée par l'assistance) a été rendu à tous ces braves.,
Les remerciements d'usage par les autorités présentes parmi lesquelles Madame Francine Blanc adjointe, représentant Monsieur Claude Arnaud, maire de Lunel, ont clos la cérémonie.
L’amicale du « 22 » était représentée par notre ami Daniel Thiery
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Le Carnet.
NOS PEINES
C’est avec une grande tristesse que nous faisons part des décès de : Nicole Bonavita, survenu le 24 janvier 2019, épouse de notre ami Jacques à qui nous présentons nos très sincères condoléances. Et de notre grand ancien Yves Pellegrin, survenu le 26 janvier 2019, à sa grande famille nous présentons nos très sincères condoléances.
- Ammirati Claude, survenu le 17 mars 2019, à sa famille nous présentons nos très sincères condoléances
Obsèques Yves Pellegrin
Conduire une association comme la nôtre est pour moi souvent source de joie, de partage et d’amitié profonde. C’est aussi, trop souvent malheureusement, l’occasion de ces départs, quand l’une ou l’un de nos camarades largue sa barque vers des lointains inaccessibles. Nous nous retrouvons aujourd’hui dans la peine et la communion autour de Claude, la fille de notre ami Yves Pellegrin et toute sa nombreuse famille. Yves, je le revois encore, à l’occasion de nos réunions, ou lorsque nous festoyions chez Gilles, au Bistrot nissart. Je le vois assis, réservé, taiseux, son regard bleu de lavande perdu dans ses souvenirs. Et dans ses yeux, je voyais défiler tout un imaginaire, tous ces fantômes du passé qui avaient traversé son existence tourmentée dont il parlait si peu, et avec une telle modestie. Je croyais l’entrevoir, conduisant ses tirailleurs, en file indienne, l’œil aux aguets, sur les diguettes des rizières ; ou déployés à travers l’herbe à éléphant, quand ils n’étaient pas rassemblés au crépuscule à l’abri précaire des palissades d’un petit fortin, scrutant anxieusement la nuit d’où pouvait surgir à tout moment le Viet. Parfois, il croyait entendre le mugissement des buffles attelés, tirant la charrue dans les terres inondées. D’autres souvenirs remontaient, les interminables traversées
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sur le pont du Pasteur, où l’on tuait le temps en tapant la belote ou en chantant. Et puis cette visite médicale, en 1950, où on lui apprend qu’il ne lui reste que quelques mois à vivre suite à une blessure de guerre ! Et puis changement radical de décor. Nous sommes sur les pentes calcinées des Aurès ou dans les montagnes du Djurdjura, avec les chasseurs du 22, traquant le fellagha embusqué au fond de cet oued ou dissimulé derrière cette mechta. Parfois part un coup de feu ou une rafale, et c’est un camarade qui tombe… Et enfin le retour, vers la métropole, la rage au ventre, rage d’avoir fait tout ça pour rien, en abandonnant harkis et populations à la vindicte du FLN.
Voilà ce que tu fus, mon ami Yves ; voilà tel que je te voyais, à travers cette méditation que tu nourrissais et que tu évoquais si peu. Mais l’on finit toujours par ressembler à ce que l’on est, et nous ressentions tous en nous-mêmes tout ce qui te traversait. Comme si nous l’avions vécu aussi. Aujourd’hui, te voilà en partance pour ta dernière mission, ta dernière Opex. Nous ne pouvons, là non plus, t’accompagner. Pas encore. Mais nous savons que tu ne seras pas seul, et qu’au terme du voyage, comme sur le Pasteur, tu vas retrouver tous tes chers disparus, tes camarades de combat. Adieu, notre camarade ; bon vent, et que le ciel te garde.
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Jean-Pierre Martin
NOS JOIES
Le 27 décembre 2018 est venu au monde le petit Faustin, 18 eme arrière petit-fils d’Yves Pellegrin, nous lui souhaitons tous nos vœux de bonheur et nos félicitations aux heureux parents.
FELICITATIONS
Bravo à Christophe Trémoulet (fils de Georges et Christine et frère de Frédéric) pour son titre de champion de France de ski (slalom géant 2 manches) dans sa catégorie Master 3 et 8eme au scratch, toutes catégories confondues, lors du 20eme championnat de France des polices municipales qui s’est déroulé à Saint-François Longchamp le 23 mars 2019.
Et il est 1er de son équipe d’Antibes qui est devenue championne de France.
Liste des 42 donateurs au 10 Juin 2019
Barale A, Mme Barale F, Barre, Bastien, Bauyssonnade, Bernard Y P, Mme Bonaldi, Bonavita J, Borra, Bulcourt, Carle, Chassery, Corallo, de Lavareille, Duplan, Espet, Ferroud-Platet, Filaire, Florence, Guitart, Hérisson, Journaux, Lacoste, Lions, Matelot, Mathieu J C, Maurizi, Metz, Morel, Mouriès, Murguet, Nigretti, Mme Péli, Pintos, Place, Rinaldi, Russo, Mme Trémoulet C, Trémoulet G, Troupel, VeyratParisien et Vouillemin pour un total de 858 €.
A ce jour il reste 38 cotisations en retard (dont 13 sur 2 ans) pour 180 cotisants.
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Moi j’connais bien la vie me disait mon Grand Père, un Grand Père philosophe et presque centenaire. Il cultivait la terre et soignait ses pommiers. Il me disait : « C’est beau, quand tu les vois pousser, quand tu les vois fleurir, que les fruits vont mûrir, qu’il faudra les cueillir, sans quoi ils vont périr. » C’est ça la vérité, pas seulement pour les pommes, mais où qu’c’est embêtant, c’est qu’c’est vrai pour les hommes. Et quand j’me r’ garde en face, j’ai bien envie d’me dire : « Avec le temps qui passe, c’est pas marrant d’vieillir. »
Moi, lorsque j’étais jeune, j’étais comme le Grand Père, j’faisais les quatre cents coups, j’avais l’feu aux artères. Je croquais n’importe quoi, tout c’qui m’faisait envie : les filles, l’amour, l’argent. Quoi, j’mordais dans la vie avec des dents de loup et une mâchoire de lion. J’avais, sans les brosser, des gencives en béton.
Et ben, c’est comme les pommes : les molaires, les canines ça fleurit, ça mûrit et un jour ça s’débine.
