Pas si bĂŞtes !
Mon chat ne fait que des bĂŞtises! DOCTEUR COLETTE ARPAILLANGE
Mon chat
ne fait que des bĂŞtises ! DOCTEUR COLETTE ARPAILLANGE
© 2012, Éditions Rustica, Paris Dépôt légal : septembre 2012 ISBN : 978-2-8153-0248-7
www.rustica.fr www.fleuruseditions.com
Sommaire
7 Avant-propos
62
â– Votre chat chez lui
64 Votre chat mâchouille vos affaires 8
■Ange ou démon ?
67 Votre chat s’attaque à vos plantes 69 Votre chat fait ses griffes partout
10 Portrait du chat idéal
74 Votre chat a des crises de folie
17 Comportement : du normal au pathologique
78 Votre chat fait pipi partout
22 Les comportements maladifs
28
â– Votre chat et la nourriture
86
â– Votre chat et vous
88 Votre chat miaule sans arrĂŞt
30 Votre chat est difficile
93 Votre chat vous tète
35 Votre chat tue les oiseaux dans le jardin…
96 Votre chat déprime quand vous partez
40 Votre chat réclame à manger tout le temps 45 Votre chat vole de la nourriture
en vacances 99 Votre chaton est brutal quand il joue 102 Votre chat vous griffe quand vous le caressez
48
â– Votre chat et les autres
107 Votre chat est devenu agressif sans raison
50 Votre chat ne supporte pas votre chien 54 Votre chat se cache quand quelqu’un vient 57 Vos chats ne se supportent pas
110 Index
5
CHAPITRE 1
Ange ou démon ?
CHAPITRE 1 • ANGE OU DÉMON ?
Portrait du chat idéal
L
e chat tend à remplacer le chien dans nombre de foyers français. Cet engouement s’explique aisément car il est considéré comme plus adapté au mode de vie actuel. Il trouve facilement sa place dans les appartements exigus et les emplois du temps surchargés. Il n’a nul besoin de sorties et de longues promenades, il peut rester seul quand le week-end arrive, il ne réclame pas beaucoup d’attention ni de soins, et son entretien reste très économique. Cependant le chat s’impose plus qu’il ne se choisit. En effet, les achats restent rares, et le compagnon félin est le plus souvent trouvé ou donné. Avec ses qualités et ses défauts…
Le chat est propre C’est une des qualités premières du chat : le chaton est spontanément propre dès l’adoption et il trouve instinctivement le chemin du coin toilette. Vous serez donc en principe dispensé de la laborieuse étape d’éducation à la propreté qui occupe tous les propriétaires de chiots. C’est la mère chatte qui va se charger d’éduquer ses petits et de les orienter vers un endroit approprié, la litière ou le jardin. Le comportement d’élimination volontaire se met en place très tôt, vers l’âge de 4 semaines. Enfouir ses déjections est instinctif chez le chat, ce qui explique son attrait pour les substrats meubles, le sable, la terre des pots de fleurs ou… le tapis du salon. Cette tendance naturelle à la propreté, quoiqu’innée, n’est pas
10
absolue. Les causes de malpropreté sont nombreuses, ce problème étant d’ailleurs le principal trouble du comportement rapporté par les propriétaires de chat. Et les dérapages sont d’autant moins pardonnés que justement le chat est réputé avoir une hygiène irréprochable.
Le chat est joueur Le tempérament joueur se révèle aussi dès le plus jeune âge. À 5 semaines, les chatons découvrent le plaisir de poursuivre la queue de leur mère, avant de s’attaquer à des souris. C’est un excellent apprentissage pour ce redoutable prédateur. Les jeux de bagarre entre chatons commencent encore plus tôt, dès 3 semaines. Mais la mère chatte veille à ce que ces batailles ne dégé-
PORTRAIT DU CHAT IDÉAL
â–
Le chat est joueur dès son plus jeune âge !
