
Adrien Bénard & Marie-Pierre Baudoin
Adrien Bénard & Marie-Pierre Baudoin
Bassin du Congo
Fougère des fleuristes (Asparagus plumosus)
en paysage
Lierre Lierre ‘Mona Lisa’ (Hedera helix)
asparagus (Asparagus falcatus)
Katsura
Châtaignier de Guyane (Pachira aquatica)
Saiho-Ji
(Corokia cotoneaster)
Volcan du Rwanda
Dragonnier de Madagascar (Dracaena marginata)
Clos Lucé
Asparagus falcatus, Phalaenopsis calimero, Muehlenbeckia complexa, Acorus
Chichen Itza
Agave (Agave striata ‘nana’)
aux 40 écus (Ginkgo biloba)
Kinkaku-Ji
patte-de-lapin (Humata tyermanii)
de l’air (Tillandsia
Platano
d’éléphant (Beaucarnea recurvata
Nolina recurvata)
Lushan Ichi
à bande (Haworthia attenuata)
AlNiCo Willandra
Arbre de jade (Crassula ovata ‘minor’ )
(Jatropha multifida)
Ryoan-Ji
bouteille australien (Brachychiton rupestris)
Le végétal dans les intérieurs des habitations japonaises est une tradition forte et ancestrale. Les Japonais aiment prendre le temps de s’occuper de leurs « plantescompagnon ». Ils ne possèdent généralement que peu de plantes, mais elles dégagent une présence forte, comme les bouquets, les compositions d’ikebana ou les bonsaïs, et souvent un petit espace dans le séjour leur est consacré, le tokonoma. L’art du bonsaï est l’un des aboutissements de cette culture traditionnelle. Issu de Chine, cet art a trouvé sa quintessence au Japon. Il requiert néanmoins un grand savoir-faire et beaucoup de temps pour obtenir un résultat satisfaisant. C’est pourquoi il peut être difficile de débuter sa collection végétale avec cette technique. L’entretien et la formation d’un bonsaï n’étant pas tout à fait adaptés au rythme de vie des jeunes Japonais, ces derniers ont trouvé dans l’art du Kokedama un bon compromis.
« Les Kokedama sont issus de l’héritage
d’une technique ancestrale, le neirai. »
Naissance du Kokedama
Les Kokedama sont apparus au Japon à la fin des années 1980 et y sont depuis populaires. Ils sont issus de l’héritage d’une technique ancestrale : le neirai.
Le neirai est une technique dérivée du bonsaï. Elle consiste à retirer de son pot un bonsaï (ou à prélever une association de plantes sauvages) et à poser l’ensemble sur un support plat. Les racines apparentes sont légèrement recouvertes de terre. La nature faisant son œuvre, ce dôme de terre se couvre lentement de mousse et de diverses plantes qui donnent à la composition une ambiance très naturelle et sauvage. Ces compositions étaient très courantes durant la période Edo au Japon (entre le xvii e et le xix e siècle).
La perfection de cette technique a permis de créer le Kokedama, qui s’inscrit dans la lignée de ces traditions végétales subtiles et organisées dans leurs compositions. Le Kokedama s’en détache cependant et réadapte ces techniques à la lumière d’une modernité minimaliste et épurée. Au Japon, les Kokedama deviennent, ces dernières années, beaucoup plus sophistiqués, avec des supports décoratifs ou plus familiers, avec des accessoires pour les faire ressembler à des animaux. La sphaigne remplace alors la mousse et peut être teintée de beige, de rouge ou de bleu.
On voit également apparaître des Kokedama en demi-sphère inspirés des bonsaïs de très petite taille, appelés keshitsubo , shito ou shohin (entre 3 et 15 cm de haut).
La technique du Kokedama est un art végétal japonais. Il s’agit de former des sphères de substrat, elles-mêmes recouvertes de mousse, dans lesquelles sont disposées une ou plusieurs plantes. En japonais, koke signifie « mousse » et dama signifie « balle ».
Le Kokedama est une mise en valeur décorative des végétaux, que l’on peut disposer tant en intérieur qu’à l’extérieur de la maison. Il trouve sa place dans de nombreux environnements (salon, bureau, salle de bains, chambre, véranda, terrasse, jardin...). L’art du Kokedama est un art de la simplicité. Il ne requiert ni pot ni vase. Un Kokedama se pose sur un support plat, généralement dépouillé de tout artifice – ardoise, pierre plate, coupelle en céramique ou en émail –ou peut être suspendu. Des modèles plus sophistiqués peuvent être aimantés, fixés sur une surface métallique (« Kokedama Magnet ») ou en lévitation (« AlNiCo »).
Voici quelques exemples de supports qui sublimeront vos Kokedama.