Alors, devant ma glace, j’ai bien envie de m’dire : « Avec le temps qui passe, c’est pas marrant d’vieillir. »
Au printemps d’ma jeunesse, j’en avais une tignasse, des jolis ch’ veux blonds bouclés qui n’tenaient pas en place, et pour être bien coiffé les jours de tralala, j’devais en employer des tubes de gomina.
Et puis, avec le temps, comme les roses se fanent, mes tifs ont foutu l’camp, malgré le Pétrole Hahn, malgré le Dop Dop Dop, et mes cheveux maintenant ont la blancheur Persil. Persil, ça lave plus blanc, mais quand j’me r’ garde en face, j’ai bien envie de m’dire : « Avec le temps qui passe, c’est pas marrant d’ vieillir. »
Et pourtant, et pourtant, quand je pense au chômage, aux rivières polluées, aux forêts qu’on ravage, si je devais refaire toute mon existence, repartir à zéro, aurais-je autant de chance ? C’est certain, on a connu la guerre en d’autres temps, mais ça on s’en foutait car on avait vingt ans, et devant les paumés, et devant les drogués, je crois qu’l’avenir n’est pas follement gai. J’ai eu ma part de joie, j’ai su la retenir, et je suis comme je suis, pas mécontent d’vieillir, puisque, de toute façon, on n’peut pas rajeunir. S C
Calligraphié et mise en forme par Roland Gourdet, membre récent de l’amicale.
37 GrAnd Pere diSAit…
Cher président, J’ai bien reçu ce diplôme et cette médaille que m’attribue la FNAC et que vous avez eu la gentillesse de m’adresser. En vérité, je ne sais pas bien pourquoi sinon au bénéfice de l’âge ? cette médaille m’est attribuée. Je vous ai dit, en temps voulu, que je ne viendrai pas assister à l’assemblée générale. Je le regrette pour de nombreuses raisons, mais je ne suis pas rétabli complètement. Donc des regrets, mais pas de remords ! Recevez, avec mes félicitations pour la manière dont vous avez jusqu’à maintenant assumé vos responsabilités… et vos activités historiques et littéraires, le témoignage de ma très fidèle amitié.
Général Pierre Avon
Cher président, Je viens vous remercier de m’avoir décerné la médaille de bronze de la FNAC. C’est un honneur pour moi, car si l’éloignement ne me permet pas d’être présent à Nice, je participe à certaines manifestations locales. J’étais présent au cimetière de Chasselay le 11 novembre 2018 afin de célébrer le 100e anniversaire de l’armistice de la Grande Guerre, avec la tarte bien sûr, avec une immense pensée pour mon père qui a combattu dans la Somme en octobre novembre 1916 au 22e BCA. Ma présence également lorsque je suis dans ma résidence de SaintAgnan-en-Vercors lors des commémorations de juillet 1944 entre autres… Bien que je ne sois pas présent à la FNAC régionale lyonnaise qui a dissous l’amicale des Diables bleus pour la remplacer, je vais me rendre au siège en mars pour voir et embrasser le fanion du 22e BCA, « le chamois » de la classe 16.
Je vais m’organiser en 2019 pour assister à une manifestation dans les Alpes Maritimes, afin de rencontrer les camarades chasseurs de notre Amicale nationale. Recevez, cher président, l’assurance de toute mon amitié « chasseur ».
38 Courrier
des lecteurs
Très cher président, J’ai bien reçu la lettre de reconnaissance fédérale qui m’a été envoyée le 20 février. Je m’en sens honoré et je vous remercie de tout mon cœur pour cette marque de reconnaissance que vous m’avez donnée. J’espère vous voir bientôt et je profite de l’occasion pour vous adresser mes meilleures salutations en mon nom et celui des Alpini de Mondovi.
Gianpiero Gazzano, président de l’ANA-Mondovi
Monsieur le président, Ce fut une surprise très agréable de recevoir, sur proposition de l’amicale du 22e BCA, le diplôme d’honneur fédéral. La cause chasseur m’est très chère, mais l’éloignement et l’assistance à ma fille Céline ne m’a pas permis jusqu’à présent d’apporter du soutien à votre équipe dynamique, humaine et chaleureuse. Je me permets de vous faire part de mon rêve : que la ville permette l’implantation d’un musée « bleu-jonquille », pour que le portrait de mon père, commandant du CI/22e BCA, puisse y reprendre place après son décrochage de celui du quartier Saint-Jean-d’Angély. Sinon les gens et les souvenirs précieux disparaissent et deviennent « encombrants ». Je vous présente, monsieur le président, ainsi qu’à votre équipe, mes respects.
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CHANGEMENT ADRESSES Michel Laugier Résidence Castel Julien 4 Av. Julien 06100 Nice Claude Pellegrin 7 Impasse Guidotti 06300 Nice
Pierre Baysang
Nouveaux amicalistes 2019
- 1901 – GOURDET Roland
- 1902 RAGON-SERINI Marie-Ange
- 1903 MURATORE Antoine
- 1904 – PRIN-DERRE René 1905 PUJALTE Guy
- 1906 – SCORDINO Guy 1907 CIAIS Bernard
DÉMISSIONS 2019
- 1601 BONAVITA Michel 203 TORITI André. Au 31/12 donc pour 2020
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IL Y A CENT ANS LE TRAITÉ DE VERSAILLES ; UNE PAIX
POUR RIEN ?
Le 28 juin 1919, cinq années jour pour jour après l’attentat de Sarajevo, était signé dans la Galerie des Glaces du château de Versailles le traité chargé de régler le premier conflit mondial. L’ambition des négociateurs était inédite et grandiose. Il s’agissait rien moins que de rendre la guerre impossible pour l’avenir. Comment ? En créant une Société des Nations dont le mandat serait de résoudre tous les conflits interétatiques par le dialogue et non plus par la force ; en donnant le dernier mot aux peuples et non plus aux États par le principe du droit des peuples à disposer d’eux mêmes. La démocratie plutôt que les alcôves des chancelleries. On sait ce qu’il en adviendra. Le jugement de l’histoire aura longtemps été impitoyable vis-à-vis du traité de Versailles, accusé d’être structurellement responsable des drames qui suivront deux décennies plus tard. Il n’aura laissé que des mécontents : les Français qui n’obtiennent aucune garantie réelle contre la résurgence de l’impérialisme allemand, les Britanniques pour qui l’équilibre européen prime sur toute autre considération, Wilson trahi par son Congrès qui désavouera son président, les Italiens privés de l’essentiel de leurs ambitions territoriales. Quant aux vaincus, avides de revanche, le Diktat de Versailles sera le chiffon rouge qui interdira toute idée de réconciliation avec les vainqueurs. Un siècle après la signature de ce traité, il est possible de porter un jugement plus nuancé sur cet acte diplomatique majeur du XXe siècle. Il s’agira d’abord de le resituer dans le contexte de l’époque de l’immédiat après-guerre. Il s’agira ensuite de montrer que d’autres possibles auraient pu se réaliser, et qu’il n’y avait pas de fatalité aux drames ultérieurs qui s’abattront sur l’Europe et le monde.