11
CHAPITRE 1 • ANGE OU DÉMON ? nèrent pas ; ainsi, le chaton apprend à contrôler la pression de ses mâchoires et la puissance de ses coups de griffes. Les orphelins, privés de cette éducation de base, ont du mal à se contrôler et peuvent devenir brutaux. Le jeu persiste à l’âge adulte chez les chats de maison. Leurs congénères sauvages, trop occupés par leur survie, n’ont pas de temps à perdre avec ces « enfantillages ». Ces simulacres de chasse permettent au chat d’appartement de continuer à faire du sport. Il a de l’imagination et s’amuse avec n’importe quel objet ressemblant de près ou de loin à une proie vivante. Mais rien ne le stimule davantage que le jeu avec ses propriétaires. Aux humains qui l’accompagnent de faire preuve d’inventivité pour que ces activités ludiques soient un plaisir partagé. Attention à ce que ce chasseur dans l’âme ne confonde pas les mains avec une souris appétissante !
Le chat est adaptable C’est cette incontestable adaptabilité qui explique que le chat trouve facilement sa place partout :
Les différents statuts du chat domestique Certains chats dits harets, retournés à une vie libre, restent à distance des hommes et se nourrissent uniquement des produits de leur chasse. Les chats errants sont plutôt des « sans domicile fixe » qui s’établissent néanmoins à proximité des maisons et vivent des expédients des activités humaines. Quant au chat domestique stricto sensu, il est nourri par l’homme, et la chasse reste pour lui un loisir très occasionnel.
12
à la ville comme à la campagne, dans un appartement exigu ou dans une ferme, en solo ou en communauté… On retrouve le chat dans tous les pays et sous toutes les latitudes du globe terrestre. Le chat est à la fois un chasseur et une proie, et ce double statut explique la grande variabilité de son répertoire comportemental. Il surveille sa proie autant qu’il surveille ses ennemis… Pour rester en vie, il a su développer des capacités d’apprentissage et d’analyse. Il apprend vite à éviter le danger et tire facilement les leçons des expériences désagréables. De même, il se sensibilise rapidement et peut devenir phobique après un traumatisme mineur. Cette adaptabilité se construit au cours des premiers mois de la vie. Elle dépend de la qualité des expériences précoces. Si le chaton grandit au contact d’une mère bien socialisée à l’homme, au sein d’une famille qui lui prodigue des caresses et de l’affection, et dans un environnement stimulant où il peut pratiquer des activités variées, il sera malléable et à l’aise dans n’importe quel univers. Cette souplesse de caractère et cette capacité à accepter des modes de vie différents sont loin d’être systématiques et bon nombre de chats font preuve d’une grande psychorigidité. Le moindre changement constitue pour eux un traumatisme. Certains refusent de changer de sorte d’aliment ou de marque de litière ! D’autres basculent dans l’anxiété après des travaux de réfection ou la naissance d’un bébé. Cette adaptabilité fait que le chat n’est jamais là où on l’attend… Il garde une part de mystère, ce qui
PORTRAIT DU CHAT IDÉAL
explique d’ailleurs que tout et son contraire ait été dit concernant son comportement. Chaque chat est unique, et l’adaptabilité est aussi exigée du propriétaire qui doit inventer à chaque rencontre avec un chat une relation différente.
Le chat est casanier L’image du chat gardien du foyer est très présente dans les esprits. Protecteur des maisons qu’il débarrasse des nuisibles, il trouve sa place naturellement auprès des humains. À l’origine, il a été domestiqué par les populations sédentaires pratiquant l’agriculture alors que le chien accompagnait les chasseurs nomades. Très attaché à son territoire, il structure son espace de vie selon une organisation complexe. Il puise
â–
Le saviez-vous ? Les chats mâles entiers retournés à la vie sauvage peuvent avoir un domaine vital extrêmement étendu, environ trois fois plus étendu que celui des femelles : il est en moyenne de 60 hectares pour les mâles et de 16 hectares pour les femelles. Ces domaines peuvent se chevaucher mais incluent une zone qu’ils ne partagent pas et défendent âprement. Les chats mâles stérilisés ont un domaine vital à peu près de la même taille que celui des femelles. C’est la raison pour laquelle la longévité moyenne d’un chat stérilisé est largement supérieure à celle des individus entiers au comportement plus aventureux (13 ans versus 2 ans…). Le plus grand territoire mesuré est de 990 hectares dans le Bush Australien et le plus petit 0,1 hectares dans un village de pêcheurs au Japon. Ce qui souligne l’importance de la disponibilité de la nourriture dans l’organisation sociale et territoriale du chat.