L’alliance de la délicatesse de la composition et de la matière brute du support libère une sorte de tension entre le caractère vivant de la plante et le caractère froid du minéral, à l’origine de la subtile esthétique du Kokedama.
Notons également que celui-ci peut être placé sur du bois, mais suivant l’art traditionnel, ce bois doit rester épuré. On préférera donc un bois brut, flotté ou ancien, tel que le jita, tranche laquée de bois ancien (voir page 45).
Le support que vous allez choisir pour votre Kokedama contribuera fortement à l’esthétisme de votre composition. Mais pour animer cette dernière et créer un effet d’échelle, vous pouvez aussi l’agrémenter avec des figurines d’animaux ou de personnages. Une grenouille créera immédiatement une ambiance de marais. Un petit renard au pied d’un asparagus le transformera en forêt de bambou. Ces figurines devront être réalistes pour donner le meilleur effet et de taille proportionnée avec votre Kokedama.
Parmi les mises en scène, la suspension de Kokedama est une des plus spectaculaires. Les Kokedama s’invitent en 3D dans une pièce pour créer une décoration toute en légèreté. Vous pouvez installer uniquement un Kokedama de grande taille ou bien une constellation de Kokedama, avec des sphères de différents diamètres. La mise en suspension peut se faire soit en déposant votre Kokedama au creux d’un macramé à suspendre, soit avec un système ingénieux de vis d’Archimède en inox (seul le crochet dépasse). Vous pouvez alors utiliser des chaînes en métal ou de la ficelle noire japonaise Shyuro Nawa.
N’hésitez pas à placer de jolies figurines décoratives près de vos Kokedama.
Mis en suspension, les Kokedama offrent une décoration très originale et tendance.
Au fil de la lecture de cet ouvrage, vous apprendrez à réaliser vous-même un Kokedama et vous découvrirez l’étonnant contraste entre la relative simplicité de « fabrication » et la sophistication du rendu final. Cet art japonais permettra de faire de votre environnement un endroit serein et zen, où vous aurez plaisir à rentrer à la fin d’une longue journée ou à accueillir vos proches. Nous vous proposons deux façons de créer vos Kokedama (voir chapitre « Pas à pas », pages 22 à 31). La première a été spécialement mise au point pour les débutants. C’est une méthode simplifiée, à la portée de tous. Vous pourrez d’ailleurs réaliser un petit atelier-création avec vos enfants, qui apprécieront sûrement l’originalité de ce loisir. Il existe chez votre fleuriste ou en jardinerie une assez grande variété de plantes dites « mini » qui seront idéales à manipuler pour les petites mains des enfants.
La seconde méthode est plus complexe, non pas au niveau du façonnage (car les manipulations sont très similaires), mais au niveau de la préparation du substrat. Elle se rapproche de la méthode traditionnelle et en constitue une version épurée. Ce mélange « spécial » vous permettra de garder vos Kokedama plus longtemps qu’avec la méthode simplifiée.
Avec ses méthodes, vous découvrirez qu’audelà de la pure tradition japonaise, vous pourrez laisser libre cours à votre imagination en créant toutes sortes de Kokedama.
Lancez-vous, et dites-vous bien qu’il n’est nul besoin d’être spécialiste pour réaliser des Kokedama avec ces deux méthodes.
Laissez-vous guider dans cet ouvrage unique, et soyez certain que les Kokedama ne vous laisseront pas indifférents, tant par leur beauté que par leur originalité.
La création d’un Kokedama est assez simple. Il est toutefois nécessaire de suivre les étapes essentielles à sa réalisation :
> choisir votre plante ;
> préparer votre substrat ;
> sélectionner votre mousse ;
Quelques outils sont également indispensables (l’utilité de chacun de ces outils sera détaillée plus loin, dans le chapitre « Pas à pas », voir pages 22 à 31) :
> u n démêleur en métal ou en bois (pour dégager les racines et rabattre la mousse) ;
> un vaporisateur (pour rendre la mousse souple) ;
> du fil (noir ou vert foncé, pour maintenir la mousse sur le substrat) ;
> une paire de ciseaux (pour retailler éventuellement la mousse, les feuilles ou les branches inesthétiques) ;
> une paire de gants (optionnel) ;
> une balayette (optionnel).
Pour choisir la plante que vous voulez transformer en Kokedama, plusieurs facteurs vont jouer. Souhaitez-vous la placer en intérieur ou en extérieur ? Préférez-vous les plantes fleuries ou non ? Faites également attention à la taille des racines, aux besoins en eau ou à l’esthétisme de chaque végétal.
En extérieur, votre Kokedama sera soumis aux aléas du temps (vent, pluie, écarts de tempé rature, rosée…) et des animaux (en particulier des oiseaux). Choisissez une plante peu fragile et qui ne demande pas trop d’eau. Par exemple, les oliviers vivent très bien en Kokedama. La déshydratation peut être très rapide. Il faudra éviter le soleil direct de 10 h à 19 h.
