LE TRAITÉ
DES MALADIES ET DES INDÉSIRABLES
AU JARDIN
1OO % naturel
photos et dessins 9OO
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: citrouille, courgette, pâtisson, potiron
basilic, cerfeuil, estragon, laurier-sauce, livèche, menthe, persil, romarin, sauge.
Angélique, crambe, crosne du Japon, ficoïde glaciale, lentille, oseille, pois-asperge, rhubarbe, roquette, rutabaga, salsifis, scorsonère, tétragone cornue, topinambour.
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Althéa, bignone, buddléia, céanothe, daphné, deutzia, genêt, lavande, lierre, magnolia, oranger du Mexique, seringat, spirée, sumac, vigne vierge, weigelia.
Petit guide d’utilisation du Traité
Cet ouvrage, très illustré, consacré aux maladies et ravageurs qui peuvent affecter couramment les plantes de nos jardins, s’attache à la description détaillée des symptômes, à l’identification de l’agent responsable et aux moyens de lutte et de prévention appropriés.
Afin d’aider le lecteur, jardinier amateur ou professionnel, à déceler puis traiter les problèmes rencontrés sur les végétaux, le Traité Rustica des maladies et parasites du jardin propose successivement :
Un jardin
en
bonne santé
(pages 12 à 31)
Ces quelques pages permettront notamment aux jardiniers peu expérimentés de mieux connaître les types de maladies et de parasites qui peuvent s’attaquer aux plantes du jardin.
Le lecteur y trouvera aussi de très nombreux conseils généraux d’aménagement et d’entretien qui sont « les clés d’un beau jardin », l’accent étant mis sur la prévention et les bons réflexes à acquérir pour limiter autant que possible les dégâts dus aux maladies et parasites.
Les différents moyens de lutte à la disposition des jardiniers sont ensuite rappelés, suivis de quelques recettes de remèdes naturels à préparer soi-même. Enfin, l’ouvrage reprend, sous forme de tableaux, une liste des principaux produits phytosanitaires naturels proposés aux jardiniers dans le commerce.
Avertissement
Les atteintes présentées dans cet ouvrage, qu’il s’agisse de maladies ou de parasites, ne peuvent bien sûr constituer un « état des lieux » exhaustif de tous les problèmes phytosanitaires qui peuvent se manifester sur une plante. Nous avons essayé de sélectionner les atteintes les plus courantes qui concernent les plantes de nos jardins, mais d’autres peuvent aussi se déclarer, selon les régions, les années, les conditions climatiques, tandis que de nouveaux parasites sont introduits par le biais d’échanges commerciaux, comme ce fut le cas pour le phylloxéra ou plus récemment pour un parasite qui attaque les palmiers.
Dix atteintes inévitables dans nos jardins
(pages 32 à 45)
Pour ces quelques pages, nous avons choisi de détailler cinq maladies (ou groupes de maladies) et cinq parasites (ou groupes de parasites) qui sont :
– soit très fréquents dans les jardins et auxquels tout jardinier est inévitablement confronté un jour ou l’autre (par exemple, les pucerons) ;
– soit susceptibles d’attaquer une très large gamme de plantes.
Ces atteintes sont bien entendu reprises par la suite dans les différentes parties de cet ouvrage, mais elles sont regroupées ici comme un préalable indispensable à prendre en compte.
Les maladies et parasites du jardin en quatre parties
(pages 46 à 413)
Le corps principal de l’ouvrage est ensuite organisé en quatre parties, plus ou moins conséquentes selon le type de plantation.
• Partie 1 : Au jardin fruitier
• Partie 2 : Au jardin potager
• Partie 3 : Au jardin d’ornement (arbres, arbustes, grimpantes, gazon)
• Partie 4 : Au jardin fleuri
Quelle structure pour chaque partie ?
Pour davantage de clarté et permettre une recherche rapide sans avoir à se reporter sans cesse à d’autres parties de l’ouvrage, chaque plante est traitée sous forme de fiche, de 2 à 6 pages.
1. L’organisation des trois premières parties
Les parties « Au jardin fruitier », « Au jardin potager » et « Au jardin d’ornement » sont organisées selon la même structure.
z Les atteintes spécifiques
Chaque partie s’ouvre par la description détaillée de quelques atteintes spécifiques aux végétaux concernés, et qui peuvent toucher de nombreuses espèces.
Par exemple : les insectes xylophages et les carences du sol (bore, magnésium, fer…) pour les arbres fruitiers, les insectes présents dans le sol pour le potager…
z Les fiches plante par plante
Viennent ensuite les fiches, classées par ordre alphabétique, pour lesquelles nous avons sélectionné les plantes qui nous semblaient les plus couramment cultivées au jardin. Leur nombre diffère d’une partie à l’autre.
Afin de permettre un repérage rapide et efficace, quel que soit le type de plantation, le lecteur retrouvera toujours les mêmes informations.
❙ En début de fiche
Nous proposons un texte de présentation illustré, puis une fiche d’identité de la plante, qui inclut la liste de ses principaux ennemis. Ceux-ci ne sont pas donnés par ordre alphabétique, mais selon leur ordre d’apparition dans la fiche générale.
❙ Le corps du texte
• Nous abordons tout d’abord « Les atteintes les plus courantes », c’est-à-dire celles que nous avons considérées comme revenant fréquemment, parfois tous les ans ou presque pour certaines plantes sensibles.
• Viennent ensuite « Les atteintes secondaires », c’està-dire celles que nous estimons moins fréquentes, mais pouvant survenir régulièrement, notamment dans de mauvaises conditions de culture.
Ces deux rubriques que nous avons voulues facilement accessibles et rapides à consulter sont enrichies de nombreuses illustrations montrant les symptômes ou les agents responsables des différentes atteintes.
Grâce à cette distinction entre les atteintes courantes et les atteintes secondaires, le lecteur peut aller directement au problème concerné et établir facilement son diagnostic à l’aide des différentes rubriques proposées systématiquement pour chaque atteinte : « Quand », « Parties atteintes », « Symptômes » et enfin « Que faire ».
❙ Pour clore la fiche
Une rubrique « Se déclarent parfois » signale d’autres atteintes qui peuvent apparaître, mais qui demeurent malgré tout assez rares.
❙ Les informations complémentaires
À ces textes viennent s’ajouter s’il y a lieu des informations concernant la prévention et le choix des variétés, ainsi que de nombreux conseils
En outre, des renvois permettent au lecteur curieux d’aller consulter, par exemple, pour davantage de détails, les petits chapitres sur « Les 10 atteintes inévitables au jardin » ou « Les atteintes spécifiques ».
z Quelques autres espèces…
À la fin de chaque partie, d’autres plantes moins couramment cultivées sont abordées succinctement. Par ailleurs, dans la partie « Au jardin potager », deux pages sont consacrées aux plantes aromatiques.
2. L’organisation de la partie « Au jardin fleuri »
Cette dernière partie est présentée de façon plus succincte. En effet, nous avons considéré que même si les fleurs méritent autant de soins attentifs que toute autre plantation au jardin, leur croissance rapide permet de les arracher plus facilement pour les remplacer, ce qui n’est pas le cas d’un arbuste, par exemple, qui demande plusieurs années pour se développer. Comme pour les pages précédentes, le lecteur y trouvera cependant de nombreux conseils et illustrations.