sa sérénité dans la stabilité de son environnement. Son équilibre émotionnel est rapidement compromis lorsque son refuge est bouleversé ou lorsqu’il est contraint de démé-
Le chat gardien du foyer trouve l’apaisement dans son territoire.
13
CHAPITRE 1 • ANGE OU DÉMON ?
L’allomarquage, un signe d’affection ? L’allomarquage désigne le comportement de marquage d’un individu sur un autre. Le chat frotte ses joues sur les êtres vivants avec lesquels il entretient de relations sociales et qui font partie de son groupe. Ce geste est souvent interprété comme un signe d’affection. Il témoigne en tout état de cause d’une relation pacifiée.
nager. Il a généralement beaucoup de mal à s’adapter à un environnement nouveau. Ce n’est pas un voyageur dans l’âme et il déteste changer d’air. Mais le chat à l’état libre aime se balader et arpenter son domaine vital qu’il connaît parfaitement. Ce domaine vital, qui se définit comme l’ensemble de la surface que le chat occupe, dans lequel il vit et se reproduit, est centré sur les ressources alimentaires. Sa taille dépend du statut reproducteur et de la disponibilité des vivres. Les chats mâles non castrés ont un domaine très étendu,
Un paquet d’affection sur les genoux !
14
la quête d’une partenaire sexuelle étant un facteur de motivation à parcourir de plus grandes distances. Les femelles sont beaucoup plus sédentaires. Le caractère casanier du chat est influencé par de nombreux facteurs, son statut sexuel avant tout. La stérilisation réduit considérablement le besoin de dispersion et fixe le chat sur un territoire de taille réduite. La présence d’une nourriture abondante et facilement disponible est un autre facteur de sédentarisation. Et, enfin, la stabilité des relations sociales : les conflits entre chats sont une cause d’éloignement du chat du domicile.
Le chat est affectueux Le chat, réputé indépendant, est pourtant capable de nouer des relations affectives fortes avec les humains. Son comportement se modifie dans la relation qu’il entretient avec les humains. Ainsi, de nom-
PORTRAIT DU CHAT IDÉAL
breux comportements juvéniles, comme le ronronnement, le pétrissage, les jeux interactifs persistant à l’âge adulte (comportements néoténiques), s’observent chez le chat domestique et n’existent pas chez le chat sauvage. Les chats sont capables de nouer entre eux des relations amicales qui se traduisent par des comportements de rapprochement : contacts physiques, partage des lieux de repos, toilettage mutuel et marquage corporel (allomarquage). Ces liens contribuent à cimenter les groupes sociaux. La recherche de contacts physiques et de proximité dans le sommeil témoigne d’un lien d’attachement avec l’homme. Celui-ci l’entretient généralement car la caresse de la fourrure du chat est très appréciée. Cette complicité favorise l’émergence de rituels de communication, ces échanges particuliers à deux individus qui acquièrent une signification particulière : accueillir le retour du maître, solliciter la caresse, réclamer à manger, demander à sortir, tout est prétexte à inventer un dialogue. C’est ainsi que le lien se construit. Les démonstrations d’affection du chat sont moins bruyantes que celles du chien : le chat est discret et économe en amitié. Il se frotte aux jambes en ronronnant, il s’installe sur les genoux de son maître et les pétrit gentiment, il ronronne dès que la main aimée l’effleure. Ce lien d’attachement peut devenir envahissant : certains chats séparés précocement de leur mère vont reporter sur la personne qui leur prodigue des soins attentifs tout l’amour dont ils ont été bruta-
â–
lement sevrés (voir pages 93 à 95). Si la proximité est entretenue au-delà de l’âge habituel de la séparation maternelle, entre 7 et 9 semaines, cet attachement contre nature (on parle « d’hyperattachement ») rend le chat particulièrement vulnérable aux troubles anxieux. En l’absence de son maître, il est perdu, angoisse ou dépérit. Ce lien fusionnel s’exprime également par des comportements de tétée des vêtements ou du corps de l’être d’attachement.
