NUL NE CRAINS n° 124 de Juin 2021

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NUL NE CRAINS N° 124

Juin 2021

Grande guerre, défilé en haute Alsace

BULLETIN DE LIAISON DE L'AMICALE NATIONALE Du 22ème B.C.A et des troupes de montagne ; SIDI-BRAHIM de CANNES, NICE, VILLEFRANCHE-SUR-MER.


SOMMAIRE 1. LE PRESIDENT Page 1

Le mot du Président. 2. LA VIE DE L’AMICALE

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Opération cartes de Noël.

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Les rois en 2021. 3 RESEAU NATIONAL

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AG des DB de Colmar.

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Cérémonie à Lunel. 4. DEVOIR DE MEMOIRE

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Les combats du canal de l’Ailette.

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L’adjudant-chef Andreux.

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Le 8 mai 2021. 5. LA VIE DE L’AMICALE

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Encouragements ; nouveaux ; démissions ; donateurs ; félicitations…. 6. LE CARNET

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Hommage à Marcel Fine.

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Médaille d’argent à Jean Falicon.

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Nos peines. 7. COURRIER DES LECTEURS

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Les nombreux courriers de nos membres. 8. NOSTALGIE

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Une ancienne facture.


Le mot du Président LES LUMIÈRES ET L’INVENTION DU SOUS-HOMME Nous nous trouvons immergés dans un univers orwellien au sein duquel les mots ont perdu leur signification. Ou plutôt, où ils acquièrent souvent un sens opposé à celui qu’on leur attribue généralement. C’est ce que l’on appelle la novlangue. Orwell avait ainsi créé trois ministères, celui de la Vérité chargé de diffuser le mensonge d’État, celui de la Paix chargé de préparer et conduire la guerre, et celui de l’Amour chargé de torturer et d’exécuter les opposants. C’est ainsi aujourd’hui, pour ne citer que quelques exemples, qu’on ne doit plus dire djihadiste mais individu déséquilibré, éducation des enfants mais déconstruction des stéréotypes de genre, accueil de réfugiés pour dire intrusion d’immigrants clandestins, fachosphère pour désigner les sites de réinformation sur internet… Le langage cesse dès lors d’être un outil de communication et d’échange pour devenir un instrument au service de l’idéologie dominante. L’exemple qu’on va ici développer est celui de la philosophie des Lumières, sur lequel reposerait le socle des sociétés avancées et des valeurs républicaines. Il y a un tel décalage entre la doxa dominante et la réalité historique que l’on est en droit de s’interroger sur la nature de la société dans laquelle on veut nous faire entrer. Dans les faits, c’est à une inversion radicale de ces valeurs que cette philosophie des Lumières s’est attachée. Il n’est que trop commun aujourd’hui d’invoquer L’esprit des Lumières du XVIIIe siècle comme ferment des valeurs qui auraient fondé la République, via la Révolution. Notre actuel président s’en est revendiqué devant le Congrès en 2017 : « Je crois à l’esprit des Lumières qui fait que notre objectif est bien l’autonomie de l’homme libre, conscient et critique ». Or que met-on dans cet esprit des Lumières ? La contestation du pouvoir absolu de l’autorité politique de l’époque ; le combat contre l’injustice et l’ignorance ; l’opposition à l’esclavage ; la dénonciation de l’intolérance et du fanatisme religieux. Ce courant de pensée est porté par une caste constituée d’autoproclamés philosophes, dont les plus connus sont Voltaire, Rousseau, Diderot, Montesquieu, d’Alembert, d’Holbach, La Mettrie, Helvétius, mais aussi

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Condillac, Cabanis ou Buffon1. Ces esprits éclairés, succédant à des siècles d’obscurantisme illustrés par saint Thomas d’Aquin, saint Bonaventure, Descartes, Spinoza ou Pascal, entreprennent enfin la croisade pour écraser l’infâme et nous transporter vers les lendemains radieux, que sont la guillotine révolutionnaire et le génocide des Vendéens. Nous voyons bien tout ce que nous leur devons. Ce message des Lumières s’articule autour de trois thèmes majeurs, l’universalisme, la dignité humaine et la tolérance. Or force est de constater, si l’on se réfère aux propres écrits de nos philosophes, qu’ils prônaient précisément l’inverse de ces valeurs. Selon le mot de l’historien Xavier Martin, « ils ont chanté l’inverse de ce dont on les loue. » C’est ce que nous allons tenter de démontrer. Considérer la nature transcendante et irréductible aux autres créatures de l’espèce humaine est quelque chose de fort éloigné des préoccupations de nos philosophes. Il n’est pas vrai, selon eux, que l’humanité soit composée d’individus égaux en droit et en dignité. L’un des principaux rédacteurs et financeur de l’Encyclopédie, le baron d’Holbach, par ailleurs grand ami de Diderot, n’en fait pas mystère, allant jusqu’à nier l’identité de notre espèce : « Il est, dans l’espèce humaine, des êtres aussi différents les uns des autres que l’homme l’est ou d’un cheval, ou d’un chien. » On ne saurait mieux dire. L’espèce humaine, en bonne rigueur, n’existe pas. On emploie le concept d’espèce faute de mieux, pour désigner un amas d’individus sans autre relation commune que cette désignation2. La part de divin qu’il y aurait dans l’homme est une illusion, comme l’exprime madame de Staël « Je n’y crois pas plus pour le commun des hommes que pour les canards. » Diderot enfonce le clou : « Est-ce qu’il n’y a pas tel homme qui diffère plus d’un autre par son imbécilité que la bête de l’homme ? » Pour Diderot, l’homme se définit comme un « puceron à deux pieds qu’on appelle homme », opinion partagée par Voltaire qui qualifie l’espèce de « multitude de bêtes brutes appelées hommes. » Parmi ces créatures dégénérées, il y a des degrés de déchéance. Ainsi des Juifs, à propos de la Bible, ce « roman asiatique ». On sait l’antisémitisme forcené de Voltaire. En voici quelques illustrations, 1

Notons au passage que cette notion frauduleuse de Lumières est appliquée inconsidérément à des phénomènes qui n’ont pas grand-chose en commun. Ainsi du prétendu Islam des Lumières pour évoquer la prétendue cohabitation pacifique des communautés religieuses dans l’Espagne médiévale sous le joug musulman, fiction dont a fait litière le grand historien Serafin Fanjul (Al Andalus, l’invention d’un mythe). 2 Cette position s’inscrit dans le courant de pensée philosophique qu’on appelle le nominalisme, pour lequel les concepts ne sont que des artifices langagiers, ne recouvrant aucune réalité. 2


toujours concernant les Écritures, emplies de « toutes les dégoûtantes rêveries dont la grossièreté juive a farci cette fable » ; « Puisqu’on écrivait pour des Juifs, il fallait bien adopter leurs idées grossières empruntées des autres peuples un peu moins grossiers. » En 1771, son antisémitisme obsessionnel lui faisait écrire de ces mêmes Juifs « Ils sont tous nés avec un fanatisme déchaîné dans le cœur, tout comme les Bretons et les Allemands naissent avec les cheveux blonds. » Dans un essai l’année suivante, Voltaire a rendu un jugement sur les Juifs en ces termes : « Vous méritez d’être puni, car c’est votre destin. » Autre catégorie à subir la vindicte des Lumières, les noirs. Parlant des nègres, Voltaire peut s’exprimer en ces termes, qui lui vaudraient aujourd’hui la correctionnelle : « Leurs yeux ronds, leur nez épaté, et la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d’hommes des différences prodigieuses. » Le climat d’Afrique n’y est pour rien, puisque « des nègres et des négresses transportés dans les pays les plus froids y produisent toujours des animaux de leur espèce. » « C’est une grande question, écrit-il encore, parmi [les noirs] s’ils sont descendus du singe ou si les singes sont venus d’eux. Nos sages ont dit que l’homme est l’image de Dieu. Voilà une plaisante image de l’Etre éternel qu’un nez noir épaté, avec peu ou point d’intelligence ! » Et même un monogéniste pondéré comme Buffon ne dit pas autre chose : « Le nègre serait à l’homme ce que l’âne est au cheval. » Et l’on sait que Voltaire bâtira une partie de sa fortune sur la traite négrière. Mais dans cette hiérarchie de sous-humanité, on peut trouver plus bas encore. Ainsi, à l’article « Lapons » de l’Encyclopédie, on peut lire à propos des Hottentots cette appréciation flatteuse : « au-dessus des singes, comme un des degrés qui descendent de l’homme à l’animal. » Et ce mépris des civilisations inférieures se retrouve sous la plume de Bonaparte, tout imprégné qu’il était des Lumières, dans un courrier adressé au Directoire à propos des Arabes du désert : « C’est le spectacle de l’homme sauvage le plus hideux qu’il soit possible de se figurer. » Poursuivons cet inventaire de l’infra-humanité. Les femmes étaient parvenues tout au long du XVIIIe siècle à un certain degré d’élévation sociale, ce qui faisait dire à Frédéric II ̶ qui semblait préférer le commerce des hommes ̶ que la France était soumise au « règne du cotillon », tant le beau sexe régentait la Cour, le monde des lettres, les mœurs et la ville. Cela a pu choquer profondément nos philosophes, dont leur mépris pour l’espèce femelle s’affichait sans détour. Ils arguaient du fait que la femme est structurellement handicapée par ce fait que chez elle, les sensations ne s’y gravent pas en profondeur. Or selon leur doctrine, la pensée n’est que le produit des sensations. Ce qui fait dire à Rousseau « La recherche des vérités abstraites et spéculatives n’est point du ressort des femmes. », ce que confirme Voltaire dans son Dictionnaire 3


