La rénovation bioclimatique

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Guy Loison

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La rénovation

La rénovation

bioclimatique

bioclimatique

Guy Loison

Journaliste, Guy Loison explore, depuis plus de 20 ans, tous les aspects pratiques de la maison, de la décoration et de l’aménagement du jardin, dans le respect de l’environnement.

La rénovation bioclimatique

Vous nourrissez le projet de rénover votre maison, tout en alliant confort, modernité et économies d’énergie ? Ce guide est fait pour vous ! Votre habitation, autrefois conçue sans prêter grande attention à l’environnement, est sûrement énergivore, dispendieuse, mal isolée… mais possède des particularités et des atouts, qu’il vous faudra repérer et exploiter à votre avantage. Cet ouvrage vous donne les clés pour dresser un bilan complet de votre habitation afin de cibler au mieux les travaux à réaliser. Vous y trouverez également des conseils pour choisir les installations et les outils qui vous permettront de rénover votre maison selon les principes bioclimatiques. Obtenir un logement tirant parti des ressources naturelles et produisant son énergie – grâce à des panneaux photo voltaïques, une éolienne ou un récupérateur d’eau de pluie – est désormais possible !

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Sommaire Avant-propos. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

4. Tirer parti des ressources disponibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

1. En quoi consistent les principes bioclimatiques ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Le soleil. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76

La maison dans son environnement . . . . . . 10

La véranda . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82

Les ressources disponibles. . . . . . . . . . . . . . . . . 12

Les murs capteurs et accumulateurs . . . . . 86

La notion de confort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

La terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

Des variables uniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Le puits canadien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

Le chauffe-eau solaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78

Les pompes à chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 2. Dresser le bilan de la construction existante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

Autres pistes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96

Rappel réglementaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

5. Aménagements et extensions. . . . . . . . . . 99

Bilan thermique, bilan technique, bilan économique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

Revoir l’espace intérieur. . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 Conquérir de nouveaux espaces. . . . . . . . 102

Quels atouts, quels handicaps ? . . . . . . . . . . 26 Feuille de route et déroulement des tra vaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

6. Produire son énergie et ses ressources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 Produire son électricité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

3. Isoler, ventiler, chauffer, climatiser . . . . . 33 L’isolation des parois opaques . . . . . . . . . . . . 34 Le toit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Les murs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Le s ol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

Les panneaux photovoltaïques . . . . . . . . . . 107 Éolienne et microhydraulique . . . . . . . . . . . . 109 Exploiter l’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112 Récupérer l’eau de pluie . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 Récupérer l’eau du puits . . . . . . . . . . . . . . . . . 115

L’is olation des ouvertures . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 L’is olation des annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 La ventilation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 La ventilation naturelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 La ventilation mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Le chauffage et la climatisation . . . . . . . . . . 60 Adapter le chauffage existant . . . . . . . . . . . . 62 Chauffage individuel, poêle de masse et cheminée. . . . . . . . . . . . . 65 La climatisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

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Isoler, ventiler, 3 chauffer, climatiser Protéger. C’est la raison d’être de l’habitat. Depuis la préhistoire, il préserve des aléas climatiques. La technique s’est affinée au fil du temps : il y a d’abord eu le chauffage, avec le feu, puis la ventilation pour la fumée, puis l’isolation pour le confort. Aujourd’hui, les critères sont identiques. Ils sont seulement inversés. L’isolation est une priorité absolue pour réduire la consommation d’énergie, sans négliger le confort. Cela induit, entre autres, de maîtriser les flux d’air, et donc la ventilation, en préservant la santé des occupants. Enfin, si les règles d’isolation et de ventilation sont respectées, le chauffage devient accessoire.

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L’isolation des parois opaques Les parois opaques désignent évidemment les murs, mais aussi le toit et les planchers bas. Ce sont tous les éléments de l’enveloppe, à l’exclusion des ouvertures. Aujourd’hui, il est enfin reconnu que l’isolation des parois est une priorité. En effet, compte tenu de la surface qu’elles représentent comparée à celle des ouvertures, c’est une simple question de bon sens.

