Herbana, la sorcière verte

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HERBANA

la sorcière verte

Magie de la forêt au fil des saisons

Cecilia Lattari

QUI EST HERBANA, LA SORCIÈRE VERTE ?

SUIVRE LE CHEMIN DES PLANTES

LA LISIÈRE

LE PAYS ET LES OUTILS DE LA SORCIÈRE

L’ hiver

L’ÉCORCE

LA FORÊT EN HIVER

ARBRES ET PLANTES DE L’HIVER

Chêne, genévrier, houx, sapin, gui

RECETTE SECRÈTE : PAIN À LA FARINE DE GLAND

QUE FAIRE EN HIVER

Baume respiratoire, encens hivernal, bougies naturelles, huile de neige, sirop de cônes de sapin

ANIMAUX GUIDES : LE LOUP

LE MESSAGE DE LA SORCIÈRE VERTE : SE REPOSER

Le printemps

LES POUSSES

LA FORÊT AU PRINTEMPS

ARBRES ET PLANTES DU PRINTEMPS

Pommier, violette, ortie, primevère, bouleau

RECETTE SECRÈTE : PAIN AUX GRAINES GERMÉES ET OLÉAGINEUSES

QUE FAIRE AU PRINTEMPS

Entrer en contact avec les fées, coussins parfumés, infusions aux pétales de fleurs, nettoyage magique, bijoux de végétaux

ANIMAUX GUIDES : LE LIÈVRE

LE MESSAGE DE LA SORCIÈRE VERTE : ÉCOUTER

LA VERTE

SORCIÈRE VERTE

L’ été

LES FRUITS

LA FORÊT EN ÉTÉ

ARBRES ET PLANTES DE L’ÉTÉ

Millepertuis perforé, achillée millefeuille, souci, immortelle italienne, jasmin

RECETTE SECRÈTE : PAIN AU MIEL

QUE FAIRE EN ÉTÉ

Huiles infusées, vinaigre de fleur ou de fruit, savon naturel, aquarelles végétales, runes sur des galets

ANIMAUX GUIDES : LE LÉZARD

LE MESSAGE DE LA SORCIÈRE VERTE : SE NOURRIR

L’ automne

LES RACINES

LA FORÊT EN AUTOMNE

ARBRES ET PLANTES DE L’AUTOMNE

Églantier, sureau, châtaignier, sorbier des oiseleurs, consoude officinale

PAIN À LA FARINE DE CHÂTAIGNE

QUE FAIRE EN AUTOMNE

Sirop au miel, encre végétale, conserves d’aromatiques, kéfir, levain

ANIMAUX GUIDES : LE RENARD

LE MESSAGE DE LA SORCIÈRE : RÉCOLTER LES

Dès mon plus jeune âge, j’ai entendu l’appel des plantes. Je me revois jouer avec les fleurs de trèfle et de pissenlit qui poussaient à côté de chez moi.

Je les frottais contre le muret qui entourait la maison pour dessiner le ciel, des prairies, des fleurs, écrire des messages secrets. La magie s’est imposée à moi naturellement, m’incitant, au fil des années, à étudier les plantes et à écouter le langage des animaux. À m’émerveiller, chaque année, du passage des saisons, de leurs couleurs et de ce qu’elles nous prodiguent. Je suis une sorcière verte.

Mais qu’est-ce qu’une sorcière verte ?

QUI EST HERBANA , LA SORCIÈRE VERTE ?

LES TERMES LATIN ET GREC STRIGA ET STRIX

SIGNIFIENT « CHOUETTE ». DANS L’ANTIQUITÉ,

CET ANIMAL NOCTURNE ÉTAIT LA COMPAGNE

D’ATHÉNA, DÉESSE DE LA SAGESSE. LA CHOUETTE EST ASSOCIÉE À LA SORCIÈRE, ÊTRE SAGE

QUI AGIT EN HARMONIE AVEC LES FORCES DE LA NATURE.

