L'éducation positive du chiot

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C OLLECTION DIRIGÉE PAR L AETITIA BARLERIN

PAS  SI BÊTES

Docteur Colette Arpaillange

L ’éducation positive du chiot


Docteur Colette Arpaillange

L ’éducation positive du chiot

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© 2019, Éditions Rustica, Paris Dépôt légal : janvier 2019 www.rustica.fr

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Sommaire Avant-propos. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Chapitre 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Bien le connaître pour mieux l’éduquer Des rendez-vous à ne pas manquer............ 10 Les mécanismes de l’apprentissage............. 12 Une question de méthode........................... 18 Avant de commencer.................................. 22 Pourquoi ne veut-il rien apprendre ?............ 24

Chapitre 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

Le chiot nouveau-né Aux commencements de la vie.................... 28 L’attachement, un lien primordial................ 30 Optimiser le développement précoce........... 34 Idées reçues............................................... 36

Chapitre 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

Entre 4 et 8 semaines, la découverte du monde Où en est mon chiot ?.................................. 40 Gare aux carences maternelles.................... 46 Choisir un chiot : un acte réfléchi................. 49 Idées reçues............................................... 56

Chapitre 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

Entre 8 et 12 semaines, le 1er mois en famille Où en est mon chiot ?.................................. 60

Le comprendre et me faire comprendre...... 62 Le temps d’apprendre................................. 68 Apprendre à être propre.............................. 70 Apprendre à se contrôler............................. 72 Découvrir le monde..................................... 74 Petits soucis et gros ennuis......................... 76 Idées reçues............................................... 80

Chapitre 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83

Le chiot adolescent Où en est mon chiot ?.................................. 84 Apprendre l’autonomie................................ 87 Avoir de l’autorité sans autoritarisme........... 90 Petits soucis et gros ennuis......................... 94 Idées reçues............................................... 98

Chapitre 6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101

Éduquer son chiot en 11 leçons Éduquer mon chiot, pour quoi faire ?......... 102 Leçon 1 : Initiation au rappel..................... 104 Leçon 2 : Le port du collier et de la laisse.. 106 Leçon 3 : La suite aux pieds...................... 107 Leçon 4 : « Assis ».................................... 109 Leçon 5 : Initiation à la marche en laisse... 111 Leçon 6 : « Couché »................................. 112 Leçon 7 : Le rappel.................................... 114 Leçon 8 : La marche en laisse................... 116 Leçon 9 : « Pas bouger »........................... 119 Leçon 10 : Ne pas sauter........................... 121 Leçon 11 : « Donne »................................ 123 Testez votre chiot...................................... 125 Testez votre chien..................................... 126

Index. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127 5

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A vant-propos Affectueux, loyal et fidèle, le chien est un compagnon de vie irremplaçable qui trouve naturellement sa place dans la famille. Mais l’éduquer reste indispensable pour faciliter son insertion dans un monde qui lui est étranger. Avoir un chien bien éduqué, sociable, obéissant, facile à vivre tout en étant heureux de vivre est un objectif que poursuivent tous les propriétaires de chiot. Répondre à ces attentes n’est pas simple pour le chien. La bonne nouvelle, c’est que les chiens, domestiqués puis sélectionnés pour collaborer avec l’homme, sont naturellement doués pour y parvenir ! Ils ont autant à cœur que nous de développer une relation de qualité et de contribuer au bon fonctionnement de leur groupe social. C’est sur ce postulat que se fonde « l’éducation positive du chiot ». Ce terme est aussi utilisé en psychologie humaine, en particulier dans le domaine de l’éducation des enfants autour des concepts de parentalité bienveillante, sans qu’il soit clairement défini. Est « positif » ce qui rend les gens heureux, ce qui les amène à une vie harmonieuse et donne du sens à leurs actions. Transposée au chien, l’éducation positive est une approche centrée sur la qualité de la relation, sur le respect de la nature du chien, de ses besoins et de ses exigences comportementales. Elle s’oppose aux méthodes traditionnelles qui partent du principe que les conduites gênantes ou la désobéissance sont des provocations et traduisent une volonté de dominer le maître. Les punitions basées sur des sanctions physiques deviennent l’instrument naturel de la domination. Le principe fondateur des techniques d’apprentissage de l’éducation positive est d’encourager les bons comportements en les récompensant et de dissuader les mauvais en les ignorant. Pour y parvenir, le plaisir est un prérequis et l’engagement du chien nécessite de la motivation à exécuter des actions dénuées de sens. Les récompenses restent un moteur essentiel, mais l’envie de faire plaisir au maître est incontournable. Attention, il ne s’agit pas là de bannir toutes contraintes ! Le chien est un animal social et la mise en place de règles strictes est nécessaire à son équilibre. Mais le recours à la violence n’est jamais nécessaire et justifié. Vous trouverez dans cet ouvrage toutes les informations indispensables pour mieux comprendre votre petit compagnon en suivant au fil des chapitres les étapes naturelles de son développement. La dernière partie présente un programme pratique d’éducation aux ordres de base en suivant les principes de l’éducation positive. Éduquer un chiot est une formidable aventure. Parcourir ce chemin en suivant les méthodes d’éducation positive est la garantie d’obtenir l’obéissance sans la soumission et de privilégier un lien de qualité, fondé sur une affection mutuelle. Et surtout d’obtenir que votre chiot soit à tout jamais votre meilleur ami. Docteur Colette Arpaillange