AVANT-PROPOS : UNE EUROPE EN RUINE
Il faut remonter au traité de Westphalie pour retrouver de pareils bouleversements européens. 1919 marque la fin définitive de l’Europe dynastique pour faire place à celle, non moins instable, des nationalités. Quatre empires qui avaient profondément marqué de leur empreinte le continent, allemand, autrichien, russe et ottoman, ont sombré dans la tourmente.
Les pertes humaines liées à la guerre sont monstrueuses et inédites dans l’histoire des conflits. Dix millions de combattants tués, treize millions de
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victimes civiles si l’on tient compte de celles de la grippe espagnole. Un pays comme la Serbie a perdu le tiers de sa population au cours du conflit. En France, 27% des 18-27 ans sont morts au combat. La proportion est peu différente en Allemagne, en Autriche ou en Italie. L’Autriche Hongrie a perdu 17% de sa population active, l’Allemagne 15% et la France 12%.
Dans la zone des combats, les destructions sont incommensurables. Pour la France, 350.000 habitations et 11.000 édifices publics ont disparu, et un million d’ha de terres arables inexploitables pour de longues années. On estime le montant des dommages matériels à 34 milliards de francs or. La France et la Grande-Bretagne ont perdu de 20 à 30% de leur flotte commerciale. Quant au coût financier, il est calamiteux : pour la France, la dette est passée de 33 à 219 milliards entre 1914 et 1919, de 17 à 196 milliards pour l’Angleterre, de 6 à 169 milliards pour l’Allemagne. Selon Gaston Jèze2, le coût total de la guerre pour notre pays s’élèverait à 223 milliards, soit une moyenne de 39 milliards par an contre 5 en 1914. Ajoutons que l’inflation, qui a abouti au franc Poincaré en 1928, conduit à une dévaluation des 4/5e du franc Germinal de 1914, provoquant la ruine des rentiers et d’une partie des classes moyennes. Mais les plus grands bouleversements concernent la redéfinition des frontières. Neuf nouvelles nations sont nées dix même si l’on y rajoute l’Eire − sur les décombres des empires défunts – Finlande, États baltes, Pologne, Autriche, Hongrie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie dont la stabilité est rien moins qu’assurée. Des millions de gens se sont vus attribuer une nouvelle nationalité, parfois à leur corps défendant. « Ainsi, il apparut impossible de créer autant d’États qu’il y avait de nationalités, en particulier dans les Balkans, parce qu’il était estimé que des États trop petits ne seraient pas viables. Dans ces conditions, il fallut réunir des nationalités qui n’avaient pas toujours de sympathie les unes pour les autres. Ce fut le cas de la Tchécoslovaquie et de la Yougoslavie. Par ailleurs, l’extraordinaire mélange des populations conduisit à multiplier les minorités. En Roumanie, sur 12 500 000 habitants, il y avait 1 308 000 Hongrois, 723 000 Allemands, 448 000 Ukrainiens, 358 000 Bulgares, 308 000 Russes, 57 000 Serbes ; en Tchécoslovaquie, sur 13 millions d’habitants, 3 200 000 Allemands et 750 000 Hongrois ; en Yougoslavie sur 14 millions d’habitants, 467 000 Hongrois, 505 000 Allemands, 439 000 Albanais, 150 000 Turcs et 231 000 Roumains ; en Pologne sur 26 300 000 habitants, 4 millions d’Ukrainiens, 1 300 000 Biélorusses, 500 000 Allemands, c’est-à-dire que, sauf en Yougoslavie où les
2 Les dépenses militaires de la France, Paris, 1926.
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« allogènes » n’étaient qu’un peu plus de 10 %, ailleurs ils dépassaient largement le quart de la population. Résultat, si en nombre absolu, à la suite de la disparition de l’Autriche-Hongrie, le total des minorités incluses dans un État étranger avait diminué, la situation était plus dangereuse, puisque de petits États se trouvaient confrontés à des risques de subversion par des minorités imposantes. La question des Allemands des Sudètes en Tchécoslovaquie allait bientôt le montrer3 . » Le traité de Versailles ne fera du reste qu’entériner ces créations spontanées d’États qui lui sont antérieures. Dernière conséquence de la guerre, l’ensauvagement des sociétés et les haines irréductibles provoquées par le conflit. Les rares voix qui prônaient le rapprochement entre les peuples n’étaient pas audibles, submergées par les discours de haine ambiants. Les représentants des puissances victorieuses doivent compter avec des opinions publiques qui exigent que les vaincus paient à la mesure de leurs forfaits vrais ou supposés. L’Europe, dont les idées, la culture, la technique rayonnaient sur le monde, se retrouve sans doute définitivement déclassée à l’issue de ce collapsus de civilisation.
I/ L’ÉLABORATION DU TRAITÉ
CONFÉRENCE DE LA PAIX
(18 janvier-28 juin 1919) : LA
Le 18 janvier 1919 se réunit pour la première fois au Quai d’Orsay la « Conférence préliminaire » destinée à fixer les grandes lignes de la paix future il convient de rappeler que l’armistice signé le 11 novembre 1918 ne met pas fin juridiquement à l’état de guerre, qui devra attendre un traité de paix signé en bonne et due forme par tous les protagonistes pour mettre un terme à cette situation. Cette conférence rassemble les vingt sept États vainqueurs, dont certains tout à fait anecdotiques4. Elle devient assez rapidement la « Conférence de la paix ». Sa tâche est immense, inédite. Elle devra tracer les nouvelles frontières d’une Europe bouleversée, disposer du sort des pays vaincus et de leurs colonies, assurer viabilité économique et politique aux nouveaux États, se pencher sur l’épineux problème des réparations, tenter de réintégrer la Russie dans le concert des nations, créer un nouvel ordre mondial qui puisse assurer une paix durable. Et cela à partir de principes qui sont loin de faire consensus.