philosophique : « La supériorité de l’homme sur la femme est une chose entièrement naturelle ; c’est l’effet de la force du corps, et même de celle de l’esprit. » Rousseau ira jusqu’à nier la réalité du viol, prétendant que la femme y est toujours consentante ! Ce point de vue sera repris par les Révolutionnaires qui prendront soin d’exclure les femmes de la chose publique, et par le Code civil napoléonien qui leur assurera pendant des lustres un statut de mineures assistées. À ce mépris de genre se superpose un mépris de classe. La détestation du peuple par les Lumières est une réalité peu souvent mise en exergue. Car ce même peuple est, selon Voltaire, « entre l’homme et la bête », tant il est vrai « qu’il y a beaucoup d’idiots non pensants qui sont hommes, et si bien hommes qu’ils font des hommes, sans pouvoir faire un raisonnement » et auxquels « un bon chien de chasse est fort supérieur. » Rien n’est trop dur pour contenir les émotions de ces créatures décervelées, et « la populace est une bête féroce qu’il faut enchaîner par la crainte de la potence et de l’enfer. » Que Louis XVI n’a-t-il pas mis ce judicieux conseil en pratique ! L’Encyclopédie dresse l’inventaire de cette canaille. Les ouvriers, ces hommes grossiers, qui sont « dans un état de stupidité presque égal à celui des bêtes » ; les artisans, « les tisserands, les faiseurs de bas, les scieurs de pierre, à quoi sert d’employer à ces métiers des hommes de sens », tant leur stupidité leur tient lieu de savoir-faire ; quant aux paysans, « ce sont des bœufs, auxquels il faut un joug, un aiguillon et du foin. » C’est pourtant « cette populace abrutie et stupide » qui mettra fin à l’Ancien régime. Cette exclusion de l’homme de sa propre humanité ne s’applique pas, il est vrai, à tous. Il est une caste qui, seule, peut revendiquer cette appartenance. C’est celle des gens d’esprit. Ces gens de qualité que nos philosophes fréquentent assidûment, grande aristocratie, grande bourgeoisie, têtes couronnées…, et qu’ils courtisent de façon éhontée. Ainsi de Voltaire à Frédéric II : « Des millions d’animaux sans plume à deux pieds qui peuplent la terre [et qu’on appelle hommes] sont à une distance immense de votre personne par la qualité de leur âme comme par leur état. » Et d’Holbach va encore plus loin : « Quelle différence infinie n’y a-t-il pas entre le génie d’un Locke, d’un Newton, et celui d’un paysan, d’un Hottentot, d’un Lapon ? » Car la réalité est là. Les Lumières sont à l’origine même du concept de sous-homme, d’Untermensch, qui fera florès au XXe siècle. Sous-homme auquel on dénie toute dignité, et que l’on peut massacrer à loisir. La Révolution s’y fera les dents avec les suspects et les Vendéens.

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On pourrait aussi longuement gloser sur la prétendue tolérance des philosophes. La fameuse phrase attribuée à Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire » est apocryphe. Il ne l’a jamais prononcée, tout occupé qu’il était à faire embastiller le directeur de L’Année littéraire, ou à applaudir à l’écartèlement de Damiens, « misérable de la lie du peuple. » Il n’y a nulle compassion chez le patriarche de Ferney, surtout pas pour les noirs qu’il fait transporter, enchaînés à fond de cale, vers les Amériques. On verra ce qu’il en sera au chapitre de la tolérance chez un Robespierre, grand admirateur de Rousseau. En vérité, si l’on analyse objectivement le phénomène, la philosophie des Lumières est moins porteuse de démocratie et d’humanisme que de totalitarisme. On n’a pas manqué d’observer les inspirations qu’y a puisé notamment le national-socialisme. C’est ce qu’exprime par exemple la chaîne FR24 News dans son émission du 31 août 2020 : « Dans Des personnages nationaux, David Hume a écrit : « J’ai tendance à soupçonner les nègres d’être naturellement inférieurs aux blancs. » Emmanuel Kant a qualifié les Juifs de « nation de tricheurs ». […] Il n’est pas difficile de tracer la ligne historique entre l’antisémitisme de Voltaire et une Allemagne fanatiquement nationaliste voulant assassiner des ennemis qu’elle considérait comme sous-humains. Adolf Hitler est certainement devenu un étudiant passionné des discussions entre Frédéric le Grand et Voltaire alors qu’il formulait ses plans pour le Troisième Reich. […] » Cette philosophie des Lumières, qui sert de socle à la bienpensance actuelle, n’est en fait qu’une supercherie historique. Elle reprend dans les faits le principe orwellien de mutabilité du passé, l'Histoire étant réécrite en fonction des intérêts de la classe dominante car, comme l'assène le slogan de l'AngSoc, celui qui contrôle le passé contrôle le futur. Ce qui se vérifie concernant la représentation actuelle de la philosophie des Lumières se retrouve dans d’autres domaines de la recherche historique, esclavage, colonisation, où le fait de s’opposer à la pensée dominante devient un délit. La philosophie n’est pas qu’un exercice abstrait manipulant des concepts. Mal entendue, elle peut contribuer au délitement des sociétés. Le marxisme l’a tenté ; le progressisme post-soixantehuitard, nourri aux sources des Lumières, est en train d’y parvenir. On lira avec intérêt sur ce sujet l’édifiant ouvrage de Xavier Martin, L’homme rétréci par les Lumières, éditions Dominique Martin Morin. Jean-Pierre Martin

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2. La vie de l’amicale. Operation cartes de noel Trois écoles azuréennes ont pris part à l’opération « Cartes de Noël ». Pour les fêtes de fin d’année, les écoliers ont eu une pensée pour les soldats de montagne déployés en France et à l’étranger. Cette fois encore Alain Barale a réussi une collecte d’une centaine de cartes grâce à l’aide de Madame Fanny Lazaro, directrice de l’école de Saint-Etienne-de-Tinée et de Madame Marina Mouton enseignante à l’école d’Auron, et à Cannes de Mme Pascale Ghibaudo qui dirige l'école Sainte-Marie-de-Chavagnes.

A l’attention des amicalistes inscrits, l’assemblée générale de notre association aura lieu le : samedi 3 juillet au fort de la Drette. Réception à partir de 9h00. 6


Les Rois en 2021 La situation sanitaire du moment ayant entraîné la fermeture de la maison du combattant de Nice, le bureau de l’amicale a trouvé une position de repli dans l’appartement de Georges et Christine Trémoulet à Juan-lesPins pour y tenir le 2ème CA de 2020 (qui devait se tenir mi-décembre) et en profiter pour respecter la tradition de la galette des Rois. C’est donc en comité très restreint composé du président, des deux viceprésidents, de la secrétaire, de la trésorière et du webmaster, à savoir Jean-Pierre Martin, Alain Barale, Georges Trémoulet, Michelle Avigdor, Christine Trémoulet et André Avigdor que s’est tenu cette réunion le mardi 19 janvier en début d’après-midi. Après avoir « bouclé » l’ordre du jour du conseil d’administration, les participants sont passé à la dégustation de la galette et de la brioche arrosées de cidre bien frais. Nous avons levé notre verre à la santé de tous les membres de l’amicale puis les niçois ont repris la route afin d’être rentrés avant l’heure du couvre-feu à 18h. Espérons fortement que cette version minimaliste ne se reproduira plus et que l’an prochain nous pourrons à nouveau nous réunir pour trinquer tous ensemble et crier haut et fort « Vive le roi » ou « Vive la reine » ! Christine Trémoulet

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3. Réseau national. AG de la 301 Section des Diables Bleus de Colmar e

Georges Bossler nouveau président Les membres de la 301e Section des Diables Bleus de Colmar se sont retrouvés ce dimanche 16 mai 2021 dans les locaux du Para-Club, lors d’une assemblée générale au cours de laquelle s’est déroulée l’élection d’un nouveau président et le renouvellement du comité.

Le président par intérim Berny Lienhart a rappelé qu’organiser cette AG après une année 2020 sans activités, mais également sans président depuis le décès de Tom Borocco le 10 mars 2021, était une priorité. Il a rendu un vibrant hommage à l’ancien du 15e BCA de Modane et de l’Ecole Militaire de Haute Montagne à Chamonix, parti trop tôt. Véritable meneur d’hommes, il a su maintenir la cohésion et l’esprit chasseur propres à tous les bataillons bleu-jonquille. Une minute de silence a été observée à son intention, ainsi qu’à tous les chasseurs qui récemment ont rejoint d’autres sommets, ainsi que les militaires et les policiers tués en missions. La lecture du procès-verbal de l’AG du 20 février 2020 a été effectuée par la secrétaire Brigitte Lienhart. Les porte-fanions Robert Bouillon, Berny Lienhart et les remplaçants Boris Marquet, Jacques Royer et Ianis Marquet, ont rendu compte de leurs activités, qui suite à la crise sanitaire ont été minimales. L’exactitude des comptes présentés dans son rapport financier par la secrétaire Yvette Thiébaut a été confirmée par les vérificateurs aux comptes Georges Bossler et Boris Marquet. Deux nouveaux vérificateurs ont été nommés : Jacques Royer et Roger Lange. Georges Bossler, seul candidat au poste de président, a été élu par 23 voix moins une, dont 17 à main levée et 5 par procuration. Ancien du 1er, 8


31e et 30e BCP, il a été nommé chef de Bataillon en 1977. Il est officier de l’ordre national du Mérite et officier de l’ordre des Palmes académiques. L’élection des membres du nouveau comité et l’attribution de leurs fonctions ont été votées de manière identique. Dans son allocution, le nouveau président a remercié l’assemblée de la confiance qu’elle lui a accordée. Ce poste, a-t-il souligné, « je l’ai accepté pour rendre hommage à Tom Borocco, qui l’a assumé avec compétence pendant 22 années », nommant ensuite son épouse Babette, ici présente, membre d’honneur de la section.

L’AG a été clôturée par la remise de différentes récompenses fédérales : - Promotion des grands anciens : Médaille d’argent avec rosette à Jean Kachler, 94 ans (4e BCP). - Promotion normale : Médaille d’argent avec rosette à Philippe Thiébaut (22e BCA). - Sympathisants : Médaille d’argent sympathisant : Brigitte Lienhart et Charles Advocat. Médaille de bronze sympathisant : Jeanne-Marie Ohl. - Porte-drapeau chasseur : Médaille de bronze avec une palme : Boris Marquet (7e,13e,27e BCA, et 30e et 31e BCP). Jean-Robert Haefélé, délégué Alsace de l’amicale nationale du 22e BCA

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Cérémonie à Lunel En hommage aux déportés Photos et commentaire transmis par Daniel Thiéry, délégué régional de l'amicale pour l'Hérault. Sur la photo, Daniel Thiery est au micro et, sur la droite, les Alibert Père et fils : le père, Alain (amicaliste n° 1709),ayant reçu des mains de son fils Stéphane (Adjoint en charge des Associations d'Anciens Combattants, représentant Monsieur le Maire de Lunel) le diplôme d'honneur décerné par la FNAC sur proposition du Chancelier de l'Amicale du 22e BCA.