Les performances d’isolation d’une paroi sont établies à partir de deux coefficients principaux, R et U. Le coefficient de résistance thermique R qualifie la capacité d’un élément, une paroi en l’occurrence, à s’opposer à un transfert de chaleur. Dans le cas présent, il s’agit de freiner le flux de l’intérieur vers l’extérieur en hiver, puis en sens inverse, en été. R est exprimé en m2.K/W (mètre carré, degré kelvin, watt). Pour obtenir le R global d’une paroi, il faut additionner les R de chaque élément qui la compose (enduit, parpaing, isolant, doublage…). Un matériau est considéré comme un isolant si sa résistance thermique R dépasse 0,5 m2.K/W. Retenez aussi que R est lié à l’épaisseur et à la conductivité thermique (la quantité de chaleur transférée). Ainsi, plus un matériau est épais, plus il est efficace, à condition que sa conductivité thermique soit faible. Par exemple, pour obtenir une résistance thermique R égale à 1, il faut 2,5 cm de mousse de polyuréthane, environ 4 cm de polystyrène expansé, de laine de verre, de ouate de cellulose ou de liège, près d’un mètre de béton plein ou… 237 m d’épaisseur d’aluminium ! Le coefficient R est indiqué sur l’emballage des produits isolants certifiés. C’est la seule va-

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leur à utiliser pour les calculs tant elle varie en fonction des produits ou de leur épaisseur. Pour simplifier les calculs, il est inutile de prendre en compte la résistance thermique d’un mur existant non isolé qu’il soit en brique pleine (R = 0,24 m2.K/W pour 20 cm) ou en béton (R = 0,22 m2.K/W pour 20 cm). U qualifie le coefficient de transmission thermique d’une paroi, c’est-à-dire la quantité de chaleur qui parvient à la traverser. Exprimé en W/m2.K, c’est l’inverse exact de R (U = 1/R). Son intérêt principal est de servir de base aux calculs normalisés et réglementaires. Plus le coefficient U est faible, mieux la paroi est isolée. Mais, pour le calculer, il faut tenir compte des fuites éventuelles (ponts thermiques), des défauts d’étanchéité, etc. Ainsi, dans le cas d’une paroi, le coefficient U est bien plus précis que R, mais beaucoup plus difficile à calculer sans l’aide d’un logiciel spécialisé.

L’hiver, l’été En hiver, il faut retenir la chaleur. En été, il faut l’empêcher d’entrer, ou la retarder le plus longtemps possible. C’est le déphasage. Une casserole en cuivre chauffe très vite et se refroidit à la même vitesse. Un tajine en terre cuite met


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Isoler, ventiler, chauffer, climatiser

plus longtemps pour atteindre la même température, mais la conserve et la restitue lentement. Dans le cas d’un mur sans isolation, la chaleur du soleil en début d’après-midi traverse immédiatement la paroi et augmente la température intérieure alors qu’il fait déjà trop chaud. Si le mur bénéficie d’un bon déphasage, induit par une isolation efficace et une forte inertie, la quantité de chaleur traversante sera plus faible et ne parviendra à l’intérieur du logement qu’en fin de journée, lorsqu’il sera possible de l’évacuer en aérant. Cette stratégie est appliquée depuis toujours dans les pays chauds avec des murs clairs, très épais, en terre crue. La couleur claire renvoie la chaleur, l’épaisseur retarde son transfert, et l’argile complète le dispositif grâce à une excellente inertie.

Certains matériaux sont d’excellents isolants mais sans aucune inertie, d’autres ont les performances inverses. Le polystyrène appartient à la première catégorie, la brique pleine, voire le béton, font partie de la seconde. En rénovation, il faut tenir compte de l’existant et s’adapter. Par exemple, les performances d’un mur en béton isolé avec du polystyrène vont varier en fonction de la disposition des matériaux, à épaisseurs égales et donc à U (ou R) constant. Si le polystyrène est à l’extérieur, il permet au béton de jouer son rôle, modeste, de déphasage. S’il est à l’intérieur, il l’en empêchera. Ainsi, à performances d’isolation égale, la première solution sera plus confortable que la seconde, et permettra peut-être d’éviter de climatiser.