Le chat est sociable Ce n’est pas du tout la qualité première du chat. Pourtant, la recherche de contacts et de proximité que l’on observe fréquemment chez le chat montre clairement que le chat n’est pas aussi asocial qu’on veut bien le dire ! Certains sont tout à fait capables d’établir des relations harmonieuses et amicales avec des congénères et même avec des animaux d’une autre espèce. La capacité du chat à nouer des liens sociaux et à vivre en groupe est cependant très variable en fonction des conditions de vie et des expériences précoces. Contrairement au chien qui vit difficilement en dehors d’une meute, le chat peut se passer de relations sociales, contrairement au chien qui vit difficilement en dehors d’une meute. Dans la nature, les chats se rassemblent autour des ressources alimentaires lorsqu’elles sont à disposition : poubelles, repas distribués par des amoureux des chats, activité de pêche… Ils sont alors capables de coopérer pour le soin des jeunes notamment et d’en-
15
CHAPITRE 2
Votre chat et la
nourriture
CHAPITRE 2 • VOTRE CHAT ET LA NOURRITURE
Votre chat est difficile
L
a réputation de fin gourmet des chats n’est pas usurpée. Contrairement au chien, le chat grignote, chipote et se comporte souvent en gastronome avisé. Certains chats semblent se lasser subitement de la nourriture dont ils raffolaient jusqu’ici. Alors, caprice ou symptôme alarmant ? Les raisons • Un chasseur grignoteur Les particularités du comportement alimentaire du chat expliquent cette étiquette de fine bouche… En effet, ce chasseur solitaire est avant tout un grignoteur. Capricieux en apparence, il chipote dans sa gamelle, mange quelques croquettes, vaque à ses occupations, puis revient un peu plus tard, ce qui peut donner faussement l’impression qu’il n’apprécie pas sa pitance. En réalité, il mange à sa faim et à un rythme qui lui est propre. On est loin du comportement du chien qui
Les maladies dentaires chez le chat Les affections buccodentaires sont assez courantes et de nature variée. La maladie parodontale associée au dépôt de tartre concerne 1/3 à 2/3 des chats selon les études. Elle est associée à des douleurs chroniques résultant de l’inflammation des gencives et du déchaussement dentaire. On observe également des lésions de résorption dentaire très douloureuses où la dent est progressivement rongée. Enfin, l’ensemble de la bouche (gencives et langue) peuvent être le siège d’une inflammation marquée. La douleur est ici très violente. Dans tous les cas, à cause de la douleur, la prise alimentaire est diminuée ou absente.
30
engloutit ses aliments de peur de se les faire dérober par un congénère un peu plus gourmand et un peu plus dominant.
• Le signe d’une maladie Face à une baisse d’appétit, il faut avant tout suspecter un problème de santé entraînant une anorexie. L’anorexie se définit comme une absence d’appétit. C’est un symptôme très peu parlant car observé presque systématiquement dès que le chat est malade ! Parfois, il s’agit non pas d’anorexie au sens strict mais d’une impossibilité de manger : le chat s’intéresse à sa nourriture, s’approche, tente parfois de saisir quelques bouchées et se détourne après quelques essais infructueux. Ces symptômes évoquent une maladie dentaire, très fréquente chez cette espèce.