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4. Devoir de mémoire. Les combats du canal de l’ailette mai et juin 1940 Les souvenirs d’un jeune sous-lieutenant des troupes alpines. Le temps a passé si vite. Voilà quatre-vingt ans ce printemps que nos unités alpines ont dû affronter un ennemi puissant, mieux armé, dans une région de France qui avait déjà connue tant d’affrontements. Je viens en fait vous raconter un bref épisode de la vie de mon père, Paul de Lavareille dans le but, à travers l’histoire de son expérience (géographiquement limitée), de venir rendre hommage à toutes nos troupes alpines qui ont combattu dans cette région en juin 1940. Vous verrez ci-dessous une photo sur laquelle apparaissent trois générations d’officiers alpins. Il s’agit d’un photomontage par lequel un de mes amis a réussi, à partir d’une photo prise en avril 1940 lors d’une permission de mes père et grand-père, à écarter ceux-ci pour insérer une image de moi-même (modeste rédacteur et EOR) alors sous-lieutenant au 22e BCA en 1971 pendant mon service militaire.

En septembre 1939 mon grand-père Louis, qui avait été commandant au 13e BCA, était affecté dans un des forts de la ligne Maginot. 11


Mon père Paul venait de sortir de Saint-Cyr et de coudre ses galons de sous-lieutenant quand la déclaration de guerre l’avait surpris le jour de l’anniversaire de ses 19 ans dans sa ville natale de Chambéry. Les hasards de la mobilisation le firent affecter au 97e régiment d’infanterie alpine, formation de réserve ayant glorieusement combattu en 14-18, et qui était reconstitué pour la circonstance avec un faible encadrement d’active. Il était composé de Savoyards, ni plus ni moins belliqueux que la moyenne de l’armée française mais, comme le disait mon père « farouchement conservateurs en ce qui concernait le quart de pinard et tous aussi têtus que les mulets du train d’équipage ». À l’automne 1939, ayant constaté l’inaction (temporaire) des Italiens sur le front des Alpes, le haut commandement considéra que le maintien à grande échelle d’unités alpines dans nos montagnes s’avérait superflu et convia le 97e RIA à des incursions plus sérieuses dans les bois et collines d’Alsace. Mon père commandait alors une section de la 1ère compagnie du premier bataillon. Le front à l’époque était figé selon la frontière tracée par le traité de Versailles près des localités de Niederbronn et de Reichshoffen (ce dernier nom évoquant la célèbre charge de cavalerie du 6 août 1870). Impossible pour mon père (jeune et commandant des hommes de dix ans de plus que lui) de rester inactif, et il obtint de son commandant l’autorisation de créer un corps franc pour effectuer des missions de renseignement entre les lignes alors qu’à l’époque la consigne était d’éviter le combat. Trouver des volontaires demanda beaucoup de persuasion et de travail pour former un groupe qui connut pas mal de mésaventures dont je ne raconterai que celle-ci. En reconnaissance en tête mon père est tombé dans la forêt sur un poste ennemi dont les soldats ont ouvert le feu sur lui et son groupe. Déjà bien formé, son servant FM a tiré en direction du poste une longue rafale qui a fait « baisser le nez » aux Allemands et permis à mon père de se dégager sans casse pour son groupe. Mon père avait pris livraison la veille, à l’état neuf, dudit FM et n’avait pas eu le temps d’en essayer la précision. Le lendemain, au stand de tir du bataillon, le FM refusait de tirer la moindre cartouche et l’armurier devait constater que le percuteur avait été cisaillé au 3/4 en usine et n’avait pu servir, avant de casser, qu’à tirer la boîte de 24 cartouches la veille… Une permission permit à la mi-avril à mon père de retrouver son père et sa famille en Savoie (d’où la photo ci-jointe). 12


Le 10 mai marqua la fin de la Drôle de guerre avec l’attaque allemande sur tout le front. Le 14 la 28e division d’infanterie alpine recevait son ordre de départ et le 18 le bataillon de mon père installait son PC à un kilomètre au sud de Chavignon dans l’Aisne (à mi-chemin entre Laon et Soissons). La situation était déjà mauvaise et à dix kilomètres au nord la ville de Laon était surmontée de colonnes de fumée. Mon père reçut l’ordre de créer un point d’appui devant le canal de l’Ailette pour essayer d’arrêter les Allemands. Un pont Oger enjambait le canal (large d’une trentaine de mètres) et servait de support à la route nationale allant de Soissons à Laon. Le génie venait de le faire sauter au moment où l’ennemi abordait la rive nord du canal. Du fait de son armature métallique le pont s’était cassé en deux et affaissé en son milieu, mais facilement franchissable par des éléments d’infanterie. Mon père organisa au mieux, sur un terrain découvert, son point d’appui : trous individuels, barbelés, camouflage, creusement d’un fossé propre à arrêter des chars légers). Dans la nuit deux officiers et un sous-officier ont réussi à rejoindre le poste de mon père et, très choqués, ont expliqué qu’ils étaient dans un groupe de deux voitures qui se repliaient vers Chavignon à vive allure pour échapper aux tirs ennemis et que, surpris par la cassure du pont, ils étaient venus s’y écraser. À la faveur de la nuit ces trois hommes avaient réussi à passer le talus bordant le canal et basculer du côté français, prévenant que d’autres soldats étaient blessés et prisonniers des tôles du second véhicule. Que faire ? Français et Allemands s’échangeaient déjà des tirs meurtriers de chaque côté du canal. Le matin suivant le silence était devenu quasi total et seuls les oiseaux s’égosillaient dans la verdure de ce beau mois de mai. Est-ce que profitant de cette accalmie mon père pouvait prendre la décision de risquer la vie de ses hommes pour aller récupérer, peut-être des moribonds, dans la voiture accidentée ? Peut-être que deux hommes, sous la couverture de quelques tireurs postés sur le bord du talus-canal, pouvaient tenter le coup en se glissant par-dessus le bord du talus et ramper jusqu’à la voiture accidentée sous la protection relative du pont cassé ? L’arrivée de Grisard vint distraire mon père de sa réflexion. Le dominant de dix centimètres et d’une quinzaine d’années, Grisard était un sportif accompli et un des meilleurs éléments de la section. Mon père s’entendit dire « on y va » et Grisard lui répondre sans hésitation « on y va ». 13


Il plaça quelques hommes sur le sommet du talus avec l’ordre de répondre à tout tir allemand sans ménager leurs cartouches, et se glissa du sommet du talus jusqu’à la berge du canal, suivi de peu par Grisard. Tous deux en rampant réussirent à rejoindre la voiture accidentée et à en extraire trois blessés qu’ils ramenèrent sur la berge, poussèrent sur le sommet du talus (Grisard portant le plus blessé sur son dos). Mon père est le dernier à remonter en courant sur le talus et essuie alors un premier tir d’un Allemand qui, sous l’effet de la surprise, ne l’a pas ajusté. Puis c’est un déchaînement de feu allemand (auquel les tireurs français répliquent) une fraction de seconde après que mon père ait pu basculer du côté français du talus. Ouf ! c’était moins une. Les blessés sont évacués vers l’arrière, avec grande difficulté vu le réveil du front et sans qu’on ne connaisse l’identité des blessés et dont mon père n’entendra parler que… 27 ans plus tard. En effet, à l’initiative d’un des rescapés de l’affaire du pont de Chavignon, les protagonistes se sont retrouvés sur le plateau de télévision de l’émission Au rendez-vous du souvenir. Les jours suivants virent Français et Allemands chaque jour être tués des hommes sur leurs positions. Les Allemands avaient pu de leur côté du canal occuper la maison de l’éclusier d’où ils dominaient dangereusement la section de mon père lequel demanda à l’artillerie française un tir sur les positions ennemies prévu pour le 5 juin au matin. Pour éviter des tirs mal réglés mon père fit évacuer tous ses hommes 300 mètres en arrière où ils prirent un nouveau dispositif de combat à la lisière d’un bois. À l’heure prévue aucun tir d’artillerie mais le déclenchement brutal et généralisé de l’attaque allemande. Sous le feu des mousquetons et du seul FM encore en état (les servants de l’autre ayant été tués rapidement) les hommes de la section de mon père parvinrent à arrêter momentanément la ruée ennemie. Débordé sur son flanc droit et menacé d’encerclement, mon père replia les survivants sur le PC du bataillon où ils furent accueillis par des rafales de mitraillettes, celui-ci étant déjà investi par l’ennemi. De là il entraîna ses hommes en direction du plateau de la Malmaison où, retrouvant une unité du 40e groupe divisionnaire, il reconstitua un ultime nouveau point d’appui à 500 mètres en arrière du moulin de Laffaux. À vingt-trois ans de distance l’histoire se répétait puisque c’est là qu’avaient combattu héroïquement les cuirassiers à pied du général Brécard dans une attaque préalable à la grande offensive du Chemin des Dames.

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Le 7 mai au matin mon père se mettait à la disposition de son chef de bataillon qui le dévisagea sans rien dire… la bataille était perdue. Avec le reste de sa section mon père prit le chemin du sud et de la retraite. Je passerai sur les autres mésaventures que mon père et ses hommes ont connues parmi la cohue des réfugiés sur les routes. Deux faits cependant. Ils ont parcouru six cents kilomètres à pied. Tous ont suivi mon père et plusieurs ont même refusé d’être récupérés par un camion ne voulant pas abandonner leurs frères d’armes. Tous avaient conservé leurs armes quand ils ont été finalement démobilisés dans la Creuse. Le lieutenant Pravaz et mon père ont été les seuls officiers du 97e RIA à n’être ni tués, blessés ou prisonniers. Pendant ce temps mon grand-père Louis refusait d’être prisonnier quand le fort de la ligne Maginot où il se trouvait avait capitulé. Il faut dire qu’il avait été, jeune sous-lieutenant sorti de Saint-Cyr en 1912, blessé lors de la première attaque allemande en août 1914, laissé pour mort sur le terrain, récupéré par les Allemands, soigné dans un hôpital, envoyé en camp de prisonniers, échappé et arrêté à trois reprises… Il devait lui aussi, seul, se faufilant à travers les lignes ennemies, rejoindre son domicile chambérien. Voilà un petit (tout petit) morceau d’histoire qui illustre si bien je pense l’esprit de nos troupes de montagne d’hier, comme celles d’aujourd’hui, qui accomplissent des missions extraordinaires, souvent, hélas, dans l’indifférence générale d’un pays qui perd ses repères. Allez, comme on dit : « chasseur un jour, chasseur toujours. » Jacques de Lavareille PS : ces souvenirs sont extraits du chapitre Au rendez-vous de la chance du livre du colonel Rémy Avec et sans uniformes, la ligne démarcation, tome XXII ; Librairie Académique Perrin 1976.

