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#RESETCULTURE

Comme beaucoup de petits Français et Françaises, j’ai réalisé ma scolarité dans une école qui porte le nom d’un illustre personnage de notre histoire. La mienne alignait et aligne encore, sur sa devanture, le nom de Jules Ferry : père de l’école laïque et défenseur de la république. Mais la glorieuse implication de Jules Ferry dans l’Histoire de France ne se limite pas uniquement à son engagement pour l’éducation pour tous.

« CES REMISES EN QUESTION PERMETTENT PRINCIPALEMENT DE RETENIR LES LEÇONS DU PASSÉ AFIN D’AJUSTER NOS COMPORTEMENTS PRÉSENTS ET FUTURS »

L’homme politique peut aussi se prévaloir d’avoir été un fervent organisateur de la colonisation. Sous l’argumentaire du devoir de « civiliser les races inférieures », il n’a éprouvé aucun scrupule devant l’opportunité de piller les richesses et de pratiquer les atrocités et la tyrannie que nous évoque l’idée de colonisation.

Du coton au chocolat, des guerres interminables aux métaux précieux, du riz à l’art contemporain, les stigmates et les traces des colonisations et des décolonisations sont présents partout dans nos vies contemporaines. L’ensemble de notre quotidien, qu’il soit d’ordre sociétal, alimentaire ou culturel, est intrinsèquement lié à ce passé colonial et à la mondialisation qui s’ensuivit.

La glorification de ce passé - clairement peu glorieux -, nous est encore très largement affichée par la commémoration de nos prétendus héros sur des édifices, des places ou encore des avenues parisiennes. Dans la Grande Région, la plus symbolique et certainement la plus polémique, est la statue de Léopold qui se tient fièrement à l’entrée de la commune belge d’Arlon avec pour citation : « l’œuvre entreprise au Congo était pour le bien et l’intérêt de la Belgique ». Ce roi célébré comme humaniste et philanthrope régnait sur un royaume des horreurs. Il fut notamment très largement responsable d’un meurtre de masse de plus de 10 millions de Congolais. Accessoirement, l’un des plus effroyables exemples de l’exploitation de l’homme par l’homme à ce jour.

On peut se sentir perdu de voir l’ordinaire se faire rattraper par le présent, de voir des statues déboulonnées, des livres réécrits, des personnes de dessins animés se faire supprimer… Mais rien n’est éternel, il n’y a rien de sacré dans une œuvre artistique encore moins dans une plaque mémorielle. La culture comme l’histoire ne sont pas écrites dans du marbre, elles avancent et reculent en fonction des mœurs et des influences sociales, poussées par des prises de conscience et un regard critique des nouvelles générations.

Au Luxembourg, l’association Letz Rise Up, en collaboration avec le collectif artistique Richtung 22, tente de sensibiliser et d’informer le public sur le passé colonial du Luxembourg. À travers de multiples actions, dont notamment une visite guidée de la capitale, afin de lever le voile sur les reliquats de la période coloniale qui, de prime abord, nous sont invisibles.

Les sculptures ont toujours été détruites, les tableaux décrochés et les histoires réécrites. Parfois en bien, parfois en mal. Mais ces remises en question permettent principalement de retenir les leçons du passé afin d’ajuster nos comportements présents et futurs. Et surtout le signe d’une évolution saine de la société.

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