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Chapitre 1

Bien le connaître pour mieux l’éduquer

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CHAPITRE 1 • B I E N L E C O N N A Î T R E P O U R M I E U X L ’ É D U Q U E R

Des rendez-vous à ne pas manquer De la naissance à l’âge adulte, le système nerveux du chiot se transforme au fur et à mesure que le chiot grandit. La période qui va de la naissance au 3e mois est particulièrement importante pour l’acquisition du répertoire comportemental. Cette période, dite du développement comportemental, repose sur la construction programmée du système nerveux.

UN SYSTÈME NERVEUX EN CONSTRUCTION

u

Pour optimiser son développement comportemental, le chiot doit rester avec sa mère jusqu’à l’âge de 2 mois.

Pendant le développement comportemental, le comportement du chiot passe par différentes phases pendant lesquelles il est particulièrement réceptif à certaines expériences. Certaines conditions, comme la présence de la mère jusqu’à la fin de la 7e semaine ou la nécessité de confronter le jeune animal à des stimulations variées, sont indispensables pour optimiser le développement du chiot.

Le développement du cerveau commence avant la naissance. Le bébé chiot naît avec un capital de cellules nerveuses (neurones) encore immatures et mal organisées et un cerveau qui ne ressemble pas à celui de l’adulte. Pendant les premiers mois de sa vie, les connexions entre les cellules nerveuses (synapses) vont profondément se modifier. Le principe est le suivant : seuls les circuits nerveux qui vont être sollicités et mis en action au gré des expériences seront durablement sélectionnés alors que les autres, laissés inactifs et considérés comme inutiles, vont être détruits automatiquement à la fin du développement. Ce phénomène fondamental est appelé « stabilisation sélective » pour signifier que seules les synapses activées vont être stabilisées et conservées. Ce processus de sélection souligne l’importance de l’histoire précoce de l’individu et l’impact de l’expérience.

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D e s r e n d e z-v o u s à n e pa s m a n q u e r

Par exemple, la capacité à se contrôler se met généralement en place aux alentours de la 5e semaine grâce à l’intervention de la mère qui apprend à ses petits à moduler leurs mouvements. Les circuits nerveux permettant l’inhibition vont être sélectionnés si le chiot apprend à se réguler. Si ce n’est pas le cas, les capacités d’inhibition sont insuffisantes et il sera plus tard un chien hyperactif et difficile à contrôler. Le cerveau possède heureusement une certaine plasticité durant toute la vie, ce qui autorise de nouveaux apprentissages, mais le câblage de base reste primordial.

DES PÉRIODES CRITIQUES Le phénomène de stabilisation sélective suppose que les expériences aient lieu à des moments précis du développement du jeune. Il existe en effet des périodes d’imprégnation où les apprentissages sont facilités et laissent des traces durables dans le comportement de l’individu. Ces périodes appelées critiques ou sensibles rythment le développement comportemental. Avant la période sensible il est trop tôt, après il est trop tard.