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Un alpin parrain de la 346e promotion de l’ecole nationale des sous-officiers d’active Le 31 mars 2021, l’École Nationale des sous-officiers d’active (SaintMaixent l’Ecole) a accueilli le baptême d’une promotion teintée jonquille. Le 7 décembre 2020, la 346e promotion d’engagés volontaires sousofficiers a passé les portes de l’ENSOA. Elle a eu l’honneur d’avoir pour parrain l’adjudant-chef André Andreux. Homme d’exception, chef de guerre remarquable, il a su se distinguer par ses actions héroïques lors de la seconde guerre mondiale et lors des guerres d’Indochine et d’Algérie. Engagé en mars 1942, il fut maintes fois décoré. Les faits d’armes et d’histoire du parrain de promotion auront vocation à guider la détermination et l’exemplarité des jeunes élèves. Il est dès à présent un guide moral pour l’ensemble des Élèves Volontaires Sous-Officiers. Ses nombreuses qualités mettent en exergue les valeurs de courage, de loyauté, d’abnégation et de résilience si chères au métier des armes et indispensables à notre temps. Ayant été un chef exemplaire il guidera les futurs jeunes cadres afin que ces derniers deviennent les chefs de demain. D’une grande force morale il donna sans compter pour défendre la France et ses frères d’armes. Blessé grièvement à plusieurs reprises, il se releva après chacune d’entre elle pour retourner au combat, toujours déterminé à remplir avec succès la mission qui est sacrée. Servant en Indochine au 7e bataillon de montagnards situés sur les plateaux de l’Annam il a notamment été décoré de la Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures. Incorporé au 22e BCA début 1956 il y demeurera jusqu’à la fin de son service actif en 1965. Ayant l’âme et la fougue des alpins à cœur il incarna parfaitement les valeurs véhiculées par la devise du 22 « Nul ne crains ». En Algérie, et notamment lors de l’opération Beni Ouagag puis dans l’Oued Bou Serdoun, il s’illustra en mettant en déroute des insurgés. Après deux séjours en Algérie il incorpora le centre d’instruction du 22e BCA. La promotion s’inspire de sa vie, marche dans les pas de son parrain et porte avec fierté le souvenir de sa dignité et son dévouement à la France. 16


A l’occasion du baptême de la promotion, les élèves ont eu l’honneur de la présence du drapeau des chasseurs avec sa garde. Sur un plan plus affectif, ils ont également accueilli la famille de l’adjudant-chef Andreux, pour deux jours incluant une messe en mémoire de notre parrain, un échange sur sa vie avec toute la promotion et bien sûr la cérémonie du baptême de promotion. Parmi cette famille, sa petite fille devenue ellemême sous-officier il y a peu de temps. Emprunte de recueillement et de grandeur, la cérémonie a posé les piliers d’un attachement de la promotion au milieu montagnard : en effet quelques semaines plus tard, les élèves ont rejoint Modane afin d’y effectuer un stage d’aguerrissement en montagne. Ce sont autant de liens qui uniront désormais la promotion adjudant-chef Andreux et les sommets. EVSO Aurélie Jean Pagès, membre du bureau de l'amicale, qui a cotoyé et connu l'ADC Andreux à Tikjda devait se rendre à ce baptême de promotion. Malheureusement le vol qu'il devait prendre a été annulé au dernier moment.

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Adjudant-chef ANDRÉ ANDREUX Par Jean Pagès L’adjudant-chef André Andreux était un homme d’honneur et de caractère. Je l’ai connu en 1958, en Algérie ; nous étions tous les deux chefs de section à la deuxième compagnie du 22, sous les ordres du lieutenant Gaston, à Tikjda (Grande Kabylie). Il m’avait profondément marqué. Il comptait déjà seize ans d’une brillante carrière militaire. Ce n’était pas mon cas ; je sortais juste de l’Ecole d’Application de l’Infanterie de Saint-Maixent, qui formait alors les officiers de réserve. Compagnons d’armes, nous avions les mêmes responsabilités et les différences de grade et d’âge s’étaient rapidement estompées. Il a été, à la fois, mon modèle, mon mentor et mon ami. J’ai beaucoup apprécié ses conseils d’ancien. Il faisait preuve d’une certaine réserve et ne parlait jamais de ses exploits guerriers. Je les ai découverts, plus tard, quand j’ai vu lors d’une prise d’armes les multiples décorations qui attestaient sa grande bravoure. En Algérie, il avait poursuivi sur la même lancée ; en 1957, il avait reçu la Médaille militaire et la Croix de la valeur militaire. Par la suite, je suis arrivé à le faire s’épancher sur certaines de ses campagnes. Avec humour, il se qualifiait de rescapé de la mort, en sursis. Il avait été, déjà, considéré pour mort à Monte Cassino. J’admirais son comportement au combat, son sens du terrain et la rapidité de ses réactions face à l’inattendu. Grand meneur d’hommes, il exerçait sur ses chasseurs alpins du contingent une autorité ferme, justifiée par sa compétence et l’exemple qu’il donnait. Il était toujours en tête, ses hommes le suivaient sans hésiter : ils avaient confiance. Il faisait régner dans sa section une grande discipline, bien acceptée. Avec une volonté rare, il arrivait à surmonter les séquelles de ses deux trépanations qui lui causaient parfois des migraines insupportables. Nous lui pardonnions bien volontiers les sautes d’humeur passagères qui en résultaient, en ces moments, car, le reste du temps il était d’un commerce très agréable. La tragédie de l’embuscade de Tikjda (28 mai 1958) lui avait laissé un souvenir inoubliable. Au soir même de cette bataille sanglante, je l’avais retrouvé au poste. Malgré les épreuves qu’il venait de traverser, il affichait un calme admirable et avait rapporté les faits qu’il venait de vivre. Au dernier moment, il avait dû céder la place qu’il occupait dans la jeep du lieutenant qui commandait le convoi. Il avait pris place dans un 4X4 de l’escorte. 18


Dès le début de l’engagement, la jeep, qui était en tête, fut la cible des rafales croisées de deux mitrailleuses ennemies et ses occupants massacrés. Andreux, à l’arrière du convoi, prit l’initiative de la contreoffensive avec les chasseurs du 4X4, lui-même servant la mitrailleuse de 30 qui équipait le véhicule et participant à la réaction qui précipita la fuite des rebelles. L’adjudant-chef André Andreux devait quitter Tikjda deux mois plus tard. Je ne l’ai plus revu. C’est une très bonne idée de donner son nom à une promotion de SOA. Puissent les 300 soldats s’inspirer de la vie exemplaire de cet homme ! Jean Pagès

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Adjudant-chef ANDRÉ ANDREUX Parrain de la 346e promotion de l’ècole nationale des sous-officiers d’active, 4e bataillon. André Andreux naît le 18 décembre 1920 à Vannes dans le Morbihan. Aîné d’une fratrie de 7 enfants, son père ouvrier tisserand et ancien officier d’artillerie pendant la Grande Guerre élève ses enfants dans le culte de la patrie. La famille est installée dans le village de Conflans-surLanterne en Haute-Saône lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate. André, sur le point d’être incorporé au Service du Travail Obligatoire a juste le temps de ramasser quelques affaires pour rejoindre à vélo la Zone libre sans même pouvoir embrasser ses parents. Pour André comme pour son père, il n’est pas question que qui que ce soit dans la famille travaille pour l’ennemi. Ce périple le conduit jusqu’à Valence où, en mars 1942, il contracte un engagement pour la durée de la guerre au sein du 2e régiment de tirailleurs algériens basé à Oran. Fin 1942 son régiment est dirigé sur le front est -tunisien marqué par de violents combats. Le 25 avril 1943, André, jeune tirailleur courageux et plein d’entrain, se fait remarquer lors de l’attaque du Djebel Mansour où, à la poursuite de l’ennemi, armé d’un fusil-mitrailleur, il grimpe sur un char ami et fera deux prisonniers au cours de la progression. Six jours plus tard au cours de l’attaque du Djebel Zaghouan il est blessé par éclats d’obus, subit une trépanation puis est évacué sur l’hôpital du Kef. Pour ces faits, il est cité à l’ordre du régiment avec attribution de la Croix de guerre 1939-1945. Après un congé de convalescence, il retourne sur le front et est affecté à la compagnie anti-char de la 2e division d’Infanterie marocaine avec laquelle il débarque à Bagnoli en Italie en fin d’année 1943, avant d’être engagé dans les terribles combats autour de Monte Cassino. Mars 1944, alors qu’il est serveur d’un canon anti-char, un obus tombe sur sa position et anéantit tous les servants de la pièce. Grièvement blessé par des éclats dans la tête et enterré sous le sable par la déflagration, il est porté pour mort et ramassé par les soldats anglais pour être transféré sur un navire hôpital, subissant une seconde trépanation qui lui provoque pendant quelques mois une amnésie totale. Remis sur pied et ayant retrouvé toute sa mémoire, il participe en août 1944 au débarquement de Provence et c’est sur les plages du Dramont près de Saint -Raphaël qu’il touche de nouveau le sol français. C’est là aussi qu’il fait la connaissance de sa future femme Marie-Louise. Nommé caporal le 1er janvier 1945 puis caporal-chef six mois plus tard, André décide de rester militaire et est 20


affecté à l’encadrement de l’École militaire des sous-officiers interarmes (EMSOI) de Saint-Maixent-l'École où il obtient son galon de sergent le 5 mars 1946. Désigné pour servir en séjour en Afrique occidentale française (AOF) à Thiès au Sénégal en novembre 1947, au bataillon porté du détachement motorisé autonome numéro 1, il est promu sergentchef le 1er avril 1950 et retrouve la métropole en mai 1951 au 152e régiment d’infanterie. En septembre 1953, il rejoint Saïgon en Indochine et est affecté au 7 e bataillon de montagnards situé sur les hauts plateaux de l’Annam où il prend le commandement d’une section de supplétifs Moï, ethnie montagnarde restée fidèle à la France. Le sergent-chef Andreux démontre encore d’indéniables qualités de chef militaire, notamment le 5 février 1954 dans la région de Huan-Son où il entraîne ses hommes à la poursuite d’un groupe vietminh, les met en fuite et récupère de l’armement. Pour ces faits il est cité à l’ordre de la brigade avec attribution de la Croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieures. C’est de l’hôpital où il est soigné pour une jaunisse fulminante contractée par de l’eau empoisonnée qu’il assistera impuissant à la chute de Diên Biên Phu… André sera à jamais fasciné par le charme et les paysages de ce pays et passionné par les reliefs des hauts plateaux. Est-ce le hasard ou bien l’ironie du destin si de nombreuses années plus tard son fils Patrick adoptera un enfant au Viêt-Nam ? Le retour d’Indochine en juin 1955 se fait avec peine et regrets, comme pour tous les militaires qui ont combattu et donné de leur vie à ce pays. Affecté au centre mobilisateur de Sarrebourg, André demande sa mutation dans le sud de la France afin de se rapprocher de la famille de son épouse d’origine corse. Début 1956 il rejoint le 22 e bataillon de chasseurs alpins (BCA) à Nice avec lequel il part pour l’Algérie. Très actif, il multiplie des actes de bravoure et ne cesse de se faire remarquer 21


