Sexplorer en couple : 50 pages de conseils pratiques pour préserver et renouveler le désir

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SEXPLORER EN COUPLE

50 pages de conseils pratiques pour préserver et renouveler le désir

Masha Sexplique @mashasexplique

15 OUTILS DÉTACHABLES À AFFICHER

Hypersexualité, ON FAIT asexualité, trouble du désir… le POINT !

En général, lorsqu’on s’interroge sur sa libido, on a vite peur d’avoir un problème est-ce que c’est trop ou pas assez ? Suis-je dans la normalité ? Ces questions viennent essentiellement de conditionnements, et parfois, de jugements émis par des connais sances ou des partenaires. Dans ce chapitre, vous allez apprendre à différencier les souffrances issues des conditionnements sociaux des comportements pathologiques, et je vous propose un panel de solutions pour chaque cas de figure.

QUAND ON A BEAUCOUP DE DÉSIR

Dans les scripts de nos sociétés, contrairement aux hommes, les personnes sexisées sont censées ressentir peu de libido. Ainsi, de nombreuses personnes sexisées qui expérimentent des vies sexuelles intenses sont qualifiées de « nymphomanes » par la société. Pour beaucoup d’hommes, il est plus facile de rabaisser une personne qui a une vie sexuelle

SEXISÉES ?

Ce terme désigne toutes les personnes qui subissent le sexisme. Il est employé dans ce cahier afin d’inclure les personnes qui ne sont pas des femmes.

libre plutôt que de s’avouer qu’ils n’ont pas de contrôle dessus, ou qu’à eux seuls ils ne pourraient pas les satisfaire. Cela les effraie, mais les hommes n’ont pas été élevés pour dire qu’ils ont peur. Insulter est donc une façon simple de se donner l’impression qu’ils dominent la situation, qu’ils sont dans le contrôle. C’est une stratégie d’évitement basique : ils nient toutes leurs émotions et rejettent la faute sur les autres.

Quand on regarde l’histoire occidentale, les hommes ont, l’écrasante majorité du temps, eu le contrôle sur la sexualité des personnes sexisées : cela se passait dans le cadre strict du mariage. Eux pouvaient collectionner les partenaires, mais si une femme le faisait, elle perdait toute sa valeur. Eux pouvaient forcer leur partenaire au devoir conjugal et elles devaient s’y soumettre.

Notre époque marque un tournant dans cette relation de domination, pour notre plus grand bien à tous et à toutes. Les hommes peuvent d’ailleurs se servir de cette occasion pour cultiver leurs émotions, créer des intimités non sexuelles avec leur partenaire et se montrer vulnérable. En somme, notre époque leur permet de faire preuve de vulnérabilité sans être en danger, de pleurer sans se faire rejeter et d’exprimer leur amour.

D’autre part, notre époque permet aux personnes sexisées de s’épanouir sexuellement avec de multiples partenaires sans que cela soit condamnable, même si les mentalités doivent encore évoluer, je vous le concède. Avoir un gros appétit sexuel n’est aucunement un problème si tout va bien pour vous et que vous vous amusez.

Bien sûr, cela peut être dur à vivre à cause des jugements des gens qui nous entourent, dont le fameux : « Celle-là, elle couche avec tout le monde ! » Les personnes sexisées ayant une vie sexuelle avec de multiples partenaires sont souvent beaucoup plus jugées et maltraitées, car certaines personnes considèrent que l’on peut tout leur faire, qu’elles accepteront tout, sous prétexte qu’elles sont « avides » de sexe. Pourtant, comme chez les hommes, il est naturel que les personnes sexisées aient une libido plus ou moins élevée, et cela ne devrait pas conditionner le respect qu’on leur porte.