La priorité : isoler les surfaces occupées par les façades, le toit et le sol du rez-de-chaussée.

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Isolation extérieure/intérieure Dans l’exemple précédent, l’isolation extérieure est plus efficace. Mais si vous êtes obligé d’isoler par l’intérieur, le mieux consiste à changer d’isolant et de préférer une laine par exemple. Dans le neuf, le débat entre isolation extérieure et isolation intérieure est clairement tranché en faveur de la première solution. En théorie, elle est toujours plus efficace qu’à l’intérieur, et il suffit d’adapter l’ouvrage pour tenir compte de ses spécificités, en particulier pour assurer la continuité de l’isolation au niveau des ouvertures ou des liaisons avec le toit et les planchers. En rénovation, des compromis sont nécessaires, tout en restant intransigeant sur les performances d’isolation qui constituent, de loin, le critère primordial.

+ d’info L’isolation par l’extérieur Avantages • Meilleures performances en confort d’été. • Réduction du nombre de points singuliers (ponts thermiques…). • Réfection des façades, amélioration de l’étanchéité de l’enveloppe. • Complément efficace d’une isolation intérieure existante mais insuffisante. Inconvénients • Surcoût. • Intervention parfois difficile (balcons, porches…), voire impossible (façade sur rue, bâtiment historique…). • De nombreux produits isolants ne sont pas adaptés (comportement vis-à-vis de l’eau, des moisissures…).

L’isolation par l’intérieur Avantages • Facilité de mise en œuvre. • Possibilité d’étalement des travaux (pièce par pièce). • Procédé économique. Inconvénients • Performances limitées par de nombreux ponts thermiques. • Réduction importante du volume habitable particulièrement gênante dans les petites pièces. • Perturbation prolongée dans l’usage et l’occupation des locaux. Dans le neuf, un troisième procédé peut être envisagé : l’isolation répartie. Elle consiste à placer l’isolant au centre de la maçonnerie ou à utiliser des blocs à construire qui assurent également la fonction d’isolation. Plusieurs techniques sont proposées. Elles sont à étudier si vous envisagez de créer des extensions. L’isolation des parois opaques est une intervention lourde.

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Isoler, ventiler, chauffer, climatiser

Le toit Vous le savez, la chaleur monte. Ainsi, une maison peut être considérée comme un vaste conduit de cheminée. La chaleur produite à l’intérieur a tendance à s’échapper par le haut. Ces fuites par le toit représentent 30 % du volume total des pertes d’une maison. À cela s’ajoutent les problèmes liés au confort d’été, car les toits très bien exposés constituent d’excellents capteurs de chaleur en période de canicule.

Les performances recherchées

Toiture froide

Plus R est important, meilleure est l’isolation. Alors, autant voir grand et exiger les meilleures performances, soit un R égal à 5 m2.K/W au minimum. Toute solution qui n’atteint pas ce seuil est à écarter, et celle qui la dépasse est à privilégier.

D’un point de vue bioclimatique, l’aménagement des combles est une aberration. Il suffit pour s’en convaincre de se rappeler du rôle du grenier dans les fermes. Vaste volume sans cloison, il se remplissait de foin jusqu’à l’arrivée de l’hiver. Plusieurs mètres d’épaisseur de

La toiture est souvent la première des parois opaques à isoler.