3 Jean-Jacques Becker, Les conséquences des traités de paix in : Revue Historique des Armées N° 254/2009.
4 Comme le Népal, le Brésil, Costa Rica, Cuba, le Guatemala, le Honduras, Haïti, le Libéria, le Nicaragua…
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Or il n’existe aucun précédent historique à cette entreprise. Si l’on fait parfois référence au Congrès de Vienne de 1815, le contexte est radicalement différent. Dans la capitale autrichienne les vainqueurs, qui n’étaient que cinq, tous souverains de l’ancien régime restauré, redessinent la carte de l’Europe sans se soucier le moins du monde de la volonté des peuples, et aucun des États préexistants n’est menacé dans son existence.
L’armature idéologique de cette conférence reste le programme Wilson, soit les Quatorze points qui définissent une nouvelle approche de résolution des conflits ainsi qu’un fil rouge qui devra servir de guide à toute l’architecture, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ce qui consiste à faire coïncider frontières politiques et nationalités.
Les acteurs
du traité et leurs revendications
S’il s’agit au départ d’une conférence intégrant tous les États ayant participé à la victoire, assez rapidement les « petites nations » ne feront plus que de la figuration, le pouvoir de négociation restant contenu entre les quatre grandes puissances, USA, Grande-Bretagne, France et Italie. Une mention particulière doit être accordée au Japon qui, s’étant vu reconnue la liberté d’action pour son expansion asiatique, se désintéressera du sort de l’Europe. Il se constitue alors un Conseil des Dix, ou Conseil suprême, qui rassemble les chefs d’État et ministres des Affaires étrangères des quatre Grands, ainsi que deux délégués nippons. Dans les faits, après le départ de la délégation italienne en avril, les décisions majeures seront prises par trois seuls acteurs, Wilson, Clémenceau et Lloyd George. Il est intéressant de tenter de cerner les personnages et de percer leurs intentions profondes. Celui qui semble disposer des meilleures cartes, c’est bien le président américain Woodrow Wilson. L’entrée en guerre massive des Sammies a fait définitivement basculer le sort des armes. La puissance financière américaine s’est également révélée décisive. Et c’est bien le programme en quatorze points, accepté par tous les belligérants, qui a permis d’aboutir à la fin des combats. C’est pourtant Wilson qui a le moins d’intérêts matériels à défendre. C’est un universitaire, homme de principes, fermement pénétré de la mission messianique qui lui incombe, créer un nouvel ordre du monde. Les peuples ne s’y tromperont pas qui vont lui assurer un accueil enthousiaste lors de sa venue en Europe – la première d’un président américain. Mais il est, comme tous ses compatriotes, peu au fait de la complexité européenne. À la fin mars, il rédige le Mémorandum de
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Fontainebleau destiné à mettre en garde ses homologues contre les dangers d’une paix trop dure à l’égard de l’Allemagne. Or il est extrêmement fragilisé par la victoire des Républicains au Congrès en 1918. Aucun traité international ne peut être conclu sans l’aval du parlement américain, au sein duquel Wilson a perdu sa majorité. Or pour des raisons différentes sur lesquelles nous reviendrons, une large partie des Républicains est hostile à ce traité. Georges Clémenceau, le Tigre, n’a en vue que les intérêts français. Il ne ménage pas ses sarcasmes à l’encontre de Wilson : « Quatorze points ? Le Bon Dieu n’en a que dix ! » − allusion transparente aux Dix commandements. Il soutient également que « parler à Wilson revient à parler à Dieu ». Il est tout sauf un idéaliste. Il voit en l’Allemagne, même vaincue, un État prédateur et belliciste, qu’il s’agit d’affaiblir à jamais. Agissant seul, sans prendre langue de ses conseillers et sans informer le parlement de l’avancée des négociations, il va se battre avec la dernière énergie pour obtenir des réparations à la mesure des préjudices subis ainsi que les garanties de sécurité contre une nouvelle agression allemande. Au risque de se retrouver isolé dans les négociations. Mais la France, la plus meurtrie humainement et économiquement des puissances alliées, ne peut se résoudre à accepter que l’Allemagne conserve intact l’essentiel de sa puissance économique et politique. Plusieurs scénarios sont envisagés, dont le dépeçage du pays pour retourner à l’Europe westphalienne, ou bien, comme le préconise le maréchal Foch, ôter à l’Allemagne sa souveraineté sur la rive gauche du Rhin, base traditionnelle des invasions, pour la confier à l’administration des armées alliées. Le mot d’ordre est : « Sécurité d'abord - L'Allemagne doit payer - L'Allemagne paiera ». Lloyd George arrive serein à la conférence. Il a déjà obtenu avant même son ouverture l’essentiel des revendications britanniques, la maîtrise absolue des mers avec la neutralisation programmée de la flotte allemande, et le contrôle du Moyen-Orient, clé de la route des Indes, avec le mandat sur la Palestine et l’Irak. Il va pratiquer la diplomatie habituelle des Anglais, faite de cynisme et de pragmatisme, avec un mot d’ordre, éviter la rupture des équilibres européens. Ce qui revient à dire ménager l’Allemagne et contrarier les ambitions françaises. Car l’Allemagne est à la fois un partenaire économique majeur de la Grande-Bretagne, mais également un rempart contre le bolchévisme. Autant dire que les Anglais, traumatisés par l’horreur du conflit 743.000 morts, ainsi que 192.000 soldats de l’Empire – et qui ne sont pas prêts à intervenir de nouveau dans les affaires du continent, qui ont obtenu l’essentiel de leurs buts de guerre, ne feront pas de concession à leurs
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meilleurs ennemis français. Comme s’exprimait un membre du cabinet de guerre britannique, « nos adversaires à la table de paix ne seront pas uniquement nos ennemis. »
Le pays pour lequel les attentes étaient les plus fortes reste probablement l’Italie. Engagée sur le tard dans le conflit, fin mai 1915, elle avait obtenu pour prix de son ralliement d’importantes concessions territoriales de la part des franco-britanniques. Le traité de Londres signé le 26 avril 1915 assurait aux Transalpins, pour leur intervention militaire, le Tyrol autrichien jusqu’au Brenner, la rive ouest de l’Isonzo, Trieste et l’Istrie, ainsi que la côte dalmate de Fiume à Dubrovnik. Un autre traité, celui de Saint Jean de-Maurienne, conclu le 21 avril 1917, concédait aux Italiens la côte ouest de l’Anatolie. Mais Orlando, président du Conseil italien et négociateur à la Conférence de la paix, va se voir opposer une fin de non recevoir du président Wilson, pour qui il n’est pas question d’annexion de populations allogènes. Aussi la déception sera à la mesure des attentes. Dès le 24 avril, avant la fin de la conférence, la délégation italienne se retire. L’opinion transalpine ira dès lors vers ceux qui dénonceront le plus fort la spoliation de ses intérêts. D’autres, comme d’Annunzio, penseront qu’il suffit d’employer la force pour imposer ces mêmes intérêts. Il en fera la démonstration spectaculaire lors de la marche sur Fiume, qui servira de précédent, deux années plus tard, à celle de Mussolini sur Rome.
