Dessiner les portraits
Une méthode simple pour maîtriser les proportions





Une méthode simple pour maîtriser les proportions
Choisir le bon papier pour dessiner est une décision essentielle qui peut transformer le résultat de votre travail. Votre choix influence l’interaction de vos médiums avec la surface du papier. Il joue sur la texture et l’apparence générale de vos dessins, et même la longévité de votre œuvre. En comprenant les différentes caractéristiques et qualités de votre papier, vous pouvez enrichir votre expression artistique et donner vie à vos visions créatives. Explorons quelques options.
Tout au long de ce livre, j’ai utilisé du papier blanc et teinté.
Papier à esquisse blanc
Pour créer un modelé sur du papier blanc, on commence par les tons moyens (voir Techniques du modelé p. 18).
Vous pouvez ensuite utiliser une gomme pour aller vers des valeurs plus claires, ou des crayons plus foncés pour pousser vers les valeurs plus sombres. Il est également possible de «colorer» du papier blanc avec du graphite ou du fusain pour obtenir un effet de papier teinté, ce qui permet d’accentuer les contrastes.
Papier à esquisse teinté
Pour représenter les ombres et les lumières sur du papier teinté, il faut commencer par un ton moyen. Cela donne la liberté d’évoluer des deux côtés de l’échelle de valeurs en utilisant des crayons noirs et blanc. Cela permet également de mieux ajuster la tonalité des crayons et la pression de la main. Cette méthode est couramment utilisée pour la peinture à l’huile, les artistespréparent leur toile avec une couche d’un ton et d’une valeur neutres avant de peindre. Les papiers teintés sont le plus souvent disponibles en gris et en brun. Nous emploierons les deux dans cet ouvrage.
Choisir une couleur
Cela peut dépendre de la référence, de votre humeur, du type de modelé envisagé et du médium utilisé. Ces facteurs, et bien d’autres sont entrés en ligne de compte pour le choix des papiers de ce livre! Généralement, je préfère le papier blanc pour les hachures simples et croisées, car le processus apparaît plus clairement. Sur du papier teinté, j’utilise de préférence la technique du dégradé.
papier esquisse blanc
La technique des hachures utilisée pour le dessin de Henry Cavill (voir p. 68) est efficace sur du papier blanc.
papier teinté gris
papier teinté beige
Les tons froids du marbre de Vénus (voir p. 128) se marient bien avec le papier gris, alors que le papier brun fait ressortir les touches de fusain blanc dans Le regard (voir p. 92).
Par expérience, je considère que 22,9 x 30,5cm est un bon format pour les portraits et les croquis en général. J’utilise aussi un format plus petit - 18,2 x 25,7cm. Le papier teinté est généralement disponible dans cette taille.
Un papier de bonne qualité a uncertain poids, déterminé par son épaisseur. Les papiers plus épais résistent mieux à la pression du crayon et au gommage que lespapiers fins et légers. Un papier épais offre également un meilleur support, une plus grande durabilité, se marque moins et assure à vos dessins une longévité accrue.
Le «grain» du papier désigne sa texture. Un papier à grain fin est lisse; plus il a de grain, plus il est rugueux. Le papier à grain fin est généralement utilisé pour les dessins au crayon graphite, et lorsqu’on a besoin d’une surface lisse pour des détails précis et des dégradés subtils. Alors que le graphite est par nature un matériau fin qui adhère bien au papier, le fusain, plus granuleux et poudreux, nécessite un papier avec suffisamment de grain pour accrocher à sa surface.
Le grain/texture du papier est indiqué sur la couverture des carnets de croquis. La plupart des magasins de fournitures artistiques proposent des échantillons permettant de tester le papier avant d’acheter un bloc.
Expérimentez couleurs, textures et grammages différents de papier à dessin pour trouver celui qui vous convient le mieux. Vous pouvez acheter des feuilles individuelles, et quelques marques et détaillants proposent des packs d’échantillons. J’achète généralement des carnets de croquis à reliure spirale, car il est plus facile de retirer les pages et les ranger comme on le souhaite. Leurs perforations permettent de les détacher proprement.
La manière de tenir le crayon joue énormément sur la qualité du travail. Il existe trois principaux types de prises, qu’il est possible d’alterner tout en dessinant. Certaines peuvent paraître inconfortables au début, mais à l’usage vous découvrirez leurs avantages et leur utilité.
Utilisez le poignet comme point d’appui pour la prise écriture.
La prise écriture, également connue sous le nom de prise tripode, est la manière la plus courante de tenir le crayon. Dans cette position, on saisit le crayon près de la pointe entre le pouce et l’index, le majeur le soutenant par en dessous. Cette prise assure la stabilité, le contrôle et la précision dans l’exécution des détails fins et des lignes appuyées.