En bref…
Par cette présentation, nous espérons apporter un outil précieux pour le jardinier, qu’il soit confirmé ou encore débutant. Outil d’identification d’abord, puis d’intervention, chaque fiche a pour objectif de déterminer facilement les mesures à mettre en œuvre pour résoudre au mieux le problème rencontré. Que ce soit à titre curatif ou préventif, nous préconisons uniquement des traitements naturels afin de préserver notre environnement et de respecter la nouvelle législation concernant les jardins et les espaces verts.
Petit guide d’utilisation du Traité • 11
Un jardin en bonne santé
Tous les jardiniers sont confrontés à l’apparition de maladies et de parasites sur les plantes de leur jardin. Après avoir cru, pendant quelques décennies, au « tout chimique », à la possibilité pour les jardiniers, comme pour les agriculteurs, de préserver totalement le jardin des parasites ou des maladies à grand renfort de traitements curatifs ou préventifs, on mesure aujourd’hui l’inefficacité et les méfaits d’une telle démarche. Maladies et parasites sont toujours présents, sols et nappes phréatiques sont pollués, la faune auxiliaire est décimée.
Protéger son jardin
Soyez tolérant !
• Une maladie comme l’oïdium, qui se manifeste en début d’automne, disparaîtra avec la chute des feuilles : il vous suffira de ramasser celles-ci, sans autres traitements.
• Les grands arbres sont impossibles à traiter à l’échelle du jardin et du jardinier et, souvent, ils sont assez robustes pour résister aux pucerons ou aux taches foliaires !
• Vous ne parviendrez jamais à éradiquer totalement et durablement des ravageurs comme les pucerons. Apprenez à tolérer leur présence en faible nombre et surtout favorisez le développement dans le jardin de prédateurs naturels comme les chrysopes, les coccinelles, les syrphes, etc.
• Préservez le jardin de tout traitement peu avant la récolte. Mieux vaut perdre quelques pommes ou laitues que de consommer des produits du jardin présentant des résidus de pesticides !
• Une plante – qu’il s’agisse d’une culture légumière ou d’une espèce ornementale – qui présente chaque année la même attaque de maladie ne se plaît sans doute pas là où vous l’avez semée ou plantée. Plutôt que de la traiter chaque année, remplacez-la par une ou des plantes qui s’adapteront mieux aux conditions de culture.
Une nouvelle philosophie s’impose désormais au jardinier du xxie siècle : protéger les plantes de son jardin le mieux possible, certes, mais aussi et surtout préserver notre environnement. Une double exigence qui implique de la part du jardinier des interventions raisonnées et limitées.
Le jardinier doit apprendre la tolérance dans son jardin. Il n’est en effet pas toujours indispensable ni envisageable de lutter contre les parasites et les maladies.
L’un des outils les plus précieux du jardinier, ce sont ses yeux. À force d’observation attentive de ses plantes, il apprend à détecter précocement une attaque de parasites ou les symptômes d’une maladie.
L’objectif de cet ouvrage est simple : vous permettre d’identifier l’atteinte repérée et de déterminer ensuite quelles sont les meilleures solutions à mettre en œuvre, non pas pour éradiquer nécessairement le moindre insecte ou la moindre tache foliaire, mais pour atteindre un « seuil de tolérance » acceptable, le but étant de préserver autant que possible l’aspect esthétique de la plante (dans le jardin d’ornement) ou les promesses de récolte (dans le potager ou le verger).
• Un jardin en bonne santé
Si vous découvrez des larves de coccinelles dans votre jardin, protégez-les, elles vous aideront à lutter contre les pucerons !
QUELS TYPES D’ATTEINTES ?
• LES MALADIES
Dans un jardin, les agents pathogènes, c’est-à-dire les agents responsables des maladies des plantes, sont pour la plupart des champignons microscopiques, parfois des bactéries ou des virus.
Qu’est-ce qu’une maladie virale ?
Les viroses ou maladies virales sont, comme leur nom l’indique, causées par des virus, des micro-organismes microbiens qui ne sont visibles qu’au microscope électronique, mais dont les symptômes sont souvent bien perceptibles. Il s’agit la plupart du temps de décolorations du feuillage ou de panachures en mosaïque ou en marbrures ; des panachures apparaissent parfois aussi sur les fleurs. Ces symptômes s’accompagnent généralement d’une perte de vigueur.
La transmission des viroses se fait :
• lors de la reproduction, par les graines ou les boutures par exemple, si celles-ci sont virosées ;
• par des blessures accidentelles de la plante ou par des outils utilisés pour la taille ;
• par des vecteurs spécifiques, très souvent des insectes piqueurs et suceurs de sève comme les pucerons ou les cicadelles.
Présents dans les tissus de la plante malade, les virus sont transmis lors du bouturage.
ZÉRO PHYTO
Les pesticides désormais interdits dans les jardins et les espaces verts
La loi Labbé interdit depuis le 1er janvier 2019 aux particuliers d’acheter et stocker des produits phytosanitaires de synthèse et de les utiliser aussi bien dans les jardins, les potagers que sur les balcons et terrasses ou encore pour les plantes d’intérieur. Il en va de même dans les espaces verts des collectivités territoriales. Les produits encore utilisables par les jardiniers amateurs sont :
• Les produits autorisés en agriculture biologique portant la mention EAJ (emploi autorisé au jardin), tels que bouillie bordelaise, pyréthrine naturelle, huile de colza – produits qui ne sont pas pour autant inoffensifs, mais garantissent des conditions d’exposition minimales pour l’utilisateur et l’environnement.
• Les produits de biocontrôle (mode de protection des végétaux par des mécanismes naturels), répartis en quatre groupes : les animaux auxiliaires (insectes, acariens ou nématodes utilisés pour la lutte biologique) ; les micro-organismes tels que champignons, virus ou bactéries utilisés pour protéger les cultures ou stimuler les défenses naturelles des plantes ; les médiateurs chimiques de type phéromones ; les substances naturelles (d’origine végétale, animale ou minérale) utilisées pour le biocontrôle.
• Les produits qualifiés de « à faible risque » (ou préparations naturelles peu préoccupantes, PNPP) de type purin d’ortie ou décoction de prêle.
Quelques exemples
Le nanisme buissonnant du framboisier, la mosaïque du concombre (voir p. 160), la jaunisse de la laitue (voir p. 178), la marbrure nanifiante de la carotte.
Les
moyens de
lutte
Il n’existe aucun moyen curatif efficace, aussi estil indispensable d’éliminer les plantes malades et d’éviter autant que possible la contamination d’autres plantes.
Les jardineries ne sont plus autorisées à proposer des pesticides de synthèse, mais uniquement des produits naturels, ce que certaines chaînes de jardinerie mettent déjà en pratique depuis une dizaine d’années.
