Sissi
Destin
Sissi
de femme
À Vienne, Sissi étouffe. Elle ne se sent pas proche des dames qui l’entourent. Aucune ne monte à cheval, aucune n’a son âge, aucune n’a l’esprit libre. Sissi rêve de trouver une amie et une confidente avec laquelle elle pourrait passer de longues heures sans jamais s’obliger à tenir son rôle d’impératrice. Elle veut pouvoir rire quand bon lui semble et ne pas faire attention à chacun de ses gestes.
Sissi Sophie de Mullenheim
Impératrice rebelle
14,90 € FRANCE TTC WWW.FLEURUSEDITIONS.COM
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Destine de femm
Sophie de Mullenheim
Illustration de couverture : Alex Wilson
Un récit qui retrace la vie de Sissi, impératrice malgré elle ; une biographie à lire comme un roman pour découvrir cette héroïne d’une modernité surprenante.
FLEURUS
FLEURUS
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Illustration de couverture : Alexander Wilson Direction : Guillaume Arnaud, Guillaume Pô Direction éditoriale : Sarah Malherbe Édition : Raphaële Glaux, assistée de Léa Bernardin Direction artistique : Élisabeth Hebert, assistée de Maïté Dubois Mise en page : Facompo Fabrication : Audrey Bord © Fleurus, Paris, 2018 Site : www.fleuruseditions.com ISBN : 978-221-513-556-2 Code MDS : 592521 Tous droits réservés pour tous pays. « Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. »
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Sissi Impératrice rebelle
Écrit par Sophie de Mullenheim
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Malédiction
Hongrie, 6 octobre 1849
M
– adame ? La femme lève les yeux de son ouvrage. Un homme en habit militaire se tient à la porte du salon, sans doute introduit par le maître d’hôtel. Il a l’air grave, une missive dans les mains. – Un télégramme pour vous, madame. La comtesse Batthyány pâlit. Elle redoute ce moment depuis des semaines déjà. Son mari, ancien chef du gouvernement hongrois, a été emprisonné sur ordre de l’empereur François-Joseph. Il a été condamné à mort. Son crime : s’être opposé à l’autorité autrichienne pour gagner l’indépendance de la Hongrie. La comtesse décachette le télégramme d’une main tremblante. Elle sait déjà ce qu’il va lui apprendre mais tout en elle le refuse.
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Sissi Elle parcourt des yeux les quelques lignes laconiques. Ce 6 octobre 1849, son époux le comte Lajos Batthyány vient d’être fusillé. Les yeux de la jeune veuve s’embuent de larmes mais elle se redresse fièrement. Oh, non, elle ne pleurera pas ! Ce serait faire trop de plaisir à ces Autrichiens de malheur. Le combat de son mari n’est pas terminé. Ils sont nombreux, ceux qui se soulèveront à leur tour pour tordre le cou à cet occupant trop sûr de lui. À présent, les yeux de la comtesse lancent des éclats furieux. Elle pense à l’empereur François-Joseph qui aurait pu demander la grâce de son mari et ne l’a pas fait. Un jeune empereur, de dix-neuf ans seulement, qui a déjà le cœur dur. La veuve Batthyány serre les dents et murmure, les traits déformés par la haine : – Que Dieu frappe tous ceux qu’il aime et toute sa lignée !
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Présentations
Autriche, 15 août 1853
S
– issi ? Où est passée Sissi ? Hélène passe la tête par la fenêtre de la voiture. – Elle est en train de faire boire les chevaux, maman, dit-elle en découvrant sa sœur à l’avant de leur calèche. – J’espère au moins qu’elle ne se salit pas, râle la duchesse Ludovica de Wittelsbach. Hélène sourit. Sissi a les pieds et le bas de la robe dans l’eau boueuse mais elle ne s’en soucie guère. Pour une fois, leur mère ne verra rien car les deux jeunes filles, et la duchesse elle-même, sont habillées de noir. Une tante éloignée est morte il y a peu et toute la famille a revêtu des habits de deuil. – Allons, Sissi, en voiture ! appelle la duchesse d’une voix forte.