INNÉ ET ACQUIS Un comportement inné est un comportement qui se retrouve chez tous les individus de la même espèce. Les comportements innés ou instinctifs sont traditionnellement opposés aux comportements acquis qui résultent d’un apprentissage. L’étude du développement comportemental et des phénomènes de construction du système nerveux apporte son éclairage à cet éternel débat. La génétique établit une « promesse génétique » du chien par le biais du câblage de base qui définit un certain nombre d’aptitudes et de compétences. L’équipement sensoriel est lui aussi dépendant de la génétique. Ensuite, le milieu de vie, notamment les expériences précoces, intervient en déterminant la maturation du système nerveux et la construction du répertoire comportemental futur. Ainsi un environnement favorable peut confirmer une promesse génétique et un environnement défavorable l’anéantir.

Le développement comportemental PÉRIODE PRÉNATALE

PÉRIODE NÉO-NATALE

PÉRIODE DE TRANSITION apparition du monde

PÉRIODE DE SOCIALISATION la découverte du monde

PÉRIODE JUVÉNILE l’insertion dans le monde

CHRONOLOGIE Naissance

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Ouverture des yeux (entre 10 jours et 15 jours)

Audition et vision fonctionnelles (fin de la 3e semaine)

Fin du 3e mois

Puberté

Le développement comportemental démarre avant la naissance et se termine à la puberté et comprend cinq périodes.

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CHAPITRE 1 • B I E N L E C O N N A Î T R E P O U R M I E U X L ’ É D U Q U E R

Les mécanismes de l ’apprentissage L’éducation d’un chien fait appel à des processus d’apprentissage simples. Leur connaissance permet de comprendre comment mettre en place un programme d’éducation et de favoriser l’émergence des bons comportements tout en dissuadant les indésirables.

L’APPRENTISSAGE PAR ASSOCIATION

yUne caresse vient récompenser (renforcer) le comportement souhaité.

Le conditionnement, ou apprentissage par association, est sans doute le processus d’apprentissage le plus connu de tous. Il repose sur une association entre un comportement et un stimulus donné (un ordre, par exemple) ou entre un comportement et ses conséquences (comme une récompense). Ces mécanismes de base sont en jeu dans la majorité des apprentissages, des plus simples aux plus complexes. Les chiens ont naturellement tendance à répéter les actions qui leur ont apporté un bénéfice et à éviter celles qui ont occasionné des désagréments ou leur ont semblé inutiles ! C’est ce qui fonde les apprentissages par renforcement.

Le renforcement Un renforcement a comme objectif de « renforcer » la probabilité d’apparition d’un comportement. Le renforcement correspond à un stimulus qui apparaît ou disparaît et qui incite le chien à agir de la façon souhaitée. On parle de renforcement positif

lorsqu’un élément agréable apparaît. La récompense est un renforcement positif. Ainsi, une friandise qui accompagne l’émission d’urine au bon endroit augmente les chances que le chiot reproduise ce comportement dans un lieu approprié. Un renforcement négatif correspond à un élément désagréable qui disparaît lorsque l’animal abandonne un comportement indésirable et produit le comportement souhaité. Ce comportement peut correspondre à des réponses d’échappement que le chien développe pour se soustraire

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au renforcement négatif, ou à des réponses d’évitement pour éviter que celui-ci n’apparaisse. Ce sont ces réponses d’évitement ou d’échappement qui correspondent au comportement recherché. Si le chien tire sur sa laisse, il subit une pression désagréable sur son collier et il apprend que seule la marche au pied lui permet de se soustraire à cette pression ou d’éviter qu’elle n’apparaisse.

Les punitions La punition a pour objectif de faire disparaître un comportement indésirable. Dans la punition positive, c’est un élément désagréable qui apparaît. Dans la punition négative, c’est un élément agréable qui disparaît. Les punitions positives sont toutes bien connues des maîtres car largement pratiquées dans l’éducation traditionnelle : prise par la peau du cou, tapes, claques, coups de pied, choc électrique ! Certaines punitions, comme enfermer son chien dans le noir ou lui mettre le nez dans ses déjections, témoignent d’un anthropomorphisme et ont toutes les chances de n’être pas facilement comprises par nos compagnons canins.

