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Sommaire Naissance de l’Occident Les grandes invasions Guerriers et paysans Une nouvelle société Les progrès du christianisme De fragiles royautés
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La splendeur de Byzance À la charnière de deux mondes À la cour de Byzance Théodora, impératrice d’Orient Jour après jour, dans les campagnes Constantinople, la reine des villes Les mille feux de Byzance Une religion partout présente La “Grande Église” : Sainte-Sophie de Constantinople
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L’Islam et sa civilisation Mahomet, le prophète L’Islam ou la “soumission à Dieu” La marche triomphale de l’Islam La mosquée de Kairouan Paysans en terre musulmane Dans l’agitation des villes Un calife aux mille et une nuits
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Le miracle arabe Splendide Alhambra ! Les maîtres du grand commerce
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L’Empire carolingien La formation de l’Empire Charles Ier le Grand Au palais d’Aix-la-Chapelle Qui a inventé l’école ? Vivre au temps de Charlemagne La fin de l’Empire Les géants des brumes du Nord L’Europe en l’an mille
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Sous le regard de Dieu L’Église toute-puissante Vivre en bon chrétien Les hommes de Dieu À l’abri du monastère Dans le silence du scriptorium En route vers Compostelle L’Église intolérante Conques, trésor de l’art roman Sur le chantier de la cathédrale Audacieux art gothique Splendides œuvres d’art !
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Châteaux et chevaliers Châteaux forts et féodalité Visiter un château Des châteaux au fil du temps Devenir chevalier Armes et armures En lice ! En route vers Jérusalem Vivre en Terre sainte La vie de cour Les chevaliers entrent dans la légende Les femmes au château Le jardin et ses secrets À la table des seigneurs Place à la musique !
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Dans les villes et les campagnes Le travail de la terre Manger à sa faim Seigneurs et villageois Dans un moulin Sur les routes et les fleuves Les villes médiévales Le pouvoir des villes Les métiers
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L’université et le savoir La ville en fête En route vers la foire Sur les mers, dans les ports
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Un monde en mutation L’affirmation d’États puissants Des chefs d’État prestigieux Les malheurs du temps Les origines de la guerre de Cent Ans La guerre de Cent Ans Le siège d’Orléans Les grandes figures de la guerre de Cent Ans Le trouble des consciences À la cour de Bourgogne La Reconquista achevée L’Empire musulman en miettes Une nouvelle carte de l’Europe La vitalité des villes italiennes La naissance d’un autre monde
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Index Crédits iconographiques
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De fragiles royautés
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n 566, le roi d’Austrasie, Sigebert Ier, prend pour épouse une princesse wisigothique belle et riche nommée Brunehaut. Voyant cela, son frère Chilpéric Ier, roi de Neustrie, décide d’épouser Galswinthe, la sœur de Brunehaut, qui arrive, elle aussi, les bras chargés d’or. Les frères ennemis
En 1959, on découvre une tombe sous la basilique Saint-Denis (près de Paris). Une bague permet d’identifier le cadavre. Il s’agit de la reine Arégonde, épouse de Clotaire Ier, enterrée vers 570 avec ses bijoux et ses vêtements de soie.
Mais Chilpéric a une autre épouse, la terrible Frédégonde qui supporte mal la nouvelle venue… Un matin, on retrouve Galswinthe assassinée dans son lit sur ordre du roi. Apprenant le meurtre de sa sœur, Brunehaut crie à la vengeance. Elle et Sigebert son mari tentent de s’emparer du royaume de Chilpéric, qui riposte en tuant son frère. Ainsi commence un interminable conflit, semé de batailles et de meurtres, qui finit par la mort atroce de Brunehaut à l’âge de 79 ans. Capturée en 613 par le fils de Chilpéric, elle est attachée par les pieds à un cheval lancé au galop.
Chilpéric Ier étranglant sa femme, Galswinthe.
Assassinat de Sigebert I er.
Une très grande famille ! D’après la tradition, Clovis aurait pour grand-père un certain Mérovée. C’est pourquoi les historiens du XIXe siècle ont donné le nom de Mérovingiens à ses descendants qui ont régné sur le royaume des Francs de 457 à 751.
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Supplice de Brunehaut.
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Naissance de l’Occident
Pauvres reines ! Vers 625-630, le roi Redwald en Angleterre du Sud fut enseveli dans un bateau avec ses armes et un merveilleux trésor, dont ce casque en fer et en bronze doré.