Si les décennies suivant la Seconde Guerre mondiale ont été celles du « tout chimique », avec la découverte d’une infinité de substances de synthèse utilisées dans les champs et les jardins, les maisons, les véhicules, les textiles et tout notre quotidien, nous mesurons maintenant les effets négatifs de ces produits sur notre environnement et notre santé.
Tout jardinier responsable se doit de réaliser qu’il est préférable de renoncer aux pesticides chimiques qui, même s’ils peuvent certes éradiquer le ravageur ou la maladie qui attaque ses plantes, ont des effets très négatifs sur la faune du jardin, la terre et la qualité de l’eau.
Accepter quelques déboires – quelques pieds de tomates détruits par le mildiou, des boutons de roses envahis de pucerons (temporairement !)… – c’est toute la sagesse du jardinier qui veut faire de son jardin un endroit préservé, riche en biodiversité, en fleurs, légumes et fruits poussés sainement et non un lieu de lutte contre quantité d’ennemis… dont il faut relativiser l’importance !
Qu’est-ce qu’une maladie bactérienne ?
Les bactérioses, ou maladies bactériennes, sont causées par des bactéries pathogènes qui envahissent localement les tissus végétaux. Cela se traduit le plus souvent par leur dégradation rapide, sous forme de flétrissement et/ou de pourriture, de suintement, de chancre. Les tissus attaqués peuvent dégager une odeur nauséabonde.
La transmission des bactérioses se fait :
• par l’eau, les éclaboussures ;
• les outils de taille ;
• plus rarement par les insectes.
Quelques exemples
Le feu bactérien (voir p. 51), le chancre bactérien (voir p. 226), la bactériose du lilas (voir p. 313)
Les moyens de lutte
Il n’existe pas de produits phytosanitaires spécifiquement bactéricides.
Il ne faut pas hésiter à rabattre les parties malades, voire arracher et brûler la plante entière si nécessaire.
Qu’est-ce qu’une maladie cryptogamique ?
Les maladies cryptogamiques sont dues à des champignons microscopiques qui se développent rapidement dans les tissus de la plante-hôte ou à leur surface.
Ces maladies, qui sont très nombreuses, comptent les oïdiums, les rouilles, les mildious, les fusarioses, la cladosporiose, les cloques…
Les symptômes sont multiples : taches ou feutrage sur les feuilles, taches ou chancres sur les tiges, flétrissement, pourriture, etc.
La transmission des spores des champignons pathogènes peut se faire par :
• l’eau, les éclaboussures (pluie, arrosage), les courants d’air ;
• les outils de taille (maladies vasculaires) ;
• les animaux (par exemple, les insectes pollinisateurs) ;
• le sol (les spores du champignon pathogène persistent dans le sol, contaminant les cultures qui se succèdent sur la même parcelle, surtout au potager).
Quelques exemples
La moniliose (voir p. 53), la verticilliose (voir p. 137), la maladie du plomb (voir p. 255).
Les moyens de lutte
On recourt essentiellement aux fongicides, produits phyto sanitaires spécifiques, d’origine naturelle, par exemple à base de soufre ou de cuivre. Certaines préparations naturelles comme la décoction de prêle, présentent également des propriétés fongicides. Une taille sévère peut aussi permettre d’éliminer les tissus malades.
Les outils de taille peuvent être vecteurs de maladies. Désinfectez soigneusement les lames de coupe après utilisation.
• Un jardin en bonne santé
Les ravageurs rassemblent tous les animaux dont l’activité est nuisible pour les plantes du jardin, qu’il s’agisse par exemple des pucerons qui ponctionnent la sève de leurs piqûres, des chenilles qui dévorent le limbe des feuilles ou des larves du hanneton qui s’attaquent aux racines. Ces ravageurs sont en majorité des insectes, mais les jardiniers doivent aussi faire face à des acariens, à des nématodes, ainsi qu’à des animaux plus gros, escargots et limaces, parfois oiseaux ou rongeurs.
« Parasite » ou « ravageur » ?
Le parasite est au sens strict du terme un organisme qui vit aux dépens d’un autre, sans nécessairement le détruire. Les champignons pathogènes, responsables des maladies des végétaux, sont donc des parasites au même titre que des insectes comme les pucerons.
La dénomination « ravageur » serait donc a priori plus exacte pour englober ici tous les organismes animaux nuisibles (pucerons, limaces, etc.) aux plantes du jardin. Cependant, nous avons préféré employer généralement le terme de « parasite », car c’est le plus usité et aussi le plus familier peut-être des jardiniers.
Les insectes
Les insectes sont sans doute les ravageurs les plus courants dans nos jardins, où ils sont représentés par de très nombreuses espèces ! À cette grande diversité s’ajoutent des cycles de vie très variés, depuis l’œuf jusqu’au stade adulte. On distingue essentiellement deux grands groupes : les insectes à métamorphose incomplète et ceux à métamorphose complète.
• Chez les insectes à métamorphose incomplète, on compte depuis l’œuf jusqu’à l’adulte plusieurs stades larvaires, chacune des larves ressemblant à l’adulte et se nourrissant comme lui. Les espèces phytophages sont donc nuisibles à tous les stades de leur transformation, puisque les larves se nourrissent aussi sur les plantes. Figurent notamment dans ce groupe les cicadelles, les cochenilles, les pucerons, les punaises et les thrips.
Dès le début de leur évolution (plusieurs stades larvaires), les larves des insectes à métamorphose incomplète ont une morphologie et un mode d’alimentation quasiment identiques à ceux des adultes.
Tout au long de leur évolution (plusieurs stades larvaires) les larves des insectes à métamorphose complète ont une morphologie et un mode d’alimentation nettement distincts de ceux de l’adulte.
• Chez les insectes à métamorphose complète, les stades larvaires sont nettement distincts de l’adulte et celui de la nymphe (inactive) intervient entre la larve et l’adulte. Chez ces insectes, la larve et l’adulte peuvent avoir un régime alimentaire différent, et seul un de ces stades peut se révéler nuisible au jardin. C’est le cas par exemple des chenilles de papillons.
Font partie de ce groupe, les coléoptères (hannetons, charançons…), les lépidoptères ou papillons (piérides, noctuelles…), les diptères (mouches, cécidomyies…).
Les acariens
Les acariens, dont les représentants les plus connus des jardiniers sont les minuscules araignées rouges ou tétranyques tisserands, ne sont pas des insectes, mais représentent un ordre de la classe des Arachnides.
Les acariens phytophages, qui se nourrissent sur les plantes, possèdent généralement quatre paires de pattes ; ils sont ovipares et mesurent moins de 1 millimètre, ce qui les rend peu visibles à l’œil nu.
Des araignées rouges, vues au microscope.
Les nématodes
Les nématodes ou anguillules sont des vers microscopiques qui envahissent les racines ou les bulbes des plantes. Certains gagnent aussi les parties aériennes. Les nématodes sont généralement présents dans le sol et infectent ainsi les plantes.
Il n’existe pas de remède véritablement efficace contre ces parasites. Un conseil, donc : veillez à arracher et à brûler toutes les plantes atteintes, nettoyez soigneusement le sol et surtout respectez une rotation suffisante (4 ans) avant de cultiver des plantes sensibles sur un même emplacement.
