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WE ARE FAMILY
from Femmes 236
VIVRE AVEC UN PARENT AU COMPORTEMENT TOXIQUE
MANIPULATEUR, MÉPRISANT, INTRUSIF, NARCISSIQUE…
Peu importe comment une mère ou un père se comporte, grandir et vivre avec un parent toxique est une souffrance. Une emprise nocive dont il est nécessaire de se libérer. Prendre ses distances n’est pas facile, car il faut alors composer avec son lot de traumatismes et un sentiment de culpabilité, mais il est possible de vivre mieux, d’oser être soi-même, de goûter au bonheur.
TEXTE : FABRICE BARBIAN
Se disputer avec ses parents, se prendre une salve de critiques ou bien encore une calotte ne signifie pas que ses parents soient « toxiques ». Tout le monde peut être fatigué, énervé ou déçu et sortir de ses gonds un peu trop vite, de temps à autre. Cela arrive même si c’est regrettable et que la contrariété peut faire mal. En revanche, si les faits se reproduisent un peu trop souvent, et dans la durée, la question se pose.
Le fait de tout dramatiser, y compris des évènements anodins, et de très vite monter « dans les tours », c’est l’un des signes caractérisant une personne (au comportement) toxique. Il y en a d’autres. Ces personnes ont également tendance à vouloir tout contrôler. Cela se traduit par une grande exigence – pour ne pas dire extrême - envers leur enfant. Elles peuvent aussi être très critiques, incapables de reconnaître ou d’apprécier les qualités de leur enfant ou ce qu’il fait de bien. Ce besoin de rabaisser – voire d’humilier ou de manipuler – les proches permet notamment de se « distinguer », car les parents toxiques sont animés d’un fort besoin de reconnaissance, de briller et de passer pour talentueux. D’ailleurs, ils peuvent être critiques tout en faisant de leur enfant une source de valorisation. Comprendre que si le « petit » est l’objet de compliments, le parent toxique veillera à préciser que « c’est normal puisque c’est mon enfant ». Cela explique aussi le fait que s’il génère des tensions, il est clair qu’il n’en est pas à l’origine. Non, la faute en revient systématiquement à l’enfant qui en fait les frais ou à d’autres personnes de son entourage. Cela donne quoi tout cela ? Eh, bien des adultes/parents narcissiques, vaniteux, tyranniques, pessimistes, manipulateurs, démissionnaires, pervers ou bien encore intrusifs, et cela durablement, répétant inlassablement les mêmes comportements.
DE MULTIPLES SOUFFRANCES
Quand il s’agit d’une connaissance, d’une relation ou d’un parent éloigné, il suffit généralement de prendre ses distances, quitte à l’envoyer franchement balader, pour ne plus souffrir. Ou moins. Mais quand il s’agit de papa ou de maman, c’est tout de même sacrément différent. Un enfant aime son parent « toxique » même si son comportement le fait souffrir. À lire les spécialistes, ces enfants ont souvent des problèmes de concentration, manquent de confiance en eux, sont déprimés, ont quelques soucis à se « trouver » et peinent à s’épanouir.
Cela dépend notamment du type de parent « toxique » avec lequel ils vont devoir « composer ». Et c’est généralement en observant comment cela se passe dans les autres familles que les enfants se rendent finalement compte que leur sphère familiale a quelque chose « d’inconfortable ». En grandissant, aussi.
PRENDRE SES DISTANCES
Se pose alors la question de comment réagir pour renouer avec un peu de « sérénité » sans pour autant culpabiliser. Une culpabilité que le parent, dans certains cas, ne manquera pas d’attiser, bien évidemment. Quoi qu’il en soit, prendre ses distances peut s’avérer nécessaire. Cela ne signifie pas forcément
rompre tous les liens, mais réduire les contacts et prendre l’air. Cela implique quelques préambules tout de même. Il faut déjà être capable d’accepter que ses parents ne se comportent pas bien envers soi. Une discussion s’impose ensuite pour clarifier les choses avec son père ou sa mère puisque cela ne servira à rien de prendre ses distances si c’est pour recevoir 10 appels dans la journée. Il faut lui dire ce qui ne (vous) convient pas dans votre relation et fixer des limites. Il y a peu de chance que cela se traduise par un changement de comportement – au contraire cela pourrait bien décupler sa toxicité pendant un temps certain - mais ce sera dit. Et si ça fait mal, tant pis. Ce qui importe c’est de se recentrer sur soi-même pour retrouver un peu de liberté, s’épanouir et avancer. Comme vous êtes le fruit de cette éducation, peut-être faudra-t-il aussi opérer un « travail » sur soi afin de se libérer de sentiments, de carences affectives, de conditionnements, de croyances (négatives) voire de certains comportements toxiques que vous avez « intégrés », quitte pour cela à se faire aider par un professionnel de santé. Conseil que peut également suivre le parent toxique, la remise en question est particulièrement difficile, mais pas impossible. ●
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C’EST QUOI UN PARENT TOXIQUE ?
La « toxicité » peut se traduire par différents comportements malsains dans la durée, il :
s’attache à faire culpabiliser son enfant et cela dans tous les domaines, utilise bien volontiers le chantage émotionnel pour parvenir à ses fins et le manipuler, ne voit que ses défauts, ses faiblesses ou ses erreurs et est incapable de le féliciter ou de le complimenter, l’ignore, au contraire, place son enfant sur un piédestal permanent tant et si bien qu’il le surprotège quitte, pour cela, à veiller à ce qu’il n’ait pas d’amis, ne pardonne rien et ne s’excuse jamais, inspire la peur, se moque en permanence en abusant de plaisanteries au goût d’acide, considère les émotions comme autant de signes de faiblesses et les étouffe, a un goût certain pour l’humiliation et autres brimades mentales ou physiques, est toujours en train de comparer son enfant pour lui rappeler qu’il n’est pas à la hauteur, en demande toujours plus, car ce n’est jamais assez bien, beau, précis ou rapide (surtout si l’objectif est de réaliser ses propres rêves par le biais de son enfant), exige toute l’attention, partant du principe que son enfant lui doit tout ou beaucoup, devient un fardeau pour son fils ou sa fille.