Docteur,
j’ai mal au coeur !
D’un coup, vos jambes sont des chamallows, votre cœur un ballon sauteur, vos joues des feux rouges, parce que vous venez de croiser le bel Édouard. « Mais que m’arrive-t-il, docteur ? », vous demandez-vous. Ne vous inquiétez pas, les filles ! Vous êtes juste amoureuses !
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Le grand
désordre
Boum boum boum, clap clap clap, drelin-drelin, cœur, jambes, estomac, cerveau deviennent des machines folles quand le bel Édouard pointe le bout de son nez ! Zen, les filles, zen !
Un ange passe… Édouard traverse la cour. Et là, enfer et damnation, vous fondez comme neige au soleil alors qu’il gèle à pierre fendre, votre cœur bat comme un solo de Manu Katché et, pourtant, votre dernier footing remonte à six mois, vous avez chaud puis froid comme si vous aviez fait un aller-retour éclair Sahara-Alaska. Bonne et mauvaise nouvelle : vous avez craqué, vous êtes amoureuse ! Et le pire reste à venir…
Et la tête, alouette ? Vous êtes donc « tombée » amoureuse et, boum, ça fait un peu mal à la tête. Vous vous intéressiez à un tas de choses et vous voilà avec un fond d’écran permanent dans le cerveau : Édouard en cours, Édouard à la cantine, Édouard en sport, Édouard à la sortie des cours. Bref, Édouard a remplacé les albums de Martine de votre enfance. Et votre concentration s’évapore. 10
Vous lisez un livre : Julien Sorel, c’est lui, Mathilde de La Mole, c’est vous. Vous regardez un film : Leonardo c’est lui, Kate Winslet, c’est vous. Vous allez au théâtre : Roméo et Juliette, c’est votre histoire. Édouard s’est installé dans votre tête, il campe dans vos pensées !
Cupidon s’invite en cours de bio En classe, c’est la catastrophe : les heures défilent sans prise sur vous, vous regardez les mouches voler, ou plutôt les petits angelots avec des flèches pleines d’amour. En histoire-géo, vous vous remaquillez. On ne sait jamais : vous pourriez croiser Édouard à la récré ! Et en musique, vous faites passer des petits mots à votre copine pour lui raconter qu’il vous a regardée à la cantine, à moins que ce ne soit Charlotte, qui était assise à côté de vous ! Attention, les filles ! Édouard préfère discuter avec une demoiselle qui a deux-trois bricoles dans la tête plutôt qu’avec une carpe qui fait « blurb » en le regardant. Alors ne décrochez pas trop en cours !
Allez, courage ! Respirez un bon coup, ne laissez pas vos bras ballants quand Édouard passe ! Évitez le look autruche : je plonge la tête dans mon sac à la recherche d’un papier hyper-important. Faites face, même si on vous a connue plus digne ! 11
Le
premier pas
Édouard vous met dans tous vos états. Quand il passe, qu’il repasse, qu’il se surpasse, vous trépassez. Mais lui, que pense-t-il de vous ? Votre émoi est-il partagé ? Pour le savoir, il n’y a pas trente-trois mille solutions : il va falloir se jeter à l’eau ! Mais rassurez-vous, nous allons vous donner une bouée, et même des brassards !
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Ira, ira pas ? Cap, pas cap Voilà des mois que vous battez des cils devant le bel Édouard sans lui adresser la parole. Au rythme où vont les choses, c’est à la maison de retraite que vous envisagerez de vous tenir par la main. Voici comment accélérer le cours de l’histoire !
Un, deux, trois, partez !
Mlle Fleurbleue Mlle Fleurbleue aime d’Amour le bel Édouard depuis très longtemps. Elle a effeuillé un champ de marguerites pour savoir s’il l’aime un peu ou passionnément. Maintenant, faudrait peut-être se lancer, mademoiselle ! 14
L’amour platonique, c’est bien, l’amour réel, c’est mieux ! (Enfin, dans certaines limites !) Le problème, c’est que vous avez toujours entendu dire que ce n’était pas aux filles de faire le premier pas, mais aux garçons. Tordons le cou à ce préjugé : une fille qui prend les devants n’est pas forcément une allumeuse ou, pire, une fille facile. Elle est juste amoureuse et veut savoir si cet amour est partagé. Il n’y a pas de mal à ça. Ceux qui prétendent le contraire ont l’esprit mal tourné.