Organisation et déroulement des négociations
Il n’y avait que cinq États représentés au Congrès de Vienne de 1815. À celui de Paris, on compte vingt-sept États, chaque délégation comptant plusieurs centaines d’accompagnants. Il n’y a pas moins de cinq cents correspondants de presse dans la capitale française. « Entre janvier et juin, Paris fut tout à la fois le gouvernement du monde, sa cour d'appel et son Parlement : ce fut le lieu sur lequel convergeaient toutes les craintes et tous les espoirs5 » Parmi cette foule de collaborateurs, on trouve de hauts fonctionnaires, des diplomates, des économistes, des historiens, des géographes, des militaires, des juristes… Signalons notamment dans la délégation anglaise la présence du représentant du Trésor John Maynard Keynes, qui du reste démissionnera pour manifester sa désapprobation à la dureté du traité. Se greffe par-dessus tout un monde d’intervenants extérieurs, porte-paroles autoproclamés, représentants de groupes ethniques qui veulent leur place au soleil, pétitionnaires…
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5 Margaret Macmillan, Peacemakers. Six months that changed the World, John Murray, 2001.
La tâche est à ce point immense qu’on répartit le travail au sein de cinquante deux commissions, elles mêmes divisées en sous commissions. Tout cela se traduit par une paperasserie énorme, des liaisons très incertaines et une absence de coordination entre les différentes structures. Une mission, et pas des moindres, consiste à tenter d’évaluer le coût de la guerre afin de proportionner les réparations à exiger. C’est quasiment impossible, tant les paramètres sont nombreux et les outils économiques et intellectuels insuffisants. De sorte que le montant tout à fait arbitraire des réparations imposées à l’Allemagne ne tient compte ni de ses capacités financières, ni des préjudices subis. Il sera tout aussi malaisé de définir quel sera le tracé des nouveaux États, le sort des minorités, la place à accorder ultérieurement aux absents des négociations, pays vaincus et Russie. Mais cette immense machinerie tourne en définitive un peu à vide, car les véritables décideurs, le conseil des Quatre, agissent le plus souvent sans concertation avec les commissions, animés par une vision étroite de ce qu’ils considèrent comme l’intérêt de leur camp.
28 juin 1919 ; la signature
Après des mois de palabres et d’arguties, les décisions ne se prennent que dans les dernières semaines, ce qui explique la marque d’impréparation et d’inachevé de ce traité.
Le document final est un monument qui ne compte pas moins de 440 articles. Il n’est relu par les délégations des pays signataires que quelques heures avant d’être transmis aux vaincus. Surtout, il renvoie à des délibérations ultérieures nombre de points cruciaux, comme celui des réparations et de leurs modalités. Il est signé, selon la volonté de Clémenceau, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, là où fut proclamé le IIe Reich vainqueur de la France en 1871. Tout le cérémonial est destiné à humilier l’ennemi et lui faire sentir l’animosité des vainqueurs. La délégation allemande est composée de politiques de second rang, les responsables germaniques ayant refusé de cautionner cette mise en scène. Seuls se sont rendus à la signature Hermann Müller, nouveau ministre des Affaires étrangères, et Johannes Bell, ministre des Transports. Ils sont contraints de défiler devant une délégation de gueules cassées, tandis que dans les rues on fait défiler des voitures tirant des canons pris à l’ennemi. La délégation allemande n’a pris connaissance des conditions du traité que le 7 mai. Et il lui est précisé qu’aucune de ces clauses ne serait négociable. Elle qui s’attendait à une relative modération, conformément
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aux Quatorze points, est anéantie par la dureté du texte : « Le projet de traité contient des exigences qui ne sont supportables par aucun peuple. En outre, de l’avis de nos experts, nombre de clauses sont inexécutables. » Et de présenter des contre-propositions. Deux points notamment achoppent : la livraison à la justice des criminels de guerre, Kaiser, responsables politiques et militaires ; les articles 231 et 232, qui affirment la responsabilité allemande dans le déclenchement de la guerre, et l’obligation de payer des réparations pour les immenses préjudices subis.
Informé le gouvernement Scheidemann démissionne, refusant de signer cette « paix honteuse ». Mais les Alliés menacent alors d’envahir l’Allemagne et de la démanteler. Le nouveau gouvernement Bauer doit alors se résigner à la signature. Mais pour de longues années, le Diktat de Versailles assombrira les relations européennes, et interdira toute évolution pacifique.
II/ LES CLAUSES DU TRAITÉ
Ce traité international, qui entrera en vigueur le 10 janvier 1920, comporte différentes clauses que l’on peut regrouper en quelques chapitres. Clauses politiques et territoriales : L’Allemagne se voit amputée de différents territoires, à l’ouest comme à l’est. Outre l’Alsace-Moselle, réintégrée à la France avant le traité, elle perd les cantons d’Eupen et Malmédy cédés à la Belgique, le district de Hultschin à la Tchécoslovaquie, Posnanie, Prusse occidentale et Haute-Silésie à la Pologne. Elle perd toutes ses colonies que se partagent les vainqueurs. La Rhénanie est démilitarisée et occupée, la Sarre placée sous contrôle français, l’avenir du Schleswig du Nord et de la Haute Silésie serait décidé par référendum. Dantzig devient une ville libre, afin de donner une fenêtre maritime au nouvel État polonais, isolant ainsi la Prusse orientale de la mère patrie. Au total, l’Allemagne est réduite de 13% de son territoire européen et perd sept millions d’habitants. Au plan militaire, les mesures imposées par le traité sont draconiennes. Il faut s’assurer, selon les concepteurs de cet acte diplomatique, que l’Allemagne ne puisse plus jamais constituer une menace. Son armée est limitée à cent mille hommes. La conscription est interdite. La marine, réduite à 12.000 hommes, ne peut construire de bâtiments de plus de 10.000 tonnes, ni non plus de sous-marins. Elle se voit privée d’aviation militaire. La construction de chars, d’artillerie lourde, les gaz
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de combat lui est également interdite. Cette force militaire ne sera même pas capable de venir à bout de la révolution bolchévique et la République de Weimar devra faire appel aux Corps francs pour y mettre fin.