Le point pivot
Quand vous utilisez cette prise, la différence notable entre écrire et dessiner réside dans le mouvement du poignet. En écrivant, le poignet est le point d’appui (le point pivot). En revanche, lorsque vous dessinez, il est conseillé de se servir du coude ou de l’épaule comme point d’appui. Je reviens en détail sur ce sujet plus loin dans cette section (voir Exercices au crayon p. 14).
Tracer des lignes légères
Pour tracer des lignes peu marquées, utilisez la prise écriture modifiée qui consiste à tenir le crayon plus loin de la pointe. Plus vous tenez le crayon loin de la pointe, mieux vous contrôlez la pression que vous exercez.
Tenez les doigts loin de la pointe pour un meilleur contrôle.
Apprendre à contrôler la pression du crayon sur votre papier pendant que vous dessinez est une technique importante à maîtriser. Les variations de pression sont utiles pour préciser les proportions et créer de la profondeur dans un dessin. Commencez toujours un croquis en appuyant peu, pour tracer des lignes à peine visibles. Plus vos lignes sont légères, plus vos erreurs sont faciles à corriger au début dutravail. Vous pouvez améliorer le contrôle sur la pression du crayon en pratiquant les exercices décrits plus loin dans cette section.
Utilisez une prise par-dessus pour ombrer avec une mine plus longue.
Avec la prise par-dessus –aussi appelée prise étendue ou à pleine main–, le crayon est tenu assez haut, de manière souple. La tige repose à l’intérieur de la main, sur la paume, ce qui facilite les aplats et les ombres et permet un style de dessin plus expressif. Cette prise est appréciée en raison de la liberté qu’elle offre pour dessiner sur un support horizontal ou vertical. En d’autres termes, quand le papier est posé à plat sur une table, le poignet est soutenu, et sur un chevalet, il est libre de bouger. Cette prise permet de tracer de longues lignes d’un seul jet et des courbes plus souples. Elle vous aide aussi à contrôler la pression en ombrant.
Ombrer avec une mine plus longue
Cette méthode permet aussi d’ombrer avec le côté du crayon, une plus grande surface de mine étant exposée avec une pointe longue. Il est recommandé de se servir d’une lame pour tailler soigneusement le bois du crayon et dégager une grande longueur de mine (voir Médiums pour le dessin p. 8).
Tracés avec une mine longue et une mine standard.
Avec la prise par-dessous, le crayon est soutenu par vos trois derniers doigts pour un meilleur contrôle.
Cette prise souple et détendue permet d’exploiter le mouvement naturel du poignet pour tracer des courbes déliées. Elle est semblable à la prise tripode, mais le poignet est incliné afin que les trois derniers doigts soutiennent le crayon par en dessous. Elle donne un meilleur contrôle pour exercer une pression légère à moyenne.
Dessins gestuels
En général, cette prise est employée de préférence pour des dessins gestuels nécessitant des traits rapides et vigoureux, comme pour la représentation de personnages. Pour autant, disposer de plusieurs méthodes pour tenir et manier le crayon vous rend polyvalent et apte à essayer de nouvelles techniques.
Au cours de vos exercices (voir Exercices au crayon p. 14) et en dessinant, cherchez à tester les trois prises présentées. Notez les sensations que chaque méthode procure pendant que vous travaillez et les différences quant aux résultats.
Le parallélépipède Loomis est uneversion revisitée de la méthode précédente. Elle permet à l’artiste de représenter une tête humaine d’imagination, vue sous pratiquement tous les angles. Comme ce type de volume peut être dessiné sous des aspects divers, cette technique permet de développer un système de proportions applicable à lareprésentation d’une tête à partir den’importe quel point de vue.
1 Commencez par un parallélépipède. Selon la forme de la tête, il peut être allongé (pour un visage étroit) ou plus cubique (pour un visage large). Ici, je dessine un visage ovale. La flèche pointe dans la direction où la tête est orientée –c’est le plan frontal.
Perpendiculairement à ce plan, divisez le volume en trois sections (ligne du front, du nez et du menton).
2 Dessinez la sphère du crâne dans la partie cubique du parallélépipède. Puis définissez le plan frontal en prolongeant les lignes à partir de celle dufront qui vont diminuant vers le menton.
3 Dessinez la ligne de la mâchoire en partant du milieu de la ligne du front sur le plan latéral.
4 Dessinez les plans des orbites, généralement en divisant par trois la distance entre la ligne du front et la base du nez.
5 Terminez la tête en traçant l’oreille entre la ligne du front etla base du nez.
Exercez-vous à dessiner un parallélépipède autour d’un portrait (utilisez une appli de dessin ou une copie du portrait) pour mieux comprendre comment ce volume forme la base de la tête.