En intérieur, les conditions sont plus stables, mais peuvent être peu favorables pour la plante (températures élevées en hiver/été, climatisation, trop forte lumière derrière une fenêtre, température stable entre le jour et la nuit). Les plantes vertes sont alors les plus adaptées.
Certaines plantes pourront être placées à la fois en intérieur et en extérieur : certaines fougères (davallia, humata, ptéris…), certains petits arbustes s’il y a une ventilation régulière en intérieur (érable, pin, corokia, sophora…), certaines plantes fleuries (azalée, hortensia, gerbera, etc.) ou les hostas, les ophiopogons…
Si vous souhaitez un Kokedama d’intérieur, choisissez la première méthode de réalisation (voir pages 22 à 27). Pour un Kokedama d’extérieur, préférez la seconde méthode (voir pages 28 à 31).
Les plantes fleuries, aussi bien que les plantes à feuillage, peuvent s’adapter au Kokedama. Sachez toutefois qu’elles seront un peu plus fragiles puisque la floraison est toujours une phase délicate pour une plante. Il n’est pas recommandé de réaliser un Kokedama avec une plante en pleine floraison (sauf pour les orchidées). Choisissez votre plante en période végétative ou en boutons.
La dimension et la fragilité des racines vont vous guider. Avec des racines pivotantes ou très importantes, la sphère de terreau sera trop grosse et votre Kokedama sera disproportionné. À l’inverse, des racines très réduites (céropégia, tillandsia) ne permettent
Pensez à bien dégager les racines avant de former votre sphère de substrat.
pas de maintenir facilement la plante dans la sphère de terreau. Bien que les azalées, bougainvilliers et hellébores aient un rendu exceptionnel en Kokedama, elles ont des racines fragiles. Cela rend leur façonnage en Kokedama aléatoire. Entraînez-vous tout d’abord avec des plantes moins délicates.
Compte tenu des méthodes présentées dans cet ouvrage, il est préférable de choisir des plantes qui ne demandent pas trop d’eau, pour ne pas avoir à vous en occuper tous les jours. Évitez les plantes carnivores, les bégonias, les joncs, le papyrus, la prêle…
Les plantes fleuries, aussi bien que les plantes vertes, s’adaptent donc en Kokedama. On peut les choisir selon son goût. Cependant, suivant ce que l’on décide de faire de son Kokedama, certaines plantes ont un meilleur rendu esthétique. Par exemple, les plantes longilignes rendent très bien pour un Kokedama posé ; mais un lierre retombant sera du meilleur effet pour un Kokedama suspendu.
Pour des Kokedama plus originaux, on peut aussi, comme le font les Japonais, prendre des plantes sauvages en les ramassant soi-même dans la nature : achillée, anémone, mauve, menthe, pavot, sauge, saxifrage, etc. Ce seront nécessairement des Kokedama d’extérieur.
Attention, certaines plantes sont protégées, il est donc nécessaire de bien les identifier avant tout prélèvement. Il est aussi indispensable de demander l’autorisation au propriétaire des lieux.
Combien de temps garderezvous votre Kokedama ?
La technique du Kokedama impose d’utiliser un volume réduit de terreau. La plante grandissant, ce terreau va s’épuiser et les racines seront à l’étroit au bout d’un certain temps. Selon l’une ou l’autre des deux techniques présentées, vous pourrez garder votre Kokedama entre 6 et 12 mois. D’autres techniques permettent de les conserver plus de 2 ans.
Après cette période, la plante utilisée pour le Kokedama peut être replantée dans votre jardin ou rempotée dans un pot. Vous pouvez également refaire une nouvelle sphère pour conserver votre plante en Kokedama.
Le succès pour conserver un Kokedama repose principalement sur le substrat utilisé pour façonner la sphère.
Il existe plus d’une dizaine d’écoles au Japon, chacune ayant ses avantages, ses inconvénients et ses petits secrets.
Toutefois, sachez que les deux éléments fondamentaux sont les suivants : > le substrat doit être adapté à la plante ; > le substrat doit être façonnable (c’est-àdire garder la forme sphérique que vous souhaitez lui donner et ne pas se désagréger), sauf à trouver un palliatif, comme pour la méthode 1.
Il est nécessaire de bien dégager les racines afin de former une jolie sphère avec le surplus de terreau.
Bol de fibre de coco(substrat utilisé dans la méthode 2).
Aussi, deux méthodes ont été choisies pour vous faciliter la réalisation de vos premiers Kokedama.
