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CARNET HUMANITAIRE

CARNET HUMANITAIRE

L’ESPRIT D’ENTREPRENDRE de génération en génération

Bercés depuis toujours dans l’entreprise dirigée par leurs parents, T-Hair, Cindy et Mike Travessa ont rejoint cette aventure familiale depuis plus de deux ans. Ils nous parlent de ce choix et des clés du succès de cette société qu’ils chérissent.

SPÉCIALISÉ DANS LA COIFFURE, L’ESTHÉTIQUE ET LE BIEN-ÊTRE, LE GROUPE T-HAIR EST BIEN CONNU DU PAYSAGE LUXEMBOURGEOIS. MAIS QUELLE EST SON HISTOIRE?

Cindy: La société est née en 1990, dans une toute petite pièce de 40 m 2

, avant de connaître une véritable expansion à partir de 2008. Au fil des ans, nos parents ont diversifié les services proposés, avec des salons de coiffure pour femmes mais aussi exclusivement pour hommes, des barber shops ainsi que des espaces dédiés à l’esthétique et au bien-être. Ils ont ouvert de nouveaux établissements au Luxembourg, et se sont étendus à l’étranger. Aujourd’hui, le groupe T-Hair comprend 18 espaces– 12 au Luxembourg, 4 au Portugal et 2 en France – et rassemble quelque 140 collaborateurs sans qui cette évolution n’aurait pas été possible.

COMMENT EXPLIQUER, D’APRÈS VOUS, CETTE RÉUSSITE?

Mike: Dès le départ, notre père a fondé sa stratégie sur un positionnement fort de salons présents uniquement en centre commercial. Son approche a toujours été basée sur l’innovation, à la fois autour des concepts proposés, des techniques de coiffure et de rasage utilisées ou encore des produits employés. Il a par exemple été le premier à ouvrir un salon de coiffure pour hommes au sein d’un centre commercial. À l’époque, on ne parlait pas de barber shop ici, c’était complètement nouveau! De la même manière, notre père a inventé sa propre méthode de rasage et de coupe pour homme. Nous disposons d’un centre de formation depuis plus de 10 ans. Et nous venons de créer, après plusieurs années de recherche et de développement, notre propre gamme de produits, adaptés aux besoins que nous rencontrons. Ils sont amenés à être distribués auprès de professionnels au Luxembourg, au Portugal et en France.

INTÉGRER L’ENTREPRISE FAMILIALE, C’ÉTAIT UNE ÉVIDENCE POUR VOUS?

Cindy: J’ai toujours voulu travailler dans la société. Petite, je passais mon temps avec ma mère dans les salons de coiffure. Je ne pouvais pas concevoir de ne pas continuer à faire grandir la société, ensemble. Néanmoins, nos parents ont toujours souhaité que nous construisions notre propre expérience, que nous fassions nos armes dans d’autres structures. Ils ne nous ont jamais poussé à les rejoindre. J’ai donc suivi des études supérieures, avant de travailler dans le secteur bancaire.

Mike: De mon côté, je n’ai jamais pensé à rejoindre la société aussi vite. J’ai étudié le management de l’hôtellerie de luxe, un domaine qui me passionne. C’est l’évolution du groupe T-Hair qui m’a amené à intégrer l’entreprise, afin d’y développer un projet spécifique, et ça m’a plu. Résultat: je suis là depuis deux ans et demi!

Nous sommes très heureux de travailler et d’évoluer aux côtés de nos parents. C’est une réelle chance

COMMENT S’EST DÉROULÉE VOTRE INTÉGRATION DANS L’ENTREPRISE?

Cindy: Nos parents avaient énormément de travail et de nombreuses opportunités de business pour faire grandir l’entreprise familiale. Parallèlement, nous avions l’envie de développer un nouveau concept au sein d’Auchan Kirchberg, un concept que mon père avait imaginé lors d’un

de ses voyages d’affaires et dont je me suis inspirée afin de réaliser une étude de marché dans le cadre de mon mémoire de fin d’études: un lieu qui regroupe tout pour l’homme– des idées cadeaux, un centre de bien-être ainsi qu’un espace barbier et coiffure. Pour pouvoir continuer à innover et mettre sur pied ce projet, il fallait toutefois engager de nouveaux collaborateurs, tout en veillant à garder cet esprit familial caractéristique de l’entreprise.