HERBANA, LA SORCIÈRE VERTE, connaît le langage de la nature et ses cycles. Elle sait comment tirer profit de ses manifestations pour apporter le bienêtre et la guérison aux êtres vivants. Elle est beaucoup plus qu’une herboriste, une naturaliste ou une jardinière. Ce qui fait sa spécificité, c’est sa relation intime avec la nature. C’est sa capacité à se mettre à l’écoute de ses messages et à les décrypter, à comprendre ses symboles. C’est sa connaissance approfondie des caractéristiques et du pouvoir des herbes, des fleurs et des arbres. Elle a pour muse la Terre, à l’image des paysannes d’antan.

La sorcière verte connaît souvent des sortilèges transmis par la tradition orale et en lien avec la Terre. Elle peut vivre à la campagne, à l’orée d’un bois ou à la périphérie d’une ville. Elle suit le rythme des saisons et célèbre les cycles de la nature.

Elle est la déesse des petites choses. Elle les apprécie pour leur caractère sacré, les respecte et sait où les trouver. Ses outils proviennent de la nature, telles les baguettes de noisetier ou de sureau.

Elle conserve dans son garde-manger des bocaux remplis de végétaux séchés, y compris des grains de café à moudre ou des graines de tournesol pour confectionner une pâte à pain au printemps. Sa magie, née de son expérience, est dénuée de tout caractère rituel ou cérémoniel. Elle a pour source d’inspiration la théorie des « signatures », prônée par Paracelse. En quoi consiste-t-elle ?

C’est l’art de savoir observer les signes présents dans le monde naturel pour les relier à celui des humains, à des fins d’harmonie et de guérison.

Prenons l’exemple d’Hypericum perforatum. Le millepertuis perforé doit son nom à l’aspect de ses feuilles. Il était associé jadis aux plaies et on lui attribuait le pouvoir de les soigner. La médecine moderne le confirme. Beaucoup d’autres exemples révèlent la présence du macrocosme dans le microcosme, confirmant la formule d’Hermès Trismégiste : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. »

La sorcière verte sait qu’il vaut mieux semer des graines et repiquer des plants lorsque la lune est croissante plutôt que décroissante ; elle en a l’intuition ou l’a appris par l’expérience. Elle identifie les traces du renard et le cri du sanglier, elle parle aux chats et aux végétaux.

Elle sait que nous ne sommes pas les seuls habitants de la Terre et elle respecte tous les êtres vivants. Familière du monde visible, elle est également connectée au monde invisible.

Elle adore préparer des onguents, des baumes, des lotions, et ses infusions à base de plantes ont le goût de la forêt et de la Lune. Elle ne vit pas bien loin de chez vous. Si vous lisez ce livre, peut-être entendez-vous aussi les plantes parler ; il est temps de les écouter attentivement.

Au fil de ces pages, vous explorerez la vie et les pratiques d’une sorcière verte qui évolue à l’orée d’une forêt. Pour chaque saison, vous découvrirez les principaux végétaux, les animaux sacrés, quelques recettes secrètes et des activités. Tout ce que vous devez savoir avant de commencer votre lecture, c’est que la magie est partout autour de vous. Il suffit d’apprendre à l’identifier.

9 HERBANA, LA SORCIÈRE VERTE

SUIVRE LE CHEMIN DES PLANTES

UNE SORCIÈRE VERTE DOIT CHOISIR DE SUIVRE

CHEMIN DES PLANTES.

D’ENFANCE, MENAIT À LA FORÊT. ÉTAIT-CE CE SENTIER BORDÉ DE CAMOMILLE ET DE VERVEINE, QUI SERPENTAIT DANS LES BROUSSAILLES, EN CONTREBAS DE VOTRE JARDIN ?

COMME HERBANA, LA SORCIÈRE VERTE, peut-être froissiez-vous la menthe en fleur entre vos doigts en empruntant le sentier, de sorte que son parfum vous accompagne pendant votre promenade, tel un talisman. Le sentier épousaitil les contours du rivage, dans les senteurs de l’hélichryse ? Ou était-ce

un sentier herbeux en milieu urbain, dans un « Tiers paysage1 », où zones sauvage et cultivée se rencontrent ? Les métropoles ont aussi leurs chemins des plantes. On y trouve de délicats coquelicots rebelles et des pissenlits jaunes comme le Soleil. L’armoise lunaire et mystérieuse pousse le long

1. Le paysagiste et théoricien des jardins Gilles Clément, à l’origine de ce concept, en donne la définition suivante dans son Manifeste pour le Tiers paysage, publié en 2002 : « Le Tiers paysage désigne la somme des espaces où l’homme abandonne l’évolution du paysage à la seule nature. » Il se caractérise par une biodiversité particulièrement riche.

d’une voie ferrée abandonnée, dans une maison inhabitée, derrière un portail ouvert, sur une vieille plaque rouillée. Pour suivre le chemin des plantes, il faut d’abord être capable de l’identifier. C’est la première condition, indispensable.