Les autres animaux
Les plus courants dans les jardins demeurent les escargots et les limaces. Outre les pièges à bière ou les barrières physiques (écorces, coquilles d’œufs…), il existe pour combattre ces mollusques des produits spécifiques appelés molluscicides, généralement vendus sous forme de granulés à base de phosphate ferrique, autorisé en agriculture biologique.
Certains oiseaux, dont les merles et les étourneaux, peuvent s’attaquer aux fruits du jardin ; les pigeons, quant à eux, sont amateurs des semis de pois. La pose de filets constitue la meilleure protection.
Trois principaux groupes d’acariens sont actifs dans le jardin : les phytoptes, responsables des érinoses (l’érinose de la vigne, par exemple), les tarsonèmes (sur fraisier et plantes ornementales surtout), et bien sûr le groupe des tétranyques, comme les acariens des arbres fruitiers ou des conifères. Tous se nourrissent en piquant l’épiderme des feuilles. Ils provoquent des déformations des tissus ou entraînent des marbrures ou des décolorations du feuillage.
N’étant pas des insectes, les acariens ne doivent pas être combattus avec n’importe quel insecticide polyvalent, d’autant plus que certains de ces insecticides favorisent au contraire la pullulation des acariens.
Attention, de nombreux autres acariens sont des prédateurs naturels d’insectes ou d’acariens ravageurs des plantes.
• Un jardin en bonne santé
La taupe est nuisible en raison des galeries qu’elle creuse dans la terre, mais utile aussi puisqu’elle se nourrit de nombreuses larves d’insectes ravageurs.
Parmi les rongeurs, les redoutables campagnols grignotent aussi bien les écorces que les racines.
Les rongeurs (ci-contre un lérot) et les lièvres (ci-dessous) sont à surveiller.
Enfin, il arrive que chevreuils et lièvres causent eux aussi des dégâts dans les jardins situés en bordure de forêt : l’hiver, ils s’attaquent souvent aux écorces et aux bourgeons.
QUELLE DÉMARCHE ADOPTER ?
COMMENT CHOISIR LE BON PRODUIT ?
Une fois le diagnostic établi (attaque de pucerons ou de chenilles défoliatrices, feutrage blanchâtre de l’oïdium ou autre), que faire ?
Tant que les dégâts sont limités, privilégiez les interventions mécaniques (supprimez les feuilles ou les pousses atteintes, écrasez les ravageurs ou collectez-les pour les détruire…) et associez si possible à cette intervention l’application d’un remède naturel, comme le purin de fougère contre les pucerons ou une décoction de prêle contre les maladies (voir p. 29).
Si les dégâts sont déjà importants, voyez si une intervention plus lourde s’impose vraiment et laquelle. Il est souvent préférable d’arracher les plantes très touchées pour épargner les autres.
Avant d’opter pour un traitement, même autorisé en agriculture biologique, assurez-vous que les autres méthodes de lutte (introduction de prédateurs naturels, lutte intégrée) n’offrent aucune possibilité.
Réservez l’usage des traitements aux cas les plus difficiles, quand il n’existe pas d’autre solution. Prenez toujours le temps de réfléchir au préalable avant de décider d’une intervention (voir p. 25 à 31).
Dès que vous repérez des doryphores sur le feuillage de vos pommes de terre, éliminez-les sans attendre.
LES CLÉS D’UN BEAU JARDIN
Les maladies et parasites qui touchent les plantes ne constituent pas « un monde à part » dans le jardin. Leur présence est intimement liée à la faune et à la flore en présence, à la vigueur des plantes cultivées, à l’action du jardinier aussi… En préalable à toute lutte contre les maladies et parasites, il est bon de chercher à créer des conditions d’environnement favorables à la croissance des plantes. Cultivées dans de bonnes conditions, celles-ci seront vigoureuses et donc moins sensibles aux attaques des ravageurs ou des maladies !
En choisissant des plantes adaptées au climat local et au type de sol, maladies et parasites y feront moins de ravages que sur des végétaux affaiblis par un environnement difficile.
Tenir compte du sol et du climat
Le sol de votre jardin est plutôt calcaire, plutôt lourd et argileux, ou au contraire sableux et drainant… Vous habitez une région au climat doux, océanique, ou bien en zone de montagne, dans une plaine battue par les vents… Vous pouvez certes améliorer et enrichir le sol, par exemple par des apports conséquents de matière organique, ou bien limiter les effets du vent par l’installation de brise-vent. Mais pour cultiver vos plantes, il vous faudra toujours « faire avec » ces données incontournables que sont les caractéristiques du sol et du climat.
• Un jardin en bonne santé
Aussi, ne vous obstinez pas à planter des espèces acidophiles comme les rhododendrons ou les hortensias en sol très calcaire, ni des plantes méditerranéennes sensibles au froid et à l’humidité là où les hivers sont rigoureux : elles ne seront jamais vigoureuses, jamais belles et surtout se révéleront beaucoup plus fragiles, et plus sensibles aux maladies et parasites que des plantes mieux adaptées à ces conditions particulières. Au moment de faire votre choix pour les plantations du jardin, sélectionnez toujours des espèces convenant bien au climat et au type de sol de votre région.
Choisir le bon emplacement pour les plantes
Avant de semer ou de planter des végétaux, renseignez-vous sur leurs besoins en matière d’ensoleillement et d’exposition. En installant les plantes dans des conditions proches de celles de leur habitat d’origine, vous leur offrez les meilleurs atouts pour une croissance saine et vigoureuse. Ainsi les phlox, ces vivaces qui apprécient un sol frais en été, seront chaque année la proie de l’oïdium si vous les cultivez en situation ensoleillée et sèche.
La rotation des cultures dans le potager
Si vous replantez chaque année le même légume sur la même planche du potager, vous favorisez la persistance dans le sol, ou à sa surface, de spores de maladies (certaines formes de mildious, hernie du chou, rhizoctone, etc.), de nématodes ou de particules virales, d’œufs ou de larves de parasites spécifiques à la culture. Qui plus est, le sol s’appauvrit en éléments nutritifs, le même légume y puisant toujours les mêmes éléments.
Il est donc indispensable de respecter, même sur le plus petit des potagers, une bonne « rotation des cultures ».
Le principe consiste à découper la surface cultivée en trois ou quatre zones (carrés, planches de forme rectangulaire ou quarts de cercle, peu importe) sur lesquelles
vous ferez « tourner » les légumes (voir le schéma ci-après). Le premier carré accueillera la première année les légumes-fruits et les bulbes, la deuxième année les légumes-racines, les tubercules et les choux, la troisième année les Légumineuses (haricot, fève, pois…), etc. Les cultures seront ainsi décalées chaque année d’un carré.
Un entretien régulier
En intervenant régulièrement sur ses plantations pour les entretenir, le jardinier contribue à maintenir dans le jardin un bon état sanitaire général.