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paille : il est difficile de trouver un meilleur isolant, même avec les matériaux modernes. En été, ce grenier ouvert aux courants d’air absorbait les chocs thermiques et ventilait l’air avant même qu’il ne parvienne à l’espace habitable en dessous. Aujourd’hui, ce principe est connu sous le nom de toiture froide. Ce procédé consiste à isoler le plancher entre le grenier et l’étage inférieur. Le volume « perdu » joue le rôle d’espace tampon. Mettre en place un isolant directement sur le sol est techniquement très facile, économiquement imbattable et d’une efficacité redoutable. Le traitement des ponts thermiques, des transferts de vapeur d’eau ou la gestion de l’épaisseur requise ne présentent aucune difficulté. D’autre part, l’isolant reste facilement accessible, de même que la sous-face de la charpente et de la couverture : cela reste encore le meilleur moyen de déceler les fuites ou de prévenir les attaques d’insectes parasites avant qu’elles ne provoquent d’importants dégâts. La liberté de choix de l’isolant constitue un autre point fort de ce mode d’isolation. Tous les produits, en rouleau, en panneau ou en vrac peuvent être utilisés. Plus que la performance intrinsèque, qui peut être adaptée en augmentant l’épaisseur, les critères de choix de l’isolant se portent sur le prix, en cas de budget serré, sur l’impact environnemental de sa fabrication, sur son comportement vis-à-vis du vieillissement, des transferts de vapeur d’eau, des insectes, des rongeurs, des moisissures… Il n’y a pas de panacée mais des réponses précises à de nombreux cas particuliers (type de sol, facilité d’accès aux recoins et donc de mise en place, etc.). Le volume du grenier n’est pas désaffecté pour autant. Un plancher léger peut être mis en place sur la couche d’isolation, ce qui permet de consacrer cet espace au rangement,

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Toiture froide : isolez le plancher du grenier.

à la circulation des différents réseaux (électricité, eau, air), à condition de les isoler à leur tour. Ce volume peut aussi recevoir les équipements de gestion de l’énergie (ballon de stockage, centrale double flux, distribution de chaleur, convertisseur-onduleur…). Le volume offert pour le rangement peut être récupéré dans l’espace habitable, en supprimant des placards par exemple, ou en facilitant le réaménagement des pièces.

Toiture chaude Évidemment, pouvoir exclure le volume entier du grenier de l’espace habitable est rarement envisageable. L’aménagement des combles a constitué une grande vogue des années 1980 et 1990. De nombreux espaces ont ainsi été transformés au nom de l’efficacité rationnelle, qui considère que si la surface habitable augmente à l’intérieur d’un volume constant, la valeur spéculative du bien fait de même. En clair, achetez 90 m2, revendez 110 et empochez la plus-value. Comme il est désormais difficile de procéder en sens inverse (acheter 110, revendre 90 !), différentes techniques ont été mises en œuvre pour isoler les pentes du toit et rendre cet espace habitable. Mais les contraintes techniques sont redoutables car il faut tout aussi bien isoler l’été contre les surchauffes, que l’hiver contre le gel. Cela revient à empêcher la chaleur d’entrer l’été et à la retenir l’hiver. Aucun isolant actuel n’est


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Isoler, ventiler, chauffer, climatiser

L’isolation par-dessous peut se révéler moins coûteuse, mais moins efficace.

capable d’apporter à lui seul une réponse. En effet, paradoxalement, il faut plus isoler pour l’été que pour l’hiver. Cette contradiction est seulement apparente car l’écart thermique entre des tuiles rôties sous le soleil (60 - 70 °C) et une ambiance confortable intérieure est bien plus grand que celui qui est constaté entre la même ambiance et un gel polaire. Dans ces conditions, certains isolants, la laine de bois notamment, affichent de bonnes performances. Mais la solution passe d’abord par une conception globale du toit, depuis le choix de la couverture, de l’écran de sous-toiture, de la préservation d’une lame d’air ventilée, du type d’isolant et de sa mise en place, de l’écran pare-vapeur et du parement de finition intérieur envisagé. Cette complexité rend quasiment impossible la rénovation d’une isolation existante ou une mise en œuvre par l’intérieur. Pour disposer des meilleures performances et assurer leur pérennité, seule une intervention par l’extérieur est possible. L’opération consiste à découvrir la charpente, à poser une couche d’isolant, puis à refaire la couverture de tuiles ou d’ardoises. Il existe différentes techniques :