Techniques d’approche ertaines précautions sont à prendre lorsqu’on fait C le premier pas : l’amoureux est un gibier farouche qui peut s’enfuir très rapidement. Caméléonne plutôt que panthère : inutile de sortir en mini-string-bottes-top panthère décolleté pour attirer le bel Édouard. Soyez vous-même, si vous lui
avez plu, c’est telle que vous êtes tous les jours. Renarde plutôt que crevette (partant du postulat qu’un cerveau de crevette ne pèse pas bien lourd !) : adaptezvous au comportement et à la personnalité d’Édouard. Il aime le rap, offrez-lui un CD de P. Diddy ou d’Abd Al Malik ; il a manqué des cours, proposez-lui vos notes. S’il est renard lui aussi, il comprendra où vous voulez en venir.
Point trop n’en faut hatte plutôt que lionne : approchez-vous doucement C d’Édouard, d’un pas assuré et suave, plutôt que de vous jeter à son cou en l’embrassant fougueusement sans qu’il ait eu le temps de prendre une longue inspiration. Carpe plutôt que pie : exprimez en quelques mots ce que vous avez à lui dire et ne le saoulez pas de jacasseries périphériques sur le temps qu’il fait, les profs qu’il a, le match de foot avec ses copains et « au fait, tu m’aimes ? ». Chauve-souris plutôt que lézarde. L’obscurité facilite souvent un premier contact, jugé impossible à la lumière du soleil. Si les mots et les gestes vous paralysent, profitez d’un « après-midi DVD rideaux tirés » pour effleurer sa main et, s’il ne la retire pas, c’est gagné !
L’amour platonique Il s’agit d’un amour idéal, éthéré, qui existe seulement dans la tête et le cœur des amoureux sans se concrétiser par des gestes. « Platonique » vient de Platon, philosophe grec de l’Antiquité qui a exposé sa théorie de l’amour dans Le Banquet. Elle n’était d’ailleurs pas que platonique ! 15
Silence,
on tourne ! Vous déclarez votre flamme à Édouard, persuadée qu’il vous aime. Malheureusement, vous vous êtes trompée… Vous vous êtes fait un film. Allez, on rembobine !
Le râteau
Mlle Fleurbleue Mlle Fleurbleue s’est enfin lancée : elle a déclaré sa flamme ! Oui, mais entre-temps le bel Édouard s’est marié ! Allez, courage, Mlle Fleurbleue !
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Vous osez enfin vous lancer, après une séance de coaching musclé avec votre copine qui en a marre que vous deveniez monomaniaque : Édouard, Édouard, toujours Édouard ! Vous lui avouez votre amour en regardant vos chaussures et en comptant les graviers sur le trottoir. Mais Édouard est aussi embarrassé que vous parce que, cet amour, il ne l’éprouve pas et semble tomber des nues.
Pourquoi ça m’arrive à moi ? Pas de parano excessive ! « Je suis moche, personne ne m’aime et ne m’aimera jamais. » D’abord, vous êtes jolie et personne n’a le droit de vous suggérer le contraire, et si cette histoire ne marche pas, cela ne présage en rien de la suite ; votre amoureux vous attend peutêtre au coin de la rue ou dans le bus que vous prenez chaque jour. Vous vous êtes peut-être monté la tête en interprétant de simples regards comme des œillades
enflammées. Et si Édouard vous fixait tout simplement parce qu’il est myope et qu’il ne porte pas ses lunettes pour avoir l’air plus cool !
Pour une sortie pleine de panache Il n’est pas amoureux de vous, il vient de vous le dire. Votre cœur se brise en mille morceaux et gling, gling, vous le ramassez sur le trottoir. Voici comment garder un peu de dignité malgré tout : Ne vous défoulez pas sur Édouard, ne l’injuriez pas, ne le frappez pas. Il n’est pas amoureux de vous, il a eu le courage de vous le dire, c’est dur pour vous mais ce n’est pas de sa faute à lui. Ne vous transformez pas en fontaine intarissable sous ses yeux. Avec des coulures de mascara en plus, l’effet serait désastreux ! Inutile de faire la fille dédaigneuse. « Je te demandais ça comme ça, pour voir. En fait, tu n’es que mon plan B, ou même C, car tu es drôlement moins bien que Charles ou Sylvain. »
Le goujat Le goujat, c’est celui qui, au lieu de vous dire « Je suis désolé, entre nous cela ne va pas être possible », vous assène devant tout le monde : « Non mais tu t’es vue ? Je ne peux tout de même pas sortir avec un thon pareil ! » Partez sans un regard et réjouissezvous de ne pas avoir donné votre cœur à un tel mufle !