par son courage et sa science du combat, en particulier au cours de l’opération Béni Ouagag, région des Bibans les 20 et 21 novembre 1956, où son action personnelle permet la mise hors de combat de plusieurs rebelles et la récupération d’armement. Il se distingue à nouveau le 16 mai 1957 dans l’Oued Bou Serdoun, entraînant sa section à l’abordage d’une résistance fellagha, manœuvrant habilement et permettant la neutralisation des insurgés. Pour ces faits il est cité à l’ordre de la brigade avec attribution de la Croix de la Valeur militaire, puis la Médaille militaire lui est conférée le 30 juin 1957. Alors qu’il est en poste à Tikjda, en haute Kabylie, l’adjudant Andreux promu depuis le 1 er janvier 1958 participe à un événement qui le marquera toute sa vie : le 28 mai 1958, un convoi de ravitaillement partant de Bouira, escorté par 60 chasseurs, remonte vers le poste en fin d’après-midi. André prend place dans la jeep de tête mais juste avant de partir c’est l’adjoint de la compagnie le lieutenant Raymond qui prend sa place lui demandant de s’installer dans un half-track situé dans le convoi. Ce convoi est pris en embuscade par 350 rebelles dans un col, faisant 9 tués chez les chasseurs dont tous les occupants de la jeep. Malgré la supériorité de l’ennemi les valeureux chasseurs combattent avec vaillance, mettant en fuite les rebelles. André se remémorera souvent cette triste journée et la mort du lieutenant qui avait pris sa place. Il rentre en août 1958 où il sert au centre d’instruction du 22 e BCA puis en avril 1960, il repart pour un second séjour en Algérie. Chef de section courageux et plein d’allant l’adjudant Andreux ne cesse de se faire remarquer par ses qualités de chef militaire depuis son arrivée en Afrique du Nord. Le 20 août 1960 au cours d’une opération à El Esnam en grande Kabylie, il procède avec ses hommes au nettoyage d’un oued encaissé et couvert permettant par son action rapide et sûre à la mise hors de combat de plusieurs rebelles. Pour ces faits il est à nouveau cité à l’ordre de la brigade. Adjudant-chef le 1 er janvier 1962, il rentre en métropole en septembre de la même année. Les années qui suivent André les passe au centre de formation et d’instruction du 22e BCA jusqu’en 1965 où il décide de quitter le service actif après 23 ans sous les drapeaux. Mais sa vie d’homme d’action et sa volonté de servir ne s’arrêtent pas pour autant puisqu’il intègre la police municipale de Nice. Ses années de dévouement au service de la ville et de ses concitoyens lui vaudront la médaille d’honneur de la police. En 1980 il prend définitivement sa retraite puis un an plus tard il est promu chevalier de la Légion d’honneur pour services rendus à la patrie. 22


L’adjudant-chef Andreux décède le 29 février 2004 à l’âge de 83 ans en laissant beaucoup de souvenirs. Souvenirs d’une carrière exemplaire pour les générations futures transmettant ainsi le témoin à sa petite fille Oriane, de la 321 e promotion « Adjudant-chef Albert Seewald», marchant sur les traces de son grand-père en choisissant le métier des armes. L’adjudant-chef Andreux était titulaire des décorations suivantes : - Chevalier de la Légion d’honneur - Médaille militaire - Croix de guerre 1939-1945 (1 étoile de bronze) - Croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieures (1 étoile de bronze) - Croix de la Valeur militaire (2 étoiles de bronze) - Croix du combattant volontaire : agrafes « guerre 39-45 », « Indochine » et « Afrique du Nord » - Croix du combattant - Médaille commémorative 1939-1945 : agrafes « Tunisie », « Italie », « France » et « Allemagne » - Médaille commémorative de la campagne d’Italie - Médaille coloniale : agrafe « Tunisie » et « Extrême-Orient » - Médaille commémorative de la campagne d’Indochine - Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l’ordre en Afrique du Nord

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Le 8 Mai 2021 - A Antibes : étaient présents Georges et Christine Trémoulet ainsi qu’André Avigdor.

- A Lunel : avec Daniel Thiéry, notre délégué pour l’Hérault, qui était maître de cérémonie et Maurice Cothonay, adhérent de l’amicale, président et porte-drapeau du Souvenir Français local.

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- A Nice : nos trois porte-fanion Alain Barale, Jacques Bonavita et Laurent Icardo étaient sur les rangs.

- A Touët-de-l’Escarène Christian Rinaldi représentait l’amicale et la FNAC.

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5. La vie de l’amicale.. Encouragements André Avigdor, Pierre Azam, Jean-Claude Banz, Francine Barale, Claude Bélardi, Jacques Bonavita, Bernard Charlier, Fernand Delaygue, Gilberte Delaygue, Pierre Duplan, Jean Falicon, Josette Fantola, Marie-Louise Ferroud-Platet, Robert Fondart, Valérie Roda-Fondart, Fabrice Ghérardi, Michel Laugier, Marie-Louise Meyer, Madame Jacqueline Mouriès, Roger Mouriès, Christian Nardini-Roux, Christiane Péli, Armand Poliméni, Henri Pommier, Claude Powilewicz, Frédéric Russo, Daniel Thiéry, Josette Thiéry, Michel Vaugarny.

NOUVEAUX AMICALISTES 2021 - 2101 – PATINO Nadia - 2102 – ANGHELICAS Pierre

DÉMISSIONS 2021 -

37 – MARCHAND Gilles

- 1712 – FORTIN Giles

DÉCÈS 2021 - 189 – SANTINI Lucien le 11/01 - 704 – PATINO François le 19/01 - 908 – AMISION William le 25/03 -

83 – CARPENTIER Serge le 6/04 26


Liste des 41 donateurs au 28 Mai 2021 Mme Amision M, Amision W, Barale A, Mme Barale F, Barre, Bastien, Y-P Bernard, Mme Bonaldi, Bonavita, Bonsignori, Borra, Butet, Chassery, Chatenoud, de Lavareille, Espet, Ferroud-Platet, Florence, Guitart, Hérisson, Journaux, Lions, Matelot, Mathieu J-C Maurizi, Metz, Morel, Mouriès, Murguet, Nigretti, Patrone, Mme Péli, Pintos, Placé, Rinaldi, Russo, Schuck, Stalla, Mme Trémoulet Ch, Trémoulet G, Vouillemin, Soit un total de 850 €.

FÉLICITATIONS - A Laurent Icardo, qui, une nouvelle fois, a été honoré pour ses activités militaires de réserviste de l’armée de Terre. La médaille de la défense nationale - échelon « OR » - lui a été décernée à titre normal à compter du 1er janvier 2020 (arrêté du 15/01/2021), récompense amplement méritée et qui fait honneur à notre amicale dont il est également un des fidèles porte-fanions.

REMERCIEMENTS Alain Barale, ce grand discret… Un grand merci au rédacteur en chef de notre revue Nul Ne Crains qui, depuis déjà de très nombreuses années, fait en sorte que chacun d’entre nous reçoive sa carte d’anniversaire le jour J … De plus il pousse la gentillesse jusqu’à changer régulièrement le visuel de ladite carte ! Que ferait l’amicale sans lui ? Chapeau l’artiste … G.T

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6. Le carnet. Souvenirs. HOMMAGE A Marcel Fine C'est avec grande tristesse que l'association des Compagnons du Devoir de Mémoire de Villard-Saint-Pancrace a appris la disparition de Marcel Fine. Marcel fut l'un des premiers jeunes de la commune à rejoindre le maquis de Villard-Saint-Pancrace dans les Hautes-Alpes. Avec son compagnon, Georges Colomban, jeunes gens vaillants et zélés, ils n'ont eu de cesse de servir le maquis de Villard-Saint-Pancrace, lors des nombreuses actions de sabotages et des missions de récupération des containers d'explosifs, munitions, armes, largués au-dessus du lac de l'Ascension, à plus de 2300 mètres d'altitude. Robustes montagnards, taciturnes, ils ont tu leur engagement à leurs proches jusqu'au bout du chemin, comme tant d'autres ! Je tenais donc à rendre un modeste hommage à tous ces hommes ouvriers, paysans, mineurs, récemment disparus. Désormais notre village ne compte plus que notre doyen, Rémi Colomban (mon père) comme mémoire vivante de cette époque. Rémi, âgé de 17 ans, suivra son père Marcel Colomban, agent de liaison dans de nombreux déplacements pour porter des messages entre maquis. Un petit rappel de la résistance en Briançonnais au travers de cet hommage. Lors de la capitulation de l'Italie le 8 septembre 1943, l'occupation allemande sur le Briançonnais se durcit ; le comité local de libération clandestin décide de soustraire aux Allemands les Français astreints au STO, avec l'aide des patriotes des Eaux-et-Forêts. Un chantier de réfractaires est organisé, cette unité devenant le 11e bataillon des Francs-tireurs et partisans des forces françaises de l'intérieur. Albert Bourges, Auguste Thenoux, Etienne Didier fondent le premier maquis briançonnais à Prelles, dit Le Sapet. Albert Bourges sera nommé chef des sédentaires des groupes Antonio, César, Conroux, Joseph Cordier, Hélio, Sauvet, du Casset ainsi que des 28