• Le sarking se rajoute à la charpente existante, quel qu’en soit le type, traditionnel ou industriel. Il est même possible, sous certaines conditions, de l’utiliser pour compléter une isolation des rampants déjà réalisée. Cette technique présente l’intérêt d’offrir une protection

à savoir > Travaux complémentaires La fréquence moyenne pour la réfection d’un toit dépasse les 30 ans. Compte tenu de l’investissement, autant assurer la pérennité de la réalisation et limiter les interventions ultérieures. Or, la qualité d’un ouvrage se juge à son point le plus faible, celui qui risque de se détériorer le plus vite. Par exemple, le recours à des techniques ou à des produits d’isolation aux performances prouvées bien au-delà de la seule garantie légale de 10 ans est un gage de sérénité. À l’occasion de la réfection de la couverture, pensez à associer un chauffe-eau solaire ou des panneaux photovoltaïques. L’isolation du toit rime avec l’aménagement du comble et donc avec l’installation de fenêtres de toit. Pour ne pas ruiner les bénéfices attendus, ces fenêtres doivent afficher les plus hautes performances d’isolation thermique possible et disposer d’une protection solaire extérieure.

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continue, sans interruption. En conséquence, la couverture pèse directement dessus. L’isolant doit donc présenter des caractéristiques adaptées pour ne pas se tasser, glisser ou réagir à la présence de vapeur d’eau. • La technique des panneaux sandwichs est mieux adaptée aux charpentes industrielles ou, au moins, réalisées avec des éléments calibrés, de section standard, d’écartement constant, et non déformés. L’isolation est assurée par un complexe de doublage, revêtu côté comble par un parement de plafond, et côté extérieur par un second parement destiné à supporter la couverture, parfois avec des liteaux intégrés. Les panneaux sont emboîtés les uns dans les autres et l’isolation est continue. Le montage est plus rapide que dans le cas d’un sarking classique. Une plus large gamme d’isolants peut être utilisée. Les panneaux sont posés dans le sens de la pente ou perpendiculairement. • Dans le cas des caissons chevronnés, les éléments sont porteurs. Ils peuvent donc remplacer les chevrons existants. C’est une technique élégante pour rénover des charpentes anciennes. Les poutres d’origine sont conservées et restent apparentes. Le reste est remplacé. À l’opposé, ce procédé convient également pour les systèmes industriels de couvertures légères. Dans cette technique, l’isolant est doublé de parements, intérieur et extérieur, comme pour des panneaux sandwichs. Il est aussi doublé de deux montants qui font office de chevrons. La pose s’effectue donc toujours dans le sens de la pente. L’isolant n’a plus de rôle porteur, repris par la structure du caisson. Ainsi, une très large gamme d’isolants peut être utilisée. L’isolation n’est toutefois pas continue ; le risque de créer des ponts thermiques est important et nécessite une très grande rigueur de la part du poseur. D’autre part, la présence des chevrons affecte sensiblement les performances isolantes de l’ensemble.

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+ d’info Les toitures-terrasses • Les toitures-terrasses associent les inconvénients de la toiture chaude à l’isolation des planchers. Heureusement, dans les faits, la situation n’est pas aussi catastrophique, si l’on respecte quelques précautions. • L’isolant doit toujours être placé à l’extérieur, au-dessus de la dalle, d’abord parce que la réglementation l’impose, ensuite parce qu’une isolation intérieure peut créer de nombreux désordres, sans répondre efficacement aux besoins. De même, une solution qui consisterait à doubler par l’intérieur une isolation extérieure insuffisante est à éviter. • La technique mise en œuvre doit être adaptée au type de toiture et à son usage, accessible ou non. Cela concerne le choix de l’isolant, de la membrane d’étanchéité et de la couche de revêtement extérieure (dallage, gravier…). En règle générale, l’isolant est placé sous l’étanchéité, mais il peut être aussi posé par-dessus (isolation inversée). • Le complexe d’étanchéité et d’isolation peut être complété par une couverture végétalisée. Cela consiste à planter une végétation rase, extensive ou semi-extensive, afin de limiter les épaisseurs nécessaires de substrat et les opérations d’entretien. Cette présence améliore le confort d’été en augmentant le déphasage et en limitant les élévations de température aux heures les plus chaudes. En retenant l’eau de pluie, la couverture végétalisée contribue également à faciliter la gestion collective des eaux pluviales. Toutefois, ces atouts sont déjà largement offerts par une toitureterrasse standard non circulable, doublée d’un revêtement en gravier roulé, par comparaison avec un toit en pente.


