Ma pause sans ecran 30 jeux à partager pour éloigner ses enfants des écrans
0-6 ans
Des écrans omniprésents Il y a une infinité d’activités à partager avec un enfant ! On peut jouer, rire, se parler, partager des moments, lire, découvrir… mais il y a une activité qui s’est invitée dans nos vies à tous, adultes et enfants : regarder des écrans, qui sont même devenus tactiles, et qu’il suffit d’effleurer d’un doigt pour accéder au contenu suivant. C’est le monde moderne, nous direz-vous ? Certes, ce sont des objets qui nous sont bien utiles pour certaines tâches, et pour nous divertir parfois. Mais avec l’augmentation exponentielle du nombre d’écrans et objets connectés dans les familles ces dernières années, il convient de se poser la question de la place qu’ils ont pris dans nos vies, la vie des familles, la vie des enfants. Le nombre d’heures qui compose une journée, lui, est resté le même : vingt-quatre ! Le nombre d’heures de sommeil nécessaire à la bonne santé physique et mentale des enfants n’a toujours pas changé. Le temps qu’il nous reste pour profiter ensemble de la vie, et à l’enfant pour grandir et s’éveiller, n’est pas extensible non plus ! Les tablettes premier âge sont très haut placées dans le hit-parade des cadeaux de Noël, et les jeux sur smartphone sont bien souvent la première occupation proposée à l’enfant pour le calmer, dans les moments d’attente ou au restaurant. Que lui reste-t-il
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comme temps, hors écrans (ou s’il n’est pas directement concerné, sans que ses parents ne soient cyber-absorbés ou sans qu’il ne se trouve dans une pièce en présence d’un écran allumé) ? Que lui reste-t-il comme temps pour jouer, découvrir, éveiller son imagination et sa créativité ? Que nous reste-t-il comme temps ensemble pour échanger, rire, partager sans être interrompus par les flashes sonores et lumineux et autres notifications qui détournent et captent notre regard, notre attention, tellement de fois par jour, qu’on ne peut même pas les compter ?
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Chaussette surprise
Point de vue de l’enfant Je touche, je porte à la bouche, j’appuie, je serre, je tire la chaussette avec une ou deux mains. Je découvre avec tous mes sens que mes doigts ont un effet sur les objets : je sens les matières sous mes doigts, parfois ça fait du bruit, parfois non !
> Éveiller les sens
âge : dès la naissance matériel : trois ou quatre chaussettes célibataires ou abîmées de tailles et de couleurs différentes, petits objets (morceau de papier qui fait du bruit de type papier cristal des fleuristes, balle en mousse, petit jouet pour le bain…). Glissez de petits objets dans les chaussettes, comme autant de petites surprises ! Elles auront l’avantage de pouvoir être emportées où bon vous semble ! Ce petit jeu peut être proposé au bébé à la maison ou ailleurs, mais toujours sous votre regard.
Ce que l’enfant construit et que l’écran ne peut pas lui apporter : Avec sa bouche, il découvre la matière, il entend le bruit que fait le petit papier glissé dans la chaussette. Avec ses mains, il sent la force qu’il doit exercer pour étirer le tissu. Avec son doigt, il touche, il gratte, il frotte et il ressent des sensations différentes selon les tissus. Il commence à comprendre que ce sont ses mains qui sont responsables de tout cela ! Pourquoi c’est important : Il faut beaucoup de temps au bébé pour comprendre que toutes les actions qu’il effectue sur les objets ont un effet. Parfois, la même action déclenche le même effet, mais parfois il y a des surprises : on peut appuyer à un endroit et entendre un bruit, appuyer à un autre et ne rien entendre. Le bébé pose ici les toutes premières fondations de l’édifice du raisonnement. Et il n’y a qu’en réalisant lui-même un grand nombre d’expériences, avec tout son corps, qu’il pourra le faire !
à vous de jouer ! Quelle a été la chaussette préférée de votre bébé ? Quels petits objets avez-vous cachés ? Est-ce que vous avez remarqué que votre bébé répétait certains gestes ou avait des réactions en particulier ? Lesquelles ?
Chamboulez tout !
Point de vue de l’enfant Maintenant que je suis habitué à voir des objets, à les toucher, à les prendre dans mes mains, à les porter à ma bouche, je cherche ce que je peux en faire. Quand je joue avec toi, je prends aussi conscience que lorsque je fais, tu t’arrêtes et quand tu fais, je m’arrête ! En jouant chacun notre tour, ça me permet de bien écouter les mots utilisés, pour un jour, plus tard, les redire après toi !