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Sissi Lorsque la jeune fille de quinze ans arrive à la portière de la voiture, ses joues sont roses, son teint frais, ses lèvres écarlates et son regard pétillant. – Je viens, maman, lance-t-elle gaiement tout en grimpant lestement dans la voiture. Ces pauvres bêtes avaient si soif. Elle prend garde à dissimuler ses chaussures crottées sous sa robe et glisse un coup d’œil complice à sa sœur de trois ans son aînée. La duchesse, leur mère, n’a rien remarqué. Elle se tient assise, les yeux mi-clos, terrassée par une migraine qui lui donne la nausée et lui vrille le cerveau. À côté d’elle, Hélène n’en mène pas plus large même si elle rend à sa sœur son clin d’œil. La pauvre est à la torture elle aussi. Sa tête lui fait mal et elle ne rêve que d’une seule chose : s’étendre sur un lit, dans une pièce plongée dans le noir. Hélas, Hélène et sa mère n’auront pas le loisir de prendre soin d’elles, encore moins de se reposer. Elles sont en retard et le rendez-vous auquel elles se rendent est sans doute le plus important de leur vie. Aujourd’hui, Hélène va être présentée au jeune empereur d’Autriche François-Joseph, son cousin. C’est Ludovica et l’archiduchesse Sophie, la mère de l’empereur, qui ont tout manigancé. Elles sont sœurs. L’une et l’autre rêvent d’un mariage entre les deux jeunes gens. Une façon de lier davantage leurs familles. Cela fait des années qu’Hélène se prépare à ce mariage sans que rien ne soit officiel. Sa mère surtout a focalisé toute son attention sur elle. Elle a veillé à son instruction plus que quiconque dans la famille. Les meilleurs professeurs ont été embauchés pour elle, les meilleures couturières aussi. Sa mère l’a tenue au courant des
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Présentations affaires de l’État, lui a appris la couture, les bonnes manières, l’art de recevoir… Hélène est une jeune fille accomplie et pieuse, l’un des meilleurs partis de toute l’Europe. De plus, ce qui ne gâche rien, elle est très jolie. Brune, élancée, les traits fins, la peau blanche, elle a toutes les qualités pour faire une parfaite impératrice. L’affaire est presque conclue. Ne manquent que les présentations officielles et il suffira de faire paraître les bans pour le mariage. Lorsque la voiture s’arrête enfin devant le château de Bad Ischl où la rencontre doit avoir lieu, la mère d’Hélène se ronge les sangs. La voiture qui les suivait avec leur garde-robe a du retard, ses deux filles et elles ne vont pas pouvoir se changer pour rencontrer l’empereur. Comment faire bonne impression avec des tenues chiffonnées par le voyage ? Vite, elles investissent les appartements qui ont été mis à leur disposition. Il faut mettre un peu d’ordre dans leur tenue à défaut de pouvoir faire mieux. Hélène lisse sa robe et se passe de l’eau sur le visage. Sa mère s’affaire autour d’elle. Elle lui peigne les cheveux et les rajuste en un large bandeau qui encadre son visage. Elle lui pince les joues pour leur redonner un peu de couleur, car le voyage et la migraine lui ont brouillé le teint et creusé des cernes sous les yeux. Elle inspecte sa fille sous toutes les coutures, se lamente de ce coup du sort qui les empêche de paraître plus à leur avantage. Sissi, elle, s’amuse de les voir si empressées. Au moins, elle se félicite de ne pas avoir à séduire qui que ce soit. Elle se contente donc de coiffer ses longs cheveux châtains, presque roux. Elle a à peine le temps de les tresser dans son dos que déjà l’empereur François-Joseph se fait annoncer. Les trois femmes font
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Sissi disparaître à la hâte tout ce qui traîne et se tiennent prêtes. On ne fait pas attendre l’empereur. Il a beau être leur cousin, les trois femmes sont intimidées lorsqu’il entre dans la pièce. Ludovica parce qu’il est l’empereur avant toute autre chose. Hélène parce qu’elle espère lui plaire. Et Sissi même, car François-Joseph est son aîné, de sept ans. Elle se souvient de ne l’avoir vu qu’une seule fois, il y a quatre ans. – Ma tante… salue l’empereur en baisant la main de Ludovica de Wittelsbach. La mère d’Hélène et de Sissi s’incline en une profonde révérence. Elle se retient de sourire : elle a tant rêvé de ce moment… – Ma