Vous pouvez utiliser des instruments (comme une règle et un rapporteur) pour dessiner les formes de base, mais il est préférable de le faire à main levée: les petites imperfections ajoutent une touche réaliste.
trois-quarts en contre-plongée
trois-quarts en plongée
Les exemples suivants vous montrent comment dessiner la tête Loomis sous n’importe quel angle lorsqu’elle est positionnée dans unparallélépipède.
Face
Dans cette vue de face, n’apparaît que le plan frontal du volume. Au centre, le«X» est la flèche qui pointe directement hors du plan dupapier.
Profil
La tête vue de côté. Dessinez le plan latéral du parallélépipède, il est un peu plus large que le plan frontal.
Trois-quarts en contreplongée
On voit le plan frontal, le plan inférieur et un plan latéral. Le dessous du menton est visible. La taille du front est réduite. Le plan supérieur des orbites est plus visible que leplan inférieur.
Trois-quarts en plongée
On voit le plan frontal et supérieur et un plan latéral. Le front est plus grand comparé aux angles précédents, car il est plus proche de l’observateur.
Leplan inférieur des orbites est plus visible que le plan supérieur.
Utilisez votre imagination
En combinant cette technique et une connaissance de laperspective, dessiner d’imagination visages (ou personnages) devient possible!
À ce stade, vous avez terminé la construction et le dessin du portrait (soit en suivant les précédentes étapes1 à 9, soit en décalquant simplement l’image à l’étape9).
1 Utilisez un crayon4B avec une pression moyenne pour ombrer les sourcils, les yeux, les lèvres, la narine et l’oreille.
2 Utilisez une grosse estompe pour fondre les zones d’ombres (j’ai pris un pinceau éponge). Avec une petite quantité de graphite sur votre outil, ombrez délicatement les contours du visage. Gardez la main légère en passant l’estompe sur ces zones.
3 Avec un crayon6B, assombrissez les yeux, les sourcils et le nez, ycompris la narine. Foncez les lèvres et l’ombre en dessous. Puis, prenez un crayon8B pour noircir la zone des cheveux entourant le profil afin de définir une valeur extrême (voir Techniques du modelé p. 18). Cela vous permet d’établir une valeur de base pour retravailler le visage.
4 Estompez le graphite à l’aide d’un outil approprié et référezvous à la valeur extrême définie à l’étape précédente pour ajuster les ombres sur le visage. Estompez le graphite près des yeux. Ajoutez et retravaillez des ombres près des yeux, estompez les ombres sous les paupières. Avec une gomme pour crayon, dessinez un reflet sur la lèvre.
5 Prenez un crayon6B pour ombrer le cou, la poitrine et les bras avec une pression légère à moyenne. Ce faisant, soyez attentif à la clavicule.
Pour éviter de trop foncer les ombres, prenez du recul pour observer le portrait de loin. S’il vous semble trop sombre, prenez une gomme mie de pain pour enlever l’excès de graphite, et retravaillez la zone. Nettoyez l’estompe avec du papier émeri.
6 Estompez le reste du cou et des bras en procédant comme pour le visage à l’étape2.
7 Utilisez de la poudre de graphite et une grosse estompe ou un pinceau éponge (voir Outils d’estompage p. 10) pour ombrer les cheveux. Prenez un crayon6B pour renforcer les détails afin qu’ils restent visibles. C’est la première couche pour les cheveux.
8 Avec une gomme mie de pain, créez des reflets en suivant le mouvement des mèches. Prenez un crayon6B pour ajouter des cheveux derrière le bras gauche.
9 Foncez les cheveux avec un crayon6B, en suivant leur mouvement et en ajoutant des ombres. Commencez par le côté droit de la tête, puis allez vers la gauche.
10 Avec un crayon8B, assombrissez les cheveux, mais n’estompez pas pour préserver la texture du papier. C’est un choix stylistique. Enfin, utilisez l’estompe en papier et un peu de poudre de graphite pour modeler le vêtement. Avec la gomme pour crayon, retravaillez les zones qui nécessitent des reflets et précisez des contours si nécessaire.
Un guide accessible à tous les dessinateurs pour réaliser facilement les portraits !
Rempli de conseils faciles à suivre, ce livre démystifie l’art du dessin de portraits. Grâce à une approche simple et méthodique, maîtrisez facilement les proportions, à la fois difficulté majeure et base essentielle de tous les portraitistes. Rien de plus simple, il vous suffit de partir de l’élémentaire en découpant vos modèles en formes, blocs ou grilles. Une fois les proportions exactes posées, laissez-vous guider pour étayer les traits du visage, ombrer et estomper vos créations. Entraînez-vous ensuite avec les 15 exercices de portraits que @SinArty partage avec vous, parmi lesquels des célébrités comme Anne Hathaway, Henry Cavill et Lionel Messi. Chaque exercice est détaillé pas à pas, avec les astuces de l’auteur pour libérer votre potentiel artistique.