La punition « négative » est beaucoup plus sympathique et pourra être largement utilisée. Cacher le jouet derrière son dos ou manger la récompense promise lorsque le chien ne s’exécute pas sont des exemples de punitions négatives. Prenons l’exemple du rappel. L’éducation au rappel par renforcement (voir pages 104-105 et 114-115) vise à augmenter la probabilité de retour vers le maître. L’éducation par punition cherche à diminuer la probabilité de fuite. Le renforcement positif consiste à récompenser le chien au retour. Le renforcement négatif peut être, par exemple, avec un travail à la longe, une forte pression sur le collier qui disparaît lorsque le chien revient. Une réponse d’échappement consiste à revenir vers le maître et une réponse d’évitement, qui se mettra en place avec l’expérience, consiste à ne pas partir ! Une punition positive peut être dans l’exemple du rappel une décharge électrique provoquée par une clôture antifugue. Enfin, une punition négative peut être la disparition du maître avec le gâteau si le chien s’éloigne.

Positif/Négatif Les termes « positif » et « négatif » ne font pas référence à un quelconque agrément mais à une notion d’apparition (positif) ou de disparition (négatif).

ÉLÉMENT

APPARITION

DISPARITION

Agréable (friandise, caresse, jeu)

Renforcement positif (récompense) : Le chien revient au rappel et reçoit une gratification.

Punition négative : Le chien ne revient pas au rappel et voit son maître s’éloigner avec son jouet à la main.

Désagréable (pression sur le cou)

Punition positive (punition classique) : Le chien ne revient pas au rappel et reçoit une décharge électrique.

Renforcement négatif : Le chien revient au rappel et voit cesser la pression du collier sur son cou.

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CHAPITRE 1 • B I E N L E C O N N A Î T R E P O U R M I E U X L ’ É D U Q U E R

Les différentes formes de conditionnement ––Conditionnement classique Principe : association entre un événement qui déclenche automatiquement une réponse (stimulus dit inconditionnel) et un élément neutre (stimulus dit conditionnel). Exemple : le conditionnement classique est issu des célèbres expériences du physiologiste Pavlov ; la présentation de nourriture (stimulus inconditionnel) à un chien entraîne une salivation. Si la nourriture est systématiquement associée à une sonnette (stimulus conditionnel), après quelques répétitions, la sonnette déclenche la salivation même en l’absence de nourriture. ––Conditionnement opérant Principe : apprentissage dit par « essai et erreur » car la réponse a des conséquences positives ou négatives qui entraînent une fixation du comportement ou son abandon. Exemple : le conditionnement opérant a été mis en évidence dans un contexte purement expérimental. Un animal est placé dans une cage qui comprend deux leviers bien différenciés. La pression sur un des leviers permet d’obtenir de la nourriture et la pression sur l’autre occasionne une décharge électrique. Si initialement l’animal appuie au hasard sur les leviers, il apprend rapidement à solliciter uniquement le levier qui donne de la nourriture. La nourriture est un renforcement positif alors que la décharge électrique est une punition. Le conditionnement opérant définit les notions de punition et de récompense.

Au travers de ces exemples d’apprentissage du rappel, les limites des techniques d’apprentissage apparaissent distinctement. La punition vient sanctionner un comportement sans que le chien ait conscience qu’il commet une faute. S’il réagit en revenant vers son maître et en est récompensé, c’est un moindre mal car il aura produit une réponse qui apparaîtra comme un comportement alternatif souhaité par le maître. Mais s’il persiste dans son erreur et continue à subir des punitions, il apprendra juste à ne pas revenir et à se méfier de son maître. La punition utilisée seule n’a que peu d’efficacité car elle se contente d’interrompre une action sans enseigner d’alternative. Le chien doit être assez inventif pour deviner ce que souhaite son maître ! Il est préférable d’utiliser les renforcements qui viennent récompenser en douceur un comportement produit par le chien et souhaité par le maître. La punition négative a aussi son intérêt si elle est bien utilisée. Elle incite le chien à réfléchir à ce qu’il peut mettre en œuvre pour retrouver la gratification qui a disparu.

LE BON « TIMING »

La méthode du Clicker TrainingTM Le Clicker™ est un boîtier en plastique qui contient une lame métallique émettant un cliquètement caractéristique et qui, après entraînement, devient annonciateur d’une récompense. Il permet d’indiquer au chien que le comportement produit est satisfaisant et de guider des comportements complexes. Cet instrument n’a pas plus de vertus que des félicitations enthousiastes associées à la récompense, mais il peut être intéressant de l’utiliser si vous avez du mal à communiquer avec votre chien.