Les rois épousent des filles de noble naissance pour s’allier avec les hommes de sa famille et aussi de belles esclaves qu’ils peuvent répudier sans craindre de représailles ! Certaines d’entre elles jouent un grand rôle politique, comme Bathilde, esclave saxonne qui devient régente du royaume de Neustrie entre 657 et 665.
Pourquoi tant de désordres ?
Quelle pagaille ! Trop de sang versé, trop de rois avides de pouvoir et de richesses ! Depuis 561, le royaume des Francs est divisé en trois parties : à l’est, l’Austrasie qui englobe la région du Rhin et une partie de l’Allemagne actuelle ; au nord-ouest, la Neustrie avec Paris pour capitale ; au sud, la Bourgogne qui s’étend des Alpes à la Provence. Entre ces royaumes, les querelles sont innombrables, les batailles se succèdent, les frontières ne cessent de bouger. Ailleurs, ce n’est pas mieux ! En Bourgogne, les princes de Provence s’affrontent et n’obéissent plus au roi ; l’Aquitaine a repris son indépendance ; l’Angleterre du sud est divisée en sept petits royaumes qui passent vers 630 sous la domination du nord. En Espagne, les rois wisigoths sont malmenés par les évêques et les nobles.
Chez les Germains, la longue chevelure est un privilège royal et elle symbolise le prestige. En 656, le maire du palais Grimoald fait raser la tête d’un jeune roi avant de lui prendre son pouvoir.
Tous ces royaumes, déjà rivaux entre eux, sont répartis en comtés, gouvernés par des comtes qui sont issus des familles nobles alliées avec le roi depuis des générations. Tandis que les rois se sont appauvris en distribuant des terres et des récompenses afin de garder des alliés fidèles, les comtes possèdent d’immenses domaines et commandent des armées. Parmi eux, le plus puissant est le maire du palais, qui dirige la cour du roi. À partir du VIe siècle, le maire du palais prend peu à peu le pouvoir à la place du roi. C’est ainsi que le temps des premiers royaumes occidentaux touche à sa fin. Bientôt se dessinera une nouvelle carte de l’Europe…
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Châteaux forts et féodalité
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n 1050, le Normand Robert Guiscard et ses compagnons, qui viennent de conquérir la région des Pouilles (au sud de l’Italie), font bâtir une tour de bois pour surveiller le pays hostile qui s’étend autour d’eux. Cette tour symbolise leur pouvoir sur la région et sur ses habitants. Dans les zones troublées, le long des frontières mal définies, le pouvoir appartient au guerrier bien armé qui peut imposer sa force et sa protection. Son château, comme celui de Robert Guiscard en Italie, rappelle aux habitants qu’il est le maître.
Un serment de fidélité
Au Moyen Âge, un château était construit tous les 30 km.
Une architecture de conquérant Le palais de Charlemagne à Aix n’était pas fortifié (voir pp. 64-65). Il n’avait pas besoin de système défensif, puisqu’il était placé au centre d’un état puissant. Vers l’an mille, à l’époque où apparaissent les châteaux forts, la situation politique est différente. Dans chaque royaume, les invasions vikings et arabes entraînent l’affaiblissement du pouvoir royal et font naître l’insécurité. Les comtés sont secoués par d’interminables conflits.
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Les châteaux attirent une population de paysans et d’artisans et font naître des villages.
La multiplication des châteaux forts s’accompagne d’une nouvelle organisation de la société : la féodalité. Ce terme est issu du mot “fief ”. Le fief désigne une terre ou une somme d’argent qu’un seigneur (comte ou baron) cède à un guerrier moins puissant pour qu’il devienne son vassal.
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Châteaux et chevaliers
Le comte est aussi un vassal : il doit faire hommage au roi. Le roi, lui, n’est vassal de personne ; il porte le nom de suzerain.
Le fief donne au vassal les moyens de se nourrir et de s’équiper militairement. En échange de sa protection, le vassal promet fidélité et assistance au seigneur. Pour sceller cette alliance, le vassal place ses mains dans celles de son seigneur et prête serment de fidélité devant lui et devant Dieu : c’est la cérémonie de l’hommage. Dès le IXe siècle, les fiefs se transmettent de père en fils. À la mort du vassal, le fils fait hommage à son tour pour la terre dont il hérite.
Les devoirs de chacun Le premier devoir du vassal est d’être fidèle à son seigneur et de l’aider à faire la guerre. Il doit également assister aux assemblées organisées par son seigneur et siéger près de lui quand celui-ci rend la justice. Il peut aussi être amené à participer aux frais d’un départ en croisade ou à verser une rançon si son seigneur est fait prisonnier. De son côté, le seigneur protège son vassal, lui porte secours en cas de conflit et éduque souvent ses fils dans son château.