> Se confronter à la physique
âge : 1-2 ans matériel : pots de yaourt, boîtes de petits, moyens et grands formats, tout ce qui peut s’empiler.
Asseyez-vous par terre, face à votre enfant. Prenez une boîte et posez-la sur le sol en vous assurant qu’il la regarde bien. Posez alors les boîtes les unes sur les autres sans les faire tomber ! Une fois la « tour » élevée, incitez ou laissez votre enfant la détruire pour la reconstruire… et recommencez !
Ce que l’enfant construit et que l’écran ne peut pas lui apporter : En manipulant des vrais objets, il est obligé de s’adapter aux contraintes physiques (c’est lourd, ça tombe, ça ne tient pas…) car les objets ne peuvent pas faire semblant. Il doit alors chercher des solutions à ses premiers problèmes. Devant les écrans, il y a toujours du bruit, un flot continu de paroles et d’images, qui ne s’interrompent pas quand il joue ou parle. Avec papa et maman, on parle, on joue chacun son tour et on s’écoute. Pourquoi c’est important : Depuis sa naissance, vous êtes un modèle pour votre enfant. Vous l’avez regardé, imité, vous avez éveillé sa curiosité. Maintenant, en jouant, vous lui permettez de comprendre les relations que les objets entretiennent entre eux (ceux qui s’empilent, ceux qui s’emboîtent…). En jouant avec de vrais objets, les enfants se préparent aux apprentissages car ils se confrontent à la physique, ils essayent de résoudre des problèmes. Ces moments de jeu sont aussi l’occasion de renforcer les règles de communication. Votre enfant doit veiller à attendre que vous ayez fini pour faire à son tour. Écouter l’autre, attendre qu’il ait fini est nécessaire pour comprendre et donc apprendre. à vous de jouer ! Votre enfant fixe-t-il son regard sur les boîtes ? Reste-t-il attentif ? Aime-t-il tout détruire ? Que dit-il ou produit-il comme son ? Essaye-t-il de construire à son tour ?
Minichef
Point de vue de l’enfant Je vois souvent papa et maman préparer à manger… maintenant, je suis assez grand pour participer. Ils m’ont fait une petite place dans la cuisine, avec de vrais ustensiles de cuisine et de vrais aliments que je peux toucher avec mes doigts. Émietter la pâte, écraser des petits morceaux de fruits, mélanger avec une cuillère, écraser avec une fourchette… J’ai plein d’idées ! Je peux même goûter des petites bouchées !
> Construire sa pensée logique
âge : 2-3 ans matériel : ustensiles de cuisine en plastique, en bois, en fer, pas trop fragiles (saladier, ramequin, cuillère, fourchette, gobelet, assiette), aliments (farine, pâtes, morceau de banane, eau…) en petites quantités.
Dans la cuisine, installez-vous sur une table protégée d’un papier journal ou sur un grand plateau, puis mettez à disposition de l’enfant quatre ou cinq ustensiles et des aliments disposés dans des pots de yaourts par exemple. Laissez l’enfant explorer, mélanger les contenus des pots. Une autre fois, vous pourrez préparer ensemble une recette très simple.
Ce que l’enfant construit et que l’écran ne peut pas lui apporter : Il découvre les textures, les goûts, les odeurs des aliments. Il peut imiter papa ou maman en essayant de prendre les mêmes ustensiles, mais il peut aussi faire à sa façon. Dans sa chambre, il peut faire semblant de préparer le repas avec sa dînette. Avec un écran, on ne peut jamais faire semblant ! « Faire semblant », c’est différent de l’imitation directe. C’est construire sa pensée, et un langage plus riche, car les mots racontent quelque chose qui n’existe pas vraiment. Pourquoi c’est important : Quand l’enfant touche les aliments et les goûte, il construit bien plus que sa conscience des goûts et son rapport à l’alimentation. En vivant la transformation des apparences, des textures, des volumes (farine + liquide = pâteux ; farine + pâtes = morceaux), le petit scientifique en herbe construit sa logique, les toutes premières notions des poids et des volumes ! Pour suivre la recette, il doit également s’organiser car il y a des étapes à suivre. Cela contribue à la construction de la notion de temps. à vous de jouer ! Qu’avez-vous utilisé comme ustensiles, et comme aliments ? Votre enfant vous a-t-il imité ? A-t-il goûté quelque chose ? Avez-vous réalisé des mélanges improbables ? Une vraie recette ?