Ne laissez pas les mauvaises herbes envahir les massifs ou le potager : non seulement elles concurrencent les plantes cultivées, mais elles peuvent aussi héberger des maladies et des parasites susceptibles de les contaminer.
Veillez de même à éliminer les fleurs fanées, à rabattre les branches cassées et plus généralement à tailler arbres et arbustes quand cela est nécessaire pour assurer une bonne circulation de l’air à l’intérieur de la ramure.
N’oubliez pas qu’un feuillage trop dense favorise l’apparition de maladies cryptogamiques.
Entretenez également le sol par des apports réguliers de matière organique. Arrosez si besoin les plantes qui risquent de souffrir de la sécheresse, vous les rendrez moins vulnérables.
La rotation des légumes
Légumes-fruits et bulbes (aubergine, courges, melon, tomate, ail, oignon…)
A B C D
Légumes-racines et tubercules, choux (carotte, poireau, pomme de terre, navet…)
Légumes-feuilles (salades, épinard, roquette, tétragone cornue…)
Légumineuses (haricot, pois, fève…)
En ne cultivant pas tous les ans le même type de légumes sur la même parcelle, vous éviterez la réapparition de certaines maladies et parasites transmis par le sol.
L’IMPORTANCE DE LA PRÉVENTION
En matière de lutte contre les maladies et les ravageurs, les mesures préventives sont à la fois plus faciles à mettre en œuvre et plus efficaces pour protéger les plantes que la plupart des mesures curatives. Il est donc important de bien connaître la palette des possibilités et de favoriser cette prévention dans le jardin.
Les variétés résistantes ou tolérantes
Lorsque vous cultivez des plantes sensibles, comme par exemple les légumes du potager, choisissez de préférence des variétés résistantes ou tolérantes : les résistantes ne se laissent généralement pas affecter par les maladies cryptogamiques ou virales, à l’origine de gros dégâts. Les tolérantes quant à elles peuvent être touchées, mais de manière minime. Vous trouverez entre autres variétés des haricots résistants à l’anthracnose, des laitues résistantes au meunier ainsi qu’à différents virus, des tomates résistantes à la fusariose et à la cladosporiose, etc.
Assurer une bonne circulation de l’air
Respectez toujours des distances de semis et de plantation suffisantes afin que l’air circule correctement entre les plantes. Une mauvaise aération favorise en effet la dissémination des spores pathogènes d’une plante à
l’autre. Assurez également une circulation de l’air suffisante dans la ramure des arbres et des arbustes par des interventions régulières de taille.
Arroser à bon escient
Veillez à arroser si nécessaire les plantes susceptibles de souffrir du manque d’eau. Évitez cependant les arrosages par aspersion : ils mouillent le feuillage et le rendent plus sensibles aux maladies (mildiou de la tomate, par exemple), mais humidifient peu le sol, ce qui favorise le développement des oïdiums.
Pas d’excès d’engrais
Les excès d’engrais sont aussi dommageables que les carences. Évitez particulièrement les apports excessifs d’engrais azoté, surtout au potager, car ils fragilisent et ramollissent les tissus végétaux, facilitant ainsi le travail de tous les insectes piqueurs, dont les pucerons.
Les traitements de fin d’hiver, autorisés en agriculture biologique, permettent d’éliminer les formes hivernantes de parasites, évitant ainsi leur réapparition la saison suivante.
Les traitements préventifs
Lorsque les conditions climatiques sont propices au développement de certaines maladies cryptogamiques (le mildiou par temps humide ou l’oïdium en période chaude et sèche), vous pouvez protéger assez efficacement les plantes sensibles par des pulvérisations préventives de produits naturels comme la décoction de prêle ou la macération d’ail (pour leur fabrication, voir « Des remèdes naturels à préparer soi-même », p. 28-29).
Des mesures de protection efficaces
Pour protéger les arbres fruitiers ou les arbustes à petits fruits de la voracité des oiseaux, ayez recours aux filets ; pour empêcher la ponte des mouches des légumes dans le potager, posez sur les semis des voiles horticoles ou des filets anti-insectes.
Quelques règles d’hygiène
Nettoyez soigneusement les planches du potager libérées, avant l’hiver ou avant tout nouveau semis ou toute nouvelle plantation : les résidus des cultures précédentes peuvent abriter des parasites ou des maladies (voir « La rotation des cultures dans le potager », p. 21).
Dans le jardin d’ornement, éliminez régulièrement les feuilles jaunies, les pousses qui manquent de vigueur ainsi que les fleurs fanées.
Choisir les bonnes compagnes
Les œillets d’Inde protègent les pieds de tomate contre les mouches blanches.
Certaines plantes sont de bonnes compagnes pour d’autres. Par leur présence à proximité de ces dernières, elles les protègent de telle attaque de ravageurs ou de telle maladie. Ainsi une lavande installée au pied d’un rosier semble limiter l’assaut des pucerons. Au potager, les exemples ne manquent pas. Parmi eux, le romarin et le poireau, qui sont d’excellents répulsifs contre les mouches de la carotte ; l’œillet d’Inde, qui tient à distance les aleurodes envahissant souvent le feuillage des tomates ; ou encore le céleri, qui repousse la piéride du chou…
LES BONS RÉFLEXES
Voici quelques réflexes à acquérir et quelques mesures de bon sens à adopter qui vous permettront de limiter le recours aux différents moyens de lutte contre les maladies et parasites. Une surveillance attentive des plantes, alliée à des interventions bien ciblées dès l’apparition des premiers symptômes, vous dispensera souvent de mesures plus drastiques.
La surveillance régulière des plantes
Prenez l’habitude de soumettre régulièrement les plantes du jardin à un examen attentif pour repérer au plus tôt l’installation des premières colonies de pucerons, l’arrivée des premières chenilles ou les premières taches annonciatrices d’une maladie cryptogamique.
À ce stade, il est aisé de supprimer les quelques feuilles tachées ou jaunies, d’écraser les pucerons sous les doigts ou de pincer les pousses envahies. Cette simple intervention peut suffire à empêcher une infestation massive.
Une surveillance efficace permet aussi de détecter les signes de stress hydrique pour certaines plantes, et d’y remédier avant que celles-ci ne soient affaiblies.
Les premières mesures
Les premières mesures consistent donc à éliminer tout organe végétal suspect, feuille tachée, pousse envahie de pucerons ou de cochenilles… S’il s’agit d’une petite plante herbacée (par exemple un jeune plant de légume
N’intégrez pas au compost les plantes malades, mais brûlez-les ou joignez-les aux déchets verts.
ou d’annuelle) présentant des symptômes suspects, autant l’éliminer tout de suite pour limiter les risques de contamination aux plantes voisines.
Si vous prenez sur le fait quelques chenilles ou escargots, collectez-les pour les détruire plutôt que d’envisager d’emblée un traitement spécifique.
Ne laissez pas non plus au pied des arbres du verger des fruits tombés prématurément au sol, car ils sont peut-être porteurs de germes de maladies ou les hôtes d’un parasite.
Que faire des organes ou plantes atteints ?
Ne laissez jamais traîner au sol, au pied des plantes, les organes que vous avez éliminés parce que vous les suspectiez de subir l’attaque d’une maladie ou de parasites !