• Quand le psychisme s’en mêle Certains troubles du comportement peuvent cependant s’accompagner de modifications de l’appétit. L’anorexie peut être spectaculaire dans les dépressions aiguës. Le chat est alors prostré, il
VOTRE CHAT EST DIFFICILE
cesse toute activité, même le toilettage. Ces dépressions sont rares et font suite à un événement traumatisant. On pense le chat malade, mais les examens ne montrent aucune anomalie. Quoi qu’il en soit, il doit être réalimenté de façon urgente ! Les changements sont beaucoup plus discrets dans les dépressions chroniques ; l’appétit est alors qualifié de capricieux car fluctuant : l’animal passe de la boulimie à l’anorexie. D’autres signes évoquent un trouble du comportement : malpropreté, miaulements incohérents, toilettage exacerbé aboutissant à des altérations du pelage, insomnies et agitation au coucher, nervosité excessive…
• L’ambiance avant tout Le chat est très sensible aux conditions dans lesquelles il consomme son repas. Certains apprécient le calme, d’autres recherchent la convivialité et la présence du propriétaire. Dans un environnement stressant, comme pendant l’hospitalisation, il peut refuser de manger et il développe même des aversions à la nourriture s’il fait le lien avec un désagrément. Ainsi, un animal peut refuser de consommer un aliment qui lui aurait été présenté pendant qu’il se sentait mal. C’est pourquoi, il vaut mieux différer les modifications de régime en cas de maladie et attendre que la convalescence soit bien entamée.
Les fausses bonnes idées • « Il finira bien par manger » La privation de nourriture a des conséquences désastreuses chez le
â–
Le saviez-vous ? Il suffit d’une expérience négative pour qu’un chat refuse un aliment pendant plus de 40 jours !
chat surtout s’il présentait un embonpoint préalable. Chez la plupart des espèces, l’organisme est capable de s’adapter au jeûne en puisant dans ses réserves et en réduisant son activité métabolique. Mais le chat a un besoin permanent et très important en protéines – deux fois plus que le chien – car il les utilise pour fabriquer les glucides qui sont quasiment absents de son alimentation de carnivore strict ! Pour faire face à la privation, le chat fait comme tout le monde et mobilise ses graisses. Mauvaise idée : elles s’accumulent au niveau du foie qui ne peut plus les évacuer, les transporteurs étant composés de protéines. Il en résulte une maladie qu’on appelle lipidose ou stéatose hépatique et qui correspond à un véritable « foie gras » tel qu’on l’observe chez l’oie ou le canard gavés ! Il est donc dangereux de laisser jeûner un chat plus de 3 jours surtout s’il est en surpoids.
• « C’est un caprice » Nous venons de voir qu’il est risqué d’attendre que le chat se décide à manger car une anorexie prolongée a des conséquences graves sur sa santé. Vous êtes libre de « céder » car, justement, cette renonciation n’a aucune incidence sur la relation avec votre chat. En aucun cas ce dernier n’engage un bras de fer avec vous autour de la nourriture. Les relations entre chats ne sont pas régies par la hiérarchie, et le contrôle
31
CHAPITRE 2 • VOTRE CHAT ET LA NOURRITURE
Une surveillance rapprochée Un suivi du poids et des quantités consommées est toujours intéressant lorsque le chat ne mange pas beaucoup. Cette surveillance permettra de détecter un infléchissement de la courbe de poids ou une baisse de consommation réellement inquiétante.
des accès aux repas n’a aucune signification. Si votre chat ne mange pas, c’est qu’il a de bonnes raisons de ne pas le faire : il est malade, perturbé ou réellement difficile, mais il ne teste pas son pouvoir sur vous.
Les solutions • Observer son chat La première question qui se pose est de savoir depuis combien de temps durent ces réticences à s’alimenter : est-il difficile depuis toujours ou simplement depuis peu ? Un chat capricieux avec la nourriture depuis son plus jeune âge a sans doute eu une mauvaise éduca-
Utilisez une gamelle par chat pour garantir la sérénité des repas.