Pour être efficace, une récompense doit apparaître très précisément à la fin de l’acte souhaité. Ainsi la séquence est mémorisée en entier. En début d’apprentissage il vous faudra être très rapide pour tomber parfaitement au bon moment et éviter que le chiot s’engage sur une autre activité qui serait alors maladroitement récompensée. En revanche, la punition, qui vise à ce que le comportement n’apparaisse pas du tout, doit intervenir au tout début de la séquence en question. L’objectif est

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d’éviter que le comportement apparaisse ; il est donc logique de punir dès que l’action démarre. Prenons l’exemple de la propreté. Pour que le chiot apprenne à uriner dans un lieu approprié, la sanction devrait survenir en début de séquence dès qu’il commence à fureter pour chercher un endroit adéquat. Les félicitations n’interviendront en revanche qu’en toute fin de séquence, lorsque le chiot aura fini d’uriner à l’endroit choisi. Le chiot apprend ainsi à interrompre son comportement avant d’entamer réellement son exécution et à achever le comportement que l’on cherche à obtenir, ici le fait d’uriner dans le jardin, par exemple. Une punition ne doit jamais intervenir après la bêtise. Le chien n’a pas la capacité d’associer une action passée à une sanction quelle qu’elle soit. Enfin, pour que le chien désapprenne un comportement indésirable il faudrait qu’il soit systématiquement réprimé. C’est une des contraintes d’un apprentissage basé sur la punition : être certain d’être toujours présent quand le chien se comporte mal. On en voit immédiatement les limites pour l’apprentissage de la propreté, par exemple.

BIEN CHOISIR RÉCOMPENSE ET PUNITION Une récompense efficace doit être appréciée du chien. Elle sera d’autant plus stimulante que l’apprentissage est complexe. Ainsi, une croquette qui est une nourriture ordinaire n’aura pas de valeur de récompense pour la plupart des chiens, alors qu’un morceau de fromage, de charcuterie ou un gâteau sec seront probablement efficaces. De même, une punition devrait être réellement désagréable pour le chien. Placer un chien dans le noir ou lui mettre le nez dans ses déjections n’a aucune valeur punitive. Les punitions efficaces sont celles qui s’approchent des règles naturelles de la vie en meute et ne nécessitent pas le recours à la violence. L’exclusion du groupe, qui peut être matérialisée par le renvoi au panier, est la meilleure des sanctions. Inutile de vociférer et de poursuivre l’impertinent : votre courroux doit immédiatement s’atténuer dès lors que le chien obtempère. En se mettant à l’écart votre chien vous indique qu’il a compris l’interdit.

tUn chien ne dispose

pas des structures cérébrales qui lui permettent d’associer une sanction à une action passée.

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CHAPITRE 1 • B I E N L E C O N N A Î T R E P O U R M I E U X L ’ É D U Q U E R

L’APPRENTISSAGE PAR IMITATION OU OBSERVATION Il s’agit dans ce processus de reproduire le comportement d’un individu modèle. Dans l’apprentissage par observation, ce sont les renforcements que reçoit l’individu modèle qui suscitent le comportement chez l’observateur et tendent à le fixer. Ce mode d’apprentissage est particulièrement opérationnel chez les jeunes qui ont des relations sociales fortes avec l’individu modèle. Pour le rappel, on peut utiliser un chien adulte parfaitement dressé au rappel, le rappeler et le récompenser ostensiblement pour attirer l’attention du chiot et l’inciter à revenir. Ensuite, le chiot qui obéit au rappel sera lui-même récompensé. Au début, le chiot est maintenu à distance afin d’avoir le loisir d’observer le modèle. L’individu qui sert de modèle doit entretenir des relations régulières avec le chiot (ce peut être, par exemple, l’autre chien de la famille). Un chien de rencontre ne constituera pas une référence que le chiot cherchera à imiter. Attention : l’imitation permet aussi la reproduction de comportements indésirables !

LE SAVIEZ-VOUS ? LA RÉCOMPENSE DOIT ÊTRE ALÉATOIRE

L’attrait pour la récompense sera supérieur si elle devient aléatoire. Ainsi elle augmente la motivation du chien à effectuer l’acte souhaité. Dans un apprentissage par récompense, il est conseillé de récompenser systématiquement lors des premiers essais, ensuite de façon intermittente une fois sur deux ou trois et enfin uniquement de temps en temps de manière aléatoire.