Ne répandez pas non plus sur le compost les plantes que vous pensez malades. Mieux vaut les brûler, si possible, ou bien les jeter à la poubelle ou encore les joindre aux déchets verts.
COMMENT LUTTER CONTRE LES MALADIES ET LES RAVAGEURS
Le jardinier amateur doit se passer de tout arsenal chimique et limiter le plus possible les traitements avec des produits naturels, autorisés en jardinage biologique, mais qui n’en présentent pas moins des risques (par exemple, d’accumulation dans le sol pour les fongicides à base de cuivre, à utiliser avec modération, ou encore de toxicité pour des insectes bienfaisants, dans le cas de la pyréthrine naturelle). C’est pourquoi il faut avant toute chose réfléchir aux possibilités de lutte biologique ou intégrée, de préparations naturelles végétales, et n’utiliser les traitements, même autorisés en agriculture biologique, qu’en dernier recours, si cela s’avère réellement nécessaire.
• LA LUTTE BIOLOGIQUE
Elle consiste à utiliser des ennemis naturels ou agents pathogènes des ravageurs pour éliminer ceux-ci ou ramener leur population à un niveau acceptable. Les auxiliaires présents naturellement dans les jardins, comme les oiseaux insectivores ou les coccinelles, font partie de cette lutte, mais leur présence suffit rarement à éviter toute intervention du jardinier ! L’introduction de prédateurs des parasites ou d’éléments naturels susceptibles de lutter contre les maladies est une solution séduisante, mais délicate à appliquer.
Les avantages de la lutte biologique
La lutte biologique évite bien sûr toute pollution pour le jardin. Les auxiliaires utilisés visent des ravageurs ou des maladies très spécifiques et ne menacent donc pas les autres auxiliaires ; ils sont sans danger ou sans effets secondaires pour les plantes comme pour les humains. Cette lutte se fait sous forme d’introduction des prédateurs. Une seule intervention suffit.
Les difficultés de mise en œuvre
La réussite de la lutte biologique implique d’introduire les prédateurs au bon moment : trop tôt, ils ne trouvent pas leur nourriture et disparaissent ; trop tard, ils sont peu efficaces par rapport à des populations de ravageurs déjà très importantes.
Leur développement demande par ailleurs, selon leur espèce, des conditions de vie spécifiques : température, humidité de l’air… C’est pourquoi ces méthodes donnent souvent de meilleurs résultats sous serre, où les conditions d’environnement sont plus stables qu’en plein air.
Bien sûr, l’introduction d’auxiliaires, qui sont souvent des insectes, implique de renoncer à tout traitement phytosanitaire, même autorisé en agriculture biologique, qui les détruirait !
LES AUXILIAIRES DU JARDINIER
Les insectes sont les auxiliaires du jardinier, mais il existe aussi un certain nombre d’autres animaux naturellement présents dans le jardin, qui se nourrissent de ravageurs. Si leur présence n’offre pas toujours un rempart suffisant contre les différents prédateurs, ils « limitent les dégâts » et doivent être protégés pour être plus efficaces. Il convient donc de veiller à ne pas utiliser de produits phytosanitaires qui puissent détruire les populations d’auxiliaires en même temps que les parasites, surtout lorsqu’il s’agit d’insectes.
Quelques
exemples d’auxiliaires
• Parmi les insectes, les carabes, comme le carabe doré, se nourrissent de doryphores, de chenilles, de larves de hanneton ; les chrysopes, coccinelles et syrphes se nourrissent de pucerons.
• Les hérissons et les musaraignes sont gourmands de limaces, vers et coléoptères.
• Les crapauds et les grenouilles consomment quantité d’insectes et d’araignées.
• Parmi les oiseaux insectivores figurent les grives, les mésanges, les hirondelles et autres passereaux.
Quelques exemples qui ont fait leurs preuves dans les jardins
La bactérie Bacillus thuringiensis contre les chenilles
Cette bactérie agit spécifiquement contre les chenilles, qui meurent en quelques jours, devenues incapables de s’alimenter.
La préparation est proposée sous forme de poudre à diluer et à pulvériser, et très facile d’emploi.
Ce remède, naturel et sans danger, est surtout efficace sur les jeunes chenilles, qui sont aussi les plus voraces. Son utilisation est recommandée en début d’infestation.
Les nématodes pathogènes contre les otiorhynques
Proposés sous forme de poudre à ajouter à l’eau
Comment favoriser leur présence dans le jardin
d’arrosage et à apporter au pied des plantes dont les racines sont attaquées par les larves d’otiorhynques ou de tipules, ces nématodes pénètrent dans les larves et entraînent leur mort rapidement. L’efficacité de cette méthode demande cependant un sol humide et assez réchauffé, entre 13-14 °C et 18-20 °C.
Les coccinelles contre les pucerons Les jeunes larves de coccinelle, introduites dès l’apparition des premières colonies de pucerons, se nourrissent des insectes adultes et de leurs larves et limitent ainsi leur pullulation.
Offrez-leur des abris ! Les haies mixtes ou champêtres offrent des refuges aux oiseaux et aux petits mammifères ; les tas de pierres ou de bois et les vieux troncs attirent les hérissons, les musaraignes, les carabes. Prévoyez aussi un point d’eau pour les petits animaux, des nichoirs pour les oiseaux insectivores.
La présence d’insectes auxiliaires dans le jardin est bien sûr conditionnée par le renoncement aux produits phytosanitaires toxiques, sauf nécessité impérative. Si vous appliquez régulièrement un insecticide polyvalent, les insectes auxiliaires seront détruits eux aussi !
Les haies champêtres offrent de précieux refuges aux oiseaux insectivores, auxiliaires des jardiniers !
Où se procurer des auxiliaires ?
Les chaînes de jardinerie proposent aujourd’hui des auxiliaires à certaines périodes de l’année.
Voyez aussi les possibilités de commande dans les « Adresses utiles » en fin d’ouvrage.
LA LUTTE INTÉGRÉE
La lutte intégrée est une méthode d’approche globale de la protection des plantes : elle associe aussi bien des méthodes culturales (par exemple, la mise en place d’un semis tardif pour éviter la ponte de tel parasite sur les jeunes plants) que l’utilisation de pièges (pièges à guêpes, pièges englués, pièges à phéromones, etc.) ou de barrières physiques (filets anti-insectes, voile horticole). Le souci est non pas d’éliminer la totalité des ravageurs, mais de réduire leur présence à un seuil acceptable et de limiter le plus possible les traitements.
Quelques exemples d’appâts et de répulsifs
• Contre les larves de taupins : des pommes de terre coupées en deux et légèrement creusées attireront et piégeront une bonne partie de ces ravageurs. Il suffit d’enfouir celles-ci à 4 ou 5 cm de profondeur, la face coupée vers le sol, là où les larves de taupin (voir p. 124) font des dégâts. Il ne vous restera plus qu’à visiter régulièrement ces pièges pour collecter les larves rassemblées dans la pomme de terre et les détruire. Très dures, ces larves sont cependant difficiles à écraser.