Pour la méthode 1 (débutants) : le terreau
Vous allez simplement utiliser le substrat se trouvant autour des racines de la plante choisie (terreau de la plante en pot achetée chez votre fleuriste ou en jardinerie, terre de votre plante sauvage). Un voile d’hivernage vous aidera à maintenir ce substrat. La plante poussera ainsi dans son substrat d’origine.
Pour la méthode 2 (aguerris): mélange spécial
Ce mélange se compose de 3 ingrédients : de l’argile (appelée ketoh au Japon), de l’akadama (argile en granulés) et de la fibre de coco.
> Le ketoh est une argile noire récoltée au fond des rizières japonaises les plus anciennes. On y trouve souvent des débris
de paille de riz. Collante et épaisse, elle va servir d’agglomérant.
> L’akadama est une argile volcanique qui est extraite de vieilles forêts de cryptomérias au Japon, à une profondeur d’environ 3 m. Elle est ensuite séchée et cuite pour éliminer les matières organiques et les maladies. Finalement écrasée et tamisée, elle est classée en différentes granulométries. Elle est intéressante pour sa capacité à retenir l’eau tout en offrant aération, porosité et drainage. Vous pouvez remplacer l’akadama par de la perlite ou de la pouz zolane. Prenez une granulométrie de 2 à 4 mm.
Le ketoh et l’akadama sont disponibles dans les boutiques spécialisées dans les bonsaïs ou sur Internet. Veillez à refermer le sac de ketoh soigneusement pour une parfaite conservation. Un fois sèche, l’argile est très difficile à réhydrater.
> La fibre de coco provient des coques de noix de coco broyées et compostées pendant plus d’une année, puis nettoyées et défibrées, pour obtenir un mélange
Buffles d’eau au milieu d’une forêt de ginkgos.
déshydraté de petites fibres et de miettes. La fibre de coco a un pouvoir de drainage important. Elle possède une forte capacité de rétention en eau.
Le mélange obtenu est aéré et aide à retenir les nutriments et l’eau, ce qui permet une bonne croissance des plantes grâce à une parfaite aération des racines.
Pour confectionner le substrat, les proportions varient en fonction de la plante que vous souhaitez transformer en Kokedama.
Le mélange le plus polyvalent est (en volume) : 30 % d’akadama, 50 % de ketoh et 20 % de fibre de coco. Si vous souhaitez
aérer le substrat, diminuez la proportion de ketoh et augmentez celle d’akadama et de fibre de coco (45-35-25 ou 50-30-20). Avec moins de 30 % de ketoh, le substrat sera difficile à agglomérer.
La pose de la mousse est l’ultime étape de finition du Kokedama. C’est elle qui lui donne son aspect naturel.
Au Japon, il existe plus de 2 300 espèces de mousses différentes alors que sous nos climats, il y en a environ 1 300. Une dizaine d’espèces est régulièrement utilisée au Japon
pour les jardins ou murs végétaux, les bonsaïs et les Kokedama.
Trois espèces de mousses sont traditionnellement utilisées pour les Kokedama :
> Rhacomitrium canescens (ou suna-goke), pour un emplacement au soleil ; > Hypnum plumaeforme (ou hai-goke), pour un emplacement à mi-ombre ; > Thuidium molkenboer (ou shinobu-goke), pour un emplacement à l’ombre.
Ces mousses sont inféodées à la région Asie, on ne les trouve pas en Europe.
Si vous n’êtes pas un expert, distinguer les différentes espèces s’avère assez délicat.
En France, vous trouverez des Thuidium et des Ctenidium , qui forment un tapis peu épais.
La cueillette dans la nature se fera avec parcimonie et beaucoup d’attention car les mousses poussent très lentement et ont un rôle important pour la stabilité des sols et comme abri pour la microfaune. Il ne faut pas choisir une mousse trop épaisse, afin de faciliter sa pose sur la sphère. Prenez soin de retirer les débris de bois, de feuilles ou les petites bêtes (limaces...).
Il est également possible de se procurer de la mousse chez un fleuriste ou bien d’en commander sur Internet.
Sachez enfin que vous pouvez conserver longtemps de la mousse non utilisée grâce, notamment, à sa capacité à supporter de longues périodes de sécheresse. Sèche, elle se met alors dans un état de vie ralentie. Une fois réhydratée, elle reprend vie.
25 réalisations faciles
L’univers fascinant du Kokedama !
Grâce à cet ouvrage, initiez-vous à cet art végétal japonais qui sublime les plantes et en fait de véritables objets de déco !
La réussite de chaque Kokedama repose sur l’utilisation de matières nobles et la confection d’une sphère en mousse, qui reste verte plusieurs années. Il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste : l’entretien est étonnamment simple !
Au fil des pages, découvrez les techniques de base qui vous permettront de réaliser facilement tous vos Kokedama ainsi que 25 modèles originaux pour trouver l’inspiration.