Sherlock Holmes
Point de vue de l’enfant Je suis à un âge où j’aime parler et poser plein de questions pour comprendre le monde qui m’entoure. Même si j’ai grandi, j’ai encore besoin de jouer. Maintenant, j’accompagne mon jeu avec des mots pour décrire ce que je vais faire ou ce que j’ai envie de faire. Je sais aussi que lorsque je pose des questions, on me répond ! Mon langage me sert à jouer aussi bien que les objets !
> Accéder à l’abstraction grâce au langage
âge : 3-4 ans Cachez un objet dans la maison. Tel un détective (toute panoplie est la bienvenue), votre enfant va devoir poser des questions pour trouver le trésor.
Ce que l’enfant construit et que l’écran ne peut pas lui apporter : Pour bien se faire comprendre, l’enfant doit poser des questions claires et simples avec des mots bien choisis. Il doit également revenir constamment sur ses hypothèses pour en formuler d’autres. Selon ses demandes, vous vous adapterez à ce qu’il a compris et renforcerez sa compréhension en reformulant si besoin, en donnant peut-être aussi des indices : vous le suivrez. Pourquoi c’est important : En jouant au détective, l’enfant apprend à valider ou non ses hypothèses, sûrement à en formuler d’autres, fruits de ses propres déductions ! Il pourra alors utiliser des structures de phrases différentes et plus complexes. Votre enfant est maintenant capable de se servir de son langage pour exprimer, rendre compte de ses choix, de ses stratégies. Ces facultés vont être sollicitées tout au long de sa scolarité.
à vous de jouer ! Votre enfant vous a-t-il dit d’entrée de jeu qu’il savait où le trésor est caché ? Pose-t-il des questions de plus en plus précises ? S’est-il toujours fait comprendre ? Réfléchit-il à voix haute ?
C’est moi qui lis
Point de vue de l’enfant Depuis que je suis petit, j’aime quand mes parents me racontent des histoires, souvent je choisis les mêmes car je les connais et je peux prévoir ce qu’il va se passer. Je m’aperçois que je peux participer à la lecture soit en disant les mots, soit en changeant de voix… Mes parents me laissent alors la parole, on se répond, on change la fin. La lecture devient un vrai jeu d’enfant.
> Inviter votre enfant au plaisir de lire
âge : 3-4 ans matériel : les livres préférés de votre enfant. Installez-vous confortablement, comme à votre habitude, à un moment où vous sentez votre enfant disponible. Votre enfant vous demande toujours la même histoire, le même livre ? Ne lui refusez pas ce plaisir, il adore anticiper les faits et gestes de ses personnages favoris.
Ce que l’enfant construit et que l’écran ne peut pas lui apporter : Ces moments de lecture lui donnent envie de lire des livres, de toucher les pages, de les tourner. Il a envie d’en connaître plein d’autres pour nourrir son imagination, s’évader, comprendre ce qui l’entoure, passer du temps tout contre vous… Pourquoi c’est important : En lisant des histoires à votre enfant, vous lui transmettez le plaisir de lire, vous éveillez sa curiosité. Vous lui permettez de partager un moment rien qu’avec vous mais vous lui offrez aussi une occasion de mimer l’histoire, de l’interpréter, de la transformer au gré de son imagination et de ses envies. Votre enfant va alors plus facilement s’intéresser aux lettres et entrera dans la lecture avec plus de plaisir.
à vous de jouer ! Quelle histoire aime-t-il particulièrement ? Change-t-il sa voix en fonction des personnages ? Connaît-il toute l’histoire par cœur ? Quels sont ses moments préférés ?
Dis, on raconte une histoire ?
Point de vue de l’enfant Je peux jouer avec les mots, qui ensemble vont devenir une histoire. Je peux rajouter des objets, personnages, ou l’on peut me demander de rajouter un animal, un jouet… J’écoute ce que l’adulte invente à son tour. Nous nous écoutons, nous parlons chacun notre tour, en imaginant, en créant une nouvelle histoire de toute pièce grâce à notre imagination.
> Imaginer pour informer et écouter
âge : 4-5 ans matériel : petits objets, figurines, objets du quotidien. Choisissez un mot ou prononcez une phrase pour commencer l’histoire, soit vous, soit votre enfant. Si vous le pouvez, enregistrez vos échanges avec un smartphone. On peut le faire partout, tout le temps, en voyage, aussi. Chacun va devoir poursuivre l’histoire à tour de rôle. Vous pouvez à tout moment décider d’introduire au récit des objets, figurines, jouets.