32
tion alimentaire. S’il boude la nourriture depuis peu, toutes les causes médicales et comportementales doivent être envisagées en premier lieu. Lorsque votre chat est nourri à volonté, vérifiez bien quelles sont les quantités réellement consommées : elles sont parfois tout à fait normales et l’apparente désaffection pour la nourriture n’est que le reflet de son mode alimentaire naturel. S’il s’avère que le chat mange moins que la normale, surtout s’il a perdu du poids, consultez votre vétérinaire qui vérifiera avant tout qu’il est en bonne santé. Son attitude face à la nourriture peut donner des éléments d’orientation importants. Un chat qui a réellement perdu l’appétit ne montre aucun intérêt pour sa gamelle, il s’en détourne instantanément. En revanche, en cas d’affection dentaire, la plupart du temps il va tenter de manger, parfois avec maladresse. Observez bien l’ensemble de ses comportements : le toilettage,
VOTRE CHAT EST DIFFICILE
les activités quotidiennes, la durée et la qualité du sommeil… Ce seront des indices précieux pour le praticien. Un examen clinique attentif devrait lui permettre de mettre en évidence des symptômes d’orientation si votre chat est malade. Des examens complémentaires seront peut-être nécessaires pour explorer certaines hypothèses.
• Un coin repas adapté L’environnement des repas est essentiel. Le chat a besoin de calme et de stabilité. Veillez avant tout à son confort : l’endroit choisi doit être à l’écart des lieux de passage, à l’abri des courants d’air et surtout à distance de la litière. Bien souvent, le coin repas est trop proche du petit coin et les chats détestent légitimement ce voisinage incongru. La gamelle doit être propre… mais pas trop : attention aux résidus de liquide vaisselle et aux odeurs chimiques. Le récipient choisi doit être suffisamment large et peu profond, pour que les moustaches ne touchent pas les bords. Le plastique est à éviter : avec le temps, le matériau s’altère, s’imprègne de résidus et d’odeurs bien désagréables pour un nez aussi délicat que le sien. Si vous avez plusieurs chats, chacun doit avoir son assiette. Ils peuvent manger côte à côte mais n’apprécient pas de se frotter au museau du voisin.
• Les préférences alimentaires Le chat déteste les aliments avariés. Si vous donnez un aliment humide, soyez attentif aux conditions de conservation. Les boîtes ne se conservent que quelques heures à température ambiante et au maxi-
â–
mum deux jours au réfrigérateur. C’est l’avantage des aliments secs qui se conservent bien mieux et peuvent rester à disposition toute la journée sans risque de dégradation ou de contamination. Conservez cependant les croquettes dans une boîte hermétique car votre chat refusera un aliment qui contient des graisses rances. La température est un critère important : les chats apprécient les aliments servis tièdes, à une température proche de celle des proies fraîchement tuées, c’est-à -dire 38 °C. Réchauffer l’aliment peut augmenter la consommation de près de 80 % ! La facilité de préhension de la nourriture rentre en jeu. La forme des croquettes est un critère qui peut avoir son importance notamment chez le chaton, lors de problèmes buccodentaires ou chez les races dites brachycéphales, comme le Persan. Ces chats « à face plate » ont en effet une façon bien particulière de se saisir des croquettes : ils se servent de leur langue et pas de leurs dents ou de leurs lèvres. Les chats apprécient particulièrement les aliments riches en protéines et en matières grasses. Le goût sucré n’est pas perçu, ce qui est logique pour un carnivore strict. Sa
Le temps du sevrage Dès l’âge de 4 semaines, le passage à l’alimentation solide est encouragé par la mère qui va présenter au chaton sa nourriture habituelle. L’apprentissage gustatif est donc un apprentissage par imitation, les chatons étant enclins à consommer les mêmes aliments que leur mère. En sa présence, ils se montrent plus curieux et varient plus facilement leur régime. Les goûts et préférences se mettent en place autour du sevrage et jusqu’à l’âge de 8 à 12 semaines.
33
CHAPITRE 2 • VOTRE CHAT ET LA NOURRITURE
Le saviez-vous ? Pour les chats difficiles, qui n’acceptent pas facilement les changements, une transition alimentaire est nécessaire. Vous mélangerez en quantité croissante le nouvel aliment à l’ancien très progressivement. L’habituation au nouveau régime prend en moyenne 15 jours. Évaluez précisément les quantités distribuées car votre chat risque de consommer plus que la normale et de prendre du poids.
perception exquise de la moindre amertume lui permet d’éviter consciencieusement le médicament que vous avez tenté de dissimuler dans sa nourriture.
