Marine Porte de Sainte-Marie
DÉBUTANT & INTERMÉDIAIRE CONFIRMÉ
Quand j’ai attrapé le virus de la calligraphie, c’est d’abord le côté médiéval qui m’a émerveillée : remonter le temps et découvrir de nouveaux outils d’écriture, c’était tellement extraordinaire ! Après plusieurs années d’étude et de pratique, s’est naturellement posée LA question : que faire de toutes ces écritures historiques, au xxi e siècle ? Je n’avais pas du tout envie d’être « la dame qui écrit comme autrefois ». Je voulais créer mon propre chemin, en m’inscrivant dans mon époque. Explorer ces écritures anciennes et s’en inspirer pour en créer de nouvelles, c’est continuer à les faire vivre, sans nostalgie passéiste. Il m’a donc semblé tout naturel de vous proposer, pour chacune, une version historique et une autre, plus moderne, s’adaptant à des lecteurs d’aujourd’hui. Il me paraissait évident également de vous parler de couleur et de composition, qui vous permettront d’aller vers des choses plus personnelles avec d’infinies possibilités.
Vous voici, plume à la main, prêt à vous lancer. Mais comment tient-on les outils ? Comment calculer la bonne hauteur d’écriture ? Qu’est-ce que l’angle de plume ?
Pour commencer, veillez à monter correctement votre plume : elle doit être bien maintenue entre le cercle métallique et la couronne de dents au centre du porte-plume.
Le réservoir d’une plume Brause® doit être bien positionné.
Mon conseil
L'espace de travail : installez-vous au calme, instaurez un petit rituel qui transformera votre temps de pratique, indispensable pour progresser, en moment de détente. Préparez-vous un bon thé, mettez de la musique, choisissez de beaux textes à calligraphier. Laissez toujours votre matériel à portée de main et prêt à l’emploi, afin de calligraphier quand vous en avez envie, sans être freiné par l’idée de tout sortir et ranger ensuite. Même si vous n’avez pas beaucoup de place chez vous, une petite table suffit. Par la suite, variez les couleurs d’encre et de papier, les parfums du thé, les phrases à calligraphier : vous ne vous ennuierez jamais et l’entraînement restera un plaisir.
L’outil d’écriture classique, à bout pointu, donne un trait fin, sans variation. L’outil de calligraphie quant à lui, a un bec large, ce qui donne une trace avec des variations d’épaisseur : les pleins et les déliés.
Nous l’appelons « anglaise », les Anglais la nomment « Copperplate » (qui signifie « cuivre », peut-être en référence aux plaques de cuivre où étaient gravés les modèles de cette écriture aux e siècles avant d’être imprimés). Seule écriture historique tracée à la plume pointue, l’anglaise est fascinante de finesse et de sensibilité.
Née de l’évolution de la bâtarde italienne (elle-même issue de la chancelière), elle a commencé à se
différencier au xviie siècle sous l’influence de calligraphes anglais, français et hollandais et devient très en vogue en Europe dès le xviiie siècle.
Je ne vais pas vous mentir : l’anglaise est une écriture exigeante. Elle demande de la patience et du travail pour acquérir équilibre et régularité. Vos premiers essais seront probablement décevants (comme l’ont été les miens !) mais c’est normal. Persévérez ! Vous verrez vos efforts récompensés et tirerez de votre progression une immense satisfaction.
L’anglaise a un petit côté précieux et désuet, et pourtant elle trouve pleinement sa place dans le monde moderne où elle connaît un regain d’intérêt, en apportant une touche de raffinement et de légèreté plutôt apaisante. C’est pourquoi, malgré sa difficulté, je tenais à la proposer dans cet ouvrage.
Mon conseil
La pente de l’anglaise est très importante (environ 55 degrés), les pleins sont obtenus par la pression exercée sur la plume et non par la largeur du bec de l’outil, comme pour les autres écritures. La hauteur d’écriture est donc variable. Vous trouverez celle qui vous convient le mieux. Commencez par 9 mm à 1 cm et attendez d’avoir un peu d’expérience pour la tracer plus petite, car cela vous demandera encore plus de délicatesse.
Vous avez travaillé plusieurs écritures et vous avez maintenant envie d’aller plus loin, arriver à un beau travail fini. Oui, mais comment les disposer dans la feuille, les faire vivre ensemble, choisir le format ? Je sens déjà poindre en vous l’angoisse de la PAGE BLANCHE… Pas de panique. Allez-y par étapes.
Au départ, ne cherchez pas à faire trop compliqué. Privilégier la simplicité, c’est l’assurance d’avancer sans pression et de terminer vos projets (et donc de gagner en confiance). Petit à petit, votre œil sera plus acéré, et vous réaliserez des compositions de plus en plus audacieuses. Effectuez au préalable des petits croquis : il est plus facile de placer les éléments (figurés par de simples traits et taches) en petit qu’à taille réelle. Vous verrez ainsi d’un coup d’œil si la composition fonctionne.
LA SIMPLICITÉ
Pour vos premières réalisations au propre et une composition inratable, calez tout simplement vos lignes calligraphiées à gauche de la feuille, ou centrez-les, ou disposez-les de manière décalée (p. 101). Veillez à bien choisir la taille de l’écriture par rapport à celle du papier, pour que le vide circule, sans que le texte soit « perdu » au milieu pour autant. Laissez un peu plus d’espace en bas, pour éviter l’effet visuel d’une composition qui « tombe ». Pensez aux beaux papiers, qui mettent en valeur l’écriture. Pas trop beaux non plus, au début, pour éviter « le stress du ratage ». Fort de ces premiers essais, vous aurez rapidement envie de créer des compositions plus élaborées. Vous pourrez alors teinter votre papier à l’aquarelle (comme p. 112), qui sublime la calligraphie. Teintez la feuille en entier ou simplement sur une zone délimitée.