Il existe néanmoins des troubles de la sexualité, qui peuvent toucher tout le monde. Mais avant d’en arriver à cette conclusion, pour savoir ce qui est pathologique, demandez-vous si vous ressentez de la souffrance en lien avec votre sexualité. Cette souffrance peut découler des jugements d'autrui ou d'injonctions intériorisées. Et même

si vous pouvez travailler sur votre confiance en vous, n'oubliez pas que ce n'est pas vous le problème. Car ce n’est pas votre comportement le souci, mais l’étroitesse d’esprit des autres et de la société.

RENFORCER SON ESTIME DE SOI

La fenêtre de Johari est un excellent outil pour cela. Sur cette fenêtre, on distingue quatre zones différentes :

Zone publique

Ce sont les informations vous concernant qui sont connues publiquement : les sports que vous pratiquez, votre travail, vos études…

Zone cachée

C’est votre jardin secret, ce que vous choisissez de ne pas dire.

Zone aveugle

C’est l’image que les autres ont de vous, mais que vous ne connaissez pas.

Zone inconnue C’est ce qui n’est connu ni des autres ni de nous : des talents cachés, des passions inexploitées…

Cet exercice va vous permettre de changer de point de vue. Au lieu de vous regarder uniquement avec vos yeux, vous allez apprendre à vous voir à travers le regard des autres. Il s’agit d’un travail individuel et collectif, ce que j’apprécie tout particulièrement, car cela s’appuie sur le fait que les êtres humains sont des animaux sociaux et sont donc interdépendants.

Choisissez quatre personnes fiables de votre entourage, que vous pensez honnêtes avec vous. Dites-leur bien qu’il s’agit d’un exercice pour mieux vous connaître et qu’elles peuvent se livrer à cœur ouvert. Posez-leur ces trois questions :

- Quelle impression est-ce que je te donne au quotidien ?

- Qu’est-ce que tu apprécies le plus chez moi ?

- Qu’est-ce que tu apprécies le moins ? 1

Une fois les réponses collectées, essayez de les placer dans une des quatre fenêtres. Si c’était une chose que vous ignoriez sur vous, placez-la dans la case « Zone aveugle ». S’il s’agit d’une information publique, placez-la dans la case « Zone publique ». Si une personne dit des choses à votre sujet que vous pensiez avoir gardées pour vous, mettez-les dans la case « Zone cachée ». Vous pouvez vous servir du modèle à compléter qui se trouve page 9 2

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Vous constaterez peut-être qu’une zone est plus remplie qu’une autre. Si vous avez obtenu peu d’éléments dans la case « Zone publique », peutêtre vous livrez-vous peu aux autres. Pensez-vous que les autres sont dignes de votre confiance ? Avez-vous peur de partager votre quotidien ouvertement ? Si la case « Zone aveugle » comporte beaucoup d’informations, il est possible que vous manquiez de discernement sur vous-même et que vous ne vous perceviez pas réellement comme vous êtes. Comment accueillez-vous cette zone ? Vous semble-t-elle positive ou négative ? Beaucoup de données dans la case « Zone cachée » peut signifier que vous avez un caractère très réservé, alors que le fait d’avoir peu d' éléments dans cette zone peut révéler que vous vous livrez facilement. Que pensez-vous de cette zone ? Que dit-elle de vous ? Avez-vous l’impression d’avoir trouvé un équilibre ?

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Une fois cet exercice terminé, demandezvous comment vous allez mettre à profit ce que vous avez appris sur vous et listez trois futures actions à mettre en place pour être en accord avec la personne que vous souhaitez être.

QUAND LE SEXE DEVIENT ADDICTIF

Quand le plaisir devient souffrance, on parle de « comportements sexuels compulsifs » ou d’« addiction au sexe ». Car, tout comme il existe des addictions à des substances, on trouve des addictions comportementales, comme l’addiction au sexe ou à la pornographie. Cependant, cette terminologie ne fait pas encore consensus. Si dans le DSM-4 (1994) le terme hypersexualité a remplacé les termes satyriasis et nymphomanie, d’anciennes appellations maintenant désuètes faute d’études sur le sujet, le DSM-5 (2013) n’a en revanche retenu ni les troubles sexuels compulsifs ni l’addiction sexuelle. Le débat reste donc ouvert, notamment aux ÉtatsUnis où les questions sur les sexualités sont encore empreintes de jugements moraux ! En France, il est toutefois courant de parler d’addiction sexuelle.

