Voyagez à travers le temps grâce à ce recueil de contes merveilleusement illustrés. Six histoires remplies d’aventures et de magie pour découvrir des métiers d’autrefois.
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« À Mémie pour m'avoir plongée dans les contes. À Jean pour m'avoir donné le goût de l'écriture. » Louise Franchi
"Thank you to my agent, Lilla Rogers and the team, dreams really do come true.˝ Sarah Papworth
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LA CHAPELIÈRE DE FLEURS 08 LE CARTIER 16 LA HERCHEUSE 26 LA MAÎTRESSE DE POSTE 34 L'ÉCHANSON 42 LE SABOTIER 52
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l était une fois une dame qui était chapelière de fleurs. Elle cultivait des fleurs et en faisait des chapeaux éphémères. Comme elle vieillissait, elle décida de léguer son commerce à l’une de ses deux nièces. Mais elle ne savait qui choisir entre l’aînée Ermeline ou la cadette Glosinde. Elle les appela et annonça : – Je vais vous confier à chacune une parcelle de terre. Vous cultiverez des fleurs avec lesquelles vous confectionnerez un couvre-chef pour le grand bal du duc, dans six mois. Celle qui réalisera la couronne la plus appréciée durant le bal aura mon commerce. – Bien, ma tante, dirent-elles. Les deux parcelles étaient aussi belles l’une que l’autre, chacune faite de terre bien grasse et fertile. Ermeline y vint chaque jour, cultiva avec soin et amour ce petit lopin, tandis que Glosinde fréquentait les fêtes et les garçons. La veille du bal, elle alla contempler son jardin et ne vit qu’un terrain en friche. À côté, des roses, des lys, des arums, des glaïeuls, des anémones, des gazanias, toutes les fleurs les plus belles et colorées. Elle se dit qu’elle n’avait aucune chance avec les fleurs des champs sauvages qui poussaient dans sa parcelle.
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Aussi, le matin du bal, Glosinde poussa sa sœur dans un placard et l’enferma à clé ! Elle coupa toutes les fleurs de son aînée, confectionna sa couronne, puis alla voir le duc. – Votre Altesse, j’ai la couronne de fleurs. – Bien, donnez-la à ma fille aînée. Ne devrait-il pas y en avoir une seconde ? – Oui, mais je n’ai pas vu Ermeline. – Si votre sœur n’arrive pas, vous aurez le commerce par défaut, comme me l’a expliqué votre tante. – Elle n’est pas là, il est donc mien. – Non, c’est peut-être un simple retard. Le bal ne commence que dans une heure. Attendons un peu. Allez prendre une collation si vous le souhaitez. Glosinde alla donc en cuisine et discuta avec les pages, les valets et les maîtres d’hôtel. Ermeline tapait comme une folle sur la porte du placard où elle était enfermée, mais le bruit n’attirait personne. Elle regarda autour d’elle pour dénicher un bocal à fées ou une lampe à génie, mais il n’y avait que des outils. Alors, elle retroussa ses manches, prit un des tournevis et commença à démonter le loquet. La porte s’ouvrit après quelques minutes. L’aînée se précipita dans le jardin et manqua de hurler de surprise et de rage. Toutes les belles fleurs qu’elle avait soignées pendant tant de temps ! Coupées ! Plus une survivante ! Elle ne pourrait pas faire une couronne de fleurs ainsi ! Si elle voulait tenter sa chance, elle devrait utiliser les fleurs de sa cadette. Que des espèces communes, sans intérêt ou qui ne tenaient pas longtemps après avoir été cueillies. Elle soupira et, malgré son retard, décida d’inspecter consciencieusement le champ. Elle sélectionna les plus belles fleurs de cette mauvaise herbe et, petit à petit, une idée germa pour confectionner une coiffure admirable. Elle retourna à son atelier et trouva un chapeau de paille à bords très hauts qui n’était pas du tout à la mode, mais qui était son seul espoir. 10
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l était une fois Jacques, un cartier qui fabriquait de très belles cartes à jouer et les vendait dans tout le royaume. Un matin, alors qu’il descendait dans son atelier, il découvrit tout son matériel en désordre ! Les plaques de bois étaient tombées à terre, les bouteilles d’encre cachées dans la cheminée, les ciseaux plantés au plafond ! Il s’étonna et grommela : réparer lui ferait perdre la matinée ! Une fois tout rangé, il alla acheter son déjeuner. Mais tout le monde parlait des désordres dans les magasins ! Le boulanger, le cordonnier, le drapier, tous avaient subi une intrusion et tous les outils étaient mélangés. Tous ! Le soir, Jacques barricada l’entrée pour éviter de nouveaux déboires. Pourtant, le lendemain matin, son atelier était encore plus saccagé que la veille. Les encres avaient été renversées, les plaques de bois tachées, les ciseaux avaient disparu. Une fois tout rangé et lavé, Jacques alla chez son fournisseur chercher de l’encre : – Jacques ! Je m’attendais à te voir. Tous mes stocks ont été détruits, mais je viens de réceptionner une nouvelle cargaison. Un bleu vibrant, un rouge éclatant ! Des merveilles. J’ai même reçu une encre magique.