LA FORCE DE L’HABITUATION On parle d’habituation et d’extinction pour désigner les processus correspondant à la disparition progressive d’un comportement après qu’il s’est répété régulièrement sans recevoir de renforcement. L’habituation concerne les comportements apparus spontanément (aboyer après le facteur, par exemple) et l’extinction des comportements appris (réclamer à table peut être considéré comme un comportement appris !). L’extinction consiste à supprimer tout renforcement et permet de faire disparaître un comportement indésirable. Par exemple, si un chien a la mauvaise habitude de réclamer à table, l’arrêt définitif des dons de nourriture va lui faire abandonner ce comportement. L’extinction comme l’habituation nécessitent des conditions d’instauration très strictes. Les renforcements doivent définitivement disparaître. Si, dans l’exemple précédent, les propriétaires cèdent aux supplications du chiot et donnent « une fois de temps en temps », on rentre dans un programme de renforcement aléatoire qui a l’effet inverse et encourage le comportement indésirable. C’est d’autant plus difficile que la suppression des renforcements incite le chien à amplifier ses actes, donc à insister lourdement pour obtenir de la nourriture. Enfin, l’extinction ne fonctionne que si les renforcements ont tous été repérés et supprimés.

L’APPRENTISSAGE DES ACTIONS COMPLEXES Le façonnement, utilisé dans l’apprentissage d’actions complexes, consiste à récompenser de façon graduelle les

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étapes intermédiaires du comportement recherché. Le chiot est guidé dans son apprentissage de façon progressive. Plus le but est proche, plus la récompense doit être importante. Ainsi, l’apprentissage du rapport d’objet, qui consiste à rapporter un objet au maître sur ordre, relève du façonnement. Initialement, le chiot est récompensé quand il prend l’objet en gueule, puis quand il revient avec l’objet vers son maître, et enfin quand il le lâche sur ordre. À noter que les premières étapes ne sont plus récompensées dès que le chien progresse.

LA MÉTHODE DU STIMULUS DISRUPTIF Le stimulus disruptif est un stimulus incongru qui survient pour interrompre une séquence comportementale. Le chien suspend son action et se met à l’écoute de son maître. Il faut aussitôt réorienter son activité vers le comportement souhaité. Un stimulus disruptif introduit une interruption momentanée. En l’absence d’alternative, le chien reprend le comportement interrompu. Le stimulus disruptif peut être intéressant à utiliser dans toute situation où la concentration baisse ou bien quand la motivation pour le comportement indésirable est forte. L’apprentissage du rappel lorsque le chien s’éloigne peut servir d’exemple.

Vous pouvez utiliser plusieurs méthodes de stimulus disruptif, instrumentale (avec un collier à spray qui permet de déclencher une brumisation de gaz à partir d’une télécommande) ou manuelle (taper dans les mains, jeter un objet à proximité, etc.). Secouer une boîte en fer contenant des objets métalliques peut constituer un stimulus disruptif ; le bruit fort ainsi déclenché va interrompre l’action en cours. Pour que la méthode fonctionne, il est indispensable de proposer immédiatement un ordre qui offre au chiot un comportement alternatif (par exemple, l’ordre « Assis ! », de rappel ou d’immobilisation) sinon le comportement indésirable est vite repris et le chien n’aura rien appris.

COMMENT FAIRE APPARAÎTRE UN NOUVEAU COMPORTEMENT ? ––Renforcement positif (récompenses) ––Renforcement négatif ––Apprentissage par imitation ou par observation ––Façonnement

u

L’apprentissage par façonnement permet les apprentissages complexes comme le rapport d’objet.

COMMENT FAIRE DISPARAÎTRE UN COMPORTEMENT INDÉSIRABLE ? ––Punitions positive et négative ––Extinction ––Habituation ––Technique du stimulus disruptif

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CHAPITRE 1 • B I E N L E C O N N A Î T R E P O U R M I E U X L ’ É D U Q U E R

Une question de méthode Les méthodes d’éducation canine ont largement évolué depuis quelques années. Si les techniques d’apprentissage restent identiques, leur mise en œuvre va suivre des principes totalement différents. Une certitude : l’éducation d’un chiot doit rester un bon moment partagé entre l’homme et son chien.

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L’éducation positive vise à instaurer une relation de qualité et un lien de complicité entre le chien et son maître.

