Biosphoto
blessures de terre
Dérèglement climatique, pollution des sols, des rivières et de l’air, agriculture dévastatrice, déforestation sans limite, biodiversité menacée... autant de blessures infligées à notre planète. Cet ouvrage propose un état des lieux des problèmes essentiels de l’écologie mondiale, sans hypocrisie et sans alarmisme. Les solutions existent et les plaies peuvent être pansées – et parfois même guéries – si nous prenons conscience de la fragilité de notre planète et de notre pouvoir de la protéger.
Bio s p h oto
Depuis plus de vingt ans, l’agence Biosphoto, spécialiste des images de nature et d’environnement, montre le vivant dans toute sa beauté, sa diversité, sa vulnérabilité, à travers le regard de photographes, témoins des blessures de la Terre.
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sommaire 7
Avant-propos
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Quand l’eau vient à manquer... Avoir de l’eau douce Les pollutions de l’eau Le gaspillage de l’eau douce Une agriculture à trop grande échelle Les dangers d’une seule culture Le coton, symbole d’une agriculture dévastatrice Cultiver des plantes pour se nourrir Agricultures alternatives Déforestation agricole
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Déforestation sans limite Du bois pour nos meubles Désertification Érosion des sols Pollution de l’air Polluants chimiques dans l’atmosphère
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Pollutions sur la ville
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Industrie polluante Industrie risquée
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Esclaves de l’industrie mondiale Indispensables énergies Énergies fossiles Énergie nucléaire : énergie durable ? Énergies renouvelables Dérèglement climatique Le climat sens dessus dessous Glaces en péril Dérèglement climatique à risques Dérèglement climatique et êtres vivants La vie est un tout Biodiversité menacée Lexique Crédits photographiques
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Le gaspillage de l’eau douce 70 % de la consommation mondiale d’eau douce est utilisée pour les besoins de l’agriculture industrielle. Celle-ci consomme aujourd’hui deux fois plus d’eau qu’en 1960 et met en danger les ressources d’eau de la planète.
Un écolier en train de boire à un robinet à Nairobi, au Kenya (Afrique).
Cultures irriguées de céréales dans le désert de Libye (Afrique du Nord) : une rampe d’arrosage tourne à partir du centre du cercle sur le rayon, comme si elle était accrochée aux deux axes d’un compas.
Nous avons besoin de l’agriculture pour nous nourrir. Il y a une centaine d’années, la plupart des hommes vivaient à la campagne et produisaient leur nourriture. Seuls les habitants des villes étaient contraints d’acheter ce qu’ils consommaient. Aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale vit en zone urbaine ; l’agriculture doit donc s’adapter à une demande de plus en plus importante et produire suffisamment pour nourrir tous ces gens. Cependant, on ne peut uniquement prendre en compte l’aspect financier sans se préoccuper des pollutions engendrées, ou des économies d’eau nécessaires. L’agriculture industrielle épuise les réserves d’eau, détourne l’eau des fleuves... Pour ne pas gaspiller l’eau, il faudrait cultiver des plantes qui poussent sans irrigation et favoriser céréales, fruits et légumes adaptés aux climats. Planter des céréales dans le désert (grande photo) n’est pas raisonnable car l’eau utilisée pour l’irrigation est pompée dans des poches souterraines
fossiles, c’est-à-dire qu’elle date d’une époque où le désert était une prairie régulièrement arrosée par des pluies. Aujourd’hui ces réserves ne se remplissent plus et, bientôt, l’eau manquera aux habitants de ces régions. L’irrigation par aspersion est un autre gasEn savoir + Sais-tu combien de litres pillage : avant d’arriver aux d’eau sont nécessaires racines des végétaux, une pour faire pousser un partie de l’eau pulvérisée kilo de pommes de terre ou de blé ? 590 litres ! s’évapore. Dans certains Et pour récolter un pays, des fleuves entiers kilo de riz ? Il en faut sont détournés ou assé5 000 litres, si le riz est cultivé dans une rizière chés pour ces cultures inondée ! industrielles en privant des millions d’habitants d’eau pour vivre. Comme l’air, l’eau est un bien commun. L’agriculture industrielle utilise à son seul profit une ressource qui appartient à tous. Si les gouvernements faisaient payer un peu plus cher l’eau aux industriels de l’agriculture, sans doute seraient-ils plus économes... 15
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Le coton, symbole d’une agriculture dévastatrice Depuis des milliers d’années, des commerçants parcourent le monde pour acheter des produits introuvables dans leur pays. Nous consommons beaucoup de ces denrées – comme le café, le cacao, le riz, le thé ou les bananes – qui ne poussent pas dans nos régions car il y fait trop froid. Il en est une que nous utilisons chaque jour et à laquelle nous ne pensons pas toujours : le coton. Le coton est issu d’une plante, le cotonnier, que l’on cultive dans les pays chauds et dont on récolte les fibres pour fabriquer de nombreux tissus (serviettes éponge, jeans, vêtements...). La culture du coton est toujours industrielle, car ces fibres textiles sont les plus utilisées dans le monde. Pour le faire pousser, il faut une grande quantité d’eau ; c’est pourquoi, plus de 40 % des cultures sont irriguées. En Ouzbékistan et au Kazakhstan (Asie centrale), le coton constitue l’une des cultures principales. Pour irriguer les plantations dans ces pays peu pluvieux, les agriculteurs ont utilisé l’eau des fleuves et des rivières. Ces cours d’eau se jetaient tous dans une mer fermée, la mer d’Aral, et en étaient ses seuls affluents. Peu à peu, privée de l’eau des fleuves, la mer d’Aral s’est asséchée presque complètement. En se retirant, l’eau a laissé sur le sol une couche 20
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de sel et de pesticides utilisés pour cultiver le coton. Ces dépôts empêchent toute culture et provoquent de graves maladies. Les pêcheurs et les riverains se retrouvent désormais au milieu d’un désert toxique et doivent vivre dans un lieu hostile, sans travail et sans ressources. Depuis 2007, des actions de sauvegarde et des travaux d’aménagement font remonter le niveau de la mer. Mais l’assèchement du plus grand lac d’eau salée du monde est l’exemple le plus spectaculaire de l’impact de l’agriculture industrielle sur la nature et les populations. Heureusement, il existe d’autres façons de produire ce coton dont nous avons tous besoin, comme les cultures biologiques (grande photo). Et en tant que consommateurs, choisir du coton biologique oblige les industriels à faire plus attention à la nature.