- Il comporte également des clauses économiques. L’Allemagne avait été contrainte le 11 novembre de livrer l’essentiel de son matériel ferroviaire et de ses camions. Elle perd la propriété de tous ses brevets industriels. Les fleuves Rhin, Oder et Elbe sont internationalisés et l'Allemagne doit admettre les marchandises en provenance d'AlsaceMoselle et de Posnanie sans droits de douane. En outre, le pays doit livrer aux Alliés du matériel et des produits. Enfin, l'Allemagne est astreinte à de lourdes réparations matérielles et financières. Le montant final en sera fixé après la signature du traité de Versailles, en 1921, à 132 milliards de mark-or. C'est un peu plus qu'une année du revenu national.
- Enfin, fait sans précédent dans les annales de la diplomatie, les Alliés imposent une clause morale, clause de « responsabilité de guerre », ou même de « culpabilité de guerre », visant tout à la fois à les exonérer de leurs propres responsabilités, et à justifier l’imposition de réparations financières au profit des pays agressés. C’est probablement l’article qui sera le plus ressenti comme injuste par l’opinion allemande. D’autres créations sont liées au traité de Versailles, comme la fondation du Bureau international de travail, établissant des normes internationales des conditions de travail, et qui a subsisté jusqu’à nos jours.
Le plus remarquable dans ce texte en est le préambule, qui sera commun aux cinq traités produits par la Conférence de la paix6, première section de chacun de ces actes diplomatiques, et qui jette les fondations d’une instance internationale, la Société des Nations, dont la philosophie politique s’inspire très largement des Quatorze points. Le Pacte de la SDN est rédigé du 3 février au 11 avril, parallèlement aux négociations de paix, et se fixe trois objectifs : faire respecter le droit
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6 Versailles (Allemagne), Saint Germain (Autriche), Trianon (Hongrie), Neuilly (Bulgarie), Sèvres (Turquie).
international, par la création notamment de la Cour permanente de justice internationale chargée de « connaître de tous différends d'un caractère international que les Parties lui soumettront. Elle donnera aussi des avis consultatifs sur tout différend ou tout point, dont la saisira le Conseil ou l'Assemblée »; abolir la diplomatie secrète, responsable de l’entrée en guerre en 1914 ; résoudre les conflits par l’arbitrage et non plus par la force. Objectifs éminemment louables, mais qui se heurteront au mur des réalités. Ce monument diplomatique, le plus élaboré de l’histoire, connaîtra bien des déconvenues dès lors qu’il s’agira de le mettre en application.
III/ L’APPLICATION ETLES CONSÉQUENCES DU TRAITÉ (1920-1939)
Le projet ambitieux d’établir une paix universelle se heurte à différents obstacles, dont les moindres ne sont pas que des puissances majeures comme l’Allemagne ou la Russie n’y ont pas été associées. Mais la principale défection viendra des États Unis eux mêmes qui, après en avoir été les instigateurs, refuseront de l’entériner. Et certaines des clauses du traité seront comme autant de bombes à retardement qui éclateront dans les années 30.
La non-ratification des Américains
Cette instance supranationale avait pourtant reçu un accueil plutôt positif. Les Anglais qui y voient une résurgence de la Sainte Alliance de 1815 permettant de stabiliser les frontières et les régimes en Europe ; pour la France, au début du moins, qui voulait la doter d’une force armée, sans toutefois l’obtenir, mais qui voit dans son acceptation une monnaie d’échange vis à vis de ses priorités, la rive gauche du Rhin et les réparations.
Wilson, qui se voulait le prophète du nouvel ordre mondial, a perdu les élections de 1918. Les Républicains comptent 44 sièges à la Chambre des représentants, et deux sièges d’avance au Sénat. Comme la ratification d’un traité nécessite une majorité des deux tiers au Sénat, Wilson doit débaucher 17 voix de l’opposition pour l’obtenir. Or il fera preuve de bien peu de sens politique en écartant tout représentant républicain de la délégation parisienne, et par son autoritarisme et sa volonté de faire du traité « la paix de Wilson ». Surtout, l’obligation pour les USA d’intervenir en cas de conflit européen apparaît comme compromettante pour la souveraineté nationale aux yeux des sénateurs.
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Par deux fois, le 19 novembre 1919 et le 19 mars 1920, le traité de Versailles sera rejeté par le Sénat. Les conséquences sont désastreuses. La SDN sans le pilier américain devient une coquille vide. Les accords de défense mutuelle entre les vainqueurs ne sont pas validés, laissant Français et Britanniques isolés en cas de renaissance de l’hégémonisme allemand. Par son fonctionnement même, la SDN se voit rapidement réduite à l’impuissance. Le Conseil de la SDN, l’équivalent du Conseil de sécurité de l’ONU, là où se prennent les véritables décisions, qui comporte quatre membres permanents : France, Grande Bretagne, Italie et Japon, mais également quatre membres élus, ne peut prendre de résolution qu’à l’unanimité, ce qui rend impossible toute décision courageuse. Pourtant, l’organisation obtient initialement quelques succès modiques. Pour régler un conflit entre la Suède et la Finlande en 1921 ; ou celui qui oppose Allemands et Polonais en Haute-Silésie ; ou quand elle tranche un autre différend entre Pologne et Lituanie pour la région autour de Vilnius en 1920. Elle supervise un certain nombre de mandats et y organise des référendums, comme celui de la Sarre en 1935. Elle sera même rejointe par l’Allemagne en 1926 et l’URSS en 1934. Mais elle sera totalement démunie face aux défis majeurs qui se présentent à elle : occupation de la Ruhr par la France en 1923, invasion de la Mandchourie par le Japon en 1931, remilitarisation de la Rhénanie et conquête de l’Ethiopie par l’Italie en 1935, crise des Sudètes en 1938. Elle ne jouera désormais plus aucun rôle dans la résolution des crises jusqu’à la Seconde guerre mondiale.