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Isoler, ventiler, chauffer, climatiser

Les murs D’abord porteurs, les murs extérieurs jouent aussi un rôle important dans la régulation de l’humidité et la gestion du confort. Une ambiance intérieure froide et humide provient avant tout des maçonneries. Mais ce n’est pas une fatalité, et la même maçonnerie peut produire l’effet inverse, à condition d’être adaptée. Les pertes de chaleur par les murs représentent près du quart du volume total. À cela s’ajoute le fait que l’isolation des murs a longtemps été négligée au profit de celle des ouvertures ou du toit. Au final, bien peu de maisons disposent de murs correctement isolés. Cela induit des conséquences sur le chauffage, bien sûr, mais aussi sur le confort, avec des sensations de froid et d’humidité accrues. Une bonne isolation est donc indispensable. Mais comment la mettre en œuvre ? Par l’extérieur ou par l’intérieur ? Le choix est difficile parce qu’un mur, à la différence d’un toit, est un vrai gruyère, percé d’ouvertures, d’angles, de raccordements, traversé par les réseaux, équipé de radiateurs, d’étagères, doublé de meubles… Tout cela complique les travaux – il faut une solution pour chaque détail – et augmente le risque de créer des ponts thermiques.

quer en plein été. Différentes solutions peuvent être envisagées. Elles doivent être adaptées en fonction de l’orientation. La façade nord, parce qu’elle ne reçoit pas le soleil, n’est pas concernée.

Les performances recherchées

L’isolation par l’extérieur (ITE)

En rénovation, la réglementation impose une résistance thermique R égale à 2,3 m2.K/W au minimum. Cette valeur est fixée au-delà de 2,8 pour bénéficier du crédit d’impôt. Il s’agit là de seuils. Toute valeur de R supérieure est à préférer. Visez entre 4 et 5 m2.K/W, soit une épaisseur de 15 cm d’isolant au moins.

Cette technique est à étudier en priorité. Il s’agit tout simplement de placer le matériau isolant du côté froid, à l’extérieur, plutôt que du côté chaud, à l’intérieur.

Une valeur de R élevée est importante pour l’hiver. Mais il faut également gérer l’ensoleillement, le favoriser en période froide, le mas-

Les murs capteurs permettent de valoriser les apports thermiques. Ces maçonneries particulières sont orientées vers le sud. Elles stockent la chaleur du soleil et la restituent à l’intérieur du logement après quelques heures de décalage, ou plus rapidement dans le cas d’une paroi ventilée (voir Les murs capteurs et accumulateurs, pp. 86-87). Pour prévenir les surchauffes estivales, les protections végétales sont des solutions envisageables (arbres de haute tige à feuillage caduc, vigne vierge…). Les stores extérieurs, les casquettes au-dessus des ouvertures (visières en béton) en sont d’autres.

Le premier avantage est de protéger le mur des agressions climatiques, de la même façon que le pull le fait pour la peau. Les écarts thermiques, le gel l’hiver ou le soleil l’été, sont supportés par l’isolant, pas par la maçonnerie. Les problèmes liés aux infiltra-