Faites-vous partie de ceux qui observent les végétaux naturellement, avec respect et curiosité ? Qui, devant une plante, sentent véritablement la présence d’un être vivant ? Autres conditions requises pour suivre le chemin des plantes : la curiosité et l’esprit d’observation.

Efforcez-vous de regarder chaque plante comme si vous ne l’aviez jamais vue auparavant. Même si ses caractéristiques n’ont pas de secrets pour vous, faites comme vos ancêtres : développez votre sens de l’observation et votre intuition, établissez des liens entre les signes ou les symboles et ce que vous voyez. Exercez votre curiosité, apprenez à observer et effectuez des recherches en restant en contact avec la plante. Suivre le chemin des plantes, c’est découvrir qu’il existe des échanges réels entre les végétaux et les humains. Vous pouvez communiquer avec les plantes, mais elles aussi ne demandent qu’à avoir des interactions avec vous.

Chaque plante a son propre langage, son propre mode de communication. Aiguisez vos sens, écoutez-les parler et découvrez ce dialogue extraordinaire. Prenez soin d’étudier les plantes en relation avec leur environnement. Indissociables du milieu dans lequel elles vivent, elles en sont aussi le reflet.

Le chemin des plantes est souvent une demeure ou un sentier pour le genius loci – l’esprit du lieu –, ce sentiment qui vous envahit lorsque vous vous trouvez dans un endroit, qui agrège tout ce que vous voyez, entendez, sentez et touchez, mais qui comprend aussi une part d’invisible. Suivre le chemin des plantes, c’est choisir de regarder même lorsqu’il semble ne rien y avoir, c’est se laisser bercer par le bruissement des feuilles dans le vent, caresser par la lumière des étoiles et du soleil. C’est sentir que nous faisons partie d’un tout qui est notre refuge, notre jardin secret.

Au crépuscule, à la limite entre le jardin de la sorcière verte et la forêt, apparaît un sanglier, ou plutôt une laie.

Pas très grosse, elle se cache entre les derniers rayons du soleil et des troncs d’arbre.

Herbana, la sorcière verte, approche ; seul un grillage les sépare.

Elle pose sur le sol des pommes, du pain sec et des prunes trop mûres, tombées de leur arbre.

L’animal les mange en la regardant avec un mélange de curiosité et de peur. La sorcière verte s’agenouille, fixe la laie droit dans les yeux et lui dit à voix basse : « Ne fais pas trop confiance aux humains. Garde ta sauvagerie. »

LA LISIÈRE

DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULÉS, LA BORDURE

QUI DÉLIMITE UN ESPACE REVÊT UNE DIMENSION PARTICULIÈRE. C’EST LE CAS DE LA LISIÈRE

DE LA FORÊT, NI TOUT À FAIT SAUVAGE, NI TOUT À FAIT ORDINAIRE. LES CONTES METTENT

EN SCÈNE DE VIEILLES FEMMES SAGES QUI VIVENT

À L’ORÉE DES BOIS, SOUVENT DES GUÉRISSEUSES

OU DES HERBORISTES.

LA LISIÈRE est l’endroit où réside

la personne qui préside aux rites de passage et guérit avec les préceptes de la sagesse ancienne. C’est un seuil, un lieu qui ouvre des perspectives, où l’on considère les choses sous un angle différent. Point de rencontre de la réalité et de la magie, c’est un endroit indompté où les mauvaises herbes poussent en liberté, où les  animaux observent et protègent ceux qui y vivent. Dans les temps

anciens, tous les rituels se déroulaient à la lisière.

Ils marquaient les étapes de la vie, célébraient les mutations du temps et de la nature. Ils délimitaient aussi l’espace et les frontières de la communauté, où les initiés faisaient l’expérience de la mort et de la renaissance à travers des mises en scène.