Deux photos prises d’un satellite. La première montre l’étendue de la mer d’Aral en 1973 et la seconde en 2004.
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Stockage de coton biologique en Inde.
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Désertification Grand-père et enfant sous une tempête de sable au Burkina Faso (Afrique).
La pose de petites barrières de bois mort, comme dans la région d’Aleg en Mauritanie, stabilise la dune, arrête le sable et combat l’avancée du désert du Sahel.
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D’après les études de scientifiques, 40 % de la surface des continents sont frappés par le phénomène de désertification. On estime qu’environ cent pays sont concernés en Afrique, Asie, Amérique, mais aussi en Europe méditerranéenne, Australie et dans les îles du Pacifique. Près de deux milliards de personnes, soit le tiers de l’Humanité, seront confrontés à cette dégradation des terres si rien n’est fait pour la stopper. Les végétaux, qu’ils soient comestibles, cultivés ou non, protègent les sols sur lesquels ils poussent en évitant aux eaux de pluie ou au vent d’emporter la terre. De plus, ils les enrichissent en se décomposant (un peu comme le compost que l’on ajoute dans les jardins) et les protègent de la sécheresse grâce à l’ombre qu’ils projettent et à l’humidité de leurs feuilles. Lorsque, pour une raison quelconque, le sol n’est plus couvert de végétaux, il se dégrade, s’assèche, s’appauvrit en matière organique... et finit par ne plus être qu’une matière minérale dans laquelle rien ne pousse. Ce sont les sols les plus fragiles – c’est-à-dire arides, secs, avec une végétation dispersée – qui se montrent les plus sensibles à la désertification. On relève deux raisons majeures à ce processus de dégradation des sols. Les causes naturelles, avec les changements climatiques, la raréfaction des pluies
qui entraîne la sécheresse. Et les causes humaines, qui sont multiples : assèchement des cours d’eaux et des réserves d’eaux souterraines par l’agriculture intensive, mauvaise gestion des ressources naturelles et, surtout, surpâturage. Chez les populations traditionnelles d’Asie et d’Afrique, les signes extérieurs de richesse – et donc de pouvoir – ne sont pas les belles maisons ou les grosses voitures, mais le nombre de têtes de bétail que l’on possède. Tous ces animaux se nourrissent de végétaux naturels : les moutons préfèrent l’herbe ; les chèvres sont capables de tout manger, y compris les plantes à épines ; quant aux dromadaires, grâce à leur taille, ils peuvent atteindre les feuilles des arbres. Plus le berger est riche, plus son troupeau est grand et dévastateur. Lorsque les bêtes sont passées sur ces terres déjà arides, il ne reste plus rien : les plantes ont été dévorées et le sol piétiné. L’homme a créé artificiellement une sorte de désert où il ne peut plus vivre.
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Dérèglement climatique à risques
Vagues de chaleur, orages, tempêtes, ouragans, inondations, sécheresses… les accidents climatiques sont plus nombreux, plus violents, plus imprévisibles. Et ce sont surtout les populations les plus fragiles qui en subissent les conséquences. Après une inondation à Dhaka-Mirpour (Bangladesh), des hommes renforcent la digue avec des sacs. Ce travail semble dérisoire par rapport à la force de la mer.
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Pour les climatologues, l’augmentation des températures va encore amplifier la puissance des cyclones tropicaux et épisodes violents. Des vagues de chaleur intenses et longues à certains endroits de la Terre vont créer de graves périodes de sécheresse, alors
que d’autres régions du globe verront leurs cultures disparaître sous des inondations phénoménales... Sécheresse et inondation ont hélas les mêmes conséquences : la famine, qui affaiblit et met en danger les populations les plus pauvres.
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Un autre effet est encore plus grave : en fondant, la banquise du pôle Nord et les glaciers du Groenland et de l’Antarctique augmentent le niveau des océans. Les scientifiques prévoient qu’en 2100, les mers se seront élevées de 80 cm. Dans le meilleur des cas, les millions de personnes qui habitent en bord de mer se retrouveront les pieds dans l’eau ; et, bien pire, elles risquent de voir leurs maisons ou leurs villages engloutis sous la mer. C’est ainsi que la plupart de îles coral-
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liennes, avec une altitude maximale d’un ou deux mètres, vont disparaître. Et ce n’est pas tout... La modification des courants marins, la fréquence des grandes crues, et sans doute d’autres phénomènes moins évidents, vont bouleverser l’équilibre de tous les êtres vivants. Les changements climatiques sont naturels mais celui que nous vivons est perturbant car il est très rapide. Les hommes vont devoir montrer leur faculté d’adaptation !
Trombe spectaculaire et puissante en mer Adriatique. Une trombe est un tourbillon d’eau et d’air, qui part d’un entonnoir nuageux dans lequel la vitesse des vents est telle que des objets peuvent être aspirés.
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