Des dispositions hasardeuses et lourdes des conflits futurs Voulant établir la paix perpétuelle le traité de Versailles, à travers certaines de ses prescriptions, a nourri lui-même les conflits qui éclateront plusieurs années après.
La première, et la plus grave, porte sur la recréation de la Pologne. Si l’intention en soi était louable, redonner des frontières et un État à une vieille nation européenne, les conséquences en seront désastreuses, jusqu’à être à l’origine de la Seconde guerre mondiale. Le problème, là comme ailleurs, est que la conception wilsonienne d’établissement des frontières, fondée sur le principe des nationalités, se heurte à l’extrême imbrication des peuples, des langues et des cultures dans la Mittel Europa.
Le résultat le plus immédiat en a été de provoquer la guerre russopolonaise de 1919-1921, qui faillit emporter le jeune État. L’imprécision de la délimitation des frontières, la volonté des bolchéviques d’étendre la
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révolution à l’Europe entière, et celle des Polonais de récupérer les territoires perdus lors des partages du XVIIIe siècle, ont ravivé les braises du premier conflit mondial.
Le deuxième problème récurrent concerne le statut de Dantzig, devenue ville libre sous le contrôle de la SDN, mais incluse dans les frontières douanières de la Pologne de façon à lui assurer un débouché maritime grâce au fameux corridor. Or elle est majoritairement peuplée d’Allemands, et isole la Prusse orientale de la patrie allemande. Là comme ailleurs, en Haute-Silésie par exemple, les revendications allemandes n’étaient pas totalement infondées, s’appuyant sur le principe des nationalités que l’on refuse aux vaincus. Tout aussi insoluble est le problème des Sudètes, peuplées majoritairement de populations germanophones, et rattachées à leur corps défendant à la Tchécoslovaquie, qui ne les ménagera guère. La crise des Sudètes fut à deux doigts de faire basculer l’Europe dans la guerre en 1938. Autre pays profondément insatisfait, l’Italie dont les gains de guerre, Trentin Haut Adige, Istrie et Trieste annexés sans aucune considération pour la volonté des habitants ne lui semblent pas à la mesure des sacrifices consentis. D’où l’expédition de Fiume de d’Annunzio, et indirectement la prise de pouvoir de Mussolini en 1922. Un dernier pays, la Turquie, niera toute légitimité au traité de Sèvres qui prévoyait notamment l’indépendance du Kurdistan et de l’Arménie. Kemal Atatürk remodèlera les frontières à sa manière et imposera par la force le traité de Lausanne, beaucoup moins défavorable.
En voulant satisfaire tout le monde, le traité de Versailles a fait plus d’insatisfaits, donc de conflits potentiels, qu’il n’a résolu de problèmes.
L’insoluble problème des réparations
« L’Allemagne paiera ! » C’est avec ce mot d’ordre simpliste que l’opinion française s’imagine pouvoir résoudre tous les problèmes d’après guerre, reconstruction, remise en état des terrains, indemnisation des victimes, compensations diverses… Le problème c’est que l’Allemagne, ruinée par la guerre, − le déficit des comptes courants atteint quarante milliards de marks en 1918 −, privée d’une partie de ses ressources par l’occupation de son avantpays rhénan, fragilisée par la révolution bolchévique, n’est guère en mesure de payer. De sorte que les engagements financiers de ce pays ne seront traduits en actes que très fragmentairement. La banque centrale allemande ne reculera devant aucun biais ni manœuvre dilatoire pour
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s’affranchir de ses obligations. En ce sens, l’hyperinflation de 1923, même si elle n’en est pas à l’origine directe, arrangera bien ses affaires. Après l’échec patent de la politique d’intimidation en occupant la Ruhr, Poincaré, sous la pression des Anglo-saxons, se résigne à aménager (lire réduire) le montant des réparations, condition sine qua non pour l’aide de banques anglo-américaines à la stabilisation du franc. Les plans se succèdent, plan Dawes (1924), plan Young (1929), moratoire Hoover (1932), jusqu’à l’annulation pure et simple de la dette allemande en 1934, après qu’Adolf Hitler ait décidé unilatéralement d’arrêter tous les paiements. Au total, l’Allemagne ne se sera acquittée que de vingt milliards de mark-or. Néanmoins, cette affaire des réparations va polluer les relations européennes pendant tout l’entre deux guerres, et le Diktat de Versailles, la paix dictée, frappe d’illégitimité la république de Weimar qui l’a signé, complice du coup de poignard dans le dos de la nation allemande. Les extrémistes n’auront de cesse de le dénoncer, jusqu’à ce que l’un d’eux, Adolf Hitler, ne parvienne au pouvoir. Lui qui déclarait : « Tant que la Terre tournera, aucune nation ne devra se déclarer prête à signer pareil traité honteux. »
IV/ LE TRAITÉ DE VERSAILLES, TROP DUR OU TROP DOUX ?
Si ce traité apparaît aux yeux des nations vaincues comme d’une dureté léonine, pour certains vainqueurs il est décrit comme trop timoré et insatisfaisant. Deux ouvrages essentiels pour la compréhension du XXe siècle s’affrontent, celui de J.M. Keynes, Les Conséquences économiques de la paix, et celui de Jacques Bainville, Les Conséquences politiques de la paix. Vu l’importance des décisions qui furent prises à cette époque et qui pèsent encore sur l’Europe d’aujourd’hui, il est particulièrement intéressant d’évoquer ces deux analyses qui comptent parmi les plus critiques et les plus lucides qui furent jamais écrites sur l’œuvre des négociateurs européens de la Conférence de Paris.
