Sauvons l'océan ! - Les 10 actions pour (ré)agir !

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Les 10 actions pour (ré)agir ! SAUVONS L’OCÉAN !

Préfacé par Isabelle Autissier

préface

Couchée sur le pont du bateau, je contemple le cosmos qui clignote : des milliards d’étoiles, pas une n’a d’océan La planète

Terre, qu’il faudrait appeler la planète Mer, est une exception dans l’univers Elle a permis la vie et, quelques milliards d’années plus tard, à une représentante de l’espèce Homo sapiens d’écrire ces lignes

Nous entretenons un étrange rapport avec l’océan Parfois, il enflamme nos imaginations ; parfois, nous le considérons comme une poubelle, le support de nos navires, ou une simple source d’énergie, de minerais et de molécules

Nous sommes plus de 8 milliards à exploiter-consommer-jeter, capables d’influencer l’eau, le sol, les autres espèces, l’air et… l’océan qui, finalement, se vide de poissons et se remplit de déchets, se réchauffe, s’acidifie Aujourd’hui, ces modifications se retournent contre nous, causant insécurité alimentaire, destructions, pertes économiques, pertes de vies…

La bonne nouvelle est que ces phénomènes ne sont en rien étrangers à nos volontés Ils sont liés à l’organisation de nos communautés, de leurs valeurs, de leurs objectifs Puisque nous sommes, tous et partout, une partie du problème, ne serait-il pas possible d’être, tous et partout, une partie de la solution ? Chaque geste individuel compte parce qu’il est effectué chaque jour des milliards de fois, surtout il envoie un signal puissant aux gouvernements Nous avons le pouvoir d’agir et de transformer le monde

L’avenir est sombre, mais il n’est pas écrit La nature est incroyablement bonne fille Si on la laisse tranquille, elle reprend vie et couleurs

Véronique et François Sarano ont compris depuis longtemps la dépendance absolue physique, intellectuelle et émotionnelle que nous avons vis-à-vis de l’océan Ils ont alerté, parmi les premiers, des dangers qui approchent Ce livre est la somme de leurs enthousiasmes, de leurs questionnements et de leurs propositions de réponses

Présidente du WWF France

BEAUCOUP CONSOMMONSMOINS DE POISSONS 5

mes actions

 Je mange très peu de poisson !

 Je choisis la pêche durable

 Oui aux espèces à renouvellement rapide

 Moules et huîtres plutôt que crevettes

 Non aux poissons carnivores d’aquaculture

Un seul conseil efficace : mangeons peu de poisson, deux fois par mois, et acceptons de le payer cher.

C’est la seule solution pour réduire la pêche et assurer un avenir aux pêcheurs et à l’océan.

MANGEONS peu de poisson !

C’est un mets rare et encore plus précieux que la viande : il doit être consommé en petite quantité, en profitant de chaque bouchée comme d’un cadeau de l’océan Cessons de suivre les régimes minceur à base de poisson et les pseudo-conseils santé qui clament les bienfaits des protéines de la mer riches en oméga-3 : ils ont fait grimper la consommation française jusqu’à 35 kg par personne et par an ! C’est insoutenable et irresponsable, alors que l’océan pourrait à peine fournir 10 kg par personne et par an aux 8,2 milliards de Terriens, s’il était équitablement distribué… et bien moins avec une pêche durable

Savoir quel poisson choisir est complexe tant il y a de paramètres nécessaires pour garantir une pêche durable : l’espèce (ne doit pas être surexploitée), la taille (doit être au-dessus de celle de la maturité sexuelle), l’époque (ne doit pas être celle de la reproduction), l’engin de pêche (doit être sélectif), le navire (ne doit pas être industriel), la zone de pêche (ne doit pas être un pays pillé par l’Europe), etc Quelques conseils peuvent vous guider dans ce dédale

CHOISISSONS la pêche durable

Commencez par éviter les engins de pêche destructeurs, avant de vous fier à des listes de poissons à privilégier, toujours difficiles à établir Depuis 2014, les poissonniers doivent indiquer l’engin de pêche utilisé sur les étiquettes Si ce n’est pas fait, exigez-le ! Les engins à éviter absolument – parce qu’ils ne sont

pas sélectifs et détruisent les fonds marins – sont : le chalut de fond et la drague (qui raclent les fonds et récupèrent petits et grands animaux, toutes espèces confondues), la senne tournante (un immense filet circulaire qui capture les thons mais aussi des dauphins, des tortues et des requins), la palangre de surface (une ligne à thons de centaines de kilomètres de long, hérissée d’hameçons appâtés, qui attrape aussi requins et oiseaux de mer) Pire, chaque année, ces engins rejettent 20 millions de tonnes d’animaux morts, pour rien, soit autant que le cinquième de la pêche mondiale !