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tions d’eau de pluie sont réduits (décollements d’enduits, fissures, rouille des armatures…). L’efficacité de l’isolation, par rapport à une solution intérieure, est améliorée. En effet, les façades sont doublées de façon continue, alors que par l’intérieur, l’isolant s’arrête à chaque étage. Ces ponts thermiques sont donc supprimés. Le confort intérieur est amélioré et, par conséquent, vous faites plus d’économies sur le chauffage. L’isolation par l’extérieur préserve la capacité thermique de la construction. En été, il faut du temps pour que la chaleur du soleil traverse l’isolant, puis le mur. Selon la nature de la maçonnerie, ce décalage (déphasage) peut atteindre 12 heures. Il est alors possible d’aérer pour évacuer cet excès. En hiver, c’est l’inverse, l’épaisseur du mur se trouve du côté chaud. Il est donc plus facile de conserver une ambiance confortable, à température et humidité constantes. Car la sensation de confort n’est pas seulement une question de température. Elle tient aussi compte de l’humidité de l’air, que le mur peut contribuer à réguler, et des différences de température, du sol au plafond ou entre l’air et les murs.

Trop mince, l’isolation est inutile car inefficace.

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La préservation de la surface habitable est un autre avantage important. L’ITE n’empiète pas sur les volumes intérieurs. En considérant qu’une isolation performante mesure au moins 10 cm d’épaisseur, cela libère plusieurs mètres carrés pour une maison entière. De façon plus anecdotique, l’ITE facilite l’aménagement intérieur : il est possible d’encastrer les réseaux dans les murs, pour l’électricité notamment, sans modifier les performances de l’isolant. D’autre part, une maçonnerie supporte mieux les charges lourdes (placards de cuisine, ballon d’eau chaude…) qu’une plaque de doublage en plâtre.

Les techniques en ITE L’enduit sur isolant est la solution d’ITE la plus économique. L’isolant (polystyrène, laine minérale, polyuréthane) est d’abord fixé sur les façades, puis recouvert par un treillis d’armature, qui reçoit à son tour un enduit décoratif, mince ou épais. Cette technique permet de conserver la couleur et l’aspect des façades des constructions récentes. Elle est, en revanche, sensible au vieillissement parce que l’enduit est solidaire de l’isolant. Il subit les écarts thermiques et peut donc se fissurer plus vite. Le risque de perforer l’isolation à la suite d’un choc est aussi plus élevé. De façon traditionnelle, le bardage est constitué d’éléments de parement, fixés sur des tasseaux. En ITE, l’espace entre ces tasseaux est rempli par l’isolant, collé ou chevillé sur les murs. Une lame d’air ventilée, de 2 cm environ, est préservée entre le bardage et l’isolant. Elle limite les écarts thermiques et assure un meilleur contrôle de l’humidité présente dans le mur. Le bardage est principalement utilisé avec des laines souples, minérales (verre, roche) ou non (chanvre, mouton…). L’aspect final dépend du matériau utilisé. Cela peut être du bois, massif ou transformé, des lames en plastique ou métalliques, des écailles de


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Isoler, ventiler, chauffer, climatiser

Privilégiez plutôt l’isolation des murs par l’extérieur.

fibre-ciment, des ardoises, des tuiles plates… Ce système résiste bien au vieillissement. Le traitement des points singuliers – les angles de la maison, les fenêtres – est plus compliqué qu’un enduit sur isolant. Il faut également prendre toutes les précautions nécessaires contre les rongeurs et autres locataires qui trouvent là un gîte confortable. La vêture est la version extérieure des complexes de doublage intérieur. Elle est constituée de panneaux associant le parement et l’isolant (laine compressée, polystyrène, polyuréthane), qui sont fixés sur les façades avec des pattes, des cornières ou des chevilles traversantes. Cette technique reprend les avantages et les inconvénients du procédé dont elle s’inspire, l’enduit sur isolant. Une autre variante consiste à réaliser un bardage particulier, où l’ossature est fixée par-dessus l’isolation continue des façades. C’est le vêtage, souvent mis en œuvre avec un parement en pierres minces qui apporte un raffinement certain à l’aspect final des façades. Le contre-mur est la transposition, à l’extérieur, de la contre-cloison intérieure. L’isolant est

placé en sandwich entre la façade actuelle et un nouveau mur de doublage. Il est donc parfaitement protégé du vieillissement. Cette technique traditionnelle permet de choisir librement la nature ou l’épaisseur de l’isolant et du parement. Elle s’adapte ainsi à tous les styles d’architecture. En revanche, sa réalisation demande le plus grand soin. La durée du chantier et les coûts de main-d’œuvre s’allongent en conséquence. Pour chacune de ces techniques, l’intervention d’un professionnel qualifié est indispensable. L’ITE modifie l’aspect extérieur de la maison et peut enfin constituer un moyen élégant d’améliorer les performances d’une maison déjà isolée par l’intérieur.

