CUBA OK

­Le­journal­de­Zoé­Pilou­à­Cuba

peu de choses le te tê a m s an d e « Je rassemble e belle île plein n u st ’e C a. b u ol. que je sais de C parlent espagn s en g s le ù o e de de couleurs, ma grand-mèr r u o p , to ri ca st joli, (Je suis un su etit sucre”. C’e “p e ir d t eu v e danse là-bas. Ça de la salsa, un s ay p le st ’e non ?) C on l’entend, d an u q e, u q mée er tellement ryth er de se lev h êc p em s’ as p t on ne peut dis, maman ri le je d an u Q son et de danser. ue je suis “de q e v u ro p ça e et répond qu sang”… »

aste…­­ La­terre­ est­v ,­Inde,­Cuba­ :­­ nam,­Sénégal tiê ­V e, is en rcourent­­ New­York,­V ­collection­ pa tte ce e­ ­d os ions,­­ les­ jeunes­hér e­ ces­ destinat ur­chacune­d po t,­ ­e … de .­ le­mon journal­illustré tiennent­leur­

l de Le journa à Zoé Pilou 8e

À partir de 8 ans

CUBA énot

Christelle Gu

MANGO JEUNESSE

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Ça fait déjà presque un mois que je suis seule avec papa. Maman est partie pour Cuba !

Cuba, c’est l’île où elle est née, et dont elle ne parle presque jamais. Quand elle reçoit des lettres de sa maman qui est restée là-bas, elle va les lire toute seule dans sa chambre et quand elle ressort, je vois bien qu’elle a pleuré. J’ai bien essayé une ou deux fois de lui poser des questions, mais j’ai vu que ça lui faisait de la peine, alors j’ai arrêté. Et papa, il est comme moi : il n’en parle pas, comme si Cuba, c’était un sujet interdit. En fait, c’est faux de dire qu’elle ne nous raconte pas son île. Simplement, elle n’emploie pas des mots, mais des images : elle peint à longueur de journée (c’est son métier) des tableaux pleins de couleurs et de soleil qui lui rappellent son pays.

Maman n’est pas retournée là-bas depuis dix ans – en gros depuis que je suis née. Et ces derniers temps, elle avait l’air un peu plus triste chaque jour. Elle n’arrivait même plus à peindre...

Un matin, elle a craqué. Elle criait presque en brandissant ses valises.

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— Je ne peux plus continuer comme ça.

Demain, je pars pour Cuba retrouver mon île, ma mère et mon soleil !

Papa a essayé d’arranger les choses : — Attends un peu. Dans un mois, on est tous en vacances. Nous irons là-bas ensemble.

Mais elle n’a rien voulu entendre. Ce soir-là, ses bagages déjà tout prêts, elle est entrée à pas de loup dans ma chambre et s’est accroupie près de mon lit pour notre câlin rituel. Elle m’a caressé les cheveux et a chuchoté : — Je reviendrai bientôt, tu sais.

— Quand ?

— Quand j’aurai fait le plein de soleil et de couleurs, et que je pourrai de nouveau illuminer vos journées ! répond-elle en riant.

C’est vrai que papa l’appelle son rayon de soleil… J’ai bricolé un sourire pour avoir l’air courageux et ne pas lui faire de peine. Mais j’avoue que j’ai du mal à comprendre : que peut-il bien y avoir de si intéressant là-bas alors que nous, nous sommes ici ? N’empêche que le lendemain, elle était partie.

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Depuis, rien. Ou pas grand-chose : trois lettres que papa n’a pas voulu me lire entièrement. Il m’a juste lu des passages où maman disait que je lui manquais, qu’elle espérait que je ne faisais pas tourner mon père en bourrique, que je travaillais bien en classe, et puis qu’elle partait le lendemain se balader dans l’île pour quelque temps. Ça n’a fait que m’inquiéter un peu plus.

Quand est-ce qu’elle va rentrer ?

Au fil du mois qui vient de passer, Papa était lui aussi un peu plus anxieux chaque jour.

Si bien que ce matin, jugeant sans doute qu’on avait trop patienté, il a bondi dans ma chambre en brandissant des billets d’avion.

— Ça y est, nous partons rejoindre maman !

— Est-ce qu’elle le sait ?

— Non, nous lui faisons la surprise.

— Mais tu ne sais même pas où elle est !

Papa ne s’est pas démonté.

— On verra bien une fois là-bas. De toute façon, on ne peut pas l’appeler. Il n’y a pas de téléphone dans la famille.

— Et tu comptes partir quand ? ai-je demandé, un peu inquiète.

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— Eh bien… dans trois heures…

C’est toujours pareil avec papa. Il est éternellement pressé. Il n’a même pas pu attendre que je finisse l’école…

Papa est très agité, et c’est seulement à bord de l’avion, une fois installés, que je peux vraiment l’interroger. Je sais comment faire pour lui rappeler que je suis là. L’épater.

— Papa, pourquoi dit-on de Cuba que c’est un « paradis socialiste » ?

C’est gagné ! Il ouvre des yeux grands comme des soucoupes.

— Où es-tu allée chercher ça ? Tu t’intéresses à la politique, maintenant ? Cuba est en effet un pays socialiste pur et dur, mais c’est loin d’être un paradis, crois-moi.

— Alors, pourquoi maman adore ce pays-là ?

— D’abord parce que c’est une île magnifique, et surtout parce que c’est son île, tu comprends ?

Puis il se retourne et fait semblant de dormir.

Puisqu’il faut que je patiente, je tente de rassembler dans ma tête le peu de choses que je sais de Cuba.

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C’est une belle île pleine de couleurs dans les Caraïbes, où les gens parlent espagnol. (Je suis un sucarito, pour ma grand-mère de là-bas, c’est marqué sur les lettres adressées à maman. Ça veut dire « petit sucre ». C’est joli.) C’est le pays de la salsa, une danse tellement rythmée que, quand on l’entend, on ne peut pas s’empêcher de se lever et de danser. Quand je le dis, maman rit et répond que ça prouve que je suis « de son sang »… Mais je vous l’assure : personne ne peut rester assis quand cette musique commence ! Et voilà, c’est tout ce que je connais de cette île que ma maman aime tant.

La porte de la douane s’ouvre enfin. Je glisse ma petite main dans la grande main de papa. L’air est chaud, humide et parfumé. Je pense soudain aux bananes que maman fait cuire dans du rhum, et aussi à son parfum de vanille quand elle m’embrasse. Il y a une cinquantaine de personnes dans le hall, habillées de toutes les couleurs. Plein de visages bronzés, du noir au plus clair, comme moi. Maman n’est pas là pour nous accueillir comme je l’avais espéré…

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