Mike: Au cours d’une discussion avec nos parents à ce sujet, nous nous sommes regardés avec Cindy, et nous nous sommes dit: «Et si c’était nous qui vous apportions cette aide?».

QUELLES SONT LES DIFFICULTÉS QUE L’ON PEUT RENCONTRER EN TANT QUE FILS ET FILLE D’ENTREPRENEURS?

Mike: Il faut faire ses preuves, démontrer que l’on a envie et que l’on est compétent. Il ne s’agit pas d’arriver dans l’entreprise en croyant tout connaître d’elle, ou en voulant tout révolutionner. Et ce n’est d’ailleurs clairement pas notre souhait. C’est pourquoi nous avons créé nos propres postes, après avoir identifié les différents éléments sur lesquels on pouvait apporter notre pierre à l’édifice. Personnellement, je me suis occupé du nouveau projet à Auchan Kirchberg et je travaille au développement de la gamme de soins de barbe, en collaboration avec mon père. J’ai aussi pris le lead sur la France, qui constitue pour nous un nouveau marché, tandis que Cindy gère les salons au Portugal.

Cindy: De par ma formation, je me concentre sur l’aspect financier de l’entreprise. Avec deux nouvelles ouvertures annuelles en moyenne au cours de ces dernières années, il est important de stabiliser les coûts et de les optimiser, avant de pouvoir poursuivre l’expansion du groupe.

Je m’occupe également du marketing et de la communication.

LE PASSAGE DU FLAMBEAU SE PRÉPAREDONC ?

Cindy: Nous apprenons beaucoup de nos parents, mais mon père ne sera jamais retraité! Nos parents sont les piliers de cette entreprise, ils ont tous deux l’expérience et le savoir-faire, chacun dans leurs domaines. Ils sont complémentaires et c’est ce qui fait leur force.

Mike: Nos parents délèguent toutefois désormais beaucoup plus. Ils ont appris à confier certaines tâches. Même si ce n’était pas évident pour eux, cela devenait plus que nécessaire. Quand une entreprise grandit, il devient difficile d’avoir le contrôle sur tout.

Cindy: Nos parents nous ont toujours soutenus pour que l’on s’épanouisse dans notre propre vie. Ils nous ont répété qu’il fallait faire quelque chose que l’on aime, trouver la raison pour laquelle on veut se lever chaque jour. Aujourd’hui, nous sommes fiers de leur réussite commune, qu’elle soit professionnelle ou familiale, et nous aimerions reproduire ce modèle. Nous sommes très heureux de travailler et d’évoluer à leurs côtés. C’est une réelle chance.

QUELS SONT LES ENJEUX AUXQUELS VOUS ÊTES CONFRONTÉS DANS LE SECTEUR DE LA COIFFURE?

Mike: Nous faisons un métier manuel, c’est donc le résultat et l’expérience vécue par le client qui comptent. Aujourd’hui, soyons clair, il n’y a que des bons coiffeurs au Luxembourg. Dans ce contexte, il faut donc parvenir à être unique, offrir quelque chose d’exclusif, que le client ne peut pas retrouver ailleurs. C’est pourquoi nous travaillons énormément sur l’expérience client, afin de lui donner une raison de revenir chez nous. ●

En tant que fils d’entrepreneur, il faut parvenir à faire ses preuves, démontrer ce dont on est capable

LES INFOS EN +

LE CHIFFRE

140

C’est le nombre de collaborateurs que compte le groupe T-Hair, 30 ans après ses débuts.

FAMILY BUSINESS NETWORK LUXEMBOURG

Lancé en 2018, le réseau « Family Business Network Luxembourg » (FBN Luxembourg) vise à renforcer les liens entre les entreprises familiales du pays et à leur permettre d’échanger autour de leurs bonnes pratiques et des questions qui les préoccupent. www.fbn.lu

LA RELÈVE PAS TOUJOURS PRÉPARÉE

Selon l’enquête « Global family business » publiée par Deloitte en 2019, 68% des dirigeants d’entreprises familiales souhaitent garder l’entreprise dans la famille, mais la planification de la succession ne semble pas être leur préoccupation majeure. Seuls 26% d’entre elles possèdent en effet un plan formel de succession pour leur CEO. 39% disposent d’un plan informel et 34% n’ont pas encore conclu de plan.

Choisissez un travail que vous aimez et vous n'aurez pas à travailler un seul jour de votre vie

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