Vérifiez la provenance : achetez du poisson de nos côtes, où les règles sont souvent plus strictes et mieux appliquées Délaissez le thon tropical, pêché à la palangre et à la senne Attention au poisson vendu sur les quais : il ne vient pas forcément du bateau voisin ! Demandez où il a été pêché, vous serez parfois surpris d’apprendre qu’il provient d’un autre océan

Recherchez le poisson pêché à la ligne de traîne ou à la ligne à main, les poissons et crustacés capturés au casier (ou nasse) : ces engins prélèvent de petites quantités et sont très sélectifs

Pour en savoir plus, voir les dossiers rassemblés par l’association Bloom.

Oui aux espèces à renouvellement rapide

Oubliez la lotte (baudroie), le colin blanc (merlu), le chapon, tous ces magnifiques poissons qui ont quasiment disparu, victimes de leur chair savoureuse Car ces prédateurs supérieurs vivent longtemps et se reproduisent tardivement, ce qui les rend vulnérables à la pêche intensive Idem pour les habitants des profondeurs comme le grenadier ou bien l’empereur,

un poisson qui vit 150 ans et n’est pas mature avant 30 ans ! Refusez de manger du requin (voir encadré) Privilégiez les espèces qui grandissent vite, dont la maturité sexuelle est précoce (1 à 2 ans) et qui pondent des milliers d’œufs : maquereau, mulet, hareng, sardine et anchois Préférez les calmars qui, eux aussi, se reproduisent au bout d’un an

Moules et huîtres plutôt que crevettes

Achetez sans restriction les moules et les huîtres qui se nourrissent de plancton : c’est la seule aquaculture qui n’a pas d’impact sur les mers Refusez le poulpe ou les oursins qui disparaissent de nos côtes, victimes de la surpêche Refrénez votre envie de crevettes : pour en récupérer une poignée, le chalut capture des kilos de jeunes poissons qui seront rejetés à la mer, car il opère dans les zones peu profondes qui sont les nurseries de l’océan, le « berceau » où grandissent la plupart des espèces

Non aux poissons carnivores d’aquaculture

Refusez le bar, la daurade et le thon d’aquaculture Pour les nourrir, il a fallu pêcher des millions de tonnes d’anchois et autres petits poissons avec des navires industriels, c’est-àdire accaparer tout ce qui nourrit les prédateurs sauvages de l’océan (thons, cétacés, phoques, requins et oiseaux de mer) ; tout ce qui nourrit aussi les habitants des pays les plus démunis, qui ne peuvent désormais plus vivre de la petite pêche sur leurs côtes

Acceptons de payer le poisson plus cher, c’est la seule façon d’assurer un avenir aux pêcheurs, à la pêche durable, et donc à l’océan ! « Pas de requin dans mon assiette ! »

Les requins ont été décimés pour la soupe d’ailerons, dont les prix ont dopé un lucratif trafic mondial. Le poisson se faisant rare, la chair des requins, jusqu’ici délaissée car peu goûteuse, est aujourd’hui utilisée. L’huile de leur foie et leur cartilage sont commercialisés. Tous ces marchés assurent l’écoulement des requins capturés accidentellement par la pêche au thon, mais aussi des requins de plus en plus pêchés intentionnellement. Or, comme les cétacés, les requins sont très vulnérables à la pêche intensive : ils vivent longtemps, ont une maturité sexuelle tardive et ont peu de petits par portée. La plupart sont menacés d’extinction.

N’achetez pas de requin : requin bleu, requin mako, requin-renard… Attention, fish and chips et nuggets de poisson sont très souvent du requin. Au restaurant ou en poissonnerie, faites attention aux noms trompeurs : la « saumonette » n’est pas un petit saumon mais du requin (émissolle, requin hâ, roussette…).

Pour en savoir plus, campagne requins de l’association Longitude 181 :

RECONNECTONSNOUS À L’OCÉAN 6

mes actions

 Je suis curieux·se de tout

 Je vais à la rencontre

 Je participe

 Je demande des classes de mer

ENGAGEONS-NOUS MAINTENANT !

• Pollutions chimiques, multiplication des plastiques, destructions, surexploitation des poissons, l’océan est blessé… Tous les voyants sont au rouge !

• Il est temps d’agir pour offrir à nos enfants un océan riche d’une vie retrouvée.

Chaque geste est une goutte d’eau pure apportée à l’océan !

• Car l’océan commence chez vous, à la maison. Même si vous habitez loin de la mer !

Plongeurs depuis des décennies, Véronique et François Sarano sont témoins de la vie de l’océan et des bouleversements qu’il subit. Dans ce manifeste et à travers leur association Longitude 181, ils se font porte-voix afin de changer les choses et nous proposent ici 10 actions concrètes pour que chacun puisse agir efficacement à son échelle !

Vous voulez que cela change ? Changez !

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