Les contes, outils puissants pour raconter la vie et se connecter à l’imaginaire, naissaient à la lisière, lieu de résidence des fées, des sorcières, des sages, des chamans. Là où l’on rencontre aussi l’ogre et le loup. La sorcière verte vit en dehors du monde réel,

ordinaire, mais elle y est autant reliée qu’au monde invisible.

Elle garde un contact privilégié avec les ancêtres, elle a un pouvoir sur le présent ainsi que la capacité à décoder des signes subtils, à obtenir des informations et des suggestions sur l’avenir. Elle connaît la nature et ses forces, soigne avec les plantes et son expérience. Elle préside aux rituels et guide les passages.

La lisière n’est pas seulement un  espace géographique, mais la condition de ceux qui sont différents et parfois marginalisés en raison de leur état physique ou mental, ou de leur statut social. Elle doit être vécue en pleine conscience, comme l’a expliqué l’intellectuelle et activiste afro-américaine Bell Hooks dans ses nombreux écrits.

La lisière ou la marge est un espace qui se situe à l’opposé de l’ordinaire, domaine des croyances majoritaires.

Ce lieu souvent hostile est également riche en potentialités, porteur d’espoir et de liberté dès lors qu’il est vécu comme un espace de résistance et de rébellion. Quoi de mieux

que les plantes pour nous guider dans cette voie ? Elles privilégient la lisière car elles y poussent librement, offrant leurs graines au vent.

Elles nous enseignent la rébellion, qui n’est pas nécessairement un acte de destruction, mais plutôt de création. C’est là, à la lisière, que prennent racine le pouvoir de la sorcière verte, la sagesse du chaman. Là que se rencontrent le monde du rêve et la réalité. Pensez à la brume qui enveloppe parfois la forêt, créant une frontière entre le visible et l’invisible. Perséphone, la fille de Déméter, est la déesse qui habite à la lisière. Elle vit une partie de l’année sur Terre, le reste de l’année dans le monde souterrain. Comme la graine, elle connaît les deux univers. C’est ainsi que la sorcière verte n’est pas seulement une experte en plantes ou une guérisseuse, elle s’apparente aussi à un sage et à un chaman, à celui qui se déplace d’un univers à un autre. Connaître et habiter la lisière, c’est expérimenter le contact avec quelque chose de différent de nous, et qui peut se révéler une riche source d’enseignement.

LE PAYS ET LES OUTILS DE LA SORCIÈRE

LA SORCIÈRE VERTE VIT À PROXIMITÉ DE LA NATURE,

LÀ OÙ ELLE PEUT ÉTABLIR UN CONTACT QUOTIDIEN

AVEC LES VÉGÉTAUX ET LES ANIMAUX. NE CROYEZ

PAS POUR AUTANT QU’ELLES VIVENT TOUTES

AU MILIEU DES BOIS. OÙ QU’ELLES SOIENT, ELLES SAVENT SE CONNECTER À LA NATURE.

IL EXISTE aussi des sorcières vertes dans les zones urbaines. Elles ne dédaignent nullement les « Tiers paysages », regroupant des plantes sauvages, des animaux domestiques ou inattendus, et des ressources magiques. Le paysage extérieur est important, car il détermine les espèces de plantes et d’animaux que l’on y rencontre et l’énergie que l’on y trouve. Mais le paysage dans lequel vit la sorcière verte est aussi intérieur – beaucoup plus important –, fait d’émotions, de souvenirs, de pensées

qui balisent le chemin de magie et de découverte menant vers les plantes. La carte qui guide Herbana est d’ordre sensoriel. Chacun de nous peut activer son paysage intérieur au moyen de ses sens. Lorsqu’ils sont en éveil, nous apprenons beaucoup sur les végétaux que nous rencontrons et les lieux que nous traversons. Nous découvrons de nouveaux sons. Nous remarquons des détails que nous n’avions encore jamais vus, même si nous passons devant chaque jour.

Pour cartographier son pays aussi bien que possible, la sorcière verte transporte avec elle un carnet de notes dans lequel elle consigne ses observations, ses récoltes, les changements de lumière pendant la journée ou les mutations de la forêt au fil des saisons. Vous pouvez faire comme elle, et commencer à explorer différemment votre environnement. Cherchez des espaces sauvages, des sources d’inspiration, inventez des récits, laissez la magie se déployer devant vous.