Ce que l’enfant construit et que l’écran ne peut pas lui apporter : Il imagine, invente, à son rythme, en fonction de ses goûts, de son vécu, et de son interlocuteur, des histoires qu’il connaît déjà. Tout vient de lui, de son esprit. Il écoute, s’adapte à l’autre, qui lui-même s’adapte à lui. Vous créez ensemble un nouveau récit. Pourquoi c’est important : L’enfant prend conscience que le langage est transformable, que les mots sont utilisables à l’infini, et que cela change le sens de l’histoire. Il devient un interlocuteur qui écoute quand on lui parle, et qui sera écouté à son tour quand il parlera. Inventer des histoires développe l’imagination, le vocabulaire, la notion de temps avec les événements qui se suivent selon un certain ordre. L’enregistrement permet de se remémorer l’histoire inventée, d’y repenser plus tard. Vous pourrez aussi retranscrire cette histoire, l’illustrer, la lire, et faire un lien entre la langue orale et la langue écrite. à vous de jouer ! Quel a été son moment préféré ? A-t-il respecté les tours de parole ? A-t-il accepté d’intégrer les éléments que vous avez proposés ? Avez-vous ri ? Avez-vous fini l’histoire ? En écoutant l’enregistrement, quelle a été sa réaction ? Avez-vous pris du plaisir ? Avez-vous été surpris par votre imagination et la sienne ?
L’album de famille
Point de vue de l’enfant En choisissant moi-même des bouches, des yeux et des nez et en déguisant les pommes de terre, je m’aperçois que je peux faire beaucoup de visages différents sans utiliser les mêmes éléments ! Je vois aussi que tous ces visages peuvent être rangés et organisés car ils ont quelque chose de pareil. Je peux alors m’amuser à chercher toutes les combinaisons possibles et leur donner un nom de famille !
> Anticiper différentes combinaisons
âge : 5-6 ans matériel : pommes de terre, gommettes, feutres. Aujourd’hui, votre enfant va réaliser un album de famille avec… des pommes de terre. Choisissez ensemble tous les éléments du visage, leurs couleurs et leurs formes pour dessiner et composer des portraits. Vous pouvez ensuite les photographier puis les imprimer, pour fabriquer un jeu de cartes que votre enfant pourra emporter au restaurant, dans la voiture...
Ce que l’enfant construit et que l’écran ne peut pas lui apporter : Contrairement à l’image d’un écran, c’est lui qui choisit chacun des éléments des visages. Pour les réaliser, il doit les imaginer, il n’y a pas de réponse unique, tout est possible. Grâce à son langage complexe, il peut raconter ce qu’il va faire et expliquer pourquoi il a choisi de réunir certains personnages. Pourquoi c’est important : La pensée a besoin de s’organiser et de trier quand il y a beaucoup à regarder. Un enfant qui peut anticiper, envisager toutes les possibilités quand il compose ses portraits, pourra jouer avec les syllabes et accéder au sens quand il lira. Il se familiarise ainsi avec la combinatoire (capacité à envisager toutes les solutions possibles) qui est indispensable pour la lecture et les mathématiques.
à vous de jouer ! Votre enfant a réussi à fabriquer tous les portraits seul ? A-t-il eu envie de les mettre ensemble ? Savait-il à l’avance s’il y en aurait beaucoup ? Qu’a-t-il eu envie de faire avec ?
Ma pause sans ecran Redécouvrez bienfaits et plaisir du jeu pour éveiller l’imagination et la communication de votre enfant ! Les écrans sont de plus en plus présents dans nos vies, pourtant les enfants ont plus que jamais besoin d’expérimenter, de rire, d’échanger avec le monde et les personnes qui les entourent. > 30 jeux élaborés ou repris par des professionnelles pour encourager naturellement l’éveil des sens, le langage et la pensée. > Des activités classées par âge pour choisir facilement la plus adaptée aux goûts et au développement de son enfant. > Un livret expliquant les apprentissages essentiels induits par le jeu que les écrans ne peuvent apporter, voire au contraire freiner. Carole Vanhoutte, Florence Lerouge et Elsa Job-Pigeard sont orthophonistes. Constatant davantage de troubles de langage, de communication et d’apprentissage chez leurs patients, elles ont créé une association pour sensibiliser parents et professionnels à l'importance du jeu dans le développement de l'enfant et les informer des dangers de la surexposition aux écrans.
13,50 € - MDS : 63639