DE LA CONCEPTION À LA MÉTHODE En éducation canine, deux méthodes qui reposent sur une conception très différente de la relation avec le chien s’affrontent : ––La méthode traditionnelle fait une large part à la théorie de la dominance. Elle repose sur le postulat que le maître doit dominer son chien pour espérer se faire obéir. La sanction devient un support de l’autorité et est largement utilisée. Les comportements indésirables sont systématiquement sanctionnés : coup sec sur le collier, châtiments corporels, mise en soumission forcée, etc.

––La méthode douce ou positive connaît un large développement et un engouement auprès des propriétaires soucieux d’avoir une relation de qualité avec leur animal. Les sanctions physiques sont proscrites et le processus d’apprentissage repose essentiellement sur la motivation du chien. La méthode naturelle en est une variante qui utilise comme ressort les tendances spontanées du chien et les mécanismes par lesquels le chien ou ses homologues sauvages acquièrent certains savoirs dans leur milieu naturel. Tout l’art de l’éducateur est de renforcer correctement un comportement spontané pour le fixer définitivement dans le répertoire comportemental du chien et l’obtenir ensuite sur commande. Pour résumer, dans la méthode classique les bons comportements sont récompensés et encouragés tandis que les mauvais sont sanctionnés. Dans la méthode positive, les bons comportements sont aussi récompensés mais les mauvais sont simplement ignorés ou font l’objet d’une punition négative (disparition de la récompense) poussant le chien à essayer un comportement alternatif.

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Une question de méthode

POINTS COMMUNS ET DIFFÉRENCES Les deux méthodes ont pour point commun l’utilisation du conditionnement et des techniques d’apprentissage qui en découlent. Elles divergent sur un point essentiel. Dans les méthodes traditionnelles, l’erreur fondatrice est de considérer que les mauvais comportements sont des provocations ou des tentatives de domination qu’il faut impérativement anéantir. Les partisans de la méthode positive partent du principe qu’un comportement indésirable n’est que le fruit d’un renforcement maladroit. Ils s’interrogent sur les motivations et les émotions associées au fait de mal se comporter. Prenons l’exemple du chien qui saute sur son maître ou sur les visiteurs pour l’accueillir. Cherche-t-il à désobéir ou à dominer ? ou recherche-t-il plutôt une demande d’attention qu’il ne sait pas obtenir par un autre moyen ? La première option justifie qu’un coup de genou vienne sanctionner cette vilaine habitude laissant le chien désemparé. Il n’apprendra pas de comportement alternatif mais aura appris à se méfier de son maître et à se tenir à l’écart. Le résultat est peut-être atteint (le chien ne saute plus) mais c’est en introduisant une bonne dose de crainte dans la relation. Nombreux sont les propriétaires qui hésitent à donner un coup de genou mais qui répondent aux sollicitations en repoussant le chien sans ménagement ou en le grondant… sans succès. En lui répondant, quelle que soit la manière, le comportement a atteint son but : obtenir une marque d’attention, tant pis si elle est rude. En prenant l’option d’ignorer ce comportement, vous supprimez le bénéfice de son acte et il réfléchira à une attitude

alternative susceptible de lui apporter davantage de satisfaction. Si parallèlement vous vous intéressez à lui dès qu’il adopte une attitude plus calme, il aura vite compris que c’est cette façon d’agir qui est la bonne. Les chiens sont assez économes dans leurs actes : s’ils adoptent un comportement c’est qu’ils en tirent un bénéfice. Avant de considérer que le chien cherche à vous nuire en n’agissant pas comme bon vous semble, mettez-vous d’abord à sa place et interrogez-vous sur sa motivation à agir de cette manière.

LES LIMITES ET CONTRAINTES DE LA MÉTHODE POSITIVE Les détracteurs des méthodes positives les accusent d’être permissives ou laxistes. C’est une dérive qui existe et qui peut laisser les propriétaires désemparés car réticents à recourir à toute forme de sanction. La punition devient un tabou absolu et ces méthodes mal appliquées sont un fiasco le chien finissant par agir comme bon lui semble. Les méthodes positives donnent des résultats moins immédiats que les méthodes traditionnelles. Elles demandent de la constance, de la patience et une analyse très fine du comportement du chien. Pour fonctionner, la règle absolue est que le chien doit considérer son maître comme un leader qu’il suivra coûte que coûte. Vous devrez absolument installer votre leadership dans la relation (voir chapitre 5). Une éducation positive n’est par pour autant permissive. Vous aurez deux exigences auxquelles vous ne devez pas déroger :

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CHAPITRE 1 • B I E N L E C O N N A Î T R E P O U R M I E U X L ’ É D U Q U E R

i Il n’est pas interdit

d’interdire mais les sanctions physiques sont à proscrire.