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– Une encre magique ? Tu plaisantes ? – Non ! Allez, je t’en offre un flacon, tu pourras essayer. Dès son retour, le cartier se saisit d’une plaque de bois et l'enduisit avec l’encre magique. Il disposa le panneau sous la machine, mit une feuille dessus, fit descendre la presse pour écraser le papier et imprimer. Il obtint une très jolie famille de trèfles, de l’as au dix, et les découpa. Les figures nécessitant plus de travail, il n’eut pas le temps de les fabriquer. Cette nuit-là, il fut réveillé par de grands cris et se précipita dans son atelier. Ce qu’il vit devant lui le stupéfia : les trèfles étaient sortis des cartes et se battaient contre une armée de gnomes hideux. Ils attaquaient, mais les trèfles se défendaient avec vigueur. Après quelques instants, les trèfles gagnèrent, plus rien ne bougea. Ne pouvant rien faire, Jacques retourna se coucher. À son réveil, les gnomes et les trèfles magiques avaient disparu. Lorsqu’il sortit, il découvrit que tous les magasins à gauche et à droite de sa boutique avaient été complètement détruits. Seul le sien avait été épargné. Un coursier royal arriva à cet instant. – Vous avez été épargné par la malédiction. – Quelle malédiction ? s’étonna Jacques. – Il y a trois jours, un sorcier a demandé au roi la main de sa fille. À la suite du refus de notre souverain, il a lancé un sort sur tout le royaume. Chaque nuit, toutes les maisons seraient saccagées jusqu’à ce qu’il obtienne la main de la princesse. Vous êtes le premier qui réussit à y échapper. Le magicien royal a découvert que le sortilège sera annulé si les destructions échouent pendant sept jours. Pourriez-vous renouveler ce miracle ? – Nous verrons, dit Jacques en reconduisant le coursier. Revenez dans six jours.
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l était une fois, il n’y a pas si longtemps, Julia qui était herscheuse dans une mine. Elle poussait les wagonnets pleins de charbon vers l’entrée et les ramenait vides. La vie était dure mais plaisante grâce à ses camarades. Un jour, elle entendit des gémissements sortir d’une paroi. Surprise, elle alla chercher une pioche et commença à creuser. Aucun de ses collègues ne l’aida car personne ne croyait son histoire. Des pleurs dans le mur ? Et pourquoi pas un bal musette ? Alors Julia creusa. Les sanglots augmentaient au fur et à mesure qu’elle attaquait la paroi. Soudain, les cailloux s’écroulèrent et révélèrent une grotte étroite. Dans cette grotte, elle découvrit les restes d’un œuf cassé. À côté de l’œuf, un dragon ! Il était minuscule, de la taille d’un chat, avec deux petites ailes blanches, aucune écaille, mais une peau toute rose et moelleuse, comme un marshmallow. Lorsqu’il vit Julia, le dragon se mit à battre de la queue et à ronronner. Comme il ne lançait que de petites flammèches, Julia décida de l’appeler Briquet.
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La nouvelle fit rapidement le tour de la mine. En échange de sa nourriture, Briquet aidait sa maîtresse à pousser les wagonnets. Il devint, en un rien de temps, la mascotte du coron et de la mine. Le propriétaire des lieux, un homme bon, fut d’accord pour lui laisser le dragonnet. Après tout, c’était bien elle qui l’avait découvert. Il n’y avait qu’une seule personne que cette histoire contrariait : le curé de la paroisse. Il disait que Briquet était une créature du diable et il harcelait le propriétaire de la mine pour qu’il le chasse. Le 4 décembre, la mine fut mise en arrêt. C’était la fête de la sainte patronne des mineurs de fond : sainte Barbe. Ce matin-là, un grand défilé serpentait dans les rues et allait jusqu’à chaque puits de mine. Comme tous les ans, le curé se trouvait dans le cortège à côté du propriétaire. À chaque pas, le religieux lui demandait de lui donner le dragon. À chaque pas, le propriétaire répondait : – Briquet n’est pas à moi, il est à Julia. – C’est sur vos terres qu’il a été trouvé ! Vous devez faire quelque chose ! C’est un démon ! À cet instant précis, un énorme coup de vent éteignit toutes les lanternes de la procession. Comme c’était l’hiver, plus personne n’y voyait rien. Le curé exulta : – Ah ! Voyez que j’ai raison ! Jamais toutes les torches ne se sont éteintes comme ça. C’est un signe ! C’est à cause du dragon. – Qui a de quoi rallumer les lampes ? criait-on. Mais personne n’avait la moindre mèche d’amadou et aller en chercher retarderait les festivités d’une bonne heure. – Regardez ! Les gens apercevaient une petite lueur rose : Briquet voletait au-dessus de la procession. Julia écarta le morceau de verre qui protégeait sa lampe et, d’un souffle, le dragonnet l’alluma. Alors toutes les mains se levèrent, ouvrirent les lanternes et, une à une, Briquet les ralluma.
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