La prévention
Ne changez pas trop souvent le régime de votre chat pour éviter les caprices et le surpoids.
34
Pour éviter que votre chat ne devienne trop versatile ou trop têtu à table, vous avez le droit de changer son régime très souvent quand il est petit et le moins souvent possible quand il devient grand !
• Une alimentation variée pour le chaton
Le chaton doit être invité à consommer de tout… La diversité alimentaire permet d’éviter qu’il fige ces préférences si pénibles à l’âge adulte. C’est en effet après le sevrage que le chat développe réellement ses choix culinaires, même s’il peut percevoir in utero la saveur de l’alimentation maternelle. Un chaton qui aura un régime très diversifié se montrera plus ouvert aux expériences gustatives à l’âge adulte.
• Un régime uniforme chez le chat
La plupart des chats ne sont pas si difficiles qu’on veut bien le croire, bien au contraire. La nouveauté les attire : ils vont spontanément se tourner vers un aliment différent et dédaigner l’ancien. Si leurs qualités gustatives sont proches, cet attrait durera au maximum quelques jours. Attention : lorsqu’un produit nouveau est proposé à volonté, le chat en consomme plus que ses besoins. Il lui faut un à deux mois avant que cet effet se dissipe et qu’il retrouve un niveau d’ingestion normal. C’est une des raisons pour lesquelles les changements trop fréquents de régime sont à déconseiller. Si vous variez trop souvent les aliments, vous risquez une surconsommation qui conduit à l’excès de poids. D’autre part, le goût est perverti et le chat recherchera en permanence la nouveauté, se lassant rapidement des saveurs tant appréciées la veille. Ces changements trop fréquents sont une des raisons des caprices alimentaires.
VOTRE CHAT TUE LES OISEAUX DANS LE JARDIN…
â–
Votre chat tue les oiseaux dans le jardin…
E
t pourtant vous le nourrissez correctement ! Rien n’y fait : bien que repu, il garde ses instincts de prédateur. Sa cruauté est sans égal puisqu’il semble jouer avec sa proie qu’il vous ramène avec fierté sans la consommer. Il existe manifestement une incompatibilité entre votre amour pour votre petit félin et votre amour de la nature !
Les raisons • Le comportement de prédation Le chat est programmé pour chasser, c’est d’ailleurs pour cela que les hommes l’ont domestiqué ! Ces compétences de chasseur se développent au contact de la mère dès la 4e semaine. La chatte éduque ses petits en leur ramenant des proies d’abord mortes puis seulement blessées afin qu’ils exercent progressivement leurs talents. Les jeux leur permettent également de perfectionner leurs techniques de chasse. Et même si la mère ne joue pas son rôle de professeur, le chaton saura instinctivement chasser. Toutefois, si le chaton est élevé en étroite proximité avec une proie naturelle (rat, souris, oiseau, hamster…) entre la 2e et la 7e semaine, il sera socialisé à l’espèce et ne la reconnaîtra pas comme gibier potentiel.
Le comportement de chasse et l’ingestion de la proie sont deux actes totalement dissociés : le chat chasse même s’il n’a pas faim. Cependant, la motivation augmente avec la faim et lorsque le chat est bien nourri, il chassera avec moins d’efficacité si la proie est difficile à attraper.
Le saviez-vous ? Les ravages causés par les chats sur certaines petites îles océaniques sont souvent cités en exemple par les défenseurs de la nature. Les oiseaux qui ne savent pas voler car ils n’étaient jusqu’alors exposés qu’à la menace des rapaces sont les plus vulnérables. À titre d’exemple, en NouvelleZélande, le chat est directement responsable de l’extinction de 19 espèces d’oiseaux, dont le malheureux Xénique de Lyall décimé en 1894 par le chat du gardien du phare de la petite île Stephens. Selon le Guinness World Records, le plus grand tueur de souris de tous les temps est une chatte, Towser, qui est responsable de la mort de 28 899 d’entre elles : une statue lui a été érigée à la distillerie de Glenturret en Écosse pour la remercier de l’avoir préservée des rongeurs pendant près de 24 ans.
35