La différence avec un gros appétit sexuel réside dans la place centrale qu’occupe la sexualité dans la vie, la difficulté persistante des personnes qui présentent ces comportements compulsifs à maîtriser leurs pulsions sexuelles et les souffrances que cela occasionne. Les personnes avec une addiction sexuelle tendent à s’éloigner de leurs proches pour pouvoir rencontrer des partenaires et à s’isoler pour pouvoir se masturber. Elles peuvent passer des heures à se masturber jusqu’à avoir mal et sans jamais trouver l’état d’extase qu’elles recherchaient initialement.

L’addiction sexuelle engendre des pulsions sexuelles difficilement contrôlables. De même qu’une personne dépendante de substances éprouve beaucoup de difficultés à s’en passer, une personne dépendante au sexe, même en couple, peut chercher à faire de nouvelles rencontres car elle n’arrive pas à contenir ses pulsions impérieuses. Cela génère beaucoup de problèmes et de souffrances dans les relations interpersonnelles. Bien souvent, ces souffrances vont renforcer la culpabilité et accentuer l’addiction.

QU’EST-CE QUE LE DSM ?

C’est le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (en français, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux). Il est publié par l’Association américaine de psychiatrie et recense les troubles mentaux.

Dans le cas d’une addiction, la première étape est de réussir à en parler, que ce soit à une personne proche de vous ou à une personne formée en addiction sexuelle. Certains traitements médicamenteux peuvent être prescrits par des psychiatres pour calmer les pensées envahissantes et stabiliser l’humeur. En parallèle, la thérapie permet de sonder les causes de l’addiction et de trouver des façons de faire face à vos angoisses ou à vos traumatismes sans tomber dans l’addiction.

Zone publique

Zone cachée

Zone aveugle

Zone inconnue

déclencheur par un facteur banal, parfois sans lien avec l’addiction
sentiment de honte, de désespoir, de culpabilité
passage à l’acte

ET SI ON A PEU DE DÉSIR ?

L’abstinence est le fait de ne pas avoir de relations sexuelles, alors que l’on peut ressentir de l’attirance sexuelle, de l’excitation et du désir envers d’autres personnes. Parfois, l’abstinence est un choix, si vous faites vœu de chasteté par exemple. D’autres fois, elle est subie, si vous êtes célibataire mais que vous cherchez l’âme sœur, par exemple.

Il existe par ailleurs des personnes qui ne ressentent pas d’attirance particulière pour le sexe. L’asexualité, c’est le peu ou l’absence d’attirance sexuelle envers soi ou les autres. Ce n’est pas une période d’abstinence ou une baisse de libido, et certaines personnes la décrivent comme une orientation sexuelle. On ne devient pas asexuel·le, on peut en revanche se découvrir asexuel·le après des années à penser que l’on avait un trouble sexuel.

De plus, l’asexualité est un spectre, il existe autant de formes d’asexualité que de personnes concernées. Une personne asexuelle peut apprécier l’affection physique, voire parfois avoir des rapports sexuels. Par exemple, elle peut consentir à faire un cunnilingus à une personne qu’elle apprécie énormément

Le forum AVEN est dédié aux personnes asexuelles et peut les aider à se sentir moins seules. Il y a une catégorie sur les relations de couple, notamment (fr.asexuality.org).

parce que le fait de faire plaisir à l’autre lui fait plaisir, sans pour autant ressentir de l’excitation sexuelle. Certaines personnes asexuelles se masturbent, d’autres n’ont jamais eu de relations sexuelles, d’autres se sont forcées ou ont été forcées, certaines sont en couple inclusif, d’autres en couple exclusif… Et pour les personnes asexuelles, la masturbation peut être vécue comme un moyen de relâcher les tensions ou une façon de s’endormir.