cousine, quelle joie de vous revoir, dit ensuite FrançoisJoseph à Hélène qui fait la révérence puis se redresse et sourit, intimidée. Son sourire manque de naturel. Dans sa robe de deuil, elle a l’air sévère. Le noir lui durcit les traits. C’est à peine si elle ose lever les yeux vers cet homme qu’on lui a promis. Sa vie se joue à cette minute et la pression est immense. François-Joseph est aussi tendu que sa cousine. Il semble plus à l’aise car il est l’empereur mais son ton poli manque de chaleur. Il est là parce que sa mère le lui a demandé, non parce qu’il l’a choisi. Même l’empereur d’Autriche ne peut choisir seul sa femme. Il doit se plier aux projets de mariage de ses parents pour le bien de son royaume et les intérêts de l’empire. Un peu en retrait, Sissi se garde bien de s’avancer. Personne n’a jugé bon de la présenter et elle ne s’en porte pas plus mal. Tout ceci lui semble si pompeux et si faux. Elle en profite pour observer son cousin. Elle se souvenait de lui lorsqu’il était encore un adolescent
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Présentations et elle découvre l’homme qu’il est devenu avec étonnement. Il est beau, grand, mince, athlétique, blond, les yeux très bleus, la bouche charnue. Sa sœur a de la chance, elle aurait pu tomber sur plus mauvais parti. Rêveuse, Sissi se demande s’il est bon cavalier. Voilà qui ajouterait encore à ses charmes. – Sissi ! La jeune fille tressaille. Perdue dans ses rêveries, elle n’a pas entendu sa mère qui l’appelle avec insistance. – Élisabeth, voyons, viens saluer ton cousin. Sissi rougit et s’avance alors vers le jeune homme. Contrairement à sa sœur, le noir lui va à ravir. Il rehausse sa peau de porcelaine, ses lèvres rouges, ses yeux bruns et doux. Surtout, la jeune fille respire la santé et la joie de vivre. Le voyage lui a plu, elle adore voir défiler la campagne sous ses yeux, et elle n’a pas été sujette au mal de tête. Quand il la découvre, si adorable, François-Joseph en perd la parole. Il met quelques longues secondes avant de la saluer à son tour. Quelques secondes qui vont bouleverser sa vie…
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Rien ne va plus
S
– issi ? L’archiduchesse Sophie, la mère de l’empereur, en tomberait à la renverse. – Oui. Elle est ravissante, soupire l’empereur, rêveur. – Mais Hélène aussi est ravissante. – Je te parle de Sissi ! As-tu vu comme elle est gracieuse ? Son sourire, ses yeux, ses cheveux ! Je n’ai jamais vu d’aussi beaux cheveux. – Sissi est beaucoup trop jeune, rétorque l’archiduchesse. – Elle a quinze ans. – Hélène en a dix-huit. C’est déjà une femme. Elle fera une parfaite impératrice. – Quelle grâce !
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Rien ne va plus – Elle te donnera de très beaux enfants. – Et cette spontanéité. Sa façon de sourire avec les yeux aussi. – Hélène a de beaux yeux, c’est vrai. – Mais maman, je te parle de Sissi, s’agace l’empereur. – Voyons, Franzi ! C’est Hélène que ta tante Ludovica et moi t’avons choisie pour femme. – Mais c’est Sissi que j’épouserai ! L’intonation de François-Joseph n’admet aucune contradiction. L’archiduchesse connaît son fils : elle sait qu’il ne pliera pas cette fois-ci. Il a le ton des grandes décisions, ce ton avec lequel il décide de l’avenir de l’empire. Elle essaye pourtant de gagner du temps. – Soit, Sissi a de nombreux atouts. Je te l’accorde. Prends donc le temps de la connaître davantage et nous annoncerons vos fiançailles dans quelques mois. – Pourquoi retarder ce que tu avais prévu de faire ? L’archiduchesse Sophie fait mine de ne pas comprendre. – Crois-tu que je n’ai rien entendu à votre petit jeu, à tante Ludovica et toi, s’amuse François-Joseph. Ce bal pour mon anniversaire ne devait-il pas être l’occasion de rendre publiques mes fiançailles avec Hélène ? – Rien ne presse, louvoie l’archiduchesse. – Nous ferons ce qui était prévu, décide François-Joseph. J’annoncerai bien mes fiançailles au bal… mais avec Sissi. Il se lève. L’entretien est terminé. Même la mère de l’empereur ne peut prolonger la discussion s’il en a décidé autrement. Un peu plus loin, dans une autre pièce du château, la mère de Sissi, elle, a déjà compris ce qui s’est joué quelques minutes plus