groupes des Malades du paradis et des PTT. Ce patriote et militant s'engagera dans un premier temps dans des missions de sabotages avec le juge de paix Epron, le sous-préfet de Briançon Monsieur Freund et Monsieur Baldenberger, président du comité local de libération, assisté du colonel Ambrosi de l'AS et de Voiron Bonnerot et Savery des MUR. Les premiers sabotages changeront bien des mentalités et dissuaderont les collaborateurs qui commencèrent, ainsi que la population locale, à prendre conscience que la Résistance n'était pas qu'un ramassis de terroristes. En mars 1944, Albert Bourges, alias Charles, prend la tête du 11e bataillon FTP. Paul Héraud, alias commandant Dumont, prend le commandement de la résistance des Hautes-Alpes. Le comité est représenté par Baldenberger comme président, Cézanne-Bert, Valentin Pouchot, Nortier, Ambrosi et Joseph Cordier. Joseph Cordier deviendra chef de réseau du maquis de notre commune de Villard-Saint-Pancrace. Il fut par la suite maire de 1946 à 1983 et restera dans la mémoire collective le maire de la reconstruction (en effet, lors de la libération de Briançon, notre village a été ravagé par les incendies et sinistré à 70%, tous les hameaux ont été détruits ainsi que le clocher dont les cloches ont fondu). Joseph Béraudon, sous-officier, sergent de bloc, rappelé du 20 août 1939 au 20 juillet 1940 au 72e bataillon alpin de forteresse, formera la section des jeunes du réseau Joseph Cordier au maniement des armes. Homme à poigne et de valeur respecté de tous ! Jules Fine, alias Robert Mildiou, démobilisé en 1940 (159e RIA, division Gap, sous-lieutenant, 20 ans de carrière militaire) proche du capitaine Lagier Bruno du maquis de Béassac et d’Albert Bourges, n'aura de cesse d'organiser des réunions clandestines d'un lieu à l'autre. Il se réengagera au 11e BCA Hautes-Alpes et participe à la campagne du Queyras du 1er octobre 1944 au 19 mars 1945, et à celle de la Maurienne du 20 mars au 19 mai 1945. Cet homme d’honneur et devoir mourra tragiquement quelques mois après la capitulation de l'Allemagne. En 2001 revenue au pays, j'ai mis en place un atelier Mémoire collective pour sensibiliser les jeunes au devoir de mémoire, quelques anciens résistants ayant enfin accepté de me livrer leurs souvenirs. Marcel Colomban, mon grand-père sous-officier réserviste au 159e RIA, démobilisé le 28 octobre 1939, s'engage quant à lui dès novembre 1943 et sera l'agent de liaison du maquis de Villard. Il sera nommé président de la délégation spéciale de libération locale. Joseph Borel, Julien Fine, Louis Colomban, Jean-Narcisse Faure-Brac, chauffeur du colonel Ambrosi, 29


Émile Augier, resteront les jeunes compagnons d'armes de notre ami Marcel Fine. Joseph Gignoux de l'AS sera fusillé le 19 août 1944 dans le bourg, ainsi que Joseph Sylvestre des FTPF, fusillé à l'entrée du village. Toutes nos condoléances aux familles Alain, Marc et Christophe Fine, le souvenir de leur père et grand-père restera gravé dans cette page de notre histoire locale. Agnès Colomban, présidente des Compagnons du Devoir de Mémoire

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reMise de la Medaille d’arGent avec rosette A JEAN FALICON C’est avec plaisir que le lieutenant-colonel (h) Georges Trémoulet, viceprésident et chancelier de l’amicale nationale du 22e BCA, s’est rendu le lundi 10 mai 2021 à la résidence retraite Les Restanques à Biot (AM) pour remettre à Jean Falicon la médaille d’argent avec rosette de la FNAC (Fédération nationale des amicales de chasseurs), la plus haute distinction de cette fédération. Retiré dans cette résidence depuis près d’un an pour raison de santé, ce dernier a eu la surprise de découvrir la petite fête organisée en son honneur par son fils et la directrice de l’établissement pour cette remise de décoration.

Jean Falicon, né le 10 juin 1935, fait partie des plus anciens membres de l’amicale, depuis 1980. C’est en remerciement de sa fidélité à la cause chasseur ainsi que pour son parcours militaire et professionnel, ce que n’a pas manqué de souligner Georges Trémoulet en lui remettant médaille et diplôme, qu’il est honoré aujourd’hui, en présence de son fils Raoul et de sa belle-fille Sandrine, de la directrice Mme Sophie Nasica, des résidents et du personnel des Restanques. Très ému il les a remerciés avant que l’assistance ne lève un verre à sa santé en portant un toast « façon chasseurs ». En conclusion il a assuré qu’il ne manquerait pas d’accrocher son diplôme et sa belle médaille dans sa chambre. Georges Trémoulet 31


NOS PEINES François Patino nous a quitté ce mardi 19 janvier 2021, à Antibes où il résidait, au petit matin, après s'être vaillamment battu contre la maladie depuis plus de 2 ans. Il allait avoir 91 ans ce printemps. Né le 15 avril 1930 à Marseille, dans un milieu modeste, il avait pour tout bagage son certificat d'études. Autodidacte et travailleur acharné, il était devenu, à force de courage et de ténacité, technicien supérieur dans les travaux publics jusqu'à sa retraite en 1995. Il avait, entre autres, été à l'initiative de la création des sapeurs-pompiers de Vallauris jusqu'à en devenir le chef de centre, et avait eu également diverses responsabilités au service de la mairie de Vallauris. De la classe 50, il a effectué son service militaire d'avril 1950 à mars 1951 au 159e BIA à Nice et Antibes (PESOR de juin à septembre 50), puis d'avril à octobre 51 il a été affecté au 22e BCA, recréé à Nice, à la CB où il exerça diverses fonctions et responsabilités. Ensuite, en mars 53, il a participé dans le cadre de l'OTAN aux manœuvres "Mimosas" au sein des 18e et 25e BCA à Tende puis à Sospel. Démobilisé avec le grade de sergent à la caserne de Menton en mars 53, il rejoint la vie civile. "Amoureux" des chasseurs alpins, il était un fidèle adhérent de notre amicale du 22e BCA ainsi que de celle des chasseurs du Mentonnais. C'était un homme aux multiples facettes, généreux et toujours prêt à rendre service au pied levé, notamment pour monter les couleurs lors d'une cérémonie. Et en 2015 dans les Vosges, à 85 ans, c'est lui qui portait le fanion du 22 lors de la cérémonie au Grand Ballon dans des conditions atmosphériques dantesques ; épais brouillard, température glaciale et vent très violent. Ceux qui y étaient avaient le plus grand mal à se tenir debout, à maîtriser leur fanion et à conserver leur tarte sur la tête... En 1963 il épouse Yvette Lachkar, juive rescapée du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau (où elle avait été déportée à l'âge de 15 ans en 1944), avec laquelle il eut trois enfants. Depuis le décès de 32


celle-ci en septembre 2013, et en sa mémoire, il participait activement au devoir de mémoire dans les lycées et collèges et était même devenu président de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés, Internés et Patriotes) depuis plusieurs années alors qu'il n'était ni juif, ni déporté, mais athée... Il a participé également pendant plusieurs années à la quête du Souvenir Français pour la Toussaint. Il est parti serein, entouré par ses filles et par sa compagne Jeannine Robert. Suivant son souhait, il a été inhumé aux côtés de son épouse au carré juif du cimetière des Semboules (Porte n°2) d'Antibes, le lundi 25 janvier à 11h00, où il a été demandé aux participants de bien vouloir respecter les mesures barrière en vigueur (Masque et distanciation physique). A Dieu, François, tu resteras cher à nos cœurs. Repose en paix !

"Les Collines d'Antibes" Villa 61 905 Chemin du Valbosquet 06600 ANTIBES

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Nous venons d'apprendre le décès d'un de nos plus anciens adhérents. Né le 18 novembre 1933, Lucien Santini est décédé le lundi 11 janvier 2021, à Nice. Il venait d'avoir 87 ans. De la classe 54/2B, il a fait son service au 22e BCA de 1954 à 1956. Il a participé aux campagnes du Maroc et de l'Algérie, sous les ordres, entre autres, du lieutenant Gaston. Il était titulaire de la Croix du Combattant et des médailles commémoratives d'AFN (Maroc et Algérie). Il faisait partie de l'amicale depuis 1993. Ses obsèques ont eu lieu dans l'intimité familiale le mardi 20 janvier. L'amicale présente à son épouse Juliette et à ses petits-enfants ses plus sincères condoléances. Qu'il repose en paix ! Santini Jérôme (petit-fils) : 06 15 25 67 00 lucien.santini33@gmail.com

Nous faisons part du décès de Jean-Baptiste Fréga, survenu le 26 janvier, à l’âge de 88 ans, dans sa maison de retraite où il résidait depuis le décès de son épouse en 2016.

Il était le dynamique porte-fanion de la Sidi-Brahim de Grasse. Les obsèques ont été célébrées le mardi 2 janvier en la Cathédrale de Grasse. François Ramo était présent avec son fanion. A la famille, aux proches, nous présentons nos très sincères condoléances.

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C'est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès de William Amision le jeudi 25 mars 2021 à l'âge de 70 ans. Membre sympathisant de l'amicale depuis 2009, il s'était rapidement très impliqué dans sa gestion en devenant membre du conseil d'administration, et responsable du foyer durant plusieurs années, aidé par son épouse Marie-Hélène, fonction qu'il a dû abandonner depuis 3-4 ans à cause d'importants problèmes de santé. Touché dès le début de la pandémie en 2020 par le virus du covid 19, il avait résisté et s'en était sorti au bout de quelques mois, restant fragile quand même, mais en retrouvant sa vie familiale et amicale comme avant. C'est avec plaisir que nous le retrouvions aux déjeuners mensuels du bureau (avant le reconfinement de novembre... ) Malheureusement une infection pulmonaire foudroyante l'a emporté en 48 heures. Il a effectué son service militaire au GT 535 de Karlsruhe du 1er/02/71 au 1er/02/72. Il a été décoré de la médaille de bronze sympathisant de la FNAC en 2017. Grand sportif, il a longtemps pratiqué le tir et la plongée sous-marine. L'amicale présente à son épouse Marie, à ses enfants et ses beauxenfants ainsi qu'à toutes les personnes touchées par ce deuil ses plus sincères condoléances. Ses obsèques ont été célébrées au crématorium de Nice le vendredi 2 avril à 10h00, dans la limite des conditions sanitaires en vigueur. Repose en paix William, tu vas nous manquer. Mme Marie-Hélène AMISION Villa Turquoise 228 Route de Bellet 06200 NICE 06.22.54.79.73

Obsèques de William AMISION au crématorium de Nice le vendredi 2 avril 2021 à 10h, William est né à Nice le 12 juillet 1950, ville qu’il n’a jamais quittée, sauf pendant l’année de son service militaire en Allemagne, à Karlsruhe (du 1er janvier 1971 au 1er février 1972), dans une unité du Train, au GT 535. 35