L’isolation par l’intérieur Si les murs sont libres (sans radiateurs, étagères, réseau électrique…), cette isolation est la plus facile à réaliser, et la plus économique. En revanche, elle n’apporte pas de réponse véritablement efficace aux problèmes des ponts thermiques provoqués par les planchers ou les cloisons de refend, perpendicu-

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La rénovation bioclimatique

laires, qui séparent deux pièces. Dans ce cas, l’isolation est interrompue, sauf si l’on isole à leur tour ces cloisons, ainsi que les planchers.

son tour, collé sur le mur support. Cette technique est la plus facile à réaliser, mais elle ne s’applique qu’à des murs parfaitement réguliers et, si possible, non enduits au plâtre.

Les techniques en intérieur

L’isolation avec parement sur ossature combine les deux techniques précédentes. L’isolant est indépendant du parement intérieur, qui est constitué d’une plaque de plâtre fixée sur une armature métallique ou en bois. Applicable sur tous les supports, cette technique simplifie le montage du parement, mais n’apporte pas les gains offerts par une contrecloison classique.

L’isolant est toujours plaqué contre le mur existant, puis doublé d’un parement. Le mur support doit être en parfait état, et surtout ne pas présenter de désordres liés à l’humidité. Dans le cas de l’isolation avec contre-cloison, le parement intérieur est monté en briques, en carreaux de plâtre ou en béton cellulaire. Cette technique est difficile à mettre en œuvre, mais apporte la réponse la plus satisfaisante pour l’équilibre entre le confort d’été et celui d’hiver. Dans le cas de l’isolation avec complexe de doublage, l’isolant est livré en panneau, collé derrière une plaque de plâtre. Le tout est, à

Outre le problème des ponts thermiques, l’inconvénient majeur de l’isolation par l’intérieur est son épaisseur : 15 cm d’isolant complétés par 5 cm de cloison pour disposer d’une isolation efficace, voilà qui réduit considérablement la surface habitable !

+ d’info Les murs anciens Les procédés d’isolation par l’intérieur ou l’extérieur s’adressent aux maisons construites de manière industrielle, en béton, parpaing de béton ou brique. Ils sont moins adaptés aux maçonneries traditionnelles, en pierre ou en terre et ses dérivés (colombage, pisé, etc.). Pour la pierre, il existe de grandes disparités de comportement selon sa nature (calcaire, granit…) et son mode d’assemblage (épaisseur du mur, largeur de joint…). De manière générale, un mur de pierre permet de réguler assez bien l’humidité, mais s’avère médiocre pour le confort thermique. Et les solutions pour remédier aux problèmes sont délicates à mettre en œuvre sans créer de nouveaux désordres (remontées capillaires, destruction des joints, pourrissement des pierres…). Pour la terre, en revanche, une bonne partie du travail est déjà faite car ces murs, en règle générale, présentent de bonnes dispositions de confort thermique et de régulation de l’humidité. Il faut absolument préserver ce constat en évitant de perturber les transferts qui s’établissent naturellement à l’intérieur de ces maçonneries spécifiques. L’ajout d’une forte isolation, extérieure comme intérieure, modifie ce cycle et doit être évitée. Dans ce cas précis, l’enduit isolant est une solution à envisager. Cette technique consiste à appliquer, en deux couches, un ravalement particulier composé d’un enduit de chanvre et de chaux, de 5 cm d’épaisseur, à l’extérieur, éventuellement complété sur le même principe du côté intérieur. Elle préserve l’aspect du bâti traditionnel et s’avère suffisante dans le cas de murs très épais.

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