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Sissi tôt. Elle a vu le regard de François-Joseph lorsqu’il a dévisagé sa fille cadette. Elle a noté la chaleur de sa voix quand il s’adressait à elle alors qu’il restait froid avec Hélène. La duchesse Ludovica de Wittelsbach ne se laisse pas abattre pour autant. Hélène a été écartée. Sissi a été choisie. Et alors ? L’important, c’est que l’une de ses filles devienne impératrice. En quelques minutes, la mère de Sissi a changé son fusil d’épaule. Elle se désintéresse d’Hélène et reporte toute son attention sur Sissi. Elle n’a pas de temps à perdre. Elle va devoir s’atteler à son éducation plus vite que prévu. Sissi est comme son père, indomptable. Elle aime chasser, monter à cheval, se promener en forêt. Elle entre partout sans se faire annoncer, parle sans demander la permission, rit à gorge déployée quand elle est heureuse, se moque des règles et des conventions, s’habille comme une chiffonnière quand elle se promène. Sissi est éprise de liberté. Sa mère entrevoit tous les efforts qu’il lui faudra déployer pour lui apprendre à se comporter comme une grande dame, la plus grande de l’empire. Déjà, Ludovica de Wittelsbach pense à des professeurs qu’elle devra faire venir chez eux en attendant le mariage. Elle se souvient d’un maître à danser excellent qui aidera sa fille à soigner son maintien. Elle énumère dans sa tête les robes dont Sissi aura besoin. Elle connaît une modiste qui sera parfaite pour lui préparer une garde-robe digne d’une future impératrice. En revanche, pour le grand bal d’anniversaire de l’empereur, il est trop tard. Aucune couturière ne serait capable de confectionner une robe digne de ce nom en quelques heures à peine. Qu’importe, le soir venu, Sissi est ravissante, même dans une robe couleur abricot simple et sans chichi. Sa jeunesse lui sert de
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Rien ne va plus parure, ses magnifiques cheveux tressés avec des fleurs sont comme des bijoux. Toute la cour admire sa grâce, son sourire, son corps gracile aux courbes parfaites. François-Joseph est sous le charme et il n’est pas le seul. – Qui est cette demoiselle ? s’interroge-t-on derrière les éventails. – Élisabeth de Wittelsbach. – La fille de Maximilien de Wittelsbach ? Cet excentrique ? – Lui-même. – C’est une beauté ! On nous l’avait cachée. – Son père est très jaloux de la beauté de ses filles. – Il semble que l’empereur ne soit pas insensible à sa personne. – Qui le serait ? – Vous pensez qu’elle pourrait devenir notre future impératrice ? – Ah, si le cœur de l’empereur le décide ainsi, personne ne pourra aller contre sa volonté. – Sa mère, peut-être ? – Je croyais qu’on lui destinait Hélène de Wittelsbach ? Les commérages vont bon train et chacun y va de ses suppositions. Au milieu de cette foule de courtisans, François-Joseph et Sissi se voient à peine. Ils échangent quelques mots et ne dansent qu’une seule fois ensemble. Ils se retrouvent pour le cotillon, la dernière danse. Mais cette danse suffit pour que leurs corps s’accordent parfaitement et que leurs deux cœurs battent à l’unisson. Le soir, après le bal, quand Ludovica vient trouver sa fille pour lui demander son avis sur François-Joseph, elle soupire : – Comment ne pas aimer un tel homme ?
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Sissi Sa mère est aux anges. Un mariage impérial… Elle en rêvait depuis longtemps, depuis qu’elle a épousé Maximilien de Wittelsbach, dont le rang et la naissance lui paraissaient peu dignes d’elle. Toute à sa joie, la mère de Sissi ne remarque pas la petite moue de sa fille tandis qu’elle ajoute dans un murmure : – Si seulement il n’était pas empereur.
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Abandonné
Paris, 22 avril 1873
L
a petite figure toute fripée apparaît. La sage-femme attrape la tête et la tire doucement jusqu’à elle. Soudain, le bébé ouvre la bouche et avale une grande goulée d’air. Ses poumons se remplissent d’un coup. Il grimace et hurle. – Ouuuiiiiin ! Un hurlement indigné. – Eh bien, mon bonhomme, s’amuse la sage-femme. Tu n’as pas l’air content. Allongée sur le lit, la mère de l’enfant est épuisée. Elle est trop faible pour sourire quand la sage-femme lui met fièrement le bébé dans les bras. – C’est un magnifique petit garçon. Félicitations !