• Contre la piéride du chou : le feuillage de tomate tient à distance la chenille de ce papillon.
• Contre les doryphores : malgré ses propriétés chimiques fongicides, la bouillie bordelaise éloigne aussi les doryphores du feuillage des pommes de terre.
Les pièges à phéromones
Les phéromones sont des substances chimiques volatiles émises par certains insectes pour communiquer entre eux : par exemple, les carpocapses femelles en émettent pour attirer les mâles au moment de la fécondation. Un piège englué diffusant ces phéromones de carpocapse attire les papillons mâles qui, une fois piégés, ne peuvent plus aller féconder les femelles.
À eux seuls, ces pièges suffisent rarement à réduire significativement la population de ravageurs, mais ils permettent d’observer l’intensité des vols des papillons mâles pour en déduire la date probable de ponte des œufs. Ainsi, il devient possible d’entreprendre un traitement insecticide au bon moment, c’est-à-dire celui de l’éclosion des œufs, plutôt que de répéter des traitements « à l’aveuglette ».
Les pièges englués
Ils sont particulièrement destinés aux insectes qui ne peuvent pas voler. Placés autour des troncs, les manchons de glu, par exemple, visent à empêcher les femelles cheimatobies d’aller pondre dans la ramure des arbres. Ces formes de piège sont aussi efficaces contre les fourmis, les otiorhynques adultes ou les perce-oreilles.
Des bandes engluées de couleur jaune ou bleue, suspendues au-dessus des plantes, aident à « capturer » certains insectes parasites volants, surtout sous serre, comme les aleurodes ou les thrips.
Cependant, si le procédé permet de limiter les populations de ravageurs, il présente souvent l’inconvénient de piéger également des insectes auxiliaires.
LES PRODUITS PRÉCONISÉS
EN JARDINAGE BIOLOGIQUE
Notez que les préparations autorisées en jardinage biologique sont exclusivement d’origine naturelle, et en aucun cas des produits de synthèse.
La palette des produits utilisés comprend des remèdes à base de plantes, dont certains sont très faciles à préparer soi-même (voir l’encadré ci-dessous et page suivante).
Ces remèdes se fabriquent à l’aide des plantes du jardin ou de notre flore sauvage (prêle, ortie, etc.), auxquelles viennent s’ajouter des substances d’origine végétale ou
minérale commercialisées sous une forme prête à l’emploi (par exemple, des insecticides naturels élaborés à partir d’extraits de plantes ou des fongicides naturels à base de soufre ou de cuivre, etc.).
Attention ! Gardez bien en mémoire que ces traitements autorisés en jardinage biologique ne sont pas nécessairement sans danger pour la faune auxiliaire !
Pour éviter les erreurs, lisez attentivement les mises en garde et respectez toujours les précautions d’emploi fournies par le fabricant.
DES REMÈDES NATURELS À PRÉPARER SOI-MÊME
Il est possible de préparer soi-même des traitements à base de produits naturels. Les uns seront préventifs, pour renforcer la résistance des plantes, les autres curatifs, pour lutter contre certaines attaques de parasites ou des maladies.
Quelques précautions à respecter
• N’utilisez que des récipients en plastique ou en verre pour ces préparations ; bannissez absolument le métal du fait des risques d’oxydation.
• Pour diluer les préparations, utilisez de l’eau de pluie ou à défaut de l’eau de source. Évitez l’eau du robinet : enrichie en chlore, elle ruine une partie de l’efficacité des préparations.
• Attention, ces préparations sont, pour certaines, à utiliser très rapidement. Ainsi les infusions, décoctions et macérations s’emploient aussitôt préparées, dans les 24 à 48 heures suivantes. Les purins se conservent plusieurs semaines à plusieurs mois, en surveillant toutefois qu’ils ne gonflent pas sous l’effet de la chaleur.
Sous forme de purins végétaux, décoctions ou macérations, les diverses préparations maison rendront bien des services.
LES PURINS
PURIN DE CONSOUDE
Propriétés : riche en azote et en potassium, il stimule la croissance des plantes et renforce leur résistance.
Préparation : hachez grossièrement 1 kg de feuilles de consoude (de préférence la consoude de Russie, Symphytum peregrinum, très vigoureuse) ; laissez macérer dans 10 l d’eau de pluie pendant 30 jours. Filtrez et utilisez pur.
Application : en pulvérisation foliaire ou en arrosage au pied des légumes-fruits.
PURIN DE FOUGÈRE
Propriétés : efficace contre les pucerons, les pucerons lanigères, les escargots et les limaces.
Préparation : faites macérer pendant 10 jours 1 kg de feuilles fraîches de fougères (fougère aigle, par exemple) dans 10 l d’eau de pluie. Filtrez et utilisez pur.
Application : en pulvérisation foliaire. Peut se conserver plusieurs semaines dans un récipient étanche et à l’abri de la lumière.
PURIN D’ORTIE
Propriétés : lutte contre les pucerons, s’utilise dans le potager à titre préventif contre les maladies cryptogamiques et joue le rôle d’activateur de croissance pour les tomates.
Préparation : hachez grossièrement 800 g à 1 kg d’orties (non montées à graines), ajoutez 10 l d’eau de pluie et laissez macérer à l’abri de la lumière pendant 5 jours (10 à 15 jours pour un usage comme activateur de croissance).
Filtrez et utilisez en dilution à 20 % (2 l de purin pour 10 l d’eau).
Application : en pulvérisation foliaire contre les pucerons, ou en arrosage au pied des plantes contre les maladies cryptogamiques.
AUTRES PRÉPARATIONS
DÉCOCTION DE PRÊLE
Propriétés : prévient l’apparition de maladies cryptogamiques et limite leur propagation.
Préparation : laissez tremper 250 g de feuilles de prêle dans 10 l d’eau de pluie pendant 24 heures, puis faites bouillir la préparation pendant 15 minutes en la couvrant. Laissez refroidir, filtrez et utilisez pur.
Application : en pulvérisation foliaire, à répéter à 15 jours d’intervalle.
DÉCOCTION DE TANAISIE
Propriétés : lutte contre les pucerons, les altises et les papillons des noctuelles ou de la piéride du chou.
Préparation : laissez tremper pendant 24 heures 400 g de tanaisie (Tanacetum vulgare), tiges, feuilles et fleurs, dans 10 l d’eau de pluie. Faites bouillir la préparation pendant 15 minutes en couvrant. Laissez refroidir, filtrez et utilisez pur.
Application : en pulvérisation foliaire, à répéter tous les 4 à 5 jours jusqu’à disparition des parasites.
MACÉRATION D’AIL
Propriétés : prévient l’apparition de maladies cryptogamiques.
Préparation : écrasez une tête d’ail dans un mortier et laissez macérer pendant 48 heures dans 10 l d’eau de pluie. Filtrez et utilisez pur aussitôt.
Application : en pulvérisation foliaire.
SOLUTION INSECTICIDE À BASE DE SAVON NOIR
Propriétés : lutte contre les pucerons et les formes mobiles de cochenilles (juvéniles).