––Le respect de votre espace personnel : le chien doit demander la permission avant de rentrer en contact avec vous. Il n’a pas le droit de vous sauter dessus, de mettre la patte sur vos genoux quand vous êtes assis ou de bondir sur vous. Il doit être à sa place à moins que vous n’en ayez émis le souhait contraire… La demande de contact peut être discrète : il essaie de capter votre regard, remue la queue, à vous de voir si vous répondez à sa sollicitation. ––Une obéissance instantanée aux ordres simples : l’apprentissage sera considéré comme acquis dès que le chien répond à l’ordre et à la première injonction. Bien sûr, vous devez impérativement respecter les conditions suivantes : ••L’ordre doit être clair : utilisez toujours le même ordre, résistez à la tentation naturelle de conjuguer (« Assis » et non « Veux-tu t’asseoir » ou « Assieds-toi »).

••L’ordre doit être intelligible : assurez-vous que vous avez toute l’attention de votre chien et qu’il est réceptif. Si votre chien est distrait, commencez par capter son attention en tapant dans les mains, en l’appelant ou en l’incitant à vous regarder (éventuellement en prenant un jouet). ••L’ensemble du message doit être fiable : votre geste et votre posture doivent être en cohérence. N’oubliez pas que le chien accorde une grande importance à la gestuelle. Déterminez avant toute chose un certain nombre de gestes qui vous sont naturels et que vous associerez à des ordres.

IL N’EST PAS INTERDIT DE PUNIR Certaines formes de punition restent comprises et non traumatisantes. Il suffit qu’elles soient acceptables d’un point de vue canin. Pour punir, il ne faut pas chercher à faire mal ! Les réprimandes prononcées sur un ton de colère avec une posture d’affirmation de soi sont parfaitement perçues. La menace doit s’interrompre dès que le chien montre des signaux d’apaisement ; inutile de le poursuivre en hurlant ! Si vous êtes obligé de punir trop souvent, c’est tout l’enseignement qu’il faut revoir. Le chien ne sait pas où est son erreur ou n’a pas compris quel comportement alternatif sera jugé comme satisfaisant.

LES TECHNIQUES DE BASE EN ÉDUCATION POSITIVE Tous les apprentissages suivent la méthode suivante : ––Première étape : obtenir le comportement souhaité par une stimulation ou

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L ’éducation positive du chiot Pour pouvoir vivre en société, le chien a besoin de respecter un certain nombre de règles et donc d’être éduqué avec respect et bienveillance, selon les principes de l’éducation positive. Docteur vétérinaire comportementaliste, Colette Arpaillange vous donne dans cet ouvrage toutes les clés pour bien comprendre votre chiot, adopter une approche juste et l’éduquer de manière à en faire un animal bien équilibré et heureux. Les différents chapitres détaillent les étapes du développement du chiot selon son âge, du nouveau-né au seuil de l’âge adulte, et les apprentissages à acquérir. Vous découvrirez comment mettre en valeur ses aptitudes et l’encourager à développer ses capacités. En fin d’ouvrage, vous trouverez un programme pratique d’éducation aux ordres de base qui vous permettront d’apprendre à votre chiot à s’asseoir et à se coucher sur ordre, à marcher en laisse sans tirer, à accueillir les visiteurs sans sauter, etc.

Collection dirigée par LAETITIA BARLERIN, docteur vétérinaire, diplômée de l’École nationale vétérinaire d’Alfort. Outre son exercice professionnel, elle participe à plusieurs émissions télévisées (La Quotidienne sur France 5, 4 pattes pour une famille sur Gulli) et intervient en tant qu’expert vétérinaire dans la série documentaire La vie secrète des chats diffusée sur TF1. Elle collabore aussi à divers journaux professionnels et grand public et revues animalières.

14,95 €

www.rustica.fr MDS : 48626N1

PAS  SI BÊTES


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