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Sissi La mère hoche la tête. Elle jette un rapide regard vers le petit être qui vient de naître puis se détourne et ferme les yeux. – Comment allez-vous l’appeler ? lui demande la sage-femme. – Luigi, murmure-t-elle. – Louis ? – Non, Luigi. La sage-femme ne relève pas. Il lui a semblé en effet que la jeune femme avait un léger accent quand elle est arrivée. Elle reprend le bébé dans ses bras et s’occupe de le nettoyer et de l’emmailloter. Pendant ce temps, les infirmières s’occupent de la maman. Quelques heures plus tard, au milieu de la nuit, la porte de l’une des chambres s’ouvre sur une silhouette blanche. Derrière elle, des pleurs de bébé de plus en plus stridents se font entendre. – S’il vous plaît ! lance la jeune femme en chemise de nuit. Une infirmière de garde passe la tête dans le couloir. La femme la voit et l’appelle. – S’il vous plaît ! L’infirmière s’avance. – Pouvez-vous m’aider ? lui demande la jeune femme. – C’est votre bébé ? – Non. Celui de ma voisine, la jeune fille italienne. Il n’arrête pas de pleurer. L’infirmière sourit. Des bébés qui pleurent dans le service, il y en a en permanence. Rien d’alarmant. – Il a sans doute faim. Sa mère n’arrive pas à le calmer ? – C’est qu’elle n’est pas dans son lit. L’infirmière pâlit.
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Abandonné – Pardon ? – La mère du bébé, reprend la jeune femme, elle n’est plus dans son lit. L’infirmière entre rapidement dans la pièce et allume la lumière. Le bébé, surpris, hurle de plus belle. Dans un autre berceau, un autre nourrisson se réveille en sursaut et commence à pleurer lui aussi. La femme en chemise de nuit se précipite vers lui et le prend dans ses bras. – Je suis là, mon amour. Je suis là, murmure-t-elle à son oreille. Le bébé se calme presque instantanément tandis que son petit voisin continue de pousser des cris furieux. À côté de son berceau, le lit est vide, soigneusement fait. L’infirmière s’approche. En un coup d’œil, elle note tout : la petite valise qui a disparu elle aussi, les chaussures qui ne sont plus là. Et le petit papier sur la couverture du berceau. Elle le saisit. Il n’y a que deux mots écrits dessus. Pas une explication. Juste deux mots. « Luigi Lucheni. »
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Table des matières 1. Malédiction ........................................................................................... 2. Présentations ......................................................................................... 3. Rien ne va plus ...................................................................................... 4. Abandonné............................................................................................ 5. Impératrice ! .......................................................................................... 6. Révolté .................................................................................................. 7. Espionnée.............................................................................................. 8. Jeune maman ........................................................................................ 9. Rébellion ............................................................................................... 10. En voyage ............................................................................................ 11. Cours d’anatomie ................................................................................ 12. La Hongrie .......................................................................................... 13. Une si petite princesse ......................................................................... 14. Déménagement ................................................................................... 15. Enfin ! ................................................................................................. 16. La guerre ............................................................................................. 17. Une arme ............................................................................................ 18. Infirmière ! .......................................................................................... 19. Trop, c’est trop ! .................................................................................. 20. Une nouvelle amie ............................................................................... 21. Réconciliation .....................................................................................
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Sissi 22. Reine de Hongrie ................................................................................ 23. Un candidat idéal ................................................................................ 24. Marie-Valérie....................................................................................... 25. Contretemps ....................................................................................... 26. Liberté................................................................................................. 27. Du nouveau ........................................................................................ 28. Le temps passe..................................................................................... 29. Enquête ............................................................................................... 30. Le drame ............................................................................................. 31. Voyages ............................................................................................... 32. Une aubaine ........................................................................................ 33. Projets… ............................................................................................. 34. Nervosité ............................................................................................. 35. Dernières futilités ................................................................................ 36. C’est la fin ........................................................................................... 37. Pendant ce temps, à Vienne ................................................................. Ce qu’ils sont devenus .........................................................................
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Crédits photos : Portrait de l’empereur et de l’impératrice - © DeAgostini/ Getty Images p. 22 Luigi Lucheni - © Getty Images p. 28 Sissi, reine de Hongrie - © Mondadori Portfolio via Getty Images p. 97 Prince Rodolphe - © API/Gamma-Rapho via Getty Images p. 130 En voyage - © Getty Images p. 134 Le meurtre de Sissi - © DeAgostini/Getty Images p. 152 La mort de Sissi - © Getty Images p. 156
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Achevé d’imprimer en décembre 2017 Par Dimograf (Pologne) N° d’édition : J18014 Dépôt légal : février 2018
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À Vienne, Sissi étouffe. Elle ne se sent pas proche des dames qui l’entourent. Aucune ne monte à cheval, aucune n’a son âge, aucune n’a l’esprit libre. Sissi rêve de trouver une amie et une confidente avec laquelle elle pourrait passer de longues heures sans jamais s’obliger à tenir son rôle d’impératrice. Elle veut pouvoir rire quand bon lui semble et ne pas faire attention à chacun de ses gestes.
Sissi Sophie de Mullenheim
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