À travers l’Europe En réalité, la féodalité diffère selon les régions. En Aquitaine et en Auvergne, où de nombreux chevaliers possèdent leur propre terre, les serments d’entraide entre guerriers ne sont pas liés à un fief. En Allemagne, l’empereur, resté très puissant, a de nombreux vassaux directs qui lui sont très soumis. En Italie, bien des chevaliers vivent en ville et n’ont pas de terre. Les rois d’Espagne, qui reconquièrent peu à peu la péninsule contre les musulmans (voir pp. 176-177), accordent des châteaux à leurs meilleurs vassaux le long des frontières les plus fragiles, et ils demandent un service militaire aux habitants des villes.
Le service de chevauchée, dû par le vassal pour faire la guerre au loin, est limité à 40 jours par an. Ce temps écoulé, le seigneur doit payer son vassal.
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Devenir chevalier
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uillaume a dix ans en 1155 lorsqu’il arrive en Normandie. C’est au château du comte de Tancarville, un puissant cousin de son père, qu’il va apprendre son métier de chevalier. Venu d’Angleterre, Guillaume doit s’adapter à une nouvelle vie ; il ne reverra peut-être jamais sa famille…
Les leçons du maître d’armes
L’adoubement
À côté de Guillaume, une trentaine de garçons s’initient aux techniques militaires sous la direction d’un maître d’armes ; ils apprennent à manier l’épée et surtout la lance qui prend une grande importance au XIIe siècle. Le combat à cheval exige d’excellents cavaliers munis d’épaules solides pour porter le poids des armures et capables de maintenir les plus fougueuses montures. Un bon guerrier sait aussi résister au froid, à la peur et à la douleur. Rude apprentissage que celui de chevalier !
Le jour de Pentecôte 1167, Guillaume et ses compagnons sont adoubés : ils reçoivent leur épée et leurs éperons qui marquent désormais leur appartenance à l’élite des armées. Les voici chevaliers !
Le bain ou la gifle Dans leur description de l’adoubement, certains écrivains médiévaux mentionnent la colée : le futur chevalier reçoit sur la nuque une tape de la main ou du plat de l’épée. D’autres évoquent une veillée de prières, un bain purificateur ou la bénédiction des armes par un prêtre. En réalité, le déroulement de l’adoubement évolue selon les siècles et reste mal connu.
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Scène d’adoubement (XIIIe siècle).
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Châteaux et chevaliers
L’argent de la liberté
Le jour de l’adoubement, certains chevaliers reçoivent un cheval de combat, nommé aussi “destrier” car l’écuyer le tient par la main droite (dextra, en latin) pour le mener jusqu’au champ de bataille.
Au XIe siècle, “adouber” signifiait simplement “équiper”, et les armes étaient remises aux chevaliers avant une bataille, sans cérémonie. À partir de 1150 environ, l’adoubement s’accompagne souvent d’un rituel religieux qui varie d’une région à l’autre. La cérémonie, de plus en plus coûteuse, est bientôt réservée aux jeunes nobles, fils de seigneurs fortunés.
Quel avenir ? Devenu chevalier, Guillaume n’a rien pour vivre, hormis son ardeur au combat. Il doit donc attirer l’attention d’un puissant seigneur désirant s’entourer de valeureux guerriers. Celui-ci lui donnera peut-être un fief (voir p. 102)
En 1170, Guillaume, escortant la reine Aliénor en Poitou, tombe dans une embuscade tendue par des seigneurs rebelles. Capturé, blessé, il risque de mourir par manque de soins. Mais la reine, émue par son courage, le fait libérer en versant sa rançon. Tout le monde n’a pas cette chance : certains chevaliers sont restés captifs jusqu’à leur mort, faute de pouvoir la payer !
ou une épouse ayant un château. Certains de ses compagnons hériteront à la mort de leur père. Guillaume, n’étant pas l’aîné, n’espère aucun héritage. En 1170, son adresse est remarquée par le roi d’Angleterre Henri II Plantagenêt (voir p. 160) qui le choisit pour s’occuper de l’éducation militaire de son fils Henri le Jeune. Après la mort du jeune roi, Guillaume part en croisade jusqu’en 1187. C’est Richard Cœur de Lion, devenu roi en 1189, qui lui donne enfin ce qu’il attendait : un beau château et une noble épouse, riche de cinquante-six fiefs ! Préparé dès l’enfance à son rôle de guerrier, le chevalier le reste jusqu’à sa mort et se fait représenter sur son tombeau avec son armure et son épée.
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