« Une paix trop douce pour ce qu'elle a de dur, et trop dure pour ce qu'elle a de doux. » C’est par cette formule que le grand historien Jacques Bainville dénonçait peu après sa signature les défauts inhérents au traité. Avec une lucidité stupéfiante, il prédisait dès 1920 les conséquences dramatiques qui en découleraient. Bainville y décrit avec précision et une logique irréfutable le processus de déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, l'annexion de l'Autriche par le Reich, la crise des Sudètes avec la Tchécoslovaquie et un pacte germano-russe contre la Pologne. Il
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prévoyait même l’alliance entre l’Allemagne et l’Italie. Et cela vingt ans en avance sur les événements. Selon lui, le traité a fait la part belle à l’idéologie wilsonienne au détriment du sens des réalités et des rapports de force : « Il n’y avait rien à reprocher à cette paix parce qu’elle était bonne au point de vue de la justice, et par conséquent aussi raisonnable que juste. D’autres traités avaient été des traités politiques. Celui-là était un traité moral. » « ses dispositions générales et essentielles, dont dépendent la solidité et le succès de toutes les autres, ont été arrêtées par des hommes qui ne se guidaient pas d’après l’expérience qui est la seule « technicité » de la politique, mais d’après quelques principes fort sommaires d’une philosophie oratoire […] Tout le monde sait, par exemple, qu’après avoir déclaré qu’un État composite comme l’Autriche Hongrie était indigne de vivre, le Conseil suprême s’est empressé de constituer, en Tchécoslovaquie, une Autriche nouvelle où se retrouvent six sur huit des nationalités dont se composait l’ancienne. » Car l’Allemagne, même vaincue, même humiliée, reste la puissance dominante d’Europe centrale, et rien ne pourra l’empêcher de se reconstituer, et de régler à sa manière les rapports de force européens : « On ne peut pas dire que le traité ne démembre pas l’Allemagne. Il la démembre nettement à l’Est, à un point sensible, très loin de la prise des Alliés. Il la démembre au profit de la Pologne, trois fois moins peuplée qu’elle et plus de vingt fois moins forte si l’on tient compte des faiblesses intimes de l’État polonais et des périls qu’il court. Regardez encore cette carte si parlante. Accroupie au milieu de l’Europe comme un animal méchant, l’Allemagne n’a qu’une griffe à étendre pour réunir de nouveau l’îlot de Königsberg. Dans ce signe, les prochains malheurs de la Pologne et de l’Europe sont inscrits. » Selon Bainville, maurassien convaincu, les nations sont soumises à des déterminismes qui s’inscrivent dans le temps long, et ont peu à voir avec les régimes politiques et leurs dirigeants. Ainsi, pour lui, l’Anschluss est inévitable, en raison de ces pesanteurs : « Trop grande tentation pour l’Allemagne de réincorporer à la patrie allemande les pays autrichiens. Trop grande tentation pour l’État de Vienne de rejoindre une communauté vaste et puissante. » Le vice fondamental du traité, selon lui, tient en ce qu’il a conservé l’unité allemande au lieu de la retourner à l’Europe westphalienne. Il reprend l’antienne de Thiers avant Sadowa : « Le plus grand principe de la politique européenne est que l’Allemagne soit composée d’États indépendants, liés entre eux par un simple lien fédératif. » Bref, pour
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Bainville, une deuxième guerre est inévitable dans les deux décennies à venir.
Tout autre est l’analyse de Keynes. Curieusement, son ouvrage majeur Les conséquences économiques de la paix, qui prend le contrepied de celui de Bainville, est écrit la même année 1920. Lui-même a fait partie de la délégation britannique à la Conférence de la paix avant d’en démissionner pour exprimer son opposition à ses décisions. Autant Bainville met l’accent sur le primat du politique, autant Keynes – et c’est en cela qu’il est particulièrement moderne affirme la primauté de l’économique. Et il insiste sur les liens d’interdépendance entre les États européens ; en affaiblissant au-delà du raisonnable les vaincus, les vainqueurs se pénaliseront eux mêmes. « Si, la guerre civile européenne ayant pris fin, la France et l'Italie devaient abuser de leur pouvoir momentané de vainqueurs pour détruire l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie aujourd'hui prostrées, elles provoqueraient leur propre destruction, en raison des liens psychiques et économiques cachés qui les rattachent profondément et inextricablement à leurs victimes. » C’est pourquoi il est totalement inconséquent de frapper lourdement l’Allemagne de sanctions économiques ; il faut au contraire lui laisser l’opportunité de se développer, se démocratiser, et ainsi prendre sa place dans le concert des nations. Évoquant l’Europe d’avant-guerre, il indique que « c’était autour de l'Allemagne, pilier central sur lequel tout reposait, que se regroupait le système économique européen, et c'est la de la prospérité et de l'esprit d'entreprise de l'Allemagne que dépendait au premier chef la prospérité du reste du continent. » Quelles solutions préconise-t-il ? Cela tient en quelques points : révision du traité ; annulation des dettes ; mise en place d’un prêt international pour relever l’Europe ; sortie de l’étalon or, enfin réintégration de l’URSS dans le concert européen, même s’il est sans illusion sur l’avenir du communisme. « La seule protection dont nous disposons contre la Révolution en Europe centrale est que, même aux yeux des plus désespérés, elle n'offre aucune perspective d'amélioration. » En définitive, aussi bien Keynes que Bainville ne dissimulent pas leur pessimisme sur l’avenir du monde.
Alors, fallait il brûler le traité de Versailles ? Ses négociateurs étaient confrontés à une tâche immense, sans disposer nécessairement des outils d’analyse idoines. Il y avait aussi la puissante pression des opinions publiques qui voulaient faire payer cher aux vaincus leurs forfaits
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supposés. Il aurait fallu des visionnaires ; mais il n’y avait que des politiques sans réelle envergure. Rien n’était écrit d’avance. Si les USA avaient entériné le traité et adhéré à la SDN, peut-être les choses auraient pris une tout autre tournure. Si la crise de 29 n’avait pas frappé de plein fouet une Europe en plein développement, Hitler n’aurait sans doute pas accédé au pouvoir. Il a pourtant manqué beaucoup de lucidité aux hommes de Versailles, prisonniers de leurs préjugés, de leurs haines, de leur absence de culture politique. Méditons avec Karl Marx : « Les hommes font l’histoire, mais ils ne savent pas l’histoire qu’ils font. » Et avec Chesterton : « Tous les hommes qui dans l’histoire, ont eu une action réelle sur l’avenir, avaient les yeux fixés sur le passé7 . »
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Lieutenant-colonel (h) Jean-Pierre Martin
7 Gilbert Keith Chesterton, Ce qui cloche dans le monde (1910)
NUL NE CRAINS
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