Dès l’âge de 6 ans, il a vécu dans sa deuxième famille, celle de Gaz de France, où il s’est fait de solides amitiés. Il y fera d’ailleurs toute sa carrière de gazier, jusqu’à une retraite bien méritée en 2003. D’un premier mariage avec Martine naquirent trois enfants, une fille et deux garçons, Linda, Cédric et Stève. Puis William et Marie se rencontrèrent à Noël 1993, pour ne plus jamais se quitter. Agrandissement de la famille avec les quatre enfants de Marie, une fille et trois garçons, Laurette, Jérôme, David et Stéphane, avant de se marier en juillet 2004. Onze petits-enfants s’ajoutèrent au fil des années. Grand sportif, William a longtemps pratiqué la plongée sous-marine puis le tir sportif. Mais après un premier AVC en décembre 2006 il a dû arrêter cette pratique pour ne plus se consacrer pendant encore quelques mois qu’au tir, dans le club où officiait son ami Alain Barale, ici présent… Ce dernier lui proposa d’adhérer à l’Amicale nationale du 22e BCA dont il était vice-président, entre autres fonctions. C’est ainsi que William, en 2009, en devint membre « sympathisant », car il n’était pas chasseur alpin… Très rapidement il s’impliqua dans sa gestion en devenant membre du conseil d'administration, et responsable du foyer durant plusieurs années, efficacement secondé par son épouse également membre de l’amicale depuis 2011. Malheureusement il a dû abandonner cette fonction depuis quelques années à cause de ses importants problèmes de santé. En raison des services rendus à l’amicale et à la cause chasseur, il a été décoré de la médaille de bronze sympathisant de la FNAC (Fédération nationale des amicales de chasseurs) de Vincennes en 2017, récompense amplement méritée. Touché dès le début de la pandémie en 2020 par le virus de la Covid 19, il avait résisté et s'en était sorti au bout de quelques mois, restant fragile quand même, mais retrouvant sa vie familiale et amicale comme auparavant. C'est avec plaisir que nous le retrouvions aux déjeuners mensuels du bureau, avant le reconfinement de novembre 2020... Malheureusement une infection pulmonaire foudroyante l'a emporté en 48 heures, et il nous a quittés le jeudi 25 mars 2021, à l'âge de 70 ans. Repose en paix William... Tu vas nous manquer, mais nous ne t’oublierons pas et sois assuré que Marie perpétuera ta mémoire et qu’elle fera toujours l’objet de notre soutien et de notre amitié. LCL Georges Trémoulet (vice-président)

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DÉCÈS DU MAJOR SERGE CARPENTIER Le doyen de l'amicale vient de nous quitter. L’amicale perd son officier traditions, son popotier et son animateur. Le major Serge CARPENTIER est décédé le mardi 6 avril 2021. Il venait d'avoir 95 ans. Serge Carpentier est né le 26 janvier 1926 à Mayence en Allemagne occupée où il a passé les premières années de sa vie. Déjà, en 1942, il est réfractaire au Service du Travail Obligatoire imposé par les Allemands, sous l’occupation. La guerre à peine terminée, il s’engage à 20 ans dans l’armée de Terre et plus particulièrement au 1er régiment d’artillerie lourde à Reutlingen en Allemagne. Il est rapidement promu sergent après être passé par le 13e BCA stationné dans le Tyrol autrichien. En 1949, il intègre le 22e bataillon de tirailleurs algériens et participe aux combats en Indochine jusqu’en 1952. De retour en métropole comme sergent-chef, il rejoint les chasseurs alpins, successivement en Autriche, au 26e BCA de Besançon puis au 22e BCA de Nice. En novembre 1954, toujours chasseur alpin, il est affecté une première fois en Algérie dans les bataillons de marche à Batna, Souk Aras et Tiziht. De 1955 à 1957, il revient en métropole, à Barcelonnette, au 11e BCA puis au 25e BCA stationné à Menton. Retour en Algérie en 1959, au 110e régiment d’infanterie mécanisé à Aflou Mongolfier, puis au 31e bataillon de chasseurs, commando de chasse 41. Engagé dans les combats, il reçoit deux citations à l’ordre de la Brigade pour les motifs suivants :  Première citation du 16 avril 1959 Sous-officier d’élite, volontaire pour le commando de chasse du secteur de Tiaret. S’est particulièrement distingué le 20 février 1959 au douar Melaab (département de Tiaret), en pénétrant dans une grotte dans laquelle s’étaient réfugiés des tireurs rebelles. A réussi à 37


désarmer et à faire prisonnier un chef de groupe ennemi, récupérant une arme de guerre et des munitions. Deuxième citation du 8 novembre 1959 Chef de section de commando, courageux et plein d’allant et entraîneur d’hommes. S’est signalé le 1er octobre au cours de l’accrochage du djebel Ourradjine (secteur de Vialar). Vient encore de se distinguer le 14 octobre 1959 dans la région de Sidi Abderramane (secteur de Vialar) en prenant une part active à la destruction d’une bande rebelle qui perdit trois tués, trois pistolets-mitrailleurs, des munitions et divers matériels. Ces citations ont comporté, toutes deux, l’attribution de la Croix de la valeur militaire avec étoile de bronze.

De 1960 à 1962, il fait des allers-retours entre le 22e BCA de Nice, le 28e BCA de Sidi Aïch en Algérie, la Harka 102, et le 4e bataillon de chasseurs à pied à Alger, où il est promu adjudant puis rapidement adjudant-chef. À partir de 1962 il est resté au 22e GCA (c’est ainsi qu’il s’appelait à l’époque et redevenu BCA en 1969), comme adjudant-chef à la Drète avant de passer major, jusqu’à la dissolution du 22e BCA en 1976. Le général Vouillemin, son chef de corps du moment, qui a suivi ultérieurement son parcours militaire et associatif, assure qu’il a été le sous-officier le plus attachant qu’il ait connu de toute sa carrière. Le 1er août 1976, il est affecté au 24e bataillon de chasseurs mécanisés à Tübingen en Allemagne et, enfin il termine ses trente années de carrière militaire à Lyon, comme major, le 11 mars 1977. Il intègre alors la Réserve opérationnelle comme instructeur des réservistes du 22e BCA, ce qui lui a valu le grade de lieutenant honoraire. Nombre d'entre vous se souviennent encore de "Carpette", comme il était surnommé, lors de leur formation à la Drète. Serge Carpentier était titulaire des décorations suivantes :  Médaille Militaire obtenue en 1964. Serge Carpentier a été président de la 564e section des médaillés militaires de Villefranche/Eze pendant plus de 10 ans.  Croix de la Valeur Militaire - 2 étoiles bronze, décoration associée aux 2 citations à l’ordre de la Brigade précédemment évoquées.  de la médaille des opérations extérieures Indochine avec agrafe Extrême-Orient.  de la Croix du combattant, 38


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de la Médaille de reconnaissance de la nation, des Médailles Commémoratives d’Indochine et d’Algérie. Et, enfin, il a été nommé chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire et décoré à Eze le 18 juin 2018.

À son retour à la vie civile, Serge Carpentier a été élu président des Anciens Combattants d’Eze. Il l’est resté pendant 23 ans. Il a animé pendant 20 ans des réunions d’associations patriotiques, des maisons de retraite, mais surtout il était toujours présent pour animer les différentes manifestations de l'amicale du 22e BCA (AG, Malmaison ou journées de cohésion) pendant lesquelles il sonnait les refrains des bataillons. Il était membre de l'amicale bien avant 1978 (adhérent n°11), nommé membre d’honneur, et pour sa longue carrière militaire et les services rendus à la cause chasseur, il a été décoré de la médaille d'argent avec rosette de la FNAC en 2011. Marié à Micheline depuis 72 ans (le 3 septembre 1949), ils ont eu deux filles, Martine et Roselyne, qu'ils ont eu la douleur de perdre successivement en 2018 et 2019, 4 petits-enfants et 4 arrière-petitsenfants. L’amicale présente ses plus sincères condoléances à toutes les personnes touchées par ce deuil. Au revoir, Serge, tu as rejoint le paradis des chasseurs où tu pourras continuer de sonner les refrains…et réciter ton merveilleux poème « Grand-père disait...c’est pas marrant d’vieillir ».

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OBSÈQUES DE SERGE CARPENTIER Les obsèques du major Serge Carpentier se sont déroulées le mardi 14 février 2021, à 10h30, au cimetière d'Èze (dans les Alpes-Maritimes). La chapelle Saint-Joseph étant trop petite pour contenir sa famille et les nombreux amis présents, elles ont eu lieu en plein air dans l'allée centrale du cimetière, pour respecter les normes sanitaires en vigueur. Merci à la municipalité d'Èze pour avoir installé barnums et chaises, d'autant plus que la météo n'était pas annoncée favorable, avec de la pluie au programme. Nous n'avons eu que quelques nuages et du vent froid. Tant mieux ! La bénédiction religieuse a été célébrée par le père Irek Brach, curé de la paroisse de Villefranche-sur-Mer. Après son homélie et la bénédiction, la Sidi-Brahim, l'hymne des chasseurs, retentit, reprise en chœur par la vingtaine de chasseurs alpins présents dans l'assistance Ensuite M.Sylvestre Anselmi, 1er adjoint au maire, a retracé les grandes lignes de la vie de Serge, un peu sur le plan militaire, mais surtout sur le plan associatif, avec un engagement sans faille pendant plusieurs décennies, avant de nous réciter son merveilleux poème Grand-père disait...c'est pas marrant d'vieillir. Puis ce fut au tour du lieutenant-colonel (h) Georges Trémoulet de retracer par le menu sa longue carrière militaire dans les rangs des alpins et au sein de l'amicale du 22e BCA plus particulièrement. Le cercueil était entouré par six belles gerbes de fleurs et d'un côté par quatre porte-fanions chasseurs, Alain Barale avec celui du 22, Jacques Bonavita, avec celui du 24, Fabrice Ghérardi avec celui de la Sidi-Brahim et de Georges Vergès avec celui des éclaireurs-skieurs, et de l'autre côté par quatre porte-drapeaux d'Èze, du Souvenir Français, des Médaillés militaires, des Anciens combattants et des sapeurs-pompiers. Puis c'est en cortège, accompagné par la chanson de Carpentier, que le cercueil fut transporté jusqu'au caveau familial pour l'inhumation avant que ne se termine le dernier voyage de Serge. Christine Trémoulet Lien pour visualiser l'album-photo : https://photos.app.goo.gl/7wj1hKaDBveuqtdu6