Préparation : diluez environ 200 g de savon noir dans 10 l d’eau de pluie.
Application : en pulvérisation sur le feuillage, surtout sur les pousses.
QUELQUES PRODUITS COURANTS ACCEPTÉS EN JARDINAGE BIOLOGIQUE
MATIÈRE ACTIVE PRODUIT COMMERCIAL FABRICANT ATTEINTE VISÉE/ ACTION FORME DU PRODUIT ET UTILISATION
INSECTICIDES
Bacillus thuringiensis
Insecticide biologique vers et chenilles
Naturen Fertiligène
Carpovirusine, virus de la granulose Carpovirusine Décamp’
Cochenilles Naturen Eradigun Naturen Fertiligène
Araignées rouges
Acariens Naturen Eradibug Naturen Fertiligène
Huile de colza
Huile minérale paraffinique
Pyrèthre
Pyrèthre et huile de colza
Savon végétal, savon noir
FONGICIDES
Bacillus subtilis
Insecticide végétal Naturen Eradigun Naturen Fertiligène
Pucerons Naturen Eradigun Naturen Fertiligène
Traitement d’hiver et de fin d’hiver Solabiol
Insectes choc au pyrèthre végétal
Chenilles (pyrale du buis, processionnaire du pin, teigne de l’olivier…)
Carpocapse des pommes, poires et noix, tordeuse orientale du pêcher
Cochenilles
Acariens des cultures
Pucerons, mouches blanches, cochenilles, acariens…
Pucerons, mouches blanches, cochenilles, acariens…
Formes hivernantes d’insectes et acariens
Solabiol Pucerons, cochenilles…
Pucerons Insecticide Spruzit EC Natria Bayer Jardin Pucerons
Anti-pucerons insecticide Spruzit
Neudorff Pucerons
Savon noir prêt à l’emploi Solabiol Pucerons, cochenilles…
Maladies polyvalent
Stimulateur des défenses naturelles Natria Bayer Jardin
Bouillie bordelaise MACC 80 Jardins Bayer Jardin
Bouillie bordelaise Express Naturen Fertiligène
Cloque du pêcher
Maladie de l’olivier Natria Bayer Jardin
Maladies polyvalent
Fruits et légumes
Champ flo (hydroxyde de cuivre)
Cloque du pêcher
Nordox 50 (oxyde cuivreux)
Maladies cryptogamiques
Maladies cryptogamiques, notamment mildious, tavelures
Maladies cyptogamiques
Cloque du pêcher et autres maladies cryptogamiques
Solution à diluer pour pulvérisation
Liquide à diluer pour pulvérisation
Liquide à pulvériser directement
Liquide à diluer pour pulvérisation
Liquide prêt à l’emploi pour pulvérisation
Liquide prêt à l’emploi pour pulvérisation
Liquide à diluer pour pulvérisation
Liquide prêt à l’emploi pour pulvérisation
Liquide à diluer pour pulvérisation
Liquide prêt à l’emploi pour pulvérisation
Liquide prêt à l’emploi pour pulvérisation
PLANTES CONCERNÉES PAR LE TRAITEMENT
PÉRIODE D’EMPLOI
Potager, verger, arbuste d’ornement… Avril à octobre
Pommier, poirier, noyer, pêcher, abricotier, prunier Avril à octobre
Surtout arbres, arbustes, fruitiers Mars à octobre
Arbres, arbustes, fruitiers Mars à octobre
Légumes, fruits, arbustes… Mars à octobre
Légumes, fruits, arbustes… Mars à octobre
Arbres fruitiers, arbustes d’ornement Novembre à mars
Toutes cultures Janvier à juillet
Toutes cultures Mars à octobre
Toutes cultures Mars à octobre
Toutes cultures Toute l’année
Solabiol Maladies cryptogamiques
Solabiol Cloque du pêcher
Poudre mouillable, à diluer pour pulvérisation
Poudre mouillable, à diluer pour pulvérisation
Mini-granulés dispersables dans l’eau pour pulvérisation
Suspension à diluer pour pulvérisation
Liquide à diluer pour pulvérisation
Poudre à diluer pour pulvérisation
Potager, verger, ornement Février à juin
Arbres fruitiers, cultures légumières, arbustes… Février à novembre
Verger-potager Février à octobre
Arbres fruitiers Février à octobre
Arbres fruitiers, vignes, légumes, arbustes Mars à octobre
Pêcher, abricotier
Janvier à mars, septembre à décembre
Soufre micronisé
Soufre trituré
ATTEINTE VISÉE/ ACTION
Soufre minéral Microthiol Spécial Jardin Naturen Fertiligène Oïdiums, tavelure…
Soufre poudrage Sofluid Anti-oïdium Solabiol Oïdiums
MOLLUSCICIDES
Phosphate ferrique
DU PRODUIT ET UTILISATION
Mini-granulés dispersables dans l’eau pour pulvérisation
PLANTES CONCERNÉES PAR LE TRAITEMENT
Arbres fruitiers, vigne, rosiers… Avril à octobre
Poudre prête à l’emploi Rosiers, arbres fruitiers, vigne… Février à septembre
Anti-Limaces Ferramol Neudorff Escargots, limaces Appâts en granulés Toutes cultures
Avril à octobre surtout
Anti-limaces biologique Ferramol Agro Sens Escargots, limaces Appâts en granulés Toutes cultures Avril à octobre surtout
Sécurité, mode d’emploi
• Lire les consignes : vérifiez avant usage que le produit choisi correspond bien au problème (maladie ou ravageur) à combattre, mais aussi au type de plantes à traiter. Vérifiez aussi la période d’utilisation.
• Bien s’équiper : portez un équipement de protection (gants et vêtements adaptés, bien couvrants ; lunettes si nécessaire).
Utilisez pour l’application du produit un arrosoir ou un pulvérisateur réservé à cet usage et soigneusement rincé au préalable.
• Éloigner les enfants et les animaux domestiques.
• Appliquer les insecticides en soirée pour ne pas nuire aux insectes pollinisateurs.
• Tenir compte des conditions météorologiques : pour traiter vos plantes, choisissez un jour sans vent (pour éviter les projections incontrôlées), sans pluie (pour éviter que le produit ne soit lessivé par la pluie). Ne traitez pas non plus vos plantes en plein soleil l’été (pour éviter les risques de brûlure du feuillage).
• Respecter les dosages et les modalités d’utilisation : respectez scrupuleusement les conseils d’emploi du fabricant, le dosage (selon le type de plante traitée), les modalités d’application, les délais éventuels avant récolte. Tout surdosage peut entraîner une pollution du sol ou se révéler toxique pour les plantes.
• Stocker prudemment les produits phytosanitaires : conservez ces produits dans leur emballage d’origine, dans un endroit sec et ventilé, hors de portée des enfants et des animaux domestiques. Surveillez les dates limites d’utilisation et veillez à ce que les étiquettes demeurent toujours lisibles.
• Recycler les emballages vides et les restes de produits non utilisés : portez-les à la déchetterie ou au centre de traitement des déchets pour un recyclage approprié.
LE TRAITÉ
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