La sorcière verte possède quelques outils très simples, auxquels elle tient beaucoup. Dans son panier en osier, elle entrepose les feuilles, racines, fleurs, baies qu’elle ramasse. Il n’est pas très grand, car elle ne collecte que le strict nécessaire, dans le respect de la forêt et de ses habitants.

Elle transporte une paire de ciseaux bien aiguisés pour couper les plantes sans les abîmer, afin qu’elles puissent achever leur cycle de croissance.

Dans son mortier, la sorcière verte broie et malaxe les plantes et les résines pour préparer de l’encens et des infusions. Son garde-manger est rempli de bocaux, bouteilles et fioles

dans lesquels elle conserve les baumes et les infusions qu’elle prépare, ainsi que les graines qu’elle sèmera l’année suivante. Elle a aussi une petite réserve de cire d’abeille pour fabriquer des bougies ou épaissir les onguents et les pommades ; un chaudron ou une marmite en émail décorée de fleurs pour préparer des soupes ; des biscuits, des pommes et des fruits à coque pour les animaux sauvages ; une cloche en argent qu’elle suspend à une branche de chêne et qu’elle fait tinter pour convier les fées à la danse. La sorcière verte a toujours le regard en éveil, elle apprécie la solitude mais a beaucoup d’amis de confiance. Introvertie et sensible, elle préfère parfois la compagnie des lucioles à celle des humains. Mais si vous frappez à sa porte, elle vous offrira une boisson réconfortante et sera toujours prête à vous écouter.

Elle adore les histoires et ne se lasse pas d’en inventer – dans les bois, en écoutant parler les renards et les elfes, en suivant les traces des loups.

L’ÉCORCE

L’hiver invite à se protéger, à se reposer.

Un profond silence enveloppe la forêt.

L’écorce des arbres se détache nettement, dévoilant ses motifs improbables que vous caressez pendant vos promenades dans le froid hivernal. Les tiges des végétaux peuvent être herbacées ou ligneuses – dans ce cas, elles sont protégées par l’écorce, qui recouvre et protège le tronc, mais aussi les branches et les racines. En l’examinant attentivement, vous remarquerez que l’écorce ressemble à notre peau. C’est là que s’effectuent les échanges entre l’extérieur et l’intérieur. Même en hiver, lorsque tout est silencieux,

les histoires racontées au moment du coucher, les rêves, projets et vœux en tout genre s’échangent. La sorcière verte partage les rêves des plantes, elle connaît leur alphabet de pétales et de graines. Les sillons de l’écorce protectrice portent l’empreinte du temps, à l’image des rides de la peau.

LA FORÊT EN HIVER

La neige recouvre la forêt comme dans un rêve.

La veille, les arbres sont entièrement dénudés ; ils ont perdu leur feuillage en automne, laissant apparaître les somptueux motifs de leur écorce. Le matin, au réveil, la sorcière verte regarde par la fenêtre : le paysage est d’une blancheur éclatante.

Sous la neige, le silence est encore plus profond. De temps à autre, le bruit du vent vient rompre le son magique de la forêt. Des mélodies naissent dans les branches où la neige s’accumule, animant discrètement le paysage. Les hêtres (Fagus sylvatica)

et les érables (Acer) sont recouverts d’un manteau blanc, tandis que l’écorce claire des bouleaux (Betula) se confond avec la neige. Les sapins blancs (Abies pectinata) ont résisté courageusement aux intempéries de la nuit ; ils entretiennent le mystère avec leurs aiguilles vert foncé. Le houx (Ilex aquifolium) se réjouit de l’arrivée de la neige. Ses baies rouge vif sont très appréciées des sorcières, qui s’en servent pour jeter des sorts et préparer des onguents.

LA SORCIÈRE VERTE

entretient une relation intime avec la nature, et à l’écoute de son langage, elle comprend ses messages, les décrypte. Observatrice du végétal, elle connaît son évolution, ses périodes de croissance, de culture, et sait préparer onguents, baumes et lotions.

Au fil des pages, suivez les traces de la sorcière Herbana tout au long de l’année, et accueillez la sagesse sauvage de la forêt et son énergie subtile.

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