Il n’y a pas de « solution » à l’asexualité, parce que ce n’est ni une maladie ni un problème. En revanche, elle peut en générer. Nous vivons dans une société qui accorde une place considérable à la sexualité. Quand on est une personne asexuelle, on peut se sentir

Les relations sexuelles ne sont pas le ciment d’un couple et elles ne garantissent pas qu’une relation sera profonde et belle. Je vous propose de décrire ici trois types de relations que vous entretenez dans votre quotidien et qui vous apportent de la joie :

exclue et anormale. Beaucoup de personnes asexuelles subissent des violences sexuelles et cela engendre souvent des traumatismes et un stress post-traumatique. Si vous avez vous-même vécu cela, sachez que les psychologues spécialisé·es en traumatologie sont tout à fait aptes à vous accompagner.

LE TROUBLE DU DÉSIR HYPOACTIF

Lorsqu’une personne ressent un faible désir sexuel, a peu de fantasmes et en souffre, on parle alors de trouble du désir hypoactif. La souffrance est l’élément déterminant du trouble. Si vous avez peu de désir et peu de fantasmes, mais que vous êtes à l’aise avec cela, alors tout va bien ! Beaucoup de psychologues et de psychiatres sont très critiques à l’égard de ces troubles. En effet, une petite libido dépend aussi d’un contexte culturel et social. Et ce qui est « petit » dans notre culture ne le sera pas forcément ailleurs. Cependant, je trouve cela intéressant de nommer les difficultés sexuelles que peuvent rencontrer les gens. Cela aide à briser la solitude, à mettre des mots et à trouver des solutions.

Le trouble du désir hypoactif est diagnostiqué sur la base de huit critères que je détaille à la fin du livre. Vous trouverez également un feuillet afin de savoir si cela vous concerne. Certaines personnes hyposexuelles sont ainsi depuis le début de leur vie sexuelle, d’autres en souffrent à la suite d’un événement et d’autres encore en fonction des situations. On accompagne ce trouble de manière efficace en thérapie, et la sexothérapie de couple se prête très bien à ces problématiques qui, souvent, concernent et impliquent les deux partenaires. Par ailleurs, en explorant les chapitres de ce cahier, vous trouverez de nombreux exercices pour recréer des liens dans votre couple.

LES TRAVAUX PRATIQUES

Pages 49 et 51, je vous propose deux questionnaires pour vous aider à savoir si l’addiction sexuelle ou le trouble du désir hypoactif pourrait éventuellement vous concerner. Ces questionnaires sont là pour vous aiguiller, mais seul·es les professionnel·les de santé peuvent établir un diagnostic !

SEXPLORER EN COUPLE

50 pages de conseils pratiques pour préserver et renouveler le désir

Dans nos vies très denses et où tout va à cent à l’heure, il n’est pas toujours facile d’accorder autant d’espace qu’on le souhaite à notre sexualité, d’autant plus avec un ou une partenaire qui a son propre rythme et ses propres limites. Grâce aux conseils très pratiques de l’autrice et aux outils à détacher (et à partager !), déconstruisez les mythes autour de la libido, apprenez à mieux communiquer vos désirs et cheminez ensemble vers une belle intimité !

Masha Sexplique, blogueuse et créatrice de contenus sexo depuis 2018, ouvre les débats sur les sexualités. Sur son compte Instagram @mashasexplique, on déconstruit les tabous, on s’informe et surtout, on décomplexe !

15 OUTILS DÉTACHABLES À AFFICHER

Graphiste dans l’édition depuis 2012, Mélie Giusiano a débuté aux éditions Autrement et travaille depuis à son compte pour l’édition. Parallèlement au graphisme, elle développe une activité d’illustratrice.

Cultivez l’intimité avant la sexualité

Communiquez vos désirs à votre partenaire

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