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BOOKS JENNIFER MURZEAU

LE CŒUR ET LE CHAOS

« CE LIVRE EST TOUT À LA FOIS »

Chaque livre est une rencontre. Le Cœur et le chaos est une gifle nécessaire d’où l’on ne sort pas indemne. L’histoire se déroule dans un futur proche, peutêtre dix ans, peut-être trente. C’est flou et c’est bien comme ça, car il flotte dans l’air un sentiment de préapocalypse, à la fois commun et totalement étranger. Dans un Paris crépusculaire aux proies aux changements climatiques, la quadra Alice, radiologue, s’ennuie dans son couple et fréquente les sites adultères comme d’autres font du shopping, avide de sexe sans lendemain, de se sentir toujours belle et désirable. Aurélien – Trelox pour les intimes –, ancien ZADiste, teufeur adepte des free partys et des paradis artificiels, n’a que faire de la pénurie de carburants qui immobilise la capitale depuis des mois. Sur son vélo, il répond à toutes les demandes des Parisiens affamés, trop harassés pour faire leurs courses eux-mêmes. Une fois sa journée finie, sa quête à lui, c’est celle d’un nouveau squatt.

Iris a 90 ans, et vit dans les beaux quartiers. Ses amis sont morts, et elle aussi sait que la fin est proche. Autrefois virtuose de la musique, fêtarde, belle, admirée et aimée, elle voit sa tête lui jouer des tours. Mourir ne lui fait pas peur ; à condition que ce soit dans la dignité. La vie est ainsi faite. Trois personnages en marge de la société vidés de leur substance, trois quêtes désespérées, trois solitudes qui vont, au hasard de leurs pérégrinations, s’entrechoquer. Parviendront-ils à se sauver les uns les autres ? Plus qu’un roman choral, Le Cœur et le chaos est une fable sociale et dystopique qui invite à repenser notre rapport au monde et à l’autre. Que reste-t-il de notre humanité quand le système néo-libéral qui gouverne nos vies ne lui laisse pas la moindre chance ? Peut-on encore espérer un avenir dans un monde saccagé par les dérèglements climatiques ? L’amour a-t-il encore une place sur cette terre ? De sa plume vive et incisive, la journaliste et romancière Jennifer Murzeau nous emporte une fois de plus dans ses combats : « la destruction du vivant, l’exploitation du genre humain, les caractéristiques de ce système économique qui dirige le monde et nos vies dans ses parcelles les plus intimes » et nous amène à porter un regard neuf et éclairé sur la société actuelle.

Ce livre est tout à la fois sublime et glaçant, beau et cruel, magnifique et édifiant, mais surtout, il porte en lui l’espoir : notre salut est entre nos mains.

LE CŒUR ET LE CHAOS, AUX ÉDITIONS JULLIARD

QUATRE QUESTIONS À JENNIFER MURZEAU

Pourquoi ce titre ?

J’aimais bien la richesse sémantique des deux termes : le cœur fait référence à l’amour, un thème assez central dans le livre, mais l’amour au sens large, celui qui unit les humains, qui permet de sortir de soi-même et de se projeter dans quelque chose de plus grand que soi. Le chaos fait écho au contexte dans lequel évoluent mes personnages. Le cœur et le chaos, ensemble, dit assez bien mon ambition : essayer de démontrer que tant qu’on est capable d’amour, on peut espérer en un monde meilleur, changer les choses, entamer des révolutions. C’est un livre assez politique.

Quel a été le point de départ ?

L’époque est une sorte de fil rouge dans tous mes romans, car je ne suis pas du tout d’accord avec elle ! Je suis tellement révulsée et inquiète de ce vers quoi on va si on ne change pas que c’est pour moi très important que mes personnages évoluent dans cette réalité-là. Pour mieux la combattre, la transcender et la dépasser. Quand j’ai débuté ce livre, je voulais aborder la notion de légèreté – même si ça n’est plus très évident à la lecture de ce qu’il est devenu (rires) – pour savoir où elle se trouvait dans ces temps troublés. Où sont ces moments de légèreté, ces moments où l’on est très heureux d’être au monde ici et maintenant : dans la fête, la jouissance, l’amour ?