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Le poème du major Serge CARPENTIER : GRAND PERE DISAIT… Moi j’connais bien la vie me disait mon Grand Père, un Grand Père philosophe et presque centenaire. Il cultivait la terre et soignait ses pommiers. Il me disait : « C’est beau, quand tu les vois pousser, quand tu les vois fleurir, que les fruits vont mûrir, qu’il faudra les cueillir, sans quoi ils vont périr. » C’est ça la vérité, pas seulement pour les pommes, mais où qu’c’est embêtant, c’est qu’c’est vrai pour les hommes. Et quand j’me r’ garde en face, j’ai bien envie d’me dire : « Avec le temps qui passe, c’est pas marrant d’vieillir. » Moi, lorsque j’étais jeune, j’étais comme le Grand Père, j’faisais les quatre cents coups, j’avais l’feu aux artères. Je croquais n’importe quoi, tout c’qui m’faisait envie : les filles, l’amour, l’argent. Quoi, j’mordais dans la vie avec des dents de loup et une mâchoire de lion. J’avais, sans les brosser, des gencives en béton. Et ben, c’est comme les pommes : les molaires, les canines ça fleurit, ça mûrit et un jour ça s’débine. Alors, devant ma glace, j’ai bien envie de m’dire : « Avec le temps qui passe, c’est pas marrant d’ vieillir. » Au printemps d’ma jeunesse, j’en avais une tignasse, des jolis ch’ veux blonds bouclés qui n’tenaient pas en place, et pour être bien coiffé les jours de tralala, j’devais en employer des tubes de gomina. Et puis, avec le temps, comme les roses se fanent, mes tifs ont foutu l’camp, malgré le Pétrole Hahn, malgré le Dop Dop Dop, et mes cheveux maintenant ont la blancheur Persil. Persil, ça lave plus blanc, mais quand j’me r’ garde en face, j’ai bien envie 43


de m’dire : « Avec le temps qui passe, c’est pas marrant d’vieillir . » Et pourtant, et pourtant, quand je pense au chômage, aux rivières polluées, aux forêts qu’on ravage, si je devais refaire toute mon existence, repartir à zéro, aurais-je autant de chance ? C’est certain, on a connu la guerre en d’autres temps, mais ça on s’en foutait car on avait vingt ans, et devant les paumés, et devant les drogués, je crois qu’l’avenir n’est pas follement gai. J’ai eu ma part de joie, j’ai su la retenir, et je suis comme je suis, pas mécontent d’vieillir, puisque, de toute façon, on n’peut pas rajeunir. Calligraphie et mise en forme par Roland Gourdet, membre récent de l’amicale.

Nous venons seulement d’apprendre le décès de Mme Léonie Bonsignori, survenu le 25/10/2020 à Ugine (73), l’épouse de Maurice Bonsignori, adhérent depuis 1992. Ils étaient mariés depuis plus de 60 ans. L’amicale présente ses plus sincères condoléances à toutes les personnes touchées par ce deuil.

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7. Courrier des lecteurs. C'est toujours avec plaisir que je reçois ce bulletin ; ce dernier numéro m’interpelle particulièrement. En effet, vous semblez limiter le séjour du 22 à la période 1952-1964, or le 22 dans un premier temps a été stationné à Trarit et Berkanne, à la frontière algéro- marocaine. Arrivés en Kabylie (Menerville) le 8 janvier 1956, nous avons cantonné à Félix-Faure, puis, pour ma part, à Fort National (la Briqueterie), et ensuite Michelet. À cette époque il n'y avait pas de fellaghas, mais nous étions chargés du maintien de l'ordre face à une guerre fratricide entre FLN et MNA.

À Fort National, j'ai eu l'occasion de parler avec Ferhat Abbas. À Michelet nous étions cantonnés dans une menuiserie, j'y ai reçu un coup de douk douk dans la poitrine et mon agresseur a été abattu par le chasseur Dumas, qui m'accompagnait. En mai 58, une patrouille tombe dans une embuscade au col de Tirourda. Étant affecté à la 1ere compagnie, je me suis retrouvé sur le piton de Merkala, à 930 mètres d'altitude, sous la tente, au pied de la Dent du Lion (2123 mètres).

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Les toiles de tentes étaient constituées avec deux ponchos et ne fermaient pas ; à cette altitude nous nous couchions tout habillé, et le matin les doigts de pieds étaient recroquevillés dans les Vibram ; pas d'eau, pas d'électricité, pas de route, aucun commerce. Blessé au talon par un éclat d'obus de mortier canadien, (nous l'avons retrouvé), je passerai sur les embuscades nocturnes, les crapahutages épuisants, le manque d'eau, le manque de nourriture, etc. Il convient de dire que nous étions équipés des pieds à la tête par des équipements américains. Pistolet-mitrailleur Thompson, fusil Garand, Colt 45, carabine USM1, treillis confortables mais pas adaptés aux épineux, de sorte qu'ils ont bientôt été déchirés. N’ayant pas de rechange, au cours d’une opération nous avons attaqué, battus, déshabillés des soldats du Train pour leur voler leur treillis. Le 12 mars 1957, au cours d'une patrouille dans le Boum Charoff, nous avons été sérieusement accrochés, 46


perdant tout de suite plusieurs chasseurs ; mon ami le sergent Zisa, voulant me protéger, a eu le bras pratiquement sectionné par un tir de fusil de chasse, chargé avec des clous. À ce moment, j'ai reçu une balle dans la tête et j'ai repris mes esprits plusieurs jours plus tard, chez la comtesse Ladislas du Luard, où un infirmier venait me faire des pansements, matin et soir ; mais là, enfin un lit, des draps, le Paradis. Après quelques temps de soins, une fois rétabli, j'ai été désigné à la garde d'honneur du général Salan, au Quartier-général, place Bugeaud, rue d’Isly.

À la suite d'un différend d'ordre privé avec le capitaine Ferrandi, j'ai été renvoyé illico-presto à Merkala. Le capitaine Penacchioni a fait tout ce qu'il a pu pour m'envoyer à Cherchell, mais sa demande a échoué à cause du besoin d’effectifs sur place. Jean Chassery

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Reçus également les vœux de Jacques Valade, président du Souvenir français de Briançon, de Gérard Hallé, président de la Sidi-Brahim de Thionville, de Jean-Bruno Crosera, de Michel Placé. Bonjour Christine, Un mot pour vous dire que j'ai fini la lecture du livre de Jean Pagès. J’ai beaucoup aimé son écriture directe, sans fioritures, très vivante, avec beaucoup de réserve en ce qui le concerne puisqu’il ne se met pas en avant (alors qu'il y a de quoi si on se réfère à ce que disait de lui le capitaine Gaston) . Livre remarquable car il décrit bien la vie des appelés, engagés dans un conflit difficile à comprendre (et à justifier) et qui ont fait comme leurs ainés « le travail » dans l’indifférence des français de "métropole", et dont 54 d’entre eux du bataillon ont perdu leurs vies sur la terre africaine. Enfin un témoignage lucide, qui mérite un grand respect, et qui devrait permettre à nos jeunes actuels de comprendre cette période de la vie de notre pays. Pour une fois que de pseudo historiens ne crachent pas sur le travail de notre armée ou se répandent en mea culpa absurdes. Mon oncle, qui doit avoir le même âge que Jean Pagès, a passé 24 mois dans un poste sur la ligne Morice et a vécu aussi des moments difficiles. Je mesure tout le temps la chance que j’ai eu de ne pas avoir à participer à ce conflit et de n’avoir conservé de mon passage au 22 qu’un souvenir extraordinaire et d’une expérience humaine que les jeunes actuels ne connaitront pas Comment pourrais-je écrire un mot ( ou mail ) à Jean Pagès pour le féliciter et le remercier pour cet ouvrage ? Bien amicalement Jacques de Lavareille

Plus que jamais espérons que 2021 signifie un nouveau départ, un vrai changement, des résolutions réalistes et réelles, un mode de vie serein pour enfin tourner la page de l’année passée. Dans ces moments si particuliers, je vous souhaite une belle et heureuse année peine d’espoir, de santé et de solidarité. Marie-Christine Fix 48


Chers amicalistes Qui faites vivre le souvenir et ainsi nous nourrissez de l’exemple à suivre dans nos combats actuels de toutes les vertus intemporelles, j’ai l’honneur de commander le 4e bataillon de l’ENSOA, dont la promotion qui vient d’arriver porte le nom d’adjudant-chef Andreux. À travers la première cérémonie de levée des couleurs à laquelle nos EVSO ont assisté, nous avons fêté le 100e anniversaire de la naissance de l’adjudant-chef Andreux, et je tenais à vous envoyer quelques photos. Dans la joie de voir certains d’entre vous lors du baptême, le bataillon se joint à moi pour vous adresser mes meilleurs vœux pour l’année 2021. Lieutenant-colonel Pierre Houdaille Commandant le 4e bataillon de l’ENSOA

Cher Jean-Pierre, Au nom des membres du bureau de la Fédération des soldats de montagne, reçois nos meilleurs vœux pour cette nouvelle année. Que 2021 t’apporte beaucoup de joies en famille, de satisfactions au sein de la très belle amicale du 22e BCA. Qu’elle te garde en bonne santé, ainsi que tous ceux que tu côtoies. J’espère que la situation sanitaire permettra de nous revoir lors des rassemblements : le 7 mai pour les vingt ans du Mémorial, le 11 juin pour la Saint-Bernard, sans oublier les cérémonies dans la Somme pour honorer nos anciens de la Grande Guerre et de la Deuxième guerre mondiale. Je te remercie pour la dynamique que tu as mise dans les AlpesMaritimes pour le tryptique. En début de semaine prochaine je transmets aux responsables des consignes complémentaires. Je renouvelle mes vœux à tous les amicalistes niçois. Général (2e section) Michel Klein, président de la Fédération des soldats de montagne

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De Gérard Nigretti

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Souvenir vécu par notre ami Michel Placé au cours de son séjour au bataillon (1964) ; prise d’armes dans la cour d’honneur du quartier Saint-Jean d’Angély à l’occasion de la tournée d’inspection du général de corps d’armée de Camas, commandant la 9ème région militaire.

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8. Nostalgie.

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NUL NE CRAINS ______________________________________

Association n° W062000495 du 25/02/1958 Régie par la loi du 01/07/1901 N° Siren 522821651 Affiliée à la Fédération Nationale des Amicales de Chasseurs sous le n° 1905 et à la Fédération des Soldats de Montagne. Reconnue d’utilité publique et affiliée à la Fédération Nationale André Maginot sous le n° 30 Directeur de la publication : Jean-Pierre MARTIN Rédacteur en chef : Alain BARALE Réalisation technique : Jean-Paul GIABBANELLI Impression : FAC COPIES – OFFICE DOCUMENTS – Tél : 04 93 55 20 20 BULLETIN DE LIAISON DE L’AMICALE NATIONALE DU 22 ème BCA ET DES TROUPES DE MONTAGNE, SIDI-BRAHIM DE CANNES, NICE, VILLEFRANCHE-SUR-MER Siège social : Maison du Combattant 36 bis boulevard Risso 06300 NICE


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