Comment avoir permis la rencontre entre ces trois personnages totalement opposés ?

Le premier qui a surgi est Aurélien, un ancien « teufeur », adepte des free party. Ensuite, Alice, cette quadra qui s’ennuie dans son couple et dans sa vie et qui se perd sur des sites adultères dans une espèce de quête charnelle sans fin. Iris, la nonagénaire super bourgeoise est venue en dernier. J’ai toujours été très sensible au sort des personnes âgées. Il fallait être stratège pour qu’ils se rencontrent sans que cela paraisse improbable. Je tâche de faire des romans réalistes (Zola m’inspire beaucoup) : j’essaye toujours de décrire, les gens, les lieux, le cadre de vie de la manière la plus réaliste possible pour que le lecteur puisse s’identifier. Ça demandait donc scénariser assez précisément l’intrigue avant même de commencer à l’écrire.

Pourquoi avoir choisi d’écrire à la première personne du singulier ?

C’est la première fois que je le fais dans un roman. C’est génial d’être dans la tête des personnages. Cela m’a permis de développer leur flux de conscience : ce qu’ils voient, ce qu’ils pensent, ce qu’ils éprouvent, tout est exprimé au moment où les choses se passent. Cela a engendré une proximité inédite avec mes personnages. Cette approche narrative n’est sans doute pas étrangère au fait que ce livre provoque une résonnance plus grande chez mes lecteurs. J’ai l’impression d’avoir franchi un cap, de toucher plus au cœur. Bousculer le spectateur, le lecteur, c’est tout de même le but de l’art.

SIX COUPS DE CŒUR

BILLY WILDER ET MOI, JONATHAN COE

Ce livre parle tout à la fois de l’Holocauste, de brie de Meaux, des prémices du cinéma hollywoodien, et de Billy Wilder, bien évidemment. C’est délicieux, fantasque et incroyablement fascinant. Ed. Gallimard « Du monde entier ».

Un roman choral qui laisse entendre la voix de l’écrivain et de ses sujets : un couple cinquantenaire, toujours amoureux. Véritable objet de curiosité, le couple que forment Felice, avocate, et Noé, artiste, pique la curiosité de l’écrivain et narrateur. Quel est donc leur secret ? Ed. Gallimard. 1986, Léna et Ivan s’aiment. Quand Tchernobyl explose, Léna s’enfuit à Paris avec sa famille, tandis qu’Ivan reste dans les ruines de Pripiat. Vingt ans plus tard, Léna revient sur sa terre natale pour retrouver Ivan et surtout un sens à sa vie. Ed. Points.

MY LIFE COACH IS A TREE, NEŞEM ERTAN

Un guide de développement personnel franchement passionnant et très érudit, qui repose sur l'Arbre de Flux comme canevas de coaching, comme guide et comme outil d'évaluation. Vous ne serez pas le même au terme de cette lecture. Ed. indépendant.

LA BEAUTÉ DURE TOUJOURS, ALEXIS JENNI VIEUX CRIMINELS, NICOLAS DE CRÉCY

Usés et fatigués par des années de cavale, Bonnie Parker et Clyde Barrow coulent des jours heureux. Cela aurait pu se terminer comme ça : c’est sans compter sur la Providence qui leur met un enfant dans les pattes, alors qu’ils s’échappent d’un hold-up qui tourne au vinaigre.. Ed. Gallimard « Sygne »

À CRIER DANS LES RUINES, ALEXANDRA KOSZELY

LE DERNIER ENFANT, PHILIPPE BESSON

C’est une histoire ordinaire, vécue par des gens ordinaires, celle d’un de ces week-ends de septembre, quand la lumière décline, que l’école reprend, que la vie reprend son cours. Que se passe-t-il dans le cœur d’une mère quand le petit dernier quitte le nid ? Un